mardi 23 mars 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 9

Chapitre 9: Insouciance

Quelqu'un m'a dit un jour, il faut vivre, tant que l'on peut encore respirer. Car le jour où ta respiration cessera, que ton cœur ne battra plus, que ton sang arrêtera de circuler à l'intérieur de ton corps, que tes sens ne seront plus que poussière… Ce jour là, il sera trop tard. Trop tard, pour prendre des résolutions, vouloir réussir sa vie, être heureux…

Le but dans la vie est de mourir avec le sourire. Autrement dit, mourir heureux. Mais si l'on ne fait rien pour acquérir le bonheur tant qu'on le peut encore, ce n'est pas avec le sourire que la mort nous prendra. Lorsqu'elle viendra nous chercher, il n'y aura aucun sourire sur nos lèvres, ni aucun pétillement dans nos yeux. Il y aura simplement la fin inévitable d'une vie. Une vie non vécue, une vie non savourée, dépourvue de joie. Une vie tout simplement.

Je me réveillai doucement, en proie à un fabuleux rêve qui ne semblait pas vouloir me quitter. Je tentais tant bien que mal de rester à l'intérieur, dans mon rêve, ne sachant pas ce que la réalité me réserverait. Malheureusement, le rêve semblait vouloir se dissiper pour laisser place au monde extérieur. Je commençais à immerger tout doucement de mon inconscience et rouvris les yeux en clignotant plusieurs fois de suite. Quelle fut ma surprise lorsque je tombai nez à nez avec le plus beau vampire de tous les temps. Edward était allongé à coté de moi, me regardant avec la tête tombant dans sa main qui prenait appui avec le coude. Je souris automatiquement en le voyant. C'était la plus belle chose qu'on pouvait voir au réveil. Petit à petit, les évènements de la veille me revinrent en mémoire. Après notre étreinte, il m'avait gentiment aidé à ramasser le poulet et les pommes de terres qui étaient tombés par terre. Nous avions nettoyés et discuté de banalités. J'avais fini par m'endormir dans ses bras, sur mon lit.

- "Salut." Fis-je, encore somnolente.

- "Bien dormi?" Sourit-il.

- "Tu n'as pas idée. Et toi, ta nuit?" Son sourire s'élargit.

- "Intéressante." J'arquai un sourcil.

- "Comment dormir peut-il être intéressant?" Demandais-je, plutôt amusée à vrai dire. Il soupira.

- "Il y a un truc que tu dois savoir" Dit-il avec un peu plus de sérieux. " En réalité, nous les vampires... Nous ne dormons pas." J'ouvris la bouche et mes yeux s'écarquillèrent d'eux mêmes.

- "Tu... Vous ne dormez pas? Tu veux dire, jamais?" Il hocha la tête. Je restai silencieuse quelques secondes, le temps d'imprimer ce qu'il venait de me dire. "Donc le truc des cercueils, ce n'est qu'un mythe?"

- "Comment aurais-je pu passer ma nuit avec toi sinon?" Demanda-t-il avec évidence. Je soupirai. Il m'arrivait vraiment d'être idiote quand j'étais en sa présence. "Mais j'ai dû m'éloigner car tu n'arrêtais pas de gigoter et de me donner des coups de pieds." Dit-il pour changer de sujet. Je rougis, honteuse.

- "Désolée." M'excusais-je.

- "Il n'y a pas de mal. De toute façon c'est toi qui te fais mal toute seule." Je lui fis les gros yeux. Il rit légèrement devant ma mine faussement boudeuse, puis caressa ma joue de sa main glaciale. Ce contact m'électrisa. Il se pencha vers moi et m'embrassa doucement, ce qui eut le don de me sortir complètement de ma léthargie. Je répondis à son baiser dès que je pus mais trop tôt à mon goût, il se retira. "Tu devrais aller te préparer. Il est onze heures et demi passée." Je me relevai brusquement.

- "J'ai dormi tant que ça?" M'exclamais-je. Je jetai un coup à l'auto réveil qui me confirma ses dires. Mon rêve avait vraiment dû être superbe pour me garder endormie aussi longtemps. Je me levai du lit pour aller faire ma toilette dans la salle de bain. Cela ne me prit pas beaucoup de temps, sachant qu'un apollon était chez moi. Quand je ressortis, il m'attendait dans la cuisine et avait fait des pancakes. Je le regardai émerveillée.

- "Tu sais cuisiner?" Il me regarda amusé.

- "Il y a encore un tas de choses que tu ignores à mon sujet." Je me vautrai sur ma chaise et me précipitai sur les pancakes. Aussitôt je commençais à m'immobiliser. Edward s'inquiéta.

"Bella? Ça ne va pas? Ils ne sont pas bons?" Demanda-t-il. Je tournai mon regard vers lui.

- "Ce sont les meilleurs pancakes que je n'aie jamais mangé!" M'exclamais-je. Il soupira, rassuré.

- "Merci. En fait, je n'en avais aucune idée, vu que je ne les mange pas."

- "Comment se fait-il que toi, qui ne manges rien du tout, sache mieux cuisiner que moi?" Demandais-je déprimée de me sentir aussi médiocre face à lui. Il rit puis en prit un qu'il porta à sa bouche. Il avala avec une grimace non dissimulée.

- "Et c'est ça que tu trouves aussi délicieux?" S'offusqua-t-il.

- "Tu ne sais pas apprécier les bonnes choses." Soupirais-je. "Regarde." Je pris un gros morceau de pancake dans ma bouche et m'avançai vers lui, puis l'embrassa à pleine bouche. Il parut surpris, puis se prêta au jeu en prenant l'autre moitié. Le baiser continua après la dégustation et rapidement, une passion nouvelle s'insuffla en moi. Il mit ses mains sur ma taille et je posais les miennes contre son torse, puis les fis remonter vers son cou. Je ne me rendis même pas compte que mon dos cogna contre le plan de travail et que ses mains étaient à présent posées de part et d'autre de moi.

- "Tu as raison, ce n'est pas si mal." Dit-il après s'être reculé. Pour ma part, j'haletais complètement. Mais je trouvai quand même la force de lui faire un sourire. Il s'éloigna pour me laisser regagner ma place et je continuai de manger.

- "Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui?" Demandais-je tout d'un coup. Puis je me rendis compte que je l'avais impliqué sans son autorisation, dans une journée avec moi. Peut être avait-il quelque chose de prévu. Ou bien il n'aurait pas envie de passer cette journée avec moi. Cette pensée me fendit le cœur. Il avait relevé la tête et semblait étonné lui aussi. Je baissai les yeux. "Laisse-tomber. Je... Je ne sais pas pourquoi..."

- "Bella, regarde-moi." Je m'exécutai et croisai ses pupilles scintillantes en train de déchiffrer mon visage. "Y a-t-il quelque chose que tu aimerais me demander?" J'hésitais. Je me mordis la lèvre. C'était maintenant ou jamais.

- "C'est juste que... Je ne sais pas ce que toi et moi on est au juste." Il fronça les sourcils, alors que je me sentais plus gênée que jamais.

- "Écoute..."

- "Non, toi écoute." Le coupais-je calmement. "Hier, on a évité toute conversation et je dois t'avouer que ça ne m'a pas dérangé car je n'avais vraiment pas envie de discuter de choses importantes. Mais la vérité, c'est que je suis perdue. Je veux dire... Tu es là, et je ne sais pas du tout ce que tu as dans la tête. Est-ce que tu as envie d'être avec moi, ou est-ce juste un jeu, ou peut être que tu n'en as aucune idée... Mais moi je sais ce que je ressens et ce que je veux. Et je suis en train de tomber amoureuse de toi, et je ne sais pas du tout où est-ce qu'on en est, et ça me rend dingue.." Je me stoppai nette en prenant conscience du discours absurde que je venais de tenir.

Bon, il n'est peut être pas si absurde que ça puisqu'il représente ce que je ressens, mot pour mot. Mais le dire de cette façon, le matin et avec un pareil bégaiement... C'est du Bella Swan tout craché. Il m'observait intensément, ne laissant paraître aucune émotion sur son visage. Il avait vraiment un don pour me faire tourner la tête. Il allait finir par me rendre folle avec ce visage rempli d'impassibilité.

Puis, au bout de ce qui me semblait être une éternité, il se mit à soupirer avec un léger sourire sur le visage, mais alors vraiment léger. Il fit le tour de la table, se positionna devant moi et pris mon visage dans ses mains glacées. Non visages étaient éloignés d'à peine quelques centimètres, ce qui eut le don de me rendre totalement fébrile.

- "Bella." Annonça-t-il d'une voix grave. "Tu crois sincèrement que j'aurais passé ma nuit ici, et que je serais resté ce matin si je ne voulais pas être avec toi?" Je restai immobile, tandis que mon moi intérieur était en train de faire la fête et de sauter partout. Je me mis à sourire timidement. Il avait bien dit qu'il voulait être avec moi, n'est-ce pas?

- "Alors, on est... D'accord?" Demandais-je, légèrement embarrassée. Il m'offrit enfin un vrai sourire, ce qui me consuma entièrement.

- "On est d'accord." Répondit-il avant de s'emparer de mes lèvres doucement. Je voulus approfondir mais me rendis compte que ma bouche avait été envahie de pancakes il n'y a pas cinq minutes. Alors doucement, mais douloureusement, je me reculai. Il était hors de question que je l'embrasse à nouveau avant d'être allée faire un tour dans la salle de bain...

- "Est-ce que tout va bien?" Demanda-t-il, étonné de ma réaction.

- "Tout va parfaitement bien." Souris-je, avec honnêteté. Il sembla sceptique un instant, puis laissa tomber et retourna à sa place. Si je comprenais bien, nous étions donc en couple. Rien que cette nouvelle répandit dans mon cerveau un grand bouquet de bonheur. J'étais tout de même un peu songeuse, pendant que je mangeais. J'avais vraiment trouvé étrange la façon dont il m'avait exprimé le fait qu'il voulait être avec moi.

En vérité, il ne m'a rien dit du tout. Il n'a pas exprimé une seule fois ce qu'il ressentait. Je venais de lui dire que j'étais en train de tomber amoureuse de lui, mais il ne m'a pas dit si lui, ressentait la même chose. Pourtant, je voyais bien à travers son regard, cette façon qu'il avait de me regarder qu'il ressentait la même chose. Peut être pas autant que moi - surement pas autant que moi - mais ces yeux exprimaient tout de même de l'amour, je pouvais le sentir. Alors pourquoi ne le disait-il pas? Même si son regard parlait pour lui, j'aurais aimé qu'il s'exprime à haute voix. C'est là que je réalisais... Pas une seule fois, Edward Cullen n'a parlé de ce qu'il ressentait. Ni envers moi, ni envers quoi que ce soit.

- "Il va faire beau aujourd'hui. Je vais t'emmener quelque part." Dit-il soudainement, m'extirpant de mes réflexions. Je levai la tête vers lui qui souriais. Apparemment, il ne voyait aucune objection quant à rester auprès de moi. Mieux, il avait carrément prévu quelque chose qui m'incluait. Je lui souris rassurée et lui demandai.

- "Et tu vas m'emmener où?"

- "Tu verras." Éluda-t-il.

- "Tu sais, je n'aime pas les surprises alors autant me le dire tout de suite."

- "Tu as fini de manger?" J'hochai la tête, ne comprenant pas où il voulait en venir. "Alors va te préparer. Je préfère partir tôt, avant qu'il n'y ait du soleil sur la route." Je trouvai cette situation assez bizarre. Un coup on s'embrasse goulûment, et la minute suivante, on se parle comme des étrangers. Je ne savais plus où donner de la tête. Je partis en direction de la salle de bains, dans le but de faire ce qu'il me demandait. Je m'exécutais avec rapidité, ne voulant certainement pas le contrarier. Edward avait cette capacité à changer d'humeur aussi rapidement qu'un claquement de doigts. Je ressortis de la salle de bain, habillée en jean avec un tee-shirt blanc à manches longues. Il me fit un sourire éclatant, lorsqu'il me vit, ce qui affola mon cœur. Il en fallait peu pour que mon cœur se mette à battre aussi rapidement.

- "Tu es prête?" Je lui souris comme réponse et il prit ma main pour sortir.


- "Où est-ce que tu m'emmènes?" Demandais-je pour la énième fois depuis que nous étions sortis de la voiture. Nous marchions parmi les arbres et les feuillages depuis un bon bout de temps maintenant. Il se mit à rire de mon impatience.

- "Patience." Me dit-il. "Nous y sommes presque."

- "Mais ça fait des heures que tu me répètes ça." Pleurnichais-je.

- "Alors arrête de me demander la même chose tous les quarts d'heures." Contra-t-il. "Ne t'inquiète pas, tu aimeras." M'assura-t-il.

- "Et comment tu peux le savoir?" Demandais-je sceptique. Il soupira.

- "Je le sais, c'est tout."

- "Là aussi, ce n'est pas la première fois que tu me dis ça quand je te pose une question."

- "Et comment est-ce que je sais que la Terre est ronde et pas carrée? Que le soleil se lève à l'Est et se couche à l'Ouest?"

- "Facile." Répondis-je. "C'est une évidence."

- "Exactement." Approuva-t-il. "Tu as ta réponse."

- "Tu es en train de me dire que tu sais que je vais aimer cet endroit parce que c'est une évidence?" Il tourna sa tête vers moi, et me fit le plus beau des sourires, ce qui eut le don de m'énerver. Nous continuâmes à marcher en silence, et pour ma part, je commençais à trouver le temps long. "Comment as-tu connu ce « fameux endroit »?" Demandais-je. "Tu viens d'arriver."

- "Je chassais près d'ici. Puis je suis tombé dessus par hasard, il y a deux semaines. Depuis, j'y vais presque tout le temps."

- "Et c'est encore loin?" Tentais-je une nouvelle fois. Il soupira à nouveau.

- "Tu recommences." Dit-il excédé.

- "Moi? Quoi donc?" Fis-je avec un sourire innocent. Il me regarda en secouant la tête.

- "Vas-y, continues. De toute façon, nous sommes arrivés." Dit-il en pointant du doigt le paysage devant nous. J'ouvris la bouche de béatitude.

Nous nous trouvions dans une magnifique clairière, entourée d'arbres verts à souhaits. L'herbe comportait des fleurs violettes qui rendaient le paysage tout simplement magique. Romantique par-dessus tout. J'étais complètement émerveillée par la beauté du lieu. Ce cadeau de Dame Nature était vraiment un trésor. Un paradis.

- "C'est incroyable." Murmurais-je en me tournant vers mon compagnon. Celui-ci ne s'était toujours pas départi de son sourire. Je lui pris la main pour l'attirer avec moi, mais il ne bougea pas. Ce brusque changement d'attitude me désarçonna. "Qu'y a-t-il?" M'enquis-je. Il eut tout d'un coup, le front plissé.

- "Ce qu'il y a, c'est que… Tu vois le centre de la clairière devant toi?" J'hochai la tête. "Il est ensoleillé par les rayons du soleil." Je regardai devant moi et vis qu'en effet, le soleil avait fait son apparition. Je n'avais pas pu m'en rendre compte plutôt à cause des arbres qui nous entouraient. Mais en voyant cette place, sans arbre, illuminée, je ne pus m'empêcher de sourire, heureuse qu'il y ait enfin du soleil à Forks, surtout un dimanche après midi. Mais cela ne répondait pas à mes interrogations.

- "Et alors?" Demandais-je. Il baissa la tête.

- "Et bien, je t'ai dit que le fait que la lumière du jour nous réduisait en cendre n'était qu'un mythe. En revanche, le soleil, lui, ne nous laisse pas indifférents."

- "Qu'entends-tu par là? Que tu vas te désintégrer?" Commençais-je à m'inquiéter. Il rit doucement.

- "Bien sûr que non. Mais nous ne pouvons pas nous balader sous le soleil avec du monde autour de nous. Les gens sauraient que nous sommes différents." Je le regardais, toujours autant dans le vague. "Enfin je veux simplement te dire que tu risques d'avoir peur de moi en me voyant." Alors il avait simplement peur de ma réaction? Peur que je m'enfuie? Je tentai un sourire qui se voulait rassurant.

- "Edward, si je devais avoir peur de toi, cela ferait longtemps que j'aurais pris mes jambes à mon cou. Je n'ai pas eu peur de toi lorsque tu m'as annoncé que tu tuais des animaux, ni quand tu te déplaces super vite, ni même quand tu m'as appris que tu n'as pas toujours suivi votre régime animalier, et que par conséquent, tu as déjà tué des être humains. Alors explique-moi pourquoi j'aurais peur de toi maintenant." Il me fit un léger sourire et céda.

- "D'accord. Mais je t'aurais prévenu." Il reprit ma main qu'il avait précédemment lâché, et sortis de sa tanière assombrie par l'ombre des arbres, pour se poster sous l'éclairage du soleil, accompagné par mon sourire encourageant.

Ce que je vis me stupéfia. Me liquéfia littéralement sur place. La peau d'Edward scintillait comme si des diamants où des cristaux étaient ancrés. Et en y regardant de plus près, je m'aperçus que des diamants étaient bel et bien ancrés sur sa peau. Une peau diamantée. Mon petit ami avait une peau diamantée. Qui peut faire mieux? Je restai là, à le regarder sous toutes les coutures, à l'admirer. Je le trouvais encore plus magnifique qu'avant, chose réellement surprenante. Cet homme - ou vampire, selon votre point de vue - n'arrêterait donc jamais de me surprendre, ni de m'éblouir. Et l'endroit où nous nous trouvions rendait cet instant plus beau et plus irréel qu'il ne l'était déjà. Plus parfait aussi. Je me rendis compte que j'étais restée longtemps en extase devant lui, silencieuse en voyant le visage inquiet qu'il montrait.

- "Bella?" M'appela-t-il. Il craignait vraiment ma réaction. Avait-il sincèrement cru que j'aurai pu m'enfuir en le voyant scintiller avec tous ces diamants incrustés? La seule chose que je voulais faire, c'était l'observer, l'admirer encore pour le restant de mes jours.

- "On ne m'avait jamais dit que les vampires brillaient sous la lumière. D'où est-ce que ça sort?" Taquinais-je, amusée par son anxiété.

- "Je ne t'effraie donc pas?" Demanda-t-il, toujours craintif, avec cependant une touche d'étonnement. Je me mis à rigoler.

- "Edward, comment veux-tu que j'aie peur de toi alors que la seule pensée qui me vient à l'esprit, là tout de suite, c'est que tu es incroyablement beau?" Je me mordis la lèvre méchamment. J'avais réellement dit ça? Non mais qu'est-ce que j'ai dans le crâne? Mes joues étaient déjà en train de s'embraser et lui, affichait un visage d'incrédulité, mélangé avec de l'amusement.

"Enfin… Je ne voulais pas dire ça… Juste que… Euh… Il fait vraiment beau aujourd'hui, tu ne trouves pas?" Il éclata de rire face à mon embarras, mon incapacité d'être cohérente, et ma diversion totalement ratée. Moi en revanche, je me cachais le visage avec mes mains, complètement morte de honte. Quelques secondes après, je sentis ses mains qui s'emparaient des miennes pour les éloigner de mon visage. Il avait retrouvé le sourire qui lui est propre, alors que je n'osais même pas le regarder dans les yeux.

- "Désolée." Fis-je. Il me regarda avec amusement.

- "Tu t'excuses après m'avoir fait un compliment? Décidément, tu es vraiment quelqu'un d'unique, Bella Swan." J'allais rétorquer que je pouvais en dire autant de lui mais j'estimais que j'en avais assez fait comme ça pour aujourd'hui.

- "Vous êtes tous comme ça?" Demandais-je pour changer de sujet. Il rit doucement devant ma tactique de détournement puis me répondit.

- "Oui. C'est pour ça qu'on ne peut pas se montrer et que la plupart de nos semblables vivent dans les endroits les moins ensoleillés de la planète." J'hochai la tête, puis détournai le regard vers nos mains entrelacées. Elles l'étaient depuis qu'il les avait retiré de mon visage.

Je dégageai les miennes pour les poser sur son visage à lui. Sentir sa peau lisse, avec les diamants dessus était quelque chose de fantastique. Je fis courir mes doigts sur chaque centimètre de son visage. Son front, son nez, son menton, ses joues, puis sa bouche. Puis mes doigts descendirent vers son cou et j'en profitais pour l'embrasse doucement, avec le sourire collé aux lèvres.


- "Comment c'est d'être un vampire?" Demandais-je intéressée. Nous étions allongés sur l'herbe, ma tête reposant sur son torse et un bras l'encerclant.

Son bras était par-dessus le mien tandis que l'autre me caressait gentiment le dos.

- "Que veux-tu que je te réponde? C'est une malédiction. L'Enfer, si tu veux tout savoir." Je fronçai les sourcils.

- "Je ne trouve pas, moi." Contrais-je.

- "Tu n'en es pas un, alors tu n'as pas idée de ce que c'est."

- "Peut être, mais quand je vois Alice rayonnante lorsqu'elle pense à son Jasper, je me dis que ça ne doit pas être si terrible pour elle. Pour eux." Il soupira.

- "C'est vrai qu'ils sont heureux ensemble et que passer l'éternité l'un à coté de l'autre ressemble plus au paradis. Mais ils sont deux. Imagine passer l'éternité en solitaire, à errer comme un perdu." Je restai pensive. C'est vrai que lorsqu'on est seul, l'éternité ne doit pas être très facile à vivre, sans dormir ni mourir.

- "Je comprends ton point de vue." Répondis-je. "Mais je pense sincèrement qu'être un vampire, c'est fantastique lorsqu'on a quelqu'un à aimer pour l'éternité."

Il est vrai que quand je vois Alice, aussi épanouie et joviale, je sais pertinemment que c'est grâce à Jasper qu'elle est comme ça. Elle ne serait sans aucun doute pas aussi enthousiaste et souriante si elle ne l'avait pas rencontré. Je ne connais pas Jasper, mais je savais également que son histoire - sans aucun doute éternelle - avec Alice, avait dû le changer, lui aussi.

Vivre un amour aussi magique avec quelqu'un pendant l'éternité, sans jamais être séparé par la mort… C'était à coup sûr quelque chose de magique, de fantastique. Automatiquement, je relevai la tête vers Edward. Il semblait extrêmement pensif. Il ferma les yeux et les rouvrit aussi vite que je crus avoir rêvé, puis prit la parole.

- "Il y a énormément de choses que tu oublies de prendre en compte." Je le regardai, attendant qu'il développe. "Déjà, ton cœur a cessé de battre. Tu ne vis plus, ne respires plus, ou du moins n'en éprouves pas la nécessité, ne dors plus, ne manges plus… Tu n'es plus rien d'un être humain. Seulement un monstre assoiffé de sang." Conclut-il tristement. Je n'aimais pas l'entendre parler comme ça. J'avais l'impression qu'il se dégoûtait de lui-même et ça me faisait mal au cœur.

- "Pour un monstre assoiffé de sang, je te trouve très humain." Répondis-je avec sincérité. Il m'observa longuement, comme s'il doutait de mes propos, puis me caressa la joue doucement. Je fermai les yeux, appréciant ce contact glacé mais si chaud à la fois.

- "Merci." Fit-il, et je compris que c'était le plus beau compliment que je puisse lui faire. Je lui souris affectueusement, avant de reposer ma tête sur lui en soupirant de bien être.

- "Parle-moi de toi." Demandais-je.

- "Qu'est-ce que tu veux savoir?"

- "Quel âge tu as?" La réponse fut brève.

- "Vingt-six ans."

- "Non." Rectifiais-je. "Je veux dire en vrai. Quand es-tu né?" Il soupira - une fois n'est pas coutume - puis répondit.

- "Je suis né en 1891." Je me relevai soudainement, bouche béate.

- "Mais t'es vachement vieux!" M'exclamais-je.

- "Je te remercie." Dit-il en riant. Je me mordis la lèvre. Et bah…

- "Comment est-ce que tu es devenu comme ça?" Me repris-je

- "C'est Carlisle qui m'a transformé. En 1917, durant la Première Guerre Mondiale. J'étais pilote de guerre et lui travaillait à l'hôpital." Je frémis.

- "Ça veut dire que tu t'es retrouvé à l'hôpital?" Il hocha la tête.

- "Je ne me rappelle plus de ce qui s'est passé. Tu sais, quand tu deviens un vampire, ta mémoire d'humain s'estompe. Pas totalement, mais tous tes souvenirs sont un peu embrouillés et il y a pas mal de choses que tu oublies complètement." Je méditai là dessus, avant qu'il ne reprenne la parole. "Je sais qu'il y a eu un crash et que je me suis réveillé à l'hôpital, avant de sombrer de nouveau dans l'inconscience. Carlisle était seul depuis des siècles - au sens propre du terme - et avait toujours voulu un compagnon. En me voyant sur le point de mourir, il a choisi de me transformer. Je suis resté avec lui au début, puis me suis isolé pendant trois ans."

- "Et c'est durant ces trois années que tu t'es essayé au régime normal?" Devinais-je.

- "Exact. Mais je ne me supportais plus." Dit-il, comme s'il ressentait encore ce qu'il ressentait à cette époque là. "Alors, je suis revenu vers lui. Au fil du temps, je me suis habitué aux sang animal et les humains me sont devenus indifférents. Des années plus tard, je chassais dans le nord canadien lorsque j'ai trouvé Emmett. Il était sur le point de se faire tuer par un ours. Ours qui est devenu mon repas d'ailleurs. Quand je l'ai vu qui était en train de mourir, je n'ai pas pu le laisser là, alors j'ai fait ce que Carlisle a fait pour moi."

- "Tu l'as transformé?" M'exclamais-je.

- "Je ne savais pas vraiment comment m'y prendre, et j'ignorais si j'y parviendrais, ne l'ayant jamais fait avant cela. Mais j'ai essayé et comme tu as pu le constater, Emmett est dans une forme olympique." Je ris. "Pendant des années, nous ne sommes restés que tous les trois, vaquant à des occupations respectives. Emmett et moi avons toujours eu une relation réellement fraternelle. Et de plus, étant celui qui l'a transformé, on aimait bien se dire que l'on était finalement véritablement liés lui et moi. Alice et Jasper sont arrivés bien plus tard. Alice nous avait vu dans une de ses vivions et elle a accouru." Rit-il. Je fis de même.

- "Et depuis, vous êtes tous les cinq restés ensembles." Conclus-je. Il ne répondit pas mais je savais que j'avais raison. "Et Emmett et Carlisle… Ils n'ont jamais rencontré quelqu'un?" M'enquis-je.

- "Carlisle n'a jamais fréquenté personne, c'est une certitude. Emmett par contre, on peut dire qu'il a tout essayé." Je fis une grimace dégoûtée.

- "Les humaines aussi?" Il hocha la tête.

- "D'ailleurs, il les préfère. Et je comprends pourquoi." Dit-il en me faisant rougir.

- "Et même les hommes?" Il éclata de rire.

- "Non, pas les hommes." L'atmosphère était parfaitement détendue. Je décidais de poser la question qui me brûlait les lèvres.

- "Et toi?" Je le vis se renfrogner, et cela ne me dit rien qui vaille.

- "J'ai connu quelques conquêtes à droite à gauche, mais rien de bien sérieux." Je fronçai les sourcils.

- "Uniquement avec des vampires?"

- "Oui." Il n'ajouta rien de plus et je ne voulais pas non plus continuer à déblatérer sur ce sujet épineux. Les conquêtes d'Edward Cullen ne m'intéressaient pas. Et ne m'enchantaient guère…

Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre et vis que nous étions là depuis des heures, déjà. Dieu que le temps passait vite avec lui. J'aurais voulu pouvoir le stopper, pour rester avec lui dans cette endroit durant l'éternité.

- "Il se fait tard, je te ramène." Déclara-t-il en se relevant. Il me tendit la main et je l'attrapais. Je lui fis un sourire qui en disait long sur mon humeur et il me le rendit. "Est-ce que je peux te montrer une dernière chose?" Je fronçai les sourcils.

- "Quoi encore?" Son sourire s'agrandit.

- "Tu me fais confiance?" J'hésitai.

- "A condition que tu ne me dévores pas." Il rit et sans attendre, le sol quitta mes pieds, ou plutôt mes pieds quittèrent le sol. Je n'eus même pas le temps de crier que j'étais sur son dos, en train de m'accrocher comme à une bouée de sauvetage. Edward était en train de courir. Il courait, alors que je fermais les yeux, complètement apeurée. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je sentis la course se stopper nette. J'ouvris les yeux et découvris avec stupeur que nous étions à sa voiture.

- "Terminus, tout le monde descend." Il m'aida à me remettre sur mes pieds et je le regardai abasourdie. "Alors, qu'en dis-tu?"

- "Espèce d'idiot!" Criais-je en lui assénant un coup de poing sur l'épaule, chose que me vaudra un bleu plus tard. "Pourquoi tu n'as pas fait ça à l'aller? Tu m'as laissé me crever à marcher pendant des heures alors que j'aurais pu simplement rester sur ton dos une minute? Tu es vraiment un sans cœur Edward Cullen." Il éclata de rire.

- "Allez viens, on rentre." Dit-il en me prenant par les épaules.


- "A quoi penses-tu?" Me questionna Edward, ayant remarqué mon air pensif et rêveur. Nous étions dans sa voiture qui roulait vers mon domicile. Je souris avant de lui répondre.

- "Je me disais simplement que j'avais passé un des meilleurs weekends de toute ma vie." Ce n'était pas exactement la vérité. En réalité ça avait vraiment été Le meilleur weekend de toute ma vie, mais je n'oserai jamais le lui avouer. Je ne voulais pas qu'il me prenne pour une folle et qu'il décide de s'enfuir. Il me regarda de ses yeux d'or liquides et me rendit un sourire éblouissant.

- "C'est également mon cas." Dit-il. Je ne pus m'empêcher de prendre une teinte rosée sur mes joues. Trop émotive

Puis soudainement, il fronça les sourcils. J'allai l'interroger mais il reprit la parole avant que je n'aie eu le temps d'ouvrir la bouche.

- "Il y a quand même quelque chose qui m'agace." Il marqua une pause, puis reprit. "Tu connais quasiment tout sur moi. Ou du moins tout ce qu'il y a à savoir. Moi je ne connais pratiquement rien de toi. Tu ne me parles jamais de toi. Je ne trouve pas ça juste." Je me renfrognai.

- "On ne te l'a jamais dit? La vie est injuste." Rétorquais-je.

- "Bella… Je t'ai fait confiance en te révélant ma nature…"

- "Tu ne m'as rien révélé du tout." Le coupais-je. "Je l'ai deviné toute seule."

- "Mais je n'étais pas obligé de confirmer tes dires. J'aurais très bien pu nier. Ou pire encore, je n'étais certainement pas obligé non plus de te donner des détails, ni de t'en parler librement comme je l'ai fait." Je soupirai d'exaspération. Pourquoi fallait-il toujours qu'il ait raison? Satané vampire!

- "Que veux-tu savoir?" Demandais-je. "Il n'y a absolument rien d'intéressant à mon sujet."

- "Détrompe-toi." Répondit-t-il avec un sourire en coin, totalement ravageur. "Comment était ta vie à Phœnix?"

- "Banale et sans intérêt. Exactement comme elle l'était juste avant qu'Alice et toi ne débarquiez." Il rit à cette remarque.

- "Comment as-tu rencontré Rosalie?"

- "Chez le psy."" Il eut un air étonné. "Après mon accident, j'avais besoin de parler à quelqu'un." Mentis-je. J'avais toujours refusé de consulter un psychologue, mais c'était l'explication la plus plausible que je pouvais lui donner. Il hocha la tête en signe de compréhension. Je repris la parole. "Rosalie était dans la salle d'attente et c'est comme cela qu'on s'est rencontré."

- "Je suis au courant pour son viol." Dit-il avec un air de dégoût.

- "Comment?" Demandais-je.

- "Elle y pensait au poste de police. Je crois qu'elle ne cessera jamais d'y penser. Elle s'est tout de même faite violée quatre fois de suite par quatre hommes différents. Sans oublier qu'elle était encore innocente à l'époque. Il y a vraiment des salauds sur terre qui ne méritent pas de vivre." Je le regardai. Il avait l'air légèrement en colère.

Je comprenais parfaitement pourquoi il réagissait de cette façon. Il n'a pas eu le choix que d'être comme ça. On lui a ôté la vie qu'il méritait d'avoir, tandis que d'autres gaspillaient la leur. Je commençais à éprouver de la peine pour lui. Le monde est vraiment injuste. Ce n'est pas la sienne qu'on devait prendre. Cependant je ne pouvais pas m'empêcher de penser que je ne l'aurais jamais rencontré si les choses avaient tournés différemment.

- "Quand je vous ai vu au poste, et entendu les pensées qu'elle avait pour toi, j'ai trouvé que vous aviez l'air vraiment proche." Je baissai les yeux, ne voulant pas répondre. Si je lui déclarais qu'entre Rose et moi, c'était plus la guerre qu'autre chose, il voudrait savoir pourquoi. Et si je lui expliquais pourquoi, il se sentirait coupable et penserait qu'il est la source de conflit entre nous. Il voudrait alors s'éloigner et ça, je le refusais catégoriquement. "Et ton père? Tu as l'air de bien t'entendre avec lui. D'ailleurs à présent, je sais de qui tu tiens ton mutisme intérieur. Ses pensées sont vraiment dures à capter aussi. Pas autant que les tiennes, mais je n'arrive pas à distinguer de chose bien distincte."

- "Désolée pour toi." Dis-je avec un sourire au coin des lèvres. "Oui, nous sommes plutôt proches, même si je ne le vois pas souvent." Dis-je nostalgique. Charlie n'avait jamais été très démonstratif, ni social. Exactement comme moi. Lorsque j'habitais encore chez lui, on ne se parlait vraiment pas souvent. Mais il me manquait quand même. Sa simplicité me manquait.

- "Et ta mère?" Demanda-t-il. "Tu la vois toujours, malgré ton déménagement à Forks?" Je le regardai avec des yeux pleins d'hésitations. Il soutint mon regard, puis je baissai la tête, restant silencieuse. "Que s'est-il passé avec ta mère?" Demanda-t-il. Je refusais de répondre, m'enfonçant dans mon mutisme.

Nous arrivions devant mon immeuble. Il se gara mais ne fit aucun geste pour descendre du véhicule.

- "Et si tu me disais la vérité?" S'exaspéra-t-il.

- "Non." Répondis-je catégorique.

- "C'est tout de même dingue! Je te fais confiance alors pourquoi est-ce que toi, tu ne fais pas de même de ton coté?" Je détournai le regard vers ma vitre. "Bella, je ne te demande pas grand-chose. Simplement pourquoi tu as coupé les ponts avec ta mère puisque apparemment tu ne la vois plus. Ce n'est tout de même pas un secret d'État."

- "Elle n'en voulait pas." Murmurais-je trop doucement pour que qui que ce soit puisse entendre. Naturellement avec ses superbes oreilles, il avait réussi à entendre.

- "Quoi donc?" S'enquit-il. J'inspirai pour me donner du courage.

- "Le bébé. Elle n'en voulait pas."

Puis je sortis de la voiture, sans même un regard vers mon chauffeur et accessoirement petit ami. J'entendis une porte claquer, mais ne me retournai pas. Je savais qu'il me suivait et je ne pourrai pas l'en empêcher. Je montai les marches de chez moi, le sentant derrière moi, sans pour autant l'entendre. Plus discret que lui, tu meurs. Je m'engouffrai chez moi et il referma la porte après y être entré à son tour. Je partis dans la cuisine me faire à manger et il ne me suivit pas. Je préparai une omelette, ne voulant pas m'éloigner de la simplicité. Le temps que l'omelette cuise, je retournai dans le salon où je vis Edward, adossé contre la porte d'entrée, ses bras musclés croisées contre son torse.

Il n'avait pas bougé d'un pouce, m'observant avec profondeur. Il se tenait sans doute devant la porte pour m'empêcher de prendre la fuite au cas où l'idée me viendrait à l'esprit, ce qui n'est pas une si mauvaise idée en soi me connaissant. Je retournai dans la cuisine en soupirant et mis l'omelette dans une assiette pour pouvoir la manger plus tard. Je revins à nouveau dans la pièce où Edward était toujours immobile, puis m'assis sur le divan. Il me regardait avec la même expression depuis que j'avais lâché la bombe.

- "Tu comptes rester là pendant des heures?" Demandais-je inquiète. Il me fixa silencieusement, toujours impassible. "Edward, je t'en prie, dis quelque chose." Suppliais-je.

- "Je ne pense pas que ce soit à moi de m'expliquer." Dit-il d'une voix dépourvue d'émotion.

- "Edward, s'il te plait…"

- "Non." Me coupa-t-il. "Je commence à en avoir assez Bella. Il est temps pour toi de dire la vérité une bonne fois. Je ne partirais pas sans savoir."

- "Mais savoir quoi?" Demandais-je.

- "C'est quoi cette histoire de bébé? Tu es tombée enceinte?" Je me levai soudainement, les points serrés et lui fis face. Nous nous affrontâmes du regard pendant ce qu'il me semblait être une éternité. Puis je capitulai en baissant le regard à nouveau, et en lui tournant le dos. Je sentais les larmes qui voulaient sortir en repensant à ce souvenir.

Je ne le sentis pas approcher, seulement lorsqu'il posa ses mains sur mes épaules et me retourna pour rencontrer mon visage. Il vit tout de suite l'expression perdue que mon visage arborait et son impassibilité s'envola. Il avait à présent l'air soucieux. Comment pouvait-il passer de l'énervement à de l'inquiétude à mon égard? Il exerça une douce pression sur mes épaules pour m'obliger à me rasseoir. Il s'assit à mes cotés en me rapprochant de lui et en passant un bras derrière mon dos. En temps normal, j'aurai certainement pleuré, mais il parvenait à empêcher mes larmes de se déverser. Un véritable exploit vu la capacité d'émotion et de sensibilité que je possède. C'en est à se demander si je n'ai pas été une fontaine dans une vie antérieure.

Je tournai la tête vers lui et plongeai mon regard dans le sien, m'apprêtant à lui révéler l'un des moments les plus mémorables de mon existence.

« - "Tu te souviens que je t'ai dis qu'avant de rompre avec mon ex petit ami au lycée, nous avions essayé d'arranger les choses et de faire des efforts?" Il hocha la tête. "En réalité," Repris-je, "nous avons voulu le faire pour la première fois. J'avais pensé que ça aurait pu nous aider mais ça a été tout le contraire. C'est après avoir fait l'amour avec lui que je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas. Seulement un mois après, je commence à éprouver les symptômes d'une femme enceinte. Après avoir fait le test cinq fois, je me suis rendue à l'évidence, j'étais bel et bien enceinte."

« "Je t'ai dit aussi qu'on s'est revu une fois en septembre et que ce fût un désastre." Il hocha de nouveau la tête. "C'est à ce moment là que je lui ai annoncé la nouvelle. Je crus qu'il allait faire une syncope, tellement la panique le gagnait. Au début, il s'est demandé comment c'était possible, puis je lui ai rétorqué que c'était des choses qui arrivent et que l'on n'y pouvait absolument rien. Après, il a commencé à reporter la faute sur moi. Il s'est emporté, a dit des choses blessantes, comme quoi j'avais voulu lui tendre un piège, que tout était de ma faute, que j'avais voulu lui gâcher sa vie…"

"Après s'être bien défoulé sur moi, qui n'avais fait qu'encaisser depuis le début, sans jamais se défendre, il a commencé à réfléchir sérieusement. Puis il a déclaré qu'il faudrait que je m'en débarrasse. Tu aurais vu la façon dédaigneuse dont il a dit ça. On aurait dit qu'il parlait d'une chose. C'est à ce moment là, que j'ai commencé à réagir. Je me suis énervée, braquée, et j'ai commencé à me défendre. Je ne sais pas pourquoi, je ne voulais pas me faire avorter. Je n'avais jamais eu de désir d'enfant, n'ayant jamais été très ouverte…"

"Mais lorsqu'il a parlé de cette manière, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai refusé d'envisager la possibilité d'avortement. C'est peut être mon instinct maternel qui m'a poussé à vouloir protéger cet enfant. Lorsqu'il a compris que j'avais l'intention de le garder, il est devenu fou. On s'est disputé longtemps et pour finir, il a déclaré qu'il ne voulait pas en entendre parler. Au départ, j'étais littéralement choquée par sa lâcheté et son immaturité à retourner sa veste. Je lui ai crié dessus, tentant de le soumettre, lui disant qu'il n'avait pas le droit de me laisser tomber après m'avoir mise dans un tel merdier. Il m'a répondu qu'il n'en voulait pas, pour rien au monde et qu'il me suffisait simplement de le supprimer. Naturellement, je l'ai giflé de toutes mes forces et j'ai fini par lui hurler que de toute façon, il n'était qu'une sale ordure, que je ne voulais pas qu'il s'en mêle et qu'il ne valait mieux pas qu'il prenne une quelconque implication. J'étais beaucoup mieux sans lui."

« "Les mois ont passé sans qu'aucun de nous n'adresse la parole mutuelle à l'autre. Mon ventre ne changeait pas vraiment donc personne ne se posait de question au lycée. Quand je l'ai annoncé à mon père, il a commencé à sortir son arme et à me demander qui était le petit con qui avait osé faire une chose pareille. J'ai accepté de lui en parler à condition qu'il repose son pistolet, là où il était. Il a déboulé chez les Crowley, insultant leur fils de tous les noms inimaginables. Après que les parents de Tyler se soient remis du choc que leur fils avait mis une fille en cloque, et également de la tempête Charlie, ils ont commencé à en discuter avec mon père. Je dois t'avouer que j'avais trouvé la situation plutôt comique, sur le coup. Je suis restée sur ma position et Tyler sur la sienne. Ses parents se sont rangés de son coté tandis que le mien était resté silencieux, ne voulant pas se prononcer. Ce n'est qu'une fois rentrés à la maison qu'il a tenté de me faire changer d'opinion. Il a appelé ma mère, qui a fini à l'hôpital après être tombée dans le coma et elle m'a supplié de ne pas le garder. A ce moment là, il était déjà trop tard pour un quelconque avortement. Au fil du temps, mon père s'est plié et m'a promis de m'aider quoi qu'il arrive."

« "Renée a débarqué à Forks, début décembre. Je n'étais même pas encore enceinte de cinq mois, mais mon ventre avait quand même pris du volume. Tout le lycée était désormais au courant et j'ai été montrée du doigt. Les rumeurs ont circulé, des plus affriolantes aux plus ringardes. Certains disaient que je m'étais fait violée, d'autres disaient - les filles en particulier - que j'avais tendu un piège à Tyler parce qu'il était sur le point de rompre avec moi et que je ne pouvais pas le supporter, il y en a même qui ont dit que ce n'était pas lui le père... Enfin peu importe. Elle a essayé de me traîner de force à Phœnix, dans le but de demander à un chirurgien de me l'enlever. Elle voulait le tuer. Le ton a sérieusement monté, elle a commencé à me traîner par les cheveux pour me forcer à quitter la maison de Charlie et je l'ai frappée en plein visage pour me débattre. Charlie s'est posté entre nous et a ordonné à ma mère de partir, chose qu'elle fit, non sans m'avoir accordé un regard énervé. Je ne l'ai plus revu. Du moins jusqu'à l'accident. Je me rappelle encore comment tout ça s'est déroulé." Dis-je avec du venin dans la voix.


« Nous étions le vingt trois décembre. Je regardais des imbécillités à la télévision, quand j'entendis un bruit de moteur et de pneu. Je tire les rideaux de la fenêtre pour apercevoir un énorme van bleu klaxonner. Je me mets à appréhender. Qu'est-ce que diable, ce couillon venait faire ici? Et pourquoi maintenant? Tout cela ne me disait rien de bon mais j'allais tout de même lui ouvrir la porte. Il était resté dans sa voiture, n'avait même pas prit la peine de descendre pour me saluer. La main sur le ventre, j'allai jusque vers sa voiture, non sans frissonner de froid.

- "Que fais-tu ici?" Demandais-je soupçonneuse. Je voyais son visage fermé.

- "Ça te dirait de monter?" J'écarquillai les yeux.

- "Pourquoi faire?" Me braquais-je.

- "Je veux simplement faire une balade. Histoire de discuter un peu." M'assura-t-il. Je restai méfiante. Pourquoi, après m'avoir traité en paria depuis des mois, il commençait tout d'un coup à se rappeler de mon existence? Et de quoi voulait-il que nous parlions?

- "Je ne vois pas vraiment ce qu'on a à se dire." Répliquais-je acide.

- "Allez, s'il te plait… C'est simplement une balade, rien de dramatique." Plaida-t-il. J'hésitai longuement, pesant le pour et le contre. Puis finalement étant dans l'esprit de noël, je finis par accepter.

- "Très bien. Attends-moi là." Conclus-je. Il me fit un faible sourire et je retournai à la maison pour me changer et fermer la porte.

Nous roulions à une vitesse raisonnable depuis un moment et il ne s'était toujours pas décidé à parler.

- "Tu vas me dire de quoi tu voulais me parler?" Finis-je par rompre le silence pesant.

- "Comment vas-tu?" Demanda-t-il. Je fus abasourdie par sa question.

- "Bien. C'est nouveau que tu veuilles te préoccuper de moi?"

- "Tu n'es toujours pas encline à changer d'avis?" Demanda-t-il, ignorant ma question rhétorique au passage. Évidemment. Cette sortie avait pour unique but de me faire plier à sa volonté. Quel con…

- "Non, je ne changerai pas d'avis. Si tu es venu me voir en espérant un miracle de noël, tu fais fausse route." Il soupira.

- "Bella, je t'en prie! Tu es en train de gâcher notre vie à tous les deux."

- "Tu parles surtout de ta vie à toi, parce que la mienne, tu n'en as jamais eu rien à faire." Dis-je sévèrement.

- "On est encore au lycée! Je veux réussir, aller à la fac et pas galérer au sortir du lycée pour trouver des petits boulots minables afin de réussir à vivre et à m'occuper de lui."

- "Je t'ai déjà dit que tu n'avais aucune responsabilité. Tu peux aller à l'université, ce que tu veux, je ne lui dirai jamais que tu es son père. D'ailleurs, si tu veux mon avis, je trouve cela carrément mieux qu'il ne le sache pas. Je ne voudrais pas qu'il ait honte." Répliquais-je.

- "Et comment crois tu que je me sentirais, en sachant que j'ai un gosse caché quelque part?" S'emporta-t-il.

- "Tu n'avais qu'à y penser avant!" Criais-je. Le silence se réinstalla et je me rendis compte que nous n'étions plus à Forks. "On n'est plus à Forks!" M'exclamais-je. Il ne répondit pas, apparemment il était énervé. La bonne blague! C'est moi qui devrais être énervée normalement. Lui, il n'a pas le droit d'être en colère après moi alors qu'il s'est comporté comme un salaud.

- "Non." Répondit-il. "Nous ne sommes plus à Forks." Cela eut le don de m'irriter.

- "Et où sommes nous?"

- "Je n'en sais rien." Dit-il impassible.

- "Tu n'es vraiment qu'un pauvre con! Ramène-moi à la maison." Ordonnais-je.

- "Non. Tu ne partiras pas d'ici tant que l'on n'aura pas réglé ce problème."

- "Mais il n'y a aucun problème! Je ne changerai pas d'avis alors ramène-moi chez moi!" Nous commencions réellement à nous énerver. Il ne fit pas demi-tour et je sentis le moteur accélérer. "Qu'est-ce que tu fais?" M'inquiétais-je. Ma main toujours sur mon ventre de manière protectrice.

- "J'essaie tant bien que mal de te ramener sur terre."

- "En dépassant la limite de vitesse autorisée?" Demandais-je en colère.

- "Tu n'auras pas de bébé!" Cria-t-il.

- "C'est trop tard, il va arriver dans plus de quatre mois."

- "Non! Je t'empêcherai de faire cette connerie."

- "Ah oui, et comment?" Fis-je avec acidité. Il ne répondit pas. Je sentis le van accélérer. "Tyler, ralentis."

- "Je ne te laisserai pas foutre ma vie en l'air!" S'emporta-t-il.

- "Pour l'amour du ciel! Ralentis où on va avoir un accident!" Il se renfrogna, puis je vis une lueur d'éclair passer sur ses yeux que je ne m'expliquais pas.

- "Tu n'auras pas ce bébé." Répéta-t-il à nouveau, un peu plus calme cette fois.

- "Merde Ty, ne fais pas l'imbécile et ralentis ce fichu van!"

- "Pas tant que tu n'accepteras pas de renoncer à cette chose!" Se remit-il en colère à nouveau.

- "C'est trop tard pour l'avortement et tu le sais!"

- "Il y a d'autres solutions." Répondit-il. Je ris nerveusement.

- "Vraiment? Et peut-on savoir lesquelles? Et puis non, ne me dis rien, je ne veux pas le savoir!" Tout à coup, la voiture se mit à rouler plus vite encore. Qui aurait cru qu'un van pouvait rouler à cette vitesse? "Non mais à quoi tu joues!?" Criais-je. "Ralentis cette voiture tout de suite où j'appelle la police!"

- "Je ne veux pas de cet enfant Bella!" Il criait lui aussi de sa voix grave et puissante.

- "Je ne te demande pas ton avis, ni de t'impliquer alors arrête de paniquer!" Lorsque je vis la lisière de la forêt et que Tyler ne se décidait toujours pas à ralentir, la panique mélangée à la colère et au sentiment d'impuissance s'intensifia à un degré que je n'aurai jamais cru possible de ma part. "Ralentis, bon Dieu!" Lorsque j'entendis le moteur gronder, je compris qu'il avait appuyé sur la pédale d'accélération. A ce moment là, ma deuxième main vint encercler mon ventre à son tour.

- "Tu n'auras pas ce bébé." Répéta-t-il en tournant la tête vers moi et en me regardant avec un regard assombri. Et en plus de cela, il ne regardait même pas la route. Je pris une grande respiration pour tenter de me calmer.

- "Tyler, je t'en prie." Suppliais-je posément. "Ralentis." Il me regardait toujours, sans se préoccuper de ce qu'il y avait devant lui. Il secoua la tête pour exprimer sa négation. Cette fois j'hurlais autant que je le pouvais. "RALENTIS!!"

- "Non." Répondit-il, sans appel. "Tu n'auras pas ce…"

- "ATTENTION!!" Braillais-je à pleins poumons, lorsque je vis le virage. "TOURNE!" C'est à ce moment là qu'il daigna enfin reposer ses yeux sur la route.

- "Oh merde!" Je le vis s'agiter et tourner son volant comme un dératé tandis que mes deux bras entouraient mon ventre aussi fort que je le pouvais. Puis plus rien. Ce fut le trou noir qui m'enveloppa, me faisant perdre pied. Perdre conscience… »



Edward me serrait plus fort à présent et je devinai que ça avait dû être dur à entendre. Je m'étonnais de ne pas encore pleurer. Comment faisait-il pour empêcher mes sanglots rien qu'avec sa présence? Lorsque je relevai la tête pour le regarder, il arborait un masque à la fois énervé et soucieux. Le même qu'il avait eu tout à l'heure, avant que je ne me mette à déblatérer mon passé. Excepté l'énervement, qui, contrairement à la première fois, n'était pas dirigé envers moi pour refuser de me confier, mais probablement dirigé envers mon ex petit ami qui avait failli me tuer et pour le comportement pitoyable dont il avait fait preuve.

Je caressai la joue d'Edward, et lui fis un baiser doux sur ses lèvres froides pour le rassurer et lui faire comprendre que j'allais bien. Il sembla se détendre un peu et je me levai pour aller déguster mon omelette car ces aveux m'avaient donné une faim de loup. Il attendit que je finisse mon omelette avant de venir me rejoindre dans la cuisine et de prendre la parole.

- "Je suis vraiment désolé." Je relevai les yeux étonnée.

- "Pourquoi? Tu n'as rien fait de mal à ma connaissance."

- "Cela n'a rien avoir avec ce que j'aurais pu dire ou faire. Je suis seulement désolé que tu aies dû vivre ça. Je veux dire… Tu étais encore une enfant. Tu n'aurais pas dû avoir à faire face à ce genre de situations." Je baissai les yeux tout en mettant l'assiette dans l'évier.

- "Ne t'inquiète dont pas pour moi. Tout ça, c'est du passé à présent."

- "Et le bébé?" Demanda-t-il. "Il n'a pas survécu à cet accident?"

- "Non." Répondis-je, trop rapidement peut être pour qu'il puisse me croire.

- "Pourquoi est-ce que j'ai le sentiment que tu es en train de me mentir?"

- "Pourquoi est-ce que tu poses autant de questions?" Éludais-je en me retournant vers lui. Je sentais que des nuages qui se profilaient et qui n'allaient pas tarder à éclater. "Je t'ai déjà presque tout avoué sur ma vie alors tu pourrais au moins me laisser tranquille quelques temps, tu ne crois pas?"

J'espérais de tout cœur qu'il ne prendrait pas ce que je venais de dire au pied de la lettre, car je ne voulais pas, même pour tout l'or du monde, qu'il me laisse tranquille.

- "Je ne sais pas si tu arrives à comprendre." Dit-il avec une soudaine exaspération. "Tu es la seule personne dont je n'arrive pas à entrevoir les pensées. Même pas une petite brindille. Et tu es également la seule dont je souhaiterais les connaître justement. As-tu au moins une idée de ce que je suis en train de vivre là, en écoutant ton silence et en voyant ton mutisme? Tu as de la chance que je sois déjà mort, parce que tu m'aurais déjà tué Bella."

- "Il n'y a rien à dire." Réfutais-je. "J'ai eu un accident, le bébé ne s'en est pas sorti, point à la ligne." Dis-je en tentant vainement de mettre le plus de conviction et de dureté possible. Il ne semblait pas du tout convaincu et je dus me retourner pour ne pas qu'il puisse voir les larmes qui s'apprêtaient à couler.

- "Bella…"

- "Non!" Le coupais-je. "Je ne veux pas en parler."

- "Mais enfin…"

- J'ai dit que je ne voulais pas en parler!" Criais-je en me mettant face à lui de nouveau. Cette fois, les larmes que j'avais réussi à retenir jusque là avaient pu sortir et s'étaient échappées. A une vitesse effroyable, il vint m'enlacer, essayant de me réconforter.

- "D'accord." Dit-il doucement, tandis que j'étais en train de tremper sa chemise. "Plus de question." Je continuai à pleurer, jusqu'à ce que j'aie fini d'épuiser mon quota de larmes. Avec toutes les larmes que j'avais versées depuis mon bas âge, j'aurais dû être en rupture de stock depuis longtemps. Mais c'est comme si mon corps ne pourrait jamais être à cours de larmes.

Je relevai la tête les yeux embués, et quand je vis notre proximité, l'envie fut tel que je déposai mes lèvres sur sa bouche avec une assez forte pression. Il fut plutôt réceptif au départ, avant de se laisser emporter et de répondre à mon baiser avec ardeur. Je préférais largement ce dénouement là que la séquence pleurnicheries et compagnie.

Je passai mes bras autour de sa nuque et empoignai ses cheveux indomptables dans le but de le rapprocher encore plus de moi. Il entrouvrit la bouche et je glissai ma langue à l'intérieur. Ses mains me serraient fermement dans mon dos et il les passa sous mon tee-shirt. Lorsque je sentis la peau froide de ses mains entrer en contact avec ma peau tiède, je ne pus m'empêcher de gémir légèrement sous cette sensation de brûlure. Chose étonnante, vu sa température hivernale. J'arquai le dos sans gène sous l'intensité de ce moment.

Mes mains se déplaçaient d'elles mêmes de son cou à sa nuque en allers retours et sa bouche descendit vers ma mâchoire en traçant une ligne électrique. J'en profitai pour respirer et fermai les yeux, totalement abandonnée. Néanmoins, je relevai sa tête brusquement et l'embrassai fiévreusement, ne pouvant plus me passer de sa bouche. Ses mains me massaient le bas du dos, puis se posèrent sur ma taille, avant de descendre vers mes cuisses, ce qui causa un second gémissement de ma part. Enfin il me souleva de terre et je nouai mes jambes autour de sa taille.

En même pas une seconde qu'il en faut pour le dire, je sentis mon dos se plaquer contre mon lit et lui au dessus de moi. Avec quelle vitesse il nous avait entraîné dans la chambre, je m'en fichais royalement. Mais je devais reconnaître que ça avait eu le don de me consumer encore plus. Il se tenait par les coudes aux deux extrémités de ma tête, de sorte à ne pas me faire mal en mettant tout son poids qui m'aurait sans aucun doute anéanti. Mes mains passèrent sur sa chemise et entreprirent de défaire les boutons un à un. Il se figea soudainement et releva la tête pour me poser un regard interrogatif et hésitant.

Je lui répondis silencieusement en tirant sa tête vers la mienne et en reposant mes lèvres à l'endroit qu'elles préféraient. Il sembla se détendre et finit par céder enfin. Je n'ai jamais été le genre de filles entreprenantes et pleines d'assurance. Ce genre de situations n'était d'ailleurs pas une chose dont j'étais habituée, n'ayant connu aucune relation physique avec un homme depuis ma première fois avec Tyler. Enfin presque aucune. Mais à ce stade, ma résolution était telle qu'il était hors de question que l'on s'arrête maintenant. Je ne pourrai pas le supporter. Il pouvait peut être bien être un vampire, à cet instant c'était de l'homme, dont j'avais un besoin vital.

Après avoir détaché tous les boutons, je m'empressai de caresser son torse glacé avec mes paumes, ce qui décupla mon désir de lui. Il était musclé à souhait, aucun défaut et cela renforça la différence entre lui et moi. Apparemment il emblait être dans le même état que moi puisqu'il se saisit de mon haut et le tira vers ma tête pour me l'ôter. Je me retrouvai en soutien gorge devant lui, mais j'étais tellement empressée que je n'avais pas le temps de m'accommoder d'une quelconque gène, ni d'un quelconque embarras. Son torse se pressa soudainement contre le mien, provoquant de la chaleur à l'intérieur de moi et en cet instant de luxure, la seule chose que je désirais était d'atteindre le paradis. Ou l'Enfer.

- "Bella!!"

Nous tournâmes instinctivement la tête, non sans respirer bruyamment de mon coté pour voir Rosalie qui avait déboulé dans ma chambre. Elle avait les yeux embués de larmes mais je ne pouvais pas m'en soucier pour le moment, trop occupée à insulter silencieusement le seigneur des pires miséricordes et insultes sans noms, à me sentir embarrassée par la tournure de la situation et frustrée comme jamais. Elle passa d'un visage qui était apparemment bouleversé avant qu'elle ne soit entrée, à un visage visiblement en état de choc et d'incrédulité. Quand ce ne sont pas ses frères qui nous interrompent, il s'agit de ma fichue colocataire.

- "Excusez-moi… Euh… Je suis désolée." Dit-elle confuse avant de refermer la porte.

Dans notre insouciance, nous avions oublié une chose: Le monde extérieur.

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