lundi 22 mars 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 4

Chapitre 4: Tourments

Le dimanche s'effectua rapidement. J'avais passé la journée à aider Esmée à ranger la boutique. Entre les cartons, le nettoyage, et les curieux qui entrent pour poser des questions quand à l'ouverture prochaine, Esmée et moi, étions débordées. Pour un dimanche, merci du repos! Évidemment que dans une petite bourgade telle que Forks, la simple idée d'un évènement tel que l'ouverture d'une petite boutique de meubles atteint les proportions dignes des défilés de Milan. On se croirait à Disneyland ou tout le monde est excité et s'émerveille. Et elle n'est même pas encore ouverte…

J'eus pendant quelques instants l'envie de m'absenter ce jour là, prétextant une exposition à Seattle ou une angine mais me ravisai. Esmée aurait souhaité que je sois là, je pouvais bien faire ça pour elle. Je rentrais le soir, épuisée. Rose était déjà couchée et avait préparé un repas pour moi, ainsi que nettoyé la cuisine. Quelle fille adorable et attentionnée. Que pourrais-je faire sans elle? Pas grand-chose. Je mangeai ces charmants brocolis - Mangez équilibré, tel est sa devise, on ne pourra jamais la changer - puis lavai ma vaisselle avant d'aller me préparer pour me mettre au lit.

Hier quand j'étais rentrée, elle m'avait cuisiné sur mon altercation avec Edward Cullen et je ne lui avais fait que les grandes lignes, à savoir, il vient me poser des questions et je l'envoie sur les roses. Je ne lui ai pas fait part de sa réaction, ne la comprenant pas moi-même. Elle n'avait pas posé plus de questions, voyant que je ne souhaitais pas débattre là-dessus. Je fus vite au lit mais n'arrivais pas à trouver le sommeil. Demain nous étions lundi et j'avais peur de le voir à nouveau débarquer à mon travail. Il avait l'air d'être du genre obstiné. De plus je sentais que mes barrières ne tiendraient pas longtemps. Contrairement à ce dont j'ai l'habitude, Il était plus difficile de s'éloigner de lui et l'ignorer.

J'avais l'impression de devoir lutter pour ne pas courir vers lui et tout lui déballer sur ma misérable vie afin qu'il me console, alors qu'habituellement, je luttais pour qu'on me laisse tranquille. Et pourtant je ne lui ai presque jamais parlé. Je ne l'avais rencontré qu'à trois reprises et la conversation n'a jamais durée très longtemps. Quand j'y réfléchis bien, à part ce qui s'est passé vendredi, je ne lui ai pas adressé la parole du tout si ce n'est pour lui indiquer le montant de ses articles, ou pour l'envoyer se faire voir. Et voila que je ressasse. J'ai des insomnies à cause de lui, je suis en train d'appréhender le lendemain… Non mais il va finir par me rendre chèvre.

Moi qui avais décidé de faire comme s'il n'existait pas et de vivre tranquillement, voila qu'au lieu de dormir et de rêver d'une galaxie lointaine, très lointaine, je pensais à lui! Et le pire, c'est que je suis en train de me prendre la tête pour rien.

Edward Cullen n'est jamais venu.

J'ai passé ma journée à guetter la porte, en signe d'un quelconque adonis qui apparaîtrait, mais en vain. Plus les heures passaient et plus je me rendais à l'évidence, il ne viendrait pas. Je devrais être heureuse qu'il ne veuille plus d'explication, qu'il abandonne la partie. Mais au lieu de cela je déprimais. J'avais espéré ne plus avoir à faire à lui, et à présent je me rends compte que je lui avais menti en lui disant que je voulais qu'il me laisse tranquille et je m'étais mentie à moi-même en le pensant. Je n'arrivais pas à croire l'état dans lequel il m'avait mis rien qu'en ne venant pas aujourd'hui. J'avais l'impression d'être timbrée. C'est peut être aussi le fait que j'avais la mauvaise impression qu'il ne reviendrait pas les jours suivants. Et je ne m'étais pas trompée.

Le mardi fut aussi regrettable. Les clients avaient remarqué mon air triste et n'avaient pas osé me demander de l'aide, ni posé de question. Mrs Newton me regardait de temps à autre mais ne m'avait pas questionné. De mon coté, j'étais perdue. A quoi m'attendais-je? A ce qu'il revienne et tente de m'adresser la parole? Comme s'il n'avait que ça à faire, que d'aller dans une boutique de sport pour parler à une misérable vendeuse et qui plus est, lui a demandé de ne plus l'importuner. Et pourquoi est-ce que je réagissais comme cela? Je voulais qu'il me laisse tranquille pas vrai? Alors maintenant que c'est fait je devrais me réjouir qu'il m'ait facilité la tache.

Je rentrais, aussi dépitée que la veille et allais directement me coucher sans manger ni attendre le retour de Rosalie. Je me levais quelques minutes plus tard afin de lui préparer son repas, histoire de me donner bonne conscience, et retournai au lit attendant le sommeil qui ne vint jamais.
..................

- "Bella? Tu dors?"

- "Hein? Quoi?"

Je me réveillais en sursaut. Je me trouvais dans la boutique d'Esmée, nous étions mercredi et les gens de Forks affluaient. Qui aurait cru qu'il y avait autant d'habitants dans cette ville? En tout cas ils sont bien cachés. Et moi je m'étais endormie assise, le coude sur le comptoir et la tête tenue par ma main, suite à ma nuit blanche de la veille. Merci Cullen! Cela fait trois nuits où je n'arrive pas à dormir, trop perturbée par les regrets et la déprime qui m'habitent depuis samedi. Si ça continue, je vais finir par mourir de fatigue. Ce ne serait peut être pas plus mal…

- "Eh oh Bella, je te parle!"

- "Euh, pardon Esmée, tu disais quoi?"

Je sortais petit à petit de ma léthargie.

- "Que tu avais vraiment l'air fatiguée". Dit elle exaspérée. Elle avait dû le répéter plusieurs fois pour réagir ainsi.

- "Oui, je ne dors pas très bien ces derniers temps." Dis-je d'une petite voix.

- "Ma pauvre, tu veux rentrer te reposer?" Son instinct maternel avait vite reprit le dessus.

- "Non Esmée ne t'inquiètes pas, je peux continuer." Dis-je, sachant pertinemment que je n'arriverai pas à trouver le sommeil si je rentrais.

- "Tu en es sure?" Demanda-t-elle, visiblement inquiète.

- "Évidemment!"

J'arborais un sourire pour montrer mon dynamisme mais elle n'en fut pas dupe. Cependant elle n'insista pas et s'en alla pour aller conseiller une femme, sans doute âgée de la soixantaine. Les clients allaient et venaient comme dans un moulin. Même Mrs Newton qui m'avait gentiment accordé ma journée fit une petite apparition.

- "Bella, ta tante a une boutique merveilleuse!" Me dit elle après m'avoir salué.

- "Oui je suis d'accord avec vous. Merci encore pour m'avoir donné mon mercredi." Dis-je.

- "Oh mais c'est normal. Tu fais de l'excellent travail et arrives toujours à l'heure, je pouvais bien faire ça. Surtout que ce n'est pas un congé puisqu'apparemment tu travailles." Dit elle avec un humour que je ne compris pas.

- "D'ailleurs je ne comprends pas… Si ni vous ni moi ne sommes à la boutique, qui s'en occupe?" Demandais-je vraiment intriguée.

- "Oh, et bien j'ai laissé mon Mike adoré tenir la boutique. De toute façon il ne doit pas y avoir beaucoup de monde, ils sont tous ici!" Dit elle sur le ton de la plaisanterie. Je lui fis un sourire franc - mon premier de la journée - en imaginant Mike, seul, se tournant les pouces et jurant contre sa mère de l'avoir laissé tout seul, à s'occuper d'une boutique vide dépourvue de client. Bienvenue dans mon univers Mikey!

- "Et bien j'espère que vous trouverez votre bonheur," abrégeais-je. "Sur ce, bonne journée Mrs Newton."

- "A toi aussi Bella" » Me dit elle avant de s'engouffrer dans l'arrière boutique.

C'est ainsi que la journée se déroulait… Une journée ordinaire à la passer derrière un comptoir ou à conseiller les potentiels acheteurs. Rien d'original puisque c'est mon quotidien depuis des années. Néanmoins, travailler aux côtés d'Esmée avait quelque chose de bien plus attrayant. Je me sentais à ma place et entourée si j'en avais besoin. Chose que je n'ai jamais ressentie avec les Newton. Comment osais-je d'ailleurs faire la comparaison entre Esmée et Newton?

Pour un lancement, il faut dire que la boutique marchait plutôt bien. Les habitants de Forks étant des gens simplistes - il le faut bien pour habiter dans ce trou - trouvaient leur bonheur avec des meubles antiques. Même les rideaux et les tapis partaient comme des petits pains. Esmée avait toujours eu du goût et de la simplicité.

- "Bonjour."

J'entendis un carillon chanter dans mes oreilles. Je me retournai pour voir qui avait une voix aussi belle et fus stupéfiée par le détenteur de la voix en question.

Petite, habillée de façon moderne et sophistiquée, elle me regardait avec un sourire angélique. Ses cheveux bruns étaient courts et crépis, on aurait dit un hérisson. Et pourtant, après Rosalie, cette femme était sans conteste la plus jolie femme que j'aie pu voir. Il me suffit de voir son visage pour comprendre d'où elle venait. Le visage blanchâtre, les traits parfaits et ses petits yeux dorés, si elle n'est pas une Cullen, elle y ressemble bien. De plus, Edward m'avait dit qu'il avait une sœur en plus de ses deux frères. Ce devait être elle. Je sortis de ma contemplation et tenta un sourire prudent.

-"Bonjour, je peux vous aider?"

- "En fait oui." Dit elle avec un sourire éblouissant. "Ma famille et moi-même, nous venons de nous installer en ville, d'ailleurs je m'appelle Alice Cullen." Fit elle avec enthousiasme.

En plein dans le mille Bella! Et un Cullen de plus! Mais comment font-ils pour être aussi beaux? Ce n'est pas normal d'avoir autant de charisme et de charme. Les gens qui disent que nous sommes tous nés égaux, ils se trompent. Nous ne sommes pas du tout égaux, c'est même injuste d'être beau à ce point là. Je la regardai plus attentivement, espérant peut être trouver un quelconque défaut et fus assaillis par son sourire qui n'avait toujours pas disparu. Il était chaleureux, encourageant et tout ce qu'il y a de plus sincère. Sans m'en rendre compte, mon sourire crispé qui avait été jusque là maintenu par prudence, se transforma en un sourire invitant et vrai. Cette femme m'avait donné envie de sourire, rien qu'avec son humeur joviale.

- "Bienvenue à Forks Alice." Lui souhaitais-je, comme je l'avais fait avec son frère. "De quoi avez-vous besoin?"

- "D'un salon." Me dit elle tout sourire.

- "Pardon?" Demandais-je, complètement ahurie par sa réponse.

- "Et d'une salle de bain. Non en fait, trois salles de bains. Ainsi qu'un jardin et quatre chambres également. Oh! Et une cuisine, j'allais oublier." Dit elle encore plus enthousiaste que possible. Je ne comprenais strictement rien.

- "Alice tu devrais être plus cohérente." Entendis-je une voix masculine, douce et apaisante. Je jetai un coup d'œil pour apercevoir un grand blond, assez mince et horriblement sexy. A en juger par son physique d'acteur hollywoodien ainsi que ses yeux d'un or liquide, aucun doute quant à son identité. J'en étais presque habituée.

- "C'est vrai tu as raison. J'ai tendance à me laisser un peu emporter. Ce que je voudrais en réalité, ce sont des meubles, de la décoration pour orner notre nouvelle maison près de Forks." Dit Alice. Inutile de préciser que son sourire était toujours présent. J'avais une forte envie de lui demander comment elle faisait pour ne pas avoir mal à la mâchoire.

La compréhension dut se lire sur mon visage puisque je vis le grand blond soupirer de soulagement avant d'arborer un visage… Crispé?

- "Je vois. Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous désirez acheter tous vos meubles chez nous ainsi que nos rideaux, nos tapis… Vous voulez faire une rénovation complète je me trompe?" Demandais-je, au bord de la crise de panique en imaginant la possibilité de les voir souvent.

Je me demandais si mon changement d'humeur était visible, car le jeune homme sortit de son espèce de crispation pour me regarder en fronçant les sourcils. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à froncer les sourcils comme ça? Pourtant la jolie Alice ne semblait avoir rien remarqué puisqu'elle me répondit sans se départir de son sourire.

- "C'est exactement ça! Tu vois Jasper elle a compris!"

La voila qui applaudissait… Tandis que moi je commençais à prendre réellement conscience de ce que cela allait impliquer. Ils allaient venir souvent à la boutique, chez Charlie afin de discuter avec Esmée, prendre rendez vous avec elle, demander des conseils et probablement son aide. J'étais prise au piège. Je ne pourrai pas y échapper. D'un autre côté je ne pouvais pas demander à Esmée de refuser. D'après ce que j'ai pu constater, cette famille a suffisamment d'argent pour acheter tous les articles les plus chers de la boutique de sport. Aucun doute qu'elle aura les moyens de dévaliser ici aussi. Et pour Esmée, ce ne peut être que bénéfique. J'étais mal. Très mal.

- "Alice?" Demanda le dénommé Jasper. Nous nous retournâmes vers lui à l'unisson. "Je vais sortir, il y a un peu trop de monde et j'étouffe." Dit-il. En effet il n'avait vraiment pas l'air bien. Je dirais même qu'il souffrait. Étrange.

- "Oh, bien sûr." Fit elle. "Tu pourras retourner à la voiture tout seul?"

Je faillis rire à cette remarque. On aurait dit qu'elle s'adressait à un enfant de neuf ans, comme s'il n'était pas capable d'y aller sans elle. Pourtant elle avait vraiment l'air concernée.

- "Oui ne t'inquiète pas. Tu le sauras si j'ai besoin de toi." Dit-il avec un demi sourire.

- "Oh que oui." Sourit elle avant de l'embrasser sur la bouche. "A plus tard." Lui dit elle.

- "Je t'aime." Dit il avant de l'embrasser à son tour et de s'éclipser du magasin.

J'en restais clouée. La scène qui s'était déroulée sous mes yeux était des plus étonnantes. Ils s'étaient embrassés à deux reprises, sans aucune gêne. J'avais vu clairement les pétillements dans les yeux de chacun quand ils regardaient l'autre. Il lui avait dit qu'il l'aimait, mais pas comme un frère le déclare à sa sœur. Comme un homme le déclare à une femme.

De toute ma vie je n'avais jamais vu un couple qui avait autant d'amour dans leurs yeux. Le genre d'amour que l'on ne voit uniquement dans les films à l'eau de rose ou dans les livres. Comme s'ils ne pouvaient vivre sans l'autre. Le couple le plus amoureux du monde. Du moins à ma connaissance. Pourtant tout cela ne colle pas… Jasper est censé être le frère d'Alice. Et d'Edward par la même occasion. Il est vrai que physiquement, ils n'ont rien en commun, mais les yeux sont les mêmes. Ainsi que les traits. Une relation inceste… Non c'est impossible. Ce serait répugnant. C'était plus fort que moi, il fallait que je lui pose la question.

- "Je suis désolée de paraître curieuse mais… Qui est l'homme qui était avec vous?" Demandais-je, montrant que ma curiosité n'était pas mal placée. Elle me répondit du tac au tac.

- "Mon mari Jasper." Dit elle avec l'expression rêveuse.

Donc ils étaient bien ensemble. Bravo, quelle belle déduction après ce que tu viens de voir.

- "Mais il ne s'agit pas de votre frère?" Demandais-je.

Elle sourit.

- "Non. Il s'appelle Jasper Withlock. En fait nous vivons tous ensemble. Mais ne vous inquiétez pas, on s'isole très souvent si c'est-ce que vous tenez à savoir." Dit elle avec espièglerie. Je déglutis, plus mal à l'aise que jamais.

- "Je comprends mieux. On m'avait dit que vous étiez tous frères et sœurs alors…"

- "C'est parce que pour les autres, il fait partie de la famille comme un frère. Ce qu'il est d'ailleurs. Et puis pour être honnête, nous ne sommes pas du même sang."

- "Pardon?" Demandais-je. J'étais totalement perdue.

- "Mes frères et moi avons tous été adoptés. Nous n'avons aucun lien de parenté."

Je ne pus que ressentir que de la compassion à cette annonce. Alice dut le remarquer car elle s'empressa de préciser.

- "C'était il y a longtemps maintenant. Nous sommes une grande famille, c'est pour cela que j'ai du mal à quitter le domaine familial. Jasper l'a bien compris et n'a aucun problème avec ça. Au contraire il s'amuse comme un fou." Rit elle, probablement pour détendre l'atmosphère pesante qui prenait place. Je me joignis étonnamment à son hilarité. Elle avait le don pour rendre les gens de bonne humeur.

- "Je suis heureuse pour vous dans ce cas." Dis-je honnêtement. Et je l'étais. Des enfants orphelins qui trouvent un père, une famille et l'amour, c'est tout simplement merveilleux.

- "Merci." Dit elle touchée. "Et vous comment vous vous appelez?" Demanda-t-elle soudainement. "Parce que je vous raconte ma vie mais je ne sais rien de vous. Si, à part que vous travailliez ici."

J'hésitais. Visiblement il n'avait parlé de moi a personne. C'est compréhensif. Cela fait plus de cinq ans. Et puis après tout, je n'étais pas grand chose pour lui... Je chassais vite cette pensée sombre de ma tête car elle attendait une réponse.

- "En fait, je ne travaille pas ici, je suis la pour aider ma tante qui tient la boutique. Je m'appelle Bella." Dis-je.

- "Bella? C'est un diminutif?"

- "D'Isabella oui." Répondis-je.

- "Et ou est-ce que tu travailles?" Demanda-t-elle. Elle avait employé le tutoiement, comme si nous nous connaissions déjà. En même temps elle venait de me raconter les grandes lignes de sa vie alors…

- "A la boutique de sport Newton."

- "C'est vrai? Mais alors tu as dû apercevoir mon frère. Il y est allé deux fois la semaine dernière." Dit elle sur un ton enjouée.

Je souris au mot apercevoir. Ce n'était vraiment pas le mot qui convenait. Apparemment lui non plus n'avait pas prit la peine de parler de son altercation avec moi. Tant mieux, au moins aucun d'entre eux ne se posera de question. Et puis avec un peu de chance, il ne sait toujours pas que je suis là… Pourtant je ne pus m'empêcher de ressentir de la peine quant au fait qu'il n'avait pas jugé notre rencontre assez importante pour en faire part.

Il avait raison. Il ne s'est pas passé grand-chose. Il s'était simplement présenté, je lui avais souhaité la bienvenue et puis j'avais pété plombs. Pas de quoi se prendre le chou. C'était lui qui avait raison et je le savais. C'est peut être ça dans le fond qui faisait le plus mal. Le fait que je le sache. Que je me tourmentais, ne dormais plus, pour quelque chose d'insignifiant et que je sois parfaitement consciente qu'il n'y a rien eu d'important ni d'exceptionnel.

- "C'est vrai, je me souviens de lui." Dis-je sur le ton le plus détaché que je pouvais faire dans l'état où je me trouvais. "Il avait dévalisé le magasin."

Elle rit.

- "Oui c'est bien lui, en effet. Il ne vous a pas trop embêté au moins?"

- "Vous voulez rire? Grâce à lui les économies de la boutique connaissent une hausse fulgurante." Feignis-je la plaisanterie, espérant qu'elle ne se rendrait pas compte de mon mal être.

- "Tant mieux dans ce cas. Bon ce n'est pas tout mais ils vont vraiment s'énerver si je mets des heures alors je crois que…"

- "Oui bien sûr, absolument." M'empressais-je, heureuse que la conversation prenne fin. Je partis chercher Esmée qui pendant ce temps n'avait pas chômé. Lorsqu'elle vit mon visage fermé, elle comprit que quelque chose n'allait pas.

- "Que se passe-t-il Bella?" S'enquit-elle.

- "Alice Cullen est ici." Répondis-je. Elle me regarda avec inquiétude.

- "Ça va aller? Écoute Bella, tu ne peux pas réagir comme ça à chaque fois que tu as le malheur de croiser un Cullen sur ta route. Ils habitent ici à présent alors il faut que tu t'y fasses."

- "Tu ne comprends pas… Ce n'est pas le fait qu'elle soit là qui me pose problème. D'ailleurs elle est vraiment gentille je trouve. Et son mari aussi, quoi qu'un peu étrange." Répondis-je. Je la vis soupirer de soulagement avant de reprendre.

- "Alors qu'est-ce qui ne va pas?"

- "C'est juste que… Elle veut rénover leur maison entièrement. Enfin plutôt l'aménager puisqu'ils viennent de l'avoir."

- "Et alors?" Demanda-t-elle, ne comprenant pas où je voulais en venir.

- "Et alors ça veut dire qu'ils seront souvent ici. Ou même chez Charlie si c'est toi qui t'occupes de la rénovation. Je veux bien faire abstraction de leur présence à Forks mais tu ne peux pas me demander de le recroiser. Je sais que c'est inévitable et que quoi que je fasse, je retomberai nez à nez avec lui demain, ou dans une semaine, mais je ne veux pas. Je ne peux pas."

- "Bella chérie, il est hors de question que je te laisse le revoir si tu n'en as pas envie. D'autant plus que je ne désire pas croiser sa route non plus. Je m'arrangerai pour ne pas avoir affaire à lui, je te le promets."

Un sentiment de soulagement et d'assurance me traversa. Je savais qu'Esmée réagirait ainsi. Elle pensait toujours à moi, toujours aux autres.

- "Merci Esmée. Suis-moi, Alice nous attend." »

Elle acquiesça, puis me suivit jusqu'à Alice qui n'avait pas bougé d'un pouce, ni son sourire d'ailleurs. Elles discutèrent longuement de formalités telles que, le style de chaque pièce, les différentes couleurs, le type de sols et de murs et tout ce dont je n'y connais strictement rien. Je me décidais de les laisser tranquilles et de m'occuper des autres clients.

Vint l'heure de fermeture. Alice Cullen avait dit qu'ils se plaindraient si elle mettait longtemps, et bien si deux heures et demi pour elle n'entre pas dans la catégorie « longtemps », je n'ose même pas imaginer combien de temps elle doit mettre dans les magasins lorsqu'elle a carte blanche. Elle finit par conclure qu'elle repasserait les jours suivants pour prendre les meubles et tapisseries qu'elle avait choisie. Des détails d'après elle.

Je la vis saluer Esmée gentiment, avant de se diriger vers moi avec son sourire amical. Je crois qu'en un après midi, elle avait plus souri que moi dans toute ma vie.

« - "Bella, ce fut un plaisir de te rencontrer." Dit-elle

J'esquissais un sourire face à sa gaieté. Il faut dire que cette jolie brune m'inspirait beaucoup de sympathie. Dans d'autres circonstances, j'aurais même pu penser me faire une nouvelle amie.

- "Moi aussi Alice, passe une bonne fin de journée."

- "Toi également." Répondit-elle, avant de se détourner vers la sortie.

Je la regardais s'éloigner, puis fus prise d'une folie avant même de m'en rendre compte.

- "Alice attends!" L'appelais-je, avant de réfléchir. Mais qu'est-ce qu'il me prenait tout d'un coups? J'étais complètement folle. Elle se retourna et je réalisais qu'il fallait que je dise quelque chose. Mais quoi? Je la voyais sourire, comme si elle avait su à l'avance ce que je m'apprêtais à faire.

- "Tu pourrais… Tu pourras dira à ton frère qu'il peut passer à la boutique quand il veut? Je veux dire qu'on a besoin de clients comme lui… Pour la rentabilité évidemment."

Son sourire s'agrandit encore plus, chose incroyable.

- "Pour la rentabilité…" dit-elle dans le vague. "Je lui transmettrai le message." »

Puis elle sortit gracieusement.

Je soufflais. Je n'avais strictement aucune idée si je devais être soulagée, anxieuse, énervée contre moi-même ou pire, heureuse. Sans doute les quatre à la fois. Pendant de longues minutes je remis les derniers évènements en question. Je venais clairement de demander à Alice qu'Edward revienne au magasin de sport. Bon techniquement, je ne lui avais pas vraiment dis ça. Mais c'est comme ça qu'elle l'a perçue, et comme ça que je voulais qu'elle l'interprète. En même temps je ne voulais pas qu'elle pense que j'étais une désespérée. Même si c'est le cas, les gens ne sont pas obligés de le savoir. Surtout Alice Cullen. Cependant même si je ne connais Alice que d'aujourd'hui, je n'arrive pas à penser qu'elle puisse penser à mal et se jouer des autres. Ce qui m'inquiète, c'est-ce que Edward va en penser. Oh mon dieu mais dans quel merdier me suis-je fourrée? Il va croire que je suis une fille qui ne sait pas ce qu'elle veut.

Mais tu es une fille qui ne sait pas ce qu'elle veut. Un coup tu le rembarres, pour ensuite te morfondre et enfin, te servir de sa sœur comme hiboux. D'ailleurs pourquoi veux-tu le revoir?


Excellente question. Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire? M'excuser pour commencer semble être une bonne chose à faire. Mais après? Lui demander de ne plus m'importuner? Je l'ai déjà fait alors pourquoi le faire à nouveau? Les hommes ont raison. Les femmes sont vraiment compliquées. Moi en particulier. Je devais arrêter de me tourmenter comme cela pour un type que je ne connais même pas et pour tout le reste. Si j'étais amenée à le revoir, alors soit. J'improviserai. Et s'il ne venait plus, je peux très bien faire avec. Après tout, ce que pense Edward Cullen de moi n'est pas la chose la plus indispensable à ma vie n'est-ce pas?

Je rentrais chez moi pour trouver une Rosalie endormie dans sa chambre. La cuisine était faite - Elle la prépare depuis quelques jours - et tout était lavé. Je n'avais pas faim alors je rangeai la barquette d'aubergines dans le frigo. En le refermant, je trouvai un mot accroché dessus. Je le pris et reconnus la belle écriture soignée de Rosalie.

Je savais que tu n'en voudrais pas alors je t'ai collé le mot sur le frigo. Tu ne manges plus ces derniers jours et je sais que tu n'arrives plus à dormir. Je m'inquiète pour toi Bellie, tu ne m'as pas adressé la parole depuis ce weekend. J'ai l'impression que tu ne vas pas bien et de ce fait je ne vais pas bien non plus. Tu sais que je suis là si jamais tu as besoin de moi. Je ne t'oblige pas à me parler si tu n'en as pas envie mais si jamais tu as du temps, j'aimerais revoir ma meilleure amie. J'espère que ton sommeil sera meilleur cette fois. Bonne nuit =)

Ta Rosie.

Je sentis la culpabilité m'envahir instantanément après avoir lu le message. Elle s'inquiétait pour moi et pensais à moi alors que moi, je l'ai complètement laissé de coté. Pas une seule fois je me suis enquise de savoir comment elle allait ces temps ci, trop occupée par mes propres problèmes qui au final ne sont pas si grave que ça. Je n'étais pas une bonne amie. J'étais égoïste. Il fallait que j'arrête de ne penser qu'à moi et que je m'occupe plus des personnes qui m'entourent. Rosalie tient à moi et je me dois de lui montrer que je tiens à elle aussi.

Je mis mon pyjama, me brossai les dents et me dirigeai vers sa chambre. Elle avait l'air profondément endormie. Je m'allongeai à ses cotés, tirai la couette sur nous, puis passai mon bras autour d'elle.

- "Menteuse." Murmurais-je lorsque je me rendis compte qu'elle ne dormait pas du tout.

- "Comment tu sais que je ne dors pas?" Me demanda-t-elle.

- "Je te connais trop bien pour savoir à quoi tu ressembles quand tu dors." Répondis-je, le sourire aux lèvres. Elle se retourna afin d'être face à moi, puis me sourit avec sérieux.

- "Qu'est-ce qu'il t'arrive Bella?"

- "Rien du tout." Éludais-je.

- "Ce n'est pas rien du tout Bella. Je vois bien que tu ne vas pas bien. On dirait que tu es devenue une sorte de robot. Tu te lèves, tu vas au travail, tu rentres, et pas une seule fois tu ne parles ni ne souris. Tu manges à peine et chaque nuit je me lève pour aller voir si tu dors. Cela fait trois ou quatre nuits que tu passes ton temps à te retourner dans ton lit. Tu as l'air bien tourmentée."

Elle s'était vraiment inquiétée à ce point…

- "Je traverse juste une mauvaise passe. Mais arrête de t'inquiéter, ça va passer."

- "Tu ne veux pas m'en parler?"

- "Il n'y a rien à dire Rose. Je ne suis pas au mieux de ma forme mais la vie est comme ça. Des hauts et des bas…"

Elle me regardait sceptique, mais n'ajouta rien.

- "Comment s'est passée ta journée?" M'enquis-je. Je voulais faire des efforts pour elle.

- "Dur. Les clientes n'arrêtent pas de m'injurier parce que je leur refuse un prêt ou que je leur réclame ce qu'elles doivent. Quant aux clients, ils passent leur temps à me reluquer de façon grotesque et à me faire du charme afin que je fasse l'impasse sur leurs découverts."

- "Mon Dieu mais ton boulot est un véritable pénitencier!"

- "A qui le dis-tu! Bon et toi ta journée? L'ouverture s'est bien passée?"

- "Tu plaisantes? On se serait cru à un concert de Michael Jackson*. Il y avait tellement de gens, c'est à se demander si Forks est vraiment dépourvue d'habitants comme on le pense."

Elle rit.

- "Y a que dans ce bled que l'ouverture d'une boutique est un évènement majeur de première catégorie. Tu paries combien que ce sera en première page du journal de Forks?"

- "Je ne crois même pas qu'il existe de journal à Forks."

Nous rigolâmes doucement et l'atmosphère devint largement plus détendue. Je me rendis compte que ça faisait longtemps que je n'avais pas passé du temps avec Rosalie, rien qu'avec elle et ça me manquait. Rosalie me manquait. Il fallait que je passe plus de temps avec elle.

- "C'est quand la dernière fois qu'on est sortie toi et moi?" Demandais-je.

- "Ça doit remonter à la préhistoire je crois." Sourit-elle.

- "Et si on passait le weekend ensemble? Juste nous deux?" Proposais-je, soudainement emballée par cette idée.

- "Avec plaisir." Dit-elle en souriant, visiblement enthousiaste elle aussi. "En revanche, j'ai une course à faire samedi après-midi."

- "Une course?" M'étonnais-je.

- "Et bien je dois passer au concessionnaire afin de récupérer ma voiture."

Je relevai la tête.

- "Tu as emmené ton cabriolet chez le concessionnaire? Mais pourquoi? Et quand?" L'interrogeais-je.

- "Lundi. Il y avait un problème avec le moteur alors je l'ai emmené le faire réparer. Et puis je me suis dit que ce serait un bon moyen aussi pour repérer les nouvelles voitures. Je voulais t'en parler mais je n'en ai pas eu l'occasion."

- "Tu as déjà un superbe coupé cabriolet rouge. Tu n'as pas besoin d'une nouvelle auto que je sache."

- "Non, mais tu sais à quel point j'adore les voitures! Et puis je n'ai peut être pas besoin d'une nouvelle voiture, mais toi si. Ta camionnette a l'âge de Napoléon." Rit-elle.

- "Évite d'insulter ma camionnette, je te prie."

- "Je plaisante Bella. Bon alors est-ce que tu veux m'accompagner?" Demanda-t-elle.

- "On a dit qu'on passerait le weekend ensemble non? Alors bien sûr que je t'accompagne." Ronchonnais-je.

Elle me sourit et je le lui rendis.

- "Ça va être génial, je le sens." Dit-elle avant de fermer les yeux.

Je ne lui répondis pas, car je sentais le sommeil me gagner. Pour la première fois depuis des jours, je m'endormis comme un Loire.
....................

- "Et celle là?"

- "Je t'ai déjà dis que je ne voulais pas de nouvelle voiture!"

Nous étions samedi, chez le concessionnaire auto et Rosalie me prenait la tête pour que je cède et remplace ma vieille Chevrolet. Cela faisait une heure et demi que nous étions là et nous n'avions même pas encore récupéré son cabriolet. Au lieu de ça, Rose me traînait vers toutes les voitures. Et vas-y que je te montre la Mercedes, et vas-y que je te fais asseoir dans l'Audi…

Fichue Rose et sa passion pour les voitures! De toute façon elle n'arrivera à rien avec moi. Je suis fidèle à ma camionnette, point barre.

- "Tu veux bien arrêter d'être de mauvaise humeur?" Demanda Rosalie.

- "Je ne serais pas de mauvaise humeur si tu nous laissais ma voiture et moi tranquilles!"

- "Oh arrête Bella. Tu ne peux pas appeler ce tas de ferraille, une voiture!"

- "Elle a quatre roues, un moteur, un volant et elle marche au diesel. Par définition c'est une voiture!" Hurlais-je, hors de moi.

- "Une voiture qui fait un bruit pas possible dès que tu l'enclenches, qui consomme de l'essence comme pas permis, où il faut que tu appuies sur le frein à main plus la pédale d'accélération pour la faire démarrer et où tu ne peux même pas baisser les fenêtres. Par définition, ce truc est un tas de ferrailles!"

- "Tu sais quoi? Tu m'agaces!" Criais-je.

- "Toi aussi!"

- "Parfait!"

- "Parfait!"

Nous avions croisés les bras sur notre torse avec une synchronisation parfaite avant de nous tourner le dos. Devant notre comportement puéril, Nous éclatâmes de rire. Le fou rire dura quelque minute avant de s'arrêter complètement. Pour ma part, j'en avais les larmes aux yeux et quant à Rosalie, elle n'y était pas loin non plus. Après notre rabibochage, nous partîmes en direction du garage - enfin! - où sa voiture nous attendait. Elle parla avec le concessionnaire pendant que je m'éloignais, ne voulant certainement pas entendre leur langage de martien. Je m'assis sur le capo d'une voiture et me pris la tête dans les mains, en proie à une atroce migraine. Il faut dire que la fatigue s'était accumulée. Après la nuit de mercredi que j'avais passé avec Rosalie, les jours sont redevenus les mêmes qu'avant. J'attendais désespérément de le voir arriver, tout en redoutant ce moment. Mais il n'est jamais venu.

Je pensais qu'une fois qu'Alice lui aurait dit ce que je lui ai demandé de lui dire, il viendrait, histoire de s'assurer de ne pas avoir affaire à une folle. Chose qui reste encore à prouver. Ou alors qu'il viendrait afin de mettre les points sur les « Ï » avec moi et de me faire comprendre qu'il fallait que je lui fiche la paix. Attendez une minute… C'est moi qui lui ai demandé de me ficher la paix, pas l'inverse. Et voila que je me tourmente encore. Mais enfin quand est-ce que ça va cesser? Je n'ai pas dormi de la semaine - à part mercredi - et je suis dans un état lamentable. Une vraie loque. Pas étonnent que je sois de mauvaise humeur.

Ce matin quand je me suis regardée dans le miroir, j'eus l'impression d'avoir une autre personne en face de moi. Les cernes sous les yeux, les traits entre les deux yeux dus à mes tourments et au stress... Quant à mon visage, il était marqué par la fatigue et le manque de nutrition. Oui parce qu'en plus d'avoir perdu le sommeil, j'ai aussi perdu l'appétit. Rosalie s'inquiétait de plus en plus et je n'avais pas osé rendre visite à Charlie et Esmée, de peur qu'ils me voient dans cet état cadavérique. Je savais qu'il n'y avait qu'un seul moyen pour que j'aille mieux. Il allait falloir une discussion avec Edward et rapidement. Il en allait de ma santé.

Prise avec mes démons intérieurs, je ne remarquais pas la Jeep énorme qui était en train de sortir du concessionnaire pour foncer droit sur Rosalie qui apparemment, bloquait le passage. Le conducteur, lui en revanche s'en aperçut puisque je vis l'engin freiner avec une grâce qui m'étonna. Une Jeep n'est jamais gracieuse d'habitude. Je vis la tête de Rosalie virer au rouge. Elle avait l'air furieuse. Sans attendre, elle se dirigea vers la Jeep, ouvrit la portière coté conducteur et hurla à la Rosalie Hale.

- "Non mais ça va pas, vous êtes malade?! Vous avez failli m'écraser! Vous vous rendez compte de ce que vous étiez en train de faire? Non bien sûr! Monsieur voulait sans doute faire joujou avec sa belle voiture toute neuve! Elle est même pas belle votre Jeep! Vous devriez sérieusement penser à changer vos goûts! Et où est-ce que vous l'avez eu votre permis? Dans une pochette surprise?"

Le meilleur conseil que je puisse vous donner: Ne jamais vous attirer les foudres de Rosalie car même un lion s'enfuirait. Pourtant le type que j'apercevais de dos et qui était sorti de la voiture, ne réagit pas, mais alors là pas du tout comme je l'aurais imaginé. Je pensais qu'il serait trop choqué pour pouvoir parler, ou alors qu'il se confondrait en excuses. Mais au lieu de ça il lui demanda doucement:

- "Excusez moi… Vous êtes un ange?"

Je crus que les yeux de Rosalie allaient sortir de leur orbite tellement ils grossissaient à vue d'œil. Elle était devenue encore plus rouge qu'auparavant. Ce type était-il fou? Comment osait-il poser une question pareille à une Rosalie en colère qui n'avait qu'une envie, faire de lui un marshmallow grillé?

- "Pardon?" Articula-t-elle lentement, afin sans doute de se calmer.

L'homme qui maintenant que je l'observais était incroyablement baraqué, fit une chose encore plus étonnante que tout ce que j'ai pu voir dans ma vie. Il éclata de rire. Un rire tonitruant, comparable à celui d'un ours. Après un bon moment d'hilarité, il se reprit et s'adressa à une Rosalie pire qu'hystérique.

- "Pardonnez-moi mais… C'est juste qu'un instant, je suis dans ma voiture en train de conduire et l'instant d'après, une magnifique blonde apparaît devant moi et me sort de la voiture. D'ailleurs la colère vous rend encore plus séduisante."

J'imaginais le sourire avec lequel il avait dû dire cette phrase. J'étais estomaquée. Jamais Rosalie ne laisserait passer ça. Il fallait que j'intervienne avant que cela ne dégénère. Rosalie était sur le point de se désintégrer à cause de toute la colère qui grandissait en elle. J'accourus, espérant ainsi calmer le jeu.

- "Ok c'est bon Rosalie, laisse couler." Ordonnais-je en la secouant pour l'éloigner. Elle ne bougea pas d'un pouce, fixant toujours l'homme avec haine. "Rosalie!" Appelais-je. "Oublie-le et va dans la voiture. Maintenant!"

Elle daigna enfin sortir de sa torpeur et me regarda les yeux suppliants.

- "Je vais lui en coller une!" Cria-t-elle. "Non mais tu l'as entendu?"

- "Oui je l'ai entendu mais s'il te p…"

- "Est-ce que vous êtes saoul?" Me coupa-t-elle en s'adressant à lui de façon agressive. "Non parce que pour dire des choses pareilles à quelqu'un qui veut vous faire la peau c'est à se demander d'où vous sortez!!"

- "Moi saoul? La bonne blague!" Il rit fortement avant de reprendre. "Honnêtement vous croyez franchement que je conduirais aussi bien si j'étais ivre?"

- "Conduire bien? Non mais vous vous fichez de moi?! Vous avez failli m'emboutir espèce de macaque sans cervelle!"

- "C'est moi que vous traitez de macaque sans cervelle? Alors la c'est la meilleure! Je vous signale que c'est vous qui êtes dans le tort. Si vous ne me barriez pas la route en vous plantant en plein milieu avec votre fichu coupé, Il y a longtemps que je serais loin d'ici!"

Il avait vraiment l'air énervé. Il ne devait pas supporter que l'on critique sa façon de conduire.

- "C'est complètement faux! J'ai parfaitement le droit de me trouver là, ce n'est pas ma faute si vous avez des trous à la place des yeux!" Rétorqua-t-elle.

- "Et je vous signale que j'ai freiné!!" Hurla-t-il soudainement et je trouvais sa fureur bien plus impressionnante que celle de Rosalie.

- "Espèce de macho, imbécile et complètement timbré!"

- "Et vous vous n'êtes qu'une sale pimbêche, hystérique et folle à lier!"

Je vis Rosalie qui s'apprêtait à en venir aux mains alors j'intervins, car bien que Rose soit tenace, Ce type n'allait faire qu'une bouchée d'elle.

- "C'est bon on se calme!" Criais-je. "Rose, Ce type à raison. Il a eut le super réflexe de freiner à temps alors je ne vois pas ce que tu lui reproches. D'autant plus qu'il ne pouvait pas savoir que tu allais te trouver là."

- "Écoute ta copine, elle est pleine de bon sens."

- "Oh la ferme!" Beugla Rosalie vers le malheureux.

- "Vous la ferme!"

- "Quant à vous," le pointais-je, faisant abstraction de leurs répliques, "lorsque vous voyez une femme en colère comme ça, la moindre des choses serait de vous excuser et de vous tirer au lieu de vous esclaffer comme un ours mal léché! Non mais sérieusement vous pensiez à quoi en débitant des imbécillités pareilles et en vous marrant comme ça?"

Il me regarda, abasourdi d'avoir été réduit au silence par une petite brunette taillée comme un haricot. Ce n'est qu'à ce moment que je regardais son visage. En le voyant de dos, je n'aurais jamais pu penser que cet homme pouvait être beau. Mais voila, il était absolument divin. Et extrêmement blanc aussi et… Les yeux incroyablement dorés. Non ce n'était pas possible. Si jamais il s'agit encore d'un Cullen je jure que je…

- "Alors Emmett on a perdu sa langue?" Entendis-je une voix enchanteresse.

Je détournais les yeux pour apercevoir le second passager de la Jeep qui était sorti de la voiture pour se placer à coté du Emmett en question. Je pâlis considérablement.

Je m'étais tourmentée toute la semaine, détériorée chaque jour un peu plus à force de torturer mon esprit. J'avais crains et attendu ce moment, espéré qu'il vienne et en même temps, priant pour qu'il n'arrive jamais. Il était là, face à moi, une semaine après notre dernière altercation le visage impassible. Il me regardait et je faisais de même. A présent qu'allais-je bien pouvoir lui dire? Faire comme si de rien n'était et m'en aller avec Rosalie? Ou bien daigner l'affronter pour une fois? Devant Rosalie et celui que je présume être son autre frère Emmett Cullen?

J'étais terrorisée par ce qui allait suivre. Est-ce qu'il allait à nouveau m'interroger sur des sujets auquel je ne peux pas répondre? Toutes ces questions qui n'ont pas de réponses. La seule chose dont j'étais certaine est que j'étais face à Edward Cullen et que je ne savais vraiment pas quoi faire…

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