Chapitre 2: Néant
« - "Bonjour Bella." L'homme s'avança de sa démarche parfaite en tout point de vue. Il s'assit près de moi et me caressa le front de sa main glacée. "Comment vous sentez vous?"
- "Mieux maintenant que vous êtes là." Répondis-je en le regardant droit dans les yeux.
Ses iris étaient d'un or flamboyant. Les plus beaux yeux qu'un homme pouvait rêver d'avoir.
- "Cela fait plaisir à entendre." Sourit-il avec grâce.
- "Me feriez vous une promesse?"
- "Tout ce que vous voudrez. Je ne pourrai jamais rien vous refuser."
- "Promettez moi de ne jamais m'abandonner. D'être toujours avec moi. J'ai besoin que vous soyez prés de moi."
J'étais en train de le supplier.
- "Je te le promets. Je serai toujours là pour toi. Je ne pourrai pas te laisser tomber Bella. Je ne te laisserai pas tomber." C'était la première fois qu'il me tutoyait.
Il me regardait à la fois avec crainte et assurance. Avec assurance pour me prouver qu'il ne mentait pas. Avec crainte, que je doute de son dévouement et que je ne lui fasse confiance.
Je lui souris, le remerciant de ne pas me laisser seule.
- "Alors j'en suis heureuse…" »
Je me réveillai en sursaut, les larmes déjà en train de se déverser sur mes joues. Tandis que je revoyais les images de ce souvenir douloureux défiler dans mon esprit, je réalisais que je poussais des hurlements incessants depuis mon réveil.
Je ne sentis même pas Rosalie cogner à ma porte et hurler mon prénom à tout va, trop bouleversée pour m'occuper du monde extérieur. Ce n'est que lorsqu'elle défonça la porte avec un coup de pied que je revins à la réalité. Du moins autant que je le pouvais. Je l'entendais m'appeler puis la sentis près de moi, ses bras m'entourant de tous les cotés.
Je reposais ma tête contre sa poitrine, alors que j'étais secouée par de violents sanglots.
- "Chut Bella… Ça va aller, tout va bien."
- "Ça recommence…" Murmurais-je entre les pleurs.
- "Je ne comprends pas, que s'est il passé?" Demanda-t-elle, visiblement inquiète.
- "J-je… Je ne sais pas… Cela faisait si longtemps que je n'y avais pas repensé et… Et il y a eu ce type qui s'est pointé aujourd'hui…"
- "Quoi? Quel type?" Me coupa-t-elle.
- "A la boutique, un client que je n'avais encore jamais vu. Mon dieu tu aurais vu cet homme Rosalie! Il était splendide. Magnifique je dirais. Et il était pareil."
- "Comment ça pareil? Tu veux dire son sosie?"
- "Non! Bien sur que non… Mais il avait les mêmes yeux. C'était ses yeux Rose! J'ai cru que je n'en reverrai jamais d'aussi beaux et aussi dorés mais ils étaient les mêmes. Et sa peau pâle… La même. La blancheur, la froideur… Pareil. Aussi fou que cela puisse paraître, j'ai eu l'impression de l'avoir devant moi de nouveau. C'était incroyable. Cet homme est même encore plus beau. Et je suis presque sure que c'est lui qui à déclenché ce cauchemar."
- "Et ben… Et tu penses qu'ils ont un lien de parenté? Tu crois qu'ils sont de la même famille?"
- "Non, je ne pense pas. Physiquement ils n'avaient aucun trait en commun. Pourtant je suis sure que c'était les mêmes yeux…"
- "Bella tu m'inquiètes. Tu te rappelles combien de temps tu as mis la dernière fois pour arrêter tous ces cauchemars?"
- Je sais et je ne veux pas que ça recommence. Je ne m'en relèverai pas cette fois!
- "Calme-toi." Dit elle alors que j'avais recommencé à crier et que les sanglots redoublaient. "C'est peut être seulement pour une nuit. Peut être que demain tout ira bien. Probablement que d'avoir vu cet homme aujourd'hui t'a rappelé ces souvenirs mais c'est sûrement une coïncidence. Rien de plus."
- "J'ai le sentiment que tu dis ça juste pour me rassurer."
- "Écoute Bella… Pour l'instant tout est normal donc ne t'angoisse pas maintenant. Je te suggère d'aller retourner dormir et demain, toi comme moi, nous aurons les idées plus claires. D'accord?"
Elle s'inquiétait véritablement pour moi, je pouvais le sentir dans sa voix.
- "D'accord." Murmurai-je.
Cette nuit là, Rosalie dormit avec moi, comme au bon vieux temps. Et tandis que nous nous endormions dans les bras l'une de l'autre, je repensai à la façon dont nous nous étions rencontrées. Dans le cabinet du psy. C'est sûr, pas le meilleur endroit pour faire des rencontres, mais il n'empêche que depuis, cette amitié entre nous subsiste et fait partie de celles qui perdureront toujours.
Je me revois encore arriver en trombe ce jour là, pensant arriver en retard à mon rendez vous, lorsque l'assistante m'annonce que Monsieur a beaucoup de retard…
Je m'avançais, assez remontée vers la salle d'attente, lorsque je vis une jeune fille assise, les jambes repliées et la tête entre les genoux.
- "Euh… Excuse-moi… Tu as rendez vous avant moi?" Balbutiai-je, plutôt décontenancée par sa position.
- "Tu crois que je serais là sinon?" Rétorquait-elle sans même lever la tête.
- "C'est vrai… Désolée."
Alors là en matière de communication et de relation sociale, zéro pour Bella. Il est vrai qu'à cette époque je n'étais pas vraiment au mieux de ma forme et je m'étais totalement renfermée sur moi, mais avoir un niveau de conversation aussi lamentable, c'est tout simplement incroyable.
Je m'asseyais sur la chaise d'à coté, la regardant avec hésitation. Tout à coup, sans m'en rendre compte, j'ouvris la bouche.
- "Tu devrais déplier tes jambes, si tu restes trop longtemps dans cette position tu finiras avec des crampes."
J'avais vraiment peur de sa réaction. C'était la première fois que je m'avançais vers quelqu'un depuis des mois et il fallait que ce soit une solitaire perturbée.
Elle daigna enfin lever les yeux vers moi et lorsque je croisai son visage, je pus y voir toute la tristesse qu'elle ressentait. Je pouvais sentir toute la souffrance qu'elle avait dû endurer. Elle ouvrit d'abord ses yeux en grand, puis baissa la tête, plus attristée que jamais.
- "Qu'est-ce que ça pourrait bien te faire à toi si j'avais des crampes?" Demanda-t-elle avec du ressenti dans la voix.
- "A moi rien." Répondis-je. Je la vis baisser les yeux encore plus à ces mots. "Mais à toi oui. Surtout lorsque tu allongeras les jambes. Je le sais parce que je fais souvent la même chose. La position bouboule comme je l'appelle."
Elle rit. Un rire rauque et léger. Elle ne devait pas avoir beaucoup rit dans sa vie pour avoir un rire aussi mal travaillé.
- "Alors pourquoi tu continues à le faire si tu sais que t'auras mal après?"
- "Je ne sais pas. Sans doute que je suis maso…" Ris-je sarcastique.
- "Je crois oui. Bienvenue dans le club des masochistes dans ce cas." Sourit-elle en tendant sa main. Je n'avais plus beaucoup de contact physique en ce temps là, mais bizarrement, je n'hésitais pas à la serrer.
- "Bella Swan." Dis-je. "Fille désespérée qui tente tant bien que mal de se faire des amis en discutant de crampes."
- "Rosalie Hale." Fit elle. "Fille torturée dont les crampes sont le seul sujet dont elle a accepté de discuter depuis des semaines."
On riait lorsque le psy ouvrit la porte. Il avait les yeux qui sortaient presque de ses orbites en voyant deux de ses pires patientes rigoler de bon cœur…
Après ça, Rose et moi avons commencé à sympathiser. J'appris qu'elle habitait à la réserve Quileute. Chose étrange puisqu'elle n'en était pas une. Elle m'expliqua qu'elle était très amie avec certains des indiens mais ne les fréquentait guère souvent puisqu'elle allait au lycée de Forks. Elle a arrêté de s'y rendre, trois mois avant mon arrivée, ce qui expliquait que je ne l'avais jamais vu. J'arrivais souvent en avance chez le psy pour la voir avant que son rendez vous ne commence. Quant à elle, elle attendait la fin de mon rendez vous à moi. On finissait par avoir hâte et envie d'aller chez le psy, au plus grand étonnement de nos familles proches. Bien sûr les compétences du psy n'avaient évidemment rien à voir avec notre enthousiasme.
On aimait discuter de choses complètement absurdes faisant semblant d'ignorer que l'autre a des problèmes. C'était sans doutes cela qui nous donnait autant envie de parler ensemble. Le fait que l'autre ne sache rien et ne se permette pas de juger. Avoir des conversations insignifiantes et parfaitement idiotes avec Rosalie était sans nul doute la meilleure des thérapies. On évitait les sujets sensibles, mais plus le temps passait, plus notre amitié grandissait, et plus l'envie de connaître la véritable histoire de l'autre apparaissait. Car voir le triste visage de Rose me perturbait, me hantait jusque dans mes songes. Et je désirais vraiment savoir la cause de son malheur.
J'appris ce qui était arrivé à Rosalie quelques mois après notre rencontre.
On avait convenu de se voir en dehors des séances chez le psychologue. Ainsi elle passait la quasi-totalité de son temps chez moi, lorsque l'on n'était pas en train de traîner dehors, sur la plage de La Push la plupart du temps. Elle ne m'a jamais invité chez elle et je n'insistais pas. Elle avait ses raisons et je le comprenais.
Puis un jour, on était chez moi en train de regarder la télévision, lorsqu'elle me dit qu'elle ne pouvait plus continuer comme ça et qu'elle avait besoin d'en parler à quelqu'un.
Elle me raconta que ses parents s'étaient arrangés avec des amis proches pour que Rose épouse leur fils. Un certain Royce. Rosalie me disait qu'elle l'appréciait et que si cela pouvait rendre ses parents heureux ça ne la dérangeait pas. Mais un soir, alors que ses parents étaient partis en weekend, Royce l'attendait devant la porte de chez elle alors qu'elle rentrait de chez une amie. Elle lui sourit avant de voir trois autres types avec lui. Elle m'avait dit qu'ils étaient terriblement saouls, et qu'ils commençaient à lui manquer de respect. Elle me parla ensuite de la façon dont Royce l'avait brutalisé, avant que les autres ne les rejoignent pour la violer chacun son tour derrière la maison.
Quatre viols en une seule soirée. J'en restais horrifiée. Rose elle, était bouleversée lorsqu'elle m'en parlait. Elle m'expliqua ensuite qu'elle n'avait pas bougé de là ou ils l'avaient laissé, meurtrie, pendant tout le weekend. Quand les parents étaient rentrés, ils l'avaient trouvé gisant au sol, pleine de terre et presque inconsciente. Ils portèrent plainte pour elle et après vérification du médecin, Royce et ses acolytes furent arrêtés. Rosalie se détériorait petit à petit puis a reçu l'ordre d'aller voir un psychologue où elle passait ses séances à ne pas dire un mot, restant silencieuse jusqu'à ce que l'heure passe.
Elle m'apprit que lorsqu'elle m'avait vu, c'était la première fois depuis l'arrestation qu'elle avait reparlé. Elle m'avait trouvé pathétique et ça l'avait rendue heureuse de connaître une autre fille aussi détériorée qu'elle. Sur le coup, j'avais éclaté de rire en me disant que détériorée était le mot qui convenait. Il ne fallut pas longtemps pour que je fasse mon « Coming Out » à mon tour. Nous sommes réellement devenues inséparable depuis.
.....................
Le lendemain, la journée fut normale. Pas de yeux dorés aux alentours et la nuit fut sans rêve. Rosalie avait eu raison, j'avais vraiment paniqué pour rien. Je ne refis plus de cauchemar, ni mercredi, ni jeudi. Je savais alors que je n'en ferai plus.
Aujourd'hui nous étions vendredi et Rosalie était au bord de la crise de nerfs. En effet elle devait rencontrer son client qui avait annulé son rendez-vous de lundi. Ce fameux client qui s'installe à Forks, mieux connu son le nom de « Beau blond ».
Moi j'avais une tonne d'appels, tous venant de Charlie qui stressait comme un dératé car sa maison était en désordre total et Esmée était sensée arriver demain. Heureusement, je réussissais à le calmer en lui promettant de passer donner un coup de main si j'avais du temps.
J'étais à la boutique, il était près de cinq heures et les clients étaient étonnamment nombreux. Je n'avais pas vraiment le temps de m'ennuyer - une première - et m'évertuais à faire mon travail de vendeuse. Je levais à peine les yeux vers les clients, prise dans une robotisation absolue. Je soufflais un bon coup, commençant à m'épuiser avant de continuer la même rengaine.
- "Monsieur bonjour." Dis-je en levant les yeux vers un nouveau client.
Si le bon Dieu m'avait préparé à ce qui allait suivre, je ne serais certainement pas restée plantée là, la bouche grande ouverte, plus ridicule que jamais.
Mais que venait-il faire là? Il est déjà venue trois jours auparavant et vu tout ce qu'il a acheté et au prix que ça a coûté, je ne pensais pas le revoir ici de si tôt. Pire, je ne pensais pas le revoir du tout. J'avais envie de me précipiter sous ma couette et de me cacher jusqu'à la fin de mes jours. Mais plus les secondes - et les minutes - passaient tandis que je le regardais, et plus je m'extasiais - encore - devant sa beauté parfaite. Ses traits parfaits, son corps parfait et pour finir, ses yeux parfaits. J'entendis quelqu'un se racler la gorge et je sus tout de suite de qui cela venait. Étant donné que c'était le plus séduisant des raclements de gorge jamais entendus, cela ne pouvait provenir que d'une seule personne.
Je secouai la tête et réussis, par je ne sais quel miracle, à baisser les yeux vers les nombreux articles qu'il achetait, me demandant par la même occasion ce qu'il pouvait bien avoir oublié d'acheter la fois passée. Je m'appliquais à faire passer les articles au code barre. J'étais vraiment heureuse d'avoir quelque chose pour m'occuper les mains. Mes pensées néanmoins, étaient toutes focalisées sur une seule chose, ou plutôt sur une seule personne.
- "Vous m'avez intrigué la dernière fois, vous savez?"
Je relevais les yeux sur lui, complètement chamboulée. Est-ce qu'il essayait réellement de me parler? Pourquoi? N'avait il rien d'intéressant à faire de sa vie pour faire la conversation à une banale vendeuse dans une boutique de sport? On se fiche du pourquoi, arrête de poser des questions et réponds-lui!
- "Ah vraiment? Et pourquoi ça?" Demandai-je, vraiment étonnée.
- "Eh bien, lorsque vous avez parlé de ressemblance avec une personne que vous connaissiez."
Bien sûr! Cela n'avait rien avoir avec moi. Il était simplement curieux de connaître l'identité de la personne qui lui ressemble. Il se demande sûrement comment un type peut prétendre ressembler à quelqu'un d'aussi beau que lui. Espèce de vaniteux personnage.
- "En réalité, vous ne lui ressemblez pas vraiment… Seulement quelques détails idiots."
- "Quel genre de détails?"
Je fronçai les sourcils. Pourquoi voulait-il savoir ça?
- "Je ne comprends pas en quoi ça vous intéresse." Répondis-je sèchement. Il était hors de question que je me mette à parler de lui à un parfait inconnu. J'avais déjà du mal à en parler à mes proches alors à cet homme…
- "Vous avez raison, pardonnez-moi pour mon indiscrétion."
Cette fois ce fut lui qui fronçait les sourcils. Il semblait frustré.
- "Est-ce que je vous ai frustré?"
- "Pardon?"
Il me regardait avec des yeux de merlans frits. Comme si j'avais dit une chose incroyable. Apparemment il ne s'attendait pas du tout à cette question. Encore plus étrange, son visage s'était décomposé.
- "Et bien… Je ressens comme de la frustration venant de vous…"
Je crus apercevoir un instant un sentiment de panique le traverser avant qu'il ne se recompose un masque impassible. Absolument étrange…
- "Vous lisez dans les esprits?" Me demanda-t-il, avant de faire un sourire en coin qui m'éblouit quelques instants.
- "Euh… Non je… Pourquoi cette question?"
Son sourire s'élargit. Je le regardais, complètement sous le charme et incapable d'aligner deux mots. Mes mains avaient d'ailleurs arrêté leur activité. Il m'observait avec intensité et son visage se rapprochait. A cet instant la police aurait pu débarquer, le monde aurait pu s'écrouler que je n'y aurais pas prêté attention. Je n'avais d'yeux que pour lui, cet adonis devant moi, qui continuait à se rapprocher...
- "Et combien je vous dois?" Il sourit en se redressant.
Là, s'il existe bien une idiote de première sur Terre, c'est bien moi. Cet homme venait tout simplement de se jouer de moi. Il avait dû se rendre compte que je bavais littéralement devant lui et s'en était servi non seulement pour éviter de répondre à ma question, mais aussi pour s'en amuser. Aucun doute qu'il rira à mes dépends plus tard avec ses amis.
Le jour où il a fait exprès d'éblouir une petite vendeuse imbécile avec un simple sourire pour la rendre ridicule. J'étais trop choquée pour réagir. Je le voyais sourire à nouveau. Sûrement pour me narguer.
Je décidais d'utiliser le peu de fierté qu'il me restait pour lui répondre de ma voix la plus sèche.
- "Cinq cents soixante dollars." Dis-je avant de me rendre compte de l'énormité de la facture. Je n'avais jamais vu un prix aussi élevé. En trois jours, il avait dépensé prés de neuf cents cinquante dollars pour des affaires de sport. Soit c'était un fan inconsidéré de sport, ou bien il a un compte en banque plus gros que la banque elle-même.
Il parut surpris par mon ton, assez agressif je dois l'avouer, mais il ne s'en formalisa pas. Il me tendit une carte de crédit de la couleur de ses yeux, et je ne pus m'empêcher de secouer la tête avec sarcasme. Nouveau froncement de sourcils de sa part. Ça en devenait une habitude chez lui.
- "A quoi pensez vous?"
J'étais choquée par sa question. Mais comment osait il poser des questions pareilles à une personne dont il ne connaît même pas le nom?
- "Je ne vois pas en quoi ça vous regarde."
J'avais répondu énervée, toujours en colère pour le coup de tout à l'heure.
L'expression sur son visage me déstabilisa. Il avait l'air… Dépité. Triste même. Pourquoi, réagissait il comme ça? Il était décidément, très compliqué. Il se sentait peut être coupable. J'en doutais. Je l'aurais remarqué sinon. Peut être que je m'étais trompée. Il ne s'était peut être pas rendu compte de l'effet qu'il m'avait fait. Et qu'il me faisait toujours d'ailleurs. A bien y réfléchir ça ne lui correspondait pas d'agir ainsi avec les sentiments des gens… Mais alors pourquoi ce sourire dans ce cas?
Je savais que je ne le saurai jamais et que d'ici quelques secondes, il franchirait la porte du magasin et je ne le reverrai plus. Je voulais trouver une faàon de le faire rester plus longtemps. Je devais trouver un moyen.
- "Je ne pensais pas vous revoir de si tôt vu tout ce que vous aviez acheté la fois dernière."
Il me regarda étonné, puis se mit à rire légèrement.
- "En réalité ce sont mes frères qui sont fans de camping et qui aiment s'équiper de choses inutiles."
- "Je vois ça… Et vous êtes nombreux?" Demandai-je, anxieuse de paraître indiscrète.
- "Mon père, mes deux frère ainsi que ma sœur."
- "Vous n'êtes pas la nouvelle famille qui s'installe en ville?"
- "Si c'est nous."
- "Ma meilleure amie travaille à la banque et elle avait rendez vous avec l'un d'entre vous."
Je souris en repensant à Rosalie qui avait littéralement craqué pour ce client. A présent je me sens bête de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt. J'aurais dû savoir que le « Beau blond » de Rosalie était de la même famille que mon bel inconnu à moi.
- "Cela devait être mon père." Répondit il, me tirant de mes conclusions.
- "Bienvenue à Forks dans ce cas." Dis-je avec un demi sourire.
- "Je vous remercie." Il fit un sourire qui me consuma littéralement.
- "Bella?" J'entendis Mike arriver. Il y avait bien des moments où j'avais eu envie de frapper Mike en plein dans les parties, mais là c'était pire que tout. J'avais envie de lui tirer une balle si profondément qu'elles auraient éclaté.
Et alors que je secouais la tête pour effacer toutes les pensées meurtrières qui m'assaillaient, je vis mon magnifique interlocuteur se tendre et regarder Mike de façon hostile. Je ne comprenais pas ce brusque changement d'humeur. En fait, je ne comprenais rien du tout avec lui.
- "Mike, tu es déjà rentré de l'université?" Demandais-je par politesse.
- "Oui, les cours sont finis alors je viens aider à la boutique." Dit il en regardant l'homme qui se tenait en face de moi. "D'ailleurs," reprit-il, "tu as l'air de bosser dur à ce que je vois…"
- "Qu'est-ce que tu veux dire?" Demandais-je.
- "Bien ça fait quelques minutes que je t'observe et à part bavarder avec un client, je ne t'ai pas vu faire grand-chose…"
Il avait un sourire mauvais sur le visage. Non mais pour qui se prenait-il? Le fumier!
- "Je souhaitais simplement la bienvenue aux nouveaux arrivants de Forks." Me défendis-je.
- "Oui et bien si tu ne veux pas te retrouver sans emploi, tu as intérêt de faire la seule chose que tu es autorisée à faire ici, ton boulot. Alors laisse ce pauvre monsieur s'en aller et remets-y toi!"
Je le regardais effarée. Mais qu'est-ce qui lui prenait? Il n'était pas aussi strict d'habitude. De plus il n'avait aucun droit.
- "En réalité c'est moi qui l'ai importuné. Je m'excuse si je vous ai causé du tort."
Silence de mort. J'étais bouche bée et Mike ne savait plus où se mettre. Il venait de prendre ma défense, je n'avais pas rêvé?
Pourquoi? Aucune idée, mais ça l'avait rendu encore plus séduisant qu'à l'accoutumé. Mike, ne sachant plus quoi dire, fit mine de s'éloigner vers la réserve. Je me tournais instantanément vers mon secouriste.
- "Alors là je ne sais pas quoi dire… Merci infiniment, mais vous n'étiez pas obligé…" Il me fit un sourire qui accéléra mon cœur.
- "Non je le devais. Il n'avait pas le droit de vous parler comme ça. D'ailleurs vous devriez vous défendre car la façon dont il vous considère est impardonnable."
- "Comment vous pouvez savoir la façon dont il me perçoit?"
- "Ce n'est pas dur à deviner." S'empressa-t-il de clarifier.
- "Quoi qu'il en soit, c'est le fils de mon employeur alors c'est très gentil de jouer les âmes charitables mais je préfère ne pas m'attirer les foudres de la personne qui pourrait me faire virer et ainsi, pourrir ma vie d'un claquement de doigts."
- "Vous pourriez travailler ailleurs." Me fit-il remarquer.
- "Si seulement les autres voulaient bien me prendre…" Rétorquais-je.
- "Je n'obtiendrai pas le dernier mot pas vrai?" Fit il avec un sourire en coin. Je souris à sa remarque.
- "Je suis de nature très têtue c'est vrai." Il émit un doux rire.
- "Bien c'était un plaisir de faire votre connaissance…"
- "Bella." Précisai-je. "Bella Swan." J'ignorais d'où me venait cette soudaine assurance.
- "Enchanté Bella. Je m'appelle Edward Cullen."
Le sourire qui avait prit place sur mon visage se fana aussitôt. J'avais peut être rêvé. C'était impossible. Impossible! Il ne pouvait pas être là. J'étais en train de dormir. A tous les coups j'allais me réveiller sur le champ. Le dit Edward devant moi commençait à se poser des questions quant à mon soudain changement d'humeur, mais j'étais trop paniquée pour m'en préoccuper. J'avais peut être mal entendu.
- "C…Cullen vous avez dit?" Balbutiais-je alors que mon cœur tambourinait dans ma poitrine.
- "Vous avez bien entendu." Fit il avec de l'incompréhension sur le visage, réduisant ainsi tous mes maigres espoirs à néant.
Néant. Voila le mot qui pourrait décrire l'état second dans lequel je me trouvais. J'étais dans le néant total. Je tombais, toujours plus bas, sans jamais m'arrêter. Je tombais. A cet instant je ne pouvais pas rester là, dans cet endroit infernal, avec mon pire cauchemar face à moi.
Il fallait que je parte. Que je m'en aille loin. Très loin d'ici.
- "Je… Excusez moi… Je… Je ne me sens pas bien… Mike?"
Celui-ci accourut.
- "Je me sens mal… Il faut que je rentre…"
- "Tu es sure?" S'étonna-t-il. "Tu avais l'air d'aller bien il y a encore cinq minutes…"
Qu'il est idiot. Évidemment qu'il y a cinq minutes j'allais bien. Mon monde ne venait pas de s'écrouler à ce moment là! Je devais avoir une tête à faire peur car Mike n'attendit même pas ma réponse.
"C'est vrai que tu fais peine à voir. Tu veux que je te ramène chez toi?"
- "Non!" M'exclamais-je. "Je veux dire… Je préfère rentrer seule." Je le suppliais du regard afin qu'il cède.
- "D'accord. Repose-toi bien alors."
- "Merci Mike."
Je m'empressai de récupérer mes affaire et de quitter cet enfer aussi rapidement que possible. Edward Cullen qui avait assisté à toute la scène me suivit et me prit le bras afin de me retourner vers lui une fois à l'extérieur.
- "Puis-je savoir où est le problème?"
J'avais les larmes qui coulaient au fur et à mesure que je prenais conscience de ce qui arrivait. Lorsqu'il s'en rendit compte il relâcha aussitôt sa prise et avait l'air visiblement inquiet.
- "Je suis désolée mais je… Je dois rentrer chez moi vous comprenez?"
Il ne me répondit pas et je n'attendais pas de réponse de sa part. Je me mis à courir vers ma vieille Chevrolet, garée à quelques mètres de là.
Une fois engouffrée dans l'habitacle, je roulais en direction de chez moi, les larmes coulant à flots. Je ne faisais même pas attention à mon portable qui vibrait dans mon sac. Je me garai près de l'immeuble et reposai ma tête sur le volant une fois l'engin arrêté. Plus la vérité s'imposait à moi, plus mes sanglots redoublaient. J'aurais dû voir l'évidence. Ces points communs, cette magnificence… Comment avais-je pu être aveugle?
Comment avais-je pu espérer n'avoir affaire qu'à une simple coïncidence? Une simple ressemblance entre deux individus absolument différents?
Je relevai la tête, à cours de larmes, et me décidai à m'extirper de la camionnette. Je montais les escaliers jusque chez moi, sans même prendre la peine de vérifier qui essayait de m'appeler sur mon portable. Je savais déjà qui c'était. Lorsque j'ouvris la porte, je découvris une Rosalie affolée, avec son téléphone entre les mains. Quand elle vit le chaos qui m'envahissait, elle comprit qu'elle arrivait trop tard.
- "J'ai essayé de t'appeler pour te prévenir… Bella je suis terriblement désolée. Je l'ignorais, je te le jures. Je l'ai appris aujourd'hui lorsque j'ai vu le nom de famille du client… Je suis désolée."
Et elle l'était. Je n'avais aucun doute là dessus. Elle était désolée, presque autant que moi. Des larmes qui apparemment me restaient en stock, coulaient à présent et étaient en train de noyer mon visage.
Et tandis que je me sentais anéantie et au bord du précipice, au bord du gouffre qui allait à jamais m'engloutir, je murmurai:
« Il est revenu… »
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