Chapitre 16: Lâcher prise
"Je ne veux plus jamais te revoir. Adieu Bella."
Cette phrase me hantait depuis la seconde où elle était sortie de sa bouche. J'avais l'impression de toucher le fond. Rosalie avait tout appris, et moi j'avais tout perdu. La seule personne avec qui j'avais été capable de surmonter les cinq plus longues années de ma vie. La seule fille au monde qui puisse me comprendre et me dire exactement ce que j'aie besoin d'entendre à chaque fois. Partie. Envolée. Disparue.
Rosalie m'avait abandonné et tout était entièrement de ma faute.
Je passai ma nuit à pleurer sans m'arrêter la perte de ma meilleure amie. Edward n'avait pas arrêté de me tenir dans ses bras et sa pauvre chemise était pire que s'il avait été dehors par un temps de pluie. Je savais que ça lui faisait du mal de me voir comme ça. Mais il ne disait rien. Il me laissait simplement pleurer mon chagrin et je lui en étais extrêmement reconnaissante de rester silencieux. J'étais heureuse qu'il soit présent, avec moi car je savais que je n'aurais pas pu supporter ça sans lui à mes côtés pour me consoler.
Au petit matin, mes sanglots avaient fini par s'estomper et mes larmes par cesser. J'avais le visage marqué, j'arrivais à le sentir en touchant mes joues. Je jetai un coup d'œil à Edward et vis qu'il me regardait avec les traits emprunts à une profonde culpabilité.
- "Merci d'être resté avec moi." Murmurais-je d'une toute petite voix enrouée à cause de ma nuit larmoyante.
- "Tu vas te remettre à pleurer ?" Osa-t-il demander. Je secouai la tête.
- "Non je dois être en rupture de stock définitif."
- "Bella… Je m'en veux. C'est de ma faute si tu es dans cet état."
- "Non." Niais-je. "C'est complètement faux. La seule fautive ici c'est moi."
- "Mais je t'ai forcé à lui mentir. Tu ne peux pas dire le contraire."
- "Tu ne m'as forcé à rien. J'étais libre de tout lui dire depuis le début." Contrais-je. "Mais je ne l'ai pas fait. C'est moi la responsable." Il détourna le regard tristement.
- "Tu as vu ce que je te fais endurer ? Ce que tu es obligée de subir à cause de ma présence ?" Je fronçai les sourcils.
- "Mais qu'est-ce que tu racontes ?" Fis-je incrédule.
- "Si je n'étais pas là, jamais tu n'aurais eu tous ces problèmes avec ta meilleure amie. Tu le sais autant que moi."
- "Ces problèmes, je les ai eus par choix. Alors pour l'amour du ciel, arrête de toujours reporter la faute sur toi ! C'est moi qui lui aie menti, moi qui n'aie pas su tenir mes engagements vis-à-vis d'elle. Je n'aurais jamais dû vous écouter, toi et Emmett. Mais je l'ai fait quand même. J'avais le choix de ne pas le faire mais j'ai décidé de me plier à votre décision et je vous ai choisi vous plutôt qu'elle. C'est de ma faute. Tout est de ma faute c'est clair ? J'ai perdu ma meilleure amie à jamais et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même." Terminais-je en réprimant un sanglot.
Edward me caressa les cheveux en soupirant.
- "Elle te pardonnera."
Je clignai des yeux et le regardai effarée.
- "Comment peux-tu dire une chose pareille ? Tu as bien dû voir la façon dont elle s'est emportée."
- "C'était sous le coup de l'émotion Bella. Mais je te jure qu'elle finira par te pardonner."
- "Elle ne veut plus jamais me revoir. C'est trop tard Edward."
- "Elle t'a dit ça parce qu'elle était énervée. Fais-moi confiance au moins. Je ne dis pas ça à la légère, ni pour que tu te sentes mieux. Je te le dis parce que je le sais. Jamais votre amitié ne pourra se détruire. C'est comme ça. Quoi que tu fasses et quoi qu'elle fasse, il n'y aura jamais aucune rancune durable entre vous."
Je le voyais si sûr de lui, si certain de ce qu'il affirmait et je ne pus empêcher la vague d'espoir me submerger.
- "Tu crois ?" Finis-je par demander avec un semblant de supplication. Il me fit un tendre sourire rassurant et hocha la tête avant de me caler contre son torse.
- "Ne t'inquiète pas Bella. Elle a juste besoin de temps."
Je fermai les yeux et soupirai.
- "Je ne sais même pas où elle est allée. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?"
- "Alice m'aurait appelé."
- "N'empêche. Je n'aime pas ne pas savoir où elle se trouve. Il faut que je le sache."
- "Tu veux que j'appelle Alice pour lui demander ?" Proposa-t-il. Je déclinai.
- "Non, mon père doit probablement être au courant. Et puis ça me donnera une excuse pour aller lui rendre visite. Ça fait longtemps."
- "Dans ce cas je viens avec toi." Déclara-t-il avec aplomb. Je me figeai soudainement.
- "Pourquoi ?" Demandais-je avec panique.
- "Parce que c'est le moment de le rencontrer officiellement." Répondit-il en haussant les épaules. Je devais probablement être toute blanche à l'heure qu'il était.
- "Euh… D'accord." Acceptais-je, pas très rassurée.
Mon père, mon petit ami vampire, et moi. Tout un programme…
………
- "Ça me fait drôle de venir ici avec toi." Avouais-je en rougissant lorsqu'il m'ouvrit la porte de la voiture pour sortir. Il me fit un sourire encourageant.
- "Pourquoi ? Tu n'as pas l'habitude de ramener tes petits amis chez ton père ?" Je le regardai indécise.
- "Bah à vrai dire… Tu es le premier que j'aie eu depuis plus de cinq ans." Répondis-je. "Je ne crois pas que Charlie ait encore de l'espoir que je lui présente quelqu'un un jour."
- "Et bien dans ce cas on va lui redonner un peu d'espoir." Dit-il en m'embrassant sur les lèvres, me faisant frissonner.
Il dût croire que j'avais tremblé de froid puisqu'il s'écarta rapidement avant de me prendre la main et de m'entrainer vers l'entrée de la maison. Pour ma part, je préférais qu'il pense ça plutôt qu'il ne sache la véritable raison. Mon égo en aurait pris un sacré coup sinon et je me serais faite humiliée une fois encore.
Nous avançâmes – ou plutôt il me trainait – vers la maison et c'est lui qui sonna à la porte car je n'en avais pas le courage.
- "Arête de triturer tes mains comme ça." Me pria-t-il à la fois irrité et amusé.
- "Normalement c'est toi qui devrais être en train de stresser et de jouer avec tes mains." Fis-je remarquer. "Tu vas rencontrer le père de ta petite amie." Précisais-je en souriant intérieurement par le simple fait de prononcer ce statut à voix haute. Il m'adressa un sourire en coin qui accéléra les battements de mon cœur à un rythme démesuré.
- "Normalement, j'aurais appréhendé cette rencontre si je ne savais pas que le fusil de ton père ne peut rien contre moi."
Je levai les yeux au ciel, juste avant que Charlie n'ouvre la porte. Lorsqu'il me vit, il se mit à sourire joyeusement mais avec la retenue qui lui était propre.
- "Bella. Ça me fait plaisir de te voir." Je tentai un piètre sourire.
- "On m'a dit que tu te languissais de ne plus recevoir de visite de ta fille adorée." Répondis-je sans assurance.
- "Et c'est vrai. Je ne t'ai pas revu depuis un bout de temps."
- "Dis donc Papa. Est-ce que c'est moi qui te manque ou ma cuisine ?" Plaisantais-je soupçonneuse. Il rit légèrement.
- "Tu me connais bien désormais. Mais tu me manques aussi chérie. Pas uniquement ta bonne cuisine."
- "Mouais." Fis-je avec scepticisme.
Il détourna alors son regard vers la personne qui m'accompagnait et fronça les sourcils quand il vit nos mains enchevêtrées. Je me sentis soudainement embarrassée et pris la parole avec appréhension.
- "Euh Papa… Tu te souviens d'Edward ? Celui qui m'avait…"
- "Accompagné au poste le jour du braquage." Termina-t-il soupçonneux. "Oui, je me souviens."
- "Ravi de vous revoir Chef Swan." Fit ce dernier poliment en lui tendant sa main libre. Charlie la regarda quelques secondes avant de l'empoigner et de la serrer fermement, sans se dérider.
- "Moi aussi." Répondit-il embarrassé. S'encourut d'un long silence gênant avant qu'il ne reprenne la parole. "Alors euh… Entrez." Fit-il sans plus d'éloge ni de cérémonie.
Edward me céda le chemin et Charlie referma la porte derrière lui. En le voyant aussi gêné, je n'eus plus à me demander d'où je tenais cette caractéristique légendaire. Elle me vient de lui.
- "Tu as mangé ?" Demandais-je par politesse. Il secoua la tête.
- "Non à vrai dire j'allais me faire cuire du poisson fraîchement pêché." Je pouffai intérieurement. Charlie et la cuisine… Toute une histoire.
- "Laisse, je vais m'en occuper."
- "Vous restez ?" Proposa-t-il.
Je voyais que ça lui faisait plaisir de m'avoir ici. Et pour être franche, moi aussi j'étais contente de le voir. Il me manquait inconsciemment. Je jetai un coup d'œil à Edward pour lui demander silencieusement et il hocha la tête avec un léger sourire mystérieux. Il devait probablement entendre les pensées incongrues de Charlie. Quoi qu'il m'avait dit qu'il avait du mal à les lire clairement. Oh et puis à quoi bon y penser ? Pourvu que Charlie ne pensait pas quelque chose de ridicule à propos de moi…
- "C'est d'accord." Acceptais-je.
Je me dirigeai dans la cuisine et m'attelai à chercher un plat à dégoter et décidait de préparer des lasagnes.
- "Comment se fait-il que tu aies des ingrédients pour faire des lasagnes dans ton placard ?" M'étonnais-je. "Tu ne sais même pas faire une omelette correctement alors je ne vois pas en quoi ça peut bien te servir." Il haussa les épaules.
- "J'ai gardé ça pour quand tu viendrais ici me faire à manger." Je faillis rire car je m'en étais doutée. "Je ne sais pas si elle t'a déjà fait à manger Edward, mais ma fille est une vraie chef aux fourneaux." Lâcha-t-il soudainement.
Heureusement que je leur tournais le dos car je me mis à rougir comme une plaque chauffante. Je pouvais d'ailleurs deviner aisément le sourire en coin que devait arborer Edward à l'heure qu'il est. Surtout que lui, il était très mal placé pour parler cuisine. Ou du moins cuisine traditionnelle.
- "C'est vrai que tout ce qu'elle cuisine est un vrai délice." Répondit-il aisément, comme s'il le pensait vraiment. Je roulai des yeux discrètement. Menteur…
Je les entendais vaguement discuter car je m'appliquais à cuisiner mais je savais qu'ils parlaient de moi. Ou plutôt je le devinais. Lorsque les lasagnes furent prêtes, je les déposai sur la table tandis qu'Edward et Charlie s'asseyaient. Je n'étais pas étonnée du fait que Charlie n'était pas dérangé par le fait que je lui ramenais un homme à la maison. En réalité, je sais qu'il attendait ce moment depuis pas mal de temps. Il l'espérait même, car il désirait ardemment que je puisse un jour tourner la page et faire ma vie comme n'importe quel père souhaiterait pour sa fille unique. Le repas dura silencieusement une bonne partie. Edward mangeait ses lasagnes sans broncher pendant que Charlie se léchait les doigts. Je jetais des coups d'œil amusés à mon amoureux de temps en temps pour voir comment il réagissait mais à mon plus grand étonnement, il feignait avec excellence. J'aurais presque pu penser qu'il adorait cela. Je soupirais d'exaspération. J'aurais dû deviner qu'il serait également parfait dans l'art de la comédie et de la dissimulation. Après tout c'était son train-train quotidien.
- "Alors…" Commença Charlie, sans aplomb. Je me sentis blanchir. Ça y est, il allait vouloir parler de nous. "Ça fait longtemps que vous êtes… Euh…"
- "Pas vraiment non." Répondit Edward avec assurance.
Il avait dû deviner que ni le père ni la fille ne serait très adroit avec ce genre de discussions. Heureusement qu'il était là pour sauver la conversation. Charlie poursuivit son interrogatoire.
- "Et combien de temps restez-vous à Forks ? Parce qu'il me semble me souvenir que le Docteur Cullen change souvent d'endroit. Et puis vous êtes assez grands pour vivre seuls." Fit-il remarquer.
Je me tendis soudainement. On ne pouvait pas expliquer à mon père qu'en réalité, les Cullen étaient une sorte de clan familial de vampires qui ne se séparaient pas – ou très rarement – les uns des autres. Edward lui ne sembla pas s'accommoder de cette question et répondit avec aise.
- "Nous pensons rester à Forks pour un temps encore indéterminé. Sauf si Carlisle trouve du boulot ailleurs qui l'intéresse." À l'évocation de son nom, je sentis mon père frémir mais il ne fit aucun commentaire. "Et vous avez raison, nous sommes assez âgés pour quitter le domaine familial, cependant nous n'arrivons pas à nous résoudre à le laisser seul. Et puis pour l'instant ce mode de vie nous convient parfaitement. Même Jasper le mari d'Alice n'y voit aucun inconvénient."
Charlie resta pensif, méditant probablement ses paroles.
- "C'est très… Rare de voir une famille aussi soudée." Constata-t-il. "Surtout une famille principalement masculine." Edward rit légèrement.
- "Oui, c'est vrai que notre sœur Alice doit se sentir bien seule quelques fois. C'est pour cette raison qu'elle passe tout son temps avec Bella." Charlie se tourna vers moi avec un sourire curieux.
- "Tu es amie avec Alice Cullen ? Je l'ignorais." Je me dandinais sur ma chaise. J'avais horreur d'attirer l'attention sur moi.
- "Je m'entends bien avec elle et leur frère aussi." Répondis-je distraitement. Il hocha la tête d'un air songeur.
- "Elle est passée souvent ici pour voir Esmée et parler de votre villa. C'est une chouette fille. Je l'aime beaucoup." Je souris.
- "Oui elle est très gentille." Répondis-je.
- "Elle sera ravie de l'apprendre lorsque je lui dirai." Dit Edward sans se départir de son sourire ravageur. Si je ne l'adorais pas, j'aurais eu envie de le lui faire ravaler.
La discussion porta essentiellement sur les Cullen. Charlie posait beaucoup de questions à mon compagnon, éprouvant un évident intérêt pour lui et sa famille, ce que je trouvais étonnant venant de quelqu'un d'aussi associable que lui. Peut être était-il heureux que j'aie renoué avec mon ancien docteur. Peut être que ça lui plaisait de savoir que je ne portais pas de préjugés sur eux à cause de ce qui a pu arriver par le passé. Toujours est-il que je n'y accordai pas beaucoup d'importance car j'étais trop occupée à penser à la raison qui m'avait fait venir ici en tout premier lieu.
Je mourrais d'envie de poser la question qui me brulait les lèvres. J'espérais de tout cœur qu'il pourrait me répondre. Et aussi qu'il ne me demanderait pas pourquoi je lui demandais ça.
- "Dis Papa…" Commençais-je incertaine. Il se tourna vers moi et je continuai. "Est-ce que tu sais où se trouve Rosalie en ce moment ?"
Il baissa les yeux embarrassé.
- "A vrai dire, Billy m'a appelé tout à l'heure et j'ai appris qu'elle logeait chez les Black."
J'écarquillai les yeux. Un vague d'inquiétude me parcourut l'échine. Rosalie s'était finalement réconciliée avec Jacob ? Et comment se fait-il qu'elle n'a plus peur de lui ? Elle m'avait pourtant dit qu'il était devenu fou.
- "Elle habite chez Jacob ?" M'exclamais-je ahurie. Je jetai un coup d'œil à Edward et vis qu'il me regardait soucieusement, sans pour autant montrer quoi que ce soit à Charlie.
- "En quoi ça te pose un problème ?" Demanda Charlie. "Ils sont amis depuis l'enfance. Et puis le jeune Black est un bon garçon, je trouve ça dommage que vous n'ayez jamais sympathisé d'ailleurs." Je détournai le regard, honteuse d'avoir démarré au quart de tour devant mon père qui ne devait rien comprendre.
- "Oh ça ne me pose pas de problème." Me rattrapais-je. "J'étais seulement étonnée."
- "Elle ne t'en a pas parlé ? D'ailleurs pourquoi est-elle partie de chez vous ? Il y a un problème entre vous ?"
Je secouai la tête vivement, tentant de paraitre crédible.
- "Non pas du tout. Elle voulait seulement… changer d'air." Charlie me regarda sceptique. Heureusement Edward intervint.
- "Ça va Bella ? Tu n'as pas l'air de te sentir bien. Chef Swan, vous ne la trouvez pas un peu blanche ?" Fit-il en se tournant vers mon père avec une assurance et une inquiétude telle que même moi j'avais l'impression qu'il disait la vérité.
- "Il a raison." Acquiesça Charlie. "Tu devrais rentrer te reposer Bella."
- "Je vais la ramener." Déclara Edward en se levant. Il me tendit la main et je m'en emparai en me levant à mon tour.
- "Je suis désolée Papa." M'excusais-je en feignant la fatigue.
- "Ne t'en fais pas. J'ai été ravi de te voir. Et également ravi d'avoir fait ta connaissance Edward." Dit-il en se tournant vers lui.
- "Moi de même." Répondit ce dernier qui lui accorda un sourire en coin avant que l'on ne se dirige vers la porte, Charlie à nos trousses.
- "J'espère que tu passeras plus souvent." Me fit Charlie. "Et les lasagnes étaient délicieuses." Je lui souris timidement, essayant de jouer les malades et échouai lamentablement.
- "Merci. Et je te promets de revenir plus régulièrement." Charlie hocha la tête.
- "Au revoir Bella. Edward." Salua-t-il.
- "Chef Swan." Répondit Edward avec un signe de tête.
Puis il nous dirigea dans sa voiture, me tenant la portière avant de venir me rejoindre. Il démarra doucement, tandis que Charlie nous regardait partir avant de refermer la porte. Aussitôt je m'enflammai.
- "Elle est chez les Black ! Il faut intervenir !"
- "Du calme Bella. On ne peut rien faire."
- "Comment ça on ne peut rien faire ?" M'exclamais-je. "On ne va pas la laisser chez eux ! La dernière fois il s'est emporté contre elle ! Il est dangereux Edward."
- "Je sais." Répondit-il posément. "Mais ça ne change rien au fait que l'on ne peut rien faire."
- "Et pourquoi ça ?" Demandais-je agacée. Il tourna sa tête vers moi l'espace d'une seconde avant de se reconcentrer vers la route et de parler avec calme.
- "A cause du traité. Nous n'avons pas le droit de mettre les pieds sur leur territoire. Donc tant qu'elle restera là-bas, nous ne pourrons pas intervenir. Il faut attendre qu'elle s'en aille."
Je soupirai en me traitant de tous les noms. J'aurais dû me rappeler du traité. Mieux que ça, j'aurais dû tout lui déballer au lieu d'écouter mon petit ami et son frère.
- "Et s'il s'en prend à elle ? Qu'est-ce qu'on peut faire s'il lui fait du mal ?" M'alarmais-je.
- "Je suis désolé Bella. Mais quoi qu'il lui fasse, nous ne pouvons pas nous rendre chez les Black."
- "Elle m'a dit hier qu'elle ne l'avait jamais vu aussi en colère !" Protestais-je. "Elle avait peur de lui. Elle a même reconnu que les loups étaient instables et qu'il fallait être sur ses gardes. Pour qu'elle reconnaisse que j'aie raison, c'est vraiment qu'il a dû l'effrayer et pour l'effrayer, il a dû devenir tellement colérique que je ne peux même pas imaginer ce qui peut arriver quand il perd le contrôle devant elle. Je ne peux pas laisser Rosalie sans protection chez Jacob."
- "Mais tu ne peux rien faire. À part l'appeler et espérer qu'elle daigne décrocher un jour, tu ne peux strictement rien faire, ni rien empêcher." Contra-t-il.
C'est alors que l'idée me vint soudainement. Tout n'était pas perdu, il y avait une solution.
- "Tu te trompes, je peux faire quelque chose." Il se tourna vers moi étonné. "C'est toi qui ne peux pas."
Il écarquilla les yeux et je le vis se tendre. Ses mains se serrèrent sur le volant. J'avais peur qu'il ne le détruise.
- "Qu'est-ce que tu cherches à faire exactement ?" Articula-t-il lentement. Il savait déjà ce que j'avais en tête mais voulait simplement que je le confirme à haute voix.
- "Vous n'avez peut être pas le droit de vous rendre chez les Quileutes, mais moi j'en ai le droit." Il secoua la tête sans hésitation.
- "C'est hors de question." Refusa-t-il catégorique. "Jamais tu n'iras là-bas, pas après tout ce que tu viens de me dire."
- "Oh je t'en prie Edward." Suppliais-je. "C'est mon seul moyen de parler à Rosalie. De la raisonner et de la supplier de revenir."
- "Non Bella."
- "Edward s'il te plait. Laisse-moi aller chez Jacob. Je vais devenir folle si je ne le fais pas."
- "J'ai dit non !"
- "C'est de ma faute si elle est là-bas alors c'est à moi de réparer ça !" M'emportais-je. "J'ai tout gâché Edward. Tout. Cette amitié était une des choses les plus précieuses que je possédais et je l'ai détruite. Je m'en veux d'une telle force, tu ne peux même pas imaginer. Elle a toujours été là pour moi. Elle ne m'a jamais rien caché et moi je l'ai abandonné au moment où elle avait besoin de moi. Je ne pourrai jamais me pardonner ce que je lui ai fait. Et si je l'abandonnais encore une fois, je serai encore plus monstrueuse. C'est ça que tu veux que je sois ? Un monstre ?"
La voiture se stoppa et je remarquai que nous étions en bas de mon immeuble. Ma camionnette était garée juste devant, il avait vraiment roulé vite et je n'avais rien remarqué tellement j'étais préoccupée. Edward se passait une main sur le visage et avait l'air en plein débat intérieur, si bien que je n'osais pas le déranger.
- "Je ne serai pas avec toi Bella." Déclara-t-il après un long silence. Il tourna alors sa tête vers moi et je pus voir à quel point ça le torturait. "Il n'y aura aucun d'entre nous, tu seras seule. Et les visions d'Alice se brouillent, elle ne pourra plus te voir. Il pourrait t'arriver quelque chose et nous n'aurions aucun moyen de le savoir." Termina-t-il avec peine et difficulté.
J'inspirai fortement et posai une main sur son bras crispé.
- "S'il te plait Edward. C'est ma meilleure amie." Suppliais-je avec des yeux implorants. Il me scruta indécis pendant quelques secondes. Puis ses mains commencèrent à se décrisper et il soupira.
- "Ta camionnette est juste devant."
Je clignai des yeux plusieurs fois pour être sûre d'avoir entendu correctement et me jetai sur lui en l'embrassant avec force. Il répondit un peu surpris et ses mains m'immobilisèrent en se positionnant dans le bas de mon dos.
- "Merci." Murmurais-je entre deux baisers. "Merci." Il s'écarta légèrement et me regarda sérieusement.
- "Donne-moi ton téléphone." Ordonna-t-il. Je le sortis de ma poche et le lui tendis, un peu curieuse de savoir pourquoi il le voulait. Je le vis pianoter dessus avant de me le remettre.
- "Qu'est-ce que tu as fait ?" M'enquis-je en fronçant les sourcils.
- "Je me suis mis en appel automatique. Il te suffira d'appuyer sur cette touche et tu seras en train de m'appeler." Dit-il en me désignant une touche du portable. Je le regardai un peu surprise mais pas vraiment étonnée qu'il connaisse mieux mon téléphone que moi. Avec lui, plus rien ne m'étonnait.
- "Tu connais mon portable mieux que moi." Souris-je. Il émit un léger sourire mais ce fut sans succès. Apparemment il était trop tendu. Il haussa les épaules et ignora ma remarque.
- "Au moindre souci, n'importe quel problème, surtout, promets-moi de m'appeler est-ce que c'est clair ?" J'hochai la tête avec aplomb.
Il me caressa la joue et s'empara de mes lèvres avec une certaine tension. Il avait vraiment peur, je pouvais le sentir. On aurait dit qu'il voulait me transmettre sa crainte et son inquiétude dans ce baiser. Il y avait à la fois de l'empressement et en même temps, c'était comme s'il ne voulait pas que ça s'arrête. Sa langue vint caresser le bout de mes lèvres et je lui accordai le passage pour qu'enfin, nos langues se rencontrent. Je me sentais de plus en plus désireuse et je savais que ce n'était certainement pas le moment pour avoir ce genre de pensées.
Il fallait que je me résonne car je perdais du temps. Seulement je n'y arrivais pas. J'avais beau essayer, à chaque fois que je tentais de m'éloigner de lui, je me rapprochais encore plus, comme une attraction magnétique. Ses mains caressaient mon visage avant de descendre vers mon cou. Je sus alors que si je n'arrêtais pas ça tout de suite, j'en serai incapable après. Et apparemment il n'avait pas l'air d'avoir l'intention d'arrêter, au contraire, j'étais persuadée qu'il voulait tout faire pour m'ôter l'envie d'aller chez Jacob. Et je devais avouer qu'il se débrouillait vraiment bien.
Je tentai de m'éloigner et il me laissa faire. Lorsque nos bouches furent séparées, je tentai de reprendre ma respiration, tout en le regardant. Il avait les yeux noirs, ce qui accentua le désir que j'éprouvais pour lui. Il me fit un signe de tête, comme quoi il comprenait que c'était le moment pour moi de m'en aller avant qu'il ne change d'avis. Je l'embrassai une dernière fois et m'extirpai de sa voiture, sous son regard redevenu soucieux.
Ça lui coûtait de me laisser aller là-bas. Je m'en voulais de lui imposer ça mais en même temps, je ne lui serai jamais assez reconnaissante pour m'avoir permise.
Je montai dans ma Chevrolet et regardai dans le rétroviseur. Il était toujours dans sa voiture avec un visage fermé. Je lui fis un sourire de remerciement dans le rétro en espérant qu'il l'ait vu, puis démarrai en direction de la maison des Black.
Le trajet se fit rapidement car j'étais trop empressée de voir Rosalie tellement j'étais inquiète. J'espérais que je n'aurai pas à rester longtemps chez eux. Je ne les connaissais pas vraiment et je devais avouer que Jacob me faisait un peu peur depuis que Rosalie m'avait appris qu'ils étaient des loups. J'arrivai et me garai bruyamment à cause de ma camionnette ronflante puis descendis avec hâte. Je tapai à la porte et attendis patiemment que quelqu'un m'ouvre. Rosalie m'avait dit que la porte n'était jamais fermée chez eux mais étant donné que je n'avais jamais mis les pieds ici, je refusais de rentrer sans autorisation.
Lorsque la porte s'ouvrit, je découvris Jacob Black avec les yeux écarquillés. Il ne devait pas s'attendre à ce que je sois là. Je tentai un maigre sourire sans grande conviction. Je le vis se renfrogner et se forger un visage dur. Il m'asséna d'un regard noir et mauvais qui me décontenança. Il avait l'air énervé contre moi et j'ignorais pourquoi.
- "Salut Jacob." Saluais-je maladroitement.
- "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Demanda-t-il froidement.
- "Et bah… quel accueil." Fis-je étonnée. "Est-ce que Rosalie est là ? J'aimerais lui parler."
- "Elle ne veut pas te parler alors fiche le camp." Ordonna-t-il méchamment.
- "Jacob, c'est entre elle et moi, tu n'as pas à te mêler de ça." M'énervais-je.
- "C'est chez moi ici ! J'ai le droit d'interdire qui je veux de rentrer alors dégage et retourne voir tes buveurs de sang que tu affectionnes tant." Cracha-t-il en me claquant la porte à la figure.
Je restai là, complètement choquée et incrédule. Je me doutais que Rosalie lui aurait parlé de ce qui s'est passé entre nous mais apparemment, sa rage envers moi n'était pas due à ce que j'avais fait mais plutôt aux personnes que je fréquentais. Je décidai de ne pas m'arrêter là et entrai en poussant la porte avec une force que je ne me connaissais pas. Il se retourna vers moi, étonné que je sois rentrée sans son autorisation.
- "Ne parle pas d'eux comme ça !" M'emportais-je. "Et tu n'as pas le droit de me traiter de cette manière alors que tu ne me connais même pas !"
- "Je parle d'eux comme bon me semble. Et tu fréquentes ces monstres, ça me donne une assez bonne impression de ce que tu es."
- "Laisse-moi lui parler !"
- "Va-t'en de là si tu ne veux pas que je m'énerve contre toi."
- "T'es déjà énervé, je vois pas ce que tu peux faire de plus." Rétorquais-je acide.
- "Fous le camp Bella parce que pour moi, tu ne représentes rien de plus que ce que eux représentent."
- "Je ne partirai d'ici que quand j'aurai parlé à Rosalie."
- "Elle ne veut pas te voir ! Quand est-ce que tu vas te mettre ça dans le crâne ?"
- "Jamais ! Je ne vais pas laisser tomber alors va lui dire que je veux la voir."
Je vis ses poings et ses bras se contracter, exactement comme Edward dans la voiture tout à l'heure, mais en beaucoup plus prononcé. On aurait dit que ses veines allaient carrément sortir de lui.
- "Tu pues la sangsue à plein nez." Dit-il, dégoûté. Je fronçai les sourcils.
- "Pourquoi est-ce que tu dis ça ?" Demandais-je innocemment. Il émit un rire sarcastique.
- "Oh je t'en prie Bella. Ne joue pas à l'innocente avec moi. Je sais que tu sais que ce sont des vampires. Et Rosalie m'a dit qu'elle t'avait raconté ce que nous étions. Tu vois, elle au moins elle n'hésite pas à te faire confiance."
- "Je n'ai pas à m'expliquer avec toi Jacob. Alors s'il te plait, laisse-moi la voir." Fis-je calmement.
- "C'est hors de question !" Cria-t-il.
Je m'approchai de lui doucement et voulus poser une main sur son bras pour le calmer.
- "Jacob s'il te plait…"
Je n'eus pas la possibilité de finir ma phrase car je me sentis plaquer contre quelque chose tandis qu'il m'étranglait.
- "Comment oses-tu me toucher ?! Tu empestes et tu couches avec un de ces monstres ! Je t'interdis de me toucher espèce de trainée !" Lâcha-t-il en colère.
Sa prise sur mon cou se raffermit et je commençais à manquer d'air.
- "Jacob…" Suppliais-je.
- "LA FERME !" Hurla-t-il. Il me faisait de plus en plus mal et j'étouffais.
Il fit cogner ma tête contre ce que je devinais être un mur, ce qui me fit émettre un gémissement étouffé. Quelques larmes se mirent à couler tandis que j'essayais vainement de me défaire de sa prise.
- "J'ai… j'arrive plus à… respirer…" Suffoquais-je.
La tête commençait à me tourner à cause du manque d'air et je me sentais vaciller. Il serra mon cou encore plus violemment, me faisant atrocement souffrir. J'étais sur le point de perdre conscience. Je tentai de prendre mon portable dans la poche de mon jean mais n'y parvins pas. Ma tête cogna le mur une nouvelle fois et mon cri murut dans ma gorge.
- "Jacob !" Entendis-je une voix horrifiée. "Non mais ça va pas !?"
- "Va-t'en Rosalie !" Ordonna-t-il.
- "Lâche-la tout de suite, t'es en train de l'étrangler !"
- "Je t'ai dit de t'en aller !"
- "Jake bon sang, tu vas la tuer !"
Je la vis vaguement s'approcher de lui et lui tirer l'épaule pour l'éloigner de moi sans succès. Ma vue se brouillait et ma force se mit à me manquer, si bien que j'abandonnai toute tentative de me débattre.
- "Cette fille t'a trahi Rose ! Et tout ça pour quoi ? Pour ces foutues sangsues ! Laisse-moi lui faire mal." Susurra-t-il entre ses dents.
- "Arrête Jake, je t'en supplie !"
J'entendis des sanglots. Rosalie était apparemment en larmes elle aussi. Soudain je remarquai le visage de Jacob changer d'expression et passer de la haine à de l'incrédulité. Je sentis sa main autour de mon cou se tendre et me lâcher subitement.
Je tombai à genoux et toussai comme une dépravée. Je passai une main sur mon cou, là où il m'avait étranglé et sentis une affreuse douleur.
- "Oh mon Dieu Bella !"
J'entendis Rosalie accourir vers moi et m'enlacer soudainement. Elle prit mon visage en coupe et me regarda quelques instants. J'avais l'impression que cela faisait des années que je ne l'avais pas revue. Elle avait les yeux cernés et des larmes coulaient sur ses joues. Je ne devais pas être dans un meilleur état qu'elle.
- "Je… Je vais chercher de l'eau." Murmura Jacob apparemment bouleversé.
- "Est-ce que ça va ?" Demanda Rosalie, aussitôt que Jacob fut disparu.
J'hochai la tête, incapable de formuler quoi que ce soit. Je vis Jacob revenir avec un verre d'eau et me le tendre avec un air coupable. Je le regardai effrayée et Rosalie lui prit le verre d'eau des mains et me le tendit. Je le bus d'une traite avant de tousser à nouveau.
- "Viens." Me fit-elle en passant un bras autour de mes épaules et de me relever. Je m'agrippai à elle et elle m'emmena à l'étage, dans ce que je supposais être la chambre où elle dormait. Elle me fit asseoir sur le lit et s'assit à côté de moi sans me regarder.
- "Merci." Murmurais-je d'une voix rauque. "Tu… Tu m'as sauvé la vie je crois." Je n'arrivais pas à reconnaître ma voix tellement elle était enroué et cassée.
- "Tu ne croyais tout de même pas que j'allais le laisser t'étrangler ? C'est mon rôle ça, pas le sien."
J'émis un léger sourire et baissai le regard.
- "Rosalie je suis sincèrement désolée."
- "Pourquoi es-tu venue Bella ?" Demanda-t-elle en regardant droit devant elle.
- "Quand… quand Charlie m'a dit que tu étais venue habiter ici, je me suis inquiétée. Après ce que tu m'avais dit la veille, à propos de la façon dont il s'est mis en colère, j'ai eu peur pour toi."
- "Ouais bah c'est surtout pour toi que tu devrais avoir peur." Rétorqua-t-elle.
- "Rosalie… Viens avec moi." Suppliais-je. "Ne reste pas ici."
- "Non Bella. Je t'ai dit que je ne voulais plus jamais te revoir. Tu n'aurais pas dû venir ici."
- "Ce type risque de s'en prendre à toi. Il est hors de question que je te laisse là."
- "Sors de ma vie Bella." S'énerva-t-elle. "Tu as choisi ton camp alors tu n'as rien à faire ici."
- "Toi non plus tu n'as rien à faire là." Protestais-je. "Il faut que tu t'en ailles. Ils sont dangereux."
- "C'est toi qui oses me dire qu'ils sont dangereux alors que tu côtoies des vampires ?" Répliqua-t-elle cinglante.
- "Ils ne m'ont jamais fait de mal physiquement." Ripostais-je. "Et ne t'en prends pas à eux à cause de moi. C'est moi la véritable coupable, pas eux."
- "Pars Bella. Je ne veux plus te voir."
- "Je t'en prie écoute-moi au moins." Implorais-je. Elle me regarda silencieusement puis détourna le regard.
- "Qu'est-ce que tu veux ?" Demanda-t-elle amèrement. Je pris une profonde inspiration.
- "Je sais que je t'aie trahi, et que quoi que je fasse, tu ne pourras jamais me pardonner. Je m'en voudrai toute ma vie pour avoir agi de cette façon. Notre amitié est morte et c'est à cause de moi. Je suis désolée Rosalie, vraiment désolée pour tout. Mais il faut que tu saches que je ne t'abandonnerai jamais, que tu le veuilles ou non. Et je refuserai de te laisser tranquille tant que j'aurai peur pour toi."
Elle baissa les yeux, en proie à une profonde réflexion.
- "Tu as fini ?" Fit-elle sèchement. Je crus déceler un peu d'affection dissimulée.
- "Oui, j'ai fini." Répondis-je tristement.
- "Alors va-t'en et ne reviens pas. Tu as préféré ces sangsues démoniaques à moi, alors va les retrouver." Je soupirai et me levai avant de me tourner vers elle.
- "Parmi ces sangsues démoniaques comme tu dis, il y a l'homme dont tu es amoureuse." Lâchais-je soudainement. Elle leva les yeux vers moi étonnée.
- "Qu'est-ce que tu racontes ?" Fit-elle sur la défensive.
- "Emmett. Tu es amoureuse de lui." Déclarais-je avec certitude. Elle se rebiffa.
- "Non mais tu délires ou quoi ? D'où est-ce que tu sors un truc pareil ?"
- "Edward me l'a dit." Répondis-je simplement. Elle rit.
- "Edward te l'a dit ? Non mais je rêve ! Il le sait mieux que moi ou quoi ?"
- "Il lit dans les pensées." Lui appris-je. Elle écarquilla les yeux.
- "Tu es sérieuse ?" J'hochai la tête.
- "Il a lu dans les tiennes ce que tu ressentais pour Emmett." Elle devint livide et s'emporta.
- "Et alors ? Pourquoi tu me dis ça ?"
- "J'ai pensé… que tu aimerais le savoir." Dis-je avant de me détourner. J'allais sortir de la pièce quand elle m'interpella.
- "Attends Bella !"
Je me tournai vers elle et vis qu'elle s'était levée et farfouillait dans ses affaires. Elle en sortit une grosse écharpe noire qu'elle me tendit.
- "T'as des marques rouges sur le cou." M'informa-t-elle. J'ouvris la bouche d'étonnement et la pris dans mes mains.
- "Merci." Fis-je avec un sourire.
- "Alors euh… Salut." Dit-elle avec gêne.
- "Prends soin de toi Rose." Saluais-je avec peine. Elle hocha la tête.
- "Toi aussi Bella."
Nous nous regardâmes pendant une bonne minute avant que je ne soupire et sorte de la chambre. C'était peut être la dernière fois que je la voyais de ma vie. J'espérais de tout cœur qu'elle accepte de s'en aller d'ici. Je descendis et m'avançai vers la sortie quand je vis Jacob assis par terre, la tête entre les mains. Lorsqu'il leva la tête vers moi, il se leva précipitamment et me regarda avec des yeux suppliants.
- "Bella je suis…" Il fit un pas vers moi et je reculai. "Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m'a pris et je…"
Je le regardais complètement apeurée. Ce type avait failli me tuer et si je m'écoutais, je m'enfuirais d'ici en courant.
- "Reste loin de moi." Prévins-je effrayée. Je m'avançai vers la porte et l'ouvris.
- "Pardonne-moi Bella. Je me suis emporté et je m'en veux vraiment. Dis-moi que tu me pardonnes." Je lui fis face et lui accordai un regard haineux.
- "Non je ne te pardonne pas. T'as voulu m'étrangler et si Rosalie n'avait pas été là, je serai peut être morte à l'heure qu'il est ! Ne m'approche plus espèce de sale chien !"
Je claquai la porte et courus vers ma camionnette. Je posai l'écharpe à côté de moi et démarrai, voulant quitter cet endroit au plus vite. Personne n'avait encore été violent de cette façon envers moi. C'était la première fois que j'avais autant eue peur de mourir. Je me mis à penser à Edward et à ce que je pourrais bien lui dire une fois rentrée à la maison. Je ne pouvais décemment pas lui dire la vérité, il s'emporterait et j'ignore ce qu'il était capable de faire. Mais d'un autre côté, il allait instantanément savoir que je mentais. Je ne pourrai pas lui raconter de mensonges bien longtemps avant qu'il ne remarque que je ne lui disais pas la vérité.
Une fois garée en bas de chez moi, je m'inspectai dans le rétroviseur et vis l'état de mon cou. Il était complètement rouge. Avec ça, Edward allait tout savoir à coup sûr. Je commençai à paniquer. Je pris l'écharpe rapidement et me la mise autour du cou en priant pour qu'il ne me pose pas de question. J'avais d'énormes doutes là-dessus.
Je montai à tâtons et ouvris la porte de mon appartement en soupirant d'anxiété. Naturellement, Edward était là, assis sur le canapé. Lorsqu'il me vit, il soupira de soulagement, comme s'il avait vraiment eu peur que je ne revienne jamais.
- "Pourquoi tu fais cette tête là ?" Demandais-je. "Tu as dû sentir ma présence et même entendre ma camionnette se garer alors tu ne devrais pas être étonné de me voir débarquer."
- "Il fallait que je te voie de mes propres yeux." Répondit-il.
En un instant il fut à mes côtés et m'embrassa, soulagé d'un poids comme si c'était une délivrance. Apparemment il avait été encore plus inquiet que je ne le pensais. Dans un sens, cela me donnait envie de sautiller de joie.
- "Tu n'imagines pas à quel point j'étais inquiet Bella." Me dit-il après nous être séparés. "Et Alice qui m'a appelé pour me dire qu'elle ne voyait plus ton avenir… J'ai même pensé à rompre le traité plusieurs fois."
Je m'écartai de lui et baissai la tête.
- "Heureusement que tu ne l'as pas fait." Murmurais-je avec appréhension.
- "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" J'inspirai fortement et répondis.
- "Rien de spécial, il était un peu énervé contre moi mais tout va bien. J'ai discuté avec Rosalie."
- "Tu mens." Déduit-il. "Dis-moi la vérité."
- "Je t'assure que ça va. Il était juste en colère."
- "Comment ça en colère ?" S'emporta-t-il. "Il t'a touché ?"
- "Non !" Criais-je, anxieuse à l'idée qu'il le découvre. "Il était seulement énervé."
- "Précise."
- "Il s'est emporté et ça a failli dégénérer mais Rosalie est intervenue juste à temps." Expliquais-je du mieux que je pouvais.
Je relevai les yeux vers lui avec crainte. Il me dévisageait intensément et je compris qu'il savait que je mentais.
- "Depuis quand est-ce que tu as cette écharpe autour du cou ?" Demanda-t-il soudainement. Je me mis à paniquer. J'avais oublié que je ne la portais pas avant de partir. Et il avait forcément dû le remarquer.
- "Euh… Rosalie me l'a filé parce que j'avais un peu froid." Mentis-je effrontément. Il fronça les sourcils et avança une main en ma direction.
- "Edward non…" Ne pus-je m'empêcher de prononcer.
Avant même que je ne me rende compte, il me l'ôta d'une main. Son visage passa d'abord du choc, à de l'effroi. J'étais pétrifiée à l'idée de comment il allait réagir. Je vis ses articulations se tendre, exactement comme celles de Jacob tout à l'heure. Il serra les poings et mis un coup dans le mur à côté de lui. Je vis la marque de son poing dans le mur et décidai de ne pas bouger et d'attendre que la colère passe.
- "Je savais que ce n'était pas une bonne idée Bella ! Pourquoi tu ne m'as pas écouté ?"
- "Tout va bien Edward…" Tentais-je vainement.
- "Non mais tu as vu l'état dans lequel tu es ?! Qu'est-ce qu'il a fait au juste ? Il a essayé de t'étrangler ?"
Je baissai les yeux honteusement. Edward prit mon silence comme un oui et se dirigea vers la porte à la hâte.
- "Où est-ce que tu vas ?" Demandais-je inquiète.
- "Lui rendre la monnaie de sa pièce." Je me figeai.
- "Quoi ? Tu ne peux pas faire ça ! Il est sur son territoire je te rappelle."
- "Et alors ?" Répliqua-t-il énervé.
- "Edward, arrête. À quoi ça va servir de t'en prendre à lui ?"
- "Ce type aurait pu te tuer Bella ! Est-ce que au moins tu en es consciente ?"
- "Mais il ne l'a pas fait." Répondis-je. "Donc ça ne sert à rien de…"
- "Il a posé ses mains sur toi ! Si tu crois que je vais laisser passer ça, tu me connais très mal !"
- "Arrête de crier !" Suppliais-je. Je sentais les larmes me monter. Ce devait être un accumulé de tout ce qui s'est passé aujourd'hui.
- "Comment veux-tu que j'arrête de crier ?!" S'emporta-t-il avec rage.
- "Parce qu'il a crié aussi et qu'il m'a fait peur, et que toi aussi tu me fais peur…" Sanglotais-je.
J'avais vraiment l'impression d'être une mauviette ridicule. Cependant ça avait l'air de marcher puisque son visage se dérida et qu'il me prit dans ses bras à une vitesse anormale. Je me mis à pleurer. Mes nerfs lâchaient et j'en avais sérieusement besoin.
- "Pardon." Murmura-t-il en me caressant l'arrière de la tête.
- "Reste avec moi." Implorais-je d'une voix sanglotante. Il raffermit sa prise autour de moi et capitula.
- "D'accord." Je soupirai de soulagement. "Mais promets-moi de ne plus jamais aller là-bas."
- "Sois sans crainte, je ne vais pas y retourner de si peu." Ris-je à moitié. Il m'embrassa le crâne et je soupirai d'aise.
- "Et avec Rosalie ? Comment ça s'est passé ?" S'enquit-il.
- "Elle ne me pardonnera pas. Mais je pense qu'elle va réfléchir à rester chez Jacob. Son attaque envers moi à dû lui faire réaliser que c'était dangereux."
Je sentis Edward se tendre à l'évocation de ce moment.
- "Tant mieux si elle décide de ne pas rester. C'est ce que tu voulais non ?"
Je hochai la tête avec peine. Ce que je voulais, c'était qu'elle revienne vivre ici. Ce que je voulais, c'était qu'on se réconcilie et que tout redevienne comme avant. Edward dût comprendre ma déception car il tenta de me réconforter.
- "Elle finira par te pardonner Bella. Je le sais."
- "Comment ?" Balbutiais-je désespérée.
- "Fais-moi confiance." Il me fit un sourire qui se voulait rassurant et je le lui rendis avec difficulté.
- "Je t'aime Edward. Et j'espère vraiment que tu dis vrai." Il m'embrassa chastement sur les lèvres et posa son front contre le mien.
- "Je t'aime aussi."
Rosalie faisait les cents pas dans sa chambre depuis le départ de Bella. Elle n'arrivait pas à croire ce à quoi elle venait d'assister. Jacob Black, son meilleur ami de toujours, osant lever la main sur quelqu'un. Que se serait-il passé si elle n'était pas arrivée ? Est-ce qu'il aurait continué ? Est-ce qu'elle serait encore vivante ou aurait-il fini par l'étouffer complètement ?
Elle ne pouvait pas rester ici une minute de plus. Ce que son ami venait de faire était pour le moment impardonnable. Elle enfila une veste et descendit dans le but d'aller prendre l'air, loin de cet endroit. Au moment d'arriver à la porte, elle sentit une main sur son épaule.
- "Où est-ce que tu vas ?" Demanda Jacob. Elle se retourna sèchement vers lui.
- "Changer d'air." Rétorqua-t-elle cinglante.
- "Rose écoute… J'ai commis une erreur, j'ai perdu le contrôle." Se justifia-t-il.
- "Ça n'est pas une excuse !" Lui balança-t-elle à la figure. "Mais enfin es-tu conscient de ce que t'étais en train de lui faire ?"
- "Cette fille m'avait mise en colère, je n'y peux rien."
- "Arrête ! La vérité c'est que t'arrives pas à digérer que ce soit un Cullen qui l'ait obtenu." Cracha-t-elle. Il se raidit.
- "Tu dis n'importe quoi !" S'emporta-t-il.
- "Ne me la fais pas Jake. Je sais que t'as toujours eu le béguin pour Bella Swan. Sam me l'a confirmé."
- "Sam ?" S'étonna-t-il.
- "Il m'a dit que tu voulais sortir avec elle au lycée. Et quand tu es venu à la maison la dernière fois, tu étais tellement gêné avec elle ! Puis quand son petit ami s'est pointé, si tu crois qu'on n'a pas vu la façon dont tu l'as regardé..."
- "Parce que je n'aime pas ces monstres, voilà tout."
- "Et aussi parce que ce type l'a et pas toi." Contra-t-elle. Il nia en secouant la tête.
- "Peut être que j'aie eu le béguin pour elle auparavant, mais aujourd'hui tout ce que je ressens pour cette fille c'est un profond dégoût." Susurra-t-il haineux.
- "Pourquoi ? Parce qu'elle s'est offerte à un vampire ?"
- "Oui ! Parce qu'elle aime ces fichus buveurs de sang et qu'elle fait honte à la nature humaine." Rosalie le regarda abasourdie et profondément déçue de son comportement.
- "À cet instant tu vois, c'est toi qui fais honte à la nature humaine. Ce que tu dis est carrément grotesque. Parce que lui, à l'inverse de toi, il n'a jamais levé la main sur elle et n'a jamais manqué de la tuer." Jacob baissa la tête et cachant la culpabilité qu'il éprouvait.
- "Je ne l'ai pas tué. Elle s'en est sortie, tu vois ?" Rosalie regarda Jacob avec sérieux et parla d'une voix claire et précise.
- "Si je n'étais pas intervenue tout à l'heure, est-ce que tu aurais cessé de ton plein gré ou est-ce que tu aurais continué de l'étrangler jusqu'à ce qu'elle étouffe ?"
Il voulut répondre mais rien ne lui vint. Il ouvrait et refermait la bouche plusieurs fois, avant de la regarder avec des yeux suppliants. Rosalie comprit alors la réponse qu'il n'avait pas formulée à voix haute et le regarda avec un air de profond dégoût.
- "C'est toi le monstre Jacob Black."
Elle alla vers la porte et sortit de la maison, sans accorder un regard pour son soit disant meilleur ami.
Elle prit sa voiture et roula en direction de Forks. Elle n'avait pas l'intention d'aller voir Bella. Elle voulait seulement aller dans sa ville. Secrètement, elle éprouvait une irrépressible envie de voir quelqu'un en particulier. Une envie qui se mettait petit à petit à germer dans son esprit depuis les dernières phrase que Bella lui a dites avant de s'en aller. Elle avait essayé de ne pas y penser mais ce fut tout le contraire. Elle n'a fait que se ronger l'esprit à cause de ça. « Emmett. Tu es amoureuse de lui… »
Était-ce vrai ? Au fond d'elle, elle l'avait toujours su, sans jamais l'accepter. Mais le fait que quelqu'un l'ait formulé à voix haute lui avait fait prendre conscience qu'elle ne pouvait plus continuer à se voiler la face de cette façon. Et maintenant, même Edward Cullen s'y mettait. Quand Bella lui apprit qu'il lisait dans les pensées, ce fut comme un énorme coup de massue qui s'abattit sur elle. Jusque là, elle aurait pu proclamer que c'était faux, mais s'il lisait dans ses pensées et que c'était ce qu'il y trouvait, alors cela faisait d'elle une menteuse. Car on ne peut aller à l'encontre de ce qu'on pense et ce qu'on ressent.
Maintenant qu'allait-elle faire à propos de ça ? Et puis d'abord, est-ce qu'au moins il éprouvait pour elle la même chose ?
Sans s'en rendre compte, elle s'était arrêtée juste devant le café où elle l'avait aperçu la dernière fois. Ce café où elle l'avait carrément insulté, lui balançant des méchancetés à la figure, et où il avait riposté en l'embrassant. Elle ressentit une douleur lancinante dans le creux de sa poitrine à l'évocation de ce souvenir. Bella lui avait souvent répété qu'elle n'avait pas répondu à son baiser pour rien. Et elle avait raison. Elle y avait répondu par envie.
Elle sortit de son coupé cabriolet et décida de ne pas mettre les pieds dans ce café. À la place, elle décida de marcher dans les rues dans le but de méditer.
Elle fit quelques pas en solitaire, inspectant les environs, les vitrines des pauvres magasins de fringues pas très copieux quand une voix l'interrompit.
- "Une aussi jolie fille ne devrait pas marcher toute seule dans la rue tristement." Elle se retourna instantanément avec appréhension vers cette voix qu'elle avait reconnue sans gêne. Emmett était là, devant elle avec un visage à moitié sérieux. Elle le regarda silencieusement.
- "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Demanda-t-elle. "Je croyais que t'avais accepté de ne plus jamais m'approcher." Il sourit.
- "J'ai jamais été doué pour écouter ce qu'on me disait. Et j'enfreins souvent les règles." Répondit-il avec amusement. Elle détourna le regard car elle se sentait sur le point de sourire aussi.
- "Tu dois trouver que je sens mauvais." Fit-elle avec condescendance. Il ricana.
- "Ça pour sentir mauvais, tu chlingues !" S'exclama-t-il d'une voix tonitruante. Certains passants se retournaient, l'ayant entendu. Rosalie ne put s'empêcher de rire devant son égocentrisme et sa désinvolture. En voilà un qui n'avait pas peur de se faire remarquer.
- "Attends voir." Fit-il tout à coup. "T'es en train de rire ? La vache, c'est la première fois que je vois ça !" Elle leva les yeux au ciel.
- "A t'entendre on dirait que je suis une fille déprimée."
- "Déprimée je sais pas, mais de mauvais poil ça j'en doute pas. Je t'ai jamais vu me faire un seul sourire depuis qu'on se connait."
- "Dans ce cas pourquoi tu tiens à me parler si je suis aussi blasée ?" Demanda-t-elle avec sarcasme.
- "J'aime bien les filles blasées." Fit-il en haussant les épaules. "Elles sont amusantes."
- "Tu me trouves amusante ?" Demanda-t-elle en penchant sa tête d'un côté.
- "Toi ? T'es carrément hilarante." Elle lui fit un maigre sourire en détournant les yeux.
- "Est-ce que vous tuez des gens ?" Reprit-elle son sérieux. Il secoua la tête.
- "Pas nous. Nous on s'en prend qu'aux animaux."
- "C'est possible ça ?" Fit-elle éberluée.
- "Assurément m'dame." Dit-il d'un ton solennel, la faisant rire au passage.
- "Donc en fin de compte, vous ne faites de mal à personne."
- "Seulement aux grizzlis qui se trouvent sur notre chemin, à part ça on est clean." Elle hocha la tête et baissa les yeux.
- "Je ne le dirai à personne." Murmura-t-elle.
- "J'en suis sûr."
Ils restèrent silencieux quelques instant avant qu'il ne se mette à parler.
- "Faut pas que tu en veuilles à la petite. Elle avait l'intention de t'en parler, c'est nous qui ne voulions pas." Elle secoua la tête tristement.
- "Bella est libre de faire ses propres choix." Déclara-t-elle avec cynisme. Il sembla dubitatif.
- "Bah pas tant que ça en fait." Répondit-il après réflexion. "Tu sais, mon frangin a un sacré pouvoir de persuasion sur elle."
- "Ça ne change rien." Dit-elle rapidement, un peu trop vif peut être pour vraiment croire à ce qu'elle disait. Dans le fond, elle commençait déjà à lui pardonner. L'attaque de Jacob envers elle et sa crainte de la voir mourir avait grandement influencé. Mais il était bien trop tôt pour ça.
Elle regarda Emmett dans le fond des yeux et sut ce qu'il ressentait. Il avait le même sentiment vis-à-vis d'elle que celui qu'elle avait pour lui. Et si elle se laissait aller ? Ça fait du bien de lâcher prise quelque fois. Pourquoi ne pas se libérer un peu ?
- "Ça va ?" Demanda-t-il en la voyant le regarder d'une drôle de façon.
Elle sourit et se rapprocha de lui. Puis comme une étoile filante qui passe dans le ciel, elle l'embrassa sans crier garde. Il sourit contre ses lèvres et se laissa faire sans hésitation.
Lâcher prise… Rosalie Hale avait enfin lâché prise.
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