Chapitre 7: Trop Tard
Je franchis le seuil de l'appartement. Une discussion sérieuse avec Rosalie s'imposait. Je la trouvais dans le salon, assise sur le bureau, encore avec son ordinateur. Cela faisait une semaine qu'elle ne le quittait plus.
- "Il faut qu'on parle." Annonçais-je en faisant mon entrée. Elle se retourna et me regarda abasourdie.
- "Bonsoir à toi aussi." Dit-elle sur un ton sarcastique. "Je peux savoir ce que j'ai fait?" Je levai les yeux au ciel.
- "Toi, rien du tout. C'est plutôt des Cullen dont je voudrais te parler." Elle étudia silencieusement ce que je venais de dire ainsi que mon visage.
- "Et de quoi est-ce que tu voudrais qu'on parle à propos des Cullen?" Elle était méfiante et je le comprenais. J'hésitai longuement avant de soupirer vaincue et de répondre.
- "J'aimerais que tu me parles de ce que tu sais à propos d'eux." Elle ouvrit la bouche et un immense sourire se dessina sur son visage, laissant place à un « je te l'avais bien dit » avec ses yeux narquois.
- "Tu avoues donc enfin que j'ai raison depuis le début?" Je soupirai d'exaspération.
- "Peut être qu'effectivement, je n'aurais pas dû prendre ton histoire et tes suspicions à la légère." Elle sourit de toutes ses dents, visiblement fière et heureuse d'être enfin prise en considération.
- "Je suis soulagée que tu daignes enfin prendre compte de ma position vis-à-vis d'eux."
- "T'as fini? On peut peut être se mettre à discuter maintenant?" Elle me sourit et me demanda.
- "Que veux-tu savoir?"
- "Tu as dit qu'ils avaient une force et une vitesse surhumaine. Qu'as-tu remarqué d'autre?"
- "Rien du tout. Enfin si. Quand Emmett m'a pris dans ses bras au commissariat, il avait la peau glaciale. Comme s'il sortait d'un congélateur." J'hochai la tête.
- "Ils le sont tous." Dis-je.
- "Tu parles en connaissance de cause?" Me demanda-t-elle.
- "Tu oublies que j'ai déjà eu affaire à deux d'entre eux. Ils avaient eux aussi une peau congelée." Elle me fit un sourire de compréhension. "Bon et qu'est-ce que tu sais de nouveau?"
- "A part ça rien. Je nage dans un océan d'incertitude et de questions."
- "Alors ajoute à ta liste, leurs yeux dorés, leur peau blanche et le fait qu'ils ne mangent rien." Elle écarquilla les yeux. "Quoi? Tu n'es pas la seule à avoir l'œil ouvert." Elle ne dit rien et se contenta de me regarder ébahie. "J'aimerais savoir… T'as trouvé quelque chose sur Internet à part les trucs de super héros?"
- "Rien du tout. Il y a aussi quelque chose de pas clair. Pourquoi est-ce qu'Emmett les a laissé partir? Pourquoi ne les a-t-il pas retenu jusqu'à l'arrivée de la police?"
- "Réfléchis Rose. Ces braqueurs sont apparemment comme les Cullen. Si Emmett les a laissé filer, c'est parce qu'ils ne se seraient pas laissés faire par la police. Ils n'auraient pas hésité à tuer tout le monde pour s'enfuir après. Emmett a sauvé un nombre incalculable de gens en les laissant partir."
- "Tu as sans doute raison. Mais dis moi, d'où te vient ce soudain changement d'attitude?" Je la regardai avec des yeux qui en disaient long puisque son sourire s'effaça pour être remplacé par de l'inquiétude. "Que s'est-il passé?"
Je déglutis douloureusement avant de répondre.
- "J'ai comme qui dirait assisté à mon tour aux exploits incroyables des Cullen." Dis-je en m'asseyant sur le sofa. "D'ailleurs, tu peux aussi ajouter le fait qu'ils soient invincibles."
- "Quoi? Attends une minute, je croyais que tu devais sortir avec Angela à Port Angeles?"
- "C'est le cas. Tout s'est très bien passé. D'ailleurs elle m'a prêté le DVD du Compte Dracula. Depuis le temps que je le voulais… Mais lorsqu'on s'est quitté, tout ne s'est pas passé comme prévu. Je me suis faite agressée par des ivrognes dégoûtants et ça a dégénéré."
- "Que veux tu dire? Rassure-moi tu leur à montré ce dont tu étais capable au moins?"
- "Bien sûr. C'est d'ailleurs pour ça que ça a mal tourné. J'ai commencé à les mettre K.O l'un après l'autre, puis c'est là que j'ai vu que l'un d'eux avait un pistolet sur lui." Elle ouvrit ses yeux en grand. "Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, j'avais peur qu'il ne décide de s'en servir alors j'ai paniqué et je lui ai arraché de sa poche arrière. Je les ai menacé et ils ont commencé à me faire tourner la tête. Je ne savais plus quoi faire tellement je paniquais. C'était la première fois que j'avais un revolver dans les mains… Et puis il est arrivé de nulle part."
- "Qui ça?"
- "Tu sais très bien de qui je parle!" M'emportais-je. Elle baissa les yeux et m'incita à continuer. "Il est arrivé, a scandé mon prénom et j'ai tiré."
- "Tu as quoi?" S'exclama-t-elle choquée.
- "J'ai tiré sur lui!" Répétais-je énervée. "Et ferme ta bouche, les mouches vont rentrer dedans."
- "Non mais est-ce que tu te rends compte de ce que t'es en train de me raconter? Bella, t'étais supposée passer ta journée avec une ancienne copine de lycée et maintenant j'apprends que t'es devenue une assassin."
- "Je ne suis pas un assassin. Techniquement je devrais l'être, mais il n'est pas mort donc… Il n'a même pas une égratignure." Clarifiais-je.
- "Comment ça? C'est impossible…"
- "Je te jure que si! J'ai tiré sur lui et la balle ne l'a même pas transpercé! J'ai cru devenir folle."
- "Je n'arrive pas à croire ce que tu me racontes. Tu t'es vraiment servie d'un flingue?" Elle était complètement choquée.
- "Tu crois sincèrement que j'inventerais une histoire pareille?" Dis-je irritée.
- "Mais enfin as-tu au moins une idée de ce tu as fait? Bella, tu as tiré sur quelqu'un! Imagine un peu si ça avait été sur une personne parfaitement normale."
- "Dis donc, vous vous êtes mis au parfum ou quoi? Il m'a dit exactement la même chose."
- "Parce que tu es complètement inconsciente! Enfin Bella, tu as failli tuer quelqu'un. Ne prends pas tout ça à la légère."
- "Je sais Rose. Si tu avais vu l'état de panique dans lequel j'étais plongée. J'ai vraiment cru que je l'avais tué. Jusqu'à ce que j'aie vu la balle à ses pieds et qu'il ne soit devant moi."
- "Tu l'as questionné au moins?"
- "Évidemment! Je ne m'appelle pas Rosalie Hale moi."
- "Désolée si je n'ai pas eu le cran d'affronter Emmett mais comme tu as pu le constater, lui et moi on n'est pas particulièrement proches. Il était hors de question qu'il sache que je l'avais vu."
- "Si tu le dis." Soupirais-je.
- "Bon, et que t'a-t-il dit pour sa défense?"
- "Rien du tout. Le principal est qu'il n'a pas nié."
- "Je n'arrive pas à le croire… Tu as vraiment passé une soirée atroce."
- "Tu plaisantes?" Me levais-je soudainement. "Rose, j'ai passé l'une des meilleures soirées de ma vie." J'avais dis ça en souriant. Elle leva un sourcil inquisiteur.
- "D'accord. Où se trouve la caméra cachée?" Je levai les yeux au ciel et poussai un soupir d'exaspération.
- "Arrête avec tes sarcasmes, je suis très sérieuse."
- "Je suis paumée. Tu as failli te faire violer et devenir une criminelle et tu appelles ça la meilleure soirée de ta vie? Alors là, il faut que tu m'expliques."
- "Tu ne comprends pas… Je me suis enfin confiée Rose! Pour la première fois depuis des années, j'ai accordé ma confiance à quelqu'un et je me suis ouverte." Elle m'observa, incrédule. Elle n'avait pas l'air enchantée par ce que je venais de lui dire.
- "Tu peux me dire ce qu'il s'est vraiment passé après son arrivée?"
- "Et bien mes agresseurs ont déserté mystérieusement après le coup de feu et une fois que je fus calmée il m'a emmené au restaurant. Ensuite il m'a ramené ici et…"
- "Hé oh, doucement là! Tu espères sincèrement que tu vas t'en tirer comme ça?" Dit-elle sur un ton sec.
- "Je lui ai parlé de l'accident." Dis-je en me rasseyant. Elle se leva du bureau et me fit face avec une dureté que je ne lui connaissais pas.
- "J'espère que c'est une blague?" Elle était énervée à présent. Je la regardai avec étonnement avant de me lever à mon tour.
- "Pourquoi est-ce que tu t'énerves?" Elle me lança un regard de glace.
- "Qu'est-ce que tu lui as dit exactement?"
- "La vérité. Je lui ai parlé de ma relation avec Crowley et de notre accident. Et il sait que Carlisle a été mon médecin." Ses yeux ressemblaient à présent à deux énormes boules de billard.
- "Pourquoi?" Me demanda-t-elle. Je lui répondis avec conviction.
- "Parce que j'ai confiance en lui." Elle eut un rire sarcastique et me lança un regard qui me glaça le sang.
- "Et comment vous avez fait pour en arriver à tes aveux sur une partie de ta vie dont tu as toujours refusé de parler?"
- "Le truc, c'est que si je voulais obtenir des réponses de lui, il fallait que je réponde à ses questions. Ça a duré pendant tout le dîner et même durant le trajet en voiture. Et puis au bout d'un moment, j'ai ressenti le besoin de lui en parler."
Je ne voulais pas faire part à Rosalie de la façon dont ça s'est vraiment passé. J'avais l'impression que c'était quelque chose qui devait rester entre lui et moi.
- "Est-ce qu'il sait que…"
- "Non." La coupais-je. "Je n'ai pas voulu lui parler de ça."
- "Alors il ignore la raison de votre accident." Conclut-elle. Je me rapprochai d'elle et lui fis de ma voix la plus tranchante.
- "La seule raison de cet accident est que Tyler a perdu le contrôle du véhicule parce qu'on se disputait." Elle me fit un sourire acide avant de répliquer.
- "Mais bien sûr… Et dois-je te rappeler pourquoi vous vous disputiez?"
- "Ça suffit Rose! Tyler n'avait pas prévu cet accident."
- "Ce n'était pas un accident Bella. Tyler n'a jamais perdu le contrôle de son van. Au contraire, il savait très bien ce qu'il faisait."
Nous nous affrontâmes du regard durant quelques minutes. Puis lentement, je me rapprochai d'elle jusqu'à ce que nos visages ne soit plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et je lui sifflai entre mes dents.
- "Tu n'y étais pas. Tu ne sais absolument rien." Je la poussai avec mon épaule et me dirigeai vers ma chambre avant qu'elle ne me prenne le bras et ne me force à me retourner.
- "Tu n'aurais pas dû faire ça Bella." Je vrillai mes yeux dans les siens et dégageai mon bras de sa main.
- "Et pourquoi est-ce que je ne pourrais pas me confier à lui, hein?" J'ignorais si je devais être en colère ou triste.
- "Parce qu'on ne peut pas leur faire confiance. Tu le sais mieux que personne d'ailleurs."
- "Tu ne les connais même pas! A part pour incendier cet Emmett, tu n'as parlé à aucun d'entre eux. Tu ne sais même pas à quoi ressemble la fille. Ni son mari d'ailleurs. Alors tu n'as aucun droit de les juger."
- "Je ne les sens pas Bella. Cette nouvelle famille qui débarque, ça ne m'inspire pas confiance. Et si ma mémoire est exacte, Tu en as payé les frais la dernière fois que tu as fait confiance à l'un d'entre eux."
- "Il a fait ça pour me sauver la vie!"
- "Alors maintenant tu le défends?"
- "Non!" Hurlai-je au bord des larmes. "Je… Je le déteste d'accord? Jamais je ne le défendrai. C'est juste… Ils ne sont peut être pas tous comme lui."
- "Bella, j'ai un mauvais pressentiment. Ils sont dangereux."
- "Mais ils ne sont pas méchants. J'en suis sure Rose. Je le sais et au fond de toi tu le sais aussi. Il m'a fallu du temps pour que je fasse à nouveau confiance en quelqu'un et j'ai la certitude que je peux le croire."
Elle me regarda avec un visage partagé entre le choc et l'incrédulité. Elle recula lentement, la bouche entrouverte et se mit à secouer la tête légèrement de droite à gauche.
- "Quoi?" Demandais-je, inquiète. Elle reprit un visage ferme avant de me poser une question auquel je ne m'attendais pas.
- "Qu'est-ce que tu ressens pour lui?" Je restais muette quelques secondes avant de me dérober.
- "Je ne vois pas de quoi tu veux parler." Elle éclata d'un rire cynique.
- "Ne joue pas l'innocente. Tu ne t'es jamais demandée pourquoi tu avais fait croire à Mike Newton que tu sortais avec lui?" J'ouvris grand les yeux en entendant ça.
- "Mais de quoi est-ce tu parles?"
- "Je trouve simplement bizarre que la seule excuse que tu trouves, c'est que t'as un rendez vous avec Edward. Peut être que si tu lui as dis ça, c'est parce qu'inconsciemment, tu avais envie que ce soit vrai." J'étais totalement ébahie et statufiée par son raisonnement.
- "Qu'est-ce que tu essaies de me dire au juste?"
- "Que t'es en train de tomber amoureuse."
Elle avait lâché ça avec tellement d'aplomb et de conviction que j'eu du mal à lui tenir tête. Il était hors de question que j'approuve ce qu'elle venait de dire.
- "Tu dis n'importe quoi. Je ne suis pas amoureuse de lui."
- "Oh que si tu l'es, et le pire, c'est que c'est trop tard pour faire machine arrière. T'es tombée amoureuse de lui et tu vas te prendre une claque en pleine figure. Tu vas souffrir et c'est moi qui devrai te ramasser à la petite cuillère lorsque tu pleureras toutes les larmes de ton corps après qu'il t'aura fait du mal."
Je ne voulais pas en entendre plus. Elle avait dit d'une traite ce que j'essayais de refouler à l'intérieur de moi et je ne pouvais pas la laisser continuer.
- "C'est entièrement faux. Et même si j'étais amoureuse de lui, où est le problème?"
- "Ce type n'est pas fait pour toi. Il va te rendre malheureuse. Et puis te souviens-tu de la personne que tu auras pour beau père?"
- "Tu sais quoi? Je n'en peux plus. Tu me prends la tête, tu dis des choses complètement absurdes alors que j'ai passé une journée catastrophique. Je suis à bout."
- "Catastrophique? Je croyais que c'était la meilleure journée de ta vie?"
- "La ferme!" Je grognai en serrant les poings, avant de me détourner.
- "Bella, regarde-moi." Je m'exécutai et rencontrai son regard sérieux. "Regarde-moi droit dans les yeux et dis moi que tu n'es pas amoureuse d'Edward Cullen."
J'ouvris la bouche pour lui dire ce qu'elle voulait entendre, mais aucun son ne sortit. J'avais beau essayer de parler, je n'y parvenais pas. Le regard de braise de Rosalie m'empêchait d'exprimer ce que je voulais dire.
- "Je…" J'essayais tant bien que mal de formuler une phrase cohérente mais échouai misérablement. "Je vais me coucher." Finis-je par dire avant de baisser les yeux et de me diriger pour la énième fois vers ma chambre.
Je l'entendis soupirer et claquai ma porte, en colère et déçue. J'étais en colère parce qu'alors que je pensais avoir fait un grand pas en avant, elle, n'approuvait pas. Elle refuse de m'encourager dans les progrès que je faisais. J'étais déçue car je n'attendais franchement pas cette réaction de la part de ma meilleure amie.
J'allai ouvrir ma fenêtre et un vent froid me parcourut l'échine et me fit frissonner. Je restai longuement à réfléchir, appuyée contre ma fenêtre. Rosalie avait tout de même touché un point sensible. Il est vrai que je m'étais plusieurs fois interrogée sur ce que je ressentais pour Edward. A chaque fois qu'il se trouve près de moi, mon cœur bat à cent à l'heure. Je n'ai pas arrêté de me demander ce que lui pensait de moi, alors que d'habitude je n'en ai que faire de ce que les gens autour de moi peuvent bien penser. Cet homme m'obnubilait. Il m'attirait à la fois physiquement et mentalement. Mais l'amour est un bien grand mot. Comment pourrais-je être tombée amoureuse de quelqu'un que je ne connais qu'à peine? Après tout on ne s'est pas beaucoup parlé… Pourtant ce soir, les barrières étaient tombées. Pas entièrement, mais plus profondément que je ne l'aurais cru possible un jour avec quiconque.
Et si elle avait raison? Si j'étais effectivement tombée amoureuse de lui? Si tel était le cas alors en effet, j'étais dans un pétrin inimaginable. Car tomber amoureuse d'un Cullen, était vraiment la pire chose qui pourrait m'arriver…
Cette nuit là, je cogitai beaucoup dans mon lit en repensant à ma soirée avec lui, ainsi que la mise en garde de Rosalie. Devais-je l'écouter? Elle n'avait pas confiance en eux et c'était parfaitement compréhensible puisque moi-même, j'ai subi la trahison de l'un d'entre eux. Qui sait? Je viens peut être de faire la même erreur que j'ai faite des années auparavant en me confiant de nouveau à l'un d'eux. Avais-je raison de suivre mon intuition encore une fois? Seul l'avenir me le dira. Mais c'est avec le sourire aux lèvres que je m'endormis.
Le lendemain fut une journée ordinaire. Pas de client à la boutique, pas de Mike à l'horizon. Je ne pus m'empêcher de m'interroger car il avait pourtant dit qu'il serait là lundi, et nous étions lundi. Je me suis donc occupée de la fermeture - non sans avoir pesté intérieurement contre ce crétin de Newton - et partis rejoindre ma camionnette. Cependant ce n'est pas vers chez moi que je me dirigeais. J'allais chez Charlie. Je m'étais souvenue que Rosalie était passée le voir pendant que j'étais à Port Angeles et j'avais bien l'intention de découvrir pourquoi. Ce n'est pas que Rose rende visite à Charlie que je trouvais bizarre. Au contraire elle le faisait très souvent. C'était plutôt le fait qu'elle soit restée évasive à ce sujet. De plus, j'avais l'étrange impression que la raison pour laquelle elle était venue le voir était en rapport avec une certaine famille dont le nom commence par un « C ».
Je me garai dans l'allée qui surplombait la maison et me figeai quand je descendis de ma voiture. Une superbe Porche jaune gisait à l'emplacement de stationnement de la voiture de fonction de Charlie. Où est passée sa voiture de police? Depuis quand mon père avait-il les moyens de se payer ce genre de voiture ostentatoire? Pire encore, depuis quand aimait-il ce genre de voiture ostentatoire? Je ne pouvais pas croire que mon père, qui était la définition même de simplicité, était propriétaire d'une telle œuvre d'art. La seule explication rationnelle, serait qu'un visiteur, visiblement fortuné et classe soit à la maison.
- "Papa?" Appelais-je après avoir ouvert la porte.
- "Il n'est pas la." Entendis-je un carillon chanter dans mes oreilles. Je n'avais entendu cette voix qu'une seule fois mais j'étais persuadée de pouvoir la reconnaître n'importe où, tellement elle était belle et mélodieuse. "Bonjour Bella." Je me retournai pour voir Alice Cullen me sauter dans les bras. J'ignorais qu'on était si proche.
- "Alice. Contente de te revoir." Dis-je avec un sourire un peu forcé, je devais l'admettre. "Qu'est-ce que tu fais chez mon père toute seule?"
- "Je l'attends bien sûr!" Dit-elle, toujours autant enjouée que la fois où je l'ai rencontré. "Il est parti chercher ta tante Esmé à son travail. Ils seront là dans dix minutes." Affirma-t-elle.
- "Tu en es sure?" Demandais-je, étonnée qu'elle soit si confiante. Elle me sourit pour réponse et se dirigea vers le salon. J'avais l'intention de lui dire de faire comme chez elle mais je n'en voyais pas l'intérêt puisqu'elle se comportait déjà comme si elle était chez elle. "Je suppose que tu viens voir Esmée." Dis-je.
- "Tu supposes bien. Je te sers quelque chose?" Je crus que ma mâchoire allait se décrocher. Cette fille se permettait de me proposer de me servir à boire dans ma propre maison. Ou du moins, dans celle de mon père.
- "C'est le monde à l'envers. Normalement, c'est moi qui te propose quelque chose." Son sourire s'élargit.
- "C'est exact." Rit-elle. "Mais je ne prendrai rien merci."
- "Euh… D'accord." Cette fille me déstabilisait. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi impulsif et hyperactif que cette Alice. "Et sinon, votre aménagement, ça se passe bien?" Demandais-je par politesse.
- "Plutôt oui. Esmée doit venir chez nous aujourd'hui pour visiter. C'est pour ça que je viens la chercher."
- "Dis-moi Alice, tu fais quoi dans la vie?"
- "Je ne travaille pas. Tu sais, à part mon frère et mon père, aucun de nous ne travaille. Je passe le plus clair de mon temps avec mon mari ou dans un magasin. Quant à Emmett… lui, il traîne."
Je n'osais pas lui demander ce qu'elle entendait par « il traîne », bien que cette question me démangeait.
- "Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas travailler?"
- "On préfère être libre de notre temps puisqu'on peut se le permettre. Si Edward et Carlisle travaillent, c'est surtout parce qu'ils sont seuls. Et puis notre père adore son travail à l'hôpital, tout comme Edward adore donner des cours de piano.
- "Mais pourtant Emmett aussi est seul… Enfin je crois."
- "Seulement Emmett, lui, il est feignant. Il ne veut pas travailler. Au contraire, il veut passer sa vie à s'amuser." Dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Je ne pus m'empêcher de rire. C'était la description parfaite de celle que je m'étais faite de lui.
Nous entendîmes la voiture de patrouille arriver et je devais avouer que le temps passait agréablement bien en sa compagnie.
- "Et bien, dites-moi, il y a du monde ici." Dit Charlie, après avoir franchi le seuil en compagnie d'Esmée.
- "Salut Papa." Fis-je avec un sourire maladroit. "Esmée." Celle-ci me sourit avant de venir me faire une étreinte.
- "Comment vas-tu? Je ne pensais pas te revoir de sitôt après ce qu'il s'est passé vendredi."
- "Qu'est-ce qu'il s'est passé vendredi?" Demandèrent Charlie et Alice en même temps. Je me sentais incroyablement gênée et mal à l'aise.
- "Rien d'important, on s'est simplement pris le chou." Répondit Esmée avec tact.
- "Ne t'en fais pas Esmée, c'est oublié." Dis-je. Elle me regarda sceptique.
- "Tu en es sure?" Je lui fis un sourire contrit.
- "Oui ne t'inquiète pas." Elle me sourit, mais resta inquiète malgré elle.
- "Alors Esmée, on y va?" Demanda Alice après quelques minutes de silence. "Il faut aussi que je passe prendre mon père à l'hôpital. Ça ne te dérange pas?"
- "Non, pourquoi ça me dérangerait?" Elle avait dit ça avec un visage incertain. Étrange, venant de sa part.
- "Allons-y dans ce cas." L'interpellée hocha la tête et suivit Alice jusqu'à l'entrée.
- "J'espère te revoir bientôt Bella." Me dit Esmée avec espoir. Je lui souris chaleureusement.
- "Avec plaisir."
Lorsque Charlie et moi nous retrouvâmes seuls, je me dirigeai vers la cuisine afin de lui faire à manger.
- "Je vois que tu as conservé tes vielles habitudes." Dit mon père.
- "Que veux-tu? Je me suis habituée à te faire la cuisine depuis la première fois que j'ai mis les pieds ici." Il sourit.
- "C'est vrai que je n'ai jamais été un cordon bleu."
- "Tu ne sais même pas faire cuire des pattes correctement." Rigolais-je, tandis qu'il se renfrognait.
- "Bon, et si tu me disais ce que me vaut l'honneur de ta visite?"
- "Une fille n'a pas le droit de rendre visite à son père en toute liberté?" Dis-je innocemment. Il émit un rictus amusé.
- "Vas-y Bella."
- "Très bien." Soufflais-je. "Je suis venu pour te poser une question."
- "Rien que ça?" Demanda-t-il curieux.
- "En fait, j'aurais aimé savoir pourquoi Rosalie est venue te voir hier." Il baissa les yeux vers ses pieds et soupira.
- "Je n'ai pas vraiment le droit de t'en parler."
- "S'il te plait, Papa. Si ça a un quelconque rapport avec ce qui s'est passé à la banque, tu dois me le dire." Il semblait hésiter mais finit par accepter.
- "Ne dis pas à Rose que je t'en ai parlé." Dit-il.
- "Motus et bouche cousue." Je fis mine de fermer la fermeture éclair imaginaire de ma bouche avec mon pouce et mon index.
- "Elle est venue me voir pour me demander de lui parler de la déposition d'Emmett Cullen." Je fronçai les sourcils. "J'ignore pourquoi, elle voulait connaître sa déposition."
- "Et tu le lui as dit?"
- "En temps normal je n'ai pas le droit d'en parler, mais vous avez toujours su vous montrer très persuasives toutes les deux." Je souris. "Alors je lui en ai donné une copie."
- "Tu veux dire que Rose à une copie de la déposition d'Emmett chez elle?"
- "Normalement. Elle voulait aussi savoir si nous avions trouvé une piste pour ces trois criminels."
- "J'imagine que la réponse est négative." Il ne répondit pas mais son regard parlait pour lui. Charlie avait toujours été le genre de personne qui laissait voir ses émotions sur son visage. Inutile de se demander d'où je tiens ce trait de caractère. "Tiens, j'ai fini." Dis-je en lui servant des cannellonis avec de la sauce bolognaise. A en voir sa mine affamée, on pouvait supposer que mon plat avait l'air appétissant.
- "Ça à l'air délicieux Bella."
- "Régale-toi bien dans ce cas."
- "Tu t'en vas déjà?" Demanda-t-il en arquant un sourcil.
- "Il faut que je rentre chez moi. Il se fait tard et je commence à fatiguer."
- "J'aurais aimé te parler d'un truc." Je le regardai et m'assis sur la chaise en face de lui.
- "Je t'écoute."
- "L'autre jour, quand tu es venu au poste, il y avait un Cullen avec toi." Je baissai les yeux. Je sentais que je n'allais pas aimer cette discussion.
- "Et alors?" Demandais-je, comme s'il n'y avait rien d'anormal.
- "Je trouve ça étrange. Tu ne voulais plus entendre parler de ce nom là et voila que tu te mets à les fréquenter."
- "Je ne les fréquente pas. Edward m'avait simplement proposé de m'y emmener en voyant que je n'avais pas de voiture. Et puis c'était il y a longtemps Papa. Je suis passé au-dessus."
- "Alors ça veut dire que tu vas revoir le Dr. Cullen?"
- "Ne pousse pas le bouchon s'il te plait. Il est hors de question que je l'affronte de nouveau."
- "Pourtant, une petite confrontation ne pourrait pas faire de mal."
- "Tu dis ça parce que tu étais de son côté. Vous étiez tous de son côté."
- "Je ne voulais pas perdre ma fille. Je me suis toujours rangé à ta décision mais là, je ne peux pas lui en vouloir de t'avoir sauvé."
- "Alors tu es en train de me dire que tu l'apprécies?" J'étais estomaquée.
- "Bien sur que non! Il t'a fait passer pour une malade mentale. Tu as dû aller consulter un psychologue à cause de lui alors que tu n'avais aucun problème psychologique. Comment veux-tu que je l'apprécie après ça?" Je baissai les yeux. Me remémorer cette partie peu glorieuse de ma vie ne m'enchantait guère.
- "J'avais des troubles psychologiques tu sais."
- "C'est faux. Tu étais simplement dépressive et traumatisée. Mais tu n'étais pas folle."
- "C'est vrai, tu as raison." Dis-je en me levant. "Dans ce cas pourquoi voudrais-tu que je me confronte à lui?"
- "Cela pourrait arranger beaucoup de choses. Tu pourrais essayer de comprendre son point de vue et lui le tien."
- "Oublie ça, je ne veux plus jamais le revoir." Tranchais-je fermement. "Je dois y aller. Passe une bonne soirée Papa."
- "Toi aussi chérie." J'allai lui faire un bisou sur la joue et sortis de la maison pour aller chez moi.
Je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi Rosalie voulait la déposition d'Emmett Cullen. Je ne voyais pas en quoi cela pouvait nous aider à découvrir leur nature. Je ne saurais probablement jamais ce qui lui aie passé derrière la tête malheureusement. Lorsque je rentrai à l'appartement, Rosalie était là et faisait à manger. Elle me regarda, impassible, puis détourna le regard. Depuis la veille, nous ne nous étions pas reparlées. J'étais énervée après elle et vice versa. D'habitude, lorsque je ma fâche avec elle, on ne tient jamais très longtemps avant de nous rabibocher. Là en revanche, j'avais la douloureuse impression que nous n'allions pas nous réconcilier aussi rapidement que d'habitude.
J'avais peur qu'aucune de nous ne fasse le premier pas vers l'autre. Je savais que je ne le ferai pas. Je n'avais pas du tout l'intention de le faire et je me doutais qu'elle non plus. Et même si elle se résignait et acceptait de faire le premier pas, je n'étais même pas sure que je pourrais accepter aussi facilement. Nous étions dans une impasse. Quel étrange scénario qui se jouait. Jamais personne n'avait encore réussi à me faire douter de la ténacité de mon amitié avec Rosalie jusqu'à aujourd'hui. Pourtant je m'étais bien opposée contre elle pour défendre Edward. Pourquoi faisais-je ça? Je m'étais mise ma meilleure amie à dos pour lui. Pourquoi?
Je sentais bien que la réponse que je cherchais se trouvait là, juste sous mes yeux. Mais comme d'habitude, je préférais me voiler la face pour ne pas avoir à souffrir plutôt que d'affronter la réalité et risquer d'être brisée. J'étais pathétique, pitoyable et j'en passe.
Et c'est dans cet état d'aveuglement que j'allais me coucher, sans avoir dit un mot à Rosalie de toute la soirée.
Le lendemain, j'étais déjà au travail, lorsque Mike déboula en plein après midi. Il avait une mine boudeuse et triste. Je le saluai et son humeur sembla un peu plus joyeuse. Mais il s'éclipsa vite fait. Je trouvais son comportement étrange mais ne m'en plaignis pas. Après tout, moins je le vois, mieux je me porte. Je commençais à faire les comptes de la boutique pour faire passer le temps, étant donné que les clients ne se bousculaient pas au portillon. Je n'avais jamais été très friande des calculs en tout genre alors ce type d'activités me révulsait.
- "On est concentré à ce que je vois." Je sursautai tellement fort que j'en fis tomber mes feuilles de calculs par terre. Edward était devant moi avec son sourire d'ange et sa magnificence. Dieu qu'il était beau.
- "Merde Edward! Tu n'étais pas obligé de me faire peur comme ça!" Dis-je en réprimant un sourire.
- "Ce n'est pas ma faute si tu es particulièrement inattentive." Dit-il avec un sourire en coin qui envoya de la chaleur à l'intérieur de mon corps.
- "Moi inattentive? Et puis d'abord qu'est-ce que tu fais là?" Demandais-je avec un sourire. Évidemment que j'étais heureuse qu'il soit là.
- "J'ai besoin d'une tente."
- "Une tente?" M'étonnais-je. "Pour quoi faire?"
- "Tu veux peut être que je t'explique à quoi ça sert?" Dit-il avec son sourire suffisant au coin de la bouche. Je me mordis la lèvre, totalement éblouie.
- "Pourquoi ne l'as-tu pas acheté durant les nombreuses fois ou tu es venu?"
- "Comme tu as pu le constater, je suis toujours reparti d'ici les mains chargées. Et je n'ai que deux bras, tu sais."
- "Ah bon? Tu n'en as pas un troisième caché quelque part?" Le taquinais-je. Il ne sembla pas trouver cette plaisanterie à son goût puisqu'il fronça les sourcils. "C'était une blague Cullen, tu peux te détendre."
- "Je ne trouve pas ça drôle. Tu ne peux pas te permettre de blaguer sur le fait que je ne sois pas… normal. C'est sérieux Bella." Il avait cette expression dégoûtée sur le visage. Est-ce qu'il était dégoûté de lui-même? Cela me semblait impensable, vu sa perfection.
- "Je ne prends pas ça à la légère, bien au contraire. Mais rassure-moi. Si tu avais vraiment eu un troisième bras caché, tu me l'aurais dit n'est-ce pas?" Il secoua la tête, visiblement amusé. J'avais réussi à détendre l'atmosphère.
- "Tu es vraiment une personne étrange, Bella Swan."
- "C'est toi qui parles." M'exclamais-je.
- "Bella, quand tu auras fini de bavarder, tu pourras peut être ramasser les feuilles que tu as fait tomber?" Je me tournai vers Mike, qui regardait Edward avec insistance. Ce dernier se mit à froncer les sourcils, l'air concentré.
- "Tout de suite Mike." Dis-je en m'activant. Je m'accroupis par terre et ramassai toutes les feuilles au sol, tâchant d'ignorer mon ridicule. Lorsque je remontai, je le vis en pleine réflexion avec un sourire mal dissimulé. Je ne pus contenir ma curiosité.
- "Qu'est-ce qui te fais sourire?" Il se mit à rire doucement.
- "Je pensais juste à quelque chose que j'ai entendu."
Mon visage vira au rouge quand je compris de quoi il parlait. J'étais morte de honte et n'avais qu'une envie, me cacher dans un étang jusqu'à la fin de mes jours.
- "Euh… Je suis désolée, je… Je n'avais pas envie de venir travailler samedi, alors j'ai dû inventer une excuse et… Enfin…"
- "Si je comprends bien, tu t'es servie de moi?" Dit-il avec un sourire moqueur.
- "Quoi? Non! Je ne voulais pas…" Il élargit encore plus son sourire et j'aurais voulu le lui faire ravaler s'il n'avait pas été aussi séduisant.
- "Pourquoi ne pas avoir pris quelqu'un que tu connais bien comme ton amie Rosalie?"
Je le regardais penaude lorsque la phrase de Rosalie me revint en mémoire: « Tu ne t'es jamais demandée pourquoi tu avais fait croire à Mike Newton que tu sortais avec lui? Peut être que si tu lui as dis ça, c'est parce qu'inconsciemment, tu avais envie que ce soit vrai ».
Et si elle avait raison? Je m'étais toujours demandée ce qui m'était passé par la tête ce jour là pour balancer de telles âneries. Est-ce que j'ai inventé cette excuse parce que j'aurais préféré que ce ne soit pas qu'une simple excuse, mais la vérité? Je baissai les yeux, incapable de le regarder en face avec ce genre de pensées dans mon esprit et fis mine d'être intéressée par mes mains qui s'entortillaient, mortifiée.
- "Bella, regarde-moi."
Lorsque je m'exécutai, je tombai nez à nez avec Edward qui s'était penché sur le comptoir de la caisse. Je me perdis dans ses prunelles scintillantes et m'arrêtai de respirer. Mon cerveau avait apparemment déserté de mon système, ou démissionné je ne sais pas. Aucune pensée cohérente ne se formait dans mon esprit. Une chaleur vint s'insuffler dans le creux de mon ventre, j'haletais. La seule chose que ma tête retenait était sa proximité et mon envie folle d'accaparer ses lèvres bien dessinées et invitantes. Je commençais sérieusement à suffoquer, faute de ne pas respirer mais je n'en avais que faire. J'entrouvris légèrement la bouche totalement hypnotisée.
Nous fûmes malheureusement interrompus par un Mike, véritablement très remonté.
- "C'est comme ça que tu bosses? Joli boulot Swan." Je m'écartai instantanément et en profitai pour reprendre ma respiration avant de faire face à cet imbécile.
- "Si tu pouvais m'appeler par mon prénom, ce serait déjà plus respectueux."
- "Et toi, si tu pouvais arrêter de flirter pendant tes heures de travail, ce serait plus convenable."
Je devais sans aucun doute être cramoisie à cet instant. Comment osait-il dire ça? Je n'étais pas du tout en train de flirter. Enfin, je ne crois pas. Poussée par la rage d'avoir été rabaissée deux fois de suite par ce merdeux, je ne contrôlai pas l'explosion de ma colère.
- "Non mais de quel droit tu oses me parler comme ça? Je ne suis pas ta boniche, encore moins ton employée, c'est clair? Je commence à en avoir marre que tu me rabaisses à chaque fois pour ensuite venir me supplier que je fasse la fermeture. Tu sais quoi? Vas te faire voir! Et tu peux dire à ta mère de me virer si tu veux, je n'en ai plus rien à cirer!"
Il me regardait avec une bouche qui ressemblait à un hublot. Quant à moi, j'étais littéralement estomaquée par ma répartie. Je venais probablement de perdre mon boulot, mais pour rien au monde je ne regretterai d'avoir cloué le bec de ce corbeau de mauvaise augure. Au bout d'un moment de totale paralyse, il sortit de sa léthargie et s'éclipsa, presque en courant. J'en restais coite. J'avais enfin fait ce dont je rêvais de faire depuis si longtemps. Si je m'écoutais, je sauterais de joie à l'heure qu'il est, telle une enfant qui aurait reçu ses cadeaux de noël.
- "Tu vois? C'est pour ça que j'adore venir ici. C'est pire qu'un feuilleton télé."
Je me retournai vers Edward qui avait assisté à la scène sans rien dire, et partis dans un fou rire incontrôlable. J'étais aux anges, rien ne pourrait venir gâcher cette journée.
- "Tu as vu ça? La vache, c'était incroyable!" M'exclamais-je. "Si tu savais depuis combien de temps je me retiens de le rembarrer comme ça… J'ai envie de recommencer tellement c'était jouissif."
Il me regardait, totalement amusé par mon attitude. Il est vrai que ce n'était pas du tout mon genre d'être aussi enjouée. Et pour cause, j'avais démoli le pire abruti de la planète. Bella winner, Newton looser. Je décidais de faire le tour du comptoir pour pouvoir lui parler plus tranquillement, mais c'est sans compter sur ma chance inoubliable et mon adresse incroyable. Je me pris les pieds dans une feuille de calcul que j'avais oublié de ramasser et fis un trébucher à la Isabella Swan. Je réussis néanmoins à me cramponner à la chaise ou j'étais précédemment assise et fis tomber mon sac, dans un geste brusque.
- "Bella, tout va bien?" Je n'osais pas le regarder tellement j'étais rouge. Il en fallait vraiment peu pour me casser ma bonne humeur.
- "Oui, ça va, je suis habituée depuis le temps." Je baissai les yeux pour observer les dégâts et vis les affaires qui se trouvaient dans mon sac éparpillées au sol. Je me penchai pour tout ramasser, et vis Edward faire le tour pour m'aider. Je me faisais violence pour ne pas jeter de coups d'œil dans sa direction. Et tandis que j'empilais les dernières affaires qui restaient, je remarquai qu'il s'était relevé et immobilisé. Je me levais à mon tour pour voir pourquoi il ne bougeais plus et vis qu'il avait encore quelque chose dans les mains.
- "Ah oui." Dis-je en reconnaissant le DVD d'Angela. "C'est une amie qui m'a prêté Le Compte Dracula." Précisais-je en lui prenant le DVD des mains. Ses mains restèrent en place et je m'étonnais qu'il ne bouge toujours pas. "Edward?" L'appelais-je. Lorsque je vis l'intensité de son regard, je me figeai. Je connaissais cette expression. Je l'avais déjà vu des années en arrière. Je ne l'avais rencontré qu'une seule fois mais n'avais jamais pu l'oublier. C'était une expression d'horreur, mélangée à de l'appréhension. Qu'est-ce qui a bien pu lui causer cette réaction? Je cherchais une réponse tandis que le souvenir de la première fois s'imposa à moi.
« - "Maître Denali, avez-vous une objection à faire?
- "Oui votre Honneur. J'ai ici le véritable dossier médical de Mlle Swan, ici présente. On y voit clairement le traitement que mon client lui a prescrit." Le jeune homme à la peau noir mais pâle s'avança vers le juge et lui remit le document. "Comme vous pouvez le lire, il a été prescrit qu'Isabella Swan, a dû être mise sous morphine. La morphine est je vous le rappelle, un alcaloïde de l'opium analgésique et soporifique servant à calmer la douleur. C'est une drogue."
- "Objection votre Honneur. Ma cliente ne m'a pas informé de cela."
- "C'est parce que c'est faux!" M'étais-je levée énervée.
- "Objection rejetée et veuillez surveiller votre cliente Maître Jenks. Poursuivez Maître." Avait-il dit à l'intention de l'autre avocat.
- "Votre Honneur. Nous sommes ici parce que mon client est accusé de n'avoir pas respecté les volontés de son patient, risquant ainsi de se faire rayer de l'ordre des médecins. Or, ce dossier démontre qu'Isabella Swan a reçu un traitement de morphine. Ce qui veut dire, qu'elle n'avait plus de raison et qu'elle était psychologiquement incapable de prendre une décision. C'est pour cela que mon client, qui je le rappelle est un médecin reconnu et hors paire a pris cette décision pour elle. Et la preuve de l'innocence de mon client est que Mlle Swan est toujours vivante et rétablie physiquement."
- "C'est un tissu de mensonges!" Hurlais-je. "Il ne m'a jamais prescrit de morphine. J'ai toujours eu toute ma tête. Je ne suis pas folle!"
- "Ça suffit!" Ordonna le Juge. Un silence se fit dans l'assistance et le Juge se remit à parler après quelques minutes de délibération. "Bien, dans l'affaire opposant Isabella Swan au Docteur Carlisle Cullen, compte tenu des éléments ici présent, je déclare l'accusé innocent. Mlle Swan n'était pas dans un état normal pour décider quoi que ce soit et voyant son trouble psychologique, elle devra suivre une thérapie avec un psychologue durant une durée indéterminée. Pour ce qui est du Docteur Cullen, Toutes les charges retenues contre lui sont abandonnées. L'audience est levée."
Les quelques personnes présentes se levaient pour sortir du tribunal, tandis que je restais abattue devant la tournure des évènements. Mon père me secoua afin que je me remue et ce ne fut que lorsque je vis Carlisle sortir de la salle que je décidai de faire de même. Au dehors, je l'aperçus qui discutait avec son avocat et ami apparemment. L'avocat le congratula d'une poignée de main ferme avant de s'en aller. Ni une ni deux, je m'empressai d'aller le voir.
- "Monstre! Vous avez tout inventé, je n'ai jamais été sous morphine. Comment vous avez osé faire cela? Vous avez falsifié mon dossier uniquement pour être innocenté et garder votre prestige. C'est minable."
- "Bella…" Il me regardait avec de yeux pleins de remords. "Je ne pouvais pas aller en prison. C'était intolérable."
- "Espèce de salaud. Je ne veux plus jamais vous revoir de ma vie!"
- "Bella, viens!" Entendis-je mon père m'appeler. Il regardait mon interlocuteur avec des envies de meurtres et je dois dire, que j'étais à peu près pareille.
- "Vous êtes un monstre tout droit sorti des Enfers, Carlisle Cullen. Un monstre cruel. Vous êtes fait pour détruire des vies et non pour les sauver."
C'est à ce moment là que j'avais vu cette expression d'horreur et d'appréhension. Il avait l'air touché par mes propos, comme s'ils étaient vrais dans le sens propre du terme. »
Je ne pensais pas revoir cette expression un jour. Pourquoi Edward avait-il cette tête là? Je ne l'avais pas traité de monstre pourtant. Il avait fait cette réaction juste après avoir regardé la pochette du DVD. Je baissai les yeux vers le DVD en question et m'interrogeai. Tout ce que j'y voyais, c'était le vampire Dracula. En quoi le fait de voir ce vampire lui donnerait cet air d'appréhension? Il appréhendait quoi?
Soudain l'éclaircissement et la compréhension m'apparut comme un ange tombé du ciel. Les Cullen ne sont pas normaux… Ils ne sont pas humains… Monstre tout droit sorti des Enfers… Fait pour détruire des vies et non pour les sauver…
J'ai cru que Carlisle avait affiché cet air horrifié parce qu'il se sentait coupable et qu'il ne réfutait pas mes arguments. Mais se pourrait-il qu'il ait prit au mot ces paroles, plus que je ne le pensais? Se pourrait-il que ces injures que je lui aie balancées à la figure aient une signification bien plus importante et profonde pour lui que pour moi?
Et se pourrait-il qu'Edward ait lui aussi, affiché cette expression apeurée car il appréhende le moment où je ferai la comparaison entre lui et le Compte Dracula? En y réfléchissant, tout le temps où je suis restée à l'hôpital, je n'ai jamais vu Carlisle manger quoi que ce soit. Il est vrai que la nourriture de l'hôpital n'est pas ce qu'il y a de plus appétissant mais il était presque tout le temps avec moi et jamais il ne mangeait. Au restaurant, Edward n'a rien avalé. Je me rappelle aussi que les seuls jours de soleil qu'il y a eu à Seattle durant mon séjour à l'hôpital, Carlisle avait abaissé les rideaux de ma chambre, prétextant que la lumière du soleil l'insupportait étant donné qu'il vivait en Alaska. Et cette peau blafarde? Ces caractéristiques inhumaines? L'expression de dégoût qu'Edward avait tout à l'heure? Rosalie a dit qu'ils étaient dangereux. Se pourrait-il qu'elle aie raison, encore une fois? Se pourrait-il que les Cullen soient des vampires?
Je regardai Edward qui me regardait avec crispation. S'il était silencieux, son regard parlait pour lui. Petit à petit, cette révélation mentale prenait forme dans mon cerveau et il dut le comprendre puisqu'il arbora un visage partagé entre l'incrédulité, la désolation et l'imploration. J'avais espéré que son regard me rassurerait et me certifierait que je m'étais trompée dans mon raisonnement mais au contraire, il ne fit que confirmer mes soupçons muets. Prenant conscience de ce qui était réellement en train de se passer, je lâchai le DVD qui tomba à terre, pris mon sac sans quitter Edward des yeux puis sortis précipitamment du magasin, toujours avec la tête tournée vers lui.
Je me précipitai vers ma camionnette, montai à l'intérieur et me mis à respirer bruyamment en tenant le volant fermement. Je fermai les yeux, tâchant d'assimiler cette vérité calamiteuse. Lorsque j'entendis la porte du coté passager s'ouvrir, je sursautai comme jamais et me tins aussi éloignée de lui que le petite espace me le permettait. Il referma la portière et me regarda avec des yeux suppliants.
- "Alors c'est vrai?" Demandai-je paniquée. "Tu es un… Vampire?" Je ne pouvais décemment pas croire qu'un être aussi doux, gentil et attentionné pouvait être un monstre. Pourtant, son mutisme et son visage fermé me démontrait le contraire.
- "Je suis désolé." Dit-il. Je secouai la tête.
- "Non. C'est impossible. Tu ne peux… Je ne peux pas le croire. Tu te balades bien à la lumière du jour et tu…"
- "Ce n'est qu'un mythe Bella. Des mythes crées par les protagonistes cinématographiques, les romanciers, les prêtres ou que sais-je encore."
- "Mais ce n'est… Non je… Dis moi que c'est une blague." Le suppliais-je.
- "J'aurais bien aimé." Dit-il tristement. J'avais une folle envie de le réconforter.
- "Alors… Est-ce que tu vas me tuer?" Ses yeux s'agrandirent de stupéfaction.
- "Non! Bien sur que non, je… Je ne pourrai jamais te faire de mal."
Cette parole me consuma.
- "Comment est-ce que vous vous nourrissez? Vous tuez des gens et buvez leur sang?" Débitais-je d'une traite sous le coups de l'émotion. Il inspira, comme pour ce donner du courage.
- "En réalité nous prenons uniquement celui des animaux." J'ouvris grand mes yeux, perplexe. Je n'avais encore jamais entendu ça. Cependant cette nouvelle me donna de l'espoir.
- "Donc, vous n'êtes pas méchants?" Je le savais. Je l'ai toujours su, c'est pour ça que j'ai contredis Rosalie quand elle m'a dit qu'elle pensait qu'ils étaient dangereux.
- "Techniquement. Mais il arrive que nous fassions des erreurs."
- "Qu'est-ce que tu veux dire?"
- "Que parfois la tentation est trop forte et…" Il ne termina pas sa phrase, voyant que j'avais compris. Je baissai les yeux, ne sachant quoi penser de tout ça.
- "Est-ce que ça arrive souvent?"
- "Non, rarement. Aujourd'hui nous sommes presque immunisés contre le sang humain. A part Jasper qui a encore un peu de mal."
Je repensai à ma rencontre avec ce dernier. Il était parti parce qu'il ne se sentait pas bien. Il avait dit aussi qu'il y avait trop de monde et Alice s'était inquiétée. Je comprenais mieux ce qu'il avait à présent.
- "Les braqueurs de la banque, c'étaient des vampires aussi?" Il fut prit de cours par ma question.
- "Comment tu sais ça? C'est ton amie qui t'en a parlé?"
- "Comment tu savais qu'elle m'en parlerait?" Il ne répondit pas et soupira.
- "Oui, c'étaient des vampires. D'après ce que j'ai compris, ils ont voulu faire ça pour s'amuser. Ils ne sont pas comme nous. Ils vous considèrent comme de la nourriture." Dit-il écœuré. "Après ce qu'ils ont fait, on ne pouvait pas les laisser s'en tirer comme ça."
- "C'est pour ça que tu étais à Port Angeles dimanche? Tu les traquais?" Il me regarda intensément, puis secoua la tête.
- "C'est dingue la façon dont tu arrives à tirer des conclusions exactes aussi facilement." Je souris. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'atmosphère semblait s'être allégée.
- "Est-ce que vous les avez retrouvé?"
- "Non malheureusement. La fille qui est avec eux est extrêmement douée pour se cacher."
- "Et comment comptez vous les retrouver?"
- "Grâce à leur odeur." Je ne pus m'empêcher de déglutir en entendant ça. Un silence gênant s'installa. Aucun de nous ne savait quoi dire. Je finis par rompre le silence.
- "Est-ce que tu t'es toujours… Enfin… Tu as déjà essayé le régime normal?"
- "Par régime normal, tu entends boire le sang des humains?" J'étais choquée par ces propos. Il le remarqua très vite et s'excusa. "Je suis désolé. Je ne devrais pas parler de ça avec toi.
- "Non, je… C'est juste que je ne suis pas habituée." Je lui fis un sourire encourageant, mais le sien était légèrement fané.
- "Non, je n'ai pas toujours été végétarien."
- "Végétarien? C'est comme cela que vous vous qualifiez?" Demandais-je étonnée.
- "On peut dire ça". Je me mis à sourire. J'avais beau être en compagnie d'un vampire, j'étais tout de même heureuse.
- "Je trouve ça génial." Déclarais-je. Il ouvrit grand ses yeux.
- "Pardon?"
- "Et bien, le fait que vous alliez contre votre nature. Vous êtes de bonnes personnes. Moi, je trouve ça formidable." Dis-je en souriant naturellement. Il me regardait comme si j'étais un extraterrestre. "Est-ce que… Vous avez d'autres facultés? Je veux dire, à part la vitesse, la force et… Tout le reste?"
- "Certaines caractéristiques qui nous sont propres. Alice, par exemple. Elle peut voir le futur." J'écarquillai les yeux. Cela dit, je n'étais pas si étonnée que ça, bizarrement. "C'est d'ailleurs elle qui ma refilé un paquet de mouchoirs, le samedi chez le concessionnaire. Elle m'avait dit que j'en aurai besoin." Rit-il, tandis que moi j'essayais d'emmagasiner toutes ces révélations incroyables.
- "Et les autres?"
- "Jasper a le don de percevoir les émotions. Il peut également les modifier à sa guise." J'en restai bouche bée. Ainsi donc, c'était pour ça qu'il avait froncé les sourcils dans la boutique d'Esmée, lorsque j'avais commencé à paniquer. Il avait perçu mon changement d'humeur.
- "Emmett et Carlisle?"
- "Ils n'ont pas de dons particulier. Enfin Emmett a une force supérieur à nous, donc on peut dire que si, finalement." Je ris. Cela non plus ne m'étonnais guère.
- "Et toi?" Demandais-je sérieusement. Il fronça les sourcils comme à son habitude et déclara.
- "Je lis dans les pensées." Je me figeai.
- "Tu… Quoi?"
- "Je lis dans les pensées."
J'étais sidérée. Et complètement anéantie. J'avais envie de me cacher dans un trou pour ne plus jamais en ressortir. J'étais également énervée. Prise de panique, je sortis brusquement de ma Chevrolet et lui tournai le dos. Lorsque j'entendis la porte coté passager claquer, je me retournai, remontée à bloc.
- "Tu lis dans les pensées et tu m'annonces ça comme ça?" Il m'observa, avant de se mettre à rire.
- "De toutes les choses susceptibles de t'effrayer chez moi, il n'y a que ça qui te fasse peur?" Je lui fis un regard mauvais. J'étais en colère contre moi-même d'avoir pu penser des choses qu'il n'aurait pas dû entendre.
- "Très bien, alors peux-tu me dire à quoi je pense, là tout de suite?" La réponse était très simple: lui.
- "C'est justement ça le problème. Je n'y arrive pas. Les tiennes me sont inaccessibles."
- "Ah bon?" Dis-je en cachant mal mon sourire pleins d'espoirs. Voyant sa mine confite, je ne me préoccupai plus de cacher mon sourire, rassurée à cent pour cent. "Ça t'arrive souvent?"
- "Non tu es la seule, pour une raison que j'ignore."
- "Je ne dois pas être normale." Dis-je penaude.
- "Je le pense aussi." Sourit-il. Je le vis me regarder intensément, puis il détourna le regard. "Écoute, je vais te laisser tranquille désormais. Tu n'as pas à t'inquiéter." Je mis du temps avant de réagir à ce qu'il venait de dire. Me laisser tranquille? Mais je n'ai pas envie qu'il me laisse tranquille. Je le vis qui commençait à s'en aller et compris que si je ne faisais pas quelque chose rapidement, ce serait la dernière fois que nos regards se croiseraient.
- "Edward!" L'appelais-je. Il se retourna et je fis rapidement le tour de la camionnette pour le rejoindre.
Arrivée à une distance proche de lui, mon cœur fit un raté. Je mis ma main sur son avant bras et tâchai d'ignorer comme je le pouvais les millions de décharges électriques qui me parcouraient dans tout le corps. Il darda ses yeux dans les miens et je soutins son regard. Sans enlever ma main de son bras, je rapprocha mon visage du sien. Je n'eus pas besoin de mettre mon cerveau en mode off, il s'était déjà barré loin d'ici. Nos visages continuaient à se rapprocher et prise d'une folie, je rompis la distance qui nous séparaient en posant mes lèvres sur les siennes.
A peine les avais-je effleuré qu'il s'étaient reculé brusquement. Son visage était partagé entre l'étonnement et l'incompréhension, tandis que je restai pantoise. C'est à ce moment là que je me rendis compte de la folie que je venais de faire. Quelle idiote. Non mais qu'est-ce que je croyais, qu'il avait envie de moi comme j'avais envie de lui? Je me sentais rejetée et humiliée. J'avais l'impression que mon cœur se mettait à saigner face à ce rejet. Je luttais instinctivement contre les larmes qui menaçaient de perler.
- "Excuse-moi." Bredouillais-je. "J'ai cru que… Enfin je pensais…" Ne pouvant supporter plus, je me détournai vivement et entrepris de me diriger vers ma portière.
- "Bella, attends!"
Je me retournai et il planta son regard intense dans le mien. Il s'avança lentement vers moi, puis s'arrêta tandis que je ne comprenais plus rien. Lorsqu'il fut à une distance proche de moi, il me regarda, toujours aussi intensément. Puis sans que je ne comprenne quoi que ce soit, il prit mon visage de ses deux mains et m'embrassa.
C'était un baiser des plus doux qui soient. Je n'arrivais pas à réagir sous le coup de la surprise. Edward Cullen m'embrassait. J'étais embrassée par Edward Cullen. Le temps que cette information ne grimpe jusque dans mon crâne, désormais dépourvu de capacité à réfléchir, je répondais à son baiser avec empressement. Nos lèvres bougeaient avec synchronisation et je crochetai mes bras derrière sa nuque. Je collai mon front au sien et tout s'intensifia. J'ouvris la bouche et il y entra sans hésitation. Il descendit ses mains dans le bas de mon dos pour me rapprocher de lui et je passai mes mains dans ses cheveux. A cet instant, plus rien ne comptait. Il n'y avait plus de vampire, plus de Cullen, plus de fille instable et torturée. Il n'y avait que lui et moi. Comme si nous étions seuls au monde. Seuls, sans ces problèmes de différences et de passé douloureux. Nous nous embrassions sans penser à ce qui adviendrait après. Je voulais que ce moment ne s'arrête jamais et il ne semblait pas vouloir arrêter non plus, à mon plus grand bonheur.
Malheureusement je commençais à suffoquer et il s'écarta pour me laisser respirer car il est évident que je ne l'aurais certainement pas fait de mon propre gré. Il posa son front contre le mien alors que je reprenais ma respiration, le souffle coupé.
- "Edward!"
Nous nous retournâmes à l'unisson pour apercevoir Emmett et Jasper qui regardaient leur frère, surpris, avec un air des plus réprobateurs. Soudain je réalisai ce qu'il venait véritablement de se produire. Mais qu'est-ce que je m'imaginais? Que nous vivrions heureux dans le monde des Bisounours? C'était de la folie pur et simple, un moment d'égarement, une erreur monumentale. Je me reculai rapidement, déjà en manque de sa proximité et le regardai paniquée.
- "Je suis désolée. Ce n'est… Il faut que j'y aille." Dis-je mal assurée tandis qu'il me regardait inquiet et étonné.
Je reculai bouleversée et tâchai tant bien que mal d'atteindre ma camionnette sans tomber. J'ouvris la portière et avant de monter à l'intérieur, je jetai un dernier coups d'œil à ses frères qui arboraient un visage réprimandant. Je n'osais pas regarder Edward, de peur de me mettre à pleurer. Puis j'enclenchai le moteur et déguerpis de cet endroit aussi vite que je le pouvais. Comment avais-je pu en arriver là?
Pourquoi avait-il fallu que le plus beau baiser de toute ma vie soit avec une personne avec qui je ne pouvais pas être? A croire que le destin s'acharne contre moi pour avoir mis Edward sur ma route et m'avoir fait tombé amoureuse de lui. Rosalie avait encore une fois raison. J'étais tombée amoureuse et j'allais en souffrir. D'ailleurs, je souffre déjà. D'être loin de lui, de savoir que notre histoire était déjà terminée sans avoir commencé… Pourtant, au fond de moi, j'avais la certitude que si je pouvais tout effacer et revenir en arrière, je referai tout de la même façon. Je l'aurais embrassé sans hésiter. La seule chose que je regrettais, c'est d'être montée dans cette voiture, ce fameux jour du vingt trois décembre. Si seulement j'avais su ce qui m'arriverait, ce qui nous arriverait en montant dans ce van…
Je pense tellement à mes problèmes à moi que j'en oublie le coté vampirique de l'affaire. Décidément, tout me forçait à m'éloigner de lui. Si c'est-ce que veut le Seigneur, pourquoi défier le destin?
Je roulais en direction de chez moi avec la certitude que j'étais irrévocablement amoureuse de lui et qu'il était trop tard désormais pour empêcher mon cœur de souffrir.
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