mardi 23 mars 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 14

Chapitre 14: Couple Inattendu

Constatation : Subst. Féminin : Action de constater, observation d'un fait.

Bah ma constatation à moi ce matin, est que j'ai fait l'amour avec Edward Cullen. Et accessoirement le fait que j'ai passé la plus belle nuit de mon existence. Si bien sûr, on en oublie le côté dramatique de l'histoire, à savoir, moi en train de pleurer, lui en train de s'énerver, moi également en train de m'énerver, lui torturé, et moi, encore en train de pleurer.

Si on oublie tout ça, on peut en revanche se rappeler du moment où il me dit qu'il m'aime. Moi personnellement, hormis le fait qu'on ait passé la nuit ensembles, c'est la seule chose dont je me souvienne…

Ce n'était pas la première fois que je me réveillais à ses côtés. Mais c'était la première fois qu'il n'y avait pas nos vêtements en guise de barrière. Son corps était glacial – pour ne pas dire congelé – mais ça ne me dérangeait pas. Au contraire, j'ignorais pourquoi, mais sa température m'enivrait. Elle me faisait vibrer. Frissonner, mais vibrer.

Je sentis une caresse dans mon dos, des doigts froids qui je présumais, appartenaient à l'homme sur qui j'étais affalée. J'étais allongée contre son torse et mes bras l'entouraient, de peur qu'il ne s'échappe. Lorsque mes yeux s'ouvrirent, en clignant des paupières, je me retrouvai nez à nez avec le plus bel ange que la Terre aie porté. Ses prunelles dorées me scindaient avec une lueur brillante, une étincelle qui devait se refléter avec celle que j'avais dans mes propres yeux.

Je souris malgré moi, ne pouvant m'en empêcher. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et je pouvais sentir son souffle froid me parvenir et me monter au cerveau.

- "A quoi tu penses" ? Demandais-je avec une voix écailleuse, encore engourdie par le sommeil. Il me fit l'un de ses sourires resplendissants, qui me fit perdre mes moyens.

- "Je me demandais à quoi toi tu pensais." Avoua-t-il. Je rapprochai mon visage de son cou et le laissai reposer.

- "Je me disais que j'étais heureuse."

Il nous fit rouler de sorte à ce qu'il se retrouve au-dessus de moi et planta son regard dans le mien.

- "Si tu es heureuse alors je le suis aussi." Je souris et il rapprocha son visage. Nos lèvres allèrent s'effleurer mais au dernier moment, il se recula en fermant les yeux et en arborant une expression douloureuse sur le visage.

- "Qu'y a-t-il ?" Demandais-je avec inquiétude.

- "Rien, c'est juste que… Je crois que j'ai besoin de me nourrir." Répondit-il avec une pointe de dépit.

- "Oh." Fis-je après avoir compris où il voulait en venir. "Je vois." Il se rallongea à côté de moi, les yeux fermés.

- "Je suis vraiment désolé." Me dit-il. Je secouai la tête.

- "Non, tu n'as pas à être désolé. C'est juste moi qui aie tendance à l'oublier." Il me regarda avec étonnement. "Je veux dire, t'as toujours eu l'air de te contrôler en ma présence. Je ne t'ai jamais vu avoir de quelconques difficultés."

- "C'est vrai. En temps normal j'arrive à me contrôler parfaitement. Mais je crois que les tous les évènements d'hier ont joué là-dessus et m'ont atteint plus que je ne le pensais." Je hochais la tête.

- "Je comprends. Tu veux partir ?" M'enquis-je avec douleur.

- "Quoi ? Non." Réfuta-t-il en secouant la tête. "Ça va me passer."

- "Si tu le dis." Répondis-je sceptique. "Je vais aller prendre une douche." Déclarais-je mal à l'aise.

- "Attends." Me pria-t-il au moment où j'allais me lever. Il se pencha vers moi, me caressa la joue et m'embrassa sur le front. Il ne pouvait pas faire plus. "Je t'aime Bella."

Je me mis bêtement à sourire, rassurée à bloc. Moi qui avais peur qu'il ne regrette de s'être dévoilé, me voilà sereine pour le restant de mes jours.

- "Je t'aime aussi." Répondis-je doucement avant de m'extirper du lit et de filer vers la salle de bain.

La chaleur de la douche me réveilla complètement. Petit à petit, les secondes défilaient et je retombais de mon nuage. Il fallait se rendre à l'évidence. La vie était en train de reprendre son court et Edward et moi venions d'avoir notre moment de répit, qui s'achève. Restait à savoir quand arriverait le prochain…

Elle était loin, la boutique des Newton où je suis sensée me rendre ce matin.

Je m'habillais en redescendant peu à peu sur Terre et revint dans la chambre. À mon plus grand désespoir, Edward n'était pas là. Je soupirai et sortis de la pièce de mauvaise humeur.

- "T'en fais une tête, Bella." M'appela Rosalie. Je relevai la tête vers elle et quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je vis Edward à côté d'elle. Ma bouche devait en être carrément ouverte. Il était habillé et assis, et me regardait avec un sourire en coin qui me fit rougir malgré moi. Ainsi il n'était pas parti…

Mais le plus étonnant était que Rosalie se trouvait assise à côté de lui et n'y voyait aucun inconvénient. Au contraire elle semblait plutôt chaleureuse.

- "Euh… Salut." Fis-je étonnée et indécise. Je m'avançai d'un pas mal assuré et regarda Rosalie avec pleins de questions dans les yeux. Ce à quoi elle me répondit par un léger sourire mystérieux.

- "On était en train de faire connaissance." Répondit-elle évasivement. Je hochai la tête, pas très rassurée, avant de me servir du café qui était sur la table. "Alors…" Commença Rosalie. "Votre famille arrive d'Alaska. C'est bien ça ?"

J'ignorais d'où venait ce changement d'attitude. Était-elle sympa avec lui parce qu'elle en avait envie ? Où jouait-elle à l'inquisitrice espagnole, dans le but de soutirer des informations ?

Lorsque je vis le sourire en coin qu'arborait Edward, je compris qu'il avait lu dans ses pensées. Quoi ? Je n'en savais rien.

- "C'est exact." Répondit-il.

- "Et pourquoi ne pas préférer aller dans un endroit plus chaud et plus ensoleillé ?" S'étonna-t-elle.

- "Avec l'Alaska, on est habitué au manque de lumière." Répondit-il avec conviction.

- "Pourquoi être partis de chez vous alors ?"

- "J'ai dit qu'on était habitué au sombre, pas qu'on était habitué au froid." Contra-t-il.

Rosalie ne trouva rien à redire. Je compris à ce moment-là que les questions qu'elle posait avaient uniquement pour but de la faire avancer dans ses recherches pour trouver le secret des Cullen. Je la connaissais bien, et je savais quand elle posait des questions parce qu'elle était intéressée, ou parce qu'elle avait des idées derrière la tête. Je ne pus m'empêcher de secouer la tête d'exaspération. Elle n'obtiendrait rien venant de lui.

- "Il parait que vous êtes adoptés ?" Reprit-elle. Je le vis froncer les sourcils très légèrement avant de se configurer un masque insondable.

- "En effet. Mais c'était il y a très longtemps."

- "Ça je n'en doute pas une seconde…" Murmura-t-elle tout bas. Un nouveau froncement de sourcils de la part d'Edward, cette fois-ci plus visible. Il avait l'air contrarié de cette remarque, et je comprenais pourquoi. Ça ne devait pas beaucoup lui plaire qu'elle en sache plus qu'elle ne le devrait. Pourtant, tout serait tellement plus simple si elle savait. Pour moi, pour elle, pour eux…

Plus les jours passent et plus je me sens abominable. À ce rythme là, je n'allais pas tarder à divulguer l'information.

- "Au fait Rosalie, t'as des nouvelles de Jacob ?" Demandais-je pour changer de sujet. Elle leva les yeux au ciel à ma tentative échouée et répondit.

- "Pas depuis la dernière fois. Je pensais aller lui faire une visite surprise un de ces jours. D'ailleurs en parlant des Quileutes..." Elle se tourna vers Edward avec un sourire suffisant sur les lèvres. "Vous les connaissez ?" Osa-t-elle demander en toute innocence.

- "Ce sont les Indiens de La Push ?" Feignit-il.

- "Donc, vous les connaissez ?" Répéta-t-elle avec impatience.

- "Pas vraiment. Nous venons à peine d'arriver après tout." Répondit-il avec un sourire en coin. Rosalie resta impassible. Elle n'arriverait pas à obtenir de quelconque renseignement de cette façon.

- "Rosalie, je peux te parler ?" Ouvrais-je la bouche pour la première fois. Elle me fit des yeux boudeurs mais se leva pour aller dans sa chambre. Je la suivis en accordant un regard désolé à Edward qui hocha la tête de compréhension.

À peine la porte refermée, je la bombardai.

- "On peut savoir à quoi tu joues ?" Elle leva les yeux au ciel.

- "C'est bon, Bella. J'essayais juste de récolter un petit peu d'informations supplémentaires. Mais apparemment il n'a pas l'air décidé à me dire ce que je veux entendre."

- "Rosalie, arrête ça tout de suite." Ordonnais-je.

- "Mais enfin comment tu fais ?" Demanda-t-elle. "Tu passes ton temps avec lui sans connaitre la vérité. Comment fais-tu pour arriver à le supporter ?"

J'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortit. Je me sentais tellement mal de lui mentir, que ça en était physiquement douloureux. Il fallait que je lui dise. Qu'elle sache au moins que je savais. Même si je ne lui disais pas ce qu'ils étaient, je pouvais quand même lui dire que j'étais au courant. Ce serait nettement plus simple.

- "Ouais… Écoute, à ce sujet… J'ai quelque chose à te dire…"

Elle me regarda avec curiosité et attendit que je développe. Au moment où j'allais me lancer, la porte s'ouvrit.

- "Bella." Interrompit Edward. "Je ne voudrais pas te presser mais je crois qu'il est l'heure que tu partes au boulot." Il me regardait avec un air qui me disait de me taire. J'avais complètement oublié qu'il avait des oreilles inhumaines et qu'il avait pu entendre notre conversation.

- "Oh, mais c'est vrai !" S'exclama Rosalie. "Je vais être en retard si je ne pars pas tout de suite. Bella, on en reparlera ce soir, d'accord ?"

Je fus décontenancée, incapable de prononcer le moindre mot. Je hochai la tête de haut en bas avec crainte. "Ravie d'avoir fait ta connaissance, Edward." Lui dit-elle avant de se diriger vers la porte.

- "Le plaisir est partagé."

En un éclair, Rosalie disparut de l'appartement, me laissant avec un profond mal être.

- "Pourquoi tu m'as interrompu ?" Lui demandais-je sans le regarder dans les yeux.

- "Je n'allais tout de même pas te laisser lui dire quoi que ce soit à notre sujet."

- "Mais je ne lui aurais rien dit." Protestais-je.

- "Dans ce cas qu'est-ce que tu étais sur le point de lui dire ?"

- "Je… Je l'ignore. Je lui aurais avoué que j'étais au courant de tout, mais je te jure que je n'aurais rien dévoilé."

- "Et qu'est-ce que ça aurait changé ?" Demanda-t-il. "Elle aurait su que tu lui mentais et après ? Tu crois que ça lui aurait fait se sentir mieux ?"

Je ne répondis pas. Je sentais les larmes qui menaçaient de couler, tellement j'étais tiraillée.

- "Non." Murmurais-je en sortant de la chambre. "Mais ça m'aurait permis de me sentir un peu moins monstrueuse."

Je me dirigeai vers le sofa et m'assis en me prenant la tête dans les mains. J'avais honte, tellement honte que je voulais disparaître. Je sentis un bras froid m'entourer et une seconde après, j'étais dans ses bras.

- "Je suis désolé de devoir t'infliger ça." Murmura-t-il. Je secouai la tête vivement.

- "J'aurais préféré ne rien savoir, être dans l'ignorance. Je ne peux même plus la regarder dans les yeux !" Une larme coula le long de ma joue. "J'ai besoin de lui dire, besoin qu'elle le sache."

- "Tu sais bien que c'est impossible." Je me levai brusquement et mon sang ne fit qu'un tour.

- "Pourquoi ?" Criais-je. "Pourquoi est-ce que je ne peux pas simplement tout lui dire? Elle mérite de le savoir. Plus que moi."

- "Tu crois qu'Emmett t'a menti lorsqu'il t'a dit que c'était trop dangereux ? Tu te trompes."

- "Pourquoi elle serait en danger et moi non ?" Rétorquais-je.

- "Je n'ai jamais dit que tu ne l'étais pas." Il se pinça l'arête du nez. Je déglutis après avoir entendu ce qu'il venait de dire.

- "Je… Je ne comprends pas." Il soupira.

- "Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons, Bella. Il y a des règles que l'on doit respecter." J'écarquillai les yeux.

- "Des règles ?" M'étonnais-je. C'était quoi ça encore ? Il détourna les yeux.

- "Seulement une, pour être précis."

- "Et alors ? Quelle est-elle ?" Demandais-je curieuse. Il baissa les yeux avant de les remonter et de consentir à répondre.

- "Aucun humain ne doit être au courant de notre existence."

J'ouvris la bouche d'étonnement. Quand j'y pense, je trouvais cela assez logique. Même carrément logique. Mais ça commençait à m'inquiéter.

- "Je vois… Donc… Ça veut dire que vous risquez quelque chose ?" M'enquis-je avec crainte. Le fait que je sois au courant les mettait en mauvaise posture et rien que pour ça, je me détestais. Edward fronça les sourcils.

- "C'est pas vrai…" Marmonna-t-il. "Est-ce que pour une fois, tu pourrais essayer d'arrêter de t'inquiéter pour les autres et de t'inquiéter pour toi ? Je t'ai dit qu'aucun humain ne devait connaitre l'existence des vampires et c'est pour nous que tu t'inquiètes ?" S'exclama-t-il atterré. "Bella, c'est toi l'humaine qui connait notre existence. S'il y a quelqu'un ici qui risque quelque chose, c'est toi." Je vis une lueur de souffrance dans ses traits impeccables. Ça devait le torturer. "Si j'avais pu empêcher le fait que tu apprennes la vérité, crois-moi, je l'aurais fait. Moi aussi, je préfèrerais que tu sois ignorante. Du moins pour ce qui est de ta sécurité. Mais je n'ai rien pu faire pour t'en empêcher. Et c'est justement ce qui me torture l'esprit."

- "Qu'est-ce que je risque ? La mort ?" Osais-je demander avec peine. Il ne répondit pas et se contenta de regarder ailleurs, au loin.

Je compris à cet instant que j'avais visé juste. Cela me fit frissonner. Mais pour une raison encore inconnue, j'avais le sentiment qu'il me taisait une information. Je commençais à bien le connaitre et je pouvais déchiffrer ses traits sans peine, enfin presque. Parce qu'à chaque fois que je crois l'avoir cerné, je me rends compte qu'il est toujours plus complexe. Vraiment frustrant.

- "Edward ?" Appelais-je, voyant qu'il ne me répondait toujours pas. "Je risque de mourir ?" Il secoua la tête avec difficulté.

- "Je ne veux pas y penser." Marmonna-t-il. À cet instant, j'éprouvais comme un besoin irrationnel de le rassurer.

- "De toute façon, à part vous, je ne connais aucun vampire. Donc je ne vois pas comment… Et puis d'ailleurs qui est-ce qui se charge d'appliquer les lois ?" Demandais-je avec curiosité.

- "Une famille de Vampires vivant en Italie." Répondit-il sur un ton monocorde. "Ce sont les vampires les plus anciens, les plus puissants et les plus influents qui existent. Les Volturi." Il avait craché ce mot comme s'il en était dégouté.

- "Et ils me tueront obligatoirement s'ils apprennent mon existence ?" Je vis à nouveau ce regard perdu au loin. Puis il baissa les yeux.

- "Ce serait inévitable." Dit-il, la tête baissée. Je savais qu'il ne me disait pas la vérité. Pourtant il n'avait pas l'air de me mentir non plus. Alors qu'est-ce qu'il me cachait? J'aurais bien aimé le savoir, mais je sentais qu'il ne voulait pas que l'on s'attarde sur le sujet. Et je devais avouer que discuter de ma mort probable n'était pas un sujet très plaisant.

- "Donc c'est pour ça qu'il ne faut pas qu'elle sache." Conclus-je tristement. Il était clair qu'il était hors de question pour moi de mettre Rosalie dans un quelconque danger, peu importe mes états d'âme.

- "Nous ne voulons prendre aucun risque. Et c'est également pour cette raison qu'il faut absolument qu'elle cesse ses recherches et mette fin à cette obsession. Elle en sait déjà beaucoup trop et les Volturi seraient capable de s'occuper d'elle pour moins que ça."

- "Mais si je lui disais." Implorais-je. "Elle arrêterait tout ça et ne se ferait pas remarquer."

- "On ne sait pas comment elle réagira, Bella." Contra-t-il avec calme. Je fronçais les sourcils de mécontentement.

- "Rosalie ne le dirait jamais à qui que ce soit." Je tenais à prendre sa défense. Je la connaissais mieux que personne et ne pouvais tolérer que l'on puisse penser qu'elle divulguerait.

- "Tu ne le sais pas."

- "Bien sûr que si ! C'est exactement comme le fait qu'elle garde le secret des Quileutes."

- "Si ma mémoire est bonne, elle n'a pas été aussi silencieuse que tu ne le dis puisque même pas une semaine après, elle t'a tout raconté." Argua-t-il.

- "C'est parce que je lui ai forcé la main. Et puis elle me dit toujours tout." C'était exactement la raison pour laquelle je me sentais si affreuse.

- "Mais les Quileutes, elle les apprécie. Tandis que nous, elle ne nous doit absolument rien." Je fis mine de réfléchir.

- "Elle aime Emmett." Murmurais-je tout bas. Je tournai mon visage vers lui et le vis qui avait l'air en pleine réflexion. J'écarquillai les yeux quand je vis qu'il ne me contredisait pas. "Alors c'est vrai ? Elle l'aime ?" M'exclamais-je incrédule.

Il soupira avant d'hocher la tête.

- "Elle y pense un peu plus chaque jour. Et elle est un peu jalouse des liens que tu as tissés avec lui." Dit-il avec un sourire en coin. Je le regardais éberluée.

Je savais qu'elle n'était pas indifférente. Elle avait tout de même rougi, dans la voiture, ce jour-là. Et puis elle s'était laissé embrasser. Elle avait beau déclarer qu'elle n'avait pas pu bouger et qu'elle n'avait pas eu le choix, j'étais persuadée qu'elle n'avait pas mis beaucoup de volonté pour le repousser à ce moment-là. Un sourire se forma sur mon visage.

- "C'est fantastique !" M'exprimais-je gaiement. "Elle pourra enfin être heureuse."

- "Tu te fais des idées, Bella." Me dit-il en coupant court à mes soudaines pensées idylliques. "Jamais ça ne pourra marcher entre eux." Décréta-t-il sûr de lui.

- "Pourquoi ?" M'emportais-je. "S'ils s'aiment, je ne vois pas où est le problème." Il me regarda intensément avant de caresser l'une de mes joues avec un sourire contrit.

- "Au fond de toi, tu sais que j'aie raison." Je secouai la tête, refusant de l'écouter. Mais il n'avait pas tort. Je savais à l'intérieur de moi que ça ne marcherait pas. '"Bella." Commença-t-il. "J'ai bien lu les pensées de Rosalie. Elle s'éloigne volontairement de lui car son instinct d'auto préservation est très puissant. Ce serait bien qu'elle t'en passe un peu, d'ailleurs. Cependant il n'y a pas que ça. Et tu es sa meilleure amie. Je pense que tu sais très bien pourquoi Emmett ne lui conviendra jamais."

Je ne répondis pas, tellement j'étais attristée. Oui, il avait entièrement raison. Bien que Rosalie ignore encore pourquoi, la vérité était que c'était une cause perdue. Ils n'avaient aucun avenir, aucun futur ensemble. Même moi, je me demandais si j'avais un avenir avec Edward. Je n'arrivais pas à me l'imaginer. Et pourtant, je n'arrivais pas non plus à imaginer un avenir sans lui.

- "Mais si elle savait ce vous êtes, elle arrêterait d'avoir peur." Répliquais-je. Il me regarda étonné.

- "Tu crois vraiment que le fait de savoir que nous sommes des vampires lui fera moins peur ?" Demanda-t-il amusé. Je réprimais un sourire. C'est vrai que dit comme ça, ça ne ferait qu'augmenter sa crainte.

- "Mais si elle savait que vous ne tuez personne, que vous n'êtes pas dangereux…"

- "Nous sommes dangereux." Contra-t-il. "Simplement, nous essayons tant bien que mal de ne pas l'être."

- "Et vous y arrivez très bien." Souris-je. Il me rendit mon sourire en plus impeccable et fit glisser sa main de ma joue, vers mon cou. Je n'en étais pas sure, mais je crois qu'il écoutait mon pouls. Il avait l'air concentré. Moi je n'osais pas bouger, tellement son contact m'anesthésiait.

Après une bonne minute de silence, il ancra son regard dans le mien et me parla avec une voix douce et sérieuse.

- "Je crois qu'il faut qu'on discute." Je clignai des yeux plusieurs fois et lui lançai un regard interrogateur.

- "Qu'est-ce qu'il y a ?" Je commençais à avoir peur. Et s'il me quittait ? Non, pas possible. Je ne m'en remettrai jamais. Pourtant une personne qui commence comme ça, ce n'est jamais bon signe.

- "Je pense que tu devrais lui parler." Je me redressai subitement. Je savais exactement de qui il parlait.

- "Quoi ?"

- "Tu m'as entendu." Répondit-il avec inquiétude. Je secouai véhément la tête, en proie à une soudaine panique.

- "Non." M'exclamais-je, soudainement paniquée. "Je ne peux pas. Je ne peux pas." Je commençais à trembler et il me prit dans ses bras presque immédiatement. Il me caressait doucement, de sorte à m'apaiser et je finis par me calmer.

- "Je sais que c'est difficile pour toi d'y songer. Mais la meilleure chose à faire pour tourner la page est de te confronter à lui une bonne fois pour toutes."

Encore une fois, il avait raison. Mais là, il était tout bonnement hors de question que je cède.

- "Je ne suis pas prête pour ça." Lui avouais-je à demi-mots.

- "Alors ne le fais pas maintenant." Me rassura-t-il. "Écoute. Je ne te force à rien. Je voudrais simplement que tu y penses car tu ne pourras pas fuir toute ta vie, Isabella. Et un jour, tu te sentiras prête. Ce jour-là, je serai là pour toi."

Je relevai la tête de son torse pour le regarder dans les yeux, émerveillée par ce qu'il venait de me dire. Il sera là pour moi. Il ne me quittera pas. L'idée d'un futur proche à ses côtés était plus qu'alléchante.

Je remarquai qu'il avait utilisé mon prénom au complet. Je crois bien que c'est la première fois. Je n'aimais généralement pas que l'on m'appelle par mon véritable prénom. Cependant, étonnamment il avait été parfaitement approprié au moment où il l'avait employé.

Je passai mes bras autour de son cou comme j'aimais si bien le faire, et mis mon visage entre son cou et son épaule. J'étais bien à cet instant, sereine, heureuse. J'avais l'impression que je pourrai tout surmonter, n'importe quel obstacle, tant que je serai à ses côtés, aussi proche de lui. Je me sentais en sécurité.

- "Je crois que je suis en retard pour le travail." Murmurais-je contre son cou, réprimant un rire.

- "Si ça peut te réconforter, sache que tu vas recevoir la visite de ma sœur aujourd'hui." Mon sourire s'élargit à cette pensée. Je n'avais pas revu Alice et j'ignorais totalement comment elle avait réagi.

- "Je n'ai pas envie de m'en aller." Avouais-je.

- "Moi non plus." Murmura-t-il.

Je relevai les yeux vers lui et nos regards se croisèrent pour ne plus se quitter. C'était comme si le temps s'était arrêté. En dépit de tous les derniers évènements, et de notre conversation, je n'en restais pas moins heureuse. Au contraire, j'avais l'impression d'être la personne la plus heureuse de la Terre. Je voudrais tant me pencher pour l'embrasser, mais je me retenais difficilement. Il n'aurait probablement pas apprécié. Ce n'était pas le bon moment, sachant qu'il manquait de contrôle. Enfin, d'après ses dires, car il n'a pas eu le moindre problème pour me prendre dans ses bras. Peut-être que cela est différent lorsqu'on embrasse, entre l'haleine, la proximité, le souffle… Il faudra qu'il m'explique un de ces jours.

Peut-être aussi que nous n'aurions pas eu ce problème, si j'étais comme lui. C'est étrange, mais je me mis à imaginer ce que ce serait d'être vampire. L'idée m'avait déjà traversé l'esprit, mais je l'avais vite repoussé, sachant que ce n'était pas du tout ce que j'imaginais comme avenir.

Mais à présent, les choses avaient changé. Depuis qu'Edward m'avait dit hier que nous finirions par nous séparer, faute d'être naturellement incompatibles, je ne pouvais m'empêcher de songer à une solution qui empêcherait ce dénouement désastreux. Désastreux, et surtout fatal pour mon cœur. Et la seule solution qui me venait à l'esprit était de devenir comme lui. Pourvoir vivre l'éternité à ses côtés… Oui, j'aimais définitivement cette perspective.

Là, je bénissais le seigneur pour ne pas avoir donné à Edward un libre accès à mes pensées. S'il avait su qu'à cet instant, j'étais en train de souhaiter être un vampire, nous serions sans doute partis dans une grande dispute qui ne m'enchante guère. Je sais qu'il serait complètement opposé à ça, la preuve, pas une seule fois il ne se l'est imaginé quand il a déclaré haut et fort que notre histoire était condamnée. Il a même dit que son monde n'était pas pour moi. Pour lui, notre histoire est vouée à l'échec car pas une seconde il ne pense à l'idée de me transformer. Il ne m'a même pas expliqué comment ça marchait. Pas sure qu'il en ait envie, d'ailleurs.

Je me demande même s'il ne préférait pas une séparation, plutôt que d'envisager la possibilité de me transformer. C'est pourquoi il est intolérable que je lui fasse part de mes pensées. Il ne devait pas savoir à quoi je songeais. Alors je gardai ça pour moi.

………………………

- "Bella ?"

Je relevai la tête pour me trouver face à Alice, qui était entrée dans le magasin sans que je ne le remarque. Elle arborait un visage concerné. Il n'y avait pas son petit sourire, ni son entrain habituel.

- "Salut Alice." Lui souris-je gentiment. "Edward m'a dit que tu passerais."

- "Depuis quand c'est lui, le voyant ?" S'exclama-t-elle. Je réprimai un rire. Elle perdit son entrain et se recomposa un visage désolé.

- "Alors…" Engageais-je la conversation. "Comment vas-tu ?"

- "Oh, Bella !" Cria-t-elle en se précipitant vers moi et en me prenant dans ses bras. "Je suis vraiment désolée. Je savais que ça ne marcherait pas. J'ai tout fait pour l'empêcher mais… Pardonne-moi."

Je m'éloignai d'elle avec un air coupable.

- "Non, Alice. C'est moi qui dois te prier de me pardonner. J'aurais dû t'écouter. Tu n'as pas arrêté de me dire que c'était une mauvaise idée et je n'en ai fait qu'à ma tête. J'ai refusé de t'écouter alors que c'est toi qui avais raison. J'ai osé mettre la parole de la meilleure voyante que je connaisse en doute. Je m'en excuse."

Elle me fit un sourire franc, et m'enlaça de nouveau.

- "On n'a pas l'air de deux idiotes, à s'excuser toutes les deux." Dit-elle, déclenchant un léger rire de ma part.

Elle se recula et me regarda avec affection.

- "Tu sais, je suis vraiment triste de ce qui t'aie arrivé, il y a cinq ans. Je savais que tu avais eu de bonnes raisons de trainer mon père en justice. Mais j'ignorais que tu avais autant souffert. Après qu'Edward soit parti, Carlisle nous a parlé du nombre de fois où tu avais tenté de mettre fin à tes jours."

Elle avait l'air peinée, même pire que peinée. Ça l'a touchait profondément. Je mis une main sur son épaule et lui souris de réconfort

- "Tout va bien, maintenant. C'est du passé." Dis-je avec du ressenti dans la voix.

Même si comme je venais de le dire, ces évènements feraient toujours partis de moi. Ma fille qui est venue au monde avant de mourir, faute d'oxygène, ferait toujours partie intégrante de mon être. Il y aura toujours une part de moi, qui éprouvera un manque incapable d'être comblé. Surtout en sachant que je n'aurai plus jamais l'occasion d'avoir un autre enfant, d'avoir un ventre rond ainsi qu'un instinct maternel.

Lorsque mon bébé est mort, il y a cinq longues années, il a emporté une partie de mon cœur avec lui. Une partie qui ne reviendra jamais. Et c'était ce qui m'avait tué à petits feux. J'avais essayé de me tuer car à cette époque, c'était mon cœur tout entier qui avait été emporté. J'étais dévastée, anéantie, délaissée, morte à l'intérieur. Pour moi, il n'y avait plus aucune raison pour que je continue ma vie, sans mon enfant à mes côtés.

De plus, je ne voyais pas pourquoi j'avais le droit de vivre, quand elle, ne l'avait pas.

Le seul moyen pour moi de retrouver la paix était de la rejoindre. Alors j'avais tout tenté, désespérément. Mais Carlisle l'a toujours su, et m'en a toujours empêché. Je n'avais plus jamais l'occasion d'être seule, toujours accompagnée par quelqu'un. Même quand j'étais rentrée à la maison, mon père n'allait plus au travail pour me surveiller et prendre soin de moi. Ma porte restait toujours ouverte et Esmée était venue vivre à la maison et on avait installé un lit dans ma chambre afin qu'elle puisse dormir près de moi. J'aurais pu faire des tentatives pendant qu'elle dormait, mais je m'y étais refusée.

Pour moi, il était hors de question que je me suicide sous sa surveillance. Ça aurait été égoïste et monstrueux de ma part. Elle se serait sentie tellement coupable la connaissant et aurait cru qu'elle n'avait pas assez veillé sur moi et qu'elle avait été indigne, alors qu'en réalité, ça avait été tout le contraire. Elle avait été formidable. Elle a toujours été formidable.

Je ne pouvais pas lui faire une chose pareille.

Au fil des jours, on m'a forcé à aller voir un psychologue. Mon état se dégradait, j'étais en train de sombrer. Je ne parlais plus à personne, et je ne faisais qu'envoyer mon psy bouler. Jusqu'au jour où j'ai fait la connaissance de Rosalie et que j'ai renoué avec la vie. J'ai reparlé à Angela, à mon père et je me mettais même à sortir de la maison.

Bien sûr, je ne peux pas dire que Rosalie m'a rendu heureuse. Elle ne m'a pas non plus redonné l'envie de vivre. Mais elle m'a tout de même donné l'envie de ne pas baisser les bras. Grâce à elle, je marchais à nouveau, même si je ne courais pas.

Mais tout cela, tout cet enfer et cette peine, jamais je n'en parlerai à Alice.

Je préférais lui dire que j'avais tourné la page et que je n'étais plus malheureuse. Dans le fond, c'était vrai. J'avais bel et bien tourné la page et j'étais heureuse. Mais les souvenirs sont comme marqués dans du marbres, ils sont gravés dans la roche, ils ne s'en vont jamais. Je ne pourrai jamais me débarrasser de ce poids lourd. Et c'est ce que je ne dirai jamais à personne. Ni à Alice, ni à Edward, ni à Charlie, ni à personne d'autre. Il valait mieux les laisser croire que j'allais parfaitement bien et que je n'y pensais plus.

- "Mais ce n'est pas un passé dont on peut se détacher, Bella." Alice m'interrompit dans mes réflexions et me ramena à l'instant présent.

- "Je suis passée à autre chose, Alice. Ne t'en fais pas pour moi. Tout est fini." Lui assurais-je. Elle me fit un sourire contrit.

- "Tant mieux, car tu mérites d'être heureuse." Je lui souris tendrement, tout en me disant qu'elle se trompait. Elle avait tort, je n'étais pas quelqu'un de bien. Quelqu'un de bien, ne mentirait pas délibérément à sa meilleure amie et n'essaierait pas d'envoyer un homme en prison, en voulant à tout prix trouver un coupable et rejeter la faute sur lui. Je n'étais pas une bonne personne. Je ne méritais pas Rosalie et je ne méritais pas Edward.

- "Tu vas rester longtemps ?" Lui demandais-je. J'aimais bien sa compagnie, ça rendait mes journées plus intéressantes.

- "Jusqu'à ce que tu me mettes à la porte." Sourit-elle.

- "Tu risques d'attendre très longtemps, dans ce cas."

- "Au fait." Dit-elle en reprenant un visage sérieux. "Il y a quelque chose dont j'aimerais te parler." Je tendis l'oreille et elle reprit avec application et conviction. "Je sais qu'Edward t'en a déjà parlé ce matin…"

- "Alice." La coupais-je. "Je ne veux pas en discuter."

- "Pourtant il va bien falloir que tu le fasses un jour." Se défendit-elle. "Tu ne peux pas éviter Carlisle indéfiniment. Vous avez besoin de vous parler. Il faut que tu l'écoutes."

- "Et pourquoi ferais-je ça ?" Rétorquais-je énervée.

- "Parce qu'il a cru bien faire, il a fait ce qui lui semblait être juste. Et il avait raison." Je baissai la tête.

- "Je sais qu'il a eu raison." Murmurais-je tout bas. "Je le réalise maintenant. Mais je lui en ai tellement voulu, je ne peux pas oublier cette rancœur comme ça. Et puis… Il doit m'en vouloir, pour tout le mal que je lui ai fait." Alice soupira.

- "Bella, mon père t'adore. Il nous a dit que tu avais été sa patiente préférée, il te considère comme sa fille et il est vraiment triste que ça se soit terminé de cette façon. Il ne se sent pas coupable de t'avoir sauvé la vie car pour lui, c'était la meilleure décision. Mais il aurait vraiment aimé que ça se passe autrement et que tu sois heureuse avec ton bébé."

- "Il n'aurait jamais dû me faire de promesse. C'est ça, sa véritable erreur." Alice hocha la tête.

- "Là-dessus, tu as entièrement raison. C'est pour ça que tu dois t'expliquer calmement et posément avec lui. Le jeu du chat et la souris a assez duré."

- "Je le sais. Et je suis en train d'y réfléchir." Déclarais-je. "Mais pour le moment, c'est encore trop tôt. J'ai besoin d'un peu de temps." Elle me sourit.

- "Ne traîne pas trop." Me dit-elle.

- "Au fait." Changeais-je de sujet, à mon plus grand bonheur. "T'avais raison, Jasper est quelqu'un de formidable." Le sourire d'Alice s'agrandit et je pus voir ses dents.

- "Si tu savais, Bella." Dit-elle avec un air rêveur. "Rien qu'en repensant à notre rencontre et à notre premier baiser…"

Et ça y est, c'est reparti pour le monde d'Alice au pays des merveilles, avec pour héros principal, son CHER Jasper. Elle commença à me déblatérer des choses qu'elle m'avait déjà dites une centaine de fois au moins. Je ne l'écoutais que d'une oreille car je connaissais déjà par cœur ce qu'elle me disait.

La journée passa très vite. Alice partit après m'avoir raconté leur première lune de miel, de long en large et en travers.

Je fermais la boutique, Mike étant absent pour « d'importantes révisions ayant lieu dans une boite de nuit à Port Angeles », et me dirigeai dehors.
Je n'eus même pas fait un pas qu'Edward était devant moi, et qu'un sourire se forma sur mon visage. C'était automatique. Dès que celui-ci apparait, je me mets à sourire, comme une ampoule qui s'illumine avec un interrupteur.

Je vins à sa hauteur, et passa mes bras autour sa nuque.

- "T'as les yeux tout clairs." Remarquais-je.

C'est vrai qu'il avait les yeux assez sombres ce matin et le contraste était assez évident. Je les trouvais magnifiques. L'or était scintillant et profond, j'avais l'impression de me perdre dans ses prunelles.

Pour toute réponse il me fit son sourire en coin et fondit sur ma bouche. J'avais attendu ce moment toute la journée…

Ses mains étaient dans le bas de mon dos et me rapprochaient de lui délicatement. Je caressais sa chevelure cuivrée, et ses lèvres se firent plus pressantes. Avant que la situation ne dégénère, il mit un terme au baiser et colla son front au mien.

- "J'ai une chose à t'avouer." Me dit-il. "J'ai démissionné." Je m'écartais brusquement.

- "Mais enfin pourquoi tu as fait ça ?" Demandais-je étonnée.

- "Je n'aime pas être loin de toi." Mes joues s'embrasèrent et je me sentis voler aux fins fonds des nuages.

- "Pourtant, ça te plaisait, non ?" Il soupira.

- "Pas tant que ça, en fait. C'était juste un moyen de passer le temps, quand Alice est avec Jasper et qu'Emmett butine de droite à gauche."

- "Ça ne te manquera pas ?" Demandais-je dubitative, tentant de réprimer mon sourire. J'étais particulièrement heureuse, mais j'essayais tout de même de ne pas le montrer.

- "Non, rassure-toi. J'ai pratiqué ce métier durant des années, j'en ai fait plusieurs différents également. Crois-moi, j'ai eu largement le temps de l'apprécier."

Cette fois je ne cachais plus mon sourire, et je me penchais pour l'embrasser.

- "Je t'aime." Lui dis-je en souriant. Il me rendit mon sourire et m'embrassa à son tour chastement.

- "Dis… Ça te dirait que je t'emmène manger quelque part ?"

- "Tu me laisserais payer ?" Osais-je espérer.

- "Certainement pas." Répondit-il fermement. Je soupirais.

- "D'accord. Mais pas trop cher alors." Il se mit à rire.

- "Bella, nous sommes riches. Plus que tu ne pourras jamais l'imaginer."

- "Et alors ? Je m'en fiche." Répliquais-je. "Mon égo ne se sentira pas mieux en sachant que vous êtes riches." Il secoua la tête amusé.

- "Très bien. Viens, je t'emmène à Port Angeles et c'est toi qui choisiras."

- "Attends." Le stoppais-je. "Ça t'ennuierait si je passais voir ma tante rapidement ? Je ne l'ai pas vu depuis pas mal de temps et j'avais pris la décision d'aller la voir aujourd'hui."

J'avais besoin de revoir Esmée. Son arrivée à Forks aurait dû nous rapprocher mais au contraire, j'ai l'impression que cela nous a éloignées.

- "Non, pas du tout." Répondit-il en haussant les épaules.

- "Merci." Souris-je.

Nous marchâmes main dans la main, vers la boutique, parlant de tout et de rien. J'appréciais ce contact et cette simplicité que nous avions à parler de n'importe quoi. Son téléphone sonna tout à coup et il décrocha.

- "Alice ?" Répondit-il. Il avait dû voir son nom s'afficher.

- …

- "Quoi ?" Je le sentis se tendre à côté de moi, et son regard s'assombrit.

- …

Il me jaugea du regard avant de revenir à son téléphone.

- "Oui je les entends. Je n'y avais pas prêté attention." Je fronçai les sourcils. Mais de quoi il parlait ?

- …

- "Merci Alice. À plus tard."

Il raccrocha et se retourna vers moi tandis que je le regardais curieuse.

- "Un problème ?" Demandais-je.

- "Aucun." Répondit-il rapidement. "Écoute. Il se fait tard et je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu ailles la voir maintenant. Et si tu remettais ça à demain?"

Je fus étonnée et surprise.

- "Pourquoi ? La boutique est juste là." Dis-je en désignant une boutique au bout du trottoir.

- "Bella…" Implora-t-il. "Viens, je t'emmène directement à Port Angeles." Je secouai la tête.

- "Mais qu'est-ce qui te prend ?"

- "Rien." Réfuta-t-il. Mais bizarrement, je sus qu'il mentait. Ni une ni deux, je fonçai vers la boutique. "Bella !" Appela-t-il.

À peine arrivée devant la boutique, que je me figeai devant le spectacle qu'on m'offrait.

Devant moi – ou plutôt devant les vitres de la boutique – se trouvait ma tante Esmée, en charmante compagnie. Et de ce que j'y voyais, ils s'embrassaient langoureusement et amoureusement.

J'avais attendu longtemps ce jour où Esmée connaitrait enfin le bonheur dans les bras d'un homme. Et je m'étais dit que le jour où ça arriverait, j'en serai la plus heureuse. Mais j'avais beau chercher, je n'arrivais pas du tout à être heureuse en la voyant embrasser cet homme.

Car ce qui me paralysa, ne fut pas qu'elle soit en train d'embrasser un homme, mais que cet homme soit celui qui me hante depuis des années, celui qui a mis fin à mon rêve pour me sauver, qui se trouve être un vampire et qui s'appelle Carlisle Cullen.

Je ne savais pas combien de temps je restai là, à les observer la bouche ouverte, complètement oublieuse du monde qui m'entourait. Ce fut une main froide se posant sur mon épaule qui me ramena à la réalité et au moment présent. Je ne tournai pas ma tête vers lui, trop hypnotisée et statufiée. J'avais conscience de la présence d'Edward mais je ne pouvais pas détourner le regard de ma tante et de mon ancien médecin s'embrassant.

- "Je n'arrive pas à le croire…" Murmurais-je, trop abasourdie pour savoir ce que je ressentais réellement.

- "Viens, je te ramène chez toi." Je secouai la tête.

- "Tu étais au courant ?" Demandais-je.

- "Alice vient de m'appeler pour me prévenir et j'ai entendu leurs pensées, c'est pour ça que j'ai tenté de t'empêcher de…"

- "Non." Le coupais-je. "Je voulais savoir si tu étais au courant qu'ils étaient… Enfin tu vois ce que je veux dire." Je ne pouvais pas continuer ma phrase. C'était trop dur d'y penser. Je l'entendis soupirer.

- "Oui, je le savais. Mais tu n'avais pas besoin de l'entendre. Ça n'aurait pas été bon pour toi de l'apprendre en ce moment. Surtout par moi."

Je hochai la tête. Il avait raison, ce n'était pas à lui de me le dire.

- "Je ne t'en veux pas." Répondis-je, toujours obnubilée par les deux autres.

- "Mon père vient de sentir notre présence." M'informa Edward.

Soudain, je vis le Docteur Cullen relever la tête en perdant son sourire, et regarder dans notre direction. Son air alarmé dû inquiéter Esmée car elle se tourna et nous vit à son tour. Elle eut alors un air affolé tandis que je les dévisageais, inexpressive. J'étais tellement chamboulée que j'étais incapable de montrer mes émotions. Je les regardais avec le visage impassible. Je sentis une pression sur mon épaule mais n'arrivait pas à me décrisper. Sans crier garde, je m'enfuis.

Je sais ce que je donne l'impression de prendre la fuite à chaque fois que je rencontre des problèmes, mais je n'y pouvais rien. Ce devait être au moins la millième fois que je prenais mes jambes à mon cou lors d'une situation houleuse. J'avais honte. Honte de mon comportement. Mais qu'importe. On ne change pas ses vieilles habitudes de trouillarde.

Sans m'en rendre compte, j'étais revenue à la boutique Newton, là où j'y avais laissé ma camionnette. Je m'assis par terre, le dos contre la voiture, côté conducteur, de sorte à ce que personne ne me voit. Évidemment, c'est sans compter sur mon vampire gardien qui s'assit à mes côtés, passant un bras autour de mes épaules. Je m'appuyai sur lui, et soupirai.

- "Comment a-t-elle pu me faire ça ?" M'exclamais-je.

- "Elle ne l'a pas décidé. Elle l'aime profondément." Répondit-il. "Et lui aussi." Je secouai la tête.

- "Il n'a pas le droit." Réfutais-je. "C'est ma tante, dont il s'agit. Merde, il n'avait pas le droit."

- "Bella, calme-toi. Tu n'y peux absolument rien."

- "Mais il va la faire souffrir. Exactement comme il m'a fait souffrir."

- "Tu te trompes." Me contredit-il. "Il l'aime profondément. Autant que Jasper aime Alice, autant que moi je t'aime." Termina-t-il. Je n'osais pas le regarder tellement je rougissais furieusement, mais je raffermis ma prise autour de lui.

- "Je ne peux pas accepter ça." Déclarais-je tristement. "Je ne peux pas les voir… Aussi… Comme ça. Je ne peux pas le supporter."

- "Pourtant il va bien falloir que tu le supportes. Car elle va devenir un vampire."

À ces mots, je me détachai de lui brusquement et me mis debout.

- "Qu'est-ce que tu viens de dire ?" Il se leva à son tour à la vitesse de la lumière.

- "Ils sont tous les deux d'accords pour la transformer." Avoua-t-il. Je paniquai.

- "Tu veux dire qu'elle est au courant ?"

- "Il a préféré le lui dire dès le début."

- "Et elle l'accepte ?" Demandais-je, ne pouvant y croire.

- "Comme tu as pu le voir de tes propres yeux." Je m'emportai.

- "Mais c'est impossible !" Je me pris la tête dans les mains. "Elle ne peut pas, Edward. Elle ne peut pas."

Il vint vers moi et mit ses mains sur mes avants bras.

- "Je suis désolé que tu l'aies appris comme ça." Il caressait mes avants bras de haut en bas dans un geste qui se voulait réconfortant.

D'un certain côté, j'étais jalouse. J'étais jalouse du fait qu'elle, allait devenir l'une des leurs. Et de l'autre, j'étais énervée.

- "Alors elle, a le droit d'être mise au parfum mais Rosalie n'aurait pas le droit de savoir ?" M'énervais-je. "C'est totalement injuste !"

- "Rosalie n'a pas de liaison sérieuse, ni de lien avec nous si ce n'est toi." Se justifia-t-il.

- "Elle pourrait en avoir une et tu le sais !"

- "Non elle ne pourrait pas et tu sais très bien pourquoi." Contra-t-il.

- "Peu importe, elle ne divulguerait jamais votre secret."

- "Ça, ça reste encore à prouver."

- "Tu dis ça uniquement parce qu'elle côtoie les Quileutes, J'ai raison ?" Il ne répondit pas et je m'éloignais de lui, en colère. "Il est hors de question qu'Esmée sache et elle non."

- "Bella, je lis dans ses pensées. Crois-moi, si je n'avais pas le moindre doute sur ses intentions, je t'aurais laissé lui parler. Mais…"

- "Tu ne sais rien de ses intentions !" Criais-je.

- "Toi non plus. Qui te dit qu'elle ne s'enfuira pas en courant et en révélant au premier venu ce que nous sommes ? Qui te dit qu'elle n'ira pas faire un scandale ?"

- "Parce que j'ai confiance en elle." Murmurais-je, au bord de la crise de nerfs. "Si ça n'avait tenu qu'à moi, je lui aurais tout déballé."

- "Écoute Bella." Dit-il sérieusement. "Je sais à quel point tu te sens coupable de ne rien lui dire. Tu as l'impression de la trahir et rien que pour ça, je m'en veux de faire partie de ta vie et de t'infliger ça. Mais tu ne peux pas…"

- "Ne me dis pas ce que je peux ou ne peux pas faire, c'est clair ? Si je veux aller la trouver et tout lui raconter, je le ferai."

S'il y a bien une chose dont j'avais horreur, était qu'on me dicte ma conduite. Il se pinça l'arête du nez avant de revenir vers moi.

- "De toute façon, là n'est pas le problème. Je ne sais même pas pourquoi on en est revenu à notre discussion de ce matin." Je soupirai.

Il avait raison, la véritable source du problème et de mon énervement, était ma tante en train d'embrasser mon traître de docteur.

- "Je n'ai pas envie d'en parler." Déclarais-je. "Pour le moment, c'est trop dur à digérer. Je ne peux pas accepter qu'elle soit amoureuse de lui." Il hocha la tête, compréhensif.

- "Je comprends. Mais laisse-moi te dire une chose. Esmée l'aime sincèrement. Ils se complètent. Tu voulais la voir heureuse avec quelqu'un, et bien elle est heureuse."

- "Ah ouais ? Avec un vampire ?" Rétorquais-je acide, sans même me rendre compte de ce que j'avais osé dire. Je le regardai choquée, me fustigeant mentalement pour mes paroles que je ne pensais pas une seule seconde. Il baissa les yeux, probablement peiné ou blessé. "Ce n'est pas ce que je voulais dire…"

- "C'est vrai, tu as raison." Se reprit-il. "C'est une lamentable erreur de…"

- "Non, je ne le pensais pas. J'ai dit ça parce que j'étais énervée contre lui et contre elle aussi."

- "Bella…"

Je courus vers lui et pleurai dans ses bras.

- "Je suis désolée. Je te jure que je ne le pensais pas. Je t'aime, peu importe que tu sois vampire ou non. Pardonne-moi, je t'en prie."

Je l'entendis soupirer, et il referma ses bras autour de moi.

- "Tu n'as pas à te faire pardonner." Murmura-t-il. "Je ne t'en veux pas."

Je relâchai ma respiration, soulagée. Puis je relevais mon menton vers lui et décidai qu'il était grand temps que j'avance. Pour lui, pour moi et pour ma tante.

- "C'est d'accord." Déclarais-je, les sanglots qui séchaient. "Je crois qu'il est temps de lui parler."

Il me regarda les yeux ahuris.

- "Tu es sure de toi ?" S'enquit-il. "Tu as dit ce matin que tu n'étais pas prête pour ça."

- "Mais je le suis à présent. Je ne peux plus l'éviter. Il faut crever l'abcès, une bonne fois pour toutes."

Il m'offrit un sourire heureux et m'embrassa.

- "Merci, Bella." Je lui souris.

- "Non, merci à toi." Répliquais-je avant de reposer ma tête sur son torse, le seul endroit sur Terre où j'avais réellement envie de la poser.

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