Chapitre 13: Voile
« Lentement, la jeune fille se réveilla. Elle semblait immerger des ténèbres qui l'avaient engloutie, la laissant sans vie, coupée du monde extérieur, pour l'entraîner dans les abîmes les plus profonds du Néant. Lorsqu'elle ouvrit les paupières, très légèrement, elle sentit une boucle consistante et importante au niveau de son ventre, ainsi qu'une affreuse douleur lancinante.
"Où suis-je?" Se demanda-t-elle. "Que s'est-il passé?"
Sa vision était floue et troublée. Elle ne distinguait pas nettement les couleurs qui l'entouraient. Cependant elle arrivait à percevoir la blancheur des murs qui la retenaient captive. Elle vit au loin une porte. Puis plus près d'elle, une table avec un vase garni de tulipes rouges. Et à coté, une chaise vide.
Elle cligna des yeux plusieurs fois car la lumière lui faisait horriblement mal. Ses yeux n'étaient plus habitués, faute d'avoir séjourné dans l'ombre et l'obscurité trop longtemps.
Puis ce fut la panique.
Elle se mit à gémir faiblement, sa voix n'ayant pas été travaillée depuis plusieurs jours. Elle s'époumonait plus qu'autre chose, quand elle sentit soudainement une main froide, glacée, se poser sur son front dans un geste qui se voulait réconfortant.
- "Chut..." Lui murmura une voix masculine, douce et étonnamment apaisante. "Tout va bien." Répéta cette même voix, comme elle ne se calmait toujours pas.
La main, appartenant probablement au détenteur de la voix, entreprit de caresser affectueusement le front recouvert de sueur. La jeune fille tourna alors la tête dans un mouvement brusque qui lui octroya une douleur chaude au coin de sa tête. Sa respiration s'accéléra de devint râpeuse.
Une nouvelle fois, la même voix tenta de la réconforter et de l'apaiser. Lorsqu'elle posa les yeux vers le visage de l'homme qui lui caressait le front, elle se surprit à cligner des yeux un bon nombre de fois avant de se stabiliser. Cette fois, ce n'était point à cause de la lumière qui lui donnait mal aux yeux, mais parce que l'homme qu'elle était en train de fixer était sans conteste, l'homme le plus resplendissant et le plus étrange qui soit.
D'une beauté irréelle, presque hors d'atteinte, il était néanmoins plus blafard que la neige, et ses yeux étaient d'un or envoûtant, qui lui donnait un air mystérieux. Ses cheveux blonds, coiffés impeccablement, lui donnaient des allures d'anciens britanniques.
- "Mademoiselle?" Elle entendit clairement sa voix qui avait tenté de la calmer tantôt. "Mademoiselle, vous m'entendez?"
Elle tenta de lui répondre mais les seules choses qui sortaient de sa bouche étaient des syllabes incohérentes.
"Reposez-vous Isabella. Vous êtes éprouvée et avez besoin de récupérer."
Il avait comprit qu'elle ne serait pas en état de formuler quoi que ce soit de compréhensible, mais il était tout de même heureux qu'elle se soit enfin réveillée.
La jeune fille, avant de replonger aux pays des songes, trouva contre toute attente, la force et le courage nécessaire, pour lui murmurer quelque chose.
- "Bella. Juste Bella." »
« La lumière du jour ne fut pas aussi difficile à s'y habituer, lorsqu'elle ouvrit les yeux pour la seconde fois.
Elle reconnut les murs blancs, la table, la chaise, la porte et le bel homme blond, habillé en une blouse blanche. Celui dont elle avait cru avoir rêvé l'existence.
- "Bon réveil Bella." Encore cette même voix. Elle s'étira, puis sentit la douleur qui lui tiraillait les muscles et lui comprimait les os. "Doucement." Lui dit-il.
- "On... Est... L'hôpital?" Balbutia-t-elle, complètement désorientée.
- "Tu te trouves effectivement à l'hôpital de Seattle." Lui apprit-il avec une voix douce. Elle n'osait pas le regarder dans les yeux, de peur de perdre contenance.
- "Et vous? Vous êtes qui?" Demanda-t-elle sans cacher sa curiosité. Il sourit.
- Je suis le Docteur Carlisle Cullen. C'est moi qui m'occupe de vous depuis votre... Accident." Acheva-t-il.
Ce fut à ce moment précis que Bella se remémora avec horreur.
« - "Tu n'auras pas ce bébé."
- "Tyler, je t'en pris." Avait-elle supplié. "Ralentis."
- "Non." Répondit-il, sans appel. "Tu n'auras pas ce..."
- "ATTENTION!!" »
Elle se mit à hurler en repensant aux évènements qui s'étaient produits.
- "Bella Bella. Calmez-vous." Ordonna Carlisle avec inquiétude.
- "Le... La... L'accident..." Bafouillait-elle, déstabilisée.
- "Je sais." Lui répondit-il avec douceur. "C'est fini. Tout va bien à présent." Elle se releva subitement.
- "Et le... Mon..."
- "Votre bébé s'en est sorti."
Aussitôt, elle plaça brusquement ses deux mains sur son ventre, qui avait gardé son volume. Elle soupira de soulagement.
- "Dieu Merci." Murmura-t-elle en fermant les yeux.
- "Vous avez eu énormément de chance." Enchaîna-t-il. Les secours ont été appelés rapidement. Ils vous ont maintenu tous les deux en vie, le temps que j'arrive à Seattle."
- "Vous n'habitez point ici?" S'enquit-elle avec un léger sourire. Ce à quoi il répondit par un sourire plein de charme.
- "Je vous raconterais volontiers ma vie avec joie, mais ce n'est pas de moi dont il faut parler." Elle soupira.
- "Je sais." Il sourit.
- "Bella, je sais que cette expérience a dû être traumatisante pour vous, mais j'ai besoin que vous me disiez de quoi vous vous rappelez exactement." Son cœur se mit à battre plus rapidement et la panique commença à la gagner.
- "On... On se disputait." Consentit-elle à répondre. "Et puis... Je ne sais pas. J'ignore ce qu'il s'est passé. Il ne regardait pas la route, je lui ai dit de faire attention, puis plus rien. C'est le trou noir."
- "Cela ne fait rien." Répondit-il gentiment. "C'est tout à fait normal que vous ne vous rappeliez pas de grand chose. Vous n'êtes pas encore rétablie et les choses vous reviendront progressivement."
- "Est-ce qu'il est en vie?" S'enquit-elle par politesse, sans un semblant d'intérêt.
- "Il est sorti de l'hôpital il y a un peu plus d'une semaine. Il est en parfaite santé." Bella hocha la tête.
- "Combien de temps suis-je restée dans le coma?" Demanda-t-elle en réalisant qu'elle ne savait pas du tout quel jour nous étions. Il la regarda sérieusement;
- "Deux semaines." Elle resta sans voix. Ainsi donc, deux semaines s'étaient écoulées... Elle avait loupé le jour de Noël et le Nouvel An.
- "Est-ce qu'il est trop tard pour vous souhaiter une bonne année?" Murmura-t-elle avec un léger sourire flottant sur ses lèvres. Il lui offrit un sourire sans artifice.
- "Non, vous êtes encore dans les temps. Bonne Année à vous aussi, Bella. Puisse-t-elle se terminer de façon plus plaisante que celle-ci ne s'est achevée."
- "Elle le sera." Affirma-t-elle. "L'année prochaine, je ne serai pas seule." Dit-elle en désignant son ventre des yeux. Le docteur Cullen lui sourit mais Bella sentit qu'il était réticent.
- Vos parents sont là. Désirez-vous que je les fasse entrer ou préférez-vous vous reposer?"" Elle fit mine de réfléchir.
- "Seulement mon père." Répondit-elle catégorique. Le blond ne réfuta rien et sortit de la pièce en laissant entrer Charlie Swan, le visage marqué par la fatigue. On aurait dit qu'il paraissait dix ans de plus.
Il s'assit sur la chaise à coté du lit de Bella et regarda sa fille avec amour, le visage emprunt à de la désolation, de la joie, et de la tristesse en même temps.
- "Bella. Ma Bella." Murmura-t-il avec émotion. Elle tendit la main vers lui et il la lui serra comme si elle était la chose la plus fragile et précieuse qui soit.
- "Salut Papa." Il prit son temps pour la contempler.
- "Je sais que tu crois que je suis un dur à cuire et que je suis capable de tout encaisser, mais si tu tiens ne serait-ce qu'un tout petit peu à mon petit cœur d'être humain, ne me refais plus jamais un coup pareil."
Bella rit légèrement, les larmes aux yeux.
- "Je suis désolée."
- "Bordel Bella. Tu imagines l'enfer que ta mère et moi avons vécu? C'était le pire Noël de toute ma vie. Pendant que les autres festoyaient, moi je me trouvais ici, dans cette chambre, à pleurer pour que tu te réveilles."
- "Charlie Swan qui pleure, ça c'est un véritable exploit." Il lui fit un bien maigre sourire.
- "Il y a une première fois à tout."
- "Et Renée?" Demanda-t-elle. "Dans quel état se trouve-t-elle?"
- "Lamentable." Répondit-il. "Et en plus, elle ne s'entend pas bien du tout avec ton jeune médecin." Bella fronça les sourcils.
- "Le Docteur Cullen? Il a pourtant l'air d'être très bien."
- "Il l'est." Confirma Charlie. Bella le vit baisser les yeux avec un air pincé. Il hésitait à lui avouer la vérité.
- "Abrège Papa. Qu'est-ce qu'elle a encore fait?"
- "Elle a essayé de le convaincre de laisser le bébé mourir." Annonça-t-il. Le visage de la jeune fille afficha un masque d'horreur. "Naturellement, il a refusé car cela était contraire à la déontologie. Elle s'est emportée et il a tenté de la raisonner calmement. Ça n'a pas marché, et lorsqu'elle a appris qu'il l'avait sauvé, elle a piqué sa crise. Depuis, elle ne lui adresse même plus la parole."
Bella était choquée et incrédule.
- "Promets-moi une chose." Fit-elle à son père. Il hocha la tête
- "Ce que tu veux."
- "Ne la fais jamais entrer ici." Déclara-t-elle.
- "Bella..."
- "Promets!" Coupa-t-elle en insistant. Il se soumit.
- "Très bien. Je ferai tout pour qu'elle ne mette jamais les pieds ici. Mais sache qu'elle est derrière la porte et que c'est ta mère, qui a passé deux semaines à pleurer ici et à supplier que tu te réveilles. Alors fais au moins l'effort d'accepter qu'elle puisse te voir une fois." Bella soupira mais se résigna.
- "D'accord. Fais la venir maintenant, qu'on n'en parle plus."
Il obtempéra en se levant et en allant ouvrir la porte. A peine eut-il dit deux mots que Renée arriva comme une furie, le visage rouge de pleurs et dévasté. Elle se précipita sur sa fille et la serra avec force.
- "Bella, mon trésor! Mon bébé, mon ange! J'ai eu tellement peur, si tu savais! Ne me refais plus jamais ça!"
Elle braillait comme une perdue et débitait un flot de paroles incommensurables. Bella ne broncha pas, l'écoutant à moitié.
- "Tu me fais mal, Renée." En entendant sa fille la désigner par son prénom, elle se releva subitement et s'écarta en la regardant inquiète.
- "Tu ne m'appelles jamais par mon prénom. Que t'arrive-t-il? Tu vas bien?" Bella la foudroya du regard.
- "J'irai mieux une fois que tu seras partie." Lâcha-t-elle. Renée se figea de surprise.
- "Je ne comprends pas. Tu es encore énervée pour la dernière fois? Bella, tu as eu un accident. Ce genre d'évènements doit nous rapprocher."
- "Nous rapprocher?" S'exclama-t-elle effarée, avec une voix faiblarde. "Mais rien ne pourra jamais nous rapprocher, Renée. Encore éprouverais-tu des regrets, je serai sans doute apte à te pardonner, mais là, c'est carrément impossible." Renée sembla consternée et énervée.
- "La seule chose que je regrette, c'est de t'avoir envoyé dans ce patelin. Vivre avec ton père aura été la pire chose qu'il ne t'ait jamais arrivé."
- "Tu n'as pas le droit de dire ça!" S'emporta la fille.
- "Et toi, tu n'as pas le droit de me parler comme tu l'as fait. Je suis ta mère, ne l'oublie pas." La colère que Bella retenait explosa.
- "Comment oses-tu? Tu prétends être ma mère? Et que fais-tu de la femme qui a tenté de me faire avorter de force? Celle qui m'a traîné par les cheveux en me faisant horriblement mal, sans même s'en soucier? Celle qui a profité de mon état comateux pour essayer de tuer une fois de plus l'être qui est en moi? Celle qui m'a regardé avec un air de profond dégoût? Tu te dis être ma mère, mais tu ne l'es pas. Tu ne l'es plus. Aujourd'hui, tout ce que je vois, c'est une inconnue, mauvaise et répugnante."
Après son discours peu élogieux, Bella commença à éprouver une atroce douleur et à perdre pied. Elle souffrait de partout et se mit à crier. Elle entendit à peine sa mère hurler, le médecin accourir et des voix s'élever."
- "Elle est en pleine convulsion." La voix de son médecin lui paraissait bien lointaine. "Je vous avais pourtant dit de la ménager. Elle n'est pas du tout en état pour supporter un sentiment tel que la colère."
- "Mais c'est elle qui s'est énervée." Se défendit Renée.
- "Je vais devoir vous prier de sortir."
- "Pas question" Réfuta Renée en secouant la tête.
- "Sortez d'ici." Ordonna calmement le médecin.
- "Mais je..."
- "T'es sourde ou quoi?" Cria Charlie avec colère. "Il t'a dit de foutre le camp d'ici. Tu as déjà fait assez de mal comme ça!"
- "C'est de ma fille dont on parle. Il est hors de question que je..."
- "SORS D'ICI!" Hurla le père, plus furibond que jamais.
Bella ne sut jamais à quel point Renée avait eu peur de Charlie à cet instant, et qu'elle fila pour ne plus jamais revenir, car elle sombra, à nouveau, dans le monde cruel du Néant...»
« - "Ces plaisir violents connaissent des fins violentes. Dans leurs excès ils meurent, tels la poudre et le feu que leurs baisers consument."
- "Roméo & Juliette, acte III scène 2." Annonça le grand blond. Bella sourit.
- "Vous connaissez vos classiques, bravo." Le félicita-t-elle.
- "Tout de même." S'exclama-t-il. "Je pense être assez cultivé pour reconnaître une citation de Shakespeare."
- "Vous plaisantez? Il n'y a pas que Shakespeare que vous reconnaissez." Lui apprit-elle. "Je n'arrête pas de vous poser toute sorte de colles depuis environ un mois et vous n'avez jamais mis plus de deux secondes à réfléchir avant de répondre juste. Comment faites-vous pour tout savoir du tac au tac?" Il se mit à rire.
- "J'aime énormément le savoir. Je profite de mon temps libre pour m'instruire." Répondit-il. Elle le regarda avec une grande admiration.
- "De toute façon, vous n'êtes même pas humain." Déclara-t-elle d'un air las. Il se redressa subitement.
- "Que voulez-vous dire?" Demanda-t-il en dissimulant son anxiété.
- "Vous êtes trop parfait pour être réel." Il rit doucement, sans montrer son soulagement. "C'est vrai, vous êtes beau, intelligent, doué... Y a-t-il au moins une chose que vous ne pouvez pas faire?" Il sourit.
- "Il y a bien une chose que je suis incapable de faire."
- "Laquelle?" Demanda Bella sans cacher sa curiosité maladive.
- "Bronzer." Annonça-t-il. Bella éclata de rire;
- "Ça c'est sûr! Vous vivez en Alaska, loin de toute trace de soleil. De plus, vous avez catégoriquement refusé d'ouvrir les rideaux de ma chambre lorsqu'il a fait beau, la semaine dernière. Aucune chance que vous puissiez bronzer si vous fuyez le soleil comme la peste."
- "C'est juste. Mais je t'ai déjà expliqué que j'avais du mal à supporter sa lumière. A force de vivre dans le grand nord..."
- "Je comprends. Mais alors ça veut dire que vous êtes condamné à vivre loin du soleil pour le restant de vos jours?" Il sourit.
- "C'est exactement ça."
- "Je vous plains. Vos enfants ne doivent pas apprécier de vivre dans un paysage dénué de soleil."
- "Ils s'en accommodent. Tu n'as pas à t'en faire pour eux." Répondit-il.
- "D'ailleurs, je n'arrive toujours pas à croire que vous ayez adopté des enfants orphelins. C'est extrêmement noble de votre part." Dit-elle admirative.
- "Je te remercie. Je dois t'avouer que je ne regrette pas une seconde de les avoir avec moi."
- "Quel âge ont-ils?" S'enquit-elle.
- "Ils sont un peu plus âgés que toi. Dans la vingtaine. Excepté ma fille Alice qui a à peu près le même âge que toi." Bella se redressa.
- "La vingtaine?! Mais c'est impossible. Quel âge avez-vous?"
- "Un peu plus de quarante ans." Bella éclata de rire, tellement fort qu'elle reçut un coup dans le ventre, provenant de son bébé.
- "Vous vous fichez de moi?" Il secoua la tête. Bella s'arrêta de rire soudainement et le regarda incrédule.
- "Mais c'est impossible! Vous faites vingt ans de moins!" Ce fut lui qui rigola, cette fois.
- "Tu exagères un peu. Mais merci du compliment."
- "Vous prenez quoi comme crème? Parce que j'achète du Neutrogéna et ça n'a pas l'air de faire quoi que ce soit. Ou alors, vous avez fait de la chirurgie esthétique?" Il secoua la tête avec amusement.
- "Rien de tout ça. Tout cela est le fruit d'un régime alimentaire de tout ce qu'il y a de plus sain." Bella s'étonna. Elle avait l'impression que sa phrase signifiait autre chose pour lui que pour elle.
- "Et vous n'avez jamais commis d'excès? Cédé à la tentation?" Plaisanta-t-elle avec ironie. Il eut un regard lointain, comme s'il pensait à autre chose.
- "Non, jamais."
- "Vous êtes d'un courage exemplaire, Docteur Cullen." Déclara Bella de manière solennelle. "Moi, je dois avouer que je ne pourrai jamais me passer de chocolat, ni de beurre de cacahouètes." Il sourit, amusé. "Mais arrêtons de parler de nourriture. Celle de l'hôpital est déjà assez écœurante comme ça, pas la peine d'en rajouter." Il se mit à rire.
- "Tu as raison. Il faut que j'aille récupérer les résultats des tests de ta dernière échographie." Annonça-t-il. A l'évocation de son bébé, Bella sentit un tendre sourire se former sur ses lèvres.
- "Je dois toujours lui trouver un prénom." Rappela-t-elle.
- "Tu n'en es qu'à ton sixième mois de grossesse, Bella. Tu as encore le temps d'y songer, tu ne crois pas ?"
- "Mais ça fait un mois que je suis ici, et je n'ai encore rien trouvé…"
- "Ne t'en fais pas." La rassura-t-il. "Lorsque tu auras le déclic, tu le sauras. Je suis certain que ta fille aura un prénom merveilleux. Elle a déjà une maman merveilleuse."
Bella fut vraiment touchée par cette déclaration. Jamais personne ne lui avait fait un tel compliment.
- "Carlisle…" Murmura-t-elle en contenant ses larmes. "Merci infiniment. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si vous n'aviez pas été là pour moi." Il lui sourit affectueusement.
- "Je ne fais que mon travail, rien de plus."
- "Oh, que si, vous faites bien plus que votre travail." Contra-t-elle. "Vous avez fait bien plus qu'un autre médecin n'aurait fait. D'ailleurs, je ne vous considère plus comme mon médecin. Pour moi, vous êtes devenu un véritable ami."
Carlisle fut heureux de cet aveu. Il ne s'était pas senti aussi humain depuis longtemps. Lui non plus, ne considérait plus Bella Swan comme une simple patiente. Il avait passé un mois à s'occuper d'elle, à apprendre à la connaitre, et à l'apprécier. Elle était comme sa propre fille. Il était à des années lumières du monde vampirique dans lequel il appartenait.
Il ne voulait pas penser au moment où il devrait rentrer chez lui, pour retrouver son inhumanité. Cela dit, il serait bien évidemment très heureux de retrouver sa famille, qui lui manquait plus que de raison.
Mais il avait encore au moins trois mois pour y penser, puisqu'il devrait attendre que Bella soit au terme de sa grossesse. Elle est restée à l'hôpital depuis son accident car sa grossesse devait être surveillée en permanence. De plus, de nombreuses complications étaient susceptibles d'arriver et Carlisle se devait d'être avec Bella à chaque heure du jour et de la nuit.
- "Je te remercie beaucoup, Bella. Dit-il avant de se diriger vers la porte." »
« - "J'ai les résultats de votre échographie." Annonça le Docteur Cullen en entrant. Charlie releva la tête et Bella lui sourit.
- "Et alors ?" Demanda-t-elle. Il hésita quelques secondes.
- "Elles ne sont pas très bonnes." A cette annonce, Bella se mit à frémir.
- "Que voulez-vous dire ?" S'inquiéta Charlie.
- "La grossesse risque d'être de plus en plus difficile. L'état de votre bébé est en train de se détériorer." Bella commença à paniquer et entoura son ventre de ses deux mains. Charlie tenta de calmer sa fille comme il le pouvait en plaçant une de ses mains sur son épaule.
- "Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?" Demanda-t-elle avec des trémolos dans la voix.
- "Du calme, Bella." Commença le docteur. "Pour le moment, il n'y a rien de bien urgent. De plus, nous ne pouvons rien faire du tout, si ce n'est redoubler de vigilance et augmenter la fréquence d'échographies. Quant à l'accouchement, il est bien entendu formel qu'il se déroulera par une césarienne, et nous le ferons probablement naître prématurément. Nous ne pouvons pas attendre neuf mois. Vos blessures internes, dues à l'accident ne le permettront pas."
- "Je croyais que ma fille était totalement remise de cet accident ?" Se plaignit Charlie qui s'énervait.
- "Physiquement, votre fille se remet tranquillement." Expliqua-t-il. "Mais sa grossesse rend les choses difficiles. Le bébé affaiblit Bella petit à petit, c'est pourquoi il va falloir la ménager encore plus. Tu es désormais interdite de tout déplacement hors de cette chambre. Plus aucune ballade, même en fauteuil ne sera autorisée. Et tu devras te faire accompagner par une infirmière à chacun de tes déplacements jusqu'à la salle de bains. Je veux que tu aies une assistance, vingt quatre heures sur vingt quatre."
Bella hocha la tête, avant de ressentir une soudaine douleur incroyablement hargneuse. Charlie ne s'en rendit pas compte, mais Carlisle entendit le cœur de Bella s'affoler.
- "Que se passe-t-il, Bella ?" S'enquit-il en accourant vers elle et en l'examinant. Bella essayait de ne pas montrer sa douleur mais le médecin n'en fut pas dupe.
- "Ça va, c'est passé, je vais bien." Parvint-elle à murmurer. Elle ne voulait pas inquiéter le docteur pour rien. Carlisle fronça les sourcils.
- "On va te faire passer une nouvelle échographie." Déclara-t-il. Bella s'emporta.
- "Quoi ? Mais je viens à peine d'en faire une. A quoi ça va servir ?"
- "Bella." Commença le médecin. "Mieux vaut trop que pas assez. On n'est jamais à l'abri d'une nouvelle complication."
- "Alors vous allez m'en faire une à chaque fois que j'aurai mal quelque part ?" S'enquit-elle sur la défensive. "Vous ne vous êtes pas dit que cela pouvait être des contractions?"
- "C'est bien trop tôt pour qu'il s'agisse de contractions." Contra-t-il.
- "Mais je…" Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car la douleur s'intensifia et elle se mit à crier.
- "Bella !" S'écria son père.
- "Appelez-moi une infirmière." Ordonna Carlisle à Charlie. Ce dernier acquiesça et s'en alla. Carlisle mit une main sur le ventre de Bella pour déterminer la cause de la douleur.
- "Tout ne se passera pas comme prévu, n'est-ce pas ?" Demanda Bella d'une voix rauque, déformée par les précédents cris. C'était une affirmation, non une question.
- "Nous ne pouvons pas le définir." Répondit Carlisle.
- "Je vous en prie." Implora-t-elle. "Vous me faites une échographie toutes les dix minutes, vous vous inquiétez dés que je ressens la moindre chose… Vous ne pouvez pas me mentir. Pas à moi." Il la regarda tristement.
- "Bella je…"
- "Vous le saviez depuis le début." Le coupa-t-elle. "Vous saviez qu'il y avait des complications et que mon accouchement ne se déroulerait pas comme prévu. Vous saviez qu'il y aurait un risque." L'accusa-t-elle.
- "Je l'ai toujours su." Confirma-t-il. "Mais je ne voulais pas vous inquiéter tant qu'il n'y avait rien. Je ne voulais pas détruire votre bonheur tant que tout était encore sous contrôle."
- "Je le comprends." Avoua-t-elle. "Et je vous en remercie. J'ai passé un mois fabuleux dans cet hôpital. Si on omet la bouffe immonde et les échographies à tout va." Il émit un léger rire.
- "Bella !" Appela son père qui revenait avec une infirmière.
- "Veuillez la préparer pour l'échographie." Ordonna le docteur Cullen à l'infirmière.
- "Je vais rejoindre ma sœur." Annonça Charlie. "Elle vient d'arriver."
- "Pourrais-tu lui demander de venir ?" Demanda Bella. "J'aimerais la voir avant mon prochain moment de torture." Il acquiesça.
- "Je vais la chercher."
- "Tu es la première femme que je rencontre qui considère les échographies comme un moment de torture." Constata Carlisle, une fois que Charlie fut parti. Bella sourit en haussant les épaules.
- "Que voulez-vous ? Je ne suis pas normale."
- "Je le pense aussi." Dit-il en souriant. Quelques secondes de silence passèrent et Bella le regarda sérieusement, puis parla.
- "Je peux vous demander quelque chose ?" Il lui sourit affectueusement.
- "Tout ce que tu voudras." Elle baissa le regard vers son ventre avant de remonter vers lui.
- "Je sais que vous êtes le seul médecin à qui je peux demander ça. Vous êtes le seul en qui j'ai réellement confiance." Il fronça les sourcils d'impatience. "J'aimerais que vous me promettiez quelque chose." Annonça-t-elle. "J'aimerais que quoi qu'il puisse arriver…"
- "Il ne se passera rien, Bella." Tenta-t-il de la rassurer. Il ne voulait pas avoir à entendre des supplications de ce genre. Il avait bien trop d'affection envers elle, pour commencer à désespérer.
- "Si jamais il devait arriver quelque chose, quoi qu'il se passe…" Elle hésita et déglutit. Y penser était pour elle quelque chose de très difficile. "Promettez-moi que vous ferez tout ce qu'il y a en votre pouvoir pour la sauver. Je veux que vous la sauviez. Par n'importe quel moyen. S'il devait m'arriver quelque chose, si je dois mourir, sauvez-là, je vous en supplie."
Il était atterré par une telle demande. "Je ne suis pas aveugle." Continua-t-elle. "Je vois bien que je m'affaiblis, que j'ai du mal à tenir. Je ne survivrai pas à l'accouchement."
- "Ne dis pas des choses comme ça, Bella. Tu n'as aucune idée de quoi tu parles."
- "Mais tout ne se passera pas bien, dans le meilleur des mondes !" S'emporta-t-elle. "Alors je vous en prie, donnez-moi votre parole. J'ai besoin de savoir que quoi qu'il arrive, mon bébé survivra, que ma fille s'en sortira. C'est le seul moyen pour moi d'être en paix." Elle pleurait silencieusement. "Je ne peux pas le demander à quelqu'un d'autre que vous. Promettez le moi. Jurez-moi que vous ferez tout ce que vous pourrez pour sauver mon bébé, au détriment de ce qu'il pourrait m'arriver. Vous savez, je n'ai jamais accordé beaucoup d'importance à la façon dont j'allais mourir. Mais mourir à la place d'un être cher…" Elle désigna son ventre rond de la tête en le caressant."Me semble être une bonne raison de partir. Je n'ai pas peur de la mort. Tout ce que je sais, c'est que je ne pourrais tolérer de vivre dans un monde où elle n'existe pas. Je préfère me voir morte et elle vivante, plutôt que le contraire. Alors je vous implore. Donnez-moi votre parole."
Il la regarda sans montrer la torture qu'elle était en train de lui infliger. Cette fille était dotée d'un très grand instinct maternel, et d'un si minuscule et faible instinct de survie… Il aimait beaucoup Bella et il la respectait. Et si tel était son désir et son choix, il ne pouvait pas aller à son encontre. Il ferait ce qu'elle lui demanderait de faire.
- "Je te le promets, Bella."
Bella se mit à soupirer de soulagement.
Ils entendirent quelqu'un frapper à la porte et Esmée fit son apparition.
- "Charlie a dit que tu me demandais." Dit-elle avec nervosité. Elle regardait le docteur Cullen timidement. Bella lui sourit.
- "Oui, entre."
- "Je vais vous laisser." Déclara Carlisle en s'avançant vers la porte. Il regarda Esmée avec gêne et ils se sourirent légèrement avant qu'il ne quitte la pièce.
- "Je rêve ou mon docteur ne te laisse pas indifférente ?" Plaisanta Bella. Esmée la regarda embarrassée.
- "C'est vrai qu'il est bel homme." Répondit-elle évasivement, en cachant son trouble. Bella sourit.
- "En tout cas, tu as de la concurrence." Rigola la jeune fille. "Toutes les infirmières de l'hôpital sont à ses pieds." Esmée rit.
- "Cela ne m'étonne pas le moins du monde." »
«- "Une pré-éclampsie." Décréta Carlisle avec un air grave.
- "Vous savez ce que cela implique, Docteur." Déclara l'interne qui l'accompagnait. Il acquiesça tristement.
- "Je le sais, merci."
- "Vous ne devrez en garder qu'un seul des deux."
- "Je vous ai dit que je savais ce que cela voulait dire." Tempéra-t-il. C'était la première fois qu'il perdait son calme légendaire depuis des années, voir des décennies.
- "Veuillez m'excuser." S'excusa la jeune interne. Carlisle ne dit rien et resta les yeux fixés sur l'échographie avec un air dubitatif.
- "Docteur ?" Demanda-t-elle en l'interrompant de ses pensées. "Voulez-vous que je prépare un bloc ?"
- "Non. Je ne veux pas de bloc, pour l'instant."
- "Mais enfin Docteur, vous savez qu'il faut s'en occuper au plus vite si on ne veut pas que…"
- "Miranda, que diriez-vous d'aller voir Mlle Swan pour vérifier qu'elle va bien et qu'elle ne manque de rien ?" Proposa-t-il sur un ton sans réplique, autoritaire, et presque énervé.
- "Euh… D'accord." Elle s'en alla rapidement, le laissant seul devant l'échographie d'Isabella Swan.
- "Pauvre enfant…" Marmonna-t-il pour lui-même.
C'était comme si cette jeune fille avait prédis ce qui arriverait. Maintenant il n'y avait que deux solutions, et Carlisle avait déjà donné sa parole à Bella qu'il ferait tout ce qu'il pouvait pour sauver son bébé. Pourquoi le destin s'était-il acharné sur elle ? Elle, si jeune et si innocente…
Cette fois Carlisle était perdu. Il avait besoin qu'on l'éclaire quant à la prochaine marche à suivre. Il fit alors la seule chose qui lui paraissait nécessaire. Il appela son fils.
À peine la première sonnerie retentissait qu'un « allo » se fit entendre dans le combiné.
- "Salut Edward. C'est moi."
- "Carlisle ? Je te croyais à Seattle pour du boulot…"
- "C'est le cas. Je voulais simplement… Prendre des nouvelles."
- "Et bien Alice et Jasper ont encore disparu du paysage depuis des semaines et Emmett va plutôt bien. Et toi ? Comment ça se passe à l'hôpital ? C'est vrai que tu es parti un peu précipitamment."
- "Il s'agissait d'une urgence. Ce n'est pas comme si c'était la première fois."
- "Quand reviens-tu ? Parce qu'Emmett et moi, on en a marre de Denali et on prévoit de s'échapper de cet enfer."
- "Oh, je suis sûr que ce n'est pas si terrible que ça, si ?"
- "Ce n'est pas toi qui dois entendre les pensées de Tanya à longueur de journée. Quant à Emmett, le pauvre se fait électrocuter par Kate, tout ça parce qu'il refuse ses avances. Je ne te dis pas la colère qu'elle a lorsqu'il ramène une humaine là-bas."
Dans d'autres circonstances, Carlisle aurait sans aucun doute ri de la situation de ses deux fils. Mais le cas de Bella Swan le préoccupait trop pour avoir la tête ailleurs.
- "Carlisle ? Tu es toujours là ?" Entendit-il la voix de son fils après quelques secondes de silence.
- "Excuse-moi, il y a vrai dire, quelque chose qui me préoccupe."
- "Tu veux m'en parler ?"
- "Il s'agit d'un confrère qui avait besoin de mon avis pour l'un de ses patients." Mentit-il.
- "Et pourquoi cela te préoccupe-t-il ?"
- "Bien je n'ai pas pu lui donner d'avis car je ne sais pas du tout quoi en penser."
- "Tu veux que je te dise ce que j'en pense ?"
- "Il s'agit d'une femme enceinte de six mois, atteinte d'une pré-éclampsie. Elle risque de faire un chute de tension artérielle, donnant rupture au niveau du placenta, ne laissant pas d'autre choix que de pratiquer une césarienne."
- "Si je comprends bien, ou on la fait accoucher tout de suite et son bébé risque de mourir par manque d'oxygène, ou c'est la mère qui meurt d'une hémorragie si on laisse les choses empirer."
- "C'est exactement ça."
- "Et en quoi cela te pose-t-il problème ?" S'étonna Edward.
- "Bien cela me parait évident. Il s'agit de déterminer la personne qu'il faut garder."
- "Quel âge a-t-elle ?"
- "Vingt huit ans." Mentit-il. Il préférait lui donner dix ans de plus, histoire de faire paraitre cette histoire un peu plus banale.
- "Il faut garder la mère." Déclara Edward avec certitude. Carlisle fut étonné de la rapidité de la réponse de son fils.
- "Pourquoi ?" Demanda-t-il.
- "Elle est bien trop jeune. D'ailleurs comment as-tu pu déclarer ça au bout de seulement six mois?"
- "Elle a eu un accident qui a rendu les choses difficiles. Mais comme tu viens de le dire, elle n'en est qu'à son sixième mois et la pré-éclampsie à ce stade est extrêmement rare. Si on doit faire naître le bébé maintenant, il ne pourra pas survivre."
- Mais si tu attends que le bébé se développe, elle mourra à l'accouchement. Si tu veux la sauver, c'est maintenant ou jamais.
- Il y a autre choses. Les lésions dues à l'accident ont causé de grosses complications. Et si mon confrère décidait de l'opérer maintenant, il se pourrait bien qu'elle fasse une hémorragie et qu'il n'aie d'autre choix que de lui faire une hystérectomie. Autrement dit, elle ne pourra plus avoir d'enfant.
- "Il y a toujours d'autres solutions. Elle n'est pas condamnée comme nous. Elle pourra très bien adopter ou avoir recours à une mère porteuse."
- "Mais si elle ne voulait pas être sauvée, et préférait la deuxième solution ?"
- "Dans ce cas, tu dois respecter son choix. il pourrait la plonger dans un coma artificiel, afin de calmer sa tension. Ainsi il pourra la faire accoucher plus tard et le bébé serait en parfaite santé. Mais ça diminuerait grandement les chances qu'elle s'en sorte. Elle n'est peut être pas objective. Tu sais ce qu'en a pensé le père ?"
- "A vrai dire… Il l'a abandonné."
- "Encore pire. Pourquoi vouloir faire naître au monde un enfant qui n'aurait ni père, ni mère ?"
- "Donc tu penses qu'il faut l'opérer et faire naître le bébé prématurément pour la sauver, en sachant qu'il mourra par manque d'oxygène." Constata Carlisle.
- "Je pense que c'est la plus sage des décisions. Mais si ce n'est pas ce que la mère veut, alors tu ne peux rien y faire. Tu auras beau y réfléchir pendant des heures, la seule chose que tu puisses faire, c'est respecter son choix. Si elle veut le garder et préfère mourir, alors on doit la laisser faire, bien que je trouve que cette personne est complètement irresponsable pour son âge de vouloir une chose pareille. A vingt huit ans, on devrait pouvoir être capable de prendre de bonnes décisions. On dirait qu'elle agit comme une adolescente. C'est pourquoi la seule chose à faire est d'essayer de la raisonner et de la convaincre d'abandonner ce bébé."
- "Je te remercie. Je dirai à mon confrère ce que tu viens de me dire."
- "Je suis étonné que tu aies eu besoin de moi pour ça."
- "Que veux-tu ? Je ne suis pas infaillible."
- "C'est ce qui fait de toi quelqu'un d'humain." Carlisle sourit.
- "Merci Edward. Passe le bonjour à Emmett et aux Denali de ma part."
- "Et à Alice et Jasper quand ils reviendront." Renchérit-il.
Les deux hommes raccrochèrent et Carlisle soupira. Dans le fond, il savait que c'était ce que son fils allait dire. Il savait aussi que c'était la meilleure solution. Mais il ne pouvait pas se résoudre à tuer cet enfant alors qu'il lui avait promit le contraire. Il savait aussi que quoi qu'il fasse, jamais Bella n'accepterait de revoir ses positions. Elle n'avait pas vingt huit ans comme le pensait son fils, et n'était pas assez mûre pour réfléchir et s'accorder le bénéfice du doute. Elle fonçait tête baissée dans ce qui lui semblait être la meilleure solution.
Il devrait honorer la promesse qu'il lui a faite, à savoir sauver son bébé, au détriment de sa propre vie à elle. Le monde est bien cruel d'avoir engendré et d'avoir fait subir quelque chose d'aussi infâme à une pauvre adolescente, si gentille et généreuse.
Il se dirigea vers la chambre de Bella pour lui annoncer qu'elle allait mourir. Il arriva près de la porte mais fut stoppé par ce qu'il vit à la fenêtre de sa chambre.
Une petite jeune fille brune avec le ventre rond, les mains le caressant et un sourire à fendre l'âme. Il vit ses joues éternellement roses, ses yeux de couleur marron chocolat qui apportaient tellement de vie lorsqu'on les regardait…
Et là, il eut la révélation qu'il attendait. Il avait souhaité un signe lui montrant qu'il faisait le bon choix en décidant de sauver ce bébé.
Mais ce qu'il eut à la place, fut un signe lui montrant qu'il faisait le mauvais choix.
En voyant la vision de cette jolie adolescente pleine de vie en dépit de son état critique, il comprit qu'il n'arriverait pas à la laisser mourir. Son devoir en tant que médecin était de sauver des personnes comme elle. Et même si Bella n'était pas d'accord, il ne pouvait pas aller à l'encontre de son cœur mort, de ses principes et de ses convictions.
Il allait donc faire quelque chose qu'il n'avait encore jamais fait.
Il allait aller à l'encontre de la décision prise par le patient.
Il allait enfreindre le code des médecins et sauver une vie.
Il allait détruire une vie.
Il allait rompre sa promesse. »
« Bella se trouvait debout dans sa chambre, le sourire aux lèvres. Elle était dos à la porte, en train de regarder la fenêtre. Elle cherchait désespérément un prénom pour sa fille. Elle repensa alors à son père Charlie qui lui était resté dévoué. Elle voulait trouver un moyen de le remercier et de lui rendre hommage par le prénom qu'elle allait donner à son enfant.
Charlie pour une fille, ce n'est pas si mal.
Mais elle se souvint alors de la personne qui lui avait sauvé la vie, à elle et à son bébé. Cette même personne qui avait refusé les demandes de Renée, qui l'avait soutenu durant son séjour à l'hôpital, et qui lui avait promit de sauver sa fille.
Carlisle aura vraiment été plus qu'un ami pour elle. Elle voulait lui faire un hommage à lui aussi. Si elle faisait un mixe des deux ?
Elle regarda son ventre et se mit à sourire.
Carlie.
C'est ainsi qu'elle l'appellerait. Ce prénom ferait honneur à ses deux pères. Car oui, le docteur Cullen est comme un deuxième père pour elle. Un ange gardien. Elle n'avait qu'une hâte, lui annoncer la nouvelle.
Et alors qu'elle souriait, fière d'avoir enfin trouvé un prénom pour sa petite fille, elle entendit la porte s'ouvrir.
- "Bella?" L'homme rentra dans la chambre et elle se tournait vers lui, souriante.
- "Bonjour Carlisle. Ça tombe bien que vous soyez là, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer!" Elle le vit baisser les yeux avec remords. "Y a-t-il un problème?" S'enquit-elle. Il releva ses yeux vers elle et elle comprit. Elle ignore encore comment, mais elle comprit.
"Carlisle…"
- "Je suis désolé Bella." Plaida-t-il. "Je n'ai pas le choix."
- "Carlisle non. Vous ne pouvez pas faire ça. Vous n'avez pas le droit." Se braqua-t-elle.
- "Bella, je viens de te le dire, je n'ai pas le choix. Il le faut."
- "Non s'il vous plait…" Supplia-t-elle.
- "Je t'assure que ça me fend le cœur de devoir faire ça et que si je le pouvais, je ferais autrement mais je ne peux pas Bella. Il faut que tu comprennes…"
- "Non!" Cria-t-elle. "Vous aviez promis! J'avais confiance en vous. Je pensais que vous seriez de mon coté, vous n'avez pas le droit de me trahir comme ça."
- "Pardonne-moi."
- "Ne faites pas ça! Je vous en supplie, ne faites pas ça!" Implora-t-elle.
- "Je suis désolé Bella. Vraiment désolé."
- "NON !" Elle hurlait et se colla à la fenêtre, le plus loin de lui que possible. Elle ressentit d'atroces douleurs et se mit à gémir de toutes ses forces. Carlisle ainsi qu'une équipe médicale accoururent.
- "Écoute-moi, Bella." Tenta le docteur, une fois à sa hauteur. Il la maintenait pour l'empêcher de tomber tandis qu'elle se débattait. "Tu es sur le point de faire une chute de tension artérielle qui…"
- "Que se passe-t-il ici ?" Cria Charlie qui venait de débarquer. Carlisle se tourna vers lui, alors que des médecins s'emparaient de Bella et l'empêchaient de s'échapper pendant qu'elle hurlait.
- "Votre fille est sur le point de mourir. Il faut l'opérer tout de suite."
- "Vous allez la tuer ! Je l'ai vu dans vos yeux !" Cria Bella, la voix déformée par la douleur.
- "C'est le seul moyen de te sauver, Bella." S'expliqua-t-il.
- "Ne les laisse pas m'emmener !" Supplia-t-elle son père. "Je t'en supplie Papa. Ne les laisse pas." Charlie était réellement torturé. Il ne savait plus qui croire ni écouter.
- "Il n'y a rien que vous puissiez faire pour les sauver tous les deux ?" Implora-t-il. Carlisle secoua la tête tristement.
- "Je suis désolé. C'est soit votre fille, soit votre petite fille."
- "Vous m'avez donné votre parole que vous la sauveriez en dépit de ma vie !" Bella cria une nouvelle fois en recevant des coups à l'intérieur qui ressemblaient à des coups de poignard. Des infirmiers la maintenaient au sol et elle se mit soudainement à hurler avant de battre de l'œil et de s'effondrer.
-" Docteur, sa tension a chuté." Annonça un interne. "Elle perd connaissance."
- "Quoi, déjà?" S'étonna-t-il. "Mettez-là sur un brancard, on l'emmène au bloc tout de suite." Ordonna-t-il.
Les infirmiers la mirent dans un lit transporteur et commencèrent à la tirer hors de la chambre.
- "Vous lui aviez promis…" Murmura Charlie. Il s'énervait. "Je peux rien vous dire parce que je ne souhaite pas que ma fille ne meurt mais… Il ne fallait pas l'encourager dans cette voix si c'était pour la faire souffrir ensuite." Des larmes se répandaient sur le visage de Charlie et Carlisle fut anéanti par les remords.
- "Je ne sais pas quoi vous dire." Annonça-t-il avec regrets.
- "Alors ne dites rien." »
« Lentement, la jeune fille se réveilla. Elle semblait immerger des ténèbres qui l'avaient engloutie, la laissant sans vie, coupée du monde extérieur, pour l'entraîner dans les abîmes les plus profonds du Néant. Lorsqu'elle ouvrit les paupières, très légèrement, elle se sentit comme vide, sans vie, comme si un trou béant avait prit place dans sa poitrine.
Elle se releva subitement et s'empressa de mettre ses mains sur son ventre désormais plat, puis cria de douleur. Non pas qu'elle avait mal à l'extérieur, mais à l'intérieur. Elle pleurait et criait son désespoir, de voir que son ventre était dénué de toute vie.
Des minutes, puis des heures s'écoulèrent, pendant que Bella pleurait et criait à s'en déchirer. Durant tout ce temps, Carlisle avait regardé et entendu Bella de l'extérieur de la chambre. Cela le rendait malade d'être la cause de sa souffrance, mais il ne pouvait plus rien y faire. Il avait fait son choix, avait prit sa décision, et elle était désormais irrévocable. Bella qui ignorait la présence de Carlisle derrière sa porte fit alors la première chose qui lui traversa l'esprit. Elle prit une grande inspiration, s'empara de son oreiller, et se le colla à la figure de sorte à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Dés lors où le Docteur entendit les battements de cœur devenir irréguliers, il accourut dans la chambre. Il se précipita à son chevet et lui ôta l'oreiller du visage.
- "Arrête ça." Ordonna-t-il d'une voix calme.
- "Laissez-moi." Clama-t-elle avec un calme olympien, qui montrait à qu'elle point elle était malheureuse.
- "Bella, ça m'a fendu le cœur de devoir te faire subir ça. J'aurais vraiment aimé que tout cela se termine autrement."
- "Vous m'aviez promis…" Murmura-t-elle en sanglotant.
- "Je le sais…" Elle se tourna vers lui et le regarda dans les yeux.
- "Vous m'avez trahi, Docteur Cullen. Désormais à mes yeux, vous êtes mort." »
- "Qu… Qui… Qui est là?" Demandais-je avec une voix tremblante et engourdie par les larmes. Je me balançais d'avant en arrière, et je respirais bruyamment. Mon cœur malheureux et souffrant se mit à tambouriner dans ma poitrine. Je tournai la tête à droite et à gauche pour voir si je pouvais apercevoir quelque chose ou quelqu'un, mais rien. Je crus avoir rêvé et halluciné la présence d'autrui lorsque j'entendis une voix horriblement familière.
- "Ce n'est que moi."
Je me tournai vivement, apeurée, dans la direction d'où provenait cette voix masculine et tombai alors sur deux grands yeux dorés…
Le vampire s'avança vers moi, et prit place à mes cotés, sous mon regard ahuri. De toutes les personnes que je m'attendais à voir, Jasper Cullen était bien le dernier.
- "Ça fait longtemps que tu es ici?" L'interrogeais-je.
- "Quelques heures. Après que tu te sois sauvée, nous t'avons laissé un peu de marge, le temps que Carlisle nous explique la situation. Puis je suis parti à ta rencontre."
- "Et tu as attendu derrière ces arbres tout ce temps, que je me calme ?" Demandais-je épatée.
- "Tu avais besoin de ça. Et puis tu m'as fait beaucoup souffrir, ces dernières heures. Je ne pouvais pas t'approcher."
- "Désolée." Marmonnais-je. Il sourit.
- "Pas grave, je m'en remettrai."
- "Alors… Tout le monde est au courant ?" M'enquis-je, sachant très bien ce qu'il me répondrait.
- "Je suis désolé, Bella."
- "Ça n'aurait pas dû se passer comme ça." Réfutais-je. "J'aurais dû écouter Alice et le lui dire."
- "Tu es humaine. Tu fais des erreurs. Et puis il parait que les humains n'écoutent pas forcément ce qu'on leur dit de faire. À présent je sais que c'est vrai." Je ris légèrement, malgré les larmes qui coulaient.
- "Je m'excuse pour avoir mis le souk au sein de votre famille."
- "Ne t'inquiète pas. Il était temps de mettre un peu d'ambiance dans notre quotidien."
- "Il doit me détester…" Murmurais-je faiblarde.
- "C'est pour ça que tu es partie, hein ?" Devina-t-il. Je me tournai vers lui. "Tu avais peur de sa réaction. Tu avais peur qu'il te rejette."
- "Comment tu le sais ? Je croyais que tu ne détectais que les émotions, pas leur cause."
- "C'est juste. Mais je suis quelqu'un d'assez observateur et j'ai vu qu'avant de t'en aller à toutes jambes, c'était Edward que tu regardais et non Carlisle. Donc j'en ai déduis que ce n'est pas ta rencontre avec ton ancien médecin qui t'a autant bouleversé." Je demeurai pensive.
- "Que s'est-il passé après mon départ précipité ?" Demandais-je.
- "Si par que s'est-il passé, tu veux savoir comment Edward a réagi, et bien la réponse est mal. Très mal même. Il va falloir racheter des nouveaux meubles de cuisine et de salon."
Mes sanglots reprirent de plus belle en comprenant l'ampleur de la situation.
- "Je savais qu'il m'en voudrait. Je savais qu'il me détesterait." Jasper fronça les sourcils.
- "Tu crois qu'il en a après toi ?" Je ne répondis pas. "Bella, tu crois qu'il est énervé après toi ?" Redemanda-t-il avec plus de conviction.
- "Je le sais." Murmurais-je.
- "Non, tu ne sais rien." Je le regardais avec étonnement. "Bella, je crois que tu devrais vraiment avoir une discussion avec lui."
- "Il ne voudra pas." Réfutais-je. "S'il voulait me parler, c'est lui qui serait ici, à ta place."
- "La seule raison quant au fait que ce soit moi et pas lui, qui me trouve ici même à tes cotés est qu'après ta fuite, il est devenu incontrôlable et qu'il était absolument exclu pour lui de venir te parler dans cet état."
- "C'est bien ce que je dis." Dis-je en pleurant. "Il me déteste tellement qu'il est dans une colère noire, tout ça à cause de moi." Je vis Jasper du coin de l'œil secouer la tête d'exaspération.
- "Tu pourrais bien être surprise."
- "Pourquoi es-tu ici, Jasper ?" M'enquis-je.
- "C'est Edward qui m'a demandé de veiller sur toi, le temps qu'il s'en remette. Surtout quand il a vu la vision d'Alice, te montrant en train de pleurer comme une perdue durant des heures."
- "Je croyais qu'il n'était pas en état de réfléchir."
- "Même en pleine crise, il trouvera toujours un moyen de penser à toi." Je rougis légèrement.
- "Et les autres ?" Demandais-je. "Alice et Emmett ?"
- "Bien Alice connaissait une partie. Pour le reste, on peut dire qu'elle est trop choquée pour réagir. Quant à Emmett, il est surtout énervé de se sentir exclu de tout à chaque fois." Je ris légèrement.
- "C'est drôle, Alice m'a énormément parlé de toi, et pourtant j'ai l'impression d'avoir affaire à un inconnu."
- "Je suis désolé si je t'ai paru distant. Ce n'est en rien contre toi. Je manque juste de contrôle par rapport aux autres."
- "Et maintenant ? Tu tiens le coup d'être resté auprès de moi durant tout ce temps ?" Demandais-je.
- "Ça va plutôt bien. Il faut dire que la douleur que tu ressens m'a fait passer toute envie de me nourrir."
- "Tu es sensé me remercier ?" Plaisantais-je.
- "Tu rigoles ? Hors de question que je te remercie pour m'avoir fait souffrir mille morts." Je le regardais en train de me sourire et je me surpris à espérer que la situation n'était pas aussi dramatique qu'elle en avait l'air. Peut être que tout finirait par s'arranger après tout.
- "C'est toi qui es en train de m'envoyer des ondes d'espoir ?" Accusais-je.
- "Tu ressens beaucoup de choses Bella, beaucoup d'émotions différentes. Mais il y a une chose que tu ne ressens jamais. L'espoir. Tu manques cruellement d'espoir. Et c'est bien dommage."
- "Ça fait bien longtemps que j'ai perdu tout espoir en ce que la vie pouvait m'offrir." Avouais-je à demi voix.
- "Pourtant elle t'a envoyé Edward. Ça vaut le coup d'espérer un peu, non ?"
- "Mais elle a remis le docteur Cullen sur mon chemin." Contrais-je.
-" Et alors ? Est-ce si grave ?" Demanda-t-il.
Je restai sans voix. Il venait de me clouer le bec. Je n'avais aucune réponse à donner. Était-ce si grave de l'avoir revu ? Je l'ignorais. Tout ce que je savais, c'était que je ne pourrais pas m'en remettre, si Edward venait à me laisser tomber et qu'il n'y avait plus qu'à espérer qu'il me pardonne.
- "Tu vois ? C'est beaucoup mieux quand on espère." Je tournai la tête vers lui et le regardai éberluée.
- "Tu l'as su exactement au moment où je l'ai ressenti."
- "Dés que tu ressens une émotion, je le ressens aussi."
- "Vous êtes incroyables, vous les vampires."
- "C'est pour cette raison que nous sommes un mythe." Je hochai la tête. Bizarrement, j'allais beaucoup mieux après avoir parlé avec lui. Mais je me méfiais tout de même de ce que je pouvais ressentir. Il était capable de trafiquer mon corps sans que je ne le sache.
- "Je crois que je vais rentrer chez moi." Annonçais-je. Il se releva d'un bond.
- "Je vais te ramener chez toi." Je me relevai et lui souris gentiment.
- "Merci." Lui dis-je.
- "Pour quelle raison ?" S'étonna-t-il.
- "Pour me donner un peu d'espoir."
Après que Jasper m'ait déposé chez moi, je m'étais empressée de me précipiter dans mon lit pour y croupir. Je m'étais blottie en boule sous ma couette. Être en compagnie de Jasper m'avait incroyablement apaisé mais à présent qu'il n'était plus là, je me retrouvais à nouveau seule, avec mon chagrin. J'essayais de me vider l'esprit de toute cette lourdeur qui me pesait. Je me remémorais dimanche dernier, sans doute l'un des plus beaux jours de ma triste vie.
Ce fut même le jour où je me suis réconciliée avec Rosalie. Quand j'y pense, je me dis que ma vie a tout de même connu ses moments de gloire. Notamment tous ces moments de complicité avec ma meilleure amie, jusqu'à la nuit de la veille, où je me suis endormie dans les bras d'Edward, le vampire de ma vie, et où j'ai entraperçu ce qu'il pouvait ressentir pour moi malgré son recul et sa réserve.
Si seulement il pouvait me pardonner, ne pas m'en vouloir. Je voudrais revenir en arrière, retourner à la nuit dernière et ne pas m'arrêter cette fois, car j'aurais dû lui dire ce que j'éprouvais pour lui quand j'en avais l'occasion. Je voudrais tant lui dire que je l'aime, je voudrais tant qu'il le sache avant de me quitter. Et pire que tout, je voudrais tant que lui me le dise.
Même si je savais que c'était désormais une chose impossible, je ne pouvais m'empêcher de repenser à ce que Jasper m'avait dit. Je manquais d'espoir. C'était vrai, je le savais. Et je n'ai plus jamais espéré depuis cinq longues années que j'aurais voulu jeter à la poubelle. J'ai refusé catégoriquement d'espérer à nouveau après la trahison de Carlisle envers moi.
Mais il avait peut être raison de me dire que je devais espérer. Après tout, la vie m'avait apporté Rosalie. Elle avait également mise sur mon chemin des personnes formidables comme Alice et Emmett. Et comme l'avait si bien dit Jasper, elle m'avait amené Edward.
Alors peut être que ce ne serait pas si mal d'avoir un peu d'espoir. Avoir foi en la vie. Voila une chose inconnue pour moi. Mais comme dit le dicton : Il y a un début à tout. Donc je fis quelque chose que je n'avais encore jamais fait.
Je me mis à espérer. Espérer fort, comme jamais. À espérer qu'Edward m'aime autant que moi je l'aimais, à espérer qu'il ne m'abandonnerait pas, à espérer que Rosalie ouvre enfin les yeux sur ses sentiments envers Emmett et qu'elle aille mieux, à espérer qu'elle soit enfin heureuse et connaisse le bonheur, à espérer que mon père rencontre enfin la femme de sa vie, à espérer que la famille Cullen ne se sépare pas à cause de moi… A espérer.
Je dus m'endormir car lorsque j'ouvris les yeux, je me sentais soudainement bien plus reposée. De plus, la nuit était bien noire et ma fenêtre était bien sombre. Je vis au coin de la pièce une ombre imposante. Il me fallut cligner des yeux plusieurs fois pour me rendre compte que cette ombre n'était autre qu'Edward. Plus je regardais son visage, et plus je sentis ma peine revenir à nouveau en moi. Il avait le regard assombri, les traits torturés et j'arrivais à apercevoir une tristesse dont j'ignorais la raison. Il était sans doute triste que je lui aie menti.
- "Rendors-toi." Me dit-il avec une voix que je n'arrivais pas à reconnaître.
- "Comment voudrais-tu que je dorme en te sachant ici ?" Répliquais-je d'une voix rauque et endormie. Il ne répondit pas. La pièce était tellement silencieuse que si je n'avais pas Edward devant moi, je pourrais même croire qu'il n'y avait personne à part moi. "Edward ?" Appelais-je faiblement. Il me scrutait avec un regard indéchiffrable. "Dis-moi quelque chose." Suppliais-je. Il se pinça l'arête du nez avant de reposer les yeux sur moi.
Il s'avança lentement vers moi, sans me lâcher du regard et s'assit sur mon lit, face à moi, en me regardant toujours aussi intensément et douloureusement.
- "Et que veux-tu que je te dise ?" Murmura-t-il doucement, avec une voix rauque. Je déglutis.
- "Pourquoi es-tu triste ?" Demandais-je. Il fronça les sourcils.
- "Je suis triste pour toi." Répondit-il. "Et je suis triste de savoir que tu ne me fais pas assez confiance pour me parler de ça."
Je ne fus pas étonnée de sa réponse. Je m'étais attendue à ce genre de remarque. J'étais même surprise qu'il ne soit pas énervé.
- "Edward…" Murmurais-je.
- "Je savais que tu ne me disais qu'une partie de la vérité." Continua-t-il. "Et je ne m'en suis pas plain parce que même si ça me torturait de ne pas savoir, je savais que je ne te méritais pas et je prenais ce que tu acceptais de me donner. Mais dans le fond, je crois que j'avais fini par penser que je méritais au moins ta confiance."
Ce fut plus fort que moi, je me mis à pleurer. Je m'étais attendue à des remontrances, à de la colère, de la méchanceté, n'importe quoi. Mais certainement pas à ce qu'il se dénigre lui. Cela renforça encore plus le fossé qu'il y avait entre nous et augmenta la honte que j'éprouvais à un degré supérieur.
- "Pourquoi tu dis une chose pareille ?" Demandais-je en sanglotant. "Pourquoi tu dis que tu ne me mérites pas ? C'est moi qui ne te mérite pas." Finis-je dans un souffle. Je le vis secouer la tête avant de froncer les sourcils comme il le faisait toujours.
- "Pourquoi ne m'as-tu rien dit Bella ? Pourquoi avoir préféré endurer ça aujourd'hui, à la place de m'en parler ?"
- "A ton avis ?" Pleurais-je. "J'avais peur. Je savais que tu me rejetterais si tu apprenais les choix que j'avais fais par le passé. J'ai voulu mettre ton père en prison. Tu m'aurais laissé dés l'instant où je te l'aurais dit. Je voulais préserver le maximum de temps que je pouvais avoir avec toi."
Il me regarda incrédule et bouleversé.
- "Tu es en train de me dire que tu as préféré supporter une confrontation avec mon père et souffrir plutôt que de me perdre?"
Il se releva subitement. "Mais c'est de la folie ! Tu es complètement inconsciente. Je n'aurais jamais toléré que tu le revoies si tu t'étais confiée à moi."
- "Mais tu ne serais plus là aujourd'hui!" M'emportais-je larmoyante. "Tu m'aurais quitté depuis longtemps, n'est-ce pas? Parce que c'est bien ce que tu t'apprêtes à faire, non? Tu es là pour t'assurer que je vais bien et ensuite, tu m'abandonneras parce que tu ne peux plus me supporter en sachant que j'ai insulté ton père de la pire des manières, que je l'ai trainé en justice et que je l'ai détesté."
Il me regarda avec des yeux ahuris, comme si tout ce que j'étais en train de débiter n'était qu'un tissu de conneries. Ses yeux exprimaient désormais de la douleur et de la peine.
- "Comment… Comment peux-tu croire que j'aurais réagi de cette façon ? La seule personne à qui j'en veux réellement, c'est lui pour t'avoir fait passer pour une folle au tribunal, pour t'avoir fait une promesse qu'il n'a pas pu tenir et pour t'avoir fait autant de mal."
J'entrouvris la bouche de surprise. Je ne m'étais pas du tout attendue à ce qu'il ne prenne mon parti.
- "La seule chose dont je lui serai à jamais reconnaissant, c'est de t'avoir sauvé la vie."
Je baissai les yeux. Le fait qu'il m'ait sauvé la vie était justement la raison qui faisait que je lui en voulais. J'entendis Edward marmonner quelque chose de trop rapide pour mes oreilles d'humaine, avant de sortir de la pièce. Je le suivis, ne voulant pas qu'il disparaisse.
- "Peut être que je n'aurais pas pensé ça si tu t'ouvrais un peu plus à moi." Lâchais-je subitement. Il se figea, puis se tourna vers moi. De mon coté, je ne pouvais plus contenir ce que je ressentais plus longtemps. Il fallait que ça sorte.
- "Je t'en prie, ne commence pas." Dit-il en n'osant pas me regarder.
- "Pourquoi?" M'énervais-je. "Tu voulais savoir pourquoi j'avais agi aussi impudemment et pourquoi j'ai pensé tout ça. Alors laisse-moi te dire pourquoi."
- "Bella…"
- "Tu ne me dis jamais rien!" Criais-je. "Tu es distant, tu as érigé un bouclier autour de toi que je ne peux pas pénétrer. Et parfois j'ai l'impression que tu n'en as rien à faire de moi. Et s'il n'y avait pas tes gestes pour me prouver le contraire, j'aurais pu penser que tu ne me supportes pas. Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu ne me dis pas ce que tu ressens?"
- "Parce que je ne veux pas que tu t'attaches!" Finit-il par avouer avec énervement. J'écarquillai les yeux.
- "Quoi?" M'étonnais-je. Il détourna le regard.
- "Je ne voulais pas que tu t'attaches en sachant que notre histoire est condamnée. Tu es humaine et je ne le suis pas. Nous aurions fini par nous en aller et j'aurais disparu de ta vie. Je ne voulais pas que tu souffres de mon départ."
Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais. Mon cœur se déchirait d'entendre parler d'une séparation.
- "Tu avais prévu de me quitter depuis le début?" Parvins-je à formuler à demi-voix. Mes larmes coulaient sur mon visage. Il n'osait pas poser le regard sur moi.
- "Qu'est-ce que tu croyais? Que nous passerions notre vie ensemble? Tu croyais que j'allais t'infliger ça? Je ne suis pas pour toi. Mon monde n'est pas pour toi. J'ai fait une énorme erreur en laissant les choses empirer. Je n'aurais jamais dû me rapprocher de toi. Une fois que j'ai voulu réparer mon erreur, c'était trop tard. Je ne pouvais pas rester loin de toi. Alors j'ai essayé d'être distant autant que je le pouvais, dans l'espoir que tu ne t'attaches pas. Je pensais qu'en ne te disant pas non plus ce que j'éprouvais pour toi, tu t'éloignerais toi-même de moi. Mais après ce que tu m'as dit à l'instant, je me rends compte que j'ai échoué."
- "Tu croyais que t'éloigner de moi, et taire ce que tu ressentais pour moi me ferait t'aimer moins?" Hallucinais-je. J'étais complètement décontenancée et incrédule. Il posa enfin le regard sur moi, et je vis son visage emprunt à de la défection, et tourmenté.
- "Si je t'avais déclaré ma flamme, ça t'aurais rendu encore plus amoureuse." Avoua-t-il doucement et solennellement. "C'est vrai Bella. Si je t'avais dit que je ne faisais que penser à toi jour et nuit, que tu es arrivée, telle une météore pour illuminer ma nuit sans lune, que je suis complètement fou de toi et que je tiens plus à toi qu'à n'importe qui d'autre dans ce monde, ça t'aurait rendu encore plus attachée à moi. Ça t'aurait fait fondre et c'était exactement ce que je voulais éviter."
Je secouai la tête en sanglotant. Oui, ce qu'il venait de me dire me touchait, me rendait complètement fébrile et plus dépendante de lui qu'avant. Mais il y a une chose auquel il avait tort, c'est que j'étais déjà trop attachée à lui. Et ça, il fallait qu'il le sache.
- "Tu n'es qu'un pauvre idiot, Edward Cullen. Tu crois qu'en te tenant éloigné et distant de moi, tu m'empêcheras de t'aimer mais tu as tout faux." J'ancrais mon regard dans le sien. "Parce que la vérité, c'est que je t'aime. Peu importe ce que tu fais pour empêcher ça, ça fait partie des choses inévitables. Je t'aime." Répétais-je, enfin soulagée de le dire à haute voix. "Et tu auras beau te montrer exécrable, distant, silencieux ou que sais-je encore, tu auras beau te trouver à des milliers de kilomètres, ça ne changera jamais rien au fait que je suis amoureuse de toi et que ça ne changera jamais."
- "Arrête ça, Bella."
- "Pourquoi?" M'emportais-je. "Tu n'aimes pas entendre ça? Tu ne veux pas savoir à quel point je suis éprise de toi? Tu ne veux pas savoir que je ne peux pas vivre sans toi, que mon monde, mon univers, c'est toi? Je t'aime."
- "Arrête!" Il me suppliait d'arrêter et avait la tête dans les mains. Ça le torturait d'entendre ça, mais je ne devais pas me rétracter.
- "Non." Refusais-je. "Je ne vais pas m'arrêter. Je vais te le dire jusqu'à ce que tu comprennes que tu ne peux rien empêcher et que tu l'acceptes."
- "Bella…"
- "Je t'aime." Dis-je avec plus de conviction que je n'en aie jamais eu. "Je t'aime." Je m'avançais lentement vers lui. "Je t'appartiens. Tu es mon oxygène, je ne suis rien sans toi." Je me trouvais à sa hauteur et je pouvais sentir son souffle. "Je t'aime." Répétais-je doucement. Il me regardait intensément et je sus que j'étais en train de gagner. Je passai mes bras autour de son cou et lui répétai une nouvelle fois: "Je t'aime."
Il m'observa quelques secondes et se décida enfin à abandonner.
Il m'embrassa avec un empressement non dissimulé. Je soupirai de bien être tellement j'avais besoin de ce contact. Je me sentais vraiment libérée et fière d'avoir dépassé mes craintes. Le baiser dura longtemps, mais ne s'approfondit pas. Ce n'était pas nécessaire. Il s'écarta pour poser son front contre le mien et ferma les yeux.
- "Je t'aime, Bella. Je t'aime tellement…"
Je souriais. J'avais réussi. J'avais enfin détruit le mur qu'Edward avait bâti entre nous. J'étais enfin parvenue à le faire baisser ses barrières, comme il avait su abaisser les miennes.
Il rouvrit les yeux et je ne me départais pas de mon sourire. Il me sourit à son tour et ce fut le plus beau sourire que je n'avais encore jamais vu. Il m'embrassa à nouveau, comme pour sceller ce qu'il venait de dire. Ses lèvres sur les miennes se faisaient douces, comme si elles embrassaient les lèvres les plus fragiles du monde. Je frémissais mais ce n'était pas dû à sa froideur. Il voulut se reculer de moi mais je l'en empêchai en me collant à lui comme une perdue.
Mes mains fourrageaient dans ses cheveux et j'essayais de bouger mes lèvres avec empressement, tandis que lui s'appliquait toujours avec la même douceur, ce qui me faisait perdre pied complètement. Il caressait mes lèvres avec une lenteur désespérée qui m'électrisait et n'y pouvant plus, j'entrouvris la bouche pour y laisser passer ma langue afin qu'elle puisse venir à la rencontre de sa bouche, si froide, mais si brulante à la fois.
Il passa une main sur ma joue et la caressa doucement, avant de capituler et d'ouvrir la bouche à son tour. Nos langues se rencontrèrent pour exécuter un ballet dansant qui m'emmena loin, très loin dans un autre univers. Et s'il s'était montré doux et lent avec ses lèvres, il fut pire avec sa langue. Cela avait le don de me faire perdre la tête et je suis certaine qu'il le savait. D'ailleurs en parlant de ma tête, celle-ci commençait à me tourner et je sentais mes jambes devenir flageolantes, tellement je manquais d'air. Je manquais peut être d'air, mais surement pas d'oxygène puisque c'était lui ma source vitale.
Il se recula pour me laisser respirer – bien que je n'en avais aucunement envie – et se mit à m'embrasser délicatement dans le cou. Je fermai les yeux et soupirai de bien être. J'inclinais la tête pour lui laisser plus d'espace et ainsi recevoir plus de décharges électriques à mesure qu'il déposait une myriade de baisers froids. Je ne m'entendis même pas murmurer son prénom tellement j'étais transportée. Lorsque sa bouche se décolla de ma peau, je sentis comme un vide autour de moi et je rouvris les yeux brusquement.
Je croisai son regard et je vis que ses yeux étaient devenus aussi noir que de l'encre de chine. Il me semblait que pour les vampires, cela exprimait à la fois le désir et la soif. J'espérais pour ma vie qu'il s'agissait de la première solution. Si mes yeux avaient été capables de changer de couleur, je n'avais aucun doute quant au fait qu'ils seraient aussi – voir plus – noirs que les siens.
Nous nous scrutâmes du regard pendant ce qu'il me semblait être des heures. Puis sans crier garde, il se jeta sur mes lèvres avec un empressement sur-dimensionné. Complètement à l'opposé de ses précédentes actions. Nos bouches s'ouvrirent tout de suite et je sentis un grognement provenir de sa poitrine.
Mon corps entier était sur le point de prendre feu et je lâchai prise. Mes jambes me lâchèrent et je me sentis tomber. Je n'atteignis pas le sol car il me maintenait sans difficulté apparente. Il descendit ses mains sur mes cuisses, puis les saisit pour que je n'aie plus à me soucier de mon équilibre défectueux. J'entourais sa taille de mes jambes, tout en continuant à l'embrasser passionnément et amoureusement. Ce fut à une vitesse humaine – pour une fois – qu'il m'emmena dans la chambre. Il me déposa précautionneusement sur mon lit et se plaça au-dessus de moi. Si jamais Rosalie décidait de débarquer à nouveau sans prévenir, je jure que je la tuerai de mes propres mains. Ou alors je la découperai à la machette. Il me regarda sérieusement avec une pointe de crainte dans ses pupilles noircies. Son visage était si prés du mien que je pouvais visualiser n'importe lequel de ses traits et me rendre compte à quel point son visage pâle est parfait. Tout son être était parfait. Et ce moment aussi était parfait.
Il m'observait toujours et semblait en plein dilemme crucial avec sa conscience. Je n'osais point l'interrompre. Cela me permettait de le contempler et l'admirer encore plus longtemps. Il ferma les yeux et posa son front contre le mien en soupirant. Je ne pouvais pas bouger, ni émettre le moindre son. Il releva son front et ouvris les yeux pour me regarder intensément, comme s'il venait de prendre l'une des décisions les plus importantes de son existence.
- "Tu me fais confiance?" Me murmura-t-il avec une anxiété et une détermination qui me laissaient pantoise. J'étais incapable de parler tellement j'étais envoutée par notre proximité et par sa voix qui me chatouillait les oreilles. Tout ce que je pus faire, fut d'hocher la tête perceptiblement et maladroitement.
Il hocha la tête à son tour, comme pour se donner du courage, puis s'empara de ma bouche à nouveau avec une tendresse infinie. Je n'avais encore jamais été embrassée comme ça auparavant, par qui que ce soit d'autre. Tous mes meilleurs baisers auront été ceux que lui m'aura donnés. Je m'agrippais à son cou pour l'avoir au plus proche de moi que je le pouvais. Ses mains se baladaient sur ma silhouette, me caressant avec douceur et m'octroyant des brulures électriques dans tout mon être.
Il se sépara de ma bouche pour venir embrasser ma mâchoire, puis mon cou… Il embrassait chaque parcelle de peau et je me consumais entièrement. Je ne répondais plus de rien, j'étais complètement transportée et mon cerveau était déconnecté. Mes yeux étaient fermés et je respirais bruyamment. Il continuait à exécuter des milliers de baisers sur ma peau, et descendit sa bouche vers ma poitrine recouverte. Il déposa un tendre baiser dans le creux de mes seins avant de relever la tête – encore – et de me regarder avec incertitude. Je voulus lui murmurer que je l'aimais de tout mon cœur mais j'étais incapable de formuler quoi que ce soit, incapable de penser, de réagir convenablement. Tout ce que je faisais était de le regarder avec anticipation et confiance.
Il parut rassuré par mon regard emplit de certitudes car il ôta tout doucement mon débardeur, sans me lâcher du regard alors que je levais mes bras pour l'aider. Une fois mon haut enlevé, il fit lentement glisser les bretelles de mon soutien-gorge le long de mes épaules, et de mes avant-bras. Je me relevais légèrement pour lui permettre de passer les mains derrière mon dos, et il dégrafa prestement mon soutien-gorge qui disparut de mon champ de vision. Je me retrouvais alors découverte devant lui. Il me contempla longuement tandis que je rougissais timidement.
Il embrassa ma bouche, puis ma poitrine avant de me murmurer à l'oreille :
- "Tu es magnifique."
Cette phrase eut pour effet de m'émoustiller et de faire battre mon cœur plus rapidement. J'entrepris de défaire sa chemise pour équilibrer les choses et défis les boutons un à un en le regardant droit dans les yeux.
- "C'est la première fois que je fais ça avec une humaine." M'apprit-il avec crainte. Il paraissait véritablement anxieux.
- "Ça tombe bien." Dis-je pour détendre l'atmosphère. "C'est la première fois que je fais ça avec un vampire."
Il secoua la tête avec un sourire en coin et m'embrassa alors que je lui retirais sa chemise une bonne fois pour toutes. Mes mains caressaient son corps parfaitement bien dessiné, s'attardant sur abdominaux qui rendraient n'importe quel homme fou de jalousie.
Il fit glisser ma jupe le long de mes jambes, provoquant des décharges électriques partout où ses mains passaient. Puis il défit son jean pendant que j'étais toujours en train de caresser le haut de son corps. Nous nous retrouvâmes avec plus qu'un seul vêtement chacun et ce fut le moment le plus crucial de toute ma vie. Je priais fort pour qu'il ne disparaisse pas, pour pas qu'on me l'enlève, que je me réveille un matin et découvre que tout ceci n'aura été que le fruit de mon imagination.
Je passai alors mes bras autour de sa nuque et rassemblai mon courage pour lui murmurer.
- "Aime-moi."
Il ancra son regard au mien, pénétra mon âme avec ses iris noirs.
- "Toujours."
Il dévora mes lèvres et tout ce qui suivit fut un tourbillon d'étoiles et de soleil. Ses mains étaient partout sur mon corps. Mes bras, mon ventre, mes seins, mon visage… Je soupirais maladroitement et ma respiration était saccadée.
Puis mon salut arriva.
Il me pénétra sans même que je ne le voie venir. Je ne savais même pas qu'il avait ôté nos sous-vêtements. La vitesse vampirique je présume. Si j'avais pu décrire ce que j'ai ressenti au moment où nous ne faisions plus qu'un, cela aurait été un tissu d'adjectifs et de mots qui ne veulent rien dire quand on les assemble. Tout ce que je pouvais dire qui avait le moindre sens, était que c'était mon paradis personnel. Il ne bougea pas, de peur probablement de m'avoir fait mal, mais je l'embrassai chastement pour le rassurer. Je le sentis sourire contre ma bouche. Peut être que lui aussi ressentait ce sentiment de plénitude que j'éprouvais.
Il se mit alors à bouger. Lentement. Je l'accompagnais dans ses mouvements et plus les minutes passaient, plus la flamme qui jaillissait en moi grandissait. J'irradiais de toutes parts, mon corps ne répondait plus de rien, j'haletais.
Les mouvements accéléraient, la cadence augmentait, ma respirations devenait de plus en plus erratique, même lui soufflait bruyamment. Le monde s'était complètement arrêté de tourner.
Puis comme deux aimants emboités, faits l'un pour l'autre, nous nous embrasâmes en même temps et nous consumâmes, le plaisir nous emportant avec lui.
Ce fut le moment le plus magique et le plus extraordinaire que je n'aie jamais connu.
Je lui appartenais désormais corps et âme. Mon cœur était à lui pour l'éternité.
Nous finîmes enlacés sous les couvertures, tandis que je sombrais dans le pays des rêves, tellement j'étais épuisée. Je pus percevoir une mélodie provenant de lui qui m'emmena dans les bras de Morphée sans que je ne me fasse prier.
Le voile sur mon passé avait été éclairci.
Le voile sur les sentiments d'Edward avait été jeté aux orties.
Plus rien ne nous retenait désormais.
Pour la simple et unique raison que le voile était enfin levé.
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