Chapitre 5: Live your life and smile
Bella se rendait au lycée, avec les idées complètement embrouillées. Après avoir appris d'où venait Edward Cullen, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle ne s'était pas laissée entraîner dans un tourbillon à problèmes. Parce que, forcément, coucher avec le fils d'un des hommes les plus riches et les plus influents de la planète, n'était pas sans conséquence. Mais pourquoi était-il inspecteur d'ailleurs? Il n'avait sérieusement pas besoin de travailler. Et n'était-il pas supposer succéder à son père ou un truc de ce genre là ? Parce que c'est-ce qu'ils font dans ce milieu. Et puis après tout, pourquoi se posait-elle toutes ces questions ? Cela ne la regardait absolument pas. Elle n'avait rien à voir avec lui. Seulement elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un petit peu concernée.
Curiosité maladive ou fascination ?
Probablement les deux. Elle commença soudainement à se demander à quoi ressemblera leur prochaine confrontation. Non pas qu'ils se soient quittés en mauvais termes, bien au contraire. Mais qu'allaient-ils se dire ? Est-ce qu'ils allaient continuer à se voir de cette façon, c'est-à-dire, moments inopinés et imprévus où ils se soulagent mutuellement, ou allaient-ils se mettre à discuter et envisager une possible relation ?
Ou alors, ils pouvaient se trouver dans une situation embarrassante où aucun d'entre eux ne sauraient quoi dire, ce qui les amènerait à faire ce qu'ils savaient faire de mieux ensemble.
Parce qu'autant le dire, lorsque deux personnes physiquement attirés l'un envers l'autre ne savent pas quoi se dire pour tenir une conversation, ils finissent par assouvir la tension sexuelle régnant dans l'air et se sautent dessus pour combler le silence.
Et enfin, dernière proposition, allaient-ils couper court à toutes formes de relation, que ce soit purement physique ou sentimentale ? Cette dernière solution fit frémir Bella. La seule chose qu'elle savait qu'elle ne supporterait pas, était d'imaginer ne serait-ce qu'une seconde, qu'elle ne ferait plus jamais l'amour avec lui. Elle avait besoin de ce rapprochement.
Rien que de penser au fait qu'il n'aurait plus lieu, la vidait de son oxygène. Elle se sentait vide. Comment pouvait-elle réagir de façon aussi excessive ? Elle ne pouvait pas être aussi dépendante d'un homme de cette façon, surtout qu'elle ne le connaissait absolument pas.
Et pourtant, c'était bel et bien le cas. Elle n'était pas dépendante de lui réellement, mais plutôt de la relation physique et ambiguë qu'ils entretenaient. Elle avait besoin de se sentir libre et entière, et leur relation fusionnelle ainsi que leur compatibilité physique en était la solution.
Elle entreprit de se garer sur une des places du parking réservées aux professeurs de l'établissement, et s'extirpa de la voiture avec un brouillard en guise de cerveau, à cause de ces nombreuses pensées qui vaquaient dans tous les sens.
Elle marcha en direction de l'entrée mais s'immobilisa lorsqu'elle vit un homme devant le lycée, l'air d'attendre quelqu'un. Les cheveux cuivrés et le visage toujours aussi digne des plus grands mannequins de la planète, Bella ne mit pas plus de dix millisecondes pour reconnaître la personne qui accaparait ses pensées quelques minutes auparavant. Elle s'était demandée à quoi ressemblerait leur prochaine confrontation… Et bien il semblerait qu'elle allait avoir la réponse plus vite qu'elle ne l'aurait pensé. Car il n'était certainement pas là pour écouter les oiseaux chanter.
Elle se posa la question si elle devait l'affronter ou marcher rapidement vers l'enceinte du lycée en faisant comme si elle ne l'avait pas vu. Mais cela dit, s'il y a bien une chose qu'elle avait appris de son frère Emmett, c'est qu'il ne fallait certainement pas ignorer un flic, si vous ne vouliez pas vous attirer le moindre problème. Après tout, elle ne connaissait pas vraiment Edward, il pourrait très bien être rancunier et dans ce cas, mieux valait pour Bella d'aller le voir pour savoir ce qu'il voulait. Il fallait bien qu'elle l'affronte un jour si elle voulait continuer ses séances de relaxation avec son professeur de yoga préféré…
Elle se fustigea mentalement pour la métaphore ridicule qu'elle venait d'employer avant de se diriger vers lui, à pas démesurément lents. Lorsque Edward la vit, avec son air étonné et plein d'appréhension, il émit un sourire en coin qui évidemment, ne laissa pas la jeune fille indifférente. Il la laissa s'approcher et une fois qu'elle fut à sa hauteur, il lui dit sur un ton plaisantin :
- "C'est drôle, quand je te regardais marcher vers moi, j'avais vraiment l'impression que tu avais peur de moi." Bella fit mine d'être offusquée.
- "Moi peur ? Tu ne me fais pas peur. Pas du tout." Le jeune homme sourit avant de répondre.
- "Tu ne devrais pas dire ça." Bella haussa un sourcil avec curiosité, puis lui rétorqua.
- "Et toi, tu devrais me dire ce que tu fais ici." Il haussa les épaules.
- "Je suis venu accompagner mon fils à l'école." Le visage de Bella devint livide quelques secondes, puis elle secoua la tête et lui mit une tape dans l'épaule.
- "Arrête de te moquer de moi." Il se mit à rire légèrement. "Sérieusement." Reprit-elle. "Qu'est-ce que tu me veux ?"
- "Bonjour Edward. Comment vas-tu ? Je vais très bien Bella, merci de t'en soucier." Dit-il de façon théâtrale. Bella soupira en cachant mal son sourire.
- "Tu ne réponds toujours pas à ma question." Dit-elle en le regardant dans les yeux. Chose qu'elle regretta aussi tôt car il l'envoûta totalement et elle fut incapable de détourner le regard. Heureusement, c'est lui qui détourna la tête pour regarder au loin.
- "C'est étrange, j'ai l'impression que tous les lycéens me regardent." Dit-il embarrassé. Bella tourna la tête pour vérifier ses propos et vit de nombreux regards posés sur eux, ou plutôt sur lui. Elle aurait plutôt dit les lycéennes que les lycéens…
- "En effet, on se demande bien pourquoi." Soupira-t-elle ironiquement. Si elle avait été une étudiante, aucun doute qu'elle aurait fait parti de ce groupe. "Mais encore une fois, tu ne me dis toujours pas pourquoi t'es là." Lui rappela-t-elle. Il la regarda amusé.
- "Et bien, je voulais te voir."
- "Ça j'avais compris." Répondit-elle avec un sourire. Il la faisait languir et elle le savait. Le pire, c'était qu'il aimait ça.
- "Tu sais, je n'ai pas l'habitude qu'une fille se pointe dans mon bureau, m'allume, et me laisse en plan après avoir pris son pied."
- "Qui te dit que j'ai pris mon pied?" Le provoqua-t-elle, le visage extrêmement rouge à cause du sujet de leur conversation.
- "Je ne sais pas. Probablement le volume sonore dont tu as rempli la pièce à toi toute seule." Répondit-il avec nonchalance. Le visage de Bella était tellement rouge qu'ils auraient pu faire cuir un œuf sur l'une de ses joues. Elle ouvrit la bouche choquée puis la referma, tandis que lui ne se retenait pas de rire face à sa réaction.
- "Je ne vois pas ce que tu trouves de drôle." Lâcha-t-elle vexée.
- "Toi." Répondit-il. "Tu n'hésites pas à coucher avec un parfait inconnu, mais pour ce qui est de parler, tu deviens la fille la plus embarrassée et gênée que je connaisse."
Bella baissa les yeux, plus gênée que jamais, ce qui fit sourire Edward. Elle remonta la tête et le regarda dans les yeux, avec le peu de dignité qui lui restait. Il fallait qu'elle dise quelque chose mais elle ne savait pas quoi. Apparemment il était là pour des explications quant à la « relation » qu'ils entretenaient. Ce qui en somme, était totalement justifié puisqu'elle même, n'en savait strictement rien.
- "Euh je…" Elle s'arrêta, car elle savait qu'elle allait commencer à dire n'importe quoi. De plus, cet homme face à elle l'éblouissait complètement, ce qui ne l'aidait certainement pas à avoir des pensées cohérentes. Elle resta silencieuse, la bouche entrouverte pendant quelques secondes, qui lui semblaient être des minutes, puis soudainement, sans crier garde, elle éclata de rire, sous le regard surpris d'Edward.
Elle continuait de rire alors que les gens à proximité les observaient avec curiosité. Edward était perplexe, tandis qu'elle reprenait petit à petit ses esprits. Une fois qu'elle eut retrouvé contenance, elle s'expliqua.
- "Excuse-moi. C'est juste que cette discussion est exactement le genre de situations embarrassantes que je m'étais imaginées. Tu vois, juste avant que tu ne te pointes ici, j'étais en train de penser à toi dans la voiture, et à ce qu'on pourrait se dire la prochaine fois qu'on se verrait. Et j'étais sûre que ça se passerait de cette façon. Sauf que dans ma tête, je m'étais dit que vu qu'on serait tous les deux embarrassés, on finirait par s'envoyer en l'air. Seulement comme on est dans un lieu public avec une foule autour de nous, j'imagine que ça va pas être le cas."
Elle se tut, se rendant compte des idioties qu'elle venait de débiter. Elle se gifla mentalement pour avoir encore une fois, trop parlé. "Euh…" Hésita-t-elle rougissante. "Tu n'étais pas supposé entendre ça je crois." Dit-elle alors qu'il la regardait, littéralement amusé.
"C'est pas vrai." S'exaspéra-t-elle. "Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que tu te trouves dans les parages, je me transforme en moulin à paroles qui dit n'importe quoi ? J'ai l'impression de ressembler à Alice, ma meilleure amie. Elle, que ce soit le matin ou le soir, elle fait toujours que parler, parler, parler. Et des fois ça a vraiment tendance à m'énerver. Et là tu vois, j'ai vraiment l'impression d'être comme elle. Et je me rends compte que je suis encore en train de m'emporter et de déblatérer inutilement. Et tu pourrais dire quelque chose s'il te plait ? parce que j'ai vraiment l'impression d'être ridicule. Alors dis-moi n'importe quoi au lieu de rester là, avec ton fichu sourire en coin qui fait craquer les filles et qui est en train de m'exaspérer." Déblatéra-t-elle.
- "Sors avec moi, Bella." Annonça-t-il.
- "Pardon ?" S'étonna-t-elle. Elle en resta bouche bée. De toutes les phrases qu'il pouvait dire, il fallait qu'il sorte celle auquel elle s'attendait le moins. Il avait le don de la prendre par surprise…
- "Sors avec moi." Répéta-t-il avec aplomb, sans se départir de son sourire en coin. Bella ne savait pas du tout comment réagir. Elle était tellement surprise que sa bouche ne s'était toujours pas refermée.
- "Es-tu en train de me proposer un rencard ou un truc de ce genre là ?" Demanda-t-elle avec les sourcils froncés.
- "C'est exactement ça." Répondit-il amusé. La bouche de Bella se rouvrit à nouveau, sous le coup de la surprise.
- "Pourquoi ?" Demanda-t-elle incrédule. Edward sembla surpris de sa question.
- "Tu me demandes pourquoi je veux sortir avec toi ?"
- "Et bien… Il faut dire que je ne suis pas le genre de filles très intéressantes." Dit-elle en regardant ses pieds. Il fronça les sourcils.
- "Tu ne te vois pas clairement. Moi je trouve qu'au contraire, tu es la fille la plus intéressante qu'il m'ait été donné de rencontrer. Et aussi la plus imprévisible." Elle releva la tête surprise.
- "C'est vrai ?" S'étonna-t-elle. Il sourit.
- "Si je te le dis."
- "Mais tu ne me connais même pas." Réfuta-t-elle.
- "C'est à ça que ça sert les rendez-vous non ?" Répliqua-t-il. "Mais si tu ne veux pas, tu peux le dire."
- "Non, je n'ai pas dit ça." Protesta-t-elle, tandis qu'il souriait. "Je… Je ne sais pas…"
Il s'approcha d'elle à pas lents, la prit par les épaules, et pencha sa tête vers son oreille, sous l'étonnement de la jeune fille qui ne bougeait pas d'un pouce. Puis il lui murmura avec une voix douce.
- "Tu m'as demandé de t'embrasser, je l'ai fait. Tu m'as demandé de t'achever, et je l'ai fait également. Maintenant c'est moi qui te demande quelque chose." Il se recula pour l'observer, la laissant complètement pantoise. Heureusement que Dieu n'entendait pas ses pensées, car elle serait morte de honte. "Je te laisse, je dois aller bosser." Lui fit-il en s'éloignant. Bella fut sidérée.
- "Tu me laisses ?" S'étonna-t-elle. "T'as pas le droit de partir comme ça !" Il sourit. Apparemment il en était fier.
- "Tu as fait exactement la même chose, la dernière fois." Lui fit-il remarquer, sans s'arrêter de marcher. Elle essaya de le rattraper.
- "Sauf que moi, c'était différent parce que c'était après avoir fait l'amour avec toi."
- "Parce que t'as envie de coucher avec moi ?" Lui demanda-t-il en souriant.
- "Non !" Se braqua-t-elle. "Enfin, ce n'est pas que je n'en ai pas envie, mais… Oh et puis tu m'embrouilles !" S'emporta-t-elle. Il se mit à rire, alors qu'elle était en train de s'énerver contre elle-même.
- "Bonne journée Bella." Dit-il en se dirigeant vers sa voiture, une belle Volvo argentée.
- "Tu n'attends même pas ma réponse ?" Haussa-t-elle la voix pour qu'il puisse l'entendre.
- "Pas besoin." Répondit-il en ouvrant la portière. "Je sais d'ores et déjà que non n'est pas une réponse envisageable."
Il monta dans sa voiture et referma la portière, non sans lui avoir accordé un sourire en coin dévastateur. Puis il démarra et quelques secondes plus tard, il avait quitté le parking, sous le regard abasourdi de Bella qui avait suivit la voiture s'en aller. A quoi bon lui poser la question si elle n'avait pas le choix ?
- "Et alors, tu vas sortir avec lui ?" Demanda Alice à Bella dans la cuisine. Elles étaient en train de faire la cuisine. Emmett était à la salle de sport. Bella soupira.
- "Je ne sais pas." Répondit-elle. "C'est assez bizarre, tu ne trouves pas ?" Alice fronça les sourcils.
- "Non, en quoi ce serait bizarre ? Un homme qui demande un rendez-vous à une fille, on voit ça tous les jours." Bella émit un rire.
- "Ce n'est pas ça… Seulement je pensais qu'il ne recherchait rien d'autre que du… Physique." Conclut Bella.
- "Et bien tu t'es trompée." Sourit Alice.
- "Bon et qu'est-ce que je dois faire à ton avis ?" Demanda-t-elle.
- "Tu veux vraiment que je te fasse un dessin ?" Rétorqua Alice exaspérée. "Tu sors avec lui, nom de Dieu ! Je n'arrive même pas à croire que tu hésites encore."
- "Parce que je n'ai pas envie de faire une erreur." Répliqua Bella, sure d'elle.
- "Bella." Commença Alice. "Tu es jeune, tu as la vie devant toi. Alors pour l'amour du ciel, arrête de te poser toutes ces questions et vis ta vie. Il ne s'agit pas de te marier. Juste un rencard, Un foutu rencard. Qu'est-ce que tu as à perdre ? Surtout que tu sais déjà que vous vous entendez bien physiquement." Bella rougit. "Avec combien d'hommes es-tu sortie depuis ta rupture avec Jake ?"
Bella ne répondit pas et baissa les yeux. Depuis qu'elle et Jacob avaient rompu, elle n'avait fréquenté personne. Alice le comprit immédiatement en voyant le visage qu'arborait son amie. Elle fut choquée.
"Zéro ?" S'exclama-t-elle. "Tu as eu zéro rencard depuis plus d'un an ?" Elle secoua la tête avec incrédulité. "Mais enfin t'es vraiment un cas désespéré. Comment as-tu fait pour tenir plus d'un an sans aucun rapport ? Ni même sans être sortie avec personne ? Moi, ça fait seulement plus d'une semaine que j'ai largué James, et je suis déjà en train d'agoniser. Je n'imagine même pas m'abstenir pendant un an." Bella était gênée de cette conversation.
- "Si on pouvait parler d'autre chose, que du désert de ma vie sexuelle et de tes rapports avec James, ça m'arrangerait."
- "Il faut que tu dises oui Bella. Tu ne peux pas continuer comme ça. Tu vas finir dans un couvent aux fins fonds du Norvège. Et je n'ai pas du tout envie d'être amie avec une bonne sœur norvégienne." Bella rigola.
- "Qui est la bonne sœur norvégienne ?" S'exclama une voix tonitruante. Bella et Alice se retournèrent vers Emmett qui venait d'entrer dans la cuisine avec un t-shirt transpirant. Elles ne l'avaient pas entendu rentrer.
- "Va te laver, tu pues Emmett !" S'exclama Alice. Comme réponse, celui-ci s'avança vers elle et la prit dans ses bras avec un sourire triomphal. Alice hurla et se dégagea promptement.
- "Dégage, espèce de gros putois !"
- "Pas tant que vous ne m'aurez pas parlé de cette histoire de bonne sœur." Rétorqua-t-il. Bella soupira.
- "On parlait de Bella." Répondit Alice qui s'éloignait d'Emmett, aussi loin que possible.
- "Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a encore fait pour être promue au statut d'abstinente ?"
- "Tu savais qu'elle n'avait pas eu un seul rendez-vous depuis plus d'un an ? Et qu'elle n'avait eu aucune relation sexuelle ?" Demanda Alice à Emmett.
- "Et vous savez que la personne dont vous parlez est juste à coté de vous ?" Fit Bella avec cynisme. Alice et Emmett ignorèrent sa remarque.
- "Évidemment que je suis au courant. C'est bien pour ça que le jour où j'ai su qu'elle s'était envoyée en l'air avec ce type, j'ai crié alléluia."
- "Figure-toi qu'il l'a invité à sortir, et que celle-ci ne lui a même pas dit oui." Annonça Alice. Bella soupira. Par moments, elle les détestait, ces deux là.
- "Tu es sérieuse ?" S'étonna Emmett. "Mais pourquoi tu lui as dit non?" Demanda-t-il à sa sœur. "Tu sais que tu ne seras pas déçue puisque tu as déjà couché avec lui, donc où est le problème ?" Bella grogna.
- "Vous ne comprenez pas." S'exaspéra-t-elle. "Et je ne lui ai pas dit non."
- "Encore heureux." Fit Alice. "Mais alors si on ne comprends rien, explique-nous." Bella soupira et baissa les yeux vers le plan de travail.
- "J'ai peur." Déclara-t-elle. Emmett rigola.
- "De quoi as-tu peur ? Ce mec t'a déjà ouvert son pantalon deux fois et comme on dit, jamais deux sans trois."
- "Merci pour ta finesse Emmett." Lança Bella, les joues cramoisies.
- "Bah quoi ? Je dis la vérité, non ?" S'offusqua-t-il.
- "Mais enfin je n'ai pas peur de ça." Protesta-t-elle. "Tout n'est pas une question de sexe, comme tu peux le penser."
- "Oh mon Dieu !" S'écria Alice. "Bella a prononcé le mot défendu. Allez chercher le caméscope." Emmett explosa de rire alors que Bella se renfrognait.
- "Quand vous aurez fini de vous moquer de moi, vous me préviendrez." Dit-elle amèrement. Alice reprit contenance.
- "Pardon Bella. Continue je te pris." Bella soupira et s'expliqua.
- "J'ai peur de tout faire foirer." Les deux compères restèrent silencieux, ce qui alarma Bella. "Quoi ?" Demanda-t-elle.
- "Je vais encore me répéter." Fit Emmett. "Mais tu as déjà couché avec lui deux fois. Jusque là tu t'en sors plutôt pas mal. Et tu peux difficilement faire foirer le truc après ça."
- "T'es lourd Emmett." Soupira Bella.
- "Je ne comprends pas." S'exprima Alice. "Pourquoi est-ce que tu gâcherais quoi que ce soit ?" Bella les regarda à tour de rôle et répondit.
- "Parce que, comme je viens de te le dire, je ne suis pas sortie avec qui que ce soit depuis un an et demi. Merde, je ne sais même plus à quoi ça ressemble un rencard ! Si je dis ou fais quelque chose de travers, et s'il se rend compte que je n'en vaux pas la peine…"
- "Bella." Coupa Alice. "Tu te prends beaucoup trop la tête. Un rencard, ce n'est pas si compliqué. Tu discutes, tu fais connaissance, et tu vois si ça passe bien ou pas. C'est vrai que tu n'es plus habituée, mais ça va revenir. Il faut bien te remettre sur le marché un jour. Et maintenant, c'est le moment idéal." Bella se mordit la lèvre.
- "Alors je dis oui ?" Emmett et Alice soupirèrent de soulagement.
- "Tu t'es enfin servie de tes neurones. Bravo Swan." Plaisanta Alice.
- "Et c'est toi qui as fait des études?" S'exclama Emmett. Bella leur lança un regard mauvais et s'en alla de la cuisine.
- "Où est-ce que tu vas ?" Demanda Alice. Bella haussa les épaules.
- "Au poste. Je vais lui dire que j'accepte."
- "Non mais tu es folle ?" Cria-t-elle. "Ramène ton derrière ici et tout de suite." Bella se retourna et fit marche arrière.
- "Mais pourquoi ? Plus vite je vais le voir, plus vite on sort ensemble."
- "Il est hors de question que tu ailles le voir pour accepter." Répliqua-t-elle sur un ton sans appel.
- "Je ne te suis pas." Répondit Bella. "Je croyais que c'était ce que tu voulais, que je sorte avec lui."
- "Je t'ai dit de dire oui, pas d'aller le voir maintenant pour accepter." Contra-t-elle.
- "Je ne comprends rien du tout." Dit Bella. Alice soupira.
- "Des fois, j'ai l'impression de m'adresser à une pré-ado. On ne t'a jamais dit qu'il fallait les faire attendre?" Demanda-t-elle avec ironie. Bella fronça les sourcils.
- "De quoi tu parles ?"
- "Mais enfin, c'est simple !" S'exclama son amie. "Plus tu le feras languir, mieux ce sera. Si tu vas le voir maintenant, il va te prendre pour une fille facile."
- "Il doit déjà la prendre pour une fille facile." Rétorqua Emmett. Alice se retourna vers lui. "Elle a déjà couché avec lui deux fois." Précisa-t-il.
- "Arrête de rabâcher ça !" Ordonna Bella. "T'as pas arrêté de dire ça depuis que t'es arrivé. A croire que c'est la chose la plus importante à retenir."
- "Pour un mec, c'est la chose la plus importante à retenir. Et il n'empêche que j'ai raison." Contra-t-il.
- "Et bien justement." Conclut Alice. "Elle doit se rattraper en le faisant attendre. Comme ça, il te prendra plus au sérieux."
- "Je ne suis pas d'accord." Protesta Emmett. "Nous les hommes, on n'aime pas attendre. Crois-moi Bella, plus tu le feras attendre, plus il en aura marre et voudra passer à autre chose."
- "Pas s'il tient à elle." Contra Alice.
- "Mais c'est un mec Alice." Protesta Emmett. "Et nous les mecs, on est pas comme vos acteurs dans les films à l'eau de rose. Il va pas attendre qu'elle se décide à pointer le bout de son nez. S'il a l'occasion de se faire une jolie blonde, il va pas hésiter pour une fille qui ne sait pas ce qu'elle veut."
- "Dans ce cas là, ça voudra dire que c'est un imbécile." Répliqua-t-elle.
- "Non, ça voudra simplement dire que c'est un mec, pas un Jack de Titanic. Il faut que t'arrêtes de vivre sur ton petit nuage. Le prince charmant n'existe pas ma vieille."
- "Bon ça suffit !" Hurla Bella qui commençait à en avoir marre. "J'en ai ras le bol. Je vous demande de m'aider et vous, vous vous braillez dessus comme des gosses. Alors quand vous aurez fini de vous disputer, on pourrait peut être revenir à MON problème." Les deux jeunes la regardèrent penauds.
- "Désolé." Firent-ils en même temps, ce qui fit sourire Bella.
- "Bon, alors je fais quoi en fin de compte ?" Demanda-t-elle.
- "Tu le fais attendre." Répondit Alice.
- "Non, tu y vas." Rétorqua Emmett.
- "Solidarité féminine. Je fais ce que me dit Alice." Conclut Bella. Alice tapa dans ses mains et sautilla.
- "C'est pas juste. Te plains pas si entre temps, il t'aura déjà oublié."
- "Tout le monde n'est pas comme toi Emmett." Répliqua Alice toute souriante d'avoir obtenu gain de cause.
- "Qu'est-ce que ça signifie ?" Interrogea celui-ci.
- "Sois sérieux. Je parie qu'il n'y a pas une seule fille à qui tu penses plus de trois jours." Rigola Alice. Contre toute attente, Emmett fronça les sourcils et sembla vexé.
- "Tu serais bien surprise." Rétorqua-t-il avant de quitter la cuisine, laissant ainsi les deux filles étonnées. Alice se tourna vers Bella.
- "A ton avis, qu'est-ce que c'était supposé vouloir dire ?" Demanda-t-elle. Bella haussa les épaules.
- "Aucune idée. Il s'agit d'Emmett après tout." Alice hocha la tête.
- "Peut être qu'il pense à une fille." Dit-elle. Bella émit un rire.
- "Qui, Emmett ? Le seul moment où il pense à une fille, c'est lorsqu'elle est à quatre pattes au-dessus de lui." Alice éclata de rire.
- "Dis donc Bella, les petits interrogatoires avec Monsieur l'inspecteur t'auront réussie. Je ne te savais pas aussi dévergondée."
- "Oh, la ferme." Rétorqua-t-elle. Alice n'avait pas tort. Bella était beaucoup moins coincée depuis qu'elle l'avait rencontré. Mais une part d'elle, restera toujours gênée et mal à l'aise…
Cinq jours.
Cinq foutus jours que Bella écoutait les foutus conseils de sa meilleure amie. Elle s'était retenue d'aller le voir, de prendre tout contact avec lui. Elle n'avait même pas demandé de ses nouvelles à Charlie. Non pas qu'elle en aurait eu le courage en temps normal. Cela dit, elle commençait à se demander si elle n'aurait pas dû écouter son frère pour une fois, et ne pas le faire attendre. Alice est certaine qu'il valait mieux attendre une bonne semaine avant d'aller lui rendre une petite visite mais si elle s'était trompée ? Si Edward était finalement passé à autre chose comme l'avait superbement insinué son frère Emmett ?
Elle ne pouvait tout de même pas attendre lundi pour le revoir. C'est drôle, mais il lui manquait. Même si elle ne le connaissait pas, il lui faisait cet effet de dépendance. De plus, chacune de ses nuits était remplies de fantasmes en tout genre et le seul prénom qu'elle criait était le sien.
Malheureusement, Alice lui avait formellement défendu d'aller le trouver avant lundi au soir. Bella qui avait accepté d'écouter les bons conseils de son amie, ne pouvait pas enfreindre cette règle, bien que cela lui ait plusieurs fois traversé l'esprit. Elle devait s'en tenir au plan convenu. Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'elle ne s'était pas trompée, et qu'elle n'avait pas laissé filer toutes ses chances avec lui, en refusant d'écouter Emmett.
Elle était sagement en train de corriger des copies lorsque la sonnette de la porte retentit dans toute la maison. Bella supposa qu'il s'agissait d'Alice, puisque elle était allée faire une virée de shopping toute seule à Port Angeles. Elle se dirigea vers l'entrée, jetant un coup d'œil à Emmett qui n'avait pas voulu bouger de son siège, et soupira avant d'aller ouvrir la porte.
Dire qu'elle était étonnée était un euphémisme. Elle était carrément statufiée et incrédule face à la personne qui se trouvait sur la pas de la porte. Habillée dans une tenue décontractée mais qui la rendait en valeur, Rosalie Hale regardait Bella avec son dédain habituel.
- "Isabella." Dit-elle avec hypocrisie. "Je ne savais pas que tu étais là." Bella dont la mâchoire était déjà tombée après avoir réalisée qui était la personne en face d'elle, répondit sur le même ton hypocrite.
- "Et bien, aux dernières nouvelles, j'habite ici donc ma présence est tout ce qu'il y a de parfaitement légitime. En revanche, ce qui l'est moins, c'est ta présence à toi. Il ne me semble pas que je t'ai convié à venir." Rosalie lui lança un regard noir.
- "J'avais laissé mon châle ici. Je suis simplement passée pour le récupérer." Bella hésita.
- "Je n'ai vu aucun châle. Tu as dû faire erreur."
- "Laisse-moi passer." Ordonna la blonde en poussant Bella pour rentrer dans la maison.
- "Eh !" Cria Bella offusquée. "Je ne t'ai pas autorisé à entrer!" Elle n'obtint pas de réponse de la part de son interlocutrice, et referma la porte avant de se diriger dans le salon. Emmett s'était déjà levé, étonné de la scène qui se déroulait sous ses yeux.
- "Où est-il ?" Demanda sèchement Rosalie en s'adressant à Bella. Le sang de Bella ne fit qu'un tour.
- "Non mais pour qui est-ce que tu te prends ?" S'emporta-t-elle. "Tu débarques ici, fais comme si tu étais la bienvenue et te permets des manières. De quel droit oses-tu venir ici d'abord ?"
- "Je veux mon châle!" S'écria Rosalie. "Il m'a coûté une fortune, il est hors de question que je le laisse tomber et que je vous en fasse cadeau. Certainement pas à une pauvre idiote écervelée comme toi." Bella allait lui coller une gifle inoubliable mais Emmett prit la parole.
- "C'est bon, arrêtez." Tonna-t-il. La colère de Bella ne s'estompa pas.
- "Non mais tu l'as vu ?" Cracha-t-elle. "Elle se permet tout et n'importe quoi. Tu n'es pas la bienvenue ici, c'est clair ?" Prévint-elle à l'adresse de Rosalie.
- "Bella arrête !" Ordonna Emmett avec une voix ferme et puissante. La jeune fille se tourna vers lui et le regarda ahurie.
- "Quoi ? Parce que tu la défends ?" Demanda-t-elle déconcertée. Emmett fronça les sourcils.
- "Elle est simplement venue récupérer un vêtement, il n'y a pas de quoi s'énerver." Rosalie émit un sourire triomphal à Bella qui était abasourdie par les propos de son frère.
- "Et alors ?" Répliqua-t-elle. "Elle n'a pas à se comporter de cette façon. Elle m'a manqué de respect, dans ma propre maison."
- "Je t'ai dit d'arrêter Bella !" Asséna-t-il de sa voix tonitruante. Bella se tut, complètement apeurée. "Je sais où il est." Continua Emmett, à l'intention de la blonde. Celle-ci le regarda de façon hautaine.
- "Et où est-il alors ?" Demanda-t-elle dédaigneusement.
- "Je vais te le chercher." Déclara-t-il avant de s'éclipser à l'étage. Rosalie se retourna subitement vers Bella.
- "Il semblerait que tout le monde t'ai abandonné. Tu te retrouves désormais seule pour affronter la bête Rosalie." Dit-elle narquoisement. Bella secoua la tête de dégoût.
- "Vas te faire voir." Rosalie se mit à rire, tandis qu'Emmett revenait. Il avait un châle sophistiqué dans ses mains et le remit à Rosalie qui le prit rapidement.
- "Merci. C'est sympa de voir qu'il y en a qui savent encore se tenir et être polis." Répliqua-t-elle avec un sourire faux.
- "Je crois que tu peux t'en aller maintenant." Déclara Emmett mal à l'aise. Celle-ci se retourna vers la sortie, non sans avoir accordé un regard remplit de haine à Bella.
Aussitôt que la porte fut refermée, Bella se tourna vers Emmett qui avait un air embarrassé sur le visage.
- "Tu es content de toi ?" Lui demanda-t-elle énervée. "A cause de toi, j'ai été ridiculisée. Elle a eut ce qu'elle voulait. Merci beaucoup Emmett."
- "Oh ça va." Soupira-t-il. "Tout ce qu'elle voulait, c'était récupérer son vêtement. Tu ne vas tout de même pas la blâmer pour le restant de tes jours."
- "Mais tu as vu la façon dont elle m'a parlé ?" S'exclama-t-elle. "Elle n'avait pas le droit. Et comment as-tu pu prendre sa défense ? Contre ta propre sœur en plus. Espèce de sale traître."
- "Je n'ai pas pris sa défense." Nia-t-il. "Je voulais simplement éviter que les choses ne dégénèrent."
- "C'est faux, et tu le sais !" Accusa-t-elle. "T'as pris sa défense uniquement parce qu'elle a de jolies jambes, une belle paire de seins et un super fessier. Tu me dégoûtes." Dit-elle méchamment avant de se diriger vers la porte. Elle avait besoin de prendre l'air.
- "Bella attends…" Tenta-t-il de la rattraper.
- "Laisse-moi !" Cria-t-elle en claquant la porte violemment.
Elle refusa de prendre sa voiture et s'évertua donc à marcher vers le centre ville. Le temps était brumeux, mais elle n'en avait que faire. Elle devait faire le vide autour d'elle. Elle alla dans le parc où elle avait toujours bien aimé aller pour réfléchir et se poser tranquillement. Elle s'assit sur un banc vide, situé en face des toboggans où jouaient des enfants. Elle ferma les yeux l'espace d'un instant et se remémora les derniers évènements.
Rosalie Hale réussissait tout ce qu'elle entreprenait. Bella n'avait aucune chance face à elle. En moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire, elle avait réussi à la monter contre son propre frère.
Bella et Emmett ne s'étaient disputés qu'une seule et unique fois durant leur vie...
- "Comment as-tu pu te conduire de façon aussi irréfléchie ?" S'emporta-t-elle. "Il est à l'hôpital à cause de toi. Tu aurais pu le tuer !"
- "Tu voulais quoi ? Que je le laisse s'en prendre à ma petite sœur de cette façon ?" Se justifia-t-il. "Il t'a humilié et t'a traité en paria. Je n'allais pas le laisser s'en tirer à si bon compte."
- "Mais c'était mon problème, pas le tien !" Contra-t-elle.
- "Tes problèmes sont mes problèmes !" Cria-t-il.
- "Je te préviens Emmett. Si jamais Jacob ne s'en sort pas, je t'en voudrais pour le restant de mes jours". Menaça-t-elle entre ses dents. Emmett crut halluciner.
- "Je rêve ! Tu oses me dire que tu tiens à lui après tout ce qu'il vient de te faire endurer ? Redescends sur Terre Bella! Ce type se fiche carrément de toi. Tu ne peux pas aimer un salaud comme lui."
- "Je le sais, figure-toi. Seulement je n'y peux rien." Se justifia-t-elle. "Mais toi, tu n'avais aucun droit de t'en prendre à lui."
- "Sache que je me fous royalement de ce que tu peux penser Bella." Dit Emmett. "Il l'avait pleinement mérité et si c'était à refaire, je recommencerais sans hésiter. Mieux, je m'arrangerais même pour qu'il se retrouve cloué dans un fauteuil roulant à vie, comme son père."
- "Tu es pitoyable." Avait-elle dit avant de s'en aller.
Elle avait attendu une semaine avant de lui ré adresser la parole après cet évènement…
Mis à part cette fois là, Emmett et Bella n'avaient encore jamais élevé la voix. Ils s'étaient chamaillés de nombreuses fois durant leur jeunesse, et cela continuait toujours aujourd'hui. Mais jamais de disputes. Alors effectivement, Rosalie Hale avait bel et bien un don pour semer la zizanie dans la vie de Bella, même de la façon la plus improbable.
- "Mauvaise journée ?"Interrompit une voix veloutée qui avait manqué à Bella durant ces derniers jours.
Elle se retourna pour voir Edward Cullen prendre place sur le banc à côté d'elle. Elle prit son temps pour l'observer. Il avait la tête de profil et semblait fatigué. Il était véritablement beau et Bella aurait pu passer toute la journée à l'observer. Mais elle se souvint qu'il lui avait posé une question.
- "On peut dire ça." Répondit-elle. Il tourna sa tête dans sa direction et la scruta avec ses yeux verts si profonds.
- "Tu veux en parler ?" Demanda-t-il. Bella ne lâchait pas son regard, de peur qu'il disparaisse, tel un mirage dans le désert.
Puis elle secoua la tête.
- "C'est juste une histoire de famille." Dit-elle.
- "Là-dessus, j'en connais un rayon." Déclara-t-il avec une pointe d'amertume qui éveilla la curiosité de Bella.
- "Vraiment ?" Demanda-t-elle. Il avait le regard dans le vague, comme s'il fixait un point inconnu au loin. Il hocha la tête.
- "Mais ce n'est pas de moi dont on parle." Éluda-t-il. Elle se renfrogna.
- "On ne se connaît pas assez pour que je te dévoile ma vie privée." Souligna-t-elle. Il eut un sourire au coin de la bouche.
- "Parfois, c'est bien de se confier à un inconnu." Bella l'observa silencieusement. "Et puis ce ne serait pas la première fois." Elle baissa les yeux en rougissant.
- "Ça ne compte pas, j'étais stressée cette nuit là. D'abord, j'essayais de te distraire pour éviter un pépin, et puis j'étais…" Elle s'arrêta, se rendant compte de l'aveu qu'elle allait lui faire. Elle en aurait perdu sa dignité.
- "Tu étais…" L'encouragea-t-il à continuer. Elle le regarda et se mordit la lèvre, puis rabaissa les yeux avec timidité.
- "J'étais intimidée." Finit-elle par avouer. Elle posa les yeux à nouveau sur lui et vit qu'il arborait un sourire en coin qui rendait son intimité mal à l'aise.
- "Je t'intimidais ?" Cela ressemblait plus à une affirmation qu'à une question. Bella ne répondit pas, mais hocha la tête avec difficulté. Elle se sentait vulnérable à cet instant car elle venait de lui laisser entrapercevoir les pensées qu'elle avait eues à son égard. "Intéressant…" Murmura-t-il, plus pour lui-même que pour qui que ce soit d'autre. "Tu n'as pas l'air si intimidée que ça." Remarqua-t-il. Elle repensa immédiatement à sa petite intervention dans le bureau de celui-ci et se mit à rougir violemment. "Au contraire, je trouve plutôt que tu n'as pas froid aux yeux." Elle rit.
- "C'est sûr qu'une fille qui se déshabille devant tes yeux alors qu'elle vient de te rencontrer cinq minutes avant, on ne peut pas l'imaginer timide et réservée. Mais c'est la vérité." Reprit-elle avec sérieux. "Je suis quelqu'un de facilement embarrassée, de coincée qui ne peut pas s'empêcher de rougir à chaque minute. Et je ne saute habituellement jamais sur le premier inconnu qui passe. La preuve, je n'avais pas fait l'amour avec quelqu'un depuis un an et demi." Dit-elle avant de se rendre compte de ses propos.
Elle se figea et devint livide. "Est-ce que j'ai vraiment dit ça ?" Demanda-t-elle avec un semblant de panique. Elle se frappa le front. "C'est pas vrai !" Se plaignit-elle en baissant la tête et en la recouvrant de ses mains. Elle venait de se ridiculiser de la pire des manières. Elle n'oserait plus jamais le regarder dans les yeux après ça. Il éclata de rire face à la réaction de la demoiselle.
- "Tu sais ce que je trouve étonnant chez toi ?" Demanda-t-il alors qu'elle relevait la tête. "C'est que d'un coté, tu me dis des choses totalement personnelles sur toi que personne n'oserait dévoiler, et de l'autre, tu refuses de me parler d'une simple histoire de famille, sous prétexte qu'on ne se connaît pas. Incroyable." Dit-il en secouant la tête d'incrédulité. Elle avait les yeux posés sur lui et la bouche entrouverte sous le coup du choc. Il avait entièrement raison. Elle refusait de lui parler de son problème avec Emmett, mais ne s'était pas gênée pour lui parler de son abstinence d'un an et demi et de son côté coincé.
- "Si je te parle de mes soucis sans importance, ça permettra d'oublier tout ce que je viens de dire à l'instant ?" Demanda-t-elle avec un semblant d'espoir. Il sourit avec amusement.
- "Tu peux toujours essayer mais je doute fortement que j'arriverai à oublier ça." Elle baissa les yeux en rougissant, honteuse. Elle tenta néanmoins sa chance en le distrayant avec ses histoires.
- "Je me suis disputée avec mon frère et j'ignore comment ça a pu se produire, ni comment réparer ça."
- "Si tu commençais par me dire la raison de votre désaccord?" Elle le regarda étonnée. Après avoir entendu tout ça, il avait quand même l'intention de s'intéresser à ce qu'elle avait à dire ?
- "Tu es sérieux ? Tu veux vraiment entendre ce genre d'histoires dépourvues d'intérêt et insignifiantes ?" Il sourit.
- "Je ne crois pas que cette histoire soit si insignifiante pour que tu sois aussi perturbée."
- "Je ne suis pas perturbée." Réfuta-t-elle. "J'essaie simplement de réfléchir posément."
- "Et est-ce que ça donne quelque chose ?" Demanda-t-il.
- "Pas vraiment." Avoua-t-elle. "Mais pourquoi est-ce que je t'en parlerais ?" Défia-t-elle.
- "Ça pourrait te soulager." Répondit-il en cherchant son regard. Elle le regarda à nouveau dans les yeux et fut touchée par l'inquiétude qu'elle pouvait y lire. Cela la décida à se confier.
- "Je crois que mon frère ne va pas très bien ces temps ci." Edward resta silencieux, attendant qu'elle développe. "Il parait qu'à la soirée de Thanksgiving, il était complètement renfrogné et absent."
- "Pourquoi le « il paraît »? Tu n'en es pas sûre ?"
- "Je n'y étais pas, au cas où tu l'aurais oublié." Il sourit amusé.
- "Je vois mal comment je pourrais l'oublier. Mais continue." L'encouragea-t-il. Elle le jaugea du regard et entreprit son monologue.
- "Après ce soir là, Il avait l'air d'aller un peu mieux. Mais il a quand même tenu un propos étrange lundi. Je croyais qu'il était redevenu normal au fil des jours, mais aujourd'hui il a pris parti contre moi. Cela ne lui ressemble pas."
- "Pourquoi s'est-il placé contre toi ?" Demanda Edward.
- "Je l'ignore. Ma pire ennemie est venue à la maison et on s'est plus ou moins envoyée des épines de rose. Et Emmett, a pris sa défense. Soit disant qu'il ne voulait pas que les choses ne dégénèrent."
Elle regarda Edward qui l'écoutait attentivement. Elle ne pouvait pas croire que son histoire l'intéressait un temps soit peu.
- "Tu ne t'es pas dit que tu pouvais peut être avoir tort ?" Demanda-t-il après réflexion. La jeune fille le regarda ahurie.
- "Alors toi aussi, t'es contre moi ?" S'énerva-t-elle. "Tu n'étais même pas là. Tu ne sais même pas tout ce qu'elle me disait. Et tu ne sais même pas ce qu'elle m'a fait subir avant aujourd'hui."
- "Justement." Raisonna-t-il. "Tu ne crois pas qu'elle t'a provoqué uniquement pour te faire sortir de tes gonds ?"
- "Bien sur que si mais…"
- "Et tu ne crois pas qu'au lieu de rentrer dans son petit jeu qui n'aboutira à rien, ça aurait été plus intelligent de ta part de ne pas répondre à sa provocation?" La coupa-t-il. Elle restait muette et réfléchissait à ses paroles. "Je vais te dire quelque chose." Continua-t-il. "L'indifférence est le pire des mépris qui existent. Si tu réponds à quelqu'un, il s'amusera toujours à en rajouter. Tandis que si tu l'ignores, il se sentira seul, énervé et impuissant, puis finira par abandonner."
Bella était scotchée. Elle avait l'impression d'entendre un vieux sage
- "Tu pourrais être le meilleur ami du Dalaï Lama, tu le sais ça ?" Il rigola.
- "On ne me l'a pas souvent dit. Mais merci, je prends ça pour un compliment."
- "C'en est un."Sourit-elle. Ils se regardèrent longuement, comme plongés dans une bulle impénétrable. Le monde autour d'eux s'était évaporé, n'existait plus. Seul le regard de l'autre comptait. "Je pense que je vais suivre tes conseils." Dit-elle sans détacher ses yeux des siens.
- "Tu vois, ce n'était pas si mal de te confier à quelqu'un que tu ne connais pas." Répondit-il, toujours en soutenant son regard. Elle sourit.
- "Non, en effet." Murmura-t-elle. Le silence revint, aucun d'eux n'avait détaché le regard de l'autre. Ils avaient tous les deux l'impression de pouvoir arrêter le temps, mais que si le contact de leurs yeux se rompait, le temps se remettrait en marche et leur bulle éclaterait.
Malheureusement on n'échappe pas à sa condition humaine et Bella qui s'était arrêtée involontairement de respirer, dût détourner la tête pour reprendre son souffle. Depuis combien de temps était-elle en apnée ? Elle se giflait mentalement pour n'avoir pas pensé à respirer et pour avoir dû arrêter cet instant magique. Car lorsqu'elle se retourna à nouveau vers lui, il avait le regard droit devant lui, et les sourcils froncés. Elle regarda elle aussi devant elle, et contempla les toboggans pour enfants. Elle avait un besoin irrépressible de combler le silence.
- "Quand j'étais gamine, je venais souvent jouer ici." Dit-elle avec mélancolie. Il tourna sa tête vers elle. "Mon frère s'amusait tout le temps à me pousser dans le toboggan pour que je me retrouve la tête la première dans le sable." Edward rit doucement.
- "Tu as l'air nostalgique." Elle hocha la tête.
- "J'aimais bien cette époque. Tout était plus facile, plus coloré, plus attrayant…"
- "Et plus honnête." Acheva-t-il. Elle plongea son regard vers lui et lui offrit un sourire sincère.
- "Toi aussi, tu es nostalgique." Remarqua-t-elle. Il sourit.
- "C'est vrai. C'était le temps où il n'y avait pas de contrainte, où la dure réalité de la vie était camouflée par un nuage rose."
- "Où les gens ne nous déçoivent pas." Enchaîna Bella.
- "Et où la corruption n'existe pas." Termina-t-il avec un sourire. Bella souriait, elle aussi. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu une conversation aussi apaisante. A dire vrai, c'était la première fois qu'elle appréciait autant une discussion. Elle avait l'impression qu'ils étaient reliés sur un fil, un fil qui, si l'on ne le coupait pas, pouvait s'étendre jusqu'à une infinité de kilomètres.
Ils restèrent silencieux un moment, perdus tous deux dans leurs pensées. Finalement, il rompit le silence avec une voix lointaine.
- "Tu m'as fais attendre." Dit-il. Bella cligna des yeux, comme pour se réveiller et se souvint de quoi il parlait.
- "Je suis désolée." Fit-elle dans un sourire contrit. Elle allait faire payer sa meilleure amie, lorsqu'elle rentrerait à la maison.
Note personnelle: La prochaine fois, écouter son frère plutôt qu'Alice.
"Tu ne m'as même pas dit ce que tu faisais là." Remarqua-t-elle soudainement.
- "Il y avait un parc à Washington où ma mère aimait bien m'emmener quand j'étais gamin. Je n'avais pas de frère qui projetait ma tête dans le sable…" Dit-il en faisant rire Bella. "Mais j'avais un ami un peu comme ton frère qui s'amusait à faire les quatre cents coups. Nos mères étaient folles. Ce parc m'a rappelé ces souvenirs quand je l'ai vu et depuis que je suis arrivé, j'aime bien y aller pour méditer."
- "C'est drôle, c'est exactement mon lieu de méditation à moi aussi." Dit-elle enjouée. Il fit un sourire en coin.
- "On doit être synchronisé." Déduit-il.
- "Sans doute." Sourit-elle. Quelques minutes passèrent avant que Bella ne reprit la parole. "Et ton ami, tu ne le vois plus ?" Demanda-t-elle.
- "De temps en temps. C'est l'une des rares personnes qui ne m'ait pas déçu."
- "Je sais ce que c'est que la déception." Avoua Bella amèrement.
- "Je sais." Dit-il avec un sourire. Bella secoua la tête. C'est vrai qu'avec tout ce qu'elle avait dit, il devait presque tout savoir d'elle. Elle observa son visage de profil et fronça les sourcils. Lui aussi avait apparemment connu la déception.
Et pourquoi n'a-t-elle jamais entendu de parler de lui dans les journaux ? Des milliers de questions affluaient dans son esprit. C'est à ce moment précis que Bella réalisa.
Elle réalisa qu'en fin de compte, elle avait vraiment envie de le connaître. Ce n'était plus uniquement le fait qu'il soit un merveilleux amant qui l'intéressait. Mais c'était son être tout entier. Il la fascinait.
Elle voulait le connaître, percer à jour le mystère Edward Cullen. Il connaissait presque tout d'elle, mais elle ne connaissait absolument rien de lui. Et elle voulait savoir. Ce fut enfin le déclic qu'elle attendait, qui la rendrait réellement sure de son choix.
- "D'accord." Dit-elle. Il se retourna vers elle surprit.
- "C'est vrai ?" S'étonna-t-il en sachant très bien de quoi elle parlait. Elle sourit.
- "Ouais, emmène-moi où tu veux, je veux bien sortir avec toi." Il arbora un sourire qui fit fondre le cœur de Bella. Jamais elle n'avait encore vu quelqu'un d'aussi beau. Elle n'avait même aucun mot pour décrire à quel point elle le trouvait resplendissant.
- "D'accord." Répéta-t-il en hochant la tête. Elle lui sourit et son cœur se serra à l'idée de devoir le quitter et retourner à la vie réelle. Car mine de rien, elle avait vraiment eu l'impression de s'être évadée avec lui.
- "Je crois qu'il faut que je rentre." Annonça-t-elle tristement. Il hocha la tête.
- "Je dois y aller aussi. J'ai pas mal de trucs à faire."
- "Peut être que…" Hésita-t-elle. "Peut être que tu auras à nouveau envie de méditer ici demain après-midi ?" Proposa-t-elle en baissant le regard. Il sourit.
- "Peut être que toi aussi." Répondit-il. Bella releva le regard, heureuse de sa réponse. Elle se releva lentement, comme pour faire durer le moment et se tourna vers lui.
- "Merci Edward." Dit-elle avant de se détourner.
- "Quoi, pas d'inspecteur aujourd'hui ?" Plaisanta-t-il. Bella se mordit la lèvre et se retint de sourire de toutes ses dents. Elle se retourna à nouveau vers lui et ne put empêcher ses lèvres de s'étirer vers ses joues.
- "Au revoir Inspecteur." Dit-elle avec légèreté. Il sourit et secoua la tête. Il se releva du banc où ils étaient précédemment assis et se rapprocha dangereusement d'elle.
Bella en perdit son sourire lorsqu'elle se rendit compte de leur proximité. Elle pouvait sentir son souffle lui parcourir le cou et cela était en train de lui faire perdre la tête. Elle ne quittait pas ses yeux qui brillaient d'une étrange lueur. Elle refusait de bouger la moindre articulation, d'esquisser le moindre mouvement, car elle n'avait pas du tout confiance en ses jambes. Elles tremblaient légèrement et ne la soutenaient pas du tout.
Il porta une main à sa joue et la caressa doucement avec sa paume. Le corps tout entier de Bella frissonnait intérieurement. Sa deuxième main vint se poser sur l'autre joue et il scruta le regard de Bella attentivement. Elle était subjuguée et ne répondait plus de rien. Lentement, il approcha son visage du sien et effleura ses lèvres sans les toucher. Bella ferma les yeux à ce moment-là et elle sentit ses lèvres tièdes s'écraser contre les siennes avec une infinie douceur. Bella répondit au baiser avidement et ses mains se posèrent sur son torse.
Ils remuaient leurs lèvres passionnément mais sans jamais approfondir. Après tout, il y avait probablement des enfant qui regardaient… Les mains d'Edward caressaient les joues de Bella en même temps et tout se déroulait à une lenteur désespérée. Il ne s'agissait pas d'un moment de luxure dont ils en avaient l'habitude, mais simplement du premier baiser qu'ils auraient dû avoir. Edward donnait à Bella le baiser qu'il aurait aimé lui donner au lieu d'avoir fait tout à l'envers et d'avoir laissé parler leur corps.
L'électricité qui émanait du contact de leurs lèvres était incroyable. Il y avait une telle chaleur que Bella avait l'impression de s'embraser. Et pourtant, son bas ventre n'était pas enflammé. Elle n'avait pas envie de lui arracher ses vêtements. Elle voulait simplement rester comme ça toute sa vie, continuer à l'embrasser - ou plutôt qu'il l'embrasse - de cette manière.
Finalement, elle avait les réponses aux questions qu'elle se posait. Elle savait d'ores et déjà qu'il ne s'agissait pas d'une relation purement physique, du moins de son côté à elle. Elle savait également qu'il n'y aurait pas de quelconque « rupture » puisqu'ils allaient se revoir. Ce qui ne laissait place qu'à une seule possibilité, mais il était trop tôt pour se l'avouer.
Leur baiser dura une éternité, qui ne semblait suffisante pour aucun d'entre eux. Il s'écarta au ralenti, comme pour prolonger le moment délicieux qu'ils venaient de partager. Il la regarda avec une lueur intense dans les yeux que Bella ne comprit pas, bien qu'elle était certaine d'avoir la même lueur dans ses propres yeux. Petit à petit, les paumes d'Edward quittèrent les joues de Bella et elle se sentit refroidir.
- "Au revoir Bella."
Et il s'en alla, la laissant pour la seconde fois inerte et incapable de bouger. Après tout, il avait parfaitement le droit de la laisser pantoise comme ça puisque d'habitude, c'était elle qui partait la première. Elle se rendit compte de ce qu'il avait pu ressentir lorsqu'elle était partie du poste en le laissant comme ça. Elle se sentait seule et ridicule, mais pas moins heureuse pour autant.
Le sourire niais qu'elle avait sur le visage ne la quittait pas durant tout le chemin du retour jusque chez elle.
Et lorsqu'elle fut de nouveau à la maison, il ne s'était toujours pas évaporé.
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