Chapitre 15 : Amitié Brisée
Rosalie conduisait en direction de la maison de Billy Black. Elle ne prêtait guère attention à la route, car elle était focalisée sur le bouquin posé à côté d'elle, sur le siège passager. C'était un livre sur les légendes Quileutes. Elle l'avait acheté à Port Angeles dimanche. Il était ouvert à la page qui l'intéressait. Celle qui parle des Sangs Froids. Elle ignorait complètement ce qu'était les Sangs Froids, mais apparemment, les Cullen en étaient. Donc la seule chose qui lui restait à faire, était de découvrir la véritable définition des Sangs Froids.
Elle était déterminée à soutirer l'information à Billy, voir à Jacob. Ainsi elle tiendrait enfin sa preuve qu'ils sont dangereux et pourrait enfin le prouver à Bella. Mais elle n'était pas sure que celle-ci l'écoute. Elle était tellement accro qu'elle était capable de s'en ficher. Cela n'étonnerait pas Rosalie le moins du monde. Cependant elle devait essayer. Elle devait l'éloigner de cette famille. Elle ferait tout ce qu'il y a de mieux pour elle. Pour son amie.
Il y a toutefois une chose qui titillait Rosalie depuis la veille où elle avait vu son Cullen franchir la porte de sa chambre. C'était la façon dont il l'a regardait. Elle avait toujours pensé qu'il ne voulait que lui faire du mal. Mais en voyant son regard lorsqu'il pose les yeux sur Bella, tout ce qu'elle y avait vu n'était qu'amour et tendresse. Alors elle ne savait plus trop quoi en penser. Il avait vraiment l'air de l'aimer sincèrement, de tenir à elle. En voyant cela, Rosalie avait compris qu'il ne pourrait jamais la blesser. En tout cas pas volontairement. Elle hésitait donc un petit peu. Est-ce qu'elle ne se serait pas trompée ? Bella n'avait-elle donc pas raison finalement ? Pouvait-elle leur accorder le bénéfice du doute ?
Plus le temps passait, et plus elle avait l'impression qu'elle avait faux sur toute la ligne et que toute sa colère dirigée envers les Cullen n'était pas justifiée. Et puis à quoi bon se prendre autant la tête ? Elle n'aurait aucune réponse à toutes ses questions tant qu'elle ne trouverait pas la clé du mystère qui les entoure. La seule chose qu'elle pouvait faire avant de commencer à réfléchir était de les percer à jour. C'est la raison qui l'amenait à la maison des Black.
Elle se gara devant la maison et entra sans frapper, le livre ouvert à la main. Elle entra dans la maison et fut étonnée de ne pas y trouver Billy devant son poste de télévision. Elle l'appela plusieurs fois mais personne ne répondit. Elle appela Jacob mais toujours rien. Elle était seule dans cette maison.
Elle ignorait si elle devait être heureuse ou pas, car d'un côté, elle n'aimait pas l'idée de violer leur intimité sans leur consentement, et de l'autre, elle avait la maison pour elle toute seule pour trouver les renseignements qu'elle cherchait. Après avoir mûrement réfléchi à ce qu'elle devait faire, la curiosité fut trop grande et elle se résolut à fouiller la maison de fond en comble. Le salon ne lui apporta rien d'exceptionnel, n'étant composé que d'une table, d'un canapé et d'une télé. Elle ne s'élança pas dans la cuisine, sachant qu'elle perdrait son temps. De plus, elle ignorait quand l'un des deux Black rentrerait. Elle alla dans la chambre de Jacob, pensant que puisque c'était lui le loup garou, c'était forcément lui le plus susceptible de cacher quelque chose qui pourrait la mettre sur la voie.
Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel après avoir ouvert la porte de sa chambre. Elle était un véritable dépotoir. Le lit était défait, des cartons de pizzas jonchaient au sol, la plupart des livres n'étaient pas rangés dans la bibliothèque au fond de sa chambre, mais trônaient par terre. À quoi bon avoir une étagère à livres si on préfère les laisser traîner n'importe où ?
Elle feuilleta les livres un par un pour voir si l'un d'entre eux correspondait à ce qu'elle recherchait. Lorsqu'elle se rendit compte qu'il n'y avait rien, elle soupira. Apparemment, elle était venue ici pour rien. Jamais elle n'arriverait à quoi que ce soit. Comment avait-elle pu penser qu'elle pourrait en tirer quelque chose ? Ils étaient très prévenants. Trop consciencieux. Ses recherches étaient vaines. Tant pis. Elle aura au moins essayé. Elle se redirigea vers la porte pour s'en aller lorsque son regard se posa sur un livre qu'elle n'avait pas encore remarqué. Il avait dû tomber par inadvertance derrière un meuble puisque c'est derrière la commode qu'elle le trouva. Elle aurait pu ne pas s'en formaliser ni le remarquer, mais le titre qui était apparu sur la couverture avait attiré sa curiosité.
« Les Sangs Froids ».
Elle se précipita dessus comme s'il s'agissait d'un cadeau béni des Dieux. Ce n'était pas vraiment un livre, plutôt un petit journal de quelques pages. Comme une nouvelle. Rosalie remarqua qu'il s'agissait de photocopies reliées de sorte à ce que cela fasse un bouquin. L'écriture était assez brouillonne et elle reconnut aisément celle de Jacob. Elle supposa que c'était Jacob qui avait fabriqué ce livre afin d'avoir tous les renseignements sur eux à portée de main. Elle commença à le feuilleter mais fut rapidement déçue de son contenu. Tout ce dont ce livre parlait était incompréhensible. Il ne parlait que de la façon dont il fallait les tuer et de leurs caractéristiques telles que l'immortalité, la vitesse et la force inhumaine, l'invincibilité, la peau glacée et le développement des sens et du cerveau. Tout ce qu'elle savait déjà parfaitement. Mais rien. Aucun nom précis, comme s'il n'existait aucun nom pour les appeler.
Puis elle fut attirée vers des précisions plus majeures. Elle apprit que leur cœur était comme mort, qu'ils n'avaient plus besoin de respirer et qu'ils étaient dotés d'une parfaite mémoire. Ils pouvaient se rappeler un article lu il y a plus de cent cinquante ans dans les moindres détails.
Mais le détail qui la frappa encore plus, était d'apprendre les effets que le soleil avait sur eux. Ils brillaient ! Seigneur ils brillaient !
Rosalie ne savait pas du tout comment interpréter cela. Les seules créatures imaginaires qu'elle connaissait qui réagissaient par rapport au soleil étaient les vampires. Et d'après ce qu'elle savait, le soleil était censé les réduire en cendres et la lumière leur était insupportable. Donc elle pouvait d'ors et déjà éliminer cette hypothèse. Et puis comment pouvaient-ils briller d'abord ? Avec quoi ?
Rosalie avait beau fouiller, rien dans ce texte ne précisait la façon dont ils scintillaient. C'était seulement qualifié comme quelque chose étant à la hauteur de leur monstruosité. Elle leva les yeux au ciel. Après tout, c'est Jacob qui a écrit ça donc c'est normal que ça manque d'impartialité. Elle se demanda si Bella était au courant de cette particularité. Si c'était le cas, elle lui en aurait fait part. Mais comment pourrait-elle sortir avec l'un d'entre eux sans le remarquer ?
Elle abandonna ses questions sans réponse lorsqu'elle entendit du mouvement dans la maison.
- "Rosalie ?" Appela Jacob. Elle jura silencieusement. Elle aurait dû mettre les voiles quand il était encore temps. Il avait dû la sentir.
- "Mais qu'est-ce qu'elle fait chez nous ?" Entendit-elle Billy s'exclamer. Elle prit le livre avec elle et tenta tant bien que mal de le dissimuler derrière son dos avant de se diriger vers le salon pour les affronter. Elle afficha un masque innocent sur le visage.
- "Salut les indiens ! Je viens à peine d'arriver et comme vous laissez toujours la porte ouverte, j'en profite pour rentrer. J'étais étonnée de ne pas te voir avachi sur ton fauteuil, Billy." Dit-elle sur le ton de la plaisanterie. Billy lui sourit en roulant des yeux.
- "Sympa l'opinion que tu as de moi, blondinette." Lui répondit-il. "On était chez Charlie Swan. Monsieur s'est plaint de ne plus beaucoup voir sa fille ces derniers temps, ainsi que sa chère sœur."
- "Je passerai le message à Bella." Fit-elle en souriant avec un peu d'appréhension qu'elle essayait de cacher.
- "Qu'est-ce que tu venais faire ici ?" Demanda Jacob avec un sourire curieux.
- "J'étais seulement passée dire bonjour." Mentit-elle.
- "Tu mens." Accusa-t-il calmement. "Tu ne peux rien nous cacher." Elle baissa les yeux.
- "Je crois que je vais m'en aller, j'ai beaucoup de trucs à faire et je…"
- "Déjà ?" S'étonna Billy avec déception. "Reste un peu, on ne te voit pas souvent." Pria-t-il.
- "Qu'est-ce que tu as derrière ton dos ?" Demanda Jacob d'entrée de jeu. Il connaissait Rosalie mieux que personne et savait qu'elle n'était pas honnête.
- "Rien du tout." Dit-elle avec un semblant de panique.
- Rosalie…" Menaça-t-il. "C'est quoi ces livres que tu tiens dans les mains ?"
- "Ils sont à moi." Se défendit-elle. Elle montra celui qu'elle avait acheté à Port Angeles. "Je voulais en savoir plus sur toi alors j'ai acheté ça." Il secoua la tête incrédule.
- "Mais enfin pourquoi ne pas simplement me demander ? J'aurais répondu à toutes tes questions."
- "Pas toutes." Contra-t-elle avec aplomb.
- "Je croyais que c'était sur moi que tu voulais en savoir plus ? Pas sur eux." Rétorqua-t-il en réfrénant son énervement comme il le pouvait. Il avait encore du mal à se contrôler.
- "Mais ils font partis de votre légende alors c'est normal que je…"
- "Ils ne font pas partis de notre légende !" Cria-t-il en serrant les poings. "Ne redis plus jamais un tel blasphème !"
- "Jacob, calme-toi." Lui ordonna son père. Rosalie commençait à avoir peur. Elle n'avait jamais vu Jacob dans un tel état de colère..
- "Pourquoi est-ce que tu t'énerves comme ça ?" Demanda-t-elle avec crainte.
-" Parce que tu n'es qu'une sale fouineuse ! Tu crois que je ne sais pas pourquoi tu es venue ici ? Nous dire bonjour… Sérieusement je t'ai connu beaucoup plus imaginative que ça."
- "Jake…"
- "Et s'il y a bien une chose que je déteste, c'est qu'on fouille dans mes affaires !"
- "Je t'ai dit que ce livre était à moi !" Protesta-t-elle.
- "Et celui que tu caches dans tes mains, il est à toi peut être ?" Répliqua-t-il cinglant.
- "On se calme, Jake." Lui somma Billy. "Tu es en train de perdre tes moyens."
- "Elle s'est introduite chez nous ! Elle me pique mon bouquin et nous raconte des salades ! C'est normal que je me mette en colère."
- "Jake, c'est moi." Lui fit-elle avec douceur. "Je ne suis pas une inconnue."
- "À cet instant, si tu l'es. Tu es devenue complètement fêlée et obsessionnelle."
- "Jake…"
- "Rends-moi ce livre ! Il est à moi !"
- "J'ai besoin de savoir." Réfuta-t-elle.
- "Je te conseille de ne pas me contrarier." Susurra-t-il entre ses dents. "Rends-moi ce fichu bouquin."
- "Jacob !" Tonna son père.
- "Je veux qu'elle arrête de mettre son nez là-dedans." Expliqua-t-il. "C'est dangereux pour elle. Et on n'a pas le droit de lui révéler quoi que ce soit."
- "Il faut que je comprenne, Jacob." Plaida-t-elle. "Je t'en supplie, je ne dors plus à cause de ça. Dis-moi ce que sont les Sangs Froids."
Jacob et Billy se figèrent.
- "Co… Comment es-tu au courant de ce nom là ?" Balbutia Jake incrédule. Elle souleva le bouquin où il y avait marqué le titre en gros.
- "C'était également écrit dans le livre que j'ai acheté."
- "Rosalie…" Prévint-il d'un air menaçant. "Il faut que ça cesse. Ne va pas plus loin."
- "J'irai jusqu'au bout." Trancha-t-elle avec conviction.
- "Rose… Écoute-moi." Supplia-t-il. "Tu ne dois pas te mêler de leurs affaires. Tu ne dois pas t'intéresser à eux, ni les approcher."
- "Écoute-le." Renchérit Billy. "Ils ne sont pas fréquentables et c'est dangereux pour toi."
- "Bella elle, elle les fréquente tous les jours. Et pas une seule fois je ne l'ai vu qui courrait un danger ni quoi que ce soit. Au contraire elle n'a jamais été aussi heureuse." Contra-t-elle avec véhémence.
- "Tu as dit toi-même que tu les trouvais dangereux et que tu avais peur pour elle !" Protesta Jacob.
- "C'était avant de les voir de mes propres yeux !" S'emporta-t-elle.
- "Qui ça, eux ?"
- "Bella et Edward." Murmura-t-elle indécise.
Elle se rendit compte à mesure qu'elle parlait, qu'elle croyait réellement ce qu'elle disait. Oui, elle croyait réellement que Bella ne courrait aucun danger. Elle avait toujours refusé d'envisager la possibilité qu'elle se trompe mais à présent elle devait le reconnaître. C'est Bella qui avait raison. Les Cullen ne sont pas méchants. Il lui aurait fait du mal il y a bien longtemps si ça avait été le cas. Mais la façon protectrice qu'il avait de la regarder n'avait rien avoir avec de la méchanceté. Elle se mit à penser à Emmett. Il l'avait regardé de la même façon le jour où il l'avait embrassé. Peut être l'avait-elle jugé trop rapidement. Elle commençait à s'en vouloir.
Le visage de Jacob se décomposa.
- "De qui elle parle ?" Demanda Billy.
- "C'est celui que j'ai croisé la dernière fois, pas vrai ?" Affirma Jacob avec du dégoût bien prononcé dans la voix. Rosalie fronça les sourcils. Elle ne reconnaissait pas son ami.
- "Il l'aime, Jake. Je l'ai vu. Je te le jure, c'est la vérité."
- "T'es en train de dire que la fille de Charlie entretient une liaison avec un Cullen ?!" S'exclama Billy, complètement ahuri. Rosalie ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.
- "Tu devais l'éloigner." Pesta Jacob. "Tu devais arrêter cette infamie !"
- "Comment voulais-tu que je m'y prenne, hein ? Tu refuses catégoriquement de me dévoiler pourquoi ils sont dangereux donc je ne peux rien dire du tout à Bella. Et même si je savais quoi que ce soit, jamais elle ne m'aurait écouté."
- "Rosalie." Interrompit Billy avec dureté. "Bella Swan ne peut pas fréquenter un Cullen. Tu dois l'en empêcher."
- "Hors de question." Réfuta-t-elle clairement. "C'était ce que j'avais l'intention de faire il y a encore quelques jours. Mais je les ai vus !" Répéta-t-elle. "Elle est folle de lui et… Et il l'aime."
- "Il ne l'aime pas !" Cria le jeune indien. "Ce n'est qu'un…"
- "Jake." Reprit son père. Jacob jura intérieurement.
- "Il va la blesser. Pire que ça, il va la tuer !" Hurla-t-il.
- "Il ne fera jamais un truc pareil." Affirma Rosalie.
- "Tu n'en sais rien !"
- "S'il y a bien une chose que je sais, c'est qu'il ne lui fera pas de mal."
- "Ils t'ont embobiné." Marmonna-t-il désespéré.
- "Jake…" Supplia-t-elle. "Ils ne m'ont rien fait du tout. Je l'ai remarqué toute seule."
- "Il va la tuer !" Cria-t-il une nouvelle fois.
- "Il l'aurait fait il y a bien longtemps s'il l'avait voulu !" Riposta-t-elle en élevant la voix aussi fort qu'elle pouvait, ce qui était piètre comparée à la voix rugissante de Jacob. "La preuve, ils ont même passé une nuit ensembles et il ne lui a rien fait."
- "Ils ont quoi ?!?" S'exclamèrent les deux hommes en même temps. Jacob n'arrivait pas à en croire ses oreilles. Ce n'était plus de la colère qu'il éprouvait. C'était de la haine. De la haine envers ces sangsues, ces monstres sans cœur.
- "En quoi est-ce que c'est si grave ?" S'étonna Rosalie qui ne comprenait pas du tout leur emportement. "Ils sont en couple, ils font ce qu'ils veulent." Billy avait une main sur le visage et les yeux fermés.
- "Dis-moi que tu plaisantes." Susurra Jake avec menace.
- "Mais plaisanter de quoi ? Pourquoi vous vous mettez dans un état pareil ?" Demanda-t-elle larguée.
- "Je vais le tuer." Marmonna-t-il. Rosalie écarquilla les yeux.
- "Pardon ?" Demanda-t-elle incrédule.
- "Il n'a pas le droit !" Rugit-il. "Ils ne peuvent pas !"
- "Jake…" Reprit une nouvelle fois Billy.
- "Ce n'est qu'un buveur de sang ! Un monstre !" Aboya-t-il.
- "JACOB BLACK !" Hurla son père alarmé.
Rosalie les regardait horrifiée. Les propos qu'elle venait d'entendre étaient complètement ahurissants. Elle avait entendu chaque mot qu'il avait prononcé et n'arrivait pas à croire qu'elle avait pu les entendre.
- "Répète ce que tu viens de dire." Dit-elle calmement, avec appréhension. Jacob était choqué. Il avait fait la boulette de sa vie.
- "Rien, oublie." Se rebiffa-t-il maussade.
- "Tu as dit buveurs de sang ?" Articula-t-elle lentement tellement elle était scotchée.
- "Je n'ai rien dit du tout. Va-t'en d'ici." Ordonna-t-il.
- "Qu'est-ce qu'ils sont ?" Demanda-t-elle.
- "Va-t'en !"
- "Qu'est-ce qu'ils sont ?" Répéta-t-elle.
- "Je t'ai dit de t'en aller !" Rugit-il.
- "Dis-moi d'abord ce qu'ils sont !"
- "DES VAMPIRES !" Hurla-t-il. "Ça te va ? T'es contente, t'as eu ce que tu voulais ? Alors fous le camp d'ici !"
Rosalie secouait la tête abasourdie et déboussolée. Elle qui avait pensé une minute auparavant qu'ils n'étaient pas méchants, voilà qu'elle revenait à sa première idée de départ et au fait qu'ils n'étaient pas des gens biens et qu'ils sont dangereux. Elle se souvint qu'elle avait déjà entendu quelque part que les vampires étaient les pires ennemis des loups garous. Maintenant elle comprenait leur guerre froide et la haine des Quileutes. Elle trouvait cela un peu trop improbable. Comment faisaient-ils pour sortir à la lumière s'ils sont vraiment des vampires ? Pourquoi l'un d'entre eux est-il médecin ? Et à quoi jouent-ils avec Bella ?
- "Non." Réfuta-t-elle en secouant la tête. "C'est impossible. Ils ne peuvent pas être..."
- "C'est la vérité, Rosie." Lui confirma Billy avec tristesse. "Voilà pourquoi ils sont si dangereux."
- "Mais ils ne meurent pas en plein jour ! C'est impossible."
- "Ce n'est que du vent. Du baratin." Répondit Jake avec haine.
- "Mais pourtant ils ne font de mal à personne. Ils n'ont jamais rien fait à Bella."
- "Parce qu'ils ne s'en prennent pas aux humains. C'est pour ça qu'on a fait un traité avec eux.
- "Les vampires de la banque…" Se rappela-t-elle soudainement. "C'est pour ça qu'ils sont différents. Parce qu'eux, ils tuent…"
- "Rosalie s'il te plait." Interrompit Jacob sèchement. "Fous le camp."
- "Jacob je…"
- "FOUS LE CAMP !" Tonna-t-il de sa voix puissante.
Rosalie le regardait avec crainte, terrorisée. Elle lâcha le livre appartenant à Jake et il tomba par terre. Elle ne se fit pas prier et courut vers la sortie sans jeter un seul coup d'œil derrière elle. Jamais quelqu'un ne l'avait autant terrifié que Jacob, à part Royce et ses amis. Une fois assise dans sa voiture, ses nerfs lâchèrent et elle se mit à fondre en larmes. Elle était soulagée. Soulagée d'avoir enfin résolu la clé de l'énigme qui la torturait depuis des semaines. Elle ne dormait plus, elle ne vivait plus que pour découvrir ce secret si bien gardé. Et à présent elle avait enfin obtenu l'absolution. Un énorme poids venait de s'évaporer et elle se sentait beaucoup plus légère. Mais il n'y avait pas que le soulagement.
Il y avait aussi la peur. La peur de ce qui allait désormais advenir. La peur de ne plus être sure de rien. Aujourd'hui, elle ne savait plus du tout quoi penser de tout le monde. Au moins quand elle était sure de la nuisance des Cullen, elle savait où elle allait. Là, elle était perdue. Elle ignorait totalement où elle allait. Même les Quileutes ne lui paraissaient plus aussi gentils qu'elle ne le croyait. La façon dont Jacob s'était emporté aujourd'hui lui avait permis de se rendre compte que finalement, elle idéalisait peut être un peu trop ses amis d'enfance. Jacob était devenu quelqu'un de terrifiant. Il n'avait plus rien avoir avec le gentil mécano qu'elle connaissait et qui faisait des bêtises. Il était devenu plus responsable, mais également plus dur et intransigeant. Il était aussi sur la défensive et facilement irritable.
Rosalie commença ensuite à se demander comment allait réagir Bella. La connaissant, elle refusera de s'éloigner. Surtout si elle sait qu'ils ne s'en prennent pas aux humains. D'ailleurs comment font-ils s'ils ne prennent pas notre sang ? Elle commença à se demander si Jacob ne lui a pas menti et s'ils sont réellement des vampires. Car jusqu'ici, tout porte à confusion. Des vampires qui supportent le jour, qui ne se nourrissent pas d'humains, qui brillent au soleil… Elle trouvait cela vraiment étrange. Pourtant Jacob les avait qualifiés de buveurs de sang. Donc ils doivent bien se nourrir de sang quelque part. Oh et puis zut ! Il fallait qu'elle se ressaisisse et qu'elle aille à la maison pour en parler à Bella. Les seules personnes capables de répondre à toutes ces questions, ce sont eux. Les vampires. Cela lui faisait drôle de prononcer ce nom. Ça lui faisait peur. D'ailleurs, les vampires sont censés être méchants. Alors peut être que finalement, c'était elle qui avait raison. Elle devrait surement tenter d'éloigner Bella de ces monstres. C'était ce qu'elle avait toujours voulu faire jusqu'à présent. Trouver ce qu'ils sont et prouver à Bella qu'ils sont trop dangereux pour être fréquentables. Et maintenant elle l'avait trouvé, cette preuve. Elle les avait démasqués et pouvait enfin montrer à Bella qu'elle avait raison depuis le début, que les Cullen sont néfastes.
Mais alors pourquoi cela sonnait-il faux dans son esprit ?
- "Arrête de stresser." Me fustigea Edward.
Il est vrai que depuis tout à l'heure, je me dandinais sur le canapé et jouais avec mes doigts, m'amusant à les entremêler et les enrouler. Cela était sans aucun doute lié à l'appréhension qui me rongeait les côtes.
- "Facile à dire." Rétorquais-je anxieuse. "Dois-je te rappeler la façon dont j'ai réagi la dernière fois que je l'ai vu ?"
- "Bella…" Soupira-t-il.
- "Et est-ce que tu as une idée de la dernière chose que je lui ai dite ?" Le coupais-je. "Et de ce qu'il a fait ? Et aussi ce qui se passe avec Esmée et la rancœur que j'éprouve envers lui et…"
- "Houlà… Doucement Bella, t'es en train de péter les plombs."
Il me frictionna le dos pour essayer de me détendre. Je devais avouer qu'il y arrivait plutôt bien d'ailleurs. Je soufflai un bon coup pour me détendre.
Avec Edward, nous avions planifié une rencontre entre son père et moi. Lorsque je lui avais dit que j'acceptais de le confronter, il lui en a parlé le soir même et a convenu qu'il viendrait chez moi dans l'après-midi. Edward m'avait dit qu'il nous laisserait seuls mais je n'en avais pas très envie. Je savais qu'une fois qu'il serait parti, je perdrai mes moyens et cela tournerait à la catastrophe. J'avais essayé plusieurs fois de le convaincre de rester avec moi mais il avait catégoriquement refusé, prétextant que c'était une étape que je devais franchir seule. Je savais qu'il avait entièrement raison. Je devais faire ça par moi-même. Mais je ne peux m'empêcher d'être faible. Je manque de courage, je le reconnais.
- "Tu es sûr que tu ne veux pas rester avec moi ?" Suppliais-je. Il me sourit tendrement et m'embrassa le front.
- "C'est ton passé Bella. C'est à toi seule de tourner la page. Et ma présence ne t'aidera pas." Je soupirai.
- "Je le sais. Mais tu ne seras pas loin, pas vrai ?" Suppliais-je. Il me sourit.
- "Je ne peux pas me tenir trop éloigné. Je suis trop inquiet pour toi pour rester loin." Je me mis à rougir légèrement.
- "Merci." Répondis-je en l'embrassant chastement.
J'entendis la sonnette et compris que mon heure était venue. Je dramatisais un peu car en général, on dit cela quand on va mourir. Mais je ne pouvais m'empêcher de comparer ce qui allait suivre à un précipice conduisant à ma propre perte. Je me raidis, tellement j'appréhendais. Edward me regarda compatissant et se leva.
- "C'est le moment." Je secouai la tête.
- "Non. C'est trop tôt." Paniquais-je.
- "Bella, tout va bien se passer." Tenta-t-il de me rassurer.
- "Je ne vais pas y arriver." Réfutais-je.
- "Il faut que tu aies confiance en toi et ne te sous-estime pas. Je suis avec toi."
Je fermai les yeux, essayant de réfléchir clairement à la situation. J'inspirai à fin de me donner du courage et lorsque je rouvris les yeux avec assurance, Edward n'était plus là. Il s'était évaporé. Il me manquait déjà alors qu'il n'était parti que depuis cinq secondes à peine. Je soupirai d'exaspération et me levai du canapé, la peur au ventre. J'avais longtemps rêvé de ce moment, tout comme j'avais prié pour qu'il n'ait jamais lieu. J'ignorais totalement ce qui allait se passer dès le moment où j'aurais ouvert la porte. Est-ce que je serai soudainement prise d'une colère incontrôlable ? Où est-ce que je garderai mon sang froid ? Je n'en avais pas la moindre idée. Mais cette fois je ne fuirai pas.
Je l'affronterai. Pas uniquement pour moi mais pour Edward et Esmée. Je n'étais plus seule dans la partie. Je ne pouvais pas agir égoïstement pendant une période indéterminée. L'heure était venue pour moi de prendre mon courage à deux mains et de définitivement tourner la page. J'inspirai à fond et me dirigeai vers la porte. Je posai ma main sur la poignée, tremblante comme jamais. J'ouvris la porte avec une piètre assurance et tombai nez à nez avec le vampire de mon passé. Même si autrefois, j'ignorais totalement qu'il était un vampire, lorsque je le vis à présent, je ne pus me retenir de me demander comment j'avais fait pour ne pas avoir remarqué sa différence. Comment ai-je pu être aussi aveugle ? J'avais passé plus d'un mois à ses côtés et je n'ai jamais rien remarqué… J'étais vraiment nullissime.
Il me regardait avec un visage emprunt à du sérieux et de la compassion. Il avait toujours eu cette compassion à mon égard. Même dans les pires moments comme le tribunal ou comme toutes les fois où je lui hurlais à la figure. Jamais il ne m'avait regardé autrement. Et aujourd'hui encore, cette expression sur son visage était la même. Compatissante. Je détestais voir ça sur son visage car cela me faisait culpabiliser. Je le haïssais pour me faire culpabiliser comme ça. Ce n'est pas lui la victime. Il n'avait pas le droit de me faire me sentir coupable.
Au fond, je savais que ce n'était point son attention. Au contraire, il était désolé. Mais ce n'était pas suffisant pour moi. Et ça ne le serait jamais.
- "Docteur Cullen." Saluais-je impassiblement. La dernière chose que je voulais était faire transparaitre mes émotions.
- "Bella." Salua-t-il un peu plus accueillant. "J'ai longtemps attendu ce moment."
- "Pas moi." Répondis-je froidement. "Entrez." Je me reculai pour le laisser passer et il me fit un hochement de tête avant de pénétrer chez moi.
- "C'est très joli." Complimenta-t-il.
Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi tous les Cullen complimentaient notre appartement à chaque fois qu'ils mettent les pieds ici. Surtout quand on sait dans quoi ils vivent. Une propriété plus luxueuse que toute la ville réunie.
- "Merci." Marmonnais-je. "Je vous proposerais bien quelque chose à boire mais je n'ai pas de sang frais en stock." Il sourit amusé.
- "Ça ne fait rien, je pourrai m'en passer."
Je le regardai indécise. Même si la discussion commençait sur un ton de légèreté, je ne pouvais concevoir de sourire. Je n'y arrivais pas. Et puis je n'en avais pas envie non plus.
- "Vous pouvez vous asseoir." Lui fis-je remarquer en me rendant compte qu'il était toujours debout.
Il prit place sur le fauteuil et je m'assis sur le canapé, juste en face de lui. Nous étions séparés par la table basse, se regardant dans le fond des yeux, ne sachant comment commencer. Puis s'encourut d'un long silence gênant dans lequel nous ne faisions que nous fixer sans rien dire. Dans le genre embarrassant, ce moment était sans conteste classé dans les têtes du podium. Tout était tellement confus dans ma tête que je ne savais pas du tout comment lancer le sujet. Il y avait tellement de choses à dire et pourtant, nous restions là, silencieux comme deux muets.
Le problème était que pour pouvoir discuter, il fallait que je me replonge dans mes souvenirs que je m'étais jurée d'oublier. Je savais qu'une fois que je penserai à nouveau à mes démons du passé, je risquerai de sombrer une nouvelle fois dans une dépression massive. Mais je n'avais pas le choix. C'était la seule façon d'en sortir définitivement. Combattre le mal par le mal. C'était la solution.
- "Je voulais te dire…" J'étais étonnée qu'il prenne la parole en premier. Je relevai subitement la tête que j'avais finie par abaisser avec étonnement. "Je suis désolé pour la dernière fois. C'est ma faute si tu t'es enfuie." Il avait l'air d'avoir des remords. Chose que je ne compris pas puisque ça n'avait pas lieu d'être.
- "Vous n'avez rien fait d'autre que me dire bonjour. Vous n'avez rien à vous reprocher." Répondis-je en haussant les épaules. "C'est moi qui devrais m'excuser pour m'être sauvée comme ça."
Il eut un semblant de sourire et le silence retomba. Ni l'un ni l'autre ne savions comment procéder. Je commençais à me demander si c'était une bonne idée finalement, d'avoir voulu cette rencontre. J'ignore si elle m'apportera quoi que ce soit de bon. Je me demandais si Edward était là. Il m'avait certifié qu'il ne serait pas loin alors peut être qu'il entendait notre conversation. Ou plutôt notre manque de conversation. Si seulement il était là…
- "Pourquoi avoir tenu à me voir ?" Demanda-t-il soudainement, me ramenant à la réalité. Je fronçai les sourcils.
- "Vous n'en aviez pas envie ?" Demandais-je incertaine.
- "Si, bien sûr que si." S'empressa-t-il de répondre. "Mais je me demande ce qui t'a poussé à le faire. Il me semble que tu as toujours été très claire dans le fait que tu ne voulais plus jamais me voir ni me reparler." Je pris une profonde respiration et me lançai.
- "Je vous ai vu avec ma tante hier." Il ne parut point surpris.
Apparemment il au courant que je savais. C'est vrai qu'il m'avait vu hier avec Edward...
- "Je ne sais pas quoi te dire à ce sujet…"
- "Edward m'a expliqué qu'Esmée était au courant de tout pour ce qui est de votre… Statut." Terminais-je avec embarras. "Et il m'a dit que vous comptiez la transformer." Il hocha la tête. "Je voudrais seulement savoir… Est-ce qu'elle est d'accord pour ça ? Est-ce qu'elle en a envie ?"
- "Oui, elle est d'accord. On en a longuement discuté. Ça fait plus de trois cents ans que je suis seul. Je n'aurais jamais pensé que je finirai par trouver mon âme sœur."
- "Si Esmée est d'accord, alors je n'ai pas mon mot à dire. Tant qu'elle est heureuse, alors je le suis, peu importe avec qui elle est."
- "Je te remercie de ta compréhension." Sourit-il.
- "Je dois vous avouer que cela ne correspond pas du tout la première réaction que j'ai eu après vous voir surprit. En vérité, j'étais très remontée, voir pire. Je vous en voulais à tous les deux. Et je me sentais trahie dans un sens. Ça peut surement vous paraitre bizarre mais…"
- "Non ce n'est pas bizarre." Me coupa-t-il. "C'est humain."
Ça tombait bien, car je suis humaine, justement. Cela me fit penser à ce qui adviendrait de moi dans le futur. Je n'arrêtais pas d'y songer en ce moment. Je voulais devenir vampire. C'est d'ailleurs pour ça que je m'étais sentie aussi énervée contre eux. J'éprouvais de la jalousie pour Esmée car elle, elle avait la certitude d'un avenir éternel avec l'amour de sa vie. Le mien était pour l'instant éphémère. Et je n'étais pas certaine que cela changerait.
J'avais envie d'en pleurer rien que de l'imaginer. Il fallait que j'en parle avec Alice. Peut être avait-elle eu une vision me concernant. Ou peut être que le seul avenir qu'elle voyait pour moi était celui d'une fragile petite humaine condamnée à vieillir jusqu'à devenir grand-mère et finir appauvrie et fripée. Si tel était le cas, est-ce qu'Edward serait toujours là ? Impossible de le concevoir. Dès que mes premières rides apparaitront, il me laissera, m'abandonnera. Je ne m'en remettrai jamais, je le savais. C'était la seule chose dont j'étais absolument certaine. Que jamais je ne survivrai à une séparation. Il fallait vraiment que j'en parle avec Alice. Elle me comprendra et m'aidera à y voir plus clair car pour le moment, je nageais dans le brouillard.
- "Je te trouve bien songeuse." Carlisle avait interrompu mon dilemme intérieur.
- "Désolée, j'étais en train de réfléchir à quelque chose d'important." Je le regardai avec appréhension. Cela faisait déjà pas mal de temps qu'il était là et le sujet n'avait pas encore été abordé. Il était temps de prendre le taureau par les cornes. "Je crois qu'on a assez tourné autour du pot." Déclarais-je d'une petite voix.
- "Je le crois aussi." Répondit-il.
Un long silence s'en suivit dans lequel chacun se préparait mentalement à ce qui allait suivre. Du moins c'est-ce que je supposais. Car je n'avais pas accès aux pensées des autres, moi. Je savais que c'était à moi de parler. C'était moi qui devais lancer le débat et poser des questions, et c'était à lui de s'expliquer. Des milliers de questions sont toujours restées sans réponses car je n'ai jamais voulu les lui poser, voulant le rayer de ma vie. Je pris une inspiration et démarrai de la seule manière qui me venait à l'esprit.
- "J'avais décidé de l'appeler Carlie."
Son visage s'illumina d'étonnement. Il était probablement étonné que j'aie réussi à démarrer. Je décidai de continuer. "Juste avant que vous ne veniez me voir pour m'opérer." Clarifiais-je. "Je lui avais enfin trouvé un prénom et j'avais décidé de l'appeler comme ça en hommage à mes deux pères. Parce que je vous considérais comme un deuxième père."
Je baissai les yeux, sentant mes émotions qui ressurgissaient petit à petit. Il resta muet quelques secondes, tentant sans doute d'analyser ce qu'il vient d'entendre.
- "Je t'ai toujours considéré comme la fille que je n'ai jamais eue." Consentit-il à répondre. "Pour moi, tu as toujours été plus qu'une simple patiente. C'est exactement pour cette raison que je n'ai pas pu me résoudre à t'abandonner."
- "Mais vous m'avez abandonné !" Contrais-je. "En vous plaçant du côté de ma mère, contre moi."
- "Je n'étais pas du côté de ta mère, Bella." Répliqua-t-il calmement.
- "Mais vous avez fait ce qu'elle voulait. Et vous m'avez trahie, Docteur Cullen."
- "Je suis sincèrement désolé de la façon dont tout ça s'est passé." Plaida-t-il. "Mais je ne peux pas te dire que je regrette mon choix. Je sais que j'ai fait le bon, je n'en ai jamais douté. J'aurais seulement aimé que cela se passe autrement." J'essuyais une larme du revers de ma main pendant qu'il parlait.
- "Alors pourquoi m'avoir promis ?" Demandais-je. "Si vous n'avez jamais eu l'intention de faire ce que je vous demandais, pourquoi m'avoir promis que vous le feriez?" Je n'avais jamais compris ce geste, et ça a toujours été la raison principale de ma rancœur envers lui.
- "Parce qu'au départ, je ne pensais pas avoir à choisir." Avoua-t-il. "Et puis lorsque je l'ai appris, la première décision que j'avais prise était celle de respecter ton choix et de tenir mon engagement. Quelques minutes avant d'entrer dans ta chambre, j'avais encore la volonté de tenir ma parole et je venais seulement t'annoncer ta situation. Mais lorsque je t'ai vu à travers les vitres… Je ne sais pas. Je t'ai regardé longuement. Tu étais si jeune et malgré ton état et ta fatigue, tu semblais débordante de vie et tu avais l'air d'avoir plein d'amour à donner, à revendre. Les personnes qui t'entouraient n'auraient jamais pu survivre. Et comme je te l'ai dit, tu étais comme ma propre fille. Quel genre de père aurais-je été si j'avais tué mon propre enfant ? Quel parent tuerait son enfant ? Je n'ai pas pu accepter ça. Je ne l'aurais pas supporté. J'ai toujours fait ce qu'il me semblait juste. Et te laisser mourir ne me semblait pas juste. Alors j'ai changé d'avis à la dernière minute. J'ai fait ce que mon cœur mort me disait de faire. Je savais que tu ne me pardonnerais jamais mon geste. Mais c'est moi qui ne me serais jamais pardonné de t'avoir écouté et d'être allé à l'encontre de mon opinion."
Je fermai les yeux, tentant tant bien que mal de digérer toutes ces informations. D'un certain côté, je n'arrivais pas à être d'accord avec ce qu'il disait et j'avais envie d'exploser comme un volcan en fusion. D'un autre côté, je ne pouvais pas me voiler la face plus longtemps : Il avait eu raison.
Il avait fait ce qu'il y avait de mieux, même si je ne suis et ne serai jamais d'accord avec ça. Je n'étais pas suffisamment impartiale pour regarder les choses d'un angle différent, de son point de vue à lui.
- "Je vous en ai voulu." Déclarais-je les larmes aux yeux. "Je vous en ai tellement voulu pour ça, vous ne pouvez pas savoir à quel point. C'est comme si vous m'aviez arraché une partie de moi, la plus importante de mon être. Je vous ai détesté pour avoir assassiné la personne qui comptait le plus pour moi."
- "Je ne l'ai pas assassiné." Dit-il tristement. "Il y avait tout de même une chance pour qu'elle surv…"
- "Il n'y avait aucune chance." Le coupais-je. "Il y a toujours eu des complications depuis le départ, vous saviez très bien qu'elle ne pourrait pas survivre si vous la mettiez au monde à seulement sept mois de grossesse. C'est déjà risqué pour une grossesse normale. Non, elle n'avait aucune chance. Elle avait encore besoin de moi. La seule et unique chance qu'elle avait de s'en sortir était d'attendre que la grossesse soit à terme. C'était ce que je vous avais demandé et que vous n'avez pas fait. Donc ne me dites pas qu'elle avait une chance de survivre pour vous donner bonne conscience. Vous l'avez assassiné, point à la ligne."
Je ne pleurais même plus, tellement je me sentais abattue et énervée. C'était toute ma colère accumulée ces cinq dernières années qui retombait d'un seul coup. J'étais en train de me libérer d'un énorme poids qui me pesait et qui me détruisait.
- "Je suis sincèrement désolé."
Et il avait vraiment l'air sincère. Il n'osait pas me regarder dans les yeux et son visage exprimait du chagrin et de la culpabilité.
- "Moi aussi." Répondis-je amèrement.
Moi qui pensais que cette entrevue finirait par me faire fondre en larmes, j'étais profondément étonnée de voir qu'au contraire, je ne pleurais pas. Je n'avais jamais été aussi forte de toute ma vie. Edward avait raison, je devais avoir d'avantage confiance en moi et je devais arrêter de me sous-estimer. Peut être que je suis plus forte que je ne le pensais.
- "Il y a autre chose pour lequel je tiens à te présenter mes excuses." Reprit-il. Je le regardai curieusement. "Ce qui s'est passé au tribunal, je sais que ce que j'ai fait était monstrueux…"
- "Non." L'arrêtais-je aussitôt. "Vous n'avez pas à vous excuser pour ça. C'est vrai que je vous en ai vraiment beaucoup voulu pour ça aussi. Mais c'est parce que j'ignorais les vraies raisons qui vous ont poussées à me faire passer pour une folle. Je les connais maintenant. Je croyais que vous aviez fait ça uniquement parce que vous n'étiez qu'un égoïste qui tient trop à sa carrière et à sa réputation. Mais maintenant je sais pourquoi vous vous êtes comporté ainsi. Vous ne pouviez pas allez en prison. Vous êtes un vampire. Vous avez le devoir de préserver votre secret et cela aurait été impossible pour vous. Et puis vous n'auriez jamais pu vous nourrir, à moins de passer au régime traditionnel. Vous aviez d'excellentes raisons, et je ne vous en veux absolument pas. En tout cas pas pour ça. Et j'espère que vous ne m'en voulez pas non plus…"
- "Bien sûr que non, Bella." Me rassura-t-il. "Tu étais jeune et mal en point. Tu voulais trouver un moyen de me punir pour mes actes parce que tu avais besoin de ça. À aucun moment je ne t'en ai voulu d'agir ainsi. Surtout que c'était entièrement ma faute."
Nous nous scrutâmes durant de bonnes minutes et je profitai de cette pause pour remettre de l'ordre dans mon esprit. Je n'arrivais pas à croire que j'étais enfin parvenue à me défaire de mes anciens démons. J'avais l'impression d'être plus légère. Dans le fond, j'ai toujours su pourquoi il avait agi ainsi. Il n'avait pas eu besoin de m'expliquer pour que je le sache. Mais j'avais besoin de l'entendre le dire. Je voulais que les explications sortent de sa bouche, c'était le seul moyen de me libérer.
- "Je vous comprends, Carlisle." Annonçais-je en faisant allusion aux raisons qui l'ont poussé à trahir sa promesse envers moi. Je me rendis compte que c'était la première fois que je l'appelais par son prénom depuis ce fameux jour où il a détruit ma vie. Il écarquilla les yeux, réalisant ce que je venais de dire.
- "C'est vrai ?" Demanda-t-il étonné. Je notais que ses yeux contenaient de l'espoir. Je hochai la tête avec un vague sourire.
- "Je ne dis pas que je vous pardonne. Je ne vous le pardonnerai probablement jamais. Mais je vous comprends. Et je ne vous en veux plus. Je ne vous hais plus."
Je l'entendis soupirer, comme si lui aussi, était déchargé d'un poids.
- "Tu ne sais pas à quel point je suis heureux de t'entendre dire ça." Me confia-t-il.
Cette fois je parvins à lui faire un véritable sourire. Il n'atteignait pas mes joues, mais il était réel.
- "Je crois qu'on en a fini avec le passé." Fis-je remarquer.
- "Dans ce cas bienvenue dans le monde du présent."
J'étais heureuse.
J'étais enfin parvenue à me sauver, à me sortir de mes tourments et de ma prison dans lequel j'étais enfermée depuis cinq longues années. Je respirais enfin le goût de la liberté. Et je crois que je n'étais pas la seule. Carlisle aussi avait l'air de ressentir la même chose que moi.
Évidemment, nous ne retrouverons jamais le lien que nous avions avant. Nous ne serons d'ailleurs probablement jamais amis. Ou peut être que si, dans un avenir lointain. Mais nous n'étions plus ennemis, et il n'y avait plus aucune rancœur. Nous avions fait la paix.
…………………
Après que Carlisle soit parti, je restais assise sur le canapé à méditer. Nous avions fini par discuter de plusieurs choses. Il m'avait avoué qu'il ignorait que j'étais toujours à Forks et qu'il croyait que j'étais partie dans un endroit plus ensoleillé lorsqu'ils sont venus habiter en ville. C'est vrai que le voir débarquer à Forks m'avait fortement étonné. Il me raconta comment il avait fini par se rapprocher de ma tante durant l'aménagement de la villa des Cullen. Apparemment, elle avait mis du temps avant d'accepter de lui adresser la parole. Esmée avait toujours été de mon côté, n'ayant jamais pu avoir d'enfant et que la seule fois où elle est tombée enceinte, elle l'a perdu. Mais au final, elle a fini par bien s'entendre avec lui et ils ont fini par tomber amoureux. J'étais vraiment contente pour elle. Charlie et moi avions toujours eu peur qu'elle finisse seule, tout comme Esmée et moi avons peur que lui aussi, finisse seul. Il faut croire que c'est dans la nature des Swan d'être continuellement seuls.
Nous avions sinon échangé des banalités, voulant sans doute prouver qu'on avait réellement tiré un trait sur le passé. Mais il y avait toujours quelque chose d'amer. Au fur et à mesure que nous parlions, je me sentais de moins en moins capable à le supporter plus longtemps. Il avait dû le sentir puisque c'est lui qui s'est proposé pour se retirer. J'avais acquiescé car je ne me sentais pas apte à lui répondre de vive voix. Je savais qu'au fond de moi, ce goût amer qui est survenue pendant qu'on parlait ne s'en irait pas. J'aurai toujours ce ressentiment et cette amertume lorsque je serai près de lui. Je ne pourrai jamais plus l'apprécier. La seule chose de nouvelle était que je ne le détestais pas.
Il y avait aussi le fait qu'Esmée ait le droit d'être au courant qui me laissait pantoise. Ils avaient tous refusé que je dise quoi que ce soit à Rosalie à propos de leur statut de vampire mais Esmée avait eu le droit d'être mise dans la confidence. Le pire était que je savais très bien que si je n'avais jamais découvert ça par moi-même, jamais je n'aurais été au courant. Et ça me rendait quelque peu jalouse d'elle. J'étais déjà jalouse qu'elle soit destinée à être transformée, et maintenant je l'étais parce qu'elle avait été privilégiée.
Et quand je pense à ma meilleure amie qui ne dort pratiquement plus, ne se nourrit plus, ne vit plus et s'arrache bêtes et ongles pour découvrir leur secret, ça me mettait dans une colère noire. Esmée n'avait rien eu à faire pour être mise au courant. Rosalie en revanche, avait trimé et en avait fait une véritable obsession. Et pourtant, elle n'avait droit à rien du tout.
Je ne pouvais pas tolérer une telle injustice. Et je ne pouvais plus supporter la culpabilité qui me rongeait les entrailles. Je me sentais si horrible, si méchante, si cruelle…
Continuer à supporter ça une minute de plus m'était intolérable. Alors peu importe ce que Edward ou encore Emmett peuvent en dire, j'ai pris ma décision. J'allai tout lui dire dès la minute où elle franchira la porte de l'appartement. Edward aurait beau m'incendier, Emmett m'en vouloir, qu'importe.
J'allais tout dire à Rosalie, à commencer par lui avouer que je suis au courant depuis le commencement. J'allais lui dire qu'ils sont des vampires, et j'allais lui dire à quel point j'étais désolée de lui avoir caché la vérité.
J'allais tout lui dire.
Rosalie arriva environ une demi-heure après que Carlisle m'ait laissé seule.
- "Bella ?" Appela-t-elle.
- "Rosalie, tu tombes bien. J'avais justement quelque chose à t'avouer…"
Je m'arrêtai lorsque je la vis. Elle avait l'air complètement désemparée et bouleversée. J'eus l'impression d'être retournée au moment du braquage, au poste de police où elle avait eu le même air sur le visage. J'avais eu l'intention de lui raconter ce que je venais de vivre et de lui déballer mon mensonge, mais à ce moment là j'oubliai complètement mes résolutions pour me consacrer à elle, et à ce qui lui valait un tel désarroi.
- "Rosalie ? Ça va ?" Demandais-je en me levant aussitôt, prise d'une soudaine inquiétude. Elle me regardait avec de yeux luisants et horrifiés.
- "Je me suis disputée avec Jake."
Je fronçai les sourcils. Pour qu'elle soit dans un tel état de détresse, leur dispute avait dû être vraiment grave.
- "Qu'est-ce qui s'est passé ?" Elle secoua la tête perceptiblement.
- "Je suis allée chez les Black en douce pour tenter de démasquer une bonne fois pour toutes les Cullen. D'ailleurs il parait que tu manques à Charlie."
Je levais les yeux au ciel. Peut être que je devrais aller lui rendre visite plus souvent. C'est vrai qu'il doit se sentir seul.
- "Continue." Quémandais-je à Rosalie.
- "Ils m'ont surpris la main dans le sac."
- "Et j'imagine que ça n'a pas dû leur plaire."
- "Pire que ça. Il est devenu carrément fou. Je ne l'avais jamais vu aussi en colère de ma vie. Tu avais raison pour les loups." Murmura-t-elle les larmes aux yeux. "Il faut rester sur ses gardes avec eux."
- "Ils sont instables." Lui appris-je tristement. Elle me regarda curieusement.
- "Qui t'a dit ça ?"
- "Alice. Et Emmett aussi." Elle baissa les yeux à l'entente de son prénom. "D'ailleurs justement à ce propos, j'ai quelque chose de très important à t'avouer." Me lançais-je.
- "Moi aussi." Répondit-elle. "Tu ne devineras jamais."
- "Rosalie…" Implorais-je. "Laisse-moi parler et te dire ce que j'ai sur la conscience."
- "Mais enfin ce que j'ai à te dire est beaucoup plus intéressant, crois-moi." Coupa-t-elle avec entrain.
- "Je ne pense pas." Contredis-je avec peine. Je ne voulais pas perdre une minute de plus. J'étais déjà assez torturée comme ça. Il fallait qu'elle sache. "Ça fait longtemps que j'ai ça sur la conscience. Il faut que tu saches que…"
- "Ce sont des vampires, Bella !" Cria-t-elle en me coupant en pleine phrase.
Je restai là, déconfite et incrédule à cause de ce qui venait de sortir de sa bouche.
- "Tu peux répéter ?" Demandais-je en écarquillant les yeux.
- "Je te le jure ! Jake m'a tout avoué sans s'en rendre compte tellement il était énervé."
Je secouai la tête avec véhémence. Elle savait tout. Elle avait tout apprit avant que je ne lui dise moi-même. Il était trop tard à présent.
- "Je n'arrive pas à le croire…" Marmonnais-je.
J'étais complètement étonnée que Jacob avait rompu le pacte de cette façon et que Rosalie était au courant de tout.
- "Moi non plus. Je suis encore sous le choc." Me dit-elle. "Mais ça prouve que j'avais raison, ils sont dangereux. Quoi que je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils ne t'ont toujours pas vidé de ton sang si c'est le cas… Tu te rends compte que tu sors avec un vampire ? Plutôt dingue non ?"
J'avais envie de pleurer tellement je me sentais mal. Si seulement j'avais pu en placer une… Pourquoi a-t-il fallu que j'attende le moment où elle découvrirait toute la vérité pour faire mes aveux ? Pourquoi suis-je aussi nulle ? Pourquoi tout ce que je fais est catastrophique ?
Je suis désastreuse. Un véritable désastre.
- "Ouais…" Marmonnais-je les yeux baissés et embués. "C'est vraiment dingue…"
- "Je te trouve bizarre, Bella." Remarqua-t-elle. "Je ne sais pas, tu pourrais montrer un peu plus de réaction. Ce n'est pas tous les jours qu'on apprend que les vampires existent."
Je ne répondis pas tellement j'avais honte. J'étais transparente. Je savais qu'elle découvrirait le poteau rose d'ici quelques secondes. Je ne pouvais pas feindre la surprise ni me montrer désemparée par ce qu'elle venait de m'apprendre. Je ne suis pas assez bonne comédienne pour ça.
"Bella ?" Appela-t-elle pour que je relève les yeux.
J'inspirai à fond et les relevai avec douleur. Elle dût voir ma culpabilité gouverner mes expressions faciales parce qu'elle se mit soudainement à froncer les sourcils et à entrouvrir la bouche d'incrédulité.
- "Rosalie…"
- "Tu étais au courant ?" Articula-t-elle lentement, apparemment sous le choc.
Je me contentai d'hocher la tête silencieusement, les larmes coulant sur mes joues. Elle resta paralysée, comme si ce que je venais de lui apprendre avait l'effet d'une bombe. Je ne me suis jamais sentie aussi minable de toute ma vie.
- "Je suis désolée." Murmurais-je d'une voix faiblarde.
- "TU ES DÉSOLÉE !?" S'exclama-t-elle avec rage. "Non mais tu te fiches de moi ? Comment… Comment as-tu pu me faire ça ? Après tout ce que j'ai fait pour toi, comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Après tout ce qu'on a traversé toi et moi… Bon sang Bella ! Comment as-tu osé ?"
- "Je… J'avais l'intention de te le dire…"
- "Oh, tu avais l'intention de me le dire !" Répéta-t-elle sarcastiquement. "Quelle délicate intention de ta part. Et quand est-ce que t'avais prévu de m'en parler ? Dans cinquante ans ?"
- "NON !" M'écriais-je. "J'étais justement sur le point de t'en parler…"
- "Depuis combien de temps es-tu au courant ?" Coupa-t-elle haineusement.
- "Je…"
- "DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ?!" Hurla-t-elle à pleins poumons alors que mes sanglots redoublaient.
- "Environ une semaine avant ton weekend chez Jacob. Deux jours après mon dimanche à Port Angeles."
Rosalie écarquilla les yeux. L'expression sur son visage était emprunte à de la colère, de la défection, de la déception et de la peine.
- "Tout ce temps ?" Murmura-t-elle pour elle-même, n'osant croire ce qu'elle entendait. "Tu es au courant depuis des semaines et tu ne m'en as jamais parlé ?" Elle éleva la voix. "PIRE ! Tu m'as fait croire que tu ne savais rien, tu m'as juré que tu me le dirais si tu apprenais quelque chose ! Mais quel genre d'amie es-tu Bella ?"
- "Rosalie je…"
- "Ferme-là tu veux ? Je ne veux plus t'entendre."
Elle se détourna vivement et alla dans sa chambre. Pour ma part, je pleurais honteusement. Je ne méritais pas son pardon. Je ne le mériterai jamais. Ce que j'ai fait est impardonnable.
Quelques minutes passées à sangloter, j'entendis la porte de sa chambre s'ouvrir. Je la vis apparaitre avec une valise qu'elle trainait au sol. Je la regardai démunie.
- "Qu'est-ce que tu fais ?" Demandais-je avec anxiété. Elle me gratifia d'un regard haineux.
- "Je me casse. Je ne peux plus rester une minute de plus dans la même pièce que toi."
Je fus prise de panique.
- "Rose, non !" Suppliais-je. "S'il te plait, ne t'en va pas."
- "C'est trop, Bella. Je peux accepter beaucoup de choses mais ça… C'est au-delà de mes limites."
- "Non attends, je t'en supplie." M'époumonais-je. "Je suis désolée… Tellement désolée si tu savais." Mes sanglots redoublaient. Elle secoua la tête.
- "Regarde-toi. Tu es pathétique." Cracha-t-elle.
- "Rosalie…"
- "Je ne veux plus jamais te revoir. Adieu Bella."
Sans même que je n'ai eu le temps de réaliser, Rosalie avait quitté l'appartement et décampé.
Je n'attendis pas pour m'effondrer au sol et pleurer toutes les larmes de mon corps. Je venais de perdre ma meilleure amie. La seule fille qui m'ait jamais comprise, celle pour qui j'aurais tout donné. Je l'avais perdu et c'était entièrement de ma faute. J'étais un monstre. Je méritais de croupir en Enfer pour le restant de mes jours.
Je sentis deux bras froids m'entourer et je les reconnus immédiatement.
Je me laissais aller à pleurer dans ses bras mon amitié perdue. Je me demandais d'ailleurs comment il faisait pour rester auprès de moi après tout ce que j'avais fait. Je n'étais pas quelqu'un de bien, au contraire. J'étais égoïste, je ne pensais qu'à ma petite personne.
Et tandis qu'il me berçait pour me calmer, sans succès, je fermais les yeux et sombrais dans la peine et la douleur de cette amitié brisée à jamais.
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