lundi 22 mars 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 5

Chapitre 5: Les Cullen

Vous connaissez l'expression « trouver ce que l'on cherche au moment ou on l'attend le moins »? Cette expression résume assez bien ma situation actuelle. J'avais passé une semaine à attendre ma rencontre prochaine avec Edward, je m'étais même préparée à plusieurs choses que je pourrais lui dire mais les choses arrivent toujours au moment inopportun. Voila qu'il se pointe lorsque je ne l'attendais pas et que j'étais complètement à cours de mot. J'ignore combien de temps le silence s'est installé. J'avais l'impression que ça durait une éternité. Pourtant lorsque j'entendis la voix tonitruante du conducteur de la jeep, je me rendis compte que toute cette panique, cette gêne et ce silence venaient entièrement de mon imagination.

- "Tu plaisantes? Ma langue est une des choses les plus précieuses que je possède vu les merveilles qu'elle prodigue… Il est hors de question que je la perde!" Il riait fortement, tandis que j'essayais de me rappeler pourquoi il avait sorti une blague aussi démente.

- "Je rêve! Non mais regardez-moi ce gros dégoûtant!" Grogna Rosalie.

- "C'est moi que tu traites de dégoûtant?"

- "Je t'interdis de me tutoyer!" Hurla-t-elle.

- "C'est pourtant ce que t'es en train de faire!" Contra-t-il.

- "Sauf que toi tu ne m'as pas interdis de le faire!"

- "Parce qu'au moins moi, je sais bien me conduire!"

- "Vraiment? En racontant des blagues salaces qui ne font rire personne?"

- "Elles ne font pas rire personne!" Se défendit-il.

- "Ah oui, j'oubliais de te compter dans le lot." Dit-elle acide.

- "Moi au moins, j'ai le sens de l'humour. Pas comme certaines personnes coincées!"

- "Traite-moi encore une fois de coincée et je jure que je te ferai avaler tes boules sans ménagement!"

- "J'aimerais bien voir ça… Coincée!" Rit-il sardoniquement.

Rosalie grogna et sa main partit afin de le gifler. Elle aurait sans doute réussi à atteindre sa cible si elle n'avait pas été stoppée par une main blanche et imposante.

- "Je crois que ça suffit pour aujourd'hui." Dit Edward, tenant toujours fermement le poignet de Rosalie dans sa poigne. "Il vaut mieux arrêter les frais. Mon frère est sincèrement désolé de vous avoir fait une frayeur en freinant au dernier moment mais il n'y a pas mort d'homme, donc ce que l'on peut faire c'est se séparer chacun de notre coté afin d'éviter un drame, qu'en pensez vous?" Demanda-t-il de la façon la plus séduisante que je n'aie jamais entendu.

J'étais restée tout ce temps silencieuse, incapable de parler, mon regard ne quittant pas son visage d'une seconde. Rosalie ne réagissait pas. Je décidais qu'il était temps de me manifester.

- "Rosalie, s'il te plait… Oublions ça tu veux?"

- "Hors de question!" Répliqua-t-elle. "Ce type doit apprendre à savoir se tenir."

- "Mais enfin ça fait une heure que tu lui hurles dessus, t'en as pas marre?"

- "Non!" Dit-elle catégorique.

- "Et bien moi si! On est ici depuis des heures, je suis exténuée parce que j'ai eu une semaine abominable et je n'ai qu'une envie, celle de rentrer chez moi!" J'étais au bord des larmes. "Alors s'il te plait, pour l'amour de Dieu, abandonne!"

- "Bella…" Hésita-t-elle. "Je ne peux pas le laisser s'en tirer comme ça…"

- "Mais enfin qu'est-ce qu'il t'a fait au juste? Il t'a fait mal? Non! Il a rayé ta voiture? Non! Alors dis-moi ce que tu lui reproches!"

Elle se renfrogna. Elle savait que j'avais raison mais elle était trop fière pour le dire. Au lieu de ça elle me regardait avec des yeux menaçants et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

- "J'en ai assez. Tu sais quoi? Débrouille-toi toute seule." Dis-je en me retournant et en m'en allant.

- "Et ou est-ce que tu vas?" Demanda-t-elle.

- "Me calmer!" Criais-je. Elle m'avait mise hors de moi. Rosalie savait à quel point je détestais attirer l'attention et elle avait volontairement fait ce que je ne voulais pas qu'elle fasse.

De plus, devant l'homme qui occupe mes pensées depuis deux semaines. J'entendis quelqu'un appeler mon nom mais je ne me retournais pas. Au lieu de ça je continuais d'avancer et sortis du concessionnaire. Je remarquai un bois à coté. Je décidai de l'emprunter pour m'isoler calmement. J'avais, une fois de plus, fui la situation. Après quelques minutes de marche entre les arbustes et les arbres, je repérais un rocher sur lequel je m'assis.

Puis je me mis à pleurer. J'ignorais comment j'allais faire pour retrouver mon chemin mais je m'en fichais. Je passai de longues minutes à évacuer toute la tension des derniers jours, ainsi que ma fatigue qui se manifestait.

- "Bella."

Je relevai la tête, les yeux embués de larmes. Il s'approcha doucement de moi et s'assit gracieusement sur l'herbe face à moi. Puis il me tendit un paquet de mouchoirs. Je le pris doucement avant de murmurer un « merci » à peine audible.

- "De rien." Répondit-il avec un sourire au coin de la bouche. Est-ce que je vous ai dit qu'il était séduisant avec ce sourire? Même sans d'ailleurs. Je soupirai de dépit intérieurement afin qu'il ne m'entende pas. Enfin, je me décidai de me lancer.

- "Je suis désolée." Dis-je. Il me questionna du regard et je continuai. "A propos de ce qui c'est passé… Rosalie a toujours eu un tempérament à vif et… Je ne voulais pas que ça dégénère. J'ai vraiment honte."

Il m'observait, toujours avec ce sourire en coin. Je détournai les yeux, incapable d'affronter son regard. Je relevai la tête lorsqu'il se mit à parler.

- "Vous vous excusez pour le comportement de votre amie?" Il semblait amusé. Je notai qu'il avait reprit la forme de vouvoiement.

- "Et bien je me sens en partie concernée… J'aurais dû intervenir plus tôt." Bafouillais-je.

- "Bella, tu n'es pas responsable des actions des autres. Ce qui s'est passé entre mon frère et ton amie aujourd'hui ne te concerne en rien. Et tu n'as rien à te reprocher."

Un coup « tu », un coup « vous », il me faisait perdre le fil. Je lui fis un maigre sourire avant de baisser les yeux vers mes mains qui se tortillaient. C'était le moment de prendre sur moi.

- "Je tenais aussi à m'excuser… Pour l'autre jour." Clarifiais-je. "J'ai vraiment été odieuse et…"

Je levai à nouveau les yeux vers lui et ne pus continuer car je fus happée par son regard. Il me transperçait. Comme s'il regardait plus profondément, vers mon âme afin de me percer à jour. Je fis de même, surtout parce que j'étais totalement hypnotisée et incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Les secondes, les minutes passèrent et nous ne bougions pas, les yeux dans les yeux. J'aurais voulu me noyer dans ses iris, qui sont d'une ocre captivante.

Au bout d'un moment, je me rendis compte que j'avais arrêté de respirer. Je dus alors rompre la magie du moment afin de prendre ma respiration. Il détourna les yeux au loin avant de parler.

- "C'est oublié." Dit-il simplement.

- "Pourquoi vous faites ça?" Demandais-je. "Pourquoi vous venez consoler une fille qui est méchante et repoussante?"

Il rit légèrement et je le fusillai du regard. Je n'ai jamais aimé qu'on se moque de moi.

- "Je crois qu'on n'a pas la même définition du mot méchant." Dit-il avec un sourire que je ne compris pas. "Bella, si tu étais vraiment comme tu le penses, tu ne t'excuserais pas à la place des autres. Crois-moi, je parle en toute connaissance de cause quand je dis que tu n'es pas méchante. Et laisse-moi te dire une chose, tu es bien loin d'être repoussante… Au contraire." Dit-il avec le regard dans le vide. On aurait dit qu'il avait du regret dans la voix. Chose que je n'arrivais pas à expliquer.

- "Alors vous ne m'en voulez pas?" Demandais-je pour être sure. Il avait dû entendre la lueur d'espoir dans ma voix car il sourit.

- "Je ne vois pas comment je pourrais t'en vouloir quand je te vois dans cet état de détresse. D'ailleurs comment se fait-il que tu pleures pour si peu?" Demanda-t-il étonné. Je me sentis rougir lorsque je répondis.

- "C'est probablement dû à la fatigue. Je ne dors pas beaucoup ces temps ci et j'imagine que mon corps le ressent." Inutile de préciser pourquoi je ne dormais plus la nuit. Il n'avait pas besoin de savoir.

- "Est-ce que tout va bien?" S'enquit-il. "Quand je t'ai vu toute à l'heure j'ai remarqué tes cernes…"

- "Je vais bien." M'empressais-je de répondre. Un peu trop vite peut être pour ne pas paraître suspecte. "J'ai juste quelques insomnies mais je sens que ça va aller mieux." Le rassurais-je. Je ne lui mentais pas vraiment car j'étais persuadée qu'après cette discussion, mon sommeil reviendrait.

- "Je l'espère." Dit-il." En tout cas si jamais tu as besoin de parler…"

- "Merci." Le coupais-je. Je lui fis un piètre sourire face au sien.

- "Alice m'a dit qu'elle t'avait rencontré." Lança-t-il. Je piquai un fard. Qu'avait-elle bien pu lui dire? J'espérais me tromper. "Apparemment tu étais curieuse à propos de sa vie privée avec Jasper." Rit-il. Je devais être rouge cramoisie à présent. Cependant si elle n'avait dit que ça, ce n'était pas aussi dramatique que ça aurait pu l'être.

- "Je… Je m'étonnais juste qu'ils… Enfin je pensais qu'ils étaient frère et sœur alors…" Réussis-je à balbutier.

- "C'est bon Bella, je plaisante." Dit-il avec un rire cristallin. "Elle m'a dit aussi que tu voulais que je passe à la boutique de sport."

- "Je n'ai pas dit ça… Enfin si mais… C'était juste parce que je voulais m'excuser. Maintenant que c'est fait…"

Il souriait de toutes ses dents tandis que je me sentais ridicule. Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris de demander ça à sa sœur aussi? Voila qu'il se joue de mon embarras maintenant. Tout ça parce que j'ai des idées stupides et que je ne sais pas aligner deux phrases.

- "Alors t'es en train de dire que maintenant que tu m'as présenté tes excuses je ne peux plus y aller?"

- "Non!" Criais-je. Il sourit d'avantage. "Tu peux venir… Enfin si t'en as envie…"

D'où me venait ce courage si soudain?

Sans doute du fait que je m'étais tellement ridiculisée qu'une fois de plus ou de moins ne pourrait pas me tuer. Je réalisais que c'était la première fois que je le tutoyais. Un sentiment de bien être me traversa à cette idée. J'espérais qu'il ne remarquerait pas mon changement d'attitude. Toujours avec son sourire en coin, il répondit.

- "Il se pourrait que je passe une ou deux fois dans ce cas." Me dit-il. Je ne savais pas comment réagir. Il venait, si je comprends bien, d'accepter de faire la paix avec moi et de me revoir. Mon cœur avait envie de danser alors que mon cerveau me disait que c'était une très mauvaise idée. Mon cerveau perdit cette bataille puisque s'en m'en rendre compte, je tendis ma main vers lui.

- "Alors amis?" Demandais-je avec espoir. Il fronça les sourcils. Je le voyais hésiter, cependant j'ignorais pourquoi. Au moment où j'allais enlever ma main dépitée, il brandit la sienne et je sentis ses doigts froids sur ma paume.

- "Amis". Répondit-il en serrant ma main de haut en bas. La décharge électrique qui traversa mon échine, jusque dans ma colonne vertébrale était surpuissante. Puis je finis par éclater de rire.

- "Qu'y a-t-il?" Demanda-t-il, visiblement inquiet de ma santé mentale. Chose parfaitement compréhensible.

- "Rien. C'est seulement que je trouve ça tellement cliché…"

Je me remis à rire. Il me regardait totalement amusé.

- "Je crois qu'en effet, tu as besoin de sommeil. Passer du rire aux larmes est un symptôme courant de la fatigue."

- "Je ne suis pas passée du rire aux larmes, mais des larmes au rire." Dis-je toujours hilare. Il secoua la tête, incrédule. Après mon moment d'égarement, je me rendis compte où nous nous trouvions. Il commençait à faire sombre. Edward comprit où je voulais en venir puis qu'il se leva.

- "Viens on retourne voir les deux duellistes."

- "Mince, j'espère qu'ils ne se sont pas entretués." Plaisantais-je en me levant à mon tour.

- "Vu comme c'était parti, ça m'étonnerait qu'ils soient encore vivants."

Nous avions commencé à marcher lorsque je me rendis compte d'un détail important.

- "Edward? Comment m'as-tu trouvé?"

Je le vis froncer les sourcils tellement rapidement que je crus avoir rêvé. Pourquoi cette manie?

- "J'étais juste derrière toi."

- "Pourtant tu es parti après moi."

- "Oui mais contrairement à toi, je marche rapidement." Dit-il avec un demi-sourire.

- "Comment sais-tu que je ne suis pas une bonne marcheuse?" Demandais-je, légèrement piquée au vif.

- "Je t'observe. Tu n'oses même pas mettre un pied devant l'autre."

Je ne réfutai pas. Là-dessus il avait raison, j'étais une peureuse inconditionnelle. Nous arrivâmes bientôt au concessionnaire et je pouvais apercevoir Emmett et Rosalie, toujours en conflit. « Seigneur » Murmurais-je intérieurement. Ils n'en finiront jamais. Cependant à mon grand étonnement ils cessèrent toutes disputes lorsqu'ils nous virent arriver. Le brun faisait des gros yeux tandis que la blonde fronçait les sourcils. Elle aussi s'y mettait.

- "Où est-ce que vous étiez?" Demanda mon amie.

- "En train de changer d'air." Répondis-je, toujours énervée après elle. "J'espère que tu t'es enfin calmée les nerfs et qu'on va pouvoir y aller une bonne fois pour toutes."

- "En fait je t'attendais. J'en ai assez de voir sa tronche à lui." Rétorqua-t-elle.

- "Génial, alors en route." M'exclamais-je. Rosalie de dirigea vers le coté conducteur tandis qu'Emmett était déjà installé confortablement dans sa Jeep. Je jetai un dernier coup d'œil à Edward qui me regardait avant de me saluer. J'acquiesçais en souriant légèrement, puis me détourna afin de m'engouffrer dans la voiture de Rosalie. Les deux Cullen nous laissèrent passer et j'attendis que nous soyons assez loin pour prendre la parole.

- "T'as des ennuis Rosalie. De gros ennuis…"

- "Oh ça va Bell's tu vas pas me faire la leçon."

- "Non mais est-ce que tu te rends compte de la situation dans laquelle tu nous as mises?" Elle ne daigna pas tourner la tête. "Rosalie, je n'ai jamais autant eu honte de toute ma vie!" Hurlais-je.

Elle tourna son regard vers moi et je pus y lire du regret.

- "C'est vrai que j'aurais peut être dû ménager un peu plus ma colère…"

- "Un peu plus? Ta colère toute entière tu veux dire!" Répliquais-je sardoniquement.

- "Mais enfin ce type m'a mise hors de moi! Tu as vu comment il m'a répondu? Je me mets à l'insulter, et lui il me qualifie d'ange. Un ange. Non mais n'importe quoi…" Soupira-t-elle en secouant la tête.

- "Il faisait de l'humour! Un humour plutôt décalé je te l'accorde, mais…"

- "Complètement à coté de la plaque." Me coupa-t-elle.

- "Mais tu étais dans le tort." Continuais-je comme si elle ne m'avait pas interrompu. "J'étais là. J'ai vu comment il conduisait et franchement, laisse-moi te dire que je n'avais jamais vu quelqu'un conduire une Jeep aussi bien. Et lorsqu'il t'a aperçu, il s'est tout de suite arrêté. Honnêtement, je ne comprends toujours pas pourquoi tu lui as sauté dessus comme ça."

Je la vis se renfrogner, puis une légère teinte rosée apparut sur ses joues. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment pour ne pas le reconnaître quand quelqu'un l'éprouvait. Elle rougissait! Rosalie Hale rougissait. C'était le spectacle le plus incroyable qu'il me fut donné de voir. Mais la question est, pourquoi? Je lui ai simplement demandé - pour la énième fois - la raison de sa rage envers cet énorme Cullen. Puis comme dans les bandes dessinées, cela fit tilt dans mon esprit - J'aurais eu une ampoule au-dessus de ma tête si nous étions dans une BD - et je compris enfin le fin mot de l'histoire.

- "Il te plait?" Devinais-je. "C'est pour ça que tu ne voulais plus le lâcher. Tu nous as fait tout ce cirque parce qu'il te plaisait?" Je ne savais pas si je devais rire ou m'énerver.

- "C'est complètement faux! Il ne me plait pas." Nia-t-elle.

- "Arrête, je t'ai vu rougir!" M'exclamais-je, à présent amusée.

- "Je ne vois pas du tout de quoi tu parles." Feignit-elle l'innocence.

- "Oh vraiment? Alors c'est quoi ce rose sur ton visage?" Demandais-je.

Elle ne répondit pas. J'avais gagné, elle avait perdu.

- "Il ne m'intéresse pas." Consentit-elle. "Effectivement, peut être qu'au début, j'ai pu le trouver… Mignon, mais ça s'arrête là!"

- "Alors tu t'es dit que le meilleur moyen de l'approcher était l'offensive." Conclus-je avant d'éclater de rire. "Franchement Rosalie, c'était la pire idée que tu n'aies jamais eue!"

- "Je ne voulais pas que ça aille aussi loin… Mais après il a commencé à vraiment me taper sur les nerfs et… Tu me connais, quand on m'énerve, je ne réponds plus de mes actes." Supplia-t-elle. "D'ailleurs quand j'y réfléchis, je me demande sincèrement comment j'ai pu un tant soit peu être attirée par lui. Il est grossier, orgueilleux et beaucoup trop sûr de lui." Dit-elle avec dégoût.

- "Ça fait souvent ça. Au premier abord, le type te parait charmant, mais lorsqu'il ouvre la bouche, toute la magie s'envole." Répliquais-je. Je connaissais un homme pour qui cette règle ne s'appliquait pas mais bien entendu, je me suis omise de le dire à Rosalie.

- "C'est exactement ça." Approuva-t-elle. "Crois moi que dès que je l'ai entendu parler, il n'y avait plus rien d'attrayant chez lui."

- "Tu es sure? Il t'a traité d'ange. Ce n'est pas si terrible, au contraire."

- "Il se foutait de moi Bella. Cet Emmett est déplorable."

Je ris. Je n'en croyais pas un mot car lorsque Rosalie n'appréciait pas quelqu'un, elle ne passait pas son temps à parler de lui comme elle le fait avec Emmett Cullen.

- "Bon et toi? Tu comptes éviter le sujet encore longtemps?" Sortit-elle après un long silence. Nous y voilà.

- "De quoi tu parles?" Éludais-je.

- "Comment tu connaissais l'autre gars?" Au moins elle n'y allait pas par quatre chemins.

- "Comment sais tu que je le connaissais?" Demandais-je.

- "Il t'a appelé par ton prénom après que tu sois parti." Dit elle en haussant les épaules. Zut.

- "Hum… Disons que c'est un client de la boutique de sport qui est venu deux ou trois fois." Dis-je mal assurée. Elle arqua un sourcil, l'air de dire « Si tu crois que je vais m'arrêter là, tu te goures », mais je restais silencieuse.

- "Tu dis souvent ton prénom aux clients que tu rencontres?"

- "Ça nous est arrivé de discuter plusieurs fois." Tentais-je.

- "Bella?"

- "Rosalie?" Dis-je avec un petit sourire avant de soupirer vaincue. "D'accord t'as gagné." Concédais-je. "C'était Edward Cullen."

Elle freina autant qu'elle le pouvait et la voiture se stoppa net, non sans avoir fait un bruit épouvantable.

- "Edward Cullen?! Et tu m'annonces ça comme ça?" Nous étions toutes les deux choquées. Elle, par ma révélation et moi, par sa réaction.

- "Calme-toi Rose, ce n'est pas grand-chose."

- "Pas grand-chose? Tu te fiches de moi? Après tout ce que tu m'as dit sur lui, tu penses que j'allais laisser passer ça?"

- "Je ne t'ai rien dis sur lui." Niais-je

- "Ne fais pas l'innocente. Qu'est-ce qu'il t'a dit?" Demanda-t-elle.

- "Rien du tout."

- "Qu'est-ce qu'il t'a dis?" Répéta-t-elle avec plus d'aplombs.

- "On.. On a discuté et… Et on a fait la paix." Bégayais-je.

- "Et?"

- "Et rien, après on est revenu."

- "Bella, depuis tout ce temps tu devrais savoir que je ne compte pas m'arrêter là."

- "Bon d'accord." M'énervais-je. "Je pleurais, il m'a consolé et on a discuté un peu. Puis d'un commun accord on a décidé de faire la paix. Ça te va comme explication?"

- "Pas vraiment, mais je vais faire avec." Dit-elle avec un sourire.

- "Bon alors où est-ce qu'on va?" Demandais-je pour changer de sujet.

- "Bien on a dit qu'on se ferait un weekend rien que toute les deux alors que dis-tu d'un resto puis d'un ciné? C'est moi qui régale."

- "Va pour le resto et le ciné mais je paye l'un des deux."

- "A une condition."

- "Laquelle?" Demandais-je, étonnée qu'elle accepte aussi facilement.

- "On ne parle pas des Cullen de toute la soirée." J'éclatai de rire.

- "Alors là ça me convient parfaitement!"


- "Bella, il y a un homme qui demande à te voir." Entendis-je la voix de Mrs. Newton. C'est pas vrai! J'ai pas le droit de prendre ma pause tranquillement?

Je jurai avant de sortir de la réserve et de me diriger vers la caisse ou Mrs. Newton m'attendait ainsi que… Edward Cullen. Je sentis mon cœur s'emballer et ma bouche s'ouvrir légèrement par la surprise. Il voulait me voir, c'est bien ce que mon employeuse a dit? Je décidai de ne pas me poser de question et m'avançai d'un pas légèrement plus assuré qu'à l'ordinaire.

- "Edward." Saluais-je.

- "Bella." Dit-il avec ce sourire qui m'éblouissait totalement.

- "Je vous laisse." Dit Mrs Newton qui jusqu'ici, m'était sorti de la tête. Elle regarda Edward de façon suggestive puis elle partit et je me retrouvai seule, face à cet adonis.

- "Que ce passe-t-il?" Demandais-je. "Tu as fais du camping et vous avez cassé le matériel?"

- "Très drôle. Non en réalité c'est ma sœur qui m'envoie. Elle voulait que je te donne ce formulaire pour que tu le donnes à ta tante."

- "Oh." Dis-je en prenant le papier et en le rangeant dans mon sac. J'espérais que ma déception ne se ferait pas sentir mais j'en doutais fortement. "Comment va ton frère?" M'enquis-je. "La tornade Rosalie ne l'a pas encore terrassé?" Il rit doucement avant de répondre.

- "Crois-moi il en faut bien plus pour terrasser Emmett. D'habitude, c'est lui la terreur."

- "Ça j'en doute pas." Dis-je, tandis que je me rappelais la peur que j'avais ressentie lorsqu'il s'était mis en colère.

- "Et toi comment tu vas?" Demanda-t-il tout d'un coup. "Tu as l'air d'avoir meilleure mine."

- "J'avoue que je suis un peu plus reposée." Dis-je rougissante. Je n'allais certainement pas lui dire que mon sommeil était revenu samedi soir, par un pur hasard…

- "Tant mieux dans ce cas. Je préfère te voir comme ça." Dit-il avec un sourire franc. Je ne répondis pas car j'avais trop peur de ce qui pourrait sortir de ma bouche, mon cerveau étant momentanément hors service. Lorsque la capacité de réfléchir refit surface, je décidais de changer de sujet.

- "Je n'arrive pas à comprendre. Qu'est-ce que tu fais dans la vie pour toujours avoir du temps libre et venir ici?"

- "Je donne des cours de piano à Seattle." Répondit-il. J'écarquillai les yeux. Je ne m'attendais pas du tout à cette réponse.

- "Tu es sérieux?" Demandais-je.

- "Oui pourquoi?"

- "Alors qu'est-ce que tu fais ici?"

- "Étant donné que l'on vient d'emménager, je n'ai pas encore commencé."

- "Un prof de piano…" M'extasiais-je. Avec ça je le trouvais encore plus parfait qu'à l'ordinaire.

- "Tu en joues?" Me demanda-t-il.

- "Quand j'étais gamine. J'ai jamais été douée pour ça. Je me souviens que ma mère m'emmenait à ces leçons stupides jusqu'à ce que je me rebelle et décide d'arrêter." Je rêve ou je suis en train de lui déballer ma vie là?

Puis quelque chose me frappa.

- "Attends une minute. Comment tu peux donner des cours à Seattle et vivre à Forks?"

- "Tu sais, Seattle n'est pas très loin." Il n'avait pas l'air de trouver ça anormal.

- "Peut être, mais c'est quand même à quelques heures de route. Soit tu conduis à la Fast and Furious, soit tu te lèves extrêmement tôt le matin. Quant à faire ça deux fois dans la même journée quotidiennement…" Il raidit l'espace entre nous une seconde, puis répondit sereinement.

- "Comme je te l'ai dit je n'ai pas encore commencé. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que je m'en sortirai."

Bizarrement je le crus. Il n'était pas le genre de personnes à avoir des problèmes aussi futiles.

Nous fûmes interrompus par mon téléphone qui sonna. J'eus envie de le projeter contre un mur pour avoir mis fin à notre discussion. Surtout lorsque je vis le nom de celui qui appelait. J'espère que Charlie a une bonne excuse pour téléphoner. D'ailleurs il ne devrait pas être au travail celui-là?

- "Excuse-moi." Dis-je à l'intention d'Edward avant de décrocher. "Allo?"

- "Allo Bella?" Je soupirai d'agacement. Qui voulait-il que ce soit d'autre?

- "Salut Papa. Que me vaut l'honneur de cet appel?"

- "J'ai quelque chose d'important à te dire."

- "Est-ce que tout va bien?" Demandais-je inquiète par son sérieux. Il y eut un silence au téléphone.

- "Papa?" Réitérais-je. "Papa qu'est-ce qu'il se passe?" J'entendis une respiration, puis il parla.

- "Il y a eu un braquage à la banque." Je me figeai. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Des milliers de scénarios commençaient à prendre forme dans mon esprit. "Bella tu es toujours là?" Entendis-je mon père dans le combiné.

- "Comment va-t-elle?" Demandais-je de but en blanc.

- "Bella… Elle va bien. Mais elle est traumatisée. A vrai dire il s'en est fallu de peu pour qu'elle… Enfin…"

- "Où est elle?" Demandais-je, la voix dure et les larmes qui menaçaient de couler.

- "Au poste. Elle n'arrête pas de t'appeler. Je fais mon possible pour la calmer mais je crois que toi seule arriverais à…"

- "J'arrive." Le coupais-je avant de lui raccrocher au nez. Je commençai à m'activer à ranger mes affaire puis sortir lorsqu'une main retint mon poignet.

- "Tu veux que je t'y emmène?" Je me tournai vers Edward et vis son inquiétude dans ses yeux.

- "Non merci j'ai déjà une… Mince!" Fis-je quand je me rappelai que c'était Rosalie qui m'avait déposé ce matin.

- "Viens avec moi." Dit-il, ayant compris que j'aurai besoin de lui. Toujours en tenant mon poignet, il nous conduisit vers une Volvo argentée et spacieuse. Il vint me tenir la portière coté passager et sourit devant ma béatitude.

"J'ai été élevé à la bonne école."

- "Je vois ça." Dis-je en m'engouffrant dans la voiture. Il faisait vraiment frai à l'intérieur. Je ne m'étais pas rendue compte qu'Edward m'avait déjà rejoint coté conducteur. Nous roulâmes en silence dans les rues de Forks.

- "Sais-tu au moins où se trouve le commissariat?" Demandais-je. Il sourit à nouveau.

- "A l'extrémité de la ville. Tu sais, Forks n'est pas ce que l'on pourrait appeler un labyrinthe."

- "C'est vrai, tu as raison."

Aucun de nous ne reparla jusqu'à ce que je le vis se garer. Le trajet avait été extrêmement rapide. Ou alors c'est moi qui suis inattentive. Il me suivit à l'intérieur du commissariat et Charlie vint nous accueillir.

- "Où est-elle?" Demandais-je.

- "Dans mon bureau." Dit-il en regardant Edward étonné. Je me sentis obligée de clarifier la situation.

- "Papa, voici Edward Cullen. C'est lui qui m'a emmené ici." Mon père ouvrit grand ses yeux après avoir entendu le nom du jeune homme et me regarda, interdit. Je le fusillai du regard afin de lui indiquer qu'on en reparlerait plus tard. Il le comprit et fit comme si de rien n'était.

- "Tu n'as plus ta Chevrolet?" Demanda-t-il sceptique.

- "Si, mais ce matin j'étais en retard alors c'est Rosalie qui m'a conduite au travail."

- "Dans ce cas je vous remercie d'avoir déposé ma fille." Dit-il, un peu plus aimable et détendu.

- "Tout le plaisir est pour moi." Répondit mon chauffeur qui visiblement, n'avait pas perdu une miette de mon échange muet avec mon père.

- "Viens, suis moi." Dit le Chef Swan à mon intention. Nous partîmes en direction de son bureau et lorsqu'il ouvrit la porte, ce que nous vîmes nous laissa sans voix. Moi en particulier. Une Rosalie en pleurs, dans les bras d'un Emmett robuste qui essayait de la rassurer.

- "Emmett?" Appela Edward. Les deux relevèrent la tête et je croisai le regard de Rosalie. Elle était assise, recroquevillée sur sa chaise et cela me rappela ce fameux jour dans le cabinet du psy. Emmett lui était assis sur celle d'à coté et avait un bras autour de ses épaules. Les larmes que j'avais jusqu'alors réussi à retenir se manifestèrent.

- "T'as recommencé." Dis-je à travers les larmes. "On avait dit qu'on arrêtait la position bouboule. Tu me dois vingt dollars."

- "Bella." Elle se leva et je courus la prendre dans mes bras.

- "Quand mon père m'a appelé pour me prévenir, j'ai tout de suite pensé à toi. J'ai imaginé le pire. Ne me refais plus une peur pareille."

- "Je te le promets." Dit-elle." Si tu savais comme j'ai eu peur. Bella ils ont tué la dame de l'accueil sous mes yeux. Et puis deux autres otages aussi. J'ai cru que j'allais mourir si Emmett ne m'avait pas sauvé la vie!"

Je me dégageai de son étreinte afin de regarder le concerné qui était en plein échange de regard avec son frère qui était resté derrière moi. Il se figea lorsqu'il vit que je le regardais, puis haussa les épaules.

- "Que voulez vous? C'est moi Emmett, le sauveur de ces dames." Dit il sur un ton condescendant. De mon coté j'essayais tant bien que mal d'assimiler ce à quoi je venais d'assister. Emmett réconfortant Rosalie. Rosalie qui se laissait faire. Tout cela faisait un peu trop choses pour mon petit cerveau.

- "Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste? Et les braqueurs, ils ont été arrêtés?"

- "Non, ils ont réussi à s'enfuir tous les trois." Intervint mon père. "Bella, je pense que vous devriez rentrer chez vous et en parler tranquillement."

- "Tu as raison. Et toi tu vas bien?" Demandais-je. J'avais presque oublié que lui aussi était là bas.

- "Nous sommes arrivés trop tard, ils avaient déjà décampé donc tu n'as pas à t'inquiéter pour moi." Dit-il avec un sourire faible.

- "Très bien, on va y aller. Bonne soirée Papa."

- "Vous aussi. Et prends soin d'elle Bella."

- "Comme toujours." Répondis-je.

- "Quant à vous Mr. Cullen, je n'ai pas encore pris votre déposition."

Nous nous tournâmes à l'unisson vers lui et Rosalie murmura:

- "Merci Emmett." Celui-ci sourit en nous dévoilant sa dentition parfaite.

- "A ton service ma belle! Oh et Eddie, dis à Jazz que notre excursion va devoir attendre. Je suis coincé au poste et il est hors de question qu'il parte sans moi le tricheur! A moins qu'Alice l'aie déjà prévenu…"

Il se figea à ces mots et un coups d'œil à Edward m'indiqua qu'il s'était lui aussi tendu. Ce dernier fusilla son frère légèrement avant d'arborer une expression impassible.

- "Tu as appelé Alice?" Demanda-t-il d'une façon qui ressemblait plus à un ordre qu'autre chose.

- "Oui, quand ils nous ont conduit ici." Ajouta son frère, comme s'il voulait rattraper une bêtise qu'il avait dit ou fait. Je me rendis compte que j'étais la seule à avoir remarqué le double sens de leur échange - car il y avait un double sens j'en étais certaine - puisque mon père n'avait remarqué absolument rien d'anormal et que Rosalie était un peu trop bouleversée pour se préoccuper du monde qui l'entoure. Charlie nous pria alors de sortir, non sans avoir enlacé Rose et moi et gratifié Edward d'une poignée de main. Lorsque nous fûmes dehors je me tournai vers Edward qui avait l'air préoccupé.

- "Je voulais te remercier. Pour m'avoir accompagné et… Enfin merci." Dis-je, un peu gênée et coupable de l'avoir interrompu dans ses réflexions. Pourtant il m'offrit un sourire rassurant.

- "C'est normal Bella. Essayez de passez une bonne soirée malgré tout." Dit-il en jetant un coup d'œil à mon amie.

- "Tu ne rentres pas?" M'enquis-je.

- "Non je vais attendre Emmett ici. Il ne devrait pas trop tarder."

- "Très bien. Alors à bientôt." Dis-je en espérant le revoir rapidement.

- "Au revoir Bella. Rosalie."

Celle-ci hocha la tête et je savais que si elle avait été dans son état normal, elle m'aurait fait passer un interrogatoire digne de Columbo.

Nous prîmes son cabriolet que les policiers avaient ramené au poste et ce fut moi qui pris le volant. Je ne mis pas longtemps pour arriver à la maison. Je l'aidai à monter, puis l'installai sur le divan une fois à l'intérieur. Je lui apportai un verre d'eau ainsi qu'un pot glacé Ben&Jerry. Elle but le verre d'eau d'une traite puis ouvrit le pot de glace.

- "Si tu veux on peux aller dormir." Proposais-je, sentant qu'elle n'allait pas fort.

- "Non ça ira. Il faut que je te parle avant." Elle prit son air sérieux.

- "Je t'écoute."

- "C'est à propos des Cullen." Mes yeux s'agrandirent d'eux-mêmes et elle continua. "Ils ne sont pas normaux."

- "Je ne comprends pas. Comment ça pas normaux?" Demandais-je, étonnée.

- "Si je suis aussi bouleversée… Ce n'est pas à cause du hold-up, mais à cause de lui." Dit elle en élevant la voix.

- "Lui, tu parles d'Emmett?"

- "C'était dingue Bella! Il a fait quelque chose… D'inhumain."

Je tressaillis. Rosalie était apeurée et moi je ne comprenais plus rien.

- "Que s'est-il passé Rosalie?" J'avais l'impression que c'était la centième fois que je posais cette question aujourd'hui.

- "Laisse-moi t'expliquer…"

« J'étais dans mon bureau, ou je reçois un appel de l'accueil. Je me rappelle de son prénom, elle s'appelait Julie. Elle était en stage d'apprentissage. Vingt ans tout au plus. Enfin bref, elle me demande de venir à l'accueil récupérer des papiers pour un certain Jekill. Lorsque je m'y rends, je ne regarde pas où je vais, jusqu'à ce que je le vois avec son air préoccupé, debout et immobile dans le hall. Évidemment mon sang ne fait qu'un tour et je me dirige vers lui.

- "On peut savoir ce que vous fichez là?" Lui demandais-je froidement. Il se tourna vers moi avec un sourire faux.

- "Tiens, mais c'est notre hystérique des voitures. T'en as pas eu assez alors t'as décidé de me courir après?" Il avait cet air suffisant qui m'énervait alors bien sûr, je suis entrée dans son jeu.

- "Espèce d'imbécile, je travaille ici." Il parut vraiment étonné. "Un problème?" Demandais-je quand je voyais de l'inquiétude dans ses yeux.

- "Tu veux dire que tu vas rester là toute la journée?"

- "Quelle belle déduction! Bravo Sherlock. Maintenant si tu me disais ce que toi tu fais là?"

- "Ma famille a ouvert un compte ici."

- "La dernière fois, c'est à ton père que j'ai eu affaire." Rétorquais-je. Il avait l'air gêné.

- "Oui, mais aujourd'hui je le remplace."

- "Et tu as pris rendez-vous?" Demandais-je. Il se gratta l'arrière du crâne.

- "Il fallait prendre rendez-vous?"

- "Je rêve, tu te pointes à la banque sans prendre rendez-vous? Non mais d'où tu sors toi? On dirait que t'as jamais mis les pieds dans le monde réel." Il ouvrit ses yeux en grand, avant de détourner le regard vers la salle où nous nous trouvions.

- "Il y a beaucoup de gens ici?" Demanda-t-il tout à traque.

- "Pardon?" J'étais sidérée. Comment pouvait il poser des questions pareilles?

- "Dans les bureaux… Il y a encore du monde ou pas?" Il avait vraiment l'air insistant.

- "Je… Je pense, pourquoi?"

- "Et les clients, combien y en a-t-il?" Je te jure Bella que j'ai jamais vu Emmett aussi sérieux. Bon d'accord je ne l'ai croisé que deux fois, mais crois moi que j'ai bien perçu le personnage et ce n'est pas le genre de personnes à se faire du souci comme ça. Plutôt à tout prendre à la légère.

- "Non mais c'est quoi votre problème? On est pas à la gestapo ici!" Je commençais sérieusement à m'énerver.

- "Écoute Blondie, je crois qu'on est parti du mauvais pied tous les deux. Que dirais-tu d'aller prendre un café maintenant?" Demanda-t-il avec un sourire charmeur. Naturellement, je fis monter le ton.

- "Non mais ça va pas la tête?! Tu m'appelles Blondie et tu veux que j'aille prendre un café avec toi?"

- "Tu accepteras si je t'appelle Rosalie?"

- "Non!" Je le sentis qui se retenir de rire avant de jeter un nouveau coup d'œil aux alentours.

- "Quel heure est-il?" Demanda-t-il avec sérieux à nouveau.

- "Quatorze heures deux. Pourquoi cette question, tu es pressé?" Dis-je après avoir regardé ma montre.

- "Pas vraiment…"

« Je n'eus jamais l'occasion de lui demander ce qui lui prenait car un coup de feu retentit et il me positionna derrière lui. Ils étaient trois. Un grand blond avec une queue de cheval, une rouquine ainsi qu'un autre homme avec la peau foncée. Le blond souriait sadiquement et pointait son arme devant lui.

- "Que personne ne bouge, ceci est un hold-up."

Bien sûr les gens ont commencé à crier et s'allonger par terre. Puis je sentis quelqu'un me prendre par la taille et l'instant d'après, je me retrouvais derrière le bureau d'accueil. Je te promets que ça n'a duré qu'une seconde à peine, si bien que j'ai d'abord cru avoir rêvé. Je n'entendais même pas les ordres que le blond faisait ainsi que les menaces jusqu'à ce que je l'entende tirer sur le vigile. On a presque tous hurlé, sauf Emmett qui était à coté de moi et qui avait l'air de réfléchir.

- "Laissez-moi vous expliquer les règles qui vont s'établir. Je vais me diriger vers la chambre forte, pendant que mes deux compères ici présent vont vous surveiller. Si l'un d'entre vous ne bouge, ne serait-ce que le petit doigt, ils le sauront et n'hésiterons pas à tirer." Les deux autres acquiescèrent. Je crus que j'allais m'effondrer quand je vis deux hommes sauter sur eux et se faire tirer dessus plus vite que la vitesse de la lumière. Les gens se mirent à crier et Emmett se leva.

- "Tout le monde derrière ce comptoir!" Hurla-t-il en désignant l'endroit où je me trouvais. Les gens coururent et étrangement, en voyant Emmett, les trois assassins s'étaient figés, le choc se lisant sur leur visage. Malheureusement ils se reprirent trop tôt et ils tirèrent sur les dernières personnes qui n'avaient pas encore atteint le comptoir à savoir, Julie, une femme plus âgée ainsi qu'un homme qui essayait de les protéger. Ils tiraient tellement vite! Et le plus étonnent c'est qu'ils ne tiraient pas sur Emmett.

Celui-ci s'était mis en colère. Il se pencha vers nous qui étions tous entassés sous le comptoir.

- "Qu'aucun de vous ne bouge. Vous restez là et n'y en sortez plus c'est clair?" Prévint-il. La plupart des personnes étaient trop choquées pour acquiescer.

- "Où est-ce que tu vas?" Demandais-je inquiète.

- "Je vais m'occuper d'eux." Dit-il avec un sourire. "Ne regardez pas." Dit-il avant de disparaître tellement vite, que je n'eus même pas le temps de cligner des yeux.

« J'entendis un craquement et tout le monde se couvrit les oreilles et fermèrent les yeux. J'entrepris de passer la tête par-dessus le comptoir et je crois que je n'aurais jamais dû. Emmett avait prit la rousse en otage avec un bras entourant son ventre sans ménagement et l'autre l'étranglant. Il mettait tellement de force que je suis persuadée que j'aurais été littéralement broyée si ça avait été moi. Je le trouvais idiot de les menacer alors qu'il n'avait aucune arme, mais pourtant, ils avaient tous l'air effrayé et l'arme que les deux hommes portaient était baissée. Comme s'ils n'en avait pas besoin.

- "Si vous bougez je la démembre compris?" Menaça Emmett entre ses dents.

- "Pourquoi tu les protèges?" Demanda le foncé de peau.

- "Et vous pourquoi vous faites ça? Vous n'avez rien d'autre à faire de votre vie que de vous en prendre à des innocents?"

- "Pour s'amuser." Dit le blond avec un rictus. "Chacun passe son temps comme il le souhaite."

- "Vous nous exposez!" Hurla Emmett.

- "C'est faux! Tout se serait parfaitement déroulé si tu ne t'étais pas pointé. Et puis où serait l'intérêt si nous ne prenions pas de risque?"

- "James!" Hurla la rouquine qui visiblement, avait de plus en plus mal.

- "Et si on s'en allait James?" Proposa le brun qui commençait à craindre ce qui allait suivre. Le fameux James sourit avant de répondre.

- "Pas encore. J'ai envie de m'amuser."

- "Ça suffit, je m'en vais." Répondit l'autre et la seconde d'après, il n'était plus là.

- "Laurent!" Avait interpellé James trop tard. C'était comme s'il s'était téléporté. Volatilisé je te dis. Et sans attendre, je vis Emmett relâcher la rousse en la propulsant d'une telle force qu'elle atterrit contre le mur de l'autre coté du hall. Je vis le mur s'effondrer sous la pression de la fille. Puis il sauta sur James et le plaqua contre le mur. Les bruits assourdissants firent paniquer tout le monde. Quant à moi, j'étais incapable de bouger tellement tout cela me paraissait irréel.

- "T'as voulu te mesurer à plus fort que toi, t'as de la chance que mes frères ne soient pas là pour allumer le feu qui vous auraient consumé." Dit Emmett, plus menaçant que jamais. Nous entendîmes la sirène de police et la rousse cria à son compagnon.

- "Il faut qu'on se tire de là James."

- "Pas encore Victoria. J'en ai pas fini avec lui."

- "Tu vois bien que tu ne fais pas le poids. Ce type est en train de te démonter." Emmett le prouva en cognant James contre le mur. La collision refit un bruit sourd. Puis à mon plus grand étonnement, Il le relâcha avant de s'éloigner à une vitesse affolante.

- "Déguerpissez!"

Victoria se précipita auprès de James à la vitesse de l'éclair et ils s'apprêtaient à partir lorsqu'Emmett les interpella.

- "Et vous pouvez être sûr que ma famille et moi, on s'occupera de vous. Peu importe oû vous courrez, on vous retrouvera et cette fois je n'hésiterai pas à t'arracher la tête."

Puis ce fut fini. Ils avaient décampé. Je m'empressai de rebaisser la tête avant qu'Emmett ne découvre que j'avais tout vu. Il fut à nos coté quelques secondes plus tard.

- "Tout est fini." Annonça-t-il.

- "Que s'est-il passé?" Demanda quelqu'un après que tout le monde ait soupiré de soulagement.

- "Je me suis jeté sur l'un d'eux et a réussi à lui prendre son arme. Puis j'ai utilisé une table de bureau pour me protéger. Il y a eu une bagarre. Puis les deux hommes ont balancé des tables et des chaises vers moi mais je les ais évité et elles ont fracassé le mur qui est complètement détruit à présent. Ils ont aussi fait un énorme trou dans celui d'en face aussi, mais quand ils ont entendu la police qui arrivait, ils ont pris la fuite. J'ai essayé de les en empêcher mais je n'ai pas réussi. Je suis désolé."

- "Vous plaisantez? Vous nous avez sauvé la vie!" Contredit une autre personne.

- "C'est vrai. Sans vous on ne s'en serait jamais sorti."

- "Vous êtes un héros. Merci pour tout."

- "Oh vous savez, on fait ce qu'on peut." Dit Emmett avec une fausse modestie. Je n'écoutais pas les remerciements en tout genre et décidai d'inspecter les lieux. Quand je vis le trou dans le mur, juste là où James fut cogné par Emmett, je tressaillis. Comment un être humain peut il laisser autant de traces? Et la Victoria, comment a-t-elle pu faire tomber un mur, rien qu'avec la pression de son poids?

Lorsque la police est arrivée, Charlie s'est précipité sur moi et je me suis mise à pleurer durant tout le trajet jusqu'au poste de police. Je ne sais pas pourquoi Emmett a tenu à m'y accompagner mais je ne l'en ai pas empêché. Il nous avait sauvé la vie après tout. Je ne lui ai jamais dit ce que j'avais vu et je ne compte pas le lui dire. »

Je restai abasourdie par le récit de Rosalie. Elle qui avait toujours eu la tête sur les épaules, qui est toujours réaliste et rationnelle, la voilà qui me débitait une histoire digne des films de Steven Spielberg. Pendant quelques instants je m'interrogeai sur la santé mentale de mon amie avant de mettre ça sur le compte du traumatisme.

- "Rosalie… Je crois que tu devrais aller dormir." Dis-je en baissant les yeux.

- "Tu ne me crois pas hein?"

- "J'ai juste dit que nous devrions aller dormir."

- "Bella, je ne mens pas! Je te le jure que c'est vraiment ce qu'il s'est passé!" Paniqua-t-elle.

- "Calme-toi Rose. Je te crois d'accord? Je te crois."

- "Les Cullen ne sont pas normaux Bella."

- "Là-dessus je veux bien te croire." Soupirais-je en repensant à leur sublimité.

- "Je suis sérieuse. Rappelle-toi il y a cinq ans."

- "Rosalie non…" Commençais-je.

- "S'il te plait. Essaie de te souvenir. Je suis sure que tu avais toi aussi remarqué qu'il y avait certaines choses étranges chez lui, qu'il cachait quelque chose, et ces criminels aussi…"

- "Rosalie!"

Elle se tut lorsqu'elle vit qu'elle était allée trop loin. Je ne voulais pas en reparler ni y repenser et elle le savait très bien. Elle était tellement obsédée par les Cullen qu'elle ne pensait plus qu'à ça. Nous ne reparlâmes plus des Cullen car elle savait que ma crise n'était pas loin. Nous ne prîmes pas la peine de manger et nous dormîmes ensembles - encore - car elle avait besoin de moi après ce qu'elle venait de vivre et moi, j'avais eu quelques instants peur de la perdre.

Que voulait bien dire toute cette histoire à propos des Cullen et de ces trois braqueurs? Ce n'était pas du tout le genre de Rosalie de sombrer dans la paranoïa… En même temps qui pourrait croire une histoire aussi démente? Elle avait tout de même parlé de vitesse et de force surhumaine. Venant d'Emmett, je suis persuadée qu'avec sa carrure il était déjà doté d'une force extraordinaire, mais la vitesse? Comment savait-il ce qui allait se passer? Et puis quels sont leurs liens avec ces trois monstres? Pourquoi les a-t-il laissé partir pour les traquer ensuite? Pourquoi ne pas les laisser entre les mains de la police?

Oui, l'histoire de Rosalie était effectivement impensable, irrationnelle, et dépourvue de sens. Mais alors pourquoi est-ce que j'arrive à l'imaginer? La réponse, je la connaissais. Les Cullen.

Cela aurait concerné quelqu'un d'autre, je n'aurais eu aucun doute quant à l'impossibilité de ce récit. Mais les Cullen ne sont pas comme tout le monde, c'est une certitude. Plusieurs choses ne collaient pas. Alice m'a dit qu'ils ont tous été adoptés pourtant ils ont des étranges similitudes. Leurs yeux sont tous de la même couleur ocre. Leur peau est blanche à l'extrême. Même s'ils viennent d'Alaska, je suis sure que les gens ne sont pas tous aussi blafards. Ils ne sont certes pas bronzés mais tout de même… Et puis il faut avouer qu'ils sont tous extrêmement beaux. Que ce soit la brune, Alice, ou encore Jasper et Emmett. Et pire encore, Edward… Je ne savais plus quoi penser. Tous ces évènements étaient beaucoup trop pour mon petit cœur…


Vendredi.

Quatre jours s'étaient écoulés durant lesquels Rosalie était devenue de plus en plus perturbée. Elle était tellement sure de ce qu'elle avait vu qu'elle en devenait folle. Je passais tout mon temps avec elle pour la rassurer mais ça la rongeait de l'intérieur. Je ne pouvais donc plus lui adresser la parole, de peur qu'elle me rabâche les mêmes suppositions démentes. J'avais décidé d'ignorer son histoire à dormir debout le temps que j'en sache plus de mon coté.

De plus, je ne voulais pas qu'Edward se doute de quelque chose. Oui parce que celui-ci était venu prendre de mes nouvelles le lendemain. Nous avions discuté, mon cœur s'emballait à chaque fois qu'il se trouvait proche de moi ainsi qu'à chaque sourire. Le fait d'être amie avec lui me remplissait de joie à l'intérieur. Mais il me manquait quelque chose…

J'arrivai à la boutique d'Esmée après mon travail. Elle m'accorda un grand sourire lorsqu'elle me vit.

- "Je ne t'ai pas beaucoup vu ces temps ci."

- "Je suis désolée mais après ce qui est arrivé à Rosalie, j'ai préféré ne pas la laisser seule."

- "Oh oui, j'en ai entendu parler. Comment va-t-elle?" Demanda-t-elle avec inquiétude.

- "Elle s'en remet." Dis-je.

- "En tout cas toi, tu as l'air d'aller beaucoup mieux par rapport à la semaine dernière." Je lui lançai un regard en biais.

- "Que veux tu dire?"

- "Tu es plus souriante. Et dynamique aussi." Dit-elle affectueusement.

Je ne savais quoi répondre. Alors elle aussi avait remarqué?

- "Tu trouves?" Demandais-je en inclinant la tête sur le coté.

- "Si je te le dis. Bon, que me vaut l'honneur de ta visite?"

- "J'ai reçu ça lundi de la part d'Alice Cullen." Lui dis-je en lui tendant le papier. Inutile de préciser la personne qui me l'a donné.

- "Ah oui." Dit-elle après avoir lu le papier. "C'est pour leur maison. Merci Bella."

- "Je suis désolée de ne pas te l'avoir remis plutôt. Ce truc m'est complètement sorti de la tête."

- "Je comprends. Oh et dis, tu pourrais me rendre un service?" Demanda-t-elle.

- "Bien sûr." Souris-je.

- "Tu peux aller me chercher du ruban adhésif dans l'arrière boutique?"

- "J'y vais tout de suite."

Je partis en direction de l'arrière boutique, en quête d'un ruban adhésif. Je ne mis pas longtemps à le trouver, puisqu'il était mis en évidence sur une grande table recouverte de tissus. Je m'avançais pour le prendre tandis qu'un client entrait dans la boutique. Je m'apprêtais à rejoindre Esmée quand j'entendis sa voix sèche et loin d'être accueillante.

- "Que faites vous ici?" Demandait-elle au nouveau venu. Je trouvais l'attitude froide et agressive d'Esmée très étrange. Ça ne lui ressemblait guère d'être aussi dure.

- "Alice n'a pas pu se déplacer alors c'est moi qui suis venu."

Lorsque j'entendis sa voix grave et masculine, j'arrêtai de respirer. Je me figeai totalement.

Je n'avais pas entendu cette voix depuis des années, et la réentendre à nouveau me transporta dans un tourbillon de mauvais souvenirs. Ce traître à qui j'ai accordé ma confiance et qui m'a planté un couteau dans le dos. Celui qui avait eu le pouvoir de faire de moi la femme la plus heureuse du monde et qui au contraire, a fait de moi l'épave que je suis aujourd'hui. Il était hors de question que je me confronte à lui. Pas maintenant, ni jamais. Je restais derrière la porte qui menait vers la boutique et attendais que mon calvaire se termine.

- "Je vois. Voici les ébauches auquel j'ai pensé pour votre propriété." Dit Esmée, un peu plus posée que tout à l'heure. Je devinai qu'elle lui avait remis un papier. "J'ai séparé chaque pièce pour que vous puissiez bien les distinguer." Précisa-t-elle.

- "C'est parfait merci." Dit-il, toujours aussi poli qu'à l'accoutumée. "Cependant, c'est ma fille qui s'occupe de ça donc il vaudra mieux lui expliquer à elle lorsqu'elle repassera."

- "Entendu." Fit-elle. "Bon, à moins que vous n'ayez besoin de quelque chose, vous pouvez dès à présent quitter ces lieux."

- "Vous avez une très belle boutique." L'entendis-je dire avec une grande sincérité qui me donnait envie de vomir.

- "Je vous remercie. Est-ce que vous avez besoin de quelque chose oui ou non?" Demanda-t-elle avec insistance.

- "En fait, j'aimerais savoir si les plans de la décoration avancent?"

- "Tout est détaillé dans le plan que je viens de vous remettre." Répondit-elle du tac au tac.

- "Effectivement, veuillez m'excuser."

- "Autre chose?"

- "Et bien oui. Je voulais également savoir, quand est-ce que vous pourriez passer pour avoir une vision de notre maison?"

- "Je ne sais pas encore. Je verrai ça avec votre fille puisque c'est elle qui s'occupe de ça." Rétorqua-t-elle, en insistant bien sur le « elle ».

- "C'est juste. Je crois que je vais arrêter de vous importuner dans ce cas."

J'entendis un long silence et je crus que j'allais enfin pouvoir me remettre à respirer mais malheureusement, mes prières étaient veines.

- "Attendez!" S'écria Esmée. Je l'entendis courir et je ne compris pas ce soudain changement d'attitude.

- "Oui?"

- "Je vais vous noter mon numéro au cas où vous auriez des questions. Et pour que je puisse fixer des rendez vous avec votre fille. Alice je crois?"

- "C'est bien son prénom." J'arrivais à imaginer le sourire hollywoodien qui devait s'afficher sur son visage.

- "Tenez." Dit-elle, après un moment. Sans doute après avoir écrit son numéro.

- "Merci." Dit-il. Il y eut à nouveau un silence. "Dites… Je sais que ça ne me regarde pas mais… Comment va-t-elle?"

Je me figeai.

- "Sortez d'ici tout de suite." Exigea-t-elle calmement, mais tout d'un coup remontée tandis que j'étais sur le point de m'asphyxier.

- "Je suis désolée mais vous savez, après mon départ je me suis vraiment inquiété pour elle."

- "Et vous avez eu raison de vous inquiéter car elle était au bord du gouffre." Répliqua-t-elle. "Je n'avais jamais vu ma nièce dans un état pareil."

- "Je n'avais pas le choix et elle le savait très bien." S'exclama-t-il.

- "Vous l'aviez. Vous avez seulement choisi celui qu'elle ne voulait pas que vous choisissiez."

- "Et vous? Vous pensez sincèrement que j'ai fait le mauvais choix?" Demanda-t-il.

- "Je n'ai pas mon mot à dire." Répondit-elle.

- "Vous avez raison pardonnez moi. Je voulais seulement savoir si elle allait bien."

- "Bien? Elle a mis des années pour s'en remettre. Elle a dû aller voir un psy et même encore maintenant, elle se force à sourire. Elle prétend aller bien mais je vois clairement qu'elle se cache derrière une ombre. Et aujourd'hui vous débarquez ici comme si de rien n'était?"

- "J'ignorais sincèrement qu'elle était à Forks."

- "Mais enfin son père vit ici! Vous le saviez non?" S'emporta-t-elle.

- "Oui mais je pensais qu'elle serait parti d'ici depuis. Je crois que je devrais avoir une conversation avec elle. Est-ce qu'elle est ici?"

- "Non elle n'est pas ici." Répondit-elle glaciale.

- "Vraiment? J'aurais cru pourtant…"

Bizarre… Je n'avais pas fait de bruit il me semble.

- "De toute façon elle refusera catégoriquement de vous voir. Si vous aviez vu la réaction qu'elle a eu lorsqu'elle a apprit votre venue ici…"

- "Je me doute qu'elle n'a pas dû réagir avec un grand sourire."

- "Non mais vous vous attendiez à quoi? A ce qu'elle vous accueille à bras ouverts? On n'est pas dans Alice au pays des Merveilles."

- "Ça je le sais mieux que n'importe qui, croyez moi."

- "Alors rentrez chez vous, cela vaut mieux. Je ne crois pas qu'elle veuille vous revoir."

- "Je comprends". Dit-il avec une pointe de tristesse. "Passez une bonne soirée."

- "Oh et Docteur Cullen?" L'appela-t-elle. "Dorénavant il vaut mieux que vous ne veniez plus au magasin. Je ne voudrais pas que Bella vous croise malencontreusement." Le prévint-elle.

- "Comme vous voudrez." J'entendais une sorte de dépit dans la voix.

C'est à ce moment là que je fis une erreur monumentale, sous le coup de l'impulsion.

Je sortis de ma cachette sans savoir pourquoi. J'aperçus Esmée devant la porte du magasin et en face d'elle, de dos, celui que j'avais essayé en vain d'oublier. Mon cœur martela des coups blessants à l'intérieur de mon corps lorsque je vis ses cheveux blonds qui n'avaient pas changés et sa démarche gracieuse à vous couper le souffle. Je le regardai s'éloigner. Je restais pétrifiée. Lorsqu'Esmée se retourna et qu'elle me vit, je vis le regard paniqué qu'elle me lançait. Cependant je n'en tins pas compte, trop bouleversée et statufiée que j'étais.

Je l'avais revu. J'avais fait la chose que je m'étais jurée de ne plus faire, croiser son chemin à nouveau. J'aurais pu rester là où j'étais et ne pas le revoir, mais je m'étais avancée. Pourquoi mes jambes se sont-elles déplacées sans que je ne les y autorise? Pourquoi avais-je voulu l'apercevoir inconsciemment? Je ne pouvais plus l'éviter désormais. Je ne pouvais plus prétendre qu'il n'existait pas, prétendre que mon passé n'existait pas.

Je posai le ruban adhésif sur la table et m'avançai vers la sortie en transe.

- "Je crois que je vais y aller." Dis-je, sans réellement me rendre compte de ce que je disais.

- "Bella…"

Je l'entendis m'appeler mais je ne lui répondis pas. Je sortis du magasin, toujours dans un état automate. Je marchais au ralentis vers ma camionnette, fixais la route sans vraiment la voir. J'avais les yeux grand ouverts mais je ne voyais rien. Je ne sentais rien, je n'entendais plus rien. Je ne pensais plus.

La seule chose qui avait intégré mon esprit est que j'étais prise au piège. Prise au piège par mes propres démons ressurgissant du passé. Et le seul nom que je voyais sur ma route était celui des Cullen…

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