mercredi 24 mars 2010

Excès de Vitesse: Chapitre 4


Chapitre 4: Blond hair, Cool glasses and Bitch girlfriend

A peine après avoir quitté le bureau d'Edward que Bella se sentait déjà étrangement seule. Elle n'avait qu'une envie, faire demi-tour et continuer sa folle nuit avec ce bel inspecteur. Malheureusement elle ne le pouvait pas. Il fallait qu'elle rentre affronter la réalité, à savoir un Charlie en colère pour être parti de son dîner aussi précipitamment. Elle roula lentement, sachant pertinemment que le magique Thanksgiving avait laissé place au calvaire Thanksgiving. Elle répéta en boucle son excuse bidon et au moment de se garer, bien trop tôt à son goût, elle s'inspecta dans son rétroviseur. Ses cheveux n'étaient pas trop en bataille, ce qui l'arrangeait fortement. Elle vérifia que ses habits étaient bien mis en place, et fut satisfaite de voir qu'elle avait l'air parfaitement normale. Du moins, elle le serait pour son père. Car elle savait qu'Emmett et Alice ne serait pas dupes et devineraient tout dés le premier regard.

Ses yeux étaient brillants d'une lueur qu'elle ne reconnaissait pas. Ses joues étaient légèrement empourprées d'une teinte rosée, et sa bouche émettait malgré elle, un petit sourire dont elle n'arrivait pas à se débarrasser.

Elle ne pouvait malheureusement rien faire contre l'état de son visage, alors elle s'avança d'un pas décidé vers la maison, prête à accueillir la fureur d'un père en colère, et les railleries d'un frère stupide. Elle ouvrit la porte et fut surprise de voir que tout le monde bavardait tranquillement dans le salon. Peut être qu'en fin de compte, son absence était passée inaperçue…

- "Ah bah enfin, te voila!" Entendit-elle son père s'exclamer après qu'elle se soit dirigée vers le salon. Il ne fallait pas rêver. Le pire, c'est qu'elle était épiée. Tout le monde la dévisageait avec une émotion différente. Son père avait de l'inquiétude sur le visage, mélangée avec de la réprimande, les invités - pour la plupart - la regardaient avec surprise et curiosité, sauf Jacob qui ne la regardait pas. Rosalie elle, affichait son habituel dédain et sa désinvolture. Quant à Alice, elle avait d'abord montré son étonnement, puis elle arborait à présent de l'excitation. Bella devrait passer un interrogatoire à la fin de la soirée, elle en était certaine. Enfin la seule chose qui la surprit réellement, fut l'attitude d'Emmett.

Elle s'attendait à voir son visage amusé, presque moqueur et son sourire pendant jusqu'à ses oreilles. Mais il n'en fut rien. La seule réaction qu'eut son frère en la voyant arriver, fut de soupirer et de baisser les yeux en se rasseyant dans son fauteuil. Bella s'étonnait de le voir agir de façon aussi étrange. Mais où était passé son entrain naturel ?

Bella n'eut pas le temps de se poser plus de questions car elle remarquait de l'agitation autour d'elle. En effet, tout le monde était debout, en train de se revêtir.

- "Vous partez déjà ?" Demanda-t-elle étonnée, sans même prendre la peine de saluer, ni de s'excuser de son absence. Elle entendit Joshua Uley et Billy Black s'esclaffer.

- "Je ne sais pas où tu es allée jeune fille…" Commença Billy. "Mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il se fait vraiment tard. Nous avons fini le gâteau depuis longtemps déjà."

- "D'ailleurs il était délicieux." Sourit Seth. "Alice, des comme ça, ramène-nous en quand tu veux." Celle-ci semblait ravie des compliments qu'on lui faisait.

- "Avec plaisir." Dit-elle. "Rentrez bien." Beaucoup de saluts et de bonsoirs furent échangés, et Bella tenta tant bien que mal de cacher sa joie de les voir partir. Lorsque tout le monde fut mis dehors, elle ne put s'empêcher de soupirer de soulagement, avant de se tourner vers un Charlie, visiblement très remonté.

- "Euh…" Bafouilla-t-elle. "Ça a l'air de s'être bien passé." Charlie la regardait sans ciller.

- "Je suis déçue." Lâcha-t-il. "Vous m'avez terriblement déçu, toi et ton frère." Bella fronça les sourcils. Qu'est-ce que Emmett venait faire là dedans ? Charlie reprit. "A part Alice, aucun d'entre vous n'a fait preuve d'amabilité et d'enjouement. La preuve, ma fille est partie je ne sais où en plein milieu du repas, pour ne revenir qu'à la fin, tandis que mon fils a passé la soirée à ruminer pour je ne sais quelle raison."

- "Je suis désolée." S'excusa Bella. "Angela m'a demandé de passer chez elle pour une urgence. Un élève de l'école a été embarqué dans un trafic de drogue et on a essayé de lui venir en aide ce soir, car il était perdu." Bella se sentait mal de raconter pareil mensonge à son père qui apparemment, était déjà très énervé. Elle le vit émettre un semblant d'inquiétude sur le visage.

- "Comment s'appelle-t-il ?" Demanda-t-il. Son caractère de policier avait prit le dessus.

- "Désolée, mais je ne peux pas te le dire. Tu te mettrais à enquêter sur lui."

- "Est-ce qu'il va bien ?" Alice regarda Bella en se mordant la joue intérieure. Bella émit un sourire en coin pour cette dernière.

- "Tout s'est très bien passé." Fit-elle, à la fois pour Charlie et Alice. Cette dernière se retint de rire et monta à l'étage en secouant la tête.

- "Bien." Reprit Charlie. "Mais cela n'excuse en aucun cas, l'attitude irrespectueuse que vous avez eu."

- "Papa… "Commença Emmett en se levant.

- "Tu ne t'es même pas levé pour aller leur dire au revoir." Le coupa Charlie. "Non mais qu'est-ce que tu as ? Je ne vous ai pas élevé comme ça, toi et ta sœur. Je vous ai bien éduqué, je vous ai appris à être polis, serviables, aimables, respectueux… Comme Bella, ton comportement était inacceptable."

Emmett ne répondit pas. Il ne savait pas lui-même ce qui lui prenait. Bella trouvait l'attitude d'Emmett, de plus en plus étrange.

- "Je ne me suis pas vraiment amusé, voila tout."

- "Tu peux le dire !" S'exclama Charlie. "Pas une seule fois tu n'as ouvert la bouche de tout le repas. Et quand Bella est partie, c'était encore pire. Tu ne t'es même pas resservi de dinde. Tu te ressers toujours trois fois d'habitude. Tu n'as pas fait une seule blague déplacée, tu n'as pas ri une seule fois, tu n'as fait qu'une tête boudeuse, énervée et désintéressée…"

- "Merde !" Cria Emmett. "Tu ne t'es pas dit que ce fichu repas ne plaisait à personne ? Que les invités ne nous enchantaient pas ? Tu as invité Jacob, Papa. As-tu une idée de ce que ça a dû causer à Bella de revoir ce sale chien ? As-tu une idée de ce que ça m'a coûté de me retenir de ne pas prendre sa tête et de la frapper contre un mur de toute la soirée ? Non, tu n'en sais strictement rien parce que toi, tu passais du bon temps avec tes copains, tandis que Bella elle, à dû supporter de voir sa pire ennemie et son ex-petit copain se bécoter vulgairement devant ses yeux. Et tu t'étonnes qu'elle se soit tirée ? Quant à moi, je t'avouerais que je n'apprécie pas vraiment non plus, de voir ce clébard pointer son museau ici et se comporter de façon aussi dégoûtante. Alors non, je ne vois pas pourquoi je devrais me comporter gentiment avec eux."

Charlie restait bouche bée devant le discours de son fils. Bella n'en croyait pas ses oreilles. C'était la première fois depuis le jour de la rupture de Jacob et Bella qu'Emmett était en colère.

- "Je n'avais pas idée de ce que ça te ferait Bella." Dit-il tristement. "Je suis sincèrement désolé."

Bella ne savait pas quoi dire. Elle s'était attendue à passer un sale quart d'heure, mais c'était Emmett qui prenait tout. De plus, la crise de son frère l'avantageait drôlement puisque la situation tournait carrément en sa faveur. C'était Charlie qui s'excusait. Elle aurait dû s'en réjouir mais en voyant les yeux rancuniers et torturés d'Emmett, qui étaient d'habitude si calme et joyeux, Bella se surprit soudainement à souhaiter que tout lui retombe à la figure.

- "Oh… Ce n'est pas grave, Papa. J'ai survécu." Dit Bella avec un faible sourire.

- "Mais honnêtement Emmett…" Reprit Charlie. "Il y avait Seth et Leah. Tu as toujours bien aimé Seth non ?"

- "Il accaparait Alice. Excuse-moi mais leurs discussions de gâteaux au chocolat et de glaçage ne m'intéressent pas vraiment."

- "Pourtant tu adores la nourriture." Contra Bella.

- "Oui et bien pas ce soir." Rétorqua-t-il.

- "Bon d'accord, admettons." Fit Charlie, pas convaincu le moins du monde. "Et Leah alors ? Tu avais pourtant dis que tu flirterais avec elle. Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?"

- "Je n'aime pas les brunes." Grogna-t-il.

- "Mais tu as dit que…" Commença Bella.

- "Je me fiche de ce que j'ai dit !" Coupa-t-il en haussant la voix.

- "Ça suffit !" Clama Charlie. "C'est moi qui devrais être en colère, pas toi." Dit-il en désignant Emmett du doigt. "Vous croyez sans doute que je me suis amusé ce soir, mais vous vous trompez. Et vous savez pourquoi ? Parce que mes deux enfants n'étaient pas là. Que ce soit physiquement ou mentalement, vous n'étiez pas là. Thanksgiving est sensé être une fête familiale. Tous les ans, nous le passons en famille et avec des amis. Et je me fiche éperdument des invités parce que ce que je voulais vraiment, c'était passer un bon moment avec mes enfants. Mais même ça, je n'en ai pas eu le droit. Peut être que les autres années étaient différentes car Bella et Jake s'entendaient parfaitement bien, qu'Emmett rigolait avec Sam… Mais je pensais que cela n'aurait pas d'importance parce que nous étions en famille, tous les trois. Vous savez, quand votre mère est partie et nous a laissé seuls sans aucun remord, vous étiez trop jeunes pour réaliser réellement l'étendue des conséquences de son départ. Mais vous étiez tout de même assez intelligents pour me faire une promesse que je n'ai jamais oubliée. Vous m'aviez vu triste, malheureux sans elle, et à ce moment là, vous m'aviez tous les deux juré, que jamais vous ne m'abandonneriez. Et j'ai fait la même chose pour vous. Seulement ce soir, vous n'avez pas respecté cette promesse. Vous m'avez abandonné."

C'était le plus long discours que Charlie Swan n'avait jamais fait. Emmett et Bella ne savait plus quoi dire. Ils étaient choqués et abasourdis. De plus, ils éprouvaient tous les deux beaucoup de culpabilité et de remords. Ils savaient que leur père avait toujours tenu à Thanksgiving. Il avait qualifié cette célébration comme une tradition familiale. Ils savaient tout deux ce que cela représentait pour lui, mais ils avaient tout gâché.

Bella se sentait à la fois coupable et heureuse. Car même en ayant conscience du mal qu'elle avait causé à son père, elle ne pouvait se résoudre à regretter son intime moment avec Edward Cullen.

Emmett lui, était mitigé. Il avait vraiment passé une soirée atroce et n'arrivait pas à se sentir mal pour l'affront qu'il avait fait à son père, cependant, il avait honte de son comportement. Il s'était renfrogné et n'avait même pas réalisé une seule seconde qu'il avait pu faire du mal à son entourage.

Charlie n'attendit pas de réaction de la part de ses enfants et s'en alla à l'étage, déçu par le dénouement de sa soirée. Bella et Emmett se regardèrent honteux. En voyant la colère dans les yeux de son frère qui ne s'était toujours pas évaporée, Bella s'inquiéta.

- "Emmett… Qu'est-ce que tu as?" Celui-ci haussa les épaules.

- "Disons que moi, je ne me suis pas vraiment autant amusé que toi." Dit-il avec insinuation. Bella rougit et baissa les yeux.

- "Je suis désolée de t'avoir laissé tomber. Mais je te jure que je n'avais pas du tout prévu que…"

- "C'est bon. Laisse tomber les états d'âme, veux-tu ? T'avais raison en fin de compte. Cette soirée a été un véritable fiasco. Content que tu te sois bien amusée." Dit-il en se détournant.

Bella soupira. Depuis quand les rôles étaient-ils inversés ? D'habitude, c'est elle qui jouait le rôle de la torturée, et lui, celui du coureur qui s'envoiyait en l'air. A présent, elle avait l'impression d'être tombée dans une autre dimension.


Bella et Alice faisaient actuellement les magasins, en ce dimanche de plénitude. Elles avaient décidé d'aller à Port Angeles, puisque Forks n'assouvissait point les attentes d'Alice. Elles se trouvaient dans un magasin de vêtements plutôt chic, et discutaillaient du rendez-vous nocturne de Bella au poste de police, qui avait eu lieu trois jours auparavant.

- "Donc…" Parla Alice. "Si je résume bien la situation, vous avez fait l'amour deux fois, en tout et pour tout. Je me trompe ?"

- "Et bien… La première fois, on ne l'avait pas fait qu'une seule fois. Alors je ne crois pas que le chiffre deux soit…"

- "Ok, j'ai compris." Fit-elle en la coupant. "Ça alors !" S'exclama-t-elle. "Je n'arrive pas à croire que tu aies fait faux bond à ton père pour une partie de jambes en l'air."

- "Une super, incroyable et fantastique partie de jambes en l'air." Compléta Bella en rougissant de ce qu'elle venait de dire. Alice poussa un petit cri avant de lui sauter au cou.

- "Bella, si tu savais depuis combien de temps je rêvais d'avoir ce genre de discussions avec toi. Et de t'entendre dire ce genre de choses." Dit-elle avec le sourire. "Moi qui croyais que tu étais un cas désespéré… Finalement, tout n'est pas perdu pour toi !"

- "Je te remercie Alice." Ironisa Bella qui ne savait plus où se mettre.

- "Qu'est-ce que tu comptes faire ? Le revoir ?" Demanda-t-elle. Bella détourna le regard.

- "Je ne sais pas. On… On n'a pas vraiment discuté…"

- "Tu m'étonnes." Coupa Alice." Vous aviez des choses plus importantes à faire que de parler de la pluie et du beau temps." Bella baissa les yeux, complètement écarlate. De temps en temps, elle trouvait qu'Alice ressemblait beaucoup à Emmett, avec plus de romantisme et de sentimentalisme.

- "Le truc, c'est que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il pense de moi." Avoua Bella. "Est-ce que je suis simplement une fille avec qui il aime s'envoyer en l'air ? Ou est-ce que…"

- "Ou est-ce que ?" Demanda Alice en voyant que Bella ne continuait pas sa phrase. Cette dernière soupira.

- "Je ne sais pas Alice. Je ne sais absolument pas ce qu'il a dans la tête. C'est vraiment frustrant."

- "Mais toi, tu sais ce que tu veux ?" Bella hésita.

- "Pas vraiment non." Alice étudia scrupuleusement Bella et commença à comprendre le problème de son amie, s'il s'agissait vraiment d'un problème. Et pour cela, elle n'avait qu'une seule solution.

- "Écoute." Conseilla-t-elle. "Pourquoi ne pas simplement laisser les choses se faire et voir où cela va vous mener ? Parce que là, crois moi, tu te poses des questions qui n'ont pas lieu d'être." Bella haussa les épaules. Elle n'avait pas tort.

- "Tu as probablement raison."

- "Arrête de te poser des questions, Bella. Vis ta vie, vois ce qu'il en est et ensuite, tu pourras commencer à réfléchir." Bella sourit. Alice avait raison. Elle était en train de se torturer l'esprit pour rien.

- "D'accord." Consentit-elle. Alice lui sourit et elles arpentaient les rayons dans un silence de plomb, jusqu'à ce que ce soit au tour de Bella d'interroger Alice.

- "Dis-moi Alice…" Celle-ci se retourna vers son amie. "As-tu une idée de la raison pour laquelle Emmett s'est comporté de cette façon jeudi soir ?" Alice fit mine de réfléchir et afficha un air contrit.

- "A vrai dire, je me pose justement la question. Tout allait bien au début, avant que Jacob n'arrive. Et là, pouf, Monsieur commence à faire sa mauvaise tête. Je comprends qu'il ne soit pas très enchanté de revoir ce gars là mais… Il pousse un peu, tu ne trouves pas ? Enfin c'est toi la concernée, pas lui."

- "Je ne suis pas sure qu'il s'agisse uniquement de la rancœur qu'il éprouve pour Black." Contra Bella. "Je connais bien mon frère. Et tu vas sans doute avoir du mal à me croire, mais ce que j'ai vu dans son regard hier… Ce n'était pas uniquement de la colère. Il y avait une sorte de dépit et de peine. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu ce genre de faiblesse de la part d'Emmett." Confia Bella. Alice fronça les sourcils.

- "En effet, c'est étonnant, venant de lui. Pourquoi éprouverait-il ce genre de sentiments en revoyant Jacob ? Ça n'a pas de sens."

- "C'est justement ce que j'ignore." Confia Bella. "Peut être que cela n'a tout simplement rien à voir avec Jake."

- "Sans doute. Mais alors qu'est-ce qui a bien pu provoqué ça ? Parce que je suis persuadée que c'est au moment où il est arrivé qu'Emmett a changé."

- "Il y a probablement quelque chose qui nous échappe. On verra bien si son humeur s'améliore."

- "Tu as tout à fait raison." Approuva Alice. "Oh, regarde ce chemisier comme il est mignon." Fit-elle en se saisissant d'une des manches du vêtement pour le montrer à Bella.

- "Hum… Ouais il est pas mal." Sourit-elle. "Tu devrais l'essayer." Encouragea-t-elle.

- "J'y compte bien." Sourit Alice en s'emparant du chemisier. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'est que le vêtement lui résista. Elle se retourna pour voir d'où venait le problème, lorsqu'elle vit une petite brunette, étonnamment bien sophistiquée, qui tenait la deuxième manche.

- "Pas touche." Fit-elle avec une voix hautaine. "Ce chemisier est à moi." Alice émit un rire.

- "Désolée mais je l'ai vu en premier. Et je compte bien me le prendre."

- "Vous plaisantez ? Je vous ai dit que ce haut était à moi. Alors soyez gentille, allez-vous en chercher un autre quelque part ailleurs."

Bella soupira. Connaissant Alice, elle savait qu'elle ne lâcherait pas l'affaire, tant qu'elle n'obtiendrait pas gain de cause. Elle n'avait plus qu'à assister au massacre en tant que spectatrice.

- "Non mais je rêve! Vous pensez sincèrement que je vais vous le laisser ? Tant que je m'appellerai Alice Brandon, il est hors de question que je vous laisse repartir avec. Je veux ce chemisier, et il sera à moi."

- "Alors écoutez-moi bien." Prévint la jeune brune aux cheveux ondulés, ce qui lui donnait un air espagnol. "Si vous croyez qu'avec vos fanfarons de banlieusarde, vous allez parvenir à vos fins, vous vous trompez lourdement. Alors allez jouer ailleurs."

- "Tu sais ce qu'elle te dit la banlieusarde ?" S'énerva Alice. "Et mon pied dans ton derrière, qu'est-ce que t'en penses?"

- "Oh, tu veux en venir aux mains maintenant ?" Demanda-t-elle faussement outrée. "Et bien, quelle éducation. Je te félicite."

- "Vas te faire voir ! Pauvre pimbêche qui sort tout droit du trou de Paname." Bella fut atterrée des propos d'Alice. Et l'autre fille aussi.

- "Espèce de sale petite peste." Cria-t-elle. "Retire ça tout de suite ou sinon…"

- "Eh oh ! On peut savoir ce qu'il se passe ici ?" Une belle voix masculine interpellèrent les trois filles. Elles se retournèrent toutes et Alice et Bella furent choquées en voyant l'homme qui s'était avancé vers elles.

Il était grand, habillé de façon mondaine, assez bien bâti avec les cheveux blonds. Il portait des Ray Ban noirs qui cachaient ses yeux, mais les filles supposaient qu'il devait probablement être très séduisant, notamment avec sa façon distinguée de marcher avec droiture. Ce fut la voix plaintive de la brune inconnue - et actuellement ennemie d'Alice - qui les interrompirent dans leur contemplation.

- "Ah Jazz, te voilà." S'exclama-t-elle. "J'ai besoin de ton aide. Cette fille refuse de me laisser ce chemisier." Le dit Jazz soupira, apparemment d'exaspération.

- "Et c'est pour ça que vous étiez sur le point de vous battre ?" S'étonna-t-il. "Franchement Maria, je te croyais un petit peu plus intelligente que ça." La brune Maria sembla outrée de sa réaction.

- "Tu sais Jasper, dans l'univers des femmes, il est impérativement crucial que lorsque deux filles se battent pour le même vêtement, de ne pas lâcher l'affaire." Le jeune blond sourit.

- "Et tu ne peux pas simplement lui laisser ce chiffon ? Il n'est même pas joli." Cette fois ce fut Alice qui fut outrée. De quel droit se permettait-il de juger ses goûts en tenues vestimentaires ? Personne ne l'avait encore jamais critiquée.

- "Tu ne comprends pas." Répliqua Maria. "Il ne s'agit plus de ce chemisier, mais d'un combat pour la victoire et de la dignité." Le Jasper secoua la tête avec lassitude. Puis il se tourna doucement vers Alice et ôta les lunettes qu'il portait avec sa main droite. Alice en eut le souffle coupé. Il avait les yeux les plus beaux qu'elle n'avait encore jamais vu. Ils étaient d'un bleu si profond qu'elle avait envie de plonger dedans.

- "Combien ?" Demanda-t-il en tirant Alice sa rêverie. Celle-ci secoua la tête avec incompréhension.

- "Je vous demande pardon ?" Demanda-t-elle. Il soupira.

- "Combien voulez-vous pour accepter de céder ce machin à ma fiancée ?" Bella et Alice ouvrirent la bouche d'étonnement. Cette dernière était complètement abasourdie et choquée par sa proposition.

- "Vous êtes sérieux ?" Demanda-t-elle avec incrédulité. "Vous me proposez vraiment de l'argent pour que je laisse ce chemisier à votre copine ?"

- "A votre avis ? De quoi croyez-vous que je suis en train de parler ?" Répliqua-t-il avec évidence. Alice n'en croyait pas ses oreilles. C'était le pire blasphème qu'elle n'avait jamais entendu. Elle avait l'impression d'avoir été bafouée pour s'être vue proposer un tel sacrilège. "Alors, Combien ?" Répéta le jeune homme, visiblement impatient. La colère d'Alice l'emporta.

- "Espèce de… Comment osez-vous me proposer une chose pareille ? C'est une insulte. On n'achète pas les gens de cette manière. Qu'est-ce que vous croyez ? Qu'en m'offrant de l'argent, je consentirai à abandonner et perdre ma dignité ? C'est totalement exécrable de votre part."

Elle était choquée. Pour Alice, ce genre de propositions était le pire des affronts. Le jeune blond semblait lui aussi, étonné de sa réplique. Il se pinça l'arête du nez en fronçant les sourcils, dans le but de réfléchir. Puis il se tourna vers sa compagne.

- "Maria chérie… Laisse-lui ce vêtement tu veux ? Je t'en achèterai un autre beaucoup mieux." Maria soupira.

- "Jasper… Je ne peux pas." Dit-elle en secouant la tête.

- "Mais enfin regarde ces pauvres filles. Je parie que ta penderie est dix fois plus grande que la leur. Ne t'abaisse pas à leur niveau. Laisse-leur et allons-nous en, tu veux ?"

Alice resta stoïque, tandis que Bella était carrément incrédule.

- "Tu as raison." Dit Maria en lâchant le chemisier. "Je vous le laisse, il est à vous." Ils allaient se détourner lorsque Alice surprit tout le monde.

- "Gardez- le." Interpella-t-elle.

Ils la regardèrent étonnés. Bella n'en croyait pas ses oreilles. Jamais Alice n'avait abandonné. Que lui prenait-il ? Elle regarda son amie et comprit d'où lui venait ce soudain revirement. Alice se retenait effectivement de fondre en larmes.

- "Excusez-nous ?" Demanda Maria, prise de court.

- "Gardez-le." Répéta-t-elle. "Je n'en veux pas." Elle lui tendit le chemisier.

- "Je ne comprends pas. Pourquoi vous ne le voulez plus?" Alice déglutit avant de répondre.

- "Disons que la pauvre fille ne supporte pas la pitié de la part de gens aussi déplorables que vous l'êtes."

Bella savait qu'Alice faisait son maximum pour ne pas craquer devant eux. Elle se mit à espérer qu'ils partiraient rapidement pour qu'elle puisse la consoler.

- "Vous l'avez entendu ?" Répliqua-t-elle sèchement, témoignant ainsi sa présence." Elle a dit qu'elle n'en voulait pas. Alors prenez-le et tirez-vous d'ici." Ordonna-t-elle. Maria prit le chemisier, non sans avoir lancé un regard de dédain à Alice au préalable, et Jasper soupira de soulagement de pouvoir enfin s'en aller, puis passa son bras autour des épaules de sa fiancée. Enfin ils se détournèrent nonchalamment vers la sortie du magasin.

Bella se précipita sur son amie et la prit par les épaules. Elle était complètement bouleversée.

- "Viens, on s'en va d'ici." Dit-elle en tirant Alice par le bras. Elles franchirent les portes du magasin rapidement, et repérèrent un banc pour s'asseoir. A peine assises, que Alice éclata en sanglots et que Bella la prit dans ses bras. Alice ne savait même pas pourquoi elle pleurait. Elle n'avait pas pleuré depuis des années. Elle ne pleurait jamais et c'était pour ça que ça lui faisait peur.

- "Je ne comprends pas." Fit-elle entre deux sanglots. "Je n'ai même pas versé une seule larme le jour où mes parents sont partis en voyage et m'ont laissée toute seule. Je n'ai pas non plus pleuré le jour où j'ai retrouvé James en train de me tromper avec ma patronne, et que j'ai réalisé que j'avais gâché trois années entières de ma vie. Et il suffit que ce sale type débarque et m'insulte pour que je me transforme en fontaine." Les sanglots reprirent de plus belle. Bella tapotait le dos d'Alice pour l'apaiser et la calmer.

- "Chut, ça va aller." Tentait-elle vainement.

- "Il m'a humilié, Bella. D'abord il m'a proposé de l'argent en échange de mon abandon. Jamais on ne m'avait encore fait un truc pareil. Et après… Il me rabaisse. Il nous a regardé de haut et nous a dénigré, comme si nous ne valions rien. C'est humiliant. Tellement humiliant…"

- "Je sais Alice. Je suis vraiment désolée." Réconforta Bella.

Si ça avait été une autre personne, Bella aurait sans doute trouvé la réaction d'Alice bien excessive. Car pleurer pour si peu, ressemble plus à du Bella Swan qu'autre chose. Seulement voila, il s'agissait d'Alice. Ce genre de comportement l'avait toujours rendue folle. Elle détestait le déni envers quelqu'un, l'exécration, et l'humiliation gratuite. Or cet homme ne s'était point gêné. La qualification de « pauvres filles » fut la goutte d'eau qui déborda pour Alice. Ce manque de respect et cette supériorité était ce qu'elle détestait le plus au monde, car pour elle, il s'agissait d'une réelle méchanceté et le fait qu'il l'ait jugé par rapport à son apparence, fut pire que tout. Car s'il y avait bien une chose dont Alice était experte en la matière, était bien l'apparence, le physique, le look…

La ridiculiser dans ce domaine là, son domaine, était vraiment la chose la plus monstrueuse qu'on lui ait faite. Ce Jasper était tout ce qu'elle avait toujours qualifié de monstrueux.

Petit à petit, les sanglots s'estompèrent et Alice s'essuya les yeux en se redressant avec un faible sourire.

- "Je ne sais même pas pourquoi j'en fais tout un drame. Je ne le connais même pas et en plus, je ne devrais pas pleurer à cause de lui." Bella sourit.

- "Il y a des choses qu'on ne peut point supporter, et auquel on ne peut s'empêcher de pleurer. J'en sais quelque chose." Rit-elle. "Pour toi cette humiliation était insupportable. Pour moi, ça aurait été que mon père et mon frère entendent parler de mon excès de vitesse il y a trois semaines. J'en ai envie de pleurer rien que d'y penser." Dit-elle en frissonnant. Alice se mit à rire légèrement. "Mais tu as raison sur un point." Reprit Bella. "Tu ne devrais pas pleurer à cause de cet imbécile." Alice sourit et l'enlaça.

- "Merci d'être là Bella."

- "Pas de quoi. Et si on rentrait ?"

Alice hocha la tête et elle se levèrent et repartirent vers la voiture de Bella.

Le trajet s'était effectué en silence, jusqu'à la maison. Aucune ne souhaitait parler car Alice était un peu trop bouleversée pour tenir une conversation et Bella était triste de voir son amie dans cet état. Lorsqu'elles arrivèrent chez Charlie, Bella se gara rapidement et elles entrèrent sans s'attarder. La journée avait été détruite par ces bourges venant probablement des beaux quartiers. D'ailleurs, Bella se demandait bien ce que des matérialistes comme eux faisaient à Port Angeles.

- "Comment s'est passé votre shopping ?" Demanda Charlie qui revenait du salon. Il se figea lorsqu'il vit la tête qu'arborait Alice. Elle avait les joues marquées par des précédentes larmes et quand il vit la tête baissée de sa fille, il s'inquiéta. "Que s'est-il passé ?"

Emmett qui était resté au salon fronça les sourcils en entendant la question de son père et décida de les rejoindre. Lorsqu'il vit à son tour le spectacle qu'offraient les deux filles, il s'immobilisa.

- "Je… J'ai besoin de dormir." Déclara Alice avant de se précipiter à l'étage, et de s'enfermer dans sa chambre. Bella resta seule avec les deux hommes de sa vie qui étaient complètement alarmés de voir Alice comme ça.

- "Que s'est-il passé Bella ?" Demanda Emmett. Apparemment, celui-ci avait abandonné sa mauvaise humeur inexplicable pour de l'inquiétude et de la peur à leurs égards. Bella soupira et s'évertua à raconter de long en large et en travers, leur mésaventure à Port Angeles.

Une fois terminée, elle remarqua que le visage des deux hommes était passé de l'inquiétude, à de la colère. Colère sans aucun doute dirigée envers le couple minable et rabaissant.

- "C'est une honte !" S'exclama Charlie. "Agir de façon aussi démesurée et dénigrer deux jeunes filles comme vous. Non mais dans quel monde vivons nous ?"

- "En tout cas, ce mec a intérêt de ne pas se retrouver sur mon chemin ou je lui fais subir le même sort qu'à Jacob Black." Rétorqua Emmett, visiblement très énervé. Bella émit un rire.

- "Bon, je vais aller la voir. Et s'il vous plait, ne parlez pas de ça quand elle est là." Les deux hommes hochèrent la tête et Bella monta pour voir Alice. Elle ouvrit la porte de sa chambre et la trouva allongée sur son lit, lui tournant le dos. Bella alla s'allonger à ses côtés et encercla sa taille de son bras.

- "Est-ce que ça va ?" Demanda-t-elle inquiète.

- "Tu leur as raconté ?" S'enquit Alice.

- "Il fallait bien que je leur explique pourquoi tu étais dans cet état de détresse." Alice se retourna pour faire face à Bella.

- "Il faut que je cherche une agence qui veuille bien m'embaucher." Déclara-t-elle. Bella fronça les sourcils.

- "Et d'où te vient cette idée soudaine ?"

- "Peut être qu'ils ont raison. Je ne suis qu'une pauvre fille sans emploi." Bella soupira.

- "Alice, tu es bien loin d'être une pauvre fille. Au contraire, tu es fantastique, drôle, enjouée et talentueuse. Ne laisse pas des ploucs te faire penser le contraire."

- "Mais regarde. Depuis que je suis ici, je n'ai rien fichu. Je ne gagne pas d'argent, je n'ai encore rencontré personne…"

- "Mais qu'est-ce que tu racontes ? Non mais tu as vu tous les croquis que tu as dessinés en une semaine ? Je n'y connais peut être rien en ce qui concerne la mode mais crois-moi, tes dessins sont géniaux. Il ne manque plus qu'à les créer, et lancer ta ligne sur internet." Alice écarquilla les yeux.

- "Tu es sérieuse ? Tu ne crois pas qu'il vaut mieux les envoyer à une agence ? Au moins j'aurais beaucoup plus de chances d'arriver à percer dans le métier."

- "Mais pourtant tu as dit que tu préférais ne travailler sous le compte de personne, que tu voulais que tes créations soient bien à toi et à personne d'autre ?"

- "Je sais mais… Et si je n'y arrivais pas ? Tu sais, c'est difficile, voir presque impossible de réussir dans ce milieu."

- "Impossible n'est pas Alice Brandon." Sourit Bella. "Crois-moi, je suis certaine que tu vas cartonner."

- "Tu crois que je dois me lancer alors ?"

- "Évidemment."

- "Mais ça voudrait dire transformer cette maison en une véritable usine de couture." Bella rit.

- "Tu as déjà transformé les trois quarts de cette maison. Tu peux bien continuer." Alice éclata de rire.

- "C'est vrai qu'elle manquait sincèrement de féminité et d'allure quand je suis arrivée."

- "Tu parles ! C'était Emmett qui s'était occupé de la décoration. Il y avait carrément des affiches de Sylvester Stalone dans la cuisine."

- "Et le porte savon en forme de Bruce Willis. Tu te rappelles ?" Les deux filles riaient aux éclats. "Sérieusement Bella. Comment as-tu pu supporter ça ?"

- "Bah, je n'avais pas vraiment le choix. Charlie aimait bien la décoration et moi, j'ai toujours été nulle pour ces trucs là."

- "C'est vrai. Mais tu aurais au moins pu dire non pour ce qui est des posters de Lara Croft et de Call of Duty, partout dans le salon."

- "J'aimais bien Lara Croft." Riposta-t-elle. Alice soupira de désespoir.

- "Heureusement que tu m'as trouvée. Parce qu'à l'heure qu'il est, tu te serais probablement transformée Donna de That 17's Show."

- "Je préfère être Donna que Jackie."

- "Sauf que Jackie s'habille bien et aime les boutiques, elle au moins. Et elle a beaucoup plus de goûts que Donna. Dommage qu'elle soit aussi peste et capricieuse."

- "Une Rosalie Hale dans toute sa splendeur, en somme."

- "Alors là, c'est vrai qu'elles se ressemblent toutes les deux. Quant à Emmett, il serait un super Kelso en plus robuste."

- "Tu plaisantes?" Rigola Bella. "Kelso sort avec Jackie. Emmett ne peut pas sortir avec Rosalie."

- "C'est vrai, mais avoue quand même qu'il ressemble beaucoup au personnage d'Ashton Kutcher qui ne pense qu'à faire l'imbécile et coucher avec n'importe quelle fille blonde à forte poitrine."

- "Peut être. Mais Emmett est quand même un peu moins idiot. Même carrément moins idiot."

- "Mais il est tellement drôle…" Soupira Alice.

- "Quant à Charlie, il ferait un bon Red Forman." Remarqua Bella. "Du moins, sans sa Kitty." Alice rit.

- "Je crois qu'on regarde trop la télévision. On est carrément en train de comparer notre vie avec une série télé."

- "Je crois que tu as raison. On ferait mieux d'aller dormir." Bella se leva et s'apprêta à sortir de la chambre de son amie.

- "Bonne nuit Bella."

- "Bonne nuit Alice."


Le réveil de Bella fut dur. Très dur. Non pas parce qu'elle s'était couchée tard et était fatiguée. Mais parce que son alarme la réveilla au moment où elle était sur le point d'avoir un sublime orgasme. Elle se redressa donc subitement, complètement en sueur et avec une folle envie de balancer son auto réveil contre le mur. Il aurait au moins pu attendre quelques minutes de plus…

Elle se leva, fit sa routine du matin, et descendit manger. Tout le monde était déjà à table.

- "Tu fais une tête bizarre Bella." Remarqua Emmett. "Tu as fais un mauvais rêve ?" Demanda-t-il avec inquiétude. Celle-ci lui fit les gros yeux.

- "Je ne suis pas sure que tu veuilles réellement connaître les détails." Emmett écarquilla les yeux lorsqu'il comprit quel avait été le rêve de Bella. Puis il éclata de rire. Bella soupira. Apparemment, son frère était redevenu parfaitement normal.

- "Qu'y a-t-il de si drôle ?" Demanda Charlie. Emmett s'éclaircit la gorge.

- "Mais absolument rien. A quelle heure pars-tu au travail ?" Changea-t-il brusquement de sujet.

- "Dans pas longtemps." Répondit Charlie. "Juste le temps de lire mon journal." Dit-il en se replongeant dans le journal qu'il lisait.

- "Tu veux que je te dépose au travail ?" Demanda Bella en cachant tant bien que mal l'espoir qui la submergeait.

- "Inutile, j'ai ma voiture." Dit-il en haussant les épaules, sans prendre la peine de lever la tête de son journal. "Pourquoi aurais-je besoin que tu m'accompagnes ? Surtout que ça te retarderait pour le lycée." Bella rougit.

- "Oh, comme ça." Dit-elle alors qu'Alice et Emmett se souriaient.

- "Ça alors…" S'exprima Charlie.

- "Qu'y a-t-il?" Demanda Alice.

- "Rien de bien passionnant, mis à part que la Cullen & Volturi International a décidé de s'associer."

- "Tu plaisantes ?" S'étonna Bella. "Ils ont toujours refusé de fusionner."

- "Oui, c'est justement pour ça que je trouve ça étrange. Apparemment, Ils se seraient associés avec les frères Withlock. Il y a leur photo dans le journal."

- "C'est qui ceux là ?" Demanda Emmett.

- "Dans l'article, ils disent qu'il s'agirait de personnes très proche de la famille Cullen."

- "Ouais enfin… Je ne vois pas en quoi cela devrait nous intéresser." S'exclama Emmett. "C'est pas comme si nous étions concernés."

- "Tu as raison." Approuva Charlie. "Je trouvais seulement cela étonnent."

Bella était d'accord avec son père. Cette soudaine association est vraiment étrange. La Cullen & Volturi International est une des banques les plus riches de tout le pays, et même du monde entier. Elle a été fondée par Carlisle Cullen, célèbre homme d'affaires sans scrupule, et Aro Volturi, son meilleur ami. Cette banque, avant de s'implanter partout, avait fait ses débuts à Forks, ville où vivait Carlisle Cullen, avant de devenir milliardaire, et de s'octroyer un palace à Washington avec sa snobinarde épouse, Esmée Cullen.

Bella soupira. Ces gens n'étaient pas du tout du même monde. Elle avait eu l'occasion de rencontrer les deux hommes d'affaires, une fois, lorsqu'elle avait voulu ouvrir un compte. Elle en gardait un très mauvais souvenir.

Puis soudain, comme une ampoule qui s'illumine, le cerveau de Bella s'éclaira.

- "Ça y est !" Cria-t-elle. "Je savais bien que son nom me disait quelque chose !"

- "Mais de quoi est-ce que tu parles ?" Demanda Alice.

- "Edward." Répondit-elle. "Edward Cullen. Son nom m'avait paru familier, mais je n'arrivais plus à me souvenir d'où je l'avais entendu." Charlie se renfrogna et Bella le remarqua.

- "Tu sais quelque chose ?" Lui demanda-t-elle. Il soupira avant de se décider à répondre.

- "Bah… Disons qu'Edward se trouve être leur fils."

- "Quoi ?" Cria Bella, abasourdie.

- "Du calme Bella." Tonna son père. "Je ne vois pas pourquoi tu te mets dans des états pareils."

- "Mais enfin… Comment se fait-il que tu acceptes de travailler avec lui? Ces gens sont des pourris !" S'emporta-t-elle, sans même réaliser ce qu'elle disait. "Et puis d'abord, comment se fait-il qu'il fasse ce travail ? Il n'a pas assez d'argent alors il travaille pour en avoir plus ?" Charlie la regarda, effaré de sa réaction.

- "Je suis ravi de constater que les préjugés ne t'étouffent pas." Dit-il ironiquement. "Tu me déçois Bella. Moi qui croyais que tu n'étais pas le genre de personnes à coller des étiquettes sur le dos des gens, ni à juger sans aucune connaissance de cause… Il faut croire que je ne t'ai pas si bien élevé que ça finalement. J'ai dû faillir à ton éducation."

- "Papa…" Elle regrettait instantanément son attitude et son impulsion. "Je suis désolée mais je…"

- "Non, il n'y a pas de mais qui tienne." La coupa-t-il. "Je te l'ai dit il y a quelques jours. J'ai appris à le connaître et ce garçon n'est pas comme ses parents. C'est pour cela que j'approuvais l'idée que vous l'invitiez pour Thanksgiving. Et peut être que si tu apprenais à t'ouvrir au monde, tu t'apercevrais qu'il existe des personnes très biens, peu importe les milieux où elles grandissent."

Sur ce sermon, il se leva, termina sa tasse de café, et partit de la maison, aussi vite que l'éclair. Bella resta bouche bée, incapable de parler. Son père avait raison. Comment avait-elle pu s'emporter aussi vite ? Il s'agissait tout de même d'Edward, l'homme qui occupe ses pensées et ses nuits depuis des semaines, l'homme avec qui elle rêve de faire un tas de choses plus affriolantes, les unes que les autres.

- "Vous croyez que j'ai trop de préjugés ?" Demanda-t-elle aux autres qui étaient restés immobiles et choqués de la scène qui venait de se dérouler.

- "Non, tu n'es pas comme cela." Répondit Alice gentiment.

- "Alors pourquoi ais-je réagi au quart de tour ?" Demanda Bella.

- "A mon avis, tu cherchais une excuse pour l'éviter." Déduit-elle.

- "C'est absurde." Rétorqua Emmett. "Pourquoi diable voudrait-elle l'éviter ? T'as vu ce qu'ils font quand ils sont ensemble ?"

- "Parce qu'il s'agit de Bella." Répondit tout simplement Alice. Elle dut préciser en voyant la tête paumée qu'affichaient Emmett et Bella. "Tu as toujours été une prude Bella. Et même si tu n'en as pas vraiment conscience, ton esprit est quand même resté dans cette optique là."

- "Attends une minute. T'es en train de dire que mon cerveau veut que je m'éloigne de lui, sans que je ne sois au courant ? C'est impossible."

- "Réfléchis un peu Bella. Hier au magasin, je t'ai demandé si tu comptais le revoir, et tu étais en train de te prendre la tête et de tout compliquer. Et regarde ce matin. Tu serais vraiment montée sur tes grands chevaux si il s'était agi de quelqu'un d'autre ?" Bella resta pensive.

- "Probablement pas." Avoua-t-elle après réflexion. Alice fit un sourire triomphal.

- "Ma théorie est donc, que tu aimes passer du temps avec lui, et que tu ne voies aucun mal à ça. Et c'est justement pour cette raison, que la partie innocente de toi, est en train de s'effacer petit à petit. Elle n'arrive pas à trouver un quelconque mauvais côté dans le fait de coucher avec lui, donc sa dernière ressource pour t'éloigner du mal tentateur avant de disparaître pour de bon, est de trouver un élément qui te fasse douter de la personne. C'est pour cela que dés que tu as appris d'où il venait, tu t'es braquée. Car la partie innocente qui t'habite, a envie de t'éloigner de lui."

Bella fut abasourdie et incrédule.

- "Alors là, j'ai rien compris." S'exclama Emmett. Alice rit.

- "Tu n'as jamais pensé à te reconvertir en psychologue, Alice ?" Demanda Bella.

- "Tu veux rire ? Pour entendre des gens se plaindre de leur vie toute la journée, non merci."

- "Bon, et qu'est-ce que je dois faire, Irma ?"

- "Oh, c'est simple. Tu dois continuer à le fréquenter."

- "Je ne le fréquente pas." Contra-t-elle.

- "Tu vas le voir pour faire l'amour avec lui dans son bureau et tu me dis que tu ne le fréquentes pas ?" Elle éclata de rire.

- "Ah parce qu'en plus, vous l'avez fait dans le bureau ?" S'exclama Emmett. "Alors là bravo. Et si ce bureau appartenait à Charlie, tu imagines ?"

- "Pourquoi le nom Cullen serait écrit sur la porte alors ?" Ironisa Bella. Emmett se mit à rire.

- "Un petit conseil, tout de même." Rétorqua celui-ci. "Évite quand même de faire ça en pleine journée, quand Charlie se trouve dans les parages. Tu ne voudrais pas qu'il fasse une crise cardiaque." Bella grogna.

- "Tu m'énerves."

Elle chercha à s'occuper les mains et l'esprit, en s'emparant du journal que Charlie avait laissé posé sur la table. Chose qu'elle regretta immédiatement lorsqu'elle vit la photo qui ornait la première page. On y voyait deux hommes se serrant la main fermement. Le premier, un grand blond charismatique, d'une quarantaine d'années avec un sourire à faire pâlir les plus grands acteurs comme Robert Redford ou encore Brad Pitt.

Carlisle Cullen.

Mais ce qui la bouleversa n'était pas de le voir lui, mais celui qui lui serrait la main. Il avait un sourire quasiment identique à celui de son compatriote. Il était grand et blond également et avait les yeux d'un bleu océan. Bella l'aurait reconnu entre mille. Elle n'eut pas besoin de vérifier son nom en haut de page, Jasper Withlock, car elle avait tout de suite su qu'il s'agissait du Jasper de Port Angeles, qui les avait diminuées et insultées. Apparemment, il était l'un des frères Withlock. Le deuxième se prénommait Peter, d'après ce que l'article disait.

- "Oh merde." Laissa-t-elle échapper.

- "Que se passe-t-il ?" Demanda Alice curieuse. Bella la regarda avec un air affolé.

- "Euh… Rien." Nia-t-elle. "On voit simplement une photo de deux types se serrant la main. Ce n'est franchement pas intéressant."

- "Laisse-moi voir." Ordonna Alice. "J'aime bien voir à quoi ils ressemblent." Bella paniqua. Il ne fallait surtout pas qu'Alice voie cette photo.

- "Sérieusement Alice. Ce n'est pas la peine d'en faire un fromage. Cet article est nul." Alice soupira et s'empara de force du journal que Bella avait essayé de tenir. A peine après avoir posé les yeux sur la photo, la bouche d'Alice s'entrouvrit.

- "Oh." Fit-elle. Elle ne put rien ajouter d'autre. Elle avait espéré ne jamais revoir ce visage d'ange, mais apparemment le destin était contre elle.

- "Alice…" Murmura Bella.

- "Non." La coupa-t-elle. "Tout va bien. J'aurais simplement préféré t'écouter et ne pas poser les yeux sur ce fichu journal."

- "Et si on le jetait à la poubelle ?" Proposa Bella. "Il n'apporte que des problèmes depuis tout à l'heure."

- "Bonne idée." Approuva-t-elle difficilement. "Je… Il faut que j'aille me laver. Bonne journée Bella." Elle se leva subitement et partit.

- "Je pourrais, au moins une fois dans ma vie, savoir ce qui se passe?" Demanda Emmett exaspéré. Bella baissa les yeux et lui tendit le journal.

- "Le type qui serre la main au PDG Cullen, il se prénomme Jasper Withlock." Expliqua-t-elle. "C'est lui qu'on a rencontré hier, au magasin." Emmett fronça les sourcils. Une soudaine rage l'envahissait.

- "J'espère qu'il a beaucoup de gardes du corps, parce que je vais aller lui rendre une petite visite."

- "Non mais t'es pas bien ?" S'alarma Bella. "Il est hors de question que tu l'envoies à l'hosto."

- "Parce que tu crois que je vais le laisser s'en prendre à vous sans rien faire ?" Riposta-t-il. "Il mérite une correction à la Emmett McCarthy Swan."

- "Il s'agirait de n'importe qui d'autre, que je t'aurais encouragé et même accompagné pour voir sa tête défigurée. Seulement Emmett, ce type est plein aux as. Il est associé de la Cullen & Volturi et en est également un proche. Il doit probablement faire partie des gens les plus influents du pays. Si jamais tu décidais de lui arranger le portrait, imagine un peu les problème que tu aurais."

- "Mon père est flic. Il peut bien m'aider non ?" Rétorqua Emmett.

- "Il n'en a pas le pouvoir. Si ça se trouve, ce Withlock appellera carrément le F.B.I. Qui sait combien d'années de prison ferme tu prendras…"

Emmett se renfrogna. Sa sœur avait raison, il n'avait pas le pouvoir de s'en prendre à lui. Cela le mettait hors de lui.

- "Je te préviens Bella. Si jamais j'apprends que d'une quelconque manière, ce minable vous a fait du mal à nouveau, que ce soit à toi ou à Alice, friqué ou pas, je le zigouille. Est-ce que c'est clair ?"

Bella regarda son frère avec sérieux. Il faisait vraiment peur à voir. Elle se mit à remercier le seigneur d'être sa sœur, car pour rien au monde, elle ne voudrait être dans sa ligne de mire.

- "De toute façon, je ne vois pas comment on pourrait revoir ce type. Ce n'est pas comme si il traînait dans ce coin là." Fit remarquer Bella.

- "On ne sait jamais. Vous l'avez déjà croisé une fois, vous pouvez très bien le recroiser une seconde fois."

- "Tu es parano Emmett. Rencontrer ce Jasper Withlock à nouveau est sans doute aussi probable que de rencontrer Michael Douglas."

- "Je t'aurais prévenu Bella." Dit-il en se levant. Il prit le journal et le jeta à la poubelle avant de s'en aller de la cuisine, laissant ainsi Bella seule. Cette dernière soupira. Beaucoup d'évènements s'étaient produits récemment. Elle avait vraiment l'impression que sa petite vie n'allait plus être banale et ennuyeuse. D'ailleurs, elle ne l'était déjà plus. Et cela, il fallait le mettre sur le compte d'une seule personne…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire