mardi 23 mars 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 11

Chapitre 11: Allusions

- "Bella!!"

Nous tournâmes instinctivement la tête, non sans respirer bruyamment de mon coté, pour voir Rosalie qui avait déboulé dans ma chambre. "Excusez-moi… Euh… Je suis désolée." Dit-elle confuse avant de refermer la porte.

A peine l'eut-elle refermée que je m'empressais de soupirer de frustration. Je ne fus pas la seule d'ailleurs. Edward se rallongea à mes cotés, les yeux fermés. Je sais que je l'ai déjà dit un nombre incalculable de fois, mais cet homme - ou vampire - était vraiment magnifique. Le torse découvert, laissant voir ses muscles parfaitement bien dessinés, ayant l'air de méditer sur quelque chose… Je me passai la main sur le front. Dire qu'il n'y a même pas trente seconde, j'étais sur le point de connaître le paradis, me voilà désormais dans l'un de ces fameux moments gênants où l'on ne sait jamais quoi dire pour alléger l'ambiance. C'était décidé, j'allais tuer Rosalie. Lorsque je me retournai vers lui, il était déjà debout et avait reboutonné sa chemise correctement. Comment peut-il être aussi rapide?

Il avait le front plissé. Apparemment quelque chose semblait le perturber.

- "Est-ce que tout va bien?" Demandais-je en me redressant. Il posa son regard sur moi.

- "Ce n'est rien. Je crois que tu devrais parler avec ton amie." Je le regardai avec étonnement.

- "Je ne crois pas que ce soit une bonne idée." Dis-je fermement. Il soupira.

- "Bella, elle ne va pas bien. Crois-moi, il faut que tu lui parles."

- "Qu'est-ce que tu as vu?" Demandais-je. "Enfin, elle pensait à quoi?"

- "Ce n'est pas à moi à te l'expliquer. D'ailleurs… Pourquoi ne m'as-tu pas dit que vous étiez en mauvais termes?" Je baissai les yeux.

- "Tu m'en aurais demandé la raison." Il sourit faiblement.

- "C'est juste." Il me regarda m'activer et remettre mon haut avec un air pensif. "Elle a tout de même raison. Nous sommes dangereux."

- "Peut-être, mais c'est à moi d'en juger." Répliquais-je en soutenant son regard.

- "Elle essaie simplement de te protéger. Elle t'aime. Tu es probablement la personne à qui elle tient le plus dans ce bas monde."

- "Et alors?" Contrais-je. "Cela ne lui donne pas le droit de critiquer mes fréquentations ni me dire ce que je dois faire." Il se pinça l'arrête du nez. Comment pouvait-il prendre sa défense alors qu'elle était contre lui? C'était d'ailleurs pour cette raison que nous ne nous entendions pas en tout premier lieu.

- "Peu importe." Dit-il. "Elle a besoin de toi. Je ne crois pas qu'elle arrivera à surmonter ça toute seule. Elle est bien trop bouleversée à l'heure actuelle. Essaie de l'écouter et de mettre vos différents de cotés." Je fronçais les sourcils. Apparemment cela devait vraiment être important.

- "D'accord." Répondis-je avec résignation. Je savais que j'agissais de façon immature mais je ne pouvais m'en empêcher. Il s'approcha de moi, m'embrassa tendrement sur le front, puis sortis de la chambre, me laissant pantoise. J'avais l'impression de vivre ma vie en accéléré. Tout s'enchaînait tellement vite que j'en perdais le fil.

Je sortis à mon tour et me dirigeai vers l'entrée, supposant que Rosalie devait être dans sa chambre. Edward était devant la porte.

- "Est-ce que je te revoie demain?" Demandais-je après m'être approchée. "Tu peux passer à mon travail si tu veux." J'espérais de tout cœur qu'il me dise oui, mais vu son front plissé, je redoutais déjà la réponse.

- "A vrai dire, je commence le travail demain. Je serai à Seattle toute la semaine."

- "Oh." Fut tout ce que je trouvai à dire. "Alors, quand est-ce que…"

- "Je ne sais pas." Me coupa-t-il en sachant déjà ce que j'allais lui demander. Je ne répondis pas, trop occupée à tenter vainement de cacher ma déception. "Je ferai mieux d'y aller." Conclut-il. Il s'apprêtait à partir mais je lui pris le bras.

- "Est-ce que par hasard tu serais en train de m'éviter?" Demandais-je anxieuse. Il parut étonné.

- "Quoi? Non, pourquoi cette question?" Je soupirai de soulagement.

- "C'est juste que je te trouve distant et je me demandais pourquoi. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal?" M'enquis-je. Il sourit.

- "Tu n'as rien fait de mal. J'ai simplement besoin de quitter cet endroit au plus vite."

- "Pourquoi?" Demandais-je inquiète.

- "Et bien la première raison… C'est qu'il y a une odeur insupportable." Je faillis m'étouffer.

- "Je te demande pardon?" Je ne sentais absolument rien d'anormal pourtant. Il rit.

- "Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas très grave."

- "Mais enfin je ne comprends pas. Est-ce que je sens mauvais?" Il s'esclaffa.

- "Non, bien sûr que non. Cela n'a absolument rien avoir avec toi." Je me détendis instantanément. Je me demandais bien comment il pouvait sentir une odeur pareille dans mon appartement que Rosalie vaporisait tous les jours. Mais après tout, c'était lui qui avait un odorat sur-développé. Je décidais donc d'ignorer ce commentaire plutôt étrange.

- "Et la deuxième raison?" Demandai-je. Il me regarda surpris. "Tu as dit qu'il s'agissait de la première raison. Donc il y en a une deuxième?" Il hocha la tête après quelques secondes de silence.

- "J'ai un compte imprévu à régler."

- "Un compte? Avec qui?" Demandais-je incrédule.

- "Parle avec Rosalie. Je pense que tu pourras deviner toute seule." Il ne me laissa pas le temps d'argumenter car il s'approcha pour m'embrasser fertilement et s'éloigna. "Au revoir Bella."

Je restais là, silencieuse et complètement abasourdie.

Des allusions. Rien que des allusions.

Je savais que c'était sa façon à lui de me pousser à aller parler à Rosalie. La vérité était qu'il n'avait pas besoin de cela pour que j'aille la voir. J'y serais allée coûte que coûte. Je suis peut être fâchée après elle, mais une chose est sure, c'est que j'aimerai toujours cette fille aux boucles d'or et que peu importe les circonstances, je serai là éternellement pour elle.

Je m'engageai dans l'appartement qui me semblait bien vide à présent. Bien éteint. Je me dirigeai vers la chambre de ma colocataire et après avoir prit une grande bouffée d'air, j'ouvris la porte, non sans avoir frappé au préalable. Elle était recroquevillée sur son lit, pleurant bruyamment. Cette vision me donnait mal au cœur. J'avais vraiment envie de pleurer à mon tour, de courir vers elle et de l'enlacer très fort en lui disant « Ne pleure pas », comme une petite fille. Que lui était-il arrivé? Elle était supposée passer deux jours chez les Quileutes il me semble. Une soudaine envie de meurtre envers les indiens me prit. Si c'était eux qui l'avaient mise dans cet état là, pas de doute qu'ils allaient avoir de mes nouvelles très rapidement. Je pourrais toujours leur envoyer mon vampire de petit ami. Pas sûr qu'ils apprécient la surprise. Ça leur apprendra à faire souffrir ma meilleure amie de cette façon.

Meilleure amie.

Cela faisait des jours que je n'avais pas pensé à Rosalie de cette manière. Et je dois dire que ça me faisait un bien fou. Cela me semblait si naturel, si vrai… Alors que lorsque je la désignais comme ma simple colocataire ou ancienne amie, j'avais vraiment l'impression que cela sonnait faux, artificiel et blasphématoire. L'envie soudaine de tout recommencer à zéro, d'effacer tous nos problèmes, nos peines et notre haine m'apparut. Cette nuit, j'avais décidé de ne me consacrer qu'à cette fille qui m'avait maintes et maintes fois consolée, bercée et réconfortée. Elle a toujours été mon rayon de soleil, celui qui illumine mes journées brumeuses et grisâtres. Il était temps que je lui rende la pareille. Je pris mon courage à deux mains.

- "Rosalie?" Demandais-je d'une petite voix, à peine audible. Elle était dos à moi. Je la vis bouger légèrement au son de ma voix et entendis ses larmes se stopper lentement. "J'aimerais qu'on discute…" Dis-je doucement, essayant de ne pas pleurer face à son chagrin. Elle ne se retournait pas. "Je sais… Qu'on a pas été proche depuis l'an quarante toi et moi… Mais te voir comme ça… Si tu veux m'en parler, je suis là. Parce qu'après tout, si t'es venue me voir tout à l'heure, c'était pour me parler… Pas vrai?"

Toujours aucune réaction. Les sanglots étaient silencieux. La pièce était silencieuse. Rosalie et moi-même étions silencieuses. "Bien… Si jamais tu décides de… Oh et puis zut!" Dis-je en me précipitant vers elle et en l'enlaçant par derrière. "Parle-moi Rose. Je suis en train de pleurer et je ne sais même pas pourquoi. Je t'ai déjà dit que je serai toujours là pour toi. Et je le pense. Je me fiche qu'on ne s'entende pas. Je voudrais passer un moment, juste un moment toi et moi et où plus rien ne compte." J'étais en larmes. Pourquoi? Aucune idée. Il n'y a vraiment que moi pour être aussi émotive…

Rosalie se retourna et je vis son visage marqué par les larmes et les pleurs versés précédemment. Ses yeux étaient rouges et bouffis et ses joues étaient humides à souhait. Cette vision me fendit le cœur. J'en avais la nausée. Elle posa alors sa tête sur ma poitrine et m'encercla le ventre de ses bras. Je lui caressais doucement les épaules pour l'apaiser.

Les minutes passèrent, sans qu'aucune de nous ne bougeait. Sa respiration semblait apaisée et régulière. En repensant à la façon dont je m'étais jetée sur elle, je réalisai que j'avais vraiment fait preuve d'imprudence. J'avais agi comme si j'étais prête à tirer un trait sur ces derniers jours alors que c'était loin d'être le cas. Il était hors de question que je revoie mes positions, tout comme j'étais persuadée qu'elle ne reverrait pas les siennes. Nos problèmes ne seraient certainement pas résolus ce soir, il s'agissait simplement d'une trêve afin de m'occuper d'elle. J'espérais de tout cœur qu'elle ne verrait pas mon attitude vis-à-vis d'elle comme une capitulation de ma part.

Je savais bien que lorsque je lui ai dit que notre amitié n'existait plus, c'était un mensonge de ma part. Mon amitié avec Rosalie reste et perdurera toujours, comme je l'ai toujours pensé. Mais elle n'avait pas besoin de le savoir. En tout cas pas tant qu'elle campera sur ses convictions. Il s'agissait d'une nuit. Une simple nuit qui ne résoudrait et ne changerait absolument rien. Demain, les choses redeviendraient comme elles étaient hier et les jours précédents.

- "J'ai faim."

Je m'extirpai de mes pensées en entendant les plaintes de Rosalie. J'eus presque envie de rire. Rose commença à se lever et s'essuyer les yeux. Je la regardai sortir de la chambre en silence, un peu surprise de son soudain changement.

Lorsque je la rejoignis dans la cuisine, elle semblait un peu léthargique. Elle se fît à manger et dîna en silence, tandis que je l'observais intensément.

- "Vas-y." Me dit-elle après avoir avalé une bouchée de brocolis. Je plissai le front pour montrer mon incompréhension. "Je sais que tu veux savoir pourquoi je suis rentrée à la maison aussi affreuse." Reprit-elle. "Je ne t'ai jamais rien caché jusque là, alors pourquoi le faire maintenant?"

Je restai pensive, essayant de mettre de l'ordre dans mon esprit. Je décidais de ne pas la brusquer.

- "Comment s'est passé ton weekend chez les Black? Revoir les Quileutes a dû te faire drôle pas vrai?" Elle me regarda étrangement, se mordit la lèvre inférieure et baissa les yeux.

- "On va dire original."

- "Qu'est-ce que ça veut dire?" Demandais-je curieuse. Elle secoua les épaules avec désinvolture.

- "Tu connais les indiens de la Push." Dit-elle évasive.

- "Pas vraiment, non."

- "Ils ne connaissent pas le sens du mot banalité." Reprit-elle. Il y avait quelque chose d'étrange. On aurait dit qu'il y avait un sens caché derrière cette phrase. Cependant, je ne m'en formalisais point. Elle venait de dire à l'instant qu'elle ne me cachait rien et je la croyais sur parole.

- "Donc tout s'est bien passé avec eux?" Demandais-je un peu perdue.

- "On peut dire ça." Éluda-t-elle.

- "Alors là, je ne comprends plus rien." Soupirais-je. "Tu pourrais m'expliquer pourquoi tu es revenu en pleurs à la maison si ton weekend s'est bien passé?" Je commençais à m'impatienter. Elle piît une bouchée, mâcha lentement, puis avala. Elle me regarda et inspira.

- "J'ai croisé quelqu'un sur le chemin." Je la regardai et attendis qu'elle continue. "Ça va probablement t'étonner mais… C'était Emmett Cullen." Je me mis à toussoter tellement j'étais surprise.

- "Emmett? J'espère que tu ne l'as pas trop malmené." Dis-je sur le ton de la plaisanterie. A en voir sa tête, cela n'eut pas vraiment l'effet escompté. Je la voyais lutter pour retenir ses larmes. Que s'était-il passé entre eux pour en arriver à la mettre dans cet état? Une soudaine peur m'envahit. Se pourrait-il que… Non. Elle ne pouvait pas être au courant de quoi que ce soit. Comment aurait-elle pu découvrir ce que les Cullen sont vraiment?

- "Disons que notre entrevue ne s'est pas très bien passée. Il a voulu m'irriter pour s'amuser et puis ça a tourné au vinaigre."

- "Rosalie, que s'est-il passé?" Je vis une larme perler au coin de son œil. Ce que j'entendis me fit comme l'effet d'une bombe. Je ne me serais jamais attendue à ce scénario.

- "Il m'a embrassé."

Je restai clouée sur place, incapable d'émettre le moindre son, d'effectuer le moindre mouvement. Et tout en versant quelques larmes, elle me raconta son entretien avec le vampire dans les moindres détails.

J'appris ainsi qu'elle avait avoué toutes ses suspicions et sa colère. Elle me décrivit la façon contrôlée mais brusque dont il l'avait plaqué contre un mur et de la façon dont il l'avait menacé. Puis sa minable fuite après leur étreinte. Plus elle avançait dans son récit, plus je sentais une colère inexplicable m'envahir. Je tentais tant bien que mal de la refouler pour soutenir mon amie et l'encourager à se confier, mais je savais que je n'allais pas tarder à lui exprimer le fond de ma pensée.

- "Et comment tu as réagi?" Demandais-je avec une dureté incontrôlée. Elle fronça les sourcils.

- "Je viens de te le dire. J'ai pris la fuite."

- "Je ne parle pas de ce que tu as fais après. Ce que je veux savoir c'est ce que tu as fait au moment ou il mis ses lèvres sur les tiennes. Est-ce que tu l'as laissé mettre sa langue dans ta bouche?" Demandais-je énervée. Rosalie resta silencieuse, apparemment complètement abasourdie et étonnée de ma soudaine hostilité.

- "Bella, qu'est-ce qu'il te pre…"

- "Réponds-moi." La coupais-je sévèrement. "Qu'est-ce que tu as fais?"

- "Rien, justement! Je n'ai absolument rien fait. Je suis restée là, et je l'ai laissé faire. Maintenant tu peux me dire pourquoi tu réagis comme ça?"

- "Tu oses me poser la question?" Répliquais-je. "Enfin, tu as passé ton temps à me dire que je ne devais pas fréquenter ces gens, à t'en prendre à moi et t'énerver parce que j'ai refusé de t'écouter et que j'ai décidé de le voir. Combien de fois tu as clamé haut et fort, Bella, les Cullen sont dangereux, ne les fréquente pas, tu t'en mordras les doigts. Et toi, toi tu n'hésites pas à t'abandonner au premier Cullen que tu rencontres."

Elle me scruta la bouche grande ouverte. Elle ne devait certainement pas s'attendre à ce que je fasse une crise de ce genre. Cela ne me ressemblait pas mais je ne contrôlais rien.

- "Il s'agissait seulement d'un baiser. Un simple et unique baiser qui ne se reproduira pas."

- "Tu n'es qu'une sale hypocrite en fait. Tu refuses que j'aie une relation avec Edward, mais tu tolères à toi-même de faire ce que tu veux avec Emmett…"

- "Ce n'est pas du tout la même chose." Se défendit-elle.

- "Ah oui, et en quoi est-ce différent?" Rétorquais-je acide.

- "Parce que cela ne se reproduira jamais." Dit-elle avec fermeté. Je stoppa tout mouvement et la fixa. Je ne pus déceler aucune once de mensonge dans ses propos. Je ne comprenais décidément plus rien.

- "Pourquoi?" Demandais-je simplement. Elle ne répondit pas tout de suite. Pendant une fraction de seconde, je crus voir de la tristesse dans ses yeux. Elle laissa échapper une larme et se recomposa pour afficher un air ferme et décidé.

- "Parce qu'il est hors de question que je le revoie."

- "Mais enfin… T'es amoureuse non?" M'enquis-je. Elle me regarda perturbée. Puis soudain un air que je n'avais encore jamais vu passa sur son visage. Un mélange de dégoût et d'obstination.

- "Non." Fit-elle, le plus clairement possible. Je la regardai indécise.

- "Tu en es vraiment certaine?"

- "Si je te le dis!" S'emporta-t-elle. "Bella, ce type me répugne, il me dégoûte. Jamais je ne penserai à lui d'une autre manière. L'embrasser était la chose la plus écœurante de toute ma vie."

J'étais sidérée.

- "Mais alors pourquoi t'es-tu laissée faire dans ce cas?"

- "J'étais piégée. Il me tenait, je ne pouvais rien faire. Et puis c'était si soudain… Je ne m'y attendais pas." Dit-elle en baissant les yeux.

- "C'est drôle… Pourquoi ais-je l'impression que tu essaies de te convaincre de ce que tu dis?" Demandais-je.

- "Tu te trompes. S'il y a bien une chose dont je suis sure à cent pour cent, c'est que je hais ce type." Me dit-elle avec détermination. Dit sur ce ton, je ne pouvais que la croire.

- "Très bien." Fis-je. Je n'avais plus rien à dire de plus. Ma précédente colère était passée, mais nous n'étions toujours pas amies. Il y avait toujours ce mur de pierres érigé entre nous. J'allais me détourner lorsqu'elle m'interpella.

- "Bella…" Je reposai les yeux sur elle. "Je… Je n'en peux plus de cette situation. Je suis en train de devenir folle. Si… Si j'acceptais ta relation avec lui… Tu… On pourrait redevenir amies?"

Incrédulité. Telle est la définition de l'émotion qui me traversa en cet instant. J'étais tellement persuadée que du fait que je ne reverrai pas mes positions, elle ferait du même de son coté. Mais apparemment je me trompais. Elle était en fin de compte prête à avancer, à évoluer contrairement à moi qui refuse catégoriquement de changer d'opinion.

- "Faut voir." Répondis-je, encore sous le choc.

- "Ne te méprends pas." Ajouta-t-elle. "Je suis toujours autant convaincue qu'ils sont dangereux et qu'être prés d'eux va t'attirer des ennuis. D'ailleurs, sache que les indiens de la Push sont de mon coté. Ils m'ont aussi dit qu'ils étaient dangereux."

Je la regardai surprise. La panique commença à m'envahir. Qu'est-ce que les Quileutes savent des Cullen au juste? Comment ont-ils entendu parler d'eux?

- "Je ne vois pas ce que les indiens viennent faire là dedans. Ils n'habitent même pas à Forks. De quel droit ils se permettent de juger s'ils sont dangereux ou non?" Rosalie posa les yeux sur son assiette. Elle remonta son regard pour affronter le mien et répondit.

- "C'est vrai, tu as raison. Ils n'ont rien à voir là dedans. Mais je me disais que si eux aussi pensaient la même chose que moi, Tu accepterais une bonne fois pour toutes de regarder les choses en face et de te rendre compte que tu es en train de commettre une erreur monumentale."

C'est précisément à ce moment là que je me rendis compte que Rosalie ne disait pas la vérité. Elle me mentait. J'ignorai ce qu'elle pouvait bien me cacher mais quelque chose me disait que les Quileutes n'étaient pas aussi étrangers à l'histoire qu'elle voulait bien me le faire croire et qu'elle connaissait exactement leur rôle. Elle me mentait délibérément alors qu'elle m'avait dit qu'elle me disait toujours la vérité. Je voulais savoir pourquoi. Je le devais.

Je me sentis carrément hypocrite car moi aussi je lui mentais en lui faisant croire que je ne savais rien. Elle m'avait fait promettre d'une certaine façon, de lui parler si j'apprenais quelque chose. Et j'étais bien résolue à ne rien laisser filtrer. J'espérais seulement qu'elle ne découvrirait jamais mon mensonge car je savais qu'il n'y aurait aucun pardon possible.

- "Tu es au courant que dire ce genre de choses ne va certainement pas aider notre potentielle réconciliation?" Demandais-je en mettant cette nouvelle énigme dans un coin de ma tête. Elle soupira.

- "Je te disais simplement ce que je pensais. Mais Bella, je t'en prie, tu peux sortir avec qui tu veux, fréquenter qui tu en as envie, je suis prête à l'accepter. J'aimerais juste qu'on tire un trait sur toute cette merde autour de nous." Je restai silencieuse. Bien sur que la réponse était évidente. Il était hors de question que je laisse passer cette occasion en or de me réconcilier avec ma meilleure amie. Je lui fis un maigre sourire et lui répondis.

- "Je crois qu'il est temps d'avancer." Elle me sourit également.

La querelle était apparemment terminée.

Nous discutaillâmes encore durant un bout de temps, avant que la fatigue ne nous gagne rapidement. Nous allâmes nous coucher avec la promesse de jours meilleurs désormais.


Le lendemain sonna définitivement la fin de mon état euphorique. En effet après avoir passé une journée exceptionnelle en compagnie de l'homme de mes rêves, le retour sur Terre fut magistral. Un quotidien triste à pleurer, un boulot à dormir d'ennui, un temps abominable, un collègue ridicule et pitoyable… Que ne donnerais-je pas pour remonter le temps et revivre ma journée de la veille…

C'est complètement perdue dans mes pensées divaguant entre mon fabuleux moment passé dans la clairière avec Edward et mon fabuleux moment passé dans la chambre - toujours avec Edward - que j'entendis un raclement de gorge qui me ramena malheureusement à la réalité. Je crus être de nouveau partie dans un de ces rêves délirants lorsque je reconnus la personne qui se trouvait devant moi. Combien d'années? Combien de temps n'avais-je pas vu cet indien brun?

Devant moi se trouvait Jacob Black.

Il avait la carrure d'un athlète, la taille d'un basketteur et le physique plutôt bien entretenu. Il me fit un sourire maladroit auquel je répondis par un autre sourire maladroit.

- "Jacob Black." Saluais-je poliment. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire là. Il me sourit avec gêne.

- "Salut Bella. Ça fait un bail pas vrai?"

- "Tu peux le dire." Dis-je avec réserve. "Comment vas-tu?" Demandais-je plus par politesse que par intérêt.

- "Plutôt bien. Tu n'as pas vraiment changé." Remarqua-t-il. Je tentai un piètre sourire.

- "J'aimerais pouvoir dire la même chose de toi mais c'est tout le contraire. Tu es presque méconnaissable." Il rit brièvement.

- "Ouais. Euh… Ça doit te paraître étrange, ma venue ici."

- "C'est sûr que je ne t'ai pas vu depuis des années, et je ne me souviens pas que nous fussions très proches à l'époque. Mais ça fait plaisir de te voir." Me rattrapais-je. "Tu as besoin de quelque chose?"

- "Oh, en fait je suis venu te voir toi, pas pour acheter quoi que ce soit."

- "Oh." Répondis-je, pas très rassurée.

- "Je voulais savoir quelque chose. Comment va Rosalie?" J'éclatai de rire.

- "Sérieusement? Tu as fait le déplacement jusqu'ici uniquement pour me demander comment elle va? Tu connais l'existence du téléphone?" Il sourit.

- "Très drôle. En fait… Elle est partie un peu rapidement hier et je n'ai pas eu le temps de régler certains trucs avec elle. Est-ce qu'elle t'aurait dit quelque chose de spécial?" Mes yeux s'arrondirent d'incompréhension.

- "Non, pourquoi? Elle aurait dû me parler de quelque chose d'important?" Il éluda.

- "Non, pas du tout. Je voulais juste… Savoir si elle t'avait parlé de l'étendue de son weekend. Si elle s'était plu ou si elle était déçue."

- "Je vois." Fis-je semblant d'être convaincue. Je savais que même si j'essayais de pousser le bouchon un peu plus loin, cela ne servirait strictement à rien. De nos jours, il fallait tout découvrir par soi même. "Et bien elle m'a dit qu'elle avait passé un très bon moment, elle recommencerait sans problème." Il sourit de satisfaction. J'ignore s'il était content de la joie de Rosalie ou du fait qu'il croyait m'avoir dupé. Probablement les deux.

- "Et bien dis-lui qu'elle est la bienvenue quand elle veut. Tout le monde était heureux de revoir Blondie." Je ris. Rosalie m'avait parlé de ce surnom.

- "Tu pourrais lui dire toi-même." Répondis-je. "Je veux dire, tu peux passer un soir à la maison dîner. En plus elle serait ravie." Il étudia ma proposition dubitativement.

- "Ça me semble être une bonne idée. Dis-lui que je compte passer vendredi soir. On se commandera des pizzas." Je rigolai face à ce type qui avait eu le culot de s'inviter chez nous comme ça, sans se soucier de notre propre programme.

- "Apparemment tu ne nous laisses pas le choix." Fis-je remarquer.

- "On ne m'invite pas, c'est moi qui m'invite chez les autres." Répondit-il avec un sourire suggestif.

- "Dans ce cas rendez-vous à la maison vendredi. Tu sais ou c'est?" Il hocha la tête.

- "Rosalie m'a fait un plan un jour. Et puis Forks n'est pas ce que l'on peut appeler un labyrinthe." Je souris compréhensive. Il reprit tout d'un coup un air sérieux. "J'ai une autre question à te poser. Ne le prends pas trop personnellement. Je sais que l'on ne se connaît pas très bien et…"

- "Essaie toujours." Le coupais-je. J'avais déjà un mauvais pressentiment quant à la tournure qu'allait prendre la conversation. Je me doutais déjà de quoi - ou plutôt de qui - nous allions parler.

- "Et bien… Rosalie m'a dit un truc assez étrange comme quoi tu voyais un de ces nouveaux qui sont arrivés en ville…"

- "Et bien Bella, on peut dire que tu es débordée." Nous interrompit Mike Newton, pour mon plus grand soulagement. Dieu a écouté mes prières. Je n'aurai pas à poursuivre cette conversation plus profondément. Pour une fois, j'étais vraiment contente de le voir, celui là.

- "Mike. Il me semble que je t'ai déjà exposé pleinement mon avis à propos de tes commentaires ridicules."

- "Je te fais part simplement de mon opinion. Nous sommes en démocratie n'est-ce pas?" Je rigolai.

- "Tu connais quelque chose. Bravo. La prochaine fois tu pourras peut être me dire combien y a t-il continents sur cette planète." Jacob éclata de rire, tandis que Newton fulminait.

- "Tu crois peut être que parce que je n'ai pas parlé à ma mère de ta façon de m'envoyer balader honteusement, tu as un quelconque droit de me manquer de politesse de la sorte, mais tu as tort. Je mérite le respect et tu devrais me prendre un petit peu plus en considération."

- "Mais je ne t'ai pas manqué de respect Mike. J'ai simplement fait part ouvertement de mes doutes quant à ton intelligence. Nous sommes en démocratie, je peux m'exprimer librement il me semble. N'est-ce pas?" Jacob était hilare. Et je comprenais pourquoi. Il y a quelques semaines, j'aurais réellement été incapable de lui parler de cette façon. Il semblerait qu'on m'ait fait pousser des ailes. Et j'avais une petite idée sur la personne qui m'avait aidé à m'affirmer.

- "Peu importe." Dit Mike, visiblement grognon. "D'abord tu plaques carrément ton boulot pour aller embrasser un type, devant le magasin qui plus est, et maintenant tu reçois des visites personnelles à ton travail. J'espère simplement que cela n'entachera pas au travail que tu fournis. J'aimerais aussi que tu sois un peu plus rigoureuse."

- "Je te remercie Mike. Je prends note." Dis-je pour le congédier. Celui-ci ne se fit pas prier deux fois et s'éclipsa rapidement, nous laissant à nouveau seuls.

- "Et ben… Je n'aimerais franchement pas travailler avec toi." Dit Jacob. Je souris.

- "Avant je n'étais pas comme ça. J'étais juste bonne à écouter tout ce qu'il me disait."

- "Ouais bah j'ignore ce qui t'a changé, mais c'est vraiment efficace." Je souris avec un air rêveur.

- "C'est juste…"

Penser à Edward me faisait du bien. Je me demandais ce qu'il était en train de faire. Il est sûrement en train de donner des cours à des personnes qui ont une chance folle de l'avoir. Un vampire pianiste. Cela avait le don de m'émoustiller. J'espérais avoir la chance de l'écouter jouer un de ces jours…

Je me rendis compte que j'étais une fois de plus partie dans mes délires Edwardiens - il y en a beaucoup en ce moment - quand Jacob m'appela assez sèchement.

- "Alors c'est vrai?" Demanda-t-il de but en blanc. Je repris soudainement mes esprits et lui lança un regard curieux, même si je savais déjà ce qu'il me demandais. Ou du moins, j'en avais une petite idée. "Rosalie m'avait dit que tu étais tombée sous le charme d'un des leurs. Tu ne dois pas t'approcher d'eux Bella. Ils ne sont pas vraiment ce que tu crois."

Je soupirai. Je commençais à en avoir marre de toutes ces mises en gardes idiotes. Je savais ce que je faisais alors qu'on me laisse un peu tranquille. Surtout que je savais très bien ce qu'ils étaient.

- "Tu parles des Cullen comme s'ils étaient tes ennemis." Soulignais-je, dans le but de détourner la conversation. Il sembla se renfrogner.

- "Écoute Bella… Je te conseille sincèrement de les éviter, de ne plus les approcher." Je ne voulais pas le quitter en mauvais termes, alors je pris sur moi pour ne pas lui exploser à la figure.

- "Je suis assez mûre et responsable pour décider de mes fréquentations moi-même. Maintenant si tu veux bien, je te souhaite une excellente semaine. A vendredi Jacob." Il soupira d'agacement.

- "Au revoir Bella." Il s'en alla avec un air de résignation qui m'intrigua. Décidément entre Rosalie et Jacob, j'étais vraiment gâtée pour ce qui est des mises en garde.

Le travail continua, quelques clients allaient et venaient. Je commençais à trouver le temps long - pour changer - jusqu'à ce qu'un autre visiteur impromptu passe la porte du magasin. Apparemment, c'était le jours des visites surprenantes puisque j'avais en face de moi une personne auquel je ne m'attendais certainement pas.

Emmett Cullen.

Pour la première fois depuis que je l'ai rencontré, il marchait d'un pas mal assuré et n'avait pas du tout l'air confiant. Il était même hésitant. Il se dirigea vers moi et mon air surpris dû le détendre un peu car il s'octroya un sourire amusé.

- "Bella. Tu fais une de ces têtes, on dirait que tu as vu le monstre du Lock Ness." Je souris un peu.

- "Techniquement, ce n'est pas si éloigné de la vérité." Répondis-je avec un demi sourire.

- "Ne compare pas un serpent de mer avec Dracula, je te prie." Dit-il en souriant.

- "Qui t'a dit que le monstre du Lock Ness était un serpent de mer?" Étrangement, je me sentais beaucoup plus à l'aise avec cette personne, que celle avec qui j'étais il y a quelques instants.

- "C'est évident. Et puis de tout façon le monstre du Lock Ness n'est pas sensé exister, donc la question ne se pose pas."

- "Mais les vampires non plus ne sont pas sensés exister." Contrais-je avec amusement. Il s'esclaffa.

- "Je t'aime bien toi. Je sens qu'on va bien s'entendre." Je souris. Il suffisait de parler du monstre du Lock Ness pour entrer dans ses bonnes grâces. Quel phénomène celui-là.

- "Bon alors qu'est-ce qui t'amène? Edward est à Seattle alors c'est toi qui as décidé de venir dévaliser le magasin?" A mon plus grand étonnement, il ne partît pas dans un de ses rires tonitruants capables de faire exploser les vitres. Il sembla reprendre son sérieux et l'air embarrassé de tout à l'heure refît surface.

- "Pas vraiment, non. Mais j'y penserai pour la prochaine fois." Je ris. "En réalité… J'aurai aimé savoir… Comment va Rosalie?"

- "Mais c'est pas vrai, ça!" M'exclamais-je. "Qu'est-ce que vous avez tous à me demander ça aujourd'hui?" Emmett me regarda, étonné de mon emportement soudain. Je me figeai. Avais-je vraiment dit ça tout haut? "Euh… Désolée." Fis-je. "Je n'étais pas sensée dire ça à voix haute. J'ai dis ce que je pensais… Avant de me rendre compte que je l'avais dit." Cette fois son fameux rire assourdissant retentit dans le magasin.

- "Je n'ai absolument rien compris mais tu me fais beaucoup rire." Mes yeux s'arrondirent. On m'avait fait toutes sortes de compliments, mais jamais celui là. Je ne suis pas d'accord avec lui d'ailleurs. Je suis loin d'être drôle. Peut être avait-il dit ça car pour lui, j'étais tellement ridicule et gauche que j'en devenais hilarante. Oui, c'était sûrement ça. Il n'avait pas dit ça gentiment, mais péjorativement.

- "Et bien… Contente de servir à ton divertissement." Dis-je un peu vexée et sur la défensive. Cela le fit rire encore plus bruyamment. Décidément ce vampire était vraiment original.

- "Non, t'as pas l'air de comprendre. Quand je dis que tu me fais rire, c'est un compliment. Je te trouve vraiment rigolote. Edward a bien choisi." Je baissai les yeux, aussi rouge que la pomme de Blanche Neige. "Mais tu n'as toujours pas répondu à ma question. Comment va-t-elle?"

Je soupirai. Je lui aurais bien dit la même chose qu'à Jacob, à savoir l'appeler par téléphone mais la situation était nettement plus délicate et je comprenais parfaitement pourquoi Emmett s'en référait à moi pour prendre de ses nouvelles, à l'inverse de Jacob que je ne comprenais pas.

- "Très franchement, elle m'inquiète un peu. Elle est en train de perdre pied. Et honnêtement, votre petit truc d'hier n'a pas vraiment arrangé les choses. Au contraire, ça a empiré." Emmett baissa les yeux. Je pus voir la culpabilité le ronger. Sous ses traits détendus et désinvoltes, il s'en voulait.

- "Tu dois me trouver bizarre hein?" Demanda-t-il.

- "Ça, c'est sûr que tu n'es pas la personne la plus banale que j'ai rencontrée." Souris-je.

- "T'es pas sensée me passer un savon? Me dire de ne plus m'approcher d'elle, que j'aurais jamais dû faire ça ou quelque chose de ce genre?" Je méditai ma réponse avant de parler.

- "Je ne crois franchement pas être la personne la mieux placée pour te faire des leçons. Et puis… Je ne juge pas ce que j'ignore." Il fronça les sourcils.

- "Mais enfin Alice m'a dit que toi et Rosalie aviez parlé de ce qu'il s'est passé. Tu es au courant n'est-ce pas?"

- "Oui évidemment. Mais ce que je voulais dire, c'est que je ne sais pas vraiment pourquoi tu as fait ça. Donc je ne peux pas te juger, tu comprends?" Il hocha la tête.

- "En vérité, je l'ignore totalement moi-même. Que t'a-t-elle dit à propos de ça?" Je le regardai avec désolation. Je ne pouvais pas lui dire les termes exactes qu'elle avait employés. Cela le démolirait, l'anéantirait. Il dut comprendre pourquoi j'hésitais à lui répondre car il reprit la parole. "Laisse tomber. Je ne préfère pas savoir. Mais quand tu la verras… Tu pourras lui dire que je suis sincèrement désolé et que je ferai ce qu'elle m'a demandé de faire?"

- "Que t'a-t-elle demandé de faire?" L'interrogeais-je.

- "Ne plus jamais l'approcher."

Naturellement, ça coulait de source. Je me sentis tout à coup mal pour lui. Je ne savais pas s'il ressentait quoi que ce soit pour Rosalie mais… Je voyais bien qu'il s'était attaché à elle au bout du compte. Et puis, il n'y a jamais de fumée sans feu. Emmett ne l'avait certainement pas embrassé pas hasard, sans raison. Et bien que Rosalie clame qu'elle en fut dégoûtée, elle ne s'était pas non plus laissée faire sans raison. Le jeu du chat et la souris, ainsi de celui qui réussit le plus à énerver l'autre aura finalement servi à les rapprocher. Quelle ironie.

Même si c'était peine perdue car elle avait été extrêmement claire hier qu'elle le haïssait et qu'elle ne ressentait rien pour lui. L'amour à sens unique est la pire chose qui puisse exister au monde.

- "Entendu, je lui dirai." Répondis-je tristement. Il hocha la tête en signe de remerciement. J'aurai voulu lui demander s'il était amoureux d'elle. Seulement cela ne me regardait pas. De plus, si ça avait été le cas, je me serais sentie terriblement désolée. J'avais une soudaine envie de détendre l'atmosphère. "Edward t'a remonté les bretelles, pas vrai?" Demandais-je avec taquinerie. Il se mit à sourire.

- "Comment tu le sais? Il t'en a parlé?"

- "Il est resté évasif. Mais je m'en suis doutée." Répondis-je.

- "En fait… Il m'a surtout demandé de faire profil bas le temps qu'elle aille mieux. C'est dingue. Je ne comprends même pas pourquoi elle est autant perturbée. Je sais que j'y suis un petit peu pour quelque chose, mais ce n'est pas entièrement à cause de moi. Elle l'était déjà quand je l'ai vu hier." Je soupirai à nouveau.

- "Non c'est vrai. La vérité est que Rosalie va mal depuis l'attaque à la banque." Il se raidit subitement. Je m'expliquai. "Ce jour là, elle a vu votre interaction entre toi et les trois autres vampires." Il soupira lui aussi.

- "Je suis au courant. J'ai vraiment merdé ce jour là."

- "Bref." Continuais-je. "Depuis ce moment là, elle n'arrête pas de faire des recherches à votre sujet. C'en est devenu une véritable obsession. Elle ne fait que ça. Et elle n'arrête pas de penser que vous êtes mauvais. Ça l'obsède tellement qu'elle en train de devenir folle." Je vis Emmett se renfrogner, comme si entendre ça lui faisait mal. Oui, il était définitivement attaché à elle.

- "On ne peut décemment pas lui avouer la vérité." Argumenta-t-il.

- "Je sais bien… Mais il faudrait trouver un moyen de l'aider."

- "Je lui ai déjà demandé d'arrêter ses recherches." Dit-il. "Si elle ne le fait pas, elle va s'attirer des problèmes."

- "Quel genre de problèmes?" M'enquis-je. Il secoua la tête.

- "Désolé ma jolie, mais c'est le genre de questions que tu devrais poser à Edward. Il ne serait pas content que je m'autorise à te révéler des trucs sans son autorisation." Dit-il amusé.

- "Je sais déjà le principal sur vous. Qu'est-ce que vous pourriez bien cacher de plus?" Demandais-je.

- "Ce n'est pas à moi que tu dois le demander." Il était apparemment fier de m'avoir mis en rogne. Car oui, j'étais passablement énervée de ne pas savoir. "Tout ça pour dire," Reprit-il. "Que tu dois tout faire pour l'arrêter car elle risque vraiment très gros. D'ailleurs, toi aussi tu risques d'avoir des problèmes." J'écarquillai les yeux.

- "Quoi?" Il soupira.

- "Ne t'inquiète dont pas, va. Tant que tu joues les ignorantes et que tu ne dis à personne ce que tu sais sur nous, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes". Je hochai la tête. Il n'en avait peut être pas l'air, mais dans le fond, Emmett était quelqu'un d'extrêmement responsable. Décidément, les Cullen sont tous surprenants. Le vampire interrompit mes pensées en plissant le nez. C'est étrange, Edward a fait exactement la même chose hier soir.

- "Un problème?" Demandais-je. Il me fit sursauter avec sa voix tonitruante.

- "Qu'est-ce que ça pue ici!"

Emmett, ou l'art de la classe et de la subtilité. Je rougis, morte de honte. Mike avait sûrement dû l'entendre. Il faudrait être sourd pour que ce ne soit pas le cas.

- "Edward a dit la même chose que toi avec un peu plus de tact après que Rosalie soit rentrée." Il éclata de rire. Je ris également mais avec beaucoup plus de retenue.

D'où pouvait bien provenir cette odeur apparemment infecte, que seuls les vampires pouvaient sentir? Quand j'y repensais, Edward a dit ça après le retour de Rosalie. Ce qui veut dire que l'odeur n'y était pas avant qu'elle n'arrive. Seulement cela ne peut pas être elle puisque d'un, elle fait très attention à tout ce qui est propreté et maquillage et de deux, elle n'est pas venue à la boutique aujourd'hui. Oh et puis zut, je commence à en avoir assez de réfléchir.

- "Bella tu…" Mike qui sortait de la réserve, se figea après avoir aperçu Emmett. Il semblait complètement perdu et apeuré. Le pauvre, cela devait être dur à suivre pour lui. "Euh… Je ne sais pas ce que tu fais de ta vie privée pour être vue à chaque fois avec un type différent, mais… Essaie de faire ton… Truc… En dehors des heures de travail d'accord?"

Je me retenais de rire. Emmett lui, ne se gênait pas en revanche.

- "Entendu Mike." Répondis-je avec un sourire qui laissait entrevoir le rire que je retenais.

- "Ouais… Sinon je venais te dire que ce soir, c'est moi qui m'occuperai de la fermeture. Donc tu pourras partir plus tôt." Il ne détachait pas son regard d'Emmett. Comme s'il avait peur.

Surprenante.

Cette journée était réellement surprenante. D'abord la visite d'une ancienne connaissance, puis la venue du vampire le plus original que je connaisse - quoi que des vampires, j'en connaissais pas beaucoup - et maintenant, le miracle de Mike Newton qui, pour la première fois depuis l'antiquité venait de me dire qu'il s'occuperait de la fermeture. Le karma a tourné. Profitons-en.

Newton repartit rapidement dans l'arrière boutique et Emmett n'attendit pas pour commenter.

- "Bah dis donc… T'as vu sa tête? J'ai cru qu'il avait vu un vampire." Plaisanta-t-il. J'éclatais de rire.

- "Je crois que tu l'as impressionné." Plaisantais-je.

- "Tu rigoles? Et comment que je l'ai impressionné. Il suffirait que je lui jette un regard noir et il courra pleurer dans les jupes de sa mère." Mon rire s'amplifia. Il ne savait pas à quel point il avait raison.

- "En même temps, même Sylvester Stalone aurait peur de toi." Il rit bruyamment.

- "Bon, ce n'est pas tout mais il faut que je m'en aille. J'ai été ravi d'avoir discuté avec toi petite Bella. J'ai bien rigolé aussi." Je souris.

- "Moi également. A un de ces jours."

- "Compte là-dessus."

Lorsque Emmett franchit la porte pour sortir, je soupirai.

Quel énergumène. Il serait vraiment parfait pour Rosalie. Dommage qu'elle ne s'en rende pas compte. Elle était bien trop aveuglée par sa colère et son entêtement à vouloir les trouver méchants. De plus, elle détestait réellement Emmett. J'avais pu le remarquer dans ses yeux hier. Il n'y avait eu aucune trace d'un quelconque attachement ni d'amour. Mais alors pourquoi cette pointe de regret lorsqu'elle m'avait dit que cela ne se reproduirait pas?

Et si cette colère et cette haine envers lui n'étaient dues uniquement qu'à ses préjugés contre les Cullen? Si elle n'était pas aussi convaincue qu'il ne fallait pas les côtoyer, agirait-elle de la même façon? Serait-elle aussi sure d'elle quant à ses sentiments pour lui? Ou au contraire, n'éprouverait-elle pas quelque chose? Peut être qu'en fin de compte, ses sentiments sont enfouis car elle est déterminée à avoir raison et à voir le mal là où il n'y en a point.

A cet instant précis, je compris ce qu'il faudrait que je fasse pour qu'elle aille mieux. Je compris comment arrêter sa folie et la remettre sur le droit chemin. Il n'y avait qu'une seule chose à faire. Il fallait lui prouver qu'elle avait tort. Au lieu de persister à argumenter avec elle et de hausser le ton, tout ce que j'avais à faire était de lui prouver qu'elle se trompait, comme elle, essayait de me prouver que je faisais une erreur. Facile à dire, mais comment allais-je m'y prendre pour la réconcilier avec les Cullen sans lui dire quoi que ce soit de compromettant?

Je ne savais pas comment j'allais m'en occuper, ni ce que je comptais faire, mais une chose est sure, c'est que je jure que pour elle et aussi pour Emmett que je commençais à bien apprécier, j'allais tout faire pour lui montrer à quel point elle se trompait et que les Cullen étaient des gens biens…

La routine recommença mais ce n'était plus qu'une question de minutes avant que je ne mette les voiles de mon enfer personnel. Merci Mike.

Je décidai pour faire passer le temps - la boutique était vide - d'appeler une personne à qui je n'avais pas parlé depuis longtemps. J'avais revu Esmée une fois chez Charlie, depuis ce fameux jour où je m'étais enfuie après avoir aperçu ce fichu médecin… Elle n'y était pour rien et il fallait que j'arrête d'y penser. Moi qui étais si heureuse de la voir revenir à Forks, je me rends compte que je l'ai vraiment négligé. Je devais passer plus de temps avec elle. Je composai le numéro de sa boutique rapidement et attendis qu'elle décroche.

Lorsqu'elle le fit, j'entendis son rire au téléphone avant qu'elle ne dise allo.

- "Esmée? C'est Bella."

- "Bella?" Entendis-je dans le combiné. J'ignorais pourquoi mais je sentis à la fois de la surprise et de la crainte. Pourquoi aurait-elle peur que je l'appelle?

- "Comment vas-tu? Je sais que ça fait pas mal de temps…"

- "Euh… Tu veux bien patienter un instant?" Me coupa-t-elle.

- "Bien sûr." Répondis-je étonnée. Elle agissait bizarrement. J'attendis quelques secondes avant qu'elle ne se manifeste.

- "Voila, c'est bon. Alors, que disais-tu?"

- "Je demandais simplement comment tu allais." Dis-je suspicieuse.

- "Oh, ça va plutôt bien. Et toi? Ça me fait plaisir que tu m'appelles."

- "C'est vrai que je ne t'ai pas revu depuis pas mal de temps. Mais un tas de choses a changé depuis."

- "C'est vrai?" Demanda-t-elle étonnée. "Qu'est-il arrivé de si spécial?"

- "Euh… Disons que j'ai fait de nouvelles rencontres, je me suis un peu socialisée." Répondis-je évasivement. Elle semblait dubitative.

- "Je trouve cette réponse un peu maigre, jeune fille." Je m'empressai de détourner le sujet.

- "Sinon, je me demandais… Pourquoi ne pas se faire un dîner avec mon père un de ces soirs? Dans la semaine par exemple."

- "Oh. C'est-à-dire que je risque d'être très occupée dans les jours à venir." Je trouvais cette réponse étonnante.

- "Tu ne vas pas me dire que ton travail à la boutique te prend tout ton temps…"

- "Et bien, j'ai beaucoup de choses à faire. Il y a de la paperasse à remplir, du rangement à effectuer et puis…"

- "Et pourquoi tu ne dirais pas la vérité, au lieu de dire n'importe quoi?" La coupais-je. Esmée était en train de me baratiner et ça, c'était quelque chose de vraiment étrange.

- "Bella écoute… Disons que les choses sont assez compliquées en ce moment."

- "En quoi est-ce que c'est compliqué?" Demandais-je curieuse. Que lui arrivait-il? Décidément tout le monde perdait la boule.

- "Je… Je ne peux pas t'en parler maintenant."

- "Alors quoi? Tu fréquentes quelqu'un et tu veux pas me le dire, c'est ça?" Plaisantais-je dans le but de détendre l'atmosphère. Lorsqu'un silence se fit dans le combiné, je crus m'étouffer. "Oh mon Dieu! Tu voies quelqu'un?" Criai-je.

- "C'est-à-dire que ce n'est pas si simple."

- "En tout cas, je suis vraiment contente pour toi. Mais comment tu l'as rencontré?" Elle marqua une pause avant de répondre.

- "A la boutique." Dit-elle. Je souris. Depuis le temps que j'attendais le moment où Esmée rencontrerait enfin quelqu'un dont elle serait amoureuse…

- "Tu es amoureuse?" Demandais-je. Encore une fois, elle prit son temps pour répondre.

- "Je crois, oui." Dit-elle dans un souffle.

- "Je suis vraiment heureuse. Tu mérites de trouver le bonheur." Je l'entendis rire au téléphone.

- "Toi aussi, Bella." Je souris.

- "Tu me le présenteras?" Demandais-je avec espoir.

- "Je ne préfère pas. Pas pour le moment." Répondit-elle avec franchise.

- "Très bien… Je vais te laisser. J'ai été ravie d'avoir parlé avec toi." Dis-je. Ce n'était pas exactement la vérité. En réalité, ce coup de téléphone s'était révélé des plus étranges qui soient. Esmée ne s'était encore jamais comportée comme cela,= et ça m'intriguait plus qu'autre chose.

- "Moi aussi Bella. Appelle-moi plus souvent."

- "Je le ferai." Répondis-je poliment.

Nous nous dîmes au revoir avant de raccrocher. Qu'avez-vous fait de ma tante Esmée? De toute ma vie, jamais elle n'avait agi de cette façon. Malheureusement, je n'avais pas vraiment le temps de m'en soucier. J'avais déjà beaucoup de problèmes à résoudre. Alors je mis ce nouveau mystère dans un coin de ma tête, bien décidée à le résoudre plus tard…


La semaine avait défilé à une lenteur épouvantable. La seule chose positive, avait été le rapprochement grandissant avec Rosalie. Nous avions petit à petit renoué des liens puissants. Cette dernière avait d'ailleurs été enchantée d'apprendre que Jacob viendrait manger à la maison vendredi. Cependant je ne me faisait pas vraiment d'illusion. Nous nous étions considérablement rapprochées mais nos liens étaient encore extrêmement fragiles. Nous n'avions pas réglé nos différents, nous les avions simplement mis de cotés. Elle ne me faisait plus de réflexion sur les Cullen et je l'en remerciais, mais elle avait toujours la même opinion. Quant à moi, je tentais tant bien que mal de trouver un moyen pour la faire changer d'avis. Donc en conclusion, il fallait faire très attention. Car nous étions de nouveau redevenues amies, mais pour combien de temps?

Ce qui a rendu en revanche, cette semaine horriblement atroce, je dois le dire, c'est que je n'ai pas revu Edward depuis dimanche.

Autant ne pas se leurrer. Sa présence me manquait indubitablement. Elle en était même douloureuse. Il m'avait pourtant prévenu que cela risquait d'être difficile. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de me lever tous les matins avec la même hâte de le retrouver et de rentrer tous les soirs avec la même déception de ne pas l'avoir vu. En fin de compte, je préférais nettement lorsqu'il ne travaillait pas. Je savais qu'à ce rythme, je n'allais pas tenir très longtemps. Il était devenu mon médicament, la raison qui faisait que je me levais tous les matins. Il hantait tous mes rêves et toutes mes pensées. Sans même m'en rendre compte, j'étais devenue complètement et inexorablement dépendante de sa présence. De lui. Si je ne le revoyais pas très rapidement, j'allais sombrer. Bien sûr, personne ne se rendait compte de mon état second dans lequel j'allais travailler. Mis à part Rosalie qui avait remarqué mais qui ne s'était permise aucun commentaire.

J'avais tout de même de la compagnie de la part de mes amis vampires qui venaient régulièrement a mon travail. Quand il ne s'agissait pas d'Emmett pour m'embêter, c'était Alice qui prenait la relève. Le seul qui ne venait jamais - hormis Edward… - était Jasper. Je ne l'avais vu que deux fois au cours de mon existence. Quand j'avais interrogé Alice, elle m'avait dit qu'il n'était pas très enclin à venir me déranger. Elle m'avait également expliqué qu'il se sentait faible par rapport à sa difficulté à se contrôler au milieu d'un environnement regorgeant d'êtres humains. Je n'insistai pas plus que ça. Je pouvais très bien comprendre et puis cela ne me regardait absolument pas. Heureusement qu'ils étaient là pour égayer mes journées ternes, car sinon, j'aurais déjà dépéri depuis longtemps. D'ailleurs, j'étais déjà en train de dépérir. Chaque minute passée loin de lui, mon cœur souffrait inexplicablement.

Évidemment, il était hors de question que je raconte ça à qui que ce soit. Ils me prendraient tous pour quelqu'un de cinglée. Après tout, même si je pensais à lui depuis des semaines, nous ne sortions officiellement ensembles que depuis une semaine. Pourquoi réagissais-je comme cela? Je savais que j'étais éprise de lui, mais à ce point là? Non, faut pas exagérer. Il y a forcément une explication plus rationnelle et intelligente.

Toujours est-il que explication rationnelle ou pas, l'absence d'Edward était devenue un calvaire. Un enfer destiné à me faire souffrir mille morts. Je me sentais prisonnière. Prisonnière de la pénombre, de l'obscurité et des ténèbres. Le seul moyen qui pouvait me permettre de m'évader, de retourner vers la lumière, la clarté et la bienfaisance était son retour. Je devais l'avoir près de moi. Il était indispensable à ma santé.

Edward était désormais devenu mon oxygène.

Je rentrai du travail, toujours aussi dépitée. C'était ce soir que Jacob Black devait venir, mais je n'avais pas du tout le cœur à festoyer, ni recevoir. Pourtant il le fallait bien. Rosalie était toute excitée à l'idée de l'accueillir. Je tentai donc de me composer un visage parfaitement détendu et souriant avant d'ouvrir la porte pour le laisser entrer. Je ne sais pas pourquoi mais pendant un instant, j'avais espéré bêtement que ce serait Edward devant la porte. Je devenais vraiment maboule. Il fallait que je me ressaisisse. Et puis je savais au moins qu'il allait bien.

Heureusement que cette chère Alice acceptait de me filer de ses nouvelles sinon je serais partie pour l'hôpital psychiatrique depuis longtemps. Apparemment les cours de piano se passaient très bien. Cela dit, il enseigne depuis des décennies alors je n'avais pas trop de souci à me faire de ce coté là. Durant une minute, j'ai même pensé prendre des cours de piano, rien que pour le voir tellement j'étais mal en point. Quand Alice avait vu ma décision dans une de ces visions, elle avait éclaté de rire. Tu m'étonnes. Elle avait vraiment dû me prendre pour une harcelante.

Toujours est-il que ce n'était point - à ma plus grande déception - Edward, mais Jacob habillé de façon assez décontracté qui me salua. Je le fis entrer rapidement, ne sachant pas trop quoi lui dire. La soirée se déroula tranquillement. Elle fû=ut très plaisante pour les deux autres qui n'ont pas arrêté de parler de gens que je ne connaissais absolument pas et de raconter des anecdotes de leur enfance. C'était vraiment sympathique de les voir interagir ensemble, mais à aucun moment durant la soirée, ne me suis-je sentie à ma place. Jacob était très gentil, mais je ne le connaissais guère. Rosalie était bien trop absorbée dans ses conversations avec lui pour se soucier de moi. Ils parlaient d'un monde auquel je n'appartenais pas. Je me sentais vraiment de trop.

Il y avait tout de même quelque chose d'étrange que j'avais remarqué entre eux. Forcément, quand on ne fait qu'assister sans participer, on fait attention à tout. Jacob et Rosalie n'agissaient pas aussi naturellement qu'il n'y semblait. Durant tout le long du dîner avec des pizzas et des bières mousseuses, Rosalie et Jacob faisaient des allusions sans pour autant le montrer. N'importe qui aurait trouvé leur comportement parfaitement normal, mais connaissant Rosalie, je savais qu'elle cachait quelque chose. Et en observant Jacob, je voyais qu'il savait exactement ce qu'elle cachait. J'avais l'impression que leurs phrases étaient à double sens. Je crois qu'ils auraient été beaucoup mieux sans moi. Sans ma présence pour les empêcher de parler librement comme ils le souhaitaient. Mais alors que cachaient-ils?

Je n'en avais strictement aucune idée et cela avait le don de m'exaspérer.

Pour conclure, cette soirée n'était pas du tout la meilleure de ma vie. Je crus que Jacob ne partirait d'ailleurs jamais. Lorsqu'il prit sa veste, j'étouffai un soupir de soulagement, pour ne pas paraître trop impolie.

- "Rosalie, on s'appelle hein?" Dit-il, une fois dans l'entrée. Celle-ci lui sourit.

- "Évidemment, pauvre idiot. Rentre bien." Lui dit-elle.

- "Merci. Ravi de t'avoir revu Bella." Me salua-t-il.

- "Moi de même." Esquissais-je un sourire.

Il ouvrit la porte et à ce moment là, tout mon monde sembla se reconstituer et redevenir entier. Il était là, beau comme un Dieu. A cet instant, c'est comme si toute ma souffrance et ma dépression s'étaient envolées miraculeusement. Quand je vous dis que cet homme est mon médicament…

Cependant je n'eus pas le temps de sourire ni d'exprimer ma joie car lorsque je vis le regard de tueur que lui lançait Jacob Black et le froncement de sourcils qu'Edward avait affiché, la seule chose qui me venait à l'esprit - hormis les youpi et les alléluia - était, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel?

Edward avait la même expression que la dernière fois où je l'avais vu près de cette porte. Et également la même expression qu'Emmett avait eu le lundi au magasin. J'en conclus donc, qu'il avait cet air pincée à cause de cette mystérieuse odeur nauséabonde qui avait l'air de me suivre comme la peste. Alors je me reposai la question. D'où pouvait bien provenir cette odeur insupportable, comme Edward la qualifiait?

Et en observant le visage de Jacob qui ne quittait pas celui d'Edward, qui lui-même ne quittait pas le visage de Jacob, j'eus ma réponse.

Au magasin, Emmett s'était exclamé de façon très spontanée qu'il y avait une odeur atroce. Juste après que Jacob soit passé au magasin. Et dimanche dernier, Edward m'annonce ça après que Rosalie ait passé un weekend avec les Quileutes, et donc avec Jacob Black. Tout s'emboîtait finalement à la perfection. Mais alors pourquoi est-ce que l'odeur corporelle de Jacob serait infecte pour les vampires? Probablement tous les Quileutes faisaient le même effet. Cela voulait donc dire qu'ils avaient réellement un lien avec les vampires.

Mais lequel?

Rosalie le savait.

Il était hors de question que je laisse passer ça.

Jacob finit malgré tout par quitter les lieux avec beaucoup de réticence. Edward ne l'avait pas quitté des yeux pendant qu'il s'en allait. Dans le genre, si un regard pouvait tuer…

A peine Jacob fut il hors de tout champ de vision et que Rosalie avait refermé la porte - ne voulant certainement pas être témoin de notre scène de retrouvailles - que j'oubliai momentanément ce qu'il venait de se produire pour me jeter sur Edward et l'embrasser à pleine bouche.

Il parût étonné deux secondes, avant de répondre avidement. J'avais l'impression que cela faisait des semaines, des années plutôt, que je n'avais pas goûté à ses lèvres froides. C'est à ce moment là que je me demandai comment avais-je pu bien survivre durant cinq longs jours entiers sans sa présence. Cela me faisait vraiment peur.

Si je réagissais de cette façon lorsque nous étions séparés cinq jours, comment réagirais-je lorsque je ne le reverrai pas pendant longtemps? Ou pire, lorsqu'il me quittera?

- "Je t'ai manqué à ce que je vois." Dit-il après m'avoir relâché pour que je puisse respirer.

- "Tu n'as pas idée." Dis-je hors d'haleine. Il fit son fameux sourire de la mort qui tue et je l'embrassai chastement en souriant.

- "Tu m'as manqué aussi Bella." Dit-il avec difficulté. Je savais que ça lui coûtait beaucoup de m'avouer que je lui avais manqué. Je commençais à avoir l'habitude de sa retenue pour exprimer ce qu'il ressent. Je ne savais pas pourquoi il n'osait pas dire ses sentiments mais chacun réagissait différemment. Je n'allais pas le pousser à dire ce qu'il ne voulait pas dire. Je lui souris et lui demandai.

- "Tu veux entrer?" Il fit une moue réceptive.

- "En réalité je ne peux pas vraiment rester. J'étais simplement venu te demander quelque chose."

- "Oh." Fis-je avec déception. "Je t'écoute."

- "J'aimerais que tu viennes chez moi. Enfin, chez nous." Je perdis mon sourire aussitôt après qu'il ait dit cette phrase. Apparemment il ne s'attendait pas à cette réaction.

- "Pour quoi faire?" Demandais-je sur la défensive.

- "Et bien Emmett et Alice m'ont dit qu'ils t'adoraient. Et Jasper voudrait rencontrer la fille qui est en train de lui voler sa femme et qui l'a rendu enthousiaste. En plus, j'aimerais que tu rencontre officiellement mon p…"

- "Je ne crois pas que ce soit une bonne idée." Le coupais-je avant qu'il n'aille plus loin.

- "Mais enfin pourquoi? Tu as peur de te retrouver dans une maison pleine de vampires?"

- "Pas du tout!" M'écriais-je.

-" Alors quel est le problème?" Demanda-t-il en élevant la voix.

- "Je…"

Je m'arrêtai, impossible de continuer. Il était hors de question que j'accepte d'aller chez lui. Carlisle Cullen serait là et je n'étais pas prête à l'affronter. Pas maintenant, pas comme ça. Si j'y allais, ce serait un fiasco total.

Mais si je refuse, il continuera à vouloir savoir pourquoi je ne veux pas. Il voudra des réponses et je ne pouvais pas lui en donner. J'avais beaucoup trop à perdre. Si je lui racontais tout, il ne voudrait probablement plus me voir. Et si je ne faisais rien, je reverrais l'homme qui m'a ôté la vie il y a quelques années.

Merde.

- "D'accord." Finis-je par répondre à voix basse. J'avais les yeux baissés et je ne voulais pas voir sa réaction.

- "Tu es sure?" Demanda-t-il. Je relevai les yeux vers lui et hochai la tête.

- "Oui. Je viendrai."

- "Parfait." Sourit-il. "Je viendrai te chercher dimanche." Je hochai une nouvelle fois la tête. Je venais probablement de faire une énorme erreur. Mais encore une fois, je ne pouvais pas me permettre de lui dire quoi que ce soit. Il en savait déjà bien assez. Je lui fis un maigre sourire. "Bon, je te laisse aller dormir." Je soupirai de déception. Il m'embrassa une dernière fois. "Fais de beaux rêves Bella."

Là-dessus, il pouvait être sûr que ce serait le cas. Il s'en alla avant même que je n'eus le temps de réaliser. Quelques minutes avaient suffi à me rendre joyeuse mais maintenant qu'il était parti, je ressentais à nouveau ce grand vide en moi.

Qu'avais-je fait en acceptant d'aller chez lui? Qu'allais-je dire au docteur au moment où je serais face à lui de nouveau? Quel bordel. Un véritable foutoir.

Je rentrai à la maison et me dirigeai droit vers Rosalie. J'avais comme un sentiment de déjà vu face à la situation.

- "A nous deux ma grande." Débutais-je. "Je veux que tu me dises tout ce que tu sais à propos des Quileutes."

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