Chapitre 6: Dark past and beautiful present
Dire que Bella Swan était en pleine béatitude était un euphémisme. Elle avait l'impression de retomber en adolescence et la seule chose qu'elle avait envie de faire était de sautiller partout et de crier par-dessus les toits: « J'ai rendez-vous avec Edward Cullen ». On pouvait même la confondre avec sa meilleure amie. Passer moins de temps avec Alice, voila ce qu'elle devait faire. Elle poussa la porte de chez elle en tâchant néanmoins de réfréner sa soudaine immaturité et sa jovialité. Il ne fallait pas oublier qu'elle était Isabella Swan, la jeune fille timide, coincée et sérieuse. Malheureusement - ou heureusement - le sourire béat ne voulait pas disparaître et elle sentait bien qu'il ne disparaîtrait pas de sitôt.
- "Je suis rentrée!" Annonça-t-elle après avoir franchi la porte. A peine avait-elle fait part de sa présence qu'une tornade brune courut vers elle et sauta dans ses bras, manquant de la faire tomber en arrière.
- "Oh Bella, tu ne devineras jamais!" Apparemment, Bella n'était pas la seule à être de bonne humeur aujourd'hui.
- "J'imagine que tu vas me le dire." Déduisit Bella. Alice s'écarta d'elle avec un sourire jusqu'aux oreilles.
- "Victoria a appelé tout à l'heure. Et devine quoi?"
- "James l'a trompé elle aussi?" Supposa Bella.
- "Mieux que ça!" Cria le lutin. "La boîte est en faillite! Tu te rends compte? Ils sont ruinés. Elle m'a appelé pour me supplier de revenir. Elle m'a même promis que si je revenais, elle n'hésiterait pas à larguer James, si c'était ce que je voulais." Bella fronça les sourcils.
- "Tu… Alors tu vas repartir?" Demanda Bella avec déception. Alice écarquilla les yeux d'étonnement.
- "Quoi?"
- "Bien…Tu as accepté, je suppose. Alors ça veut dire que tu vas retourner à Seattle." Alice éclata de rire.
- "Mais non voyons. Tu croyais sincèrement que j'allais accepter? Sérieusement Bella, tu me déçois sur ce coup-là. En fait, je l'ai envoyé bouler d'une manière que tu ne t'imagines même pas. Je l'ai traité de pourriture, de garce mal habillée, de salle rousse décolorée qui ne connaît même pas l'existence de la brosse à cheveux, et qui peut aller se faire voir avec son psychopathe de petit ami et sa boîte en faillite."
A ce moment là, ce fut plus fort qu'elle, Bella explosa de rire. Elle arrivait très bien à imaginer Alice dire toutes ces choses au téléphone.
- "Tu as dû bien te défouler, j'imagine." Dit-elle après avoir repris ses esprits.
- "Et comment! J'ai l'impression d'avoir vécu le plus beau jour de ma vie." Dit-elle en souriant.
- "T'es pas la seule…" Soupira Bella, trop doucement pour que quiconque puisse entendre. "En tout cas," Reprit-elle plus fort, "Je suis contente que tu restes. Je ne sais pas comment j'aurais pu faire sans toi." Alice fronça les sourcils.
- "Faire quoi?" Demanda-t-elle.
- "Bah… Le shopping, l'habillage et tous ces trucs là…" Répondit Bella, comme s'il s'agissait d'une évidence. Alice ouvrit la bouche de surprise.
- "Je rêve! Bella Swan a parlé de shopping?" S'enthousiasma-t-elle en tapant dans les mains. Bella s'étonna.
- "Quoi? Non, pas du tout." Se rebiffa-t-elle en réalisant ce qu'elle venait de dire.
- "Bien sur que si, je t'ai entendue!" Insista Alice. "Et c'est quoi ce sourire que tu avais quand tu es rentrée?"
- "Quel sourire? Je ne souris pas." Dit-elle en repensant soudainement à la raison qui l'avait rendue joyeuse.
- "Tu le refais encore!" S'exclama Alice en voyant le sourire de Bella. Cette dernière se renfrogna.
- "Je ne vois pas du tout de quoi tu parles." Nia-t-elle. "Et si on allait voir les deux autres?" Demanda-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. Emmett et Charlie étaient toujours dans la cuisine.
- "Tu ne t'en tireras pas à si bon compte." Prévint Alice en la suivant.
- "Bonsoir tout le monde." Fit Bella en allant faire un bisou à son père, sous l'étonnement de celui-ci.
- "Et bah, qu'est-ce qui te prends?" Demanda-t-il. Bella haussa les épaules.
- "Rien du tout. Je n'ai pas le droit de venir embrasser mon papa chéri?"
- "Papa chéri? Depuis quand tu m'appelles comme ça?" S'étonna-t-il. Bella haussa les épaules.
- "Ça m'est venu comme ça." Elle entendit un raclement de gorge provenant de derrière, et elle se retourna vers son frère qui avait un air emprunt à une culpabilité sans pareille.
- "Bella…" Hésita-t-il. "Je voulais que tu saches… Je suis vraiment désolé pour tout à l'heure." Bella l'arrêta avec sa main.
- "Inutile. Ce n'est pas la peine de t'excuser. C'est moi qui te dois des excuses. J'ai vraiment mal agi."
- "Bien sur que non." Protesta-t-il. "Elle s'était mal comportée avec toi, alors qu'elle se trouvait dans ta propre maison. J'aurais dû prendre ta défense. Je t'ai rabaissé et c'était une erreur de ma part." Bella lui sourit.
- "Mais c'est toi qui avais raison Emmett. J'ai réagi d'une manière puérile. Je sais ce qu'il faut que je fasse. La prochaine fois qu'elle s'en prendra à moi, je l'ignorerai, tout simplement. Après tout, ne dit-on pas que l'ignorance est le plus grand des mépris?" Demanda-t-elle sans se départir de son sourire. Emmett, Alice et Charlie se regardèrent avec étonnement.
- "Mais qu'est-ce qu'il t'arrive?" Demanda Emmett. "Depuis quand tu souris pour rien?"
- "Moi ce que je voudrais savoir, c'est depuis quand tu as ajouté le mot shopping à ton vocabulaire." Dit Alice.
- "Et pourquoi m'appelles-tu Papa chéri?" Demanda Charlie. "J'ai l'air de me faire appeler Papa chéri? On dirait un papa gâteau quand tu m'appelles comme ça. Je suis chef de la police." Déclara-t-il de façon solennel. "Pas un papounet à qui on fait des bisous." Alice et Bella pouffèrent.
- "Et quand tu seras grand père?" Demanda Emmett. "Tu ne voudras pas qu'on t'appelle Papi Charlie? C'est mignon Papi Charlie." Charlie se renfrogna.
- "Évite de m'appeler comme ça quand j'ai encore mon arme de service sur moi, tu veux?"
- "Oh, mais c'est que papounet veut faire preuve de virilité." Se moqua Alice. Charlie lui jeta un regard noir.
- "Bon et si on en revenait à Bella, hein?" Fit-il énervé.
- "Hé! Je te remercie." S'offusqua la concernée.
- "C'est vrai que tu ne nous as toujours pas expliqué la raison de ce changement soudain." Fit remarquer Alice. Bella les regarda tour à tour.
- "Bon bah moi je vais prendre une douche." Décréta-t-elle. "A tout à l'heure." Elle se dirigea vers les escaliers mais fut vite arrêtée par une Alice mécontente.
- "Pas si vite, espèce de froussarde. Je viens avec toi." Elle lui fit un sourire triomphal tandis que Bella grognait. Une chose à propos de Bella n'avait toujours pas changé. Elle détestait être le centre de l'attention.
Alice avait suivi Bella jusque dans sa chambre et l'avait bombardée de questions plus pertinentes les unes que les autres. Pour la plus grande joie d'Alice, Bella avait accepté de répondre à toutes ses questions sans rechigner une seule fois. Elles avaient parlé de sa rencontre avec Edward dans le parc et elles avaient analysé et décortiqué ses moindres réactions et gestes. Bella se seraient cru être retournée à l'adolescence, lorsqu'elle et Alice passaient leurs soirées en pyjamas sur leur lit, à parler des garçons et des rendez-vous du vendredi soir. Enfin, c'était surtout Alice qui parlait et Bella qui écoutait, car cette dernière n'aimait jamais parler de ce genre de chose, même avec sa meilleure amie. De plus, elle n'était pas sortie avec beaucoup de garçons au lycée, hormis un certain Mike Newton qui empestait l'ail à chaque fois qu'ils s'embrassaient. Bella frissonnait de dégoût à chaque fois qu'elle y repensait.
Alice avait eu plus de chance. Elle était sortie avec un dénommé Paul de la réserve Quileute, et autant dire qu'il avait vraiment tout pour lui. Elle avait perdu sa virginité avec lui, chose que Bella comprenait parfaitement, avant de rompre d'un commun accord. Ils avaient fini par devenir des amis et une relation amoureuse n'était plus envisageable. Après Paul, Alice s'était mise à sortir avec pas mal de garçons. Beaucoup d'entre eux venaient de la réserve. C'est comme ça que Bella avait sympathisé avec Jacob Black, avec qui elle avait vécu sa première fois. Ça n'avait pas été très mauvais, au contraire, c'était plutôt pas mal. Du moins c'était ce qu'elle pensait avant d'avoir tenté l'expérience avec Edward Cullen. Maintenant qu'elle y repensait, elle trouvait sa relation physique avec Jacob, bien fade et ennuyeuse.
- "Et c'est là qu'il m'a embrassée." Conclut Bella avec un air rêveur sur le visage. Alice souriait et tapait dans les mains.
- "Trop génial." Fit-elle de manière enfantine. "Tu m'étonnes que tu sois arrivée à la maison avec ton petit sourire plein de niaiserie."
- "Je te jure Alice. Ce baiser était dix fois plus sensationnel que toutes mes parties de jambes en l'air avec Jacob réunies." Alice éclata de rire.
- "Pauvre Jacob Black. Vaincu par un petit baiser de rien du tout." Bella rit.
- "Finalement, je remercie le Seigneur pour avoir mis Rosalie Hale sur mon chemin et avoir fait d'elle une sale garce. Une magnifique garce." Rectifia Bella.
- "Une garce qui met du Versace et qui roule en Lamborghini." Soupira Alice.
- "Comment tu connais la marque de sa voiture?" Demanda Bella.
- "Ils sont venus avec, à Thanksgiving. Tu aurais vu cette œuvre d'art Bella. Tellement moderne, soft et classe…"
- "Autant d'allure que sa propriétaire, j'imagine." Râla Bella. Comment Rosalie faisait pour être aussi parfaite?
- "Ce qui m'étonne cependant," Reprit Alice, "c'est qu'elle soit toujours avec Jacob. Je croyais qu'une fois qu'elle te l'aurait piqué, elle le laisserait tomber. Il n'est franchement pas à sa hauteur."
- "Pire." Ajouta Bella. "Ils habitent carrément ensemble. Tu ne trouves pas ça bizarre que Rosalie accepte de vivre dans cette maison simpliste alors qu'on sait à quel point elle est matérialiste?"
- "Je trouve ça étrange." Confirma Alice. "Tu sais que j'ai toujours eu l'œil pour déceler les sentiments amoureux chez une personne?" Bella hocha la tête.
Il était vrai qu'Alice avait toujours eu un don de voyance pour remarquer lorsque deux personnes étaient faites pour aller ensemble, ou lorsque deux personnes n'étaient pas compatibles. Ainsi quand Bella s'est mise à sortir avec Mike Newton, Alice avait tout de suite dit à Bella que ça ne collerait pas. Bella avait tenté le coup uniquement pour avoir l'occasion d'embrasser un garçon avant de partir pour l'université. Et lorsqu'un couple se formait sur le campus, Alice donnait toujours ses pronostics sur le temps que ce couple tiendrait avant d'éclater. A la plus grande incrédulité de Bella, Alice avait toujours eu raison au mois près. Elle se faisait appeler la Madame Irma de l'amour. Mais ironie du sort, la Madame Irma de l'amour n'avait jamais su choisir correctement son petit ami. Elle avait toujours fait le mauvais choix, la preuve avec James.
"Enfin bref…" Dit Alice. "Je les ai bien observé à Thanksgiving. Et je peux t'affirmer sans aucune hésitation, qu'il n'y avait aucun sentiment amoureux chez aucun d'entre eux. Ni Rosalie, ni Jacob n'éprouve quoi que ce soit l'un pour l'autre. Et c'est-ce qui me turlupine. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils restent ensemble."
- "Pourtant tu as bien vu la façon dont-ils s'embrassaient non?" Rétorqua Bella. "Ils étaient dégoûtants mais on ne peut pas s'embrasser comme ça si l'on n'éprouve pas au moins un quelconque sentiment envers l'autre personne. Moi je sais que je n'embrasserai jamais personne de cette façon si je ne ressens rien."
- "Mais tout le monde n'est pas comme toi Bella. Tout le monde n'est pas aussi honnête et désintéressé que tu l'es. Et peut être qu'ils ne le savent pas encore. Ils croient sans doute qu'ils s'aiment mais fais-moi confiance, leur couple ne tiendra pas. En tout cas pas comme le tien avec ce charmant policier." Termina Alice avec un sourire débordant de sous-entendus. Bella rougit.
- "Nous ne sommes pas en couple." Contra-t-elle. "Enfin pas encore". Ajouta-t-elle avec un demi-sourire. Alice poussa un cri enthousiaste. "Et puis comment tu peux connaître notre potentiel alors que tu ne le connais même pas?" Demanda-t-elle. Alice sourit.
- "Pas besoin de le connaître. Il suffit de te regarder." Bella leva un sourcil inquisiteur et Alice précisa. "Tu as parlé de shopping Bella. De shopping! C'est la première fois que je t'entends prononcer ce mot. Ce type est mon héros." Bella grogna.
- "J'ai simplement fait part de ma possible envie de m'acheter de nouveaux vêtements. Ça ne veut absolument pas dire que j'aime le magasinage."
- "Mais tu t'es enfin décidée à te comporter comme une vraie fille. Je savais qu'il ne fallait pas perdre espoir."
- "Tu es vraiment agaçante." Dit Bella.
- "Mais tu m'adores." Sourit Alice. "Parce qu'à partir de maintenant, c'est moi qui vais m'occuper de ta façon de t'habiller."
- "Certainement pas!" S'offusqua Bella. "Je suis assez grande pour m'habiller toute seule. Et je n'aime pas les jupes, ni les robes."
- "Oh parfait." Fit Alice. "Amène-toi au parc demain avec un pull over gris et un pantalon mal lavé, on verra ce qu'il dira." Bella se renfrogna.
- "Comment sais-tu qu'il viendra?"
- "Il te l'a fait comprendre non?"
- "Oui mais il peut avoir un empêchement. On ne sait jamais, il peut même avoir changé d'avis." Remarqua Bella.
- "Serais-tu par hasard en train de chercher une excuse pour te défiler?" Pointa Alice.
- "Pas du tout." Mentit-elle. Alice pouffa.
- "T'es vraiment une piètre menteuse, Isabella Swan."
- "La ferme, Brandon." Ronchonna Bella. "Si tu veux tout savoir, j'ai peur."
- "Encore?" S'exclama-t-elle. "Mais t'as toujours peur, toi. T'es vraiment une froussarde de première catégorie, ma parole."
- "Oh, ça va." Râla Bella. "Tu crois que ça me plaît? J'ignore pourquoi mais à chaque fois qu'on parle de lui, j'ai peur."
- "T'as peur de quoi, de tout faire rater?" Bella hocha la tête.
- "J'ai peur à chaque fois que je dois le revoir parce que j'ai pas envie qu'il me repousse." Alice soupira et secoua la tête d'exaspération.
- "Bella, Bella, Bella. Il faut que t'arrêtes de devenir parano. Et même s'il te rejetait? Qu'est-ce que ça peut bien te faire, hein? Ça voudra juste dire que ce n'est pas le bon et que tu devras chercher ailleurs." Bella baissa les yeux. Penser au fait de devoir chercher quelqu'un d'autre ne l'enchantait pas.
- "Ça me ferait mal." Avoua-t-elle. "Je ne sais pas pourquoi mais… Le fait que ce soit lui qui me rejette, ça me ferait mal."
Elle releva les yeux vers son amie qui affichait un énorme sourire mystérieux. "Quoi?" Demanda-t-elle, curieuse de savoir pourquoi Alice la regardait avec ce sourire. Cette dernière se mit à rire légèrement.
- "Rien du tout." Bella fronça les sourcils.
- "Alors pourquoi tu souris comme ça?"
- "Pour rien." Nia-t-elle. Puis elle se leva du lit en rigolant. "Bonne nuit Bella. Fais de beaux rêves." Dit-elle en lui faisant un clin d'œil avant de sortir de la chambre. Alice pouvait se rassurer, Bella n'avait aucun doute quant aux merveilleux rêves qu'elle allait faire…
Bella était anxieuse. Elle se trouvait au même parc qu'hier depuis une bonne vingtaine de minutes, à la même heure, assise sur le même banc. Elle se demandait s'il allait venir ou si elle s'était fait des films. « Peut être que… Peut être que tu auras à nouveau envie de méditer ici demain après-midi? » Avait-elle demandé. « Peut être que toi aussi » avait-il répondu. Quand elle y réfléchissait bien, cela ne voulait peut être pas dire qu'il allait venir. En réalité, cela ne voulait même rien dire du tout. C'était quoi cette réponse? Il aurait au moins pu dire peut être que oui, ou non tout simplement.
Peut être que toi aussi… Il avait carrément détourné la question, là. Pourtant lorsqu'il avait répondu cela hier, Bella avait vraiment eu l'impression que c'était une façon de dire oui, je te retrouverai ici demain. A présent qu'elle y réfléchissait, elle avait le sentiment qu'elle était complètement à côté de la plaque. Elle sentait que ce Edward Cullen aimait bien la faire tourner en bourrique. C'était exactement comme le fait qu'il l'avait invitée à sortir, mais qu'il ne lui avait toujours pas dit où, et quand.
Elle se demandait s'il n'était pas en train de jouer avec elle, finalement. Elle n'aimait pas cela. Bella avait pour la première fois, le sentiment que tout lui échappait. Elle ne contrôlait rien et ça lui faisait peur. C'était lui qui menait la danse apparemment. Il se pointait comme un cheveu sur la soupe, au moment qu'il choisissait, il l'embrassait quand il voulait, faisait d'elle ce qu'il voulait en gros. D'un certain côté, le fait qu'il la possédait la ravissait. De l'autre coté, elle détestait dépendre de quelqu'un. Car c'était ce qu'elle était devenue, dépendante. La preuve, elle était ici, en train d'attendre, probablement en vain, qu'il se pointe, alors qu'il ne lui avait même pas affirmé qu'il viendrait. S'il ne venait pas, elle serait en colère. A la fois contre lui, parce qu'il lui avait fait espérer, et parce qu'il faisait tout à sa façon, sans se préoccuper d'elle. Et à la fois en colère contre elle-même, pour se laisser avoir et pour être aussi naïve.
Soudain elle réalisa. Après tout, elle aussi avait le contrôle. C'était elle qui était venue le voir dans son bureau et qui lui avait donné un ordre. Et c'était également elle qui avait eu le pouvoir de décider si oui, ils auraient un rencard. Quoi qu'il ne lui avait pas réellement laissé le choix puisqu'il avait clamé que non, n'était pas une réponse envisageable… Pourquoi se damnerait-elle à l'attendre dans l'ignorance de savoir s'il viendrait ou non? Il était hors de question qu'elle le laisse prendre le dessus sur leur « relation ambiguë ». Il fallait qu'elle ait le pouvoir. Et la première chose à faire pour avoir le contrôle, était de ne pas poireauter comme une idiote sur un stupide banc dans un pauvre parc.
Sur cette déclaration mentale, elle se leva avec une nouvelle assurance et une détermination dont Alice aurait été fière.
Personne ne régentait la vie de Bella Swan. Pas même un apollon tout droit sorti du magazine Vogue avec des allures de James Dean, un sourire à faire damner un saint, des yeux à s'en arracher la voix, des cheveux capables de faire chanter son clitoris rien qu'en passant la main dedans, une façon de marcher qui rendrait fou de jalousie les plus grands mannequins… un corps sublime… Un don pour te faire jouir de manière incommensurable…
Bella se sentait soudainement humide, rien qu'en pensant à lui. Comment faisait-il pour mouiller son intimité alors qu'il n'était même pas là? Elle se donna une claque mentalement pour se forcer à se concentrer et à se rappeler ses résolutions. Contrôle Bella, contrôle… Pouvoir, obstination, détermination, voila le nouveau credo de Bella Swan.
C'est dans cette optique, qu'elle prit la direction de la sortie du parc.
Naturellement, toutes ses résolutions tombèrent à la flotte, lorsqu'elle le vit devant elle, les mains dans les poches de son jean, la regardant avec son sourire en biais. Bénissez le seigneur pour avoir créé un être aussi divin…
- "Tu peux me dire pourquoi tu as la bouche ouverte?" Sa voix de velours sortit Bella de ses rêveries et de sa contemplation.
- "Pardon?" Demanda-t-elle, n'ayant rien entendu.
- "Tu as la bouche ouverte et les yeux dans le vide depuis tout à l'heure." Bella se mit à rougir de façon grotesque et se fustigea mentalement. Avait-elle gardé sa béatitude durant tout ce temps? Pauvre idiote… Il doit te trouver cinglée…
- "Vraiment? Je ne m'en suis pas rendue compte." Fit-elle sottement. "Contente que tu sois venu." Changea-t-elle de sujet rapidement.
- "Je t'avais dit que je viendrais non?" Demanda-t-il en arquant un sourcil.
- "Bah en fait, tu l'avais pas dit. T'avais seulement supposé que moi, je viendrais."
- "Parce que toi, t'avais supposé que moi, je viendrais." Rétorqua-t-il avec amusement.
- "Oui, mais tu ne m'avais quand même pas dit si tu viendrais ou pas."
- "Toi non plus."
- "C'est moi qui aie lancé le sujet." Contra-t-elle. "C'était sûr que j'allais venir."
- "Donc t'es en train de dire que tu es venue, sans même savoir si moi, je serais là?" Le visage de Bella devint livide. Tu vois? Même lui te trouve pathétique…
- "Bah… Disons que… On peut dire ça." S'avoua-t-elle vaincue. Mais qu'est-ce qui cloche chez toi? Où est passé ton nouveau credo, pouvoir, contrôle et assurance?
Elle le regarda qui souriait.
- "Une chance pour toi que je sois venu, dans ce cas." Elle secoua la tête.
- "Non, une chance pour TOI que tu sois venu. Je t'aurai rendu la monnaie de ta pièce sinon." Il éclata de rire, d'une façon incroyablement sexy.
- "Quelque chose me dit que je ne dois pas m'attirer les foudres de Bella Swan." Confessa-t-il en souriant et en faisant battre le cœur de Bella à une vitesse anormale. Celle-ci tenta un sourire mal assuré.
- "Quelque chose me dit que tu as raison." Répondit-elle sans la moindre assurance.
- "Allez viens." Dit-il en passant un bras autour des épaules de Bella, sous l'étonnement le plus complet de celle-ci. "Je n'ai pas envie de te faire attendre plus longtemps." Elle sourit maladroitement, se retenant par tous les moyens de sautiller en l'air et de crier "Ô joie".
Ils passèrent l'après-midi à marcher et à discutailler de choses personnelles. Edward avait posé mille et une questions à Bella sur son enfance et étrangement, elle n'avait pas hésité à lui en parler. Elle s'était confiée sans aucune barrière. Elle lui parla du départ de leur mère lorsqu'elle avait six ans, de son excellence à l'école, de son cancre de frère et de ses nombreuses altercations avec le principal, ainsi qu'avec la police, de sa meilleure amie pleine d'engouement, de ses pauvres relations amoureuses, et enfin, de son père protecteur et casanier. Elle n'oublia pas de citer sa rupture brutale avec Jacob Black, son unique histoire d'amour sérieuse.
Bella trouvait sa vie dénuée d'intérêt et n'arrivait pas à comprendre pourquoi il s'y intéressait, mais en voyant son visage qui ne démordait pas de curiosité, elle avait l'impression que ce qu'elle racontait était palpitant, ce qui la poussait à continuer. Ce qui rendait Bella joyeuse, c'est que pas une seule fois, il n'avait retiré son bras de ses épaules. Elle avait l'impression de former un couple et cette pensée la mettait vraiment de bonne humeur. Seulement lorsqu'elle en arrivait à la fin de sa pauvre petite vie, elle se rendit compte que lui, n'avait toujours rien dit à propos de lui.
- "Et toi? Tu ne m'as pas parlé de toi." Elle vit son regard se rembrunir.
- "Ce n'est pas très intéressant." Bella fronça les sourcils.
- "Je t'ai parlé de mon petit ami qui puait du bec, tu pourrais au moins faire un effort." Cette phrase le fit rire légèrement mais son regard était toujours assombri. "Je suis sûre que ta vie doit être beaucoup plus intéressante que la mienne." Continua Bella. Edward se tourna vers elle avec incompréhension.
- "Qu'en sais-tu?"
- "Tu es le fils de Carlisle et Esmée Cullen." Répondit-elle avec évidence. Il se tendit. "Ils font partis des gens les plus fortunés du monde entier. C'est bien plus passionnant que ma petite vie sans intérêt."
- "Comment tu as su ça?" Demanda-t-il sur la défensive.
- "C'est mon père qui me l'a dit." Elle le vit plisser le front et craignit alors d'avoir dit une bêtise. "Ne te méprends pas." S'empressa-t-elle d'ajouter. "Ce n'est pas sa faute. J'avais vu la photo de ton père dans le journal, et son nom m'a rappelé le tien alors… Mais n'en veut pas à Charlie, s'il te plaît." Il émit un faible sourire pour la rassurer.
- "Je ne lui en veux pas, ne t'inquiète pas. C'est juste que… Ce n'est pas le genre de chose que j'aime avouer."
- "Je ne comprends pas pourquoi. Et puis comment se fait-il que les journaux n'aient jamais parlé de toi? Je veux dire, ils n'hésitent pas à faire parler d'eux dans la presse. Alors comment se fait-il que le fait qu'ils aient un fils ait été mis sous silence?" Edward soupira.
- "Avoir un fils fugueur n'est pas une chose qu'on aime étaler dans la presse." Bella ouvrit la bouche de surprise.
- "Fugueur? Tu… Tu t'es enfui de chez toi?" Balbutia-t-elle incrédule. Il hocha la tête.
- "Il y a quelques années. Tu vois, toutes ces mondanités, c'était leur monde, pas le mien. J'ai toujours détesté le monde des affaires. Et quand je voyais leur avarice, ça me dégoûtait littéralement. Alors j'ai pris mes cliques et mes claques et je me suis barré de cette maison luxueuse, loin de toute cette bourgeoisie étouffante."
- "Qu'est-ce que tu as fais ensuite?" Demanda-t-elle fascinée.
- "Je suis rentré à l'école de police. J'avais envie de faire quelque chose de bien pour les citoyens. Je voulais être utile. Par chance, mon père avait placé une belle fortune pour moi, alors je m'en suis servi pour me débrouiller. J'ai pris un appartement près de Seattle. Mon père a essayé de me retrouver et bien entendu, il y est parvenu. Alors je suis allé à Chicago. Plus je m'éloignais de lui, mieux je me portais. J'ai obtenu le poste d'inspecteur assez rapidement, si bien que je trouvais cela assez soupçonneux. Ce n'est que quelques mois plus tard, que j'ai appris que je l'avais obtenu à cause de mon lien de parenté. J'ai eu envie de démissionner mais je me suis raisonné. Après tout, si ce nom pouvait me servir à quelque chose, pourquoi pas? Et puis j'ai fait du bon boulot jusqu'ici. Enfin je crois."
Bella buvait chacune de ses paroles. Elle l'écoutait de façon totalement admirative. Et après tout ça, il trouvait que sa vie n'était pas intéressante? Elle se sentait complètement ridicule avec son récit minable. "Qu'est-ce que tu as?" Demanda-t-il soudainement.
- "Moi?" S'étonna Bella. "Rien du tout."
- "Pourtant tu avais l'air dépité." Elle rougit. Il arrivait à lire en elle comme dans un livre ouvert. Son frère avait raison, elle était vraiment transparente. Elle baissa les yeux.
- "C'est juste que… Tu as une vie incroyable. Je me sens vraiment insignifiante."
- "Incroyable? Tu trouves que ce que je t'ai raconté est incroyable?" Il ôta son bras des épaules de Bella pour lui faire face et elle sentit comme un vide autour d'elle. Elle avait froid, tout d'un coup. Elle voulait retrouver cette chaleur que son bras et sa proximité lui avaient insufflée. "Bella." Reprit-il sérieusement. "Si j'avais la possibilité d'échanger ma vie contre la tienne, je n'hésiterais pas une seconde. Tu as un père qui t'aime, un frère, des amis autour de toi. Tu es entourée d'amour et de moments joyeux. Moi, je suis seul. J'ai hérité de parents pourris à qui je n'ai pas adressé la parole depuis des années. Je ne vois aucun membre de ma famille, je me suis fait quelques amis en chemin mais c'est tout. A part mon travail que j'apprécie, il n'y a vraiment rien dans ma vie qui soit attrayant. Sauf si bien sûr, tu aimes la solitude."
Bella le regardait droit dans les yeux. Elle arrivait à bien comprendre son point de vue, et pourquoi il n'aimait pas vraiment sa vie. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'être admirative. Elle rabaissa son regard vers ses pieds et lui demanda:
- "Tu regrettes d'être parti de chez toi? D'avoir quitté tes parents?" Il secoua vivement la tête.
- "Non. Avoir mis les voiles quand j'en avais l'occasion est la seule chose dont je suis vraiment fier. Pour rien au monde, je ne retournerai en arrière."
- "Alors pourquoi être revenu dans l'État de Washington?" Demanda-t-elle.
- "J'avais envie de changer d'air. Chicago était trop grand et je dois avouer que certaines personnes me manquaient."
- "Je suppose que tu ne parles pas de tes parents." Il sourit.
- "Tu supposes juste. Je suis retourné à Seattle pour revoir des amis à qui je tenais. Lorsque l'affaire des ours et le meurtre de la jeune fille se sont déclarés, on m'a affecté à Forks. D'ailleurs on sait comment elle s'appelle."
- "C'est vrai? Comment s'appelle-t-elle?" Demanda-t-elle avec curiosité.
- "On a retrouvé une chaîne dans la foret, près de l'endroit où elle est morte. Il y avait son prénom dessus. Apparemment, cette fille s'appelait Heidi. Nous ignorons toujours son nom de famille."
- "Heidi…" Réfléchit Bella. "Ça ne me dit rien. C'est drôle, je connais tous les habitants de Forks normalement."
- "Elle n'était peut être pas de Forks. Quelqu'un l'a peut être amenée jusqu'ici pour nous empêcher de remonter jusqu'à lui." Bella comprenait désormais pourquoi il avait choisi ce métier. Impossible de rivaliser avec son sens de la déduction.
- "Pourquoi ne pas rechercher dans les personnes disparues si une Heidi a été déclarée?" Proposa Bella. Edward sourit.
- "C'est-ce qu'on est en train d'éplucher, actuellement. Tu sais que tu pourrais faire partie de la police?" Plaisanta-t-il. Elle rigola.
- "Non merci. Je suis bien trop gauche pour un métier pareil." Il secoua la tête amusé. Bella reprit son sérieux. "Dis… Tu connais un certain Jasper Withlock?" Edward écarquilla les yeux.
- "Jasper? Comment t'as entendu parler de lui?"
- "C'est compliqué." Éluda Bella. "Mais… Tu le connais bien?"
- "C'était mon meilleur ami avant. Pourquoi cette question?" Demanda-t-il.
- "Ton meilleur ami?" S'étonna Bella. "Pas étonnant que tu n'appréciais pas ton entourage." Murmura-t-elle.
- "Est-ce que tu pourrais répondre à ma question?" S'impatienta-t-il. Bella décida de mentir.
- "J'ai seulement vu sa photo dans le journal." Ce n'était pas vraiment un mensonge, puisqu'elle l'avait vraiment vu dans le journal. "Lui et son frère se sont associés avec ton père et Aro Volturi." Le visage d'Edward sembla s'éclairer de compréhension.
- "Décidément, la vie de la haute société a l'air de beaucoup t'intéresser." Remarqua-t-il avec réserve. "Tu n'aurais pas envie d'être comme eux, par hasard?" Bella s'emporta.
- "Quoi? Mais pas du tout! D'ailleurs, si tu veux tout savoir, je pense exactement la même chose que toi. Ils sont tous pourris et avides d'argent."
- "Eh oh, calme-toi." Dit Edward en levant les mains devant lui. "Je plaisantais. Je ne voulais pas t'énerver en disant cela." Bella se renfrogna. Sa réaction était complètement déplacée mais elle n'avait pas pu s'empêcher de monter sur ses grands chevaux.
- "Excuse-moi." Dit-elle en se mordant la lèvre inférieur. "Mais il faut que je t'avoue quelque chose." Edward fronça les sourcils. "D'abord, je te dois des excuses parce que, quand mon père m'a dit d'où tu venais, j'ai mal réagi et je t'ai placé dans la même catégorie. J'ai même pensé que tu t'étais mis à travailler uniquement pour amasser plus d'argent."
- "Bella…"
- "Non." Le coupa-t-elle. "Je suis vraiment désolée. Je t'ai mal jugé et je te demande pardon." Il la regardait intensément.
- "Je ne t'en veux pas." Consentit-il à dire. "Même si je le voulais, je ne pourrais pas." Bella sourit avant de reprendre.
- "Il y a autre chose." Il attendit patiemment qu'elle trouve ses mots. Lorsque cela fut fait, elle se lança. "Tu sais sans doute que je suis ressortie première de ma promotion?" Il émit un sourire en coin.
- "Ça, je suis déjà au courant l'intello." Fit-il. Elle rougit furieusement devant son sourire ravageur.
- "Enfin bref, mon rêve était d'aller à Dartmouth." Enchaîna-t-elle.
- "L'Ivy League? Ça c'est de l'ambition." Observa-t-il. Elle acquiesça.
- "Quelques semaines avant la fin des examens de fin d'année, j'ai reçu une lettre d'acceptation pour Dartmouth." Edward ouvrit grand les yeux.
- "Bella, mais c'est génial! Pourquoi tu ne l'as pas mentionné tout à l'heure?" Demanda-t-il. Elle baissa la tête.
- "Parce que je n'y suis pas allée." Confia-t-elle. "A la place, je suis allée à la faculté de Seattle." Edward secoua la tête d'incrédulité.
- "Mais pourquoi? Enfin si tu étais acceptée, pourquoi ne pas y être allée? Si c'était ce que tu voulais? C'était ton rêve, non?" Elle releva la tête et prit une grande respiration.
- "Parce que je n'avais pas d'argent." Avoua-t-elle. Un éclair de compréhension passa dans les yeux du jeune homme et il eut un air triste.
- "Je suis désolé." Dit-il sincèrement. "Maintenant je comprends pourquoi tu n'aimes pas les gens friqués." Bella secoua la tête.
- "Oh, ce n'est pas vraiment pour ça. Pas exactement. Tu vois, mon père et mon frère avaient décidé de se cotiser pour pouvoir me payer Dartmouth. Ils avaient réussi à amasser une somme assez consistante, mais cela ne suffisait pas vraiment pour pouvoir y aller. Il me manquait encore pas mal d'argent. Alors j'ai utilisé le dernier recours qui me restait. J'ai demandé un emprunt."
Edward la regarda étonné. Il comprit immédiatement où elle voulait en venir.
- "Tu es allée chez Cullen & Volturi." Affirma-t-il. Elle hocha la tête.
- "Ce fut la seule et unique fois que j'y suis allée. J'avais l'espoir qu'ils pourraient m'accorder un prêt étudiant. Malheureusement je me suis trompée. Mais tu vois, ce n'est pas le fait qu'on m'ait dit non qui m'ait fait mal." Dit-elle. "C'est la façon dont ils l'ont fait." Edward l'écoutait attentivement et attendit qu'elle développe.
"J'avais fait le voyage jusqu'à Washington, exprès pour obtenir ce que je voulais. J'ai d'abord été reçue par un banquier. Il n'a pas été trop méchant au début. Jusqu'à ce qu'il finisse par me rire en pleine figure. J'avais l'impression d'être ridiculisée. Je me suis emportée et j'ai commencé à faire un scandale. Tous les regards se sont retournés sur moi et c'est là que je les ai vu. Aro Volturi et ton père étaient là, en train de discuter, devant la porte d'un bureau. Je ne sais pas ce qui m'a pris à ce moment-là, mais je suis allée les voir sans réfléchir. J'avais cru qu'ils pourraient m'aider et seraient plus gentils avec moi. Surtout que Carlisle venait de Forks."
"Je leur ai expliqué mon problème et je leur ai supplié de m'aider. Je devais vraiment faire pitié, quand j'y repense. Ils se sont regardés l'espace d'un instant, et ont tous les deux éclaté de rire. Pire que le précédent banquier. Aro m'a traitée de pauvre petite enfant qui croit encore au père noël, et Carlisle m'a montré sa Rolex. Il m'a dit que rien qu'avec cette montre, il pouvait me financer la totalité de ma scolarité à Dartmouth, et même à Harvard. Il a recommencé à rire et m'a dit pour finir, que c'était la triste loi de la fatalité. Je n'en croyais pas mes yeux. Ces hommes riaient à mes dépends et étaient en train de m'insulter."
"Alors j'ai piqué une crise. Je les ai traités de tous les noms, injuriés, insultés… C'est lorsque ton père a appelé un vigil que je me suis vraiment sentie humiliée. Le vigile était carrément en train de me serrer les côtes comme si j'étais un catcheur ou un truand. Je leur ai dit que je n'étais qu'une pauvre adolescente de cinquante kilos et qu'ils n'avaient pas besoin d'employer de tels moyens de force. Aro a accepté de me relâcher et m'a ordonné de quitter les lieux, chose que j'ai faite sans hésiter. Quand je suis rentrée chez moi en pleurs, et que j'ai raconté ça à Charlie, il s'est énervé et a tout de suite changé de banque. On pensait que Cullen & Volturi était accessible à tout le monde. Mais depuis qu'ils sont devenus si avares et influents, le prestige de la banque a changé. Aujourd'hui, ils n'acceptent que les bourgeois. C'est pour ça que je les déteste." Acheva Bella.
"Ils ont brisé mon rêve. Ils l'ont détruit sans une once de scrupule. J'avais bossé tellement dur pour pouvoir décrocher une place à Dartmouth. Je ne sortais pas beaucoup, je passais mon temps libre à étudier ou à lire… Pendant que mon frère se tapait des tonnes de nanas, moi je travaillais. De toute façon, au lycée, aucun garçon ne m'intéressait réellement. C'est probablement pour ça que je préférais étudier. Mais quand ils m'ont ris au nez, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir fait tout ce travail pour rien. Je me suis privée de vie social pour rien. Tout ça à cause d'une histoire - ou plutôt un manque - d'argent. Du coup, je me suis retrouvée dans une petite fac simpliste à côté de chez moi. Je sais qu'ils n'y sont pour rien en réalité. Comme l'a dit ton père, c'est la triste loi de la fatalité." Dit-elle avec un piètre sourire. "Mais je ne peux m'empêcher de les blâmer. J'ai besoin de blâmer quelqu'un pour ça et ce sont les seules personnes que j'ai trouvées."
Durant tout son monologue, Edward avait écouté Bella et n'avait pas pu s'empêcher de se sentir extrêmement mal pour elle. Louper son rêve à cause d'une histoire d'argent est vraiment triste et grotesque. Cela prouve à quel point le monde peut être cruel. Surtout envers une personne comme Bella, qui ne méritait certainement pas cela. Au contraire, elle méritait de réussir tout ce qu'elle entreprenait. Elle méritait d'avoir une belle vie, de réaliser ses rêves, d'avoir tout ce qu'elle souhaitait. S'il avait fait sa connaissance plus tôt dans le passé, aucun doute qu'il n'aurait pas hésité à lui donner tout son argent, rien que pour la voir sourire et être heureuse. Parce qu'elle le méritait. Elle le méritait plus que n'importe qui d'autre, et ça, il l'avait su même avant de la connaître.
Il passa son bras à nouveau autour de ses épaules - au plus grand plaisir de Bella - et l'attira vers lui pour une étreinte. Bella avait sa tête appuyée contre son torse et soupirait de bien être.
- "Je crois qu'il faut que je te remercie." Dit soudainement Edward qui venait de se rappeler de quelque chose.
- "Me remercier pour quoi?" Demanda Bella, sans bouger la tête. Elle était trop bien pour bouger.
- "Je n'en suis pas absolument certain parce que tu n'es pas la première qu'ils humilient comme ça… Mais je crois que c'est grâce à toi si j'ai décidé de m'enfuir de chez moi." Bella ne put s'empêcher de relever la tête vers lui.
- "Qu'est-ce que tu veux dire?" Il prit une profonde respiration et répondit.
- "Un jour, quand je rentrais à la maison, j'ai trouvé mes parents dans l'immense cuisine du premier étage. Ils avaient ouvert une bouteille de vin français et étaient en pleine euphorie. Ma mère riait tellement qu'elle avait des larmes qui perlaient aux coins de ses yeux, et je me demandais si ce n'était pas dû aux effets de l'alcool. Mon père était dans le même état qu'elle. Ils riaient sous cape. Je leur ai demandé ce qui les faisait rire autant, et c'est ma mère qui m'a répondu. Elle m'a expliqué que mon père était en train de lui raconter une anecdote croustillante qui s'était passée aujourd'hui. Il s'agissait d'une pauvre adolescente illusionnée qui avait cru pouvoir atteindre l'Ivy League sans argent. Elle m'a raconté une histoire à peu près similaire à la tienne, sauf qu'elle se tordait de rire. Mon père était fier de ce comportement. A la fin, ma mère a dit quelque chose du genre « Les gens sont vraiment naïfs. Ils croient pouvoir s'en sortir avec de l'eau fraîche. Quels imbéciles ». C'est à ce moment là que je ne pouvais plus supporter ça et que j'ai décidé de mettre les voiles. Je les ai regardés tour à tour, j'ai secoué la tête déplorablement, puis je suis monté faire mes affaires, et je suis parti sans me retourner. La maison était tellement grande qu'ils ne se sont même pas aperçus de mon absence. Ils ne m'ont même pas vu partir."
Bella s'écarta soudainement et regarda Edward avec incrédulité.
- "Tu veux dire que la pauvre adolescente illusionnée, c'était moi?" Demanda-t-elle atterrée.
- "Bella…"
- "Ils se moquaient de moi?" Le coupa-t-elle choquée.
- "Je suis désolé. Je te jure que j'ai honte pour eux, même s'ils parlaient de quelqu'un d'autre. Parce que tu sais, tu es loin d'être la seule à avoir subi ce genre de traitement. J'étais là. J'ai vu la façon dont ils traitent les gens. Ils se sentent supérieurs alors ils les humilient cruellement. Je les ai vu faire. Et je suis sincèrement désolé que tu aies eu à subir ça, toi aussi."
Bella observa Edward longuement et lui accorda un piètre sourire pour montrer qu'elle n'était pas en colère. Après tout, il n'y était pour rien.
- "Je suis contente que mon humiliation ait au moins servi à quelqu'un." Dit-elle. Il sourit à son tour.
- "Apparemment on est plus lié qu'on ne le croit. Si j'avais su que j'aurais devant mes yeux un jour, l'adolescente illusionnée qui m'a en quelque sorte, sauvé la vie, j'en aurais pas cru un mot."
- "Je t'ai sauvé la vie?" S'étonna-t-elle. "Si je comprends bien, tu me dois une fière chandelle, dans ce cas." Il émit un rire amusé.
- "Tout ce que tu voudras." Répondit-il.
- "Fais gaffe Cullen. Je pourrais bien te prendre au mot." Répliqua-t-elle.
- "Mais j'y compte bien." Dit-il en se rapprochant d'elle. Elle le regarda s'approcher et son cœur se mit à battre frénétiquement. Son regard d'un vert profond la transperçait de toute part et elle sentait ses jambes flageolantes. Elle passa ses bras autour de sa nuque et se pencha pour l'embrasser lorsqu'il recula légèrement la tête pour l'en empêcher. Bella fronça les sourcils et se sentit rejetée.
- "Qu'est-ce qu'il y a?" Il secoua la tête.
- "Rien, seulement… Le couple derrière moi n'arrête pas de nous fixer."
- "Comment sais-tu qu'ils nous épient si tu leurs tournes le dos?" Demanda-t-elle étonnée. Il sourit.
- "Un truc de flic." Bella tourna légèrement la tête sur le côté pour voir le « couple épieur » et son cœur se serra lorsqu'elle l'entraperçut.
- "Tu les connais?" S'enquit Edward. Elle hocha imperceptiblement la tête.
- "Je t'ai parlé de mon ex-petit ami et de sa copine Rosalie tout à l'heure."
- "Ceux que tu voulais à tout prix éviter à Thanksgiving." Répondit-il. Elle hocha à nouveau la tête.
- "Pourquoi sont-ils ici?" Se demanda-t-elle à elle-même. "Ils n'habitent même pas à Forks."
- "Ça te dérange de les voir?" Demanda-t-il. Elle haussa les épaules.
- "Pas tant que ça, en fin de compte."
Edward fronça les sourcils en se rappelant de quelque chose.
- "Dis… Tu ne m'avais pas dit que ton frère aimait les blondes ?" Demanda-t-il. Elle le regarda curieusement.
- "Si, pourquoi ?" Il secoua la tête.
- "Rien, oublie." Bella fut curieuse de ce qu'il venait de lui demander mais laissa tomber.
Puis une idée lui traversa l'esprit. Elle fit un sourire machiavélique. Edward plissa le front.
- "Qu'est-ce que tu as en tête?" Lui demanda-t-il.
- "Tu as dit que tu me devais une fière chandelle et que je pouvais demander ce que je voulais, n'est-ce pas?" Il la regarda perdu.
- "C'est le cas. Mais où veux-tu en venir?" Bella se mordit la lèvre.
- "Ils nous épient toujours?"
- "Oui." Répondit-il. "Surtout la blonde." Bella sourit davantage.
- "Alors embrasse-moi." Il écarquilla les yeux.
- "Tu m'as déjà demandé ça une fois, tu te rappelles?"
- "Évidemment, pourquoi j'oublierais?" Finalement le credo assurance de Bella n'était peut être pas aux oubliettes. Edward lui rendit son sourire.
- "Tu sais, si c'est ça, la fameuse chandelle que je te dois, je veux bien t'être redevable tous les jours."
Bella eut à peine le temps de sourire de satisfaction et de soulagement qu'il ravagea ses lèvres dans un baiser passionné. Bella répondit instantanément et son corps s'enflamma rapidement. Contrairement au baiser de la veille, celui là était bien moins chaste et beaucoup plus fougueux. Elle fourrageait dans ses cheveux tandis qu'il lui serrait la taille pour la presser contre lui. Elle ouvrit la bouche et leur langue se rencontrèrent et s'entremêlèrent. L'intimité de Bella était déjà mouillée depuis belle lurette mais là, c'était encore pire.
Au bout de ce qui semblait une éternité mais bien trop court, elle s'écarta pour respirer bruyamment.
- "Est-ce qu'ils nous regardent toujours?" Lui murmura-t-elle à bout de souffle. Il secoua la tête.
- "Non, ils sont partis."
Puis il replongea vers ses lèvres et l'embrassa à nouveau. Ses mains passèrent sous son chandail dans son dos, alors que Bella collait son front au sien. Le contact de ses doigts sur sa peau, provoqua chez elle des brûlures à l'endroit où il lui caressait le dos. Il la soulevait légèrement de terre ce qui arracha un gémissement étouffé de la part de celle-ci. En l'entendant gémir, les lèvres d'Edward se firent plus pressantes, si bien que Bella se cambra légèrement pour le rapprocher d'elle. Elle était complètement oublieuse du monde extérieur, de l'endroit où ils se trouvaient, de la raison pour laquelle il l'avait embrassée…
D'ailleurs elle ne se rappelait même plus comment elle s'appelait. La seule chose que son cerveau était capable d'enregistrer, était son affriolant désir de se faire prendre, ici et maintenant. Et Edward n'était pas dans un meilleur état. Il luttait pour réfréner son désir qui n'allait pas tarder à devenir visible. Cette fille aurait sa peau…
Et tandis que Bella était littéralement consumée, Edward lui, avait tout de même un semblant de rationalité pour se rappeler du lieu où ils étaient. C'est-ce qui le fit se stopper. Ça et le fait qu'il se rendait compte que Bella était à bout de souffle et risquait de tomber dans les pommes si elle ne reprenait pas rapidement sa respiration.
Lorsqu'il s'écarta d'elle, elle respira bruyamment et tenta de reprendre son souffle pour cacher sa frustration d'avoir rompu le baiser. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle serait morte pour avoir refusé de s'arrêter. Heureusement que l'un d'entre eux avait un peu de bon sens…
- "Wow…" Fit-elle essoufflée.
- "Ouais, comme tu dis." Murmura-t-il de la même façon. Ils restèrent silencieux quelques minutes, le temps de reprendre leur souffle et leurs esprits. Le temps commençait à s'assombrir, la nuit n'allait pas tarder à faire son apparition. Ils remarquèrent que le parc s'était vidé et que le gardien commençait à virer les gens gentiment. Ils avaient passé tout un après-midi ensemble, à parler pendant des heures, à s'embrasser et Bella avait l'impression que cela ne faisait que quelques minutes. Ce n'était pas assez. Elle ne voulait pas le quitter maintenant. Pourtant elle se raisonna.
- "Il faut qu'on s'en aille." Dit-elle sans engouement. Il hocha la tête, pas plus enthousiaste qu'elle à cette idée.
- "Bella." Commença-t-il. "Qu'est-ce que tu fais ce soir?" Cette dernière retrouva instantanément le sourire.
- "Rien du tout. Pourquoi cette question?" Demanda-t-elle innocemment, comme si de rien n'était.
- "Je crois qu'il est temps que je t'emmène à ce fameux rendez-vous auquel tu m'avais fait languir." Répondit-il. Elle se mit à rire doucement.
- "C'est d'accord." Fit-elle tout sourire. Il sourit lui aussi.
- "Je passe te prendre à sept heures." Dit-il en commençant à s'éloigner.
- "Pas si vite!" Le héla Bella. "C'est moi qui pars en premier, cette fois!" Il rigola mais ne s'arrêta pas. Elle le rattrapa au pas de course et se mit devant lui. "C'est chacun son tour." Dit-elle de manière irrévocable. Il secoua la tête d'amusement mais se plia.
- "D'accord."
- "Merci." Dit-elle en souriant. "Tu ne t'imagines pas à quel point ça fait du bien à mon ego. Sois pas en retard." Conclut-elle avant de se détourner, sous son regard amusé. Cette fille était incroyable…
- "T'as pas bientôt fini de t'agiter dans tous les sens?" Demanda Bella à Alice. Cette dernière était paniquée.
- "Tu ne te rends pas compte Bella. C'est ton premier rencard depuis plus d'un an. Comment fais-tu pour être aussi détendue?" Bella soupira. C'était à se demander qui avait rendez-vous entre les deux.
- "Je ne suis pas détendue, bien au contraire. Seulement je ne le montre pas."
- "Mets ça." Ordonna-t-elle à Bella en lui lançant une jupe en jean, qui lui arrivait juste au dessus des genoux. Bella écarquilla les yeux.
- "Non mais t'es pas bien?" S'écria-t-elle. "Hors de question que je mette ça! T'as vu le temps qu'il fait dehors?" Alice la regarda avec un regard capable de déstabiliser les plus grands tueurs.
- "Écoute-moi bien, Isabella Marie Swan." Bella se mit à trembler. Le fait qu'elle emploie son nom au complet n'était pas du tout bon signe. "Je ne te laisserai pas gâcher le seul rendez-vous que tu as depuis le temps de la préhistoire. Alors tu vas mettre cette fichue jupe, que tu le veuilles ou non parce que crois-moi, ça va barder."
Bella la regarda bouche bée et ne put que hocher la tête avant de s'activer et de mettre cette jupe. Alice sourit de satisfaction.
- "Si j'attrape un rhume, tu en seras responsable." Menaça-t-elle.
- "Tu préfères être enrhumée ou célibataire?" Demanda Alice exaspérée.
- "Je t'ai déjà dit que nous n'étions pas en couple." Râla-t-elle.
- "Ah ouais? Est-ce que tu l'embrasses?" Demanda Alice.
- "Oui mais…"
- "Est-ce que tu couches avec lui?" La coupa-t-elle. Bella rougit violemment.
- "Euh, oui mais…"
- "Est-ce que tu discutes avec lui?" La coupa-t-elle à nouveau.
- "Oui mais…"
- "Alors par définition, vous êtes en couple." Conclut Alice avec un sourire de triomphe, en tapant dans ses mains, sous le regard hagard et incrédule de Bella. Elle tenta de trouver un argument pour répliquer mais aucun ne lui vint.
- "De toute façon, ce n'est pas le fait de ne pas porter de jupe qui le fera fuir." Dit-elle d'une voix mal assurée. "S'il s'intéresse un petit peu à moi, il s'en fichera, que je sois en pantalon ou en culotte." Alice soupira.
- "Bella, Sainte Bella. N'as-tu donc pas compris que les jupes sont faites pour rendre accessible aux hommes, ce qui se trouve en-dessous?"
- "Pardon?" S'exclama-t-elle choquée. Alice se tapa le front.
- "Réfléchis un peu, bon sang. Une jupe est beaucoup plus pratique qu'un pantalon lorsqu'on veut faire des choses… Divertissantes." Finit-elle avec un sourire plus que suggestif et un sourcil levé. "Tu me suis cette fois?"
Bella était abasourdie et stupéfaite. Cette petite brune, pas plus haute qu'un mètre cinquante-six était la personne la plus démoniaque et maléfique qu'elle connaissait. Mais cela la rendait incroyablement gentille et attachante. Quel oxymore…
- "Et en haut, je mets quoi?" Demanda Bella agacée.
- "Ça." Dit-elle en lui tendant un top noir avec les bras dénudés.
- "Cette fois, tu es complètement tombée sur la tête." Constata Bella. "On est à Forks. Pas à Santa Monica, ni à Tahiti."
- "Tu veux lui plaire, oui ou non?" S'exaspéra Alice.
- "Je doute qu'une grippée lui fasse de l'effet." Rétorqua Bella. Alice rit.
- "Au moins avec ça, tu auras une excuse pour te coller à lui." Bella fit mine de réfléchir. Elle n'avait pas tort sur ce coup. L'idée en était même alléchante.
- "Tu es diabolique." Céda Bella. Alice sourit.
- "Je sais. Heureusement que je suis là, sinon tu aurais vraiment fini dans un couvent norvégien."
- "Arrête avec ça. Tu as quelque chose contre la Norvège?" Demanda Bella avec agacement. "Ils ne t'ont rien fait ces pauvres norvégiens."
- "Mais je n'invente rien." Se défendit-elle. "A ton avis, pourquoi la population norvégienne est-elle au plus bas?"
- "J'en sais rien. À cause de le température climatique?"
- "C'est parce qu'il y a zéro reproduction! Ce qui veut dire, pas de sexe du tout. Exactement comme toi, il y a quelques semaines."
- "Ça va, j'ai compris." Râla-t-elle.
- "En plus, c'est pire pour toi parce que eux, ils ont une bonne raison pour ne pas avoir de relations sexuelles. Tandis que toi, tu n'en as aucune."
- "Et je peux savoir quelle est leur raison?" Demanda Bella avec une pointe d'ironie.
- "C'est parce qu'il fait trop froid pour ça". Dit Alice, comme s'il s'agissait d'une évidence. Bella fronça les sourcils.
- "C'est débile. Ils devraient faire l'amour pour se réchauffer." Analysa-t-elle.
Alice et Bella se regardèrent, puis elles éclatèrent de rire toutes les deux en même temps. Leur débat sur la qualité de la vie sexuelle des norvégiens était tellement idiot, que c'en était hilarant. Elles descendirent du premier étage, sans jamais se départir de leur rire.
- "On peut savoir ce qui vous fait rire comme ça?" Demanda Charlie du salon.
- "Crois-moi Charlie, tu n'as pas envie de connaître le sujet de la discussion que l'on vient d'avoir." Répondit Alice. Charlie arqua un sourcil, mais abandonna. Mieux valait ne pas savoir ce qu'elles avaient dans la tête. Bella se sentit soudainement anxieuse. Charlie n'était même pas au courant. Elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était puisque Edward allait passer la chercher. D'ailleurs, comment savait-il où elle habitait?
En voila une question qu'elle lui poserait dés qu'il serait là. Elle sentit un coup de coude et se retourna vers Alice, qui avait apparemment compris que Bella n'avait rien dit du tout à son pauvre père. Elle lui somma de prendre la parole en lui faisant un signe de tête. Bella prit une inspiration et se lança.
- "Euh, Papa?" Appela-t-elle hésitante. Celui-ci se tourna vers elle, du fauteuil où il se trouvait. "Il faut que je te dise que…"
- "Eh Papa!" Cria Emmett en revenant de la cuisine, interrompant sa sœur au passage. "Y a plus de bretzel. Faudra que tu ailles en racheter." Dit-il en s'asseyant sur un second fauteuil, en face de la télé, les bras chargés de bretzels.
- "C'est quoi les bretzels que tu tiens dans ta main, dans ce cas?" Demanda Alice soupçonneuse.
- "Ça ma chère, ce sont les derniers bretzels qui restent, et que je vais engloutir pendant notre film avec Tom Cruise et Jamie Fox. Comment il s'appelle déjà?" Demanda-t-il à son père.
- "Collateral." Marmonna Charlie.
- "Ah ouais, c'est ça." Approuva Emmett.
- "Et tu n'aurais pas la bonté d'en laisser un peu à ton Alice préférée, par hasard?" Demanda Alice avec sa petite moue irrésistible.
- "Je ne connais qu'une seule Alice, et c'est une vraie chieuse." S'exclama Emmett, insensible.
- "Tu n'es qu'un sale glouton." Bouda Alice. "Tu pourrais jouer le rôle de l'ogre à merveille dans le Petit Poucet." Emmett s'esclaffa.
- "Et toi vu ta taille, tu seras le Petit Poucet."
- "Bon, est-ce que je peux en placer une?" Tonna Bella, surprenant Alice, Emmett et Charlie.
- "Pardon." S'excusa Emmett curieux. "J'ignorais que tu voulais faire un discours."
- "J'étais justement en train d'annoncer quelque chose d'important à Papa avant que tu ne me coupes pour des fichus bretzels."
- "On n'insulte pas mes bretzels!" Se plaignit Emmett.
- "Qu'est-ce que tu voulais me dire, Bella?" Demanda Charlie en la regardant.
- "Oui, Bella." Ironisa Emmett. "Qu'as-tu à dire de si important?" Bella sentait tous les regards posés sur elle, et elle se mit à regretter soudainement d'avoir haussé le ton.
- "Euh… Il se trouve que…J'ai un rendez-vous." Acheva-t-elle pathétiquement, en craignant la réaction de Charlie. Celle-ci ne se fit d'ailleurs pas attendre puisqu'il se mit à écarquiller les yeux et à faire une grimace en se renfrognant.
- "Avec qui?" Ronchonna-t-il. Bella répondit avec anxiété.
- "Edward Cullen?" Son ton était tellement mal assuré que cela sonnait plus comme une question que comme une affirmation. Les yeux de Charlie semblèrent finalement s'adoucir, et il soupira de soulagement.
- "Oh, d'accord." Dit-il simplement en replaçant son regard sur le poste de télévision. Bella resta incrédule et complètement pantoise, devant une telle réaction - ou plutôt, un manque de réaction - de la part de Charlie.
- "Quoi, c'est tout?" Demanda-t-elle abasourdie. Il haussa les épaules.
- "Que veux-tu que je te dise de plus?"
- "Bah, je ne sais pas. Tu ne me fais pas ton traditionnel discours de « Tu ne le connais pas » et du « Fais attention à toi, on ne sait jamais »?" Demanda-t-elle. Il secoua la tête.
- "Pour une fois, je trouve que t'as fait un bon choix. C'est un type de confiance alors non, je n'ai rien à en dire. En plus, c'est un flic. Un père ne pouvait pas rêver mieux pour sa fille."
Bella comme Emmett était impressionnée. C'était la première fois depuis toujours, que Charlie ne montrait aucune réticence quant à un garçon avec qui elle sortait.
- "Tu me déçois." Avoua Emmett avec une moue boudeuse. "Je ne pourrai pas assister au fameux interrogatoire humiliant que tu leur fais d'habitude, et où le gars pisse dans son pantalon." Alice éclata de rire.
- "Merci Papa. C'est… Étrange venant de toi, mais… Merci." Balbutia Bella, décontenancée.
- "De rien. Mais fais attention à toi, on ne sait jamais." Dit-il pour faire allusion à ce que sa fille avait dit juste avant.
C'est à ce moment là que la sonnette de la porte retentit. Bella se sentit stressée, comme lors de sa première sortie au lycée.
- "Comment je suis?" Demanda-t-elle à Alice.
- "Mieux, grâce à moi." Dit-elle en souriant. Bella secoua la tête et alla ouvrir la porte en se triturant les mains. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle découvrit un Edward plus beau que jamais, avec une veste en cuir et un jean foncé qui le rendait incroyablement viril. Bella s'octroya un sourire, tandis que son cœur fondait.
- "Salut." Fit-elle rêveuse. Il sourit.
- "Tu ne vas pas avoir froid comme ça?" S'enquit-il. Son sourire disparut et elle prit une teinte rosée.
- "Euh… Non, ne t'inquiète pas pour moi." S'empressa-t-elle de répondre en rougissant, au souvenir de sa discussion avec Alice quant à la raison de l'usage de la jupe. "Entre." Lui intima-t-elle en lui laissant le passage. "Je vais chercher mon sac."
A peine eut-il franchi le seuil de la porte, qu'Alice courut vers lui et lui sauta au cou, sous le regard choqué de Bella.
- "Mon Héros!" Cria-t-elle à l'intention d'Edward, alors que celui-ci était complètement déboussolé. "Je ne te remercierai jamais assez!" Dit-elle en s'écartant de lui. "Au fait, je m'appelle Alice."
- "Oh Seigneur…" Marmonna Bella.
- "Euh… Merci, mais qu'est-ce que j'ai fait au juste?" Demanda Edward étonné. Alice sourit et se tourna vers son amie.
- "Bella le sait. Pas vrai Bella?" Cette dernière pâlit et se retourna pour aller chercher son sac, en tâchant d'oublier ce qui venait de se passer.
- "Alors c'est toi le fameux dépanneur?" Appela la voix tonitruante d'Emmett. Bella se retourna vers son frère et vit qu'il affichait un sourire plus que suggestif. Elle se mit à rougir alors qu'Edward fronçait les sourcils. "En tout cas bravo, t'as su parfaitement bien dérouiller le moteur. N'est-ce pas Bella?" Celle-ci lança un regard de meurtre à son frère. La dernière chose qu'elle voulait, était qu'il se lance dans des allusions de ce genre.
- "C'est vrai que le moteur était bien rouillé." Rajouta Alice. "Combien de temps déjà? Un an?"
- "Ta voiture est rouillée depuis un an?" S'étonna Charlie, déclenchant ainsi le rire d'Emmett. "Je croyais que ton Audi marchait du tonnerre."
- "Euh… C'est-à-dire que…" Baragouina Bella, complètement gênée.
- "Il y a eu une panne de moteur pendant un an." Raconta Alice qui se retenait d'éclater de rire.
- "Mais apparemment Edward a très bien su comment la remettre sur les rails." Enchaîna Emmett en souriant, rendant Bella aussi pâle qu'un flocon de neige.
- "Je crois même qu'elle marche au diesel. Pas vrai Bella?" Sourit Alice.
- "C'est pas vrai…" Soupira Bella en fermant les yeux.
- "Tout va bien alors." Conclut Charlie.
- "A merveille." Répondit Emmett. Charlie qui se souvint de la présence d'Edward se leva subitement pour venir le saluer.
- "Pardon Edward." Dit-il en lui serrant la main. "Comment ça va mon garçon?"
Ce dernier avait un sourire amusé au coin de la bouche. Pas de doute qu'il avait comprit les allusions des deux autres et que cette situation l'amusait. De toute façon il fallait vraiment être idiot pour ne rien comprendre. Ou il fallait tout simplement être Charlie.
Emmett et Alice étaient hilares tandis que Bella ne savait plus où se mettre.
- "Ça va très bien, merci." Répondit-il.
- "Bon, on y va?" Demanda Bella agacée par cette situation. Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer car elle le prit par le bras et avança rapidement vers la sortie.
- "Bonne soirée Bella!" Rigola Emmett avant qu'elle ne claque la porte. Edward n'attendit pas et éclata de rire, alors que Bella se cachait le visage avec ses mains.
- "Tu trouves ça drôle?" S'exaspéra-t-elle en relevant la tête vers lui. "C'était le moment le plus embarrassant de toute ma vie." Edward riait toujours.
- "Tu as vraiment dû en voir de toutes les couleurs avec ces deux là."
- "Je ne te le fais pas dire." Soupira-t-elle. Elle vit son habituel sourire en coin se former sur ses lèvres et il lui caressa la joue avant de l'embrasser chastement, provoquant ainsi des papillons dans le bas-ventre de Bella.
- "Tu vas probablement attraper froid, mais tu es incroyablement irrésistible, ce soir." Lui dit-il avec une voix douce. Bella ne put s'empêcher d'afficher un sourire niais. Après quelques secondes à le regarder, elle tourna la tête sur le côté et faillit tomber à la renverse.
- "Oh mon Dieu!" Cria-t-elle ébahie. "C'est ta voiture?" Demanda-t-elle en désignant une Volvo argentée et sophistiquée. Il hocha la tête.
- "Ravi qu'elle te plaise."
- "Tu plaisantes?" S'écria-t-elle impressionnée. "Elle est incroyable."
- "La tienne n'est pas mal non plus." Complimenta-t-il.
- "C'est un cadeau d'Alice." Expliqua-t-elle. "Avant, j'avais une vieille Chevrolet, plus vieille que mon propre père." Il rit.
- "Heureusement qu'elle t'a acheté cette voiture. J'imagine même pas le bruit qu'elle devait faire."
- "Oh, ne m'en parle pas. Lorsque j'arrivais au lycée, tout le monde était au courant." Dit Bella. "Et les vitres. Elles ne s'ouvraient qu'à moitié." Se rappela-t-elle. "Mais malgré tout, je l'aimais ma grand-mère de camionnette." Il sourit.
- "Ça ne m'étonne pas de toi." Répondit-il. Ils s'avancèrent vers la Volvo et Edward lui ouvrit la portière côté passager. Bella fut surprise.
- "On est gentleman?" Taquina-t-elle.
- "C'est une nécessité dans le monde d'où je viens." Répondit-il sur le même ton. Elle rougit sans raison apparente et prit place dans la voiture.
- "Où est-ce qu'on va?" Demanda-t-elle après qu'il l'eut rejointe.
- "Au cinéma." Répondit-il en faisant démarrer le moteur silencieusement.
- "Au cinéma…" Murmura Bella pour elle-même. "Intéressant."
Elle repensa à la discussion qu'elle avait eue précédemment avec Alice, quant à l'utilité de porter une jupe et de sa commodité pour faire toutes sortes de choses. L'idée soudaine de se retrouver dans un cinéma, dans le noir avec Edward à proximité, et une jupe pratique, mettait Bella dans un état d'esprit euphorique et anticipant.
Note personnelle: Penser à remercier Alice pour ses idées fabuleusement machiavéliques…
- "Combat à mort."* Décréta Bella devant le cinéma. Ils avaient passé la première partie de soirée au restaurant et étaient actuellement en plein conflit pour le choix du film.
- "Combat à mort?" S'étonna Edward. "On ne va pas aller regarder un navet aussi pourri."
- "Et qu'est-ce que tu proposes, Monsieur le cinéphile?" Demanda Bella à Edward en sachant très bien qu'elle refuserait d'aller voir autre chose que ce film-là. Raisons purement stratégiques.
- "Pourquoi pas cette histoire d'amour entre une humaine et un loup-garou?" Proposa Edward.
- "C'est entre une humaine et un vampire." Rectifia Bella. "Le loup-garou est juste un obstacle qui ne fait que se balader torse nu durant tout le film. Et non merci, je ne veux pas d'histoire d'amour."
- "Pourquoi? Je croyais que t'étais du genre romantique."
- "Je le suis." Répondit Bella. "Seulement ce soir, ce que je veux, c'est de l'adrénaline."
- "Et donc, tu veux regarder un film aussi lamentable que Combat à mort?" Déduit-il avec scepticisme. Elle le regarda avec un sourire mystérieux.
- "Je veux des cris, et de l'action." Dit-elle en espérant que le double sens de cette phrase ne se ferait pas sentir. Edward fronça les sourcils amusé.
- "Toi, t'as une idée en tête." Elle fit un sourire innocent.
- "Moi? Pas du tout. Alors, on va le voir ce film?" Demanda-t-elle en haussant les sourcils. Il soupira.
- "C'est toi qui choisis. Mais je suis persuadé qu'on ferait mieux d'aller voir l'autre film. Il fait un carton à ce qu'il parait."
- "T'auras qu'à aller le voir avec Alice. Elle devient folle avec ça, en ce moment." Il secoua la tête avec amusement.
- "D'accord, allons voir Combat à mort." Dit-il en montrant un faux enthousiasme.
Il paya les billets tandis que Bella jubilait intérieurement. Ses critères de sélection pour le choix du film avaient été tout simplement qu'il soit un film nul, bruyant, et dont les spectateurs ne seraient pas nombreux. Chose incroyable, ce film possédait ces trois critères. Ainsi, Edward serait facile à distraire, les sons des coups de feu en tout genre couvriraient n'importe quel son susceptible d'attirer l'attention, et le manque de spectateurs était un atout majeur pour ne pas se faire prendre.
Bella secoua la tête d'incrédulité face à ses pensées grotesques. Si Alice et Emmett l'entendaient… Elle avait l'impression d'être Cruella d'Enfer à cause de tous ces complots et de cette conspiration. Elle ne se reconnaissait plus. Seulement à son plus grand étonnement, cette nouvelle Bella ne lui déplaisait pas. Au contraire, elle la trouvait amusante. Edward lui prit la main pour l'accompagner dans la salle et elle se laissa faire avec joie. Le courant électrique qui passait avec le contact de leur main, était palpable. Cela renforçait encore plus le désir de Bella.
Leur dîner s'était pourtant déroulé en tout innocence. Ils avaient parlé à cœur ouvert, exactement comme dans l'après midi. Edward avait été d'une galanterie exemplaire, ce qui n'était pour lui déplaire. Cela la changeait radicalement du côté rustre et macho d'Emmett et de Charlie. Pour la première fois depuis longtemps, elle s'était sentie respectée et importante. Hormis les yeux de la serveuse qui avaient dévoré son compagnon du regard durant tout le dîner, elle avait passé une soirée parfaite.
Ils entrèrent dans la salle de cinéma qui était peu remplie - pour le plus grand plaisir de Bella - et il se tourna vers elle.
- "Tu as une préférence pour les sièges?" Lui demanda-t-il.
- "Tout au fond." Répondit-elle avec détermination. Il semblait un peu perplexe.
- "Comme tu voudras." Bella se dépêcha d'aller s'asseoir au dernier rang et il la suivit.
- "Tu es sûre que tu ne voulais pas de popcorn?" Demanda-t-il en s'asseyant.
- "Pas besoin, j'ai tout ce qu'il me faut à portée de main." Dit-elle avec un sourire espiègle qui le décontenança.
- "Je te trouve vraiment bizarre depuis qu'on a quitté le restaurant. Tu es sûre que tout va bien?" S'enquit-il, les sourcils froncés. Elle lui sourit.
- "Tout va parfaitement bien. Rassure-toi."
Il n'eut pas le temps d'objecter car les lumières de la salle s'éteignirent et la tension qu'éprouvait Bella s'amplifia. Il passa un bras autour de ses épaules et elle prit appui sur lui, la tête sur son torse et un bras enroulé autour de son ventre. Bonne façon de démarrer… Pensa-t-elle. Soudain, tandis que le film commençait, Bella se sentit tout à coup faiblarde. Elle se sentait incapable de prendre les devants, et sa machination était en train de tomber à l'eau à cause de sa timidité. Il allait falloir qu'elle se reprenne rapidement, car il était hors de question qu'elle sorte de cette salle de cinéma sans avoir eu ce qu'elle désirait…
Le bruit d'un revolver chargé.
- Lâche ton arme.
- Toi, lâche ton arme. Ou je te fais exploser la tronche.
- Vous deux, lâchez votre arme tous les deux ou vous serez deux à vous faire exploser la tronche. Deux nouveaux chargements d'armes consécutifs.
- Mais on s'en tape. Feu à volonté! Des tirs.
- Ah!
Seigneur……………
Combien de temps restait-il avant que ce film pourri ne se termine? Voila une bonne partie qui s'était déjà déroulée et Bella n'avait toujours rien tenté. Mais qu'attendait-elle? Toute cette mascarade, ses efforts et ses plans réduits à néant. Tout ça parce qu'elle n'était pas fichue de se lancer. Pourquoi ne le faisait-elle pas?
Lève la tête et empare-toi de sa bouche! S'ordonna-t-elle. Elle releva la tête vers lui et vit qu'il était appuyé sur son coude, l'air de s'ennuyer à mourir. En plus, lui non plus n'apprécie pas le film. Il pourrait se laisser faire facilement. Et puis c'est un mec. C'est lui qui devrait avoir ce genre de pensées normalement. Peut être qu'il les a. Mais ça tu ne le sauras pas en restant plantée là, à regarder un navet.
Bella fit mine de réfléchir. Après tout qu'est-ce qu'elle risquait? Ce n'est pas comme s'il allait la repousser. Il ne l'avait jamais fait. Et puis comme dit Emmett, jamais deux sans trois. Il fallait qu'elle essaie. Ouais, elle allait le faire. Elle va lui prendre le visage, et se jeter dessus. À la bonne heure! Pensa sa petite voix malicieuse.
- "Edward?" Murmura-t-elle en le fixant. Il tourna la tête vers elle.
- "Hmm?" Elle le regarda quelques secondes, puis remonta son visage vers le sien et l'embrassa fiévreusement, sous l'étonnement de celui-ci. Alléluia! Il était temps… Edward d'abord surpris, répondit gaiement en posant sa main libre sur sa joue. Elle lui mordilla la lèvre inférieure, et le désir d'Edward grimpa en flèche. Leurs langues se rencontrèrent et effectuèrent une danse parfaite, synchronisée et sensuelle. La paume d'Edward faisait des aller-retour de sa joue gauche jusqu'à son épaule, en passant par sa nuque, avec une douceur infinie tandis que son autre main lui caressait le dos. Bella frissonnait en sentant ses mains sur elle.
Elle se rapprochait de lui, jusqu'à finir à califourchon, pressée contre sa virilité qui ne demandait qu'à être soulagée. Bella se ferait un plaisir de s'en occuper d'ailleurs. Le bras de cette dernière remontait vers le cou d'Edward alors que lui, serrait désormais sa taille fortement et passait les mains sous son haut qu'Alice avait «gentiment conseillé ». Bella gémit faiblement et Edward commença à se raidir. Il la repoussa gentiment.
- "Bella. On est dans un cinéma." Dit-il en reprenant sa respiration.
- "Et alors? Où est le problème?" Demanda-t-elle à bout de souffle.
- "C'est un lieu public."
- "C'est notre truc, les endroits publics." Contra-t-elle. Il ferma les yeux pour se concentrer puis les rouvrit.
- "On ne peut pas faire ça ici." Dit-il avec un ton résolu. Bella le supplia des yeux.
- "Dans ce cas, allons dans les toilettes, ils sont juste à côté." Proposa-t-elle Il secoua perceptiblement la tête.
- "Je te respecte trop pour te faire l'amour dans des toilettes." Elle tenta de faire la moue boudeuse qu'Alice lui avait appris et à sa plus grande surprise, cela avait l'air de fonctionner. Elle voyait une lueur d'hésitation dans ses yeux. Elle saisit cette opportunité et commença à l'embrasser dans le cou. Edward ferma les yeux à nouveau. Ses résolutions étaient en train de s'évaporer.
- "Bella…" Soupira-t-il à la fois pour lui demander d'arrêter, et à la fois pour lui intimer de continuer.
- "Edward…" Murmura-t-elle entre deux baisers.
- "Les gens vont nous entendre." Tenta-t-il vainement. Même lui ne semblait pas convaincu.
- "Je saurai être silencieuse." Promit-elle. Elle remonta vers le lobe de son oreille et se mit à le mordiller. Elle le sentit qui tentait d'étouffer un grognement, ce qui la motiva. Il était en train de céder. Même elle, pouvait le deviner. Les mains d'Edward étaient peu à peu, en train de s'activer et de caresser sa peau à nouveau et elle su que c'était gagné. Elle releva la tête vers lui et le regarda avec le regard fiévreux. Edward la regardait de la même façon.
- "Tu vas finir par me rendre fou." Lui murmura-t-il. Elle sourit fièrement.
- "C'est le but." Répondit-elle avant de s'emparer de sa bouche à nouveau. Il caressa l'une de ses cuisses dénudées et remonta lentement vers l'intérieur. Dieu bénisse les jupes! Pensa Bella. Il caressa sa culotte déjà trempée depuis l'époque de la Renaissance, et sourit contre sa bouche en constatant les dégâts. Doucement, il l'abaissa autant qu'il le pouvait tandis qu'elle s'occupait de défaire les boutons de son jean, n'hésitant pas à passer la main sur son intimité durcie à travers le jean. Elle se mit à mouiller davantage. Elle avait l'impression d'être un véritable océan. Un océan brûlant. Elle passa la main à l'intérieur de son boxer, comme il avait fait pour elle et fit une chose qu'elle n'avait fait que très rarement, voir quasiment jamais fait. Elle caressa son sexe du bout de ses doigts.
Bella avait toujours éprouvé un certain malaise à faire ça. Cela la gênait inconcevablement. Le pire était d'y mettre la bouche. Elle ne l'avait encore jamais fait car ça la révulsait. Ça la dégoûtait au plus au point. Mais étrangement, lorsqu'elle commença a effectuer des aller-retour sur le sexe tendu d'Edward, elle éprouvait pour la première fois, un plaisir intense, tout comme lui d'ailleurs. Il luttait pour ne pas grogner. Tout en s'appliquant, elle s'évertuait à rabaisser son pantalon et son boxer. Edward ne pouvait plus tenir, il avait besoin de se déverser en elle. La chaleur de ses petits doigts sur lui, lui procurait un effet incroyable. Soudainement son emprise se fit plus ferme, et elle le tira vers sa propre intimité, lui arrachant un grognement de surprise et d'excitation. Bella sourit, fière de son effet, et également fière de cette nouvelle assurance qui la dépassait complètement.
A la surprise générale, ce fut Edward qui donna le coup de grâce en la prenant par les fesses et en l'amenant subitement sur lui, s'ancrant profondément en elle. Bella ne put s'empêcher de gémir, et Edward la fit taire en faisant ses lèvres plus pressantes contre les siennes. Elle se mouvait sur lui et accomplissait des mouvements du bassin pour le sentir à tous les endroits. Edward qui la maintenait fermement la souleva tout d'un coup pour sortir d'elle, et la ramena subitement sur lui, retournant à l'intérieur d'elle, tandis qu'elle se laissait faire sans la moindre hésitation et qu'elle planta ses ongles dans sa chair, pour se retenir de crier.
Il recommença, la soulevant plus haut, et la rabaissant plus profondément, durant ce qui semblait durer une éternité. Une éternité paradisiaque. Leur ébat dura et dura, jamais Bella n'avait connu une relation physique aussi intense. Jamais un orgasme n'avait été aussi puissant que celui qu'elle était sur le point d'avoir. Edward était dans le même état.
Lorsqu'une explosion bruyante eut lieu sur l'écran de cinéma et qu'ils entendirent le son envahir la pièce entière, leur orgasme aussi explosa, en même temps. Ils ne savaient pas si c'était à cause du - ou plutôt grâce au - film, ou si c'était seulement une coïncidence et que l'orgasme avait eut lieu uniquement parce qu'ils n'en pouvaient plus et qu'ils ne pouvaient plus retenir leur plaisir plus longtemps, mais une chose était sûre, c'était le rapport le plus excitant et le plus fort de leur vie.
A présent ils demeuraient là, elle sur lui, lui sous elle, à tenter de reprendre un rythme normal, de redescendre sur Terre et de retrouver leurs esprits. Bella respirait bruyamment, ne pouvant s'en empêcher. Elle avait l'impression d'avoir couru un marathon et était au bord de l'épuisement tellement elle était essoufflée.
- "C'était incroyable." Tenta-t-elle de dire, entre deux souffles.
- "Et dire que j'ai failli refuser…" Murmura-t-il à bout de souffle, lui aussi. A ce moment là, ils entendirent le générique de fin du film et regardèrent autour d'eux. Ils avaient eu l'impression d'être le centre de l'attention alors qu'en réalité, personne n'avait fait attention à eux. Les gens avaient été focalisés sur le film. Edward reposa Bella délicatement sur son siège et se rhabilla. Bella n'eut qu'à se rajuster.
Quelques minutes plus tard, alors que les gens s'activaient à sortir de la salle, ils étaient occupés à soigner leur présentation.
- "Comment je suis?" Demanda Bella à Edward avec anxiété. Il sourit.
- "Tu as les lèvres gonflées, le visage tout rouge et les cheveux complètement décoiffés. Mais tu es magnifique."
Le cœur de Bella s'accéléra de nouveau. Elle était aux anges. D'habitude, recevoir des compliments la gênait, la dérangeait même. Mais quand c'était lui qui lui en faisait, elle se sentait heureuse. Cet homme la faisait craquer à un point inimaginable. "On devrait y aller." La coupa-t-il de ses pensées. Elle secoua la tête pour revenir au moment présent et vit qu'il s'était levé. Il lui tendit la main pour la relever et elle l'accepta en souriant. Ils se regardèrent longuement, ne pouvant détacher leurs regards l'un de l'autre. Ils étaient dans leur bulle, comme hypnotisés.
Finalement, après ce qui semblait être une éternité, ils se décidèrent enfin à s'extraire du cinéma, bras dessus bras dessous.
- "Tu l'as fais exprès." Déclara Edward, tandis qu'ils marchaient vers sa Volvo. Elle se tourna vers lui avec un sourire plein d'innocence.
- "De quoi tu parles?" Il soupira.
- "Sérieusement Bella. Combat à mort? Dés le moment où tu m'as annoncé que tu voulais voir ça, j'ai tout de suite su que tu avais une idée derrière la tête." Elle fit mine de s'offusquer.
- "Et pourquoi ça? Une femme n'a pas le droit de préférer un film d'action et sanglant, plutôt qu'un film sentimental et romanesque?" Il émit un rictus amusé.
- "Non, pas du tout. C'est juste que je te trouvais trop intelligente et raffinée pour vouloir regarder ce genre de navet." Bella rougit et fut touchée par ses propos. "Mais apparemment," Reprit-il. "En plus d'être intelligente, tu es également une conspiratrice très talentueuse."
- "Tu ne vas tout de même pas t'en plaindre." Défia-t-elle. Il rit.
- "Alors là, pour sûr que je ne vais pas m'en plaindre. Tu viens de me faire vivre la meilleure séance de cinéma de toute ma vie. Il faudrait être complètement dérangé pour se plaindre." Bella sourit malicieusement.
- "La meilleure?" Il la scruta dans le blanc des yeux avec un sourire en coin avant de répondre.
- "Oui, la meilleure. Même si je regrette que tu ne t'y sois pas prise dés que le film commençait. Ça m'aurait évité de devoir me taper toute la première partie. J'ai lutté pour ne pas m'endormir, je te signale." Bella éclata de rire.
- "Sache que j'étais en plein conflit mental durant la première partie du film."
- "Pour savoir si tu devais te comporter sagement ou non, je présume." Elle hocha la tête avec gêne.
- "Je n'y peux rien. Avant que je ne te rencontre, j'étais la fille la plus coincée de la planète. Alors forcément, j'ai eu du mal à me décider. Je redoutais le fait que tu me repousses, d'être embarrassée…"
Il prit son visage en coupe dans ses mains et la regarda intensément.
- "Bella." Annonça-t-il, sérieusement. "Tu n'as pas à te sentir embarrassée, ni gênée avec moi. Je vais te révéler quelque chose que je ne devrais pas, au risque de t'inciter à comploter de nouvelles machinations de ce genre. La vérité, c'est que quoi que je fasse, je ne pourrai jamais te résister. Peu importe tous les efforts que je peux fournir à te repousser, je n'y arrive pas."
- "Alors ne me repousse pas." Murmura Bella, complètement envoûtée et émerveillée par sa déclaration. Il sourit tendrement.
- "Ça fait belle lurette que j'ai abandonné l'idée de te repousser. C'est pour cela que je n'ai pas hésité à céder à Thanksgiving. Et dans la salle de cinéma, même quand j'essayais de refréner nos ardeurs, je savais d'ores et déjà que je cèderai. Je savais d'emblée que même si tu acceptais gentiment de t'écarter et de t'assagir, c'est moi qui t'aurais relancé. Parce que je ne peux tout simplement pas te résister."
Bella était choquée et bouleversée en même temps. C'était la première fois depuis qu'ils se connaissaient, que l'un d'eux faisait part de ses sentiments. Ils avaient toujours éludé cette question, se la posant mille et une fois dans leur tête, sans jamais l'exprimer à haute voix. Bella avait toujours su qu'Edward ne faisait pas les choses à moitié, et de ce qu'elle voyait, il excellait dans ce tout qu'il entreprenait. Et cet aveu était tellement plus intense que toutes les déclarations qu'elle avait connues jusque-là, qu'elle se demandait à quoi ressemblerait sa déclaration d'amour, s'il comptait lui en faire une un jour.
Attendez une minute… D'où est-ce que ça sort, ça? Depuis quand tu anticipes une déclaration d'amour venant de lui? Il n'a jamais été question d'amour entre vous.
Étrange… Bella n'y avait encore jamais pensé. Elle n'avait encore jamais assimilé les mots Edward, amour et avenir dans une même phrase. Elle savait qu'elle adorait passer du temps avec lui, et qu'il était un merveilleux amant. Mais elle n'avait pas creusé plus en profondeur, et elle n'était absolument pas certaine, d'avoir envie de le faire. Après tout, qu'est-ce qu'elle y connaissait à l'amour? Elle n'avait encore jamais été amoureuse non?
Peut être de Jacob Black.
Mais alors, si l'amour ressemble vraiment à ça, toutes les œuvres romantiques littéraires qu'elle chérissait tant, n'étaient qu'un tissu de mensonges, qu'une arnaque destinée à tromper les femmes rêveuses comme elle, à les duper en leur faisant croire l'existence d'un sentiment fort, puissant, irrationnel et indestructible alors qu'un tel sentiment n'existait pas. Si l'amour dont parlaient les livres est le même que celui qu'elle éprouvait pour Jacob, alors il n'était pas aussi incroyable qu'elle le pensait.
Mais à quoi bon se prendre la tête pour un truc pareil? Il n'avait pas parlé d'amour, seulement de désir physique incontrôlable, alors ce n'était pas la peine de dramatiser et de psychanalyser. Le jour où il parlerait d'amour, là elle pourrait commencer à se faire des migraines.
Elle lui sourit émue et se pencha pour l'embrasser chastement, tandis qu'il avait toujours les mains sur ses joues.
Ils étaient très bien comme cela. Ils savaient tout deux que ce qu'ils ressentaient étaient au-delà du désir physique car ils avaient également ce besoin affectif envers l'autre. Mais ils ne savaient pas ce que c'était et pour le moment, ils préféraient ne pas le savoir.
Le trajet en voiture jusque chez Bella fut silencieux. Ils se tenaient la main et étaient perdus, chacun dans ses pensées. A ce moment précis, Bella se rendait bien compte qu'il n'y avait pas que le sexe, qui l'attirait chez Edward. Elle ne serait pas évertuée pas à lui tenir la main, sinon. Elle ne sourirait pas lorsqu'il passa un bras autour de ses épaules. Elle ne voudrait pas sortir avec lui. Elle ne l'embrasserait pas avec douceur, sans arrière pensée. Et elle ne serait pas aussi attentive à chacune de ses paroles, intéressée par tout ce qu'il pouvait lui raconter sur sa vie et son point de vue.
Mais ni lui, ni elle, n'était encore près à se l'avouer. Quelques fois, mieux valait laisser ses pensées et ses sentiments dans l'ombre, dans l'obscurité la plus totale, avant de les ramener à la lumière.
Il se gara en face du porche, et sortit, avant de faire le tour et de lui ouvrir la porte pour qu'elle puisse s'extirper de la voiture. Aucun n'avait envie que ce moment ne s'arrête. Elle s'approcha de lui et passa ses bras autour de son cou.
- "Merci Edward." Murmura-t-elle doucement. Il la regarda avec intensité.
- "Pourquoi?" Demanda-t-il, avec le même volume sonore.
- "Pour m'avoir fait passer une soirée fabuleuse." Sourit-elle. Il se pencha pour l'embrasser et elle soupira de bien-être. Malheureusement elle ne put retenir un bâillement, ce qui interrompit leur baiser et le fit rire légèrement.
- "Rentre chez toi. Tu es fatiguée."
- "Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour le deviner." Plaisanta-t-elle. Il secoua la tête avec son fameux sourire au coin de la bouche. "Quand est-ce que je te reverrai?" S'enquit-elle sérieusement. Il ne se départit pas de son sourire.
- "Probablement plus tôt que tu ne le penses." Elle sourit et se contenta de cette réponse mystérieuse.
- "Bonne nuit Edward." Dit-elle en l'embrassant sur la joue. Après leurs ébats de tout à l'heure, ce baiser semblait bien décalé et hors de propos. Mais pourtant il convenait parfaitement à ce moment.
- "Bonne nuit Bella." Dit-il en la regardant s'éloigner vers la porte de chez elle. Elle lui fit un tendre geste de la main avant de rentrer à l'intérieur.
Il soupira et remonta dans sa voiture, anticipant déjà le moment où il pourrait revoir à nouveau ces beaux yeux chocolat…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire