mardi 13 avril 2010

Excès de Vitesse: Chapitre 11


Chapitre 11: Fray and Hurt

Voilà au moins une bonne trentaine de minutes que Bella était réfugiée dans sa salle de classe, assise contre la porte en laissant couler ses larmes. Elle détestait la situation actuelle. Esmée Cullen s'était révélée pire que monstrueuse. Comment une femme avec un visage aussi angélique pouvait être aussi détestable et odieuse ? Et le pire, était qu'elle adorait ça. (N/Alaiena: Si c'est tout à fait possible)

Bella se sentait complètement paumée et déstabilisée. Qu'avait-elle voulu dire par « Nous ne lui laissons pas le choix » ?

Esmée n'avait pas voulu lui répondre lorsqu'elle lui avait posé la question. Mais le sourire mystérieux qu'elle lui avait accordé lui avait donné la chair de poule. Il l'avait même complètement terrorisé. Elle ne savait pas pourquoi, mais cette phrase sonnait comme une épée de Damoclès, comme un mauvais présage, comme un signe de mort…

Cela la tourmentait. Ne pas savoir de quoi les parents d'Edward étaient capables la mortifiait. Esmée avait dit qu'ils avaient tous les droits. Mais de quels droits parlait-elle ?

Apparemment, sa relation avec Edward ne serait pas aussi facile qu'elle l'espérait. Si les parents s'en mêlaient, alors les choses allaient devenir de plus en plus compliquées. Rien quel'expression qu'avait employée Esmée pour dire qu'ils voulaient l'évincer la rendait morte de peur. ( N/Samy: ba y a de quoi flipper quand même!!!) Elle avait dit qu'ils feraient en sorte de la faire disparaître du paysage. En général, lorsque quelqu'un dit cela, cela signifie qu'il a l'intention de tuer la personne. Mais Bella refusait de croire un seul instant que les Cullen étaient capables d'une telle ignominie. Ils ne pouvaient pas avoir l'intention de la tuer. Ils étaient des monstres, mais pas des assassins tout de même. (N/Sam: Mdr, parano sur les bords, la Bella) (N/Samy: lol j'allais le dire )

Et puis quand elle y pensait, ce n'était pas pour sa vie qu'elle avait peur. C'était pour lui. (N/Alaiena: Rhoo c'est trop mignon)

S'ils ne lui laissaient pas le choix que de la quitter et de revenir vers eux, alors quelles méthodes allaient-ils employer pour le faire plier ? Car même si elle, elle n'était pas très importante et qu'elle comprenait parfaitement qu'il puisse la laisser tomber, elle était certaine qu'il ne retournerait vers eux sous aucun prétexte. Jamais il n'accepterait de les revoir, ni leur pardonner. Et elle était sûre que ses parents en avaient parfaitement conscience. Donc s'ils sont aussi sûrs d'eux, cela veut donc dire qu'ils prévoient quelque chose. Quelque chose de très grave.

Elle commençait à paniquer. Elle ne voulait pas le voir souffrir d'une quelconque manière. Elle se souvenait du moment où il les avait revu. Il avait essayé de paraître détaché et de faire comme si les remarques qu'ils se permettaient ne l'atteignaient pas. Mais elle avait remarqué la peine qu'il avait éprouvée, la déception de ne pas s'être trompé, d'avoir eu raison quant au fait qu'ils n'avaient pas du tout changé. Rien que de se rappeler ce qu'Esmée avait dit, qu'ils n'étaient pas du tout revenus à Forks dans le but de le récupérer la rendait malade. Elle se sentait coupable. Horriblement coupable de lui avoir assuré le contraire alors qu'elle se trompait. Elle lui avait donné de faux espoirs, elle en avait conscience. Et elle ne savait pas du tout comment lui annoncer la nouvelle de ce qui venait de se dérouler.

Comme pour la faire paniquer encore plus, son portable se mit à sonner et elle vit le nom d'Edward s'afficher. Elle prit soudain peur. Qu'allait-elle lui dire ? Elle ne pouvait pas lui parler de cette confrontation. En réalité, elle ne pouvait même carrément pas le voir du tout. Elle ignorait pourquoi, mais elle se sentait incapable de l'affronter, ne serait-ce que pour lui parler.

Cependant elle décrocha au bout de la quatrième sonnerie et prononça un faible « Allô » tellement elle était bouleversée.

- "Bella ? Qu'est-ce que tu fais ? Je t'attends au poste depuis que je sais que tu as terminé." Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Elle avait complètement oublié qu'elle était sensée allée le voir avant qu'Esmée Cullen ne vienne faire son numéro.

- "Oh, excuse-moi mais j'ai préféré rentrer chez moi. Je ne me sens pas très bien." Mentit-elle d'une voix triste.

- "Ça va ? Tu as une voix étrange." S'enquit-il dans le combiné. Elle ferma les yeux en soupirant. Rien qu'en lui disant "allô" et une seule petite phrase, il avait deviné qu'elle n'était pas dans son état normal. Malheureusement elle ne pouvait pas lui expliquer, elle n'en avait pas le courage ni la force.

- "Euh… Oui oui, ça va. Je suis juste un peu fatiguée." Murmura-t-elle faiblarde.

- "Tu veux que je passe te voir ?" Demanda-t-il. (N/Alaiena: Moi je veux bien) (N/Samy : moi aussi!!!!!)

- "Non !" Cria-t-elle sans s'en rendre compte. "Enfin je veux dire, je… J'ai envie d'être seule." Avoua-t-elle douloureusement. Dans un sens, c'était la vérité. Elle avait besoin d'être seule pour réfléchir à tout ça. Dans un autre temps, elle cherchait un prétexte pour l'éviter.

Il y eut un long silence, puis un soupir avant qu'il ne se décide à répondre.

- "Je vois. On se voit demain alors."

- "Oui, c'est ça. On se voit demain." Répondit-elle rapidement, voulant mettre un terme à cette discussion au plus vite.

- "Je t'aime."

- "Moi aussi." Dit-elle avant de raccrocher.

Elle se prit la tête dans les mains et se mit à sangloter pour l'avoir repoussé. Elle n'aimait pas du tout faire cela, elle avait l'impression d'aller contre son cœur. Mais elle n'avait pas la force de le voir. Il la connaissait, il saurait en même pas une seconde qu'il lui était arrivé quelque chose. Et ça elle ne le voulait pas. Tant qu'elle n'aurait pas remis de l'ordre dans ses idées, elle ne pouvait pas l'affronter.

Elle se releva chancelante et déguerpit de cet endroit le plus vite qu'elle le pouvait.

Elle roula jusque chez elle, l'inquiétude lui rongeant les côtes. Qu'allait-il se passer ? Qu'est-ce que les Cullen allaient faire ? Qu'allait-elle dire à Edward une fois qu'elle le verrait ?

Toutes ses questions demeuraient sans réponse. Sans même s'en rendre compte, les mains de Bella tremblaient sur le volant. Elle était éprouvée et torturée. Elle se gara maladroitement avant de rentrer chez elle d'un pas mal assuré.

- "Emmett n'est pas là ?" Demanda-t-elle en se rendant compte qu'il n'y avait qu'Alice.

- "Non, il a dit qu'il avait un truc urgent à faire. Il est probablement allé à la salle de sport." Répondit-elle en secouant les épaules. "Tu as pleuré ?" S'enquit-elle après avoir relevé les yeux sur son amie. Bella ouvrit la bouche de surprise, avant de la refermer et de se braquer.

- "Non, pas du tout."

- "Bien sûr que si ! Je le vois." Argumenta son amie. "Et puis comment ça se fait qu'Edward ne soit pas avec toi ?" Bella sentit ses larmes remonter.

- "Je suis fatiguée et j'ai préféré rentrer directement après le travail." Expliqua-t-elle.

- "Alors pourquoi tu rentres si tard ?" S'étonna Alice.

- "Alice." S'énerva Bella. "Arrête de poser des questions, tu commences à m'agacer." Alice fronça les sourcils d'incompréhension.

- "D'accord, excuse-moi." Fit-elle désœuvrée.

- "Ça te dérangerait de t'occuper du dîner ? Je suis vraiment épuisée et j'ai envie d'aller me coucher."

- "Quoi, déjà ?" S'exclama-t-elle. "Mais tu viens à peine de rentrer et il ne fait même pas encore nuit."

- "J'ai vraiment besoin d'aller dormir." Insista-t-elle. Alice la regarda indécise.

- "Tu es sûre que tout va bien ?" Demanda-t-elle avec inquiétude. Bella hocha la tête avec assurance.

- "Parfaitement. Bonne nuit Alice." Dit-elle en se dirigeant vers les escaliers au pas de course. Alice analysa le temps par la fenêtre et secoua la tête d'incrédulité en voyant le jour qui n'était pas encore couché.

- "Ouais c'est ça. Bonne nuit." Murmura-t-elle ironiquement.

Ce soir là, Bella ne ferma pas l'œil de toute la nuit.

Non pas qu'elle était en forme, bien au contraire elle était exténuée. Mais tous ces nouveaux problèmes la perturbaient et l'empêchaient de dormir. (je connais ça) Elle s'était retournée un nombre incalculable de fois dans son lit tellement elle n'arrivait pas à ôter tous ses soucis de la tête. De plus, l'absence d'Edward jouait beaucoup. Elle commençait à regretter amèrement la façon dont elle l'avait soigneusement évité au téléphone. Il l'avait rappelé durant la soirée pour s'assurer qu'elle allait bien mais elle avait refusé de décrocher. Elle s'était simplement contentée d'écouter son message vocal.

Après l'avoir écouté plus d'une dizaine de fois sans jamais avoir osé le rappeler, elle s'est rendue compte qu'elle était en train de pleurer. Encore.

Elle n'arrivait pas à comprendre d'où venait ce soudain rejet, cette soudaine peur de se retrouver face à lui. Et ce qui la tourmentait encore plus, était le fait que plus elle l'évitait, plus elle avait mal. Ça ne fait seulement qu'une journée et une nuit qu'elle ne l'a pas vu et déjà elle ressentait ce manque et ce vide dans son cœur et autour d'elle. Et ce qui accentuait cette douleur, était le sentiment que ça n'allait pas aller en s'arrangeant.

Et elle avait parfaitement raison. Tout avait empiré le jour suivant.

Déjà, lorsque son réveil sonna, elle grogna du manque de sommeil dont elle avait été victime. Elle se leva à reculons, se prépara avec une vitesse d'escargot, et descendit dans la cuisine avec une tête épuisée par le manque de sommeil et les tourments qu'elle éprouvait.

- "T'en fais une tête. Tu t'es levée du pied gauche ?" Demanda son frère sur un ton moqueur. Elle lui fit une grimace. "Oh, et en plus t'essaies de paraître méchante. Attention, voilà Bella le requin." Ironisa-t-il. (N/Samy: Em toujours là pour la ramener lol !!!)

- "La ferme, tu veux ?" Répliqua-t-elle de mauvaise humeur. Emmett et Alice se regardèrent amusés.

- "C'est étonnant que tu ne sois pas encore prête." Fit remarquer Alice. "D'habitude à cette heure là, t'es déjà en route pour le lycée dans le but de fricoter un peu avec ton amoureux."

Bella lâcha la tasse qu'elle tenait. Par bonheur elle ne se cassa pas. Elle avait complètement oublié le fait qu'Edward serait sûrement là, à l'attendre devant le parking du lycée comme à son habitude. Elle se mit soudainement à paniquer.

- "Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as l'air toute tourneboulée." S'enquit Alice. Bella secoua la tête après avoir ramassé sa tasse.

- "Edward va être là." Dit-elle avec crainte.

- "Et alors ?" Demanda Emmett qui ne comprenait strictement rien, à l'instar d'Alice.

- "Oh merde." Gémit-elle. "Quelle heure est-il ?"

- "Bella, tout va bien ?"

- "Non, Alice. Ça ne va pas."

- "Pourquoi ?" Demanda Emmett. "Ton petit conte de fée ne va pas comme tu veux ?" Plaisanta-t-il. (N/Sam: Qu'on le bâillonne!!!)

Bella écarquilla les yeux d'incrédulité.

- "Tu crois que ma vie est un conte de fée ?" Émit-elle avec une voix basse. Emmett fronça les sourcils. (Emmett est suicidaire c'est clair)

- "Bah avoue quand même que ta vie est plutôt pas mal pour l'instant. Il y en a ici qui ont des vrais problèmes." Répliqua-t-il. Bella s'emporta.

- "Ma vie n'est pas un conte de fée !" Hurla-t-elle en jetant la tasse par terre avec force, si bien qu'elle se cassa cette fois. Puis elle sortit de la cuisine énervée, laissant Alice et Emmett complètement pantois.

- "Mais… Mais qu'est-ce que j'ai dit ?" S'inquiéta Emmett perdu. Alice secoua la tête, ne comprenant strictement rien à ce qu'il venait de se produire.

…………

Bella roulait en direction du lycée à la vitesse d'une limace. Elle faisait tout pour arriver le plus tard possible, espérant ainsi éviter toute conversation avec lui. Elle arriva sur le parking, quelques minutes avant le début des cours et se sentit soulagée. Au moins comme ça, elle aurait une bonne raison pour éviter de lui parler.

Elle se sentit aussi très mal. Imaginer l'éviter la blessait quelque part. Elle n'aimait pas devoir faire ça quand sa seule envie était de se jeter dans ses bras. Elle inspira en fermant les yeux avant de les rouvrir. Il était là, comme d'habitude, l'attendant avec les sourcils froncés. Il devait sans doute être étonné qu'elle ne soit pas venue plus tôt. Il est vrai que normalement, elle arrivait dix fois plus tôt que ça pour pouvoir passer autant de temps que possible avec lui. Là c'était différent. Elle avait tout fait pour retarder ce moment et le raccourcir au maximum.

Lorsqu'il remarqua la voiture de Bella, il se dirigea vers elle alors qu'elle sortait.

- "Comment ça se fait que tu arrives à cette heure là ? D'habitude t'es toujours là avant moi." Demanda-t-il surpris. (N/Alaiena: Encore raison. Bravo Eddy) Elle haussa les épaules.

- "J'ai eu une panne de réveil. Excuse-moi, faut que j'aille donner mes cours." Dit-elle en passant devant lui. Il la retint par le bras et la fit se retourner vers lui.

- "Bella." Commença-t-il avec sérieux. "Est-ce que par hasard, tu serais en train de m'éviter ?" Elle déglutit face à leur proximité et à son regard si intense.

Il était en train de lui faire tourner la tête et de lui faire perdre ses esprits. Il fallait qu'elle se ressaisisse et qu'elle s'éloigne de lui si elle ne voulait pas succomber.

- "Pas du tout." Mentit-elle avec difficulté.

Pour une raison qui lui était encore inconnue, elle avait énormément de mal à lui mentir. Elle n'aimait pas du tout cela, ça lui faisait horriblement mal. Pire que si elle devait mentir à quelqu'un d'autre.

- "Alors pourquoi tu fais en sorte de venir juste au moment où les cours commencent ? Et pourquoi tu n'as pas décroché hier quand je t'ai appelé ?"

- "Je te l'ai déjà dit. Je suis fatiguée. Je me suis couchée tôt hier et ce matin, j'ai eu du mal à sortir du lit. Ça arrive à tout le monde." Affirma-t-elle avec aplomb. Edward la regarda avec inquiétude.

- "Pourtant tu n'as pas l'air plus reposée. Au contraire, tu as l'air encore plus épuisée." Bella dégagea son bras brusquement de sa prise et tenta d'arborer un visage ferme.

- "Je vais être en retard alors laisse tomber et va travailler."

- "Bella, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu me rejettes comme ça ?" Demanda-t-il sérieux. Elle s'emporta.

- "Tu m'énerves Edward. Alors pour l'amour du ciel, fiche-moi la paix !" Lâcha-t-elle.

Il la regarda étonné et blessé par sa réaction, tandis qu'elle tentait tant bien que mal de refouler la douleur et la peine qu'elle éprouvait en pensant à ce qu'elle venait de faire. Elle vit l'air d'incompréhension et d'énervement qu'il arborait et ça lui fendit le cœur.

- "Comme tu voudras." Rétorqua-t-il acide. "Lorsque tu te seras enfin décidée à me parler, fais-moi signe."

Il se détourna brusquement et s'en alla, la laissant plus mal en point que jamais. (N/Sam: voila comment Dark Esmée gagne sans même avoir lâché les hostilités pffff)

Elle voulut le rattraper, l'appeler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle essayait pourtant. Mais c'était comme si elle n'avait plus de cordes vocales. Sa voix lui manquait. Elle n'arrivait pas à émettre le moindre son. C'était la première fois qu'elle le voyait énervé. Elle l'avait blessé et elle s'en voulait profondément. Jamais il ne lui pardonnerait la façon dont elle venait de se comporter. Elle eut envie de s'effondrer et de pleurer à chaudes larmes.

La sonnerie annonçant le début des cours retentit et coupa court à ses sombres pensées. Elle se dirigea tristement vers l'enceinte du lycée, quand sa seule envie fut de s'écrouler par terre en réalisant qu'elle venait peut être de perdre l'homme de sa vie.

La journée fut horriblement atroce. Pour une raison que Bella n'arrivait pas à identifier, les élèves – et surtout les filles – étaient extrêmement bavards. Ils étaient tous dissipés et n'arrêtaient pas de chuchoter. Elle n'en fit pas réellement attention car son véritable problème, venait du fait qu'elle venait de rejeter l'homme qu'elle aime et que celui-ci est parti énervé. Le pire était d'ignorer comment elle allait pouvoir réparer ça, sachant qu'elle continuerait à l'éviter. Ce qui la rendait triste, voir accablée, était aussi le fait indéniable qu'il lui manquait et qu'elle avait besoin de sa présence. Cette distance qu'elle avait instaurée entre eux, commençait sérieusement à lui peser. Elle ne serait plus capable de rester loin de lui bien longtemps. Plusieurs fois dans la journée, pour ne pas dire tout le temps, elle avait envie de pleurer. Elle luttait pour garder la tête froide. Angela le remarqua à midi mais ne se permit aucun commentaire.

Lorsque arriva la fin de la journée, elle resta assise dans sa voiture à se demander où elle devait aller. D'habitude, elle allait retrouver Edward au poste, et tout le monde savait Ô combien elle en avait envie. Pourtant après quelques minutes de réflexions et d'hésitations, elle se décida à rentrer chez elle en soupirant de mélancolie. Alice et Emmett la saluèrent avec une certaine réserve à cause de son humeur non chaleureuse du matin, mais elle ne répondit pas et alla s'enfermer directement dans sa chambre, prétextant la fatigue. Dans un sens, elle ne mentait pas puisqu'elle était épuisée, comme l'avait remarqué Edward. Et ça elle le devait à sa nuit blanche de la veille.

Mais encore une fois, elle ne dormit pas cette nuit-là. Elle ne passa pas tout son temps à se retourner dans son lit, au contraire elle n'avait bougé que très rarement. Mais elle n'avait pas arrêté de pleurer jusqu'à ce que son réveil sonne. Et la seule et unique raison qui avait fait qu'elle avait passé sa nuit à verser des larmes, était que pas une seule fois Edward ne lui avait téléphoné. (N/Sam: tu ne peux t'en prendre qu'a toi même!)

...................

Le réveil ne fut pas très dur puisqu'elle avait gardé les yeux ouvert. Mais ils étaient comme vide. Cela faisait deux jours qu'elle n'avait pas dormi et elle commençait sérieusement à tomber de fatigue. Cela pouvait d'ailleurs se lire sur les traits de son visage car lorsqu'elle descendit à la cuisine, Emmett et Alice le remarquèrent et commencèrent à vraiment se faire du souci pour elle. Mais ils ne dirent rien. Bella les avait regardés en leur montrant qu'il valait mieux éviter de lui parler. Charlie était déjà parti comme la veille. Depuis quelques jours, il partait plus tôt au travail. Et quand Bella s'en alla au sien, les deux autres compères se regardèrent avec inquiétude.

Elle arriva au lycée et ne fut pas vraiment étonnée de voir qu'Edward n'était pas là. C'était la première fois depuis qu'ils étaient ensemble qu'il ne venait pas lui dire bonjour le matin. Et cette constatation lui fit atrocement mal. Elle ne s'était jamais senti aussi déçue et triste de toute sa vie. Pourtant c'était elle qui l'avait voulu. Elle se sentit minable. Sa matinée fut complètement gâchée par ses innombrables pensées sombres. Si Edward n'était pas venu aujourd'hui, c'était entièrement de sa faute. Elle avait tout gâché et elle ne savait même pas pourquoi elle s'était comportée comme cela, aussi fuyante. Lorsqu'elle pensa à la possibilité qu'Edward ne voudrait peut être plus d'elle, elle tremblait et se demandait si elle pourrait y survivre.

- "Pourquoi est-ce qu'elles me regardent toutes avec un sourire ?" Demanda Bella à Angela, une fois installées à la cafétéria. Durant toute la matinée, Bella avait senti les sourires des élèves et ça avait eu le don de la rendre plus lamentable encore. Apparemment, tout le monde était heureux sauf elle.

- "Elles croient que vous avez rompu. Ou que vous êtes sur le point de le faire." Répondit Angela.

- "Pardon ?" S'exclama Bella outrée. "Mais c'est n'importe quoi !"

- "C'est parce qu'elles vous ont vu vous disputer sur le parking hier et depuis, elles ne parlent toutes que de ça. En plus, il n'est pas venu ce matin alors elles se font des films." Bella grogna de mécontentement.

- "Franchement, elles n'ont rien d'autre à faire de leurs journées que de déblatérer sur ma vie sentimentale ?"

- "Que veux-tu ? Ce sont des ados en quête de potins."

- "Oui et bien qu'elles se trouvent un autre pigeon parce que moi j'en ai par dessus la tête !" S'emporta-t-elle en se levant avec son plateau.

- "Bella, tout va bien ? T'as l'air un petit peu à cran." S'enquit Angela.

- "Parfait." Répondit-elle sèchement. "Si on me cherche, je suis dans ma classe." Déclara-t-elle avant de tourner les talons.

Une fois arrivée dans sa salle de classe, elle s'affala sur sa chaise et mit ses coudes sur son bureau en soupirant. Elle sentit son portable vibrer dans son sac et le sortit. Apparemment elle avait un nouveau message. Elle appela sa boîte vocale et fut surprise de découvrir qu'il s'agissait d'un message d'Edward.

« Bella, c'est moi. Écoute… Je n'aime pas cette situation. Je ne sais pas ce que j'ai fait de mal mais j'aimerais bien que tu me le dises. Parce que j'ai beau chercher, je ne vois pas du tout ce que j'ai pu faire. Je suis vraiment désolé d'être parti comme ça la dernière fois, j'étais énervé et je n'aurais pas dû. Tu me manques, Bella. S'il te plaît, rappelle-moi. »

Après avoir écouté ce message, elle n'eut pas le courage de l'effacer. Elle fondit en larmes, complètement honteuse. Elle aurait dû deviner qu'il se culpabiliserait et rejetterait la faute sur lui. C'était ce qui la rendait encore plus malheureuse.

- "Bella ?" Appela une voix douce devant la porte. Bella se retourna pour voir Angela qui la regardait avec une mine soucieuse sur le visage. Elle se sentit gênée.

- "Angie… J'ignorais que tu étais là." Dit-elle entre deux sanglots. Angela s'approcha d'elle peinée.

- "Je… Je ne sais pas ce que tu as… Mais si jamais tu as envie d'en parler, je suis là." Bella lui fit un maigre sourire.

- "Merci." Renifla-t-elle. "Mais ça va aller, ne t'inquiète pas pour moi." Angela soupira.

- "Je sais que tu dis ça uniquement pour m'éconduire. Mais si je peux me permettre un conseil, je crois qu'il serait bien pour toi de te confier à quelqu'un. Parce que j'ai comme l'impression que tu gardes tout ça pour toi et à la longue, ça va finir par te ronger de l'intérieur et te détruire. Je ne te demande pas de m'en parler à moi. Seulement de le faire. Parles-en avec une personne en qui tu as confiance et avec qui tu te sentiras à l'aise. Ce n'est jamais bon de tout garder au fond de soi."

Bella hocha la tête, méditant.

- "Tu as raison. Je vais y réfléchir." Angela lui sourit.

- "Tes élèves vont bientôt arriver. Je te conseille de sécher tes larmes avant qu'ils n'arrivent." Bella s'essuya les yeux en reniflant.

- "Je te remercie."

- "Pas de souci." Sourit-elle avant de sortir de la classe.

Bella resta pensive quelques minutes à ce que son amie venait de lui conseiller. C'est vrai qu'elle allait de mal en pis. Et peut être que ça l'aiderait si elle pouvait se décharger de tous ses tourments. Peut être qu'elle a effectivement besoin d'en parler à quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait la comprendre et lui dire exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre.

Elle savait exactement de qui elle avait besoin. Il n'y avait qu'une seule personne avec qui elle pouvait parler de ça librement.

Elle farfouilla dans son manteau et en ressortit un papier avec un numéro inscrit dessus. Kate le lui avait donné avant de lui dire au revoir. Elle le composa et entendit plusieurs sonneries avant un "Allô" dont elle reconnut la voix indéniablement.

- "Allô Kate ? C'est Bella. Bella Swan… Je me demandais… Qu'est-ce que tu fais ce soir ?"

……………

- "T'es déjà rentrée ?" S'étonna son frère en la voyant débarquer à la maison directement après son boulot.

- "Pas pour longtemps." Rétorqua-t-elle. "Je passe juste récupérer quelques affaires avant de repartir." Dit-elle en s'activant et en prenant des affaires qu'elle mettait dans son sac à mains.

- "Pourquoi? Tu vas où ?" S'enquit-il.

- "Je sors." Répliqua-t-elle sèchement. Alice et Emmett se regardèrent incompréhensibles et étonnés.

- "Dans ce cas, passe le bonjour à Edward de ma part." Lui répondit son frère.

- "Ça risque d'être difficile, étant donné que je ne le vois pas." Les deux autres froncèrent les sourcils.

- "Alors avec qui est-ce que tu sors ?" Bella se retourna froidement et excédée vers eux.

- "Je sors avec une amie. Ça vous va comme explication ou je dois vous faire un compte rendu détaillé ?"

- "Ça va, t'énerve pas." Lui dit Emmett. "T'es vraiment sur le qui-vive en ce moment…"

- "C'est qui ?" S'intéressa Alice.

- "Tu ne la connais pas." Répliqua-t-elle en se dirigeant vers la porte pour sortir.

- "Bella, c'est quoi le problème ? Qu'est-ce qui ne va pas ?" Demanda-t-elle. Bella haussa les épaules.

- "Rien du tout, pourquoi tu me demandes ça ?"

- "Parce que t'es de mauvaise humeur, tu passes ton temps enfermée dans ta chambre, tu nous évinces carrément de ta vie. Et apparemment, Edward aussi t'es en train de l'évincer de ta vie. Ça fait combien de temps qu'on ne vous a pas vu ensemble ?"

- "Trois jours." Répondit Bella. "Ce n'est pas si terrible, je ne vois pas en quoi tu en fais tout un drame."

- "Quand on sait de qui on parle, si, c'est terrible." Objecta Emmett. "D'habitude, vous ne pouvez pas vous décoller ne serait-ce qu'une heure. Alors trois jours entiers…"

- "C'était pendant les vacances, Emmett." Contra Bella. "Là, tu oublies le travail, le fait que je sois fatiguée et qu'il a beaucoup de boulot au poste."

- "Comment sais-tu qu'il est occupé puisque tu ne le vois pas ?" Demanda Alice en haussant un sourcil. Bella devint livide.

- "Je… Je parle avec lui au téléphone." Mentit-elle. Alice la regarda avec sarcasme.

- "Tu parles avec lui au téléphone ? Tiens donc, c'est bizarre. Alors comment expliques-tu le fait qu'il ait appelé Emmett tout à l'heure pour lui demander pourquoi tu ne répondais pas ?"

Bella ne sut pas quoi répondre. Elle regarda ailleurs, voulant éviter leurs regards inquisiteurs.

- "Je… Je vais bien, d'accord ? Alors laissez-moi tranquille." Dit-elle en ouvrant la porte de la maison.

- "Pas tant que tu ne nous auras pas dit ce qu'il t'arrive." Contra Emmett.

- "Tout va bien !" Cria-t-elle. "Tout va parfaitement bien. Comme tu l'as si bien dit, je vis un véritable conte de fée." Rétorqua-t-elle méchamment en claquant la porte.

Emmett se tourna inquiet vers Alice.

- "Mais qu'est-ce qu'elle a ?"

……………

Tandis qu'elle conduisait, elle tâchait de ne pas prêter attention à son portable qui sonnait sur le siège passager. De temps en temps, elle jetait des petits regards, hésitant à décrocher. Mais elle se ravisait. Elle savait qu'elle lui faisait du mal. Et elle s'en faisait aussi. Énormément. Ne pas décrocher et l'éviter, c'était exactement la même chose que si elle piétinait son propre cœur. Elle agonisait. La distance qu'elle mettait entre eux était en train de la tuer. Et le pire, c'est que ce n'est même pas une métaphore. Comment pouvait-elle réagir de façon aussi excessive ?

Elle réagissait toujours excessivement, pour ce qui était d'Edward. Rien que le fait de penser son prénom lui faisait une énorme boule dans l'estomac. La façon dont elle lui avait parlé la veille, et comment il était parti… Elle avait l'impression de vivre un véritable cauchemar.

Une fois dans Port Angeles, elle ne mit pas longtemps à trouver le resto où Kate l'attendait, en terrasse. La température était assez douce et le temps était plutôt sans nuage, pour une journée d'hiver dans l'État de Washington. Kate l'attendait avec son manteau à elle sur le dos. Elle avait apparemment commandé un café en l'attendant.

Lorsque Bella descendit de sa voiture et se dirigea vers elle, elle se leva et lui fit un sourire chaleureux.

- "Ravie de te revoir, Bella. Je commençais à me demander si je finirai par avoir de tes nouvelles un jour." Bella lui rendit un sourire mais il n'atteignit pas ses joues.

- "Oh, je suis désolée. J'aurais dû savoir que tu tenais à récupérer ton manteau plus tôt…"

- "Non, pas du tout." La coupa-t-elle. "Je parlais de te revoir toi, pas mon manteau. Tu peux le garder, j'en ai rien à faire." Sourit-elle. Le sourire de Bella réussit à s'agrandir. "Mais je suis vexée. N'y avait-il que la raison de vouloir me rendre mon manteau qui te donne envie de m'appeler ?"

- "Bien sûr que non." S'empressa-t-elle de répondre. Elle resta silencieuse quelques secondes. "Euh… Est-ce que je peux m'asseoir ?" S'enquit-elle en désignant la chaise en face d'elle. Kate se mit à rire.

- "Il vaudrait mieux si tu ne veux pas manger debout." Belle se sentit idiote.

- "Ouais, excuse-moi." Dit-elle en s'asseyant, les yeux baissés vers ses pieds. Kate fronça les sourcils.

- "Qu'est-ce qui se passe, Bella ? Tu n'as pas vraiment l'air dans ton assiette." S'inquiéta son amie. Bella secoua la tête.

- "Rien, ça va je te promets." Tenta-t-elle vainement. Kate ne fut pas dupe.

- "Je ne sais pas si on te l'a déjà dit, mais tu es une très mauvaise menteuse." Elle sourit légèrement.

- "On n'arrête pas de me le répéter."

Au même moment, le portable de Bella se remit à sonner et la boule qui martelait son ventre se reforma. Elle le prit dans les mains et lorsqu'elle vit le nom d'Edward s'afficher, elle se retint de pleurer. Elle refusa l'appel et l'éteignit sèchement et maladroitement avant de le ranger dans son sac. Elle releva les yeux vers son amie et vit qu'elle la regardait avec inquiétude.

- "Pourquoi n'as-tu pas décroché ?" Questionna-t-elle.

- "Ça ne te regarde pas." Répondit-elle.

- "Edward est mon ami alors si, ça me regarde." Répliqua-t-elle. Belle fut décontenancée.

- "Comment sais-tu que c'était lui ?" Kate eut un semblant de sourire sur le visage avant de lui répondre.

- "Vu comment tes yeux se sont illuminés quand t'as regardé l'écran de ton téléphone, c'était facile à deviner. En revanche, c'est la douleur qui est apparue ensuite, que je trouve étonnante."

Bella baissa les yeux.

- "Je ne veux pas t'ennuyer avec mes problèmes…"

- "Bella, c'est en agissant comme ça que tu es en train de m'ennuyer."

Bella lui sourit redevable. Après tout, c'était bien pour ça qu'elle l'avait appelé, non ? Elle ne pouvait plus garder ça pour elle.

- "D'accord." Consentit-elle. "Mais commandons d'abord parce que ça va être dur à digérer."

Et Bella s'évertua à lui raconter ses mésaventures avec la méchante Maman Cullen. Kate l'écoutait avec attention, sans jamais intervenir. Elle ne lui coupa la parole qu'à deux reprises. La première fut lorsque Bella lui apprit qu'Esmée lui avait dit qu'ils voulaient les séparer. La seconde fois fut lorsqu'elle lui parla de la gifle qu'elle lui avait collée.

Kate s'était exclamée et avait félicité Bella.

Ensuite, elle lui fit le récit de la façon dont elle évitait Edward depuis cet évènement. Elle lui raconta à quel point les trois derniers jours avaient été atroces, comment elle avait failli s'effondrer sur place lorsqu'il était parti brusquement, énervé, le nombre d'appels qu'elle avait déclinés, et son sentiment de honte et de mal être qu'elle éprouvait. Puis elle termina par la réelle peur qu'elle ressentait.

- "J'ai peur Kate. J'ai peur de ce qu'ils vont faire. Elle avait l'air vraiment sérieux quand elle a dit qu'ils ne lui laissaient pas le choix. On aurait dit une menace. J'ai peur de ce dont ils sont capables."

Kate la regarda avec un air indéchiffrable sur le visage. Puis elle baissa ses yeux qui reflétaient de l'inquiétude.

- "J'aimerais te dire que tu as tort d'avoir peur, mais ce serait te mentir." (N/Alaiena: L'art de réconforter quelqu'un)

Bella commença à paniquer.

- "Qu'est-ce que tu veux dire ?" Kate la regarda indécise avant de se résoudre à parler.

- "Ils sont capables de tout, Bella. Surtout s'ils ont demandé conseil à Aro." Bella fronça les sourcils d'incompréhension.

- "Aro Volturi ? Pourquoi lui demanderaient-ils conseil pour ça ?"

- "Parce qu'ils ont vécu la même chose." Révéla-t-elle. Bella écarquilla les yeux.

- "Comment ça ?" Kate rapprocha sa tête, comme si elle s'apprêtait à lui révéler un secret.

- "Il y a quelques années, on est tous parti en vacances au Brésil pour une affaire que nos parents étaient sur le point de conclure. Et là-bas, Jane est sortie avec un garçon qui s'appelait Nahuel."

- "Nahuel ? Plutôt bizarre comme prénom." Remarqua Bella. Kate rit légèrement.

- "Je ne te le ferais pas dire ! Enfin bref, tout le monde croyait que ce n'était qu'un amour de vacances, mais ils se sont vraiment rapprochés, bien plus que pour une simple amourette. Jane est devenue complètement folle amoureuse de lui et ils s'aimaient au point qu'il lui a carrément demandé sa main et qu'elle a dit oui."

- "Waouh... Effectivement, c'était vraiment sérieux." S'exclama-t-elle. (N/Sam: j'aurais plutôt dit, Waouh!! Jane a un cœur?????)

- "L'ennui, c'est que Nahuel n'était qu'un pauvre brésilien, vivant avec ses quatre sœurs. Leur père les laisse continuellement pour se faire des conquêtes et leur mère est morte après la naissance de la dernière sœur. Autant te dire qu'ils ne vivaient pas du tout avec de bons moyens."

- "Et les parents ont piqué une crise, j'imagine." Déduisit Bella. Kate hocha la tête.

- « Ils croyaient que ce n'était pas sérieux, donc ils ont laissé faire pour la laisser s'amuser. Mais quand ils ont appris qu'ils étaient fiancés, là ça a vraiment chauffé. Il paraît que Sulpicia est carrément tombée dans les pommes. Au fur et à mesure, les choses ont dégénéré. Aro était furieux, Jane s'est emportée en lui disant qu'il ne pouvait pas comprendre, et Sulpicia essayait de respirer convenablement. Au final, il lui a formellement interdit de revoir le jeune homme. Évidemment, Jane a protesté et a rétorqué que personne ne l'empêcherait de se marier avec lui. Aro l'a menacé et lui a dit qu'elle avait intérêt à faire ce qu'il lui demandait, si elle ne voulait pas que sa vie ne devienne un véritable enfer. Jane ne l'a pas cru et s'est sauvée chez Nahuel, pensant qu'elle pourrait s'en sortir aussi simplement. »

« Mais dès le lendemain, toutes ses cartes de crédits ont été refusées. Tous ses comptes étaient bloqués jusqu'à nouvel ordre. Puis ce fut le rejet dans tous les restaurants. Tous les patrons de n'importe quel resto refusaient de les servir. Ils ont continué en la faisant recaler de toutes les universités, même des plus basiques et lamentables. Mais ils ne se sont pas arrêtés là. Ils s'en sont également pris à Nahuel, ainsi qu'à sa famille. Il s'est fait viré de son travail de barman, et partout où il allait, on refusait de l'embaucher. Ses sœurs ont subi le même sort. Et ils ont également supprimé la bourse qu'il avait réussi à obtenir pour aller étudier aux États Unis. C'était une véritable tragédie pour tout le monde. La famille de Nahuel a vraiment été traînée dans la boue, ils n'y sont pas allés de main morte. Ils ne pouvaient plus aller nulle part. Même leur maison leur a été enlevée. Ils se sont retrouvés à la rue, sans le moindre sou. »

Bella était bouleversée par le récit que lui narrait son amie.

- "Et comment cela s'est-il terminé ?" Demanda-t-elle. Kate haussa les épaules.

- "Un matin, Jane est revenue à la maison et a dit qu'elle avait coupé les ponts avec lui. L'histoire s'est arrêtée là. Elle a retrouvé l'usage de son argent et sa place dans les universités les plus prestigieuses. Elle a récupéré son confort et est redevenue la peste superficielle que tu connais."

Bella n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait.

- "Mais enfin pourquoi elle a fait ça ? Pourquoi n'a-t-elle pas continué à se battre par amour pour lui ?"

- "Nous l'ignorons tous. Certains pensent qu'elle est revenue parce qu'elle ne l'aimait pas assez pour renoncer à ses biens et à sa vie aisée. D'autres pensent qu'elle a abandonné parce qu'elle l'aimait trop pour lui infliger tout ça, parce qu'elle ne voulait pas gâcher sa vie. Mais la vérité, c'est que personne ne saura jamais laquelle des deux raisons est la bonne. Jane n'en a jamais parlé à qui que ce soit et cette histoire n'a plus jamais été remise sur la table, ni évoquée."

- "Et Nahuel ? Il a retrouvé son travail et sa place pour aller étudier aux États Unis ?"

- "Non. Ils ont pu récupérer leur maison et leur vie a repris un cours normal. Mais il n'a jamais récupéré son boulot et il est resté au Brésil."

- "C'est injuste." Protesta-t-elle. "Si Jane l'a laissé tomber, ils auraient dû lui rendre tout ce qu'ils lui avaient pris."

- "Ça ne se passe pas comme ça. Il y a certaines choses qui sont irréparables. Et puis les Volturi ne font pas dans la clémence."

Bella secouait la tête avec déploration.

- "C'est monstrueux d'avoir fait subir un tel traitement à leur propre fille."

- "Oui, je suis d'accord avec toi. Et je peux te dire que depuis ce jour-là, je ne regarde plus Jane Volturi de la même façon."

- "Je n'arrive pas à croire qu'on soit en train de parler de la même fille. Comment a-t-elle pu redevenir aussi hautaine et pourrie après tout ce qu'elle a traversé ?"

- "Je ne sais pas, Bella." Avoua Kate. "Elle a peut être fini par oublier."

- "Edward est au courant de cette histoire ?"

- "Bien sûr." Lui répondit Kate. "Il était encore là à cette époque."

- "Et comment connais-tu tout cela en détail ?" S'étonna-t-elle.

- "Sulpicia en parlait beaucoup à nos mères. Elle était tellement dévastée et désorientée qu'elle avait besoin de se confier, donc pour une fois, personne ne s'est préoccupé de sauver les apparences."

Elles restèrent toutes les deux pensives après cette sombre histoire.

- "J'imagine que tu ne m'as pas raconté ça pour me divertir." Devina-t-elle.

- "Tu n'as donc pas remarqué comme cette histoire est similaire à la vôtre, à toi et Edward ?"

Bella baissa les yeux, mortifiée.

- "C'est pour ça que tu as dit que les parents d'Edward étaient capables de tout s'ils s'en sont référés aux Volturi ?" Demanda-t-elle avec inquiétude.

- "J'ai peur pour vous, Bella. Si Esmée t'a dit qu'il n'avait pas le choix, c'est que vraiment, ils ne vont pas lui laisser le choix."

- "Mais enfin ils n'ont pas le droit ! Il est adulte, ils n'ont aucun droit sur lui." Kate secoua la tête désolée.

- "C'est justement ça le problème. Elle a raison quand elle dit qu'ils ont tous les droits. Je suis désolée d'être réaliste et de te le dire, mais c'est la vérité. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Ils peuvent briser la vie de leur fils en un claquement de doigts. Et ils peuvent briser la tienne en une fraction de secondes."

Bella luttait pour ne pas éclater en sanglots. Elle était tétanisée.

- "Comment on va faire ?" Paniqua-t-elle. "Je ne veux pas devoir me battre contre eux, moi."

- "Je sais. Je suis vraiment désolée." Bella ferma les yeux, tandis que les larmes étaient sur le point de monter. "Regarde-moi, Bella." Ordonna Kate. Elle s'exécuta et vit que son amie la regardait affectueusement. "Je veux que tu saches que… Je ne t'ai pas dit ça pour que tu baisses les bras et abandonnes, d'accord ?"

- "Pourtant, peut être que ce serait mieux si je le laissais tranquille, non ?" Penser à une telle chose lui faisait tellement mal, que même un poignard dans le cœur n'aurait pas été plus douloureux. "Qu'est-ce que je dois faire, d'après toi ?"

- "Je ne peux pas répondre à cette question à ta place. Si tu crois avoir assez de courage et de tripes pour déguster ce que vous allez probablement endurer, alors ne te laisse pas faire et bats-toi pour ton couple jusqu'au bout. Mais si ça ne vaut pas le coup et que tu n'en as pas le courage, alors laisse-tomber."

- "Jane elle a laissé tomber, elle." Fit remarquer Bella.

- "Jane est faible." Contra Kate. "Elle ne le supporte pas quand elle rencontre un obstacle. Elle se sent désarmée. Elle déteste ne pas contrôler la situation et ça la rend vulnérable."

- "Et tu penses que moi, je pourrais le supporter ?"

- "Je ne sais pas. Tu ne peux pas le savoir tant que tu n'as pas essayé." Sourit-elle. "Mais sache une chose, c'est que Garrett et moi, on est là si vous avez besoin de nous. Vous ne serez pas seuls."

Bella lui sourit amicalement.

- "Merci Kate. Merci de me dire la vérité, même si elle n'est pas facile à entendre."

Elle savait qu'elle avait eu raison de lui parler à elle. Alice et Emmett n'auraient fait que la rassurer, tandis que Kate, elle, était honnête et réaliste. Elle ne lui donnait pas de faux espoir, sans pour autant la décourager.

- "Je t'aime bien Bella. Tu sais, j'ai vu la façon dont tu le regardais ce soir-là. Tu avais vraiment l'air de tenir à lui. Et lui aussi, il avait l'air de tenir à toi. Je pense que tu devrais vraiment lui parler. La dernière chose à faire, c'est de t'éloigner de lui et de t'isoler."

Bella soupira amèrement.

- "On devrait y aller." Déclara-t-elle. Kate hocha la tête.

- "Oui tu as raison. En tout cas ça m'a fait plaisir de te revoir."

- "Pour moi aussi." Sourit-elle. Elle sortit son portefeuille mais Kate l'arrêta d'une main.

- "Laisse, c'est pour moi."

- "Tu n'es pas obligée de…"

- "J'insiste." Répliqua-t-elle avec un sourire amical. Ce que Bella lui rendit.

- "Merci."

Kate paya l'addition et elles se levèrent, s'échangeant leurs manteaux.

- "J'ai beaucoup aimé porter le tien." Lui dit Kate. "Très bon goût."

- "C'est ma meilleure amie qui me l'a fait."

- "Elle crée des vêtements ?" S'enquit-elle.

- "Elle fut styliste pour une grosse boîte. Mais aujourd'hui elle habite chez nous et s'apprête à démarrer sa ligne sur internet."

- "C'est génial. Tu me la présenteras ? J'adorerais voir son travail."

- "Pourquoi, tu travailles dans la mode ?" Demanda Bella. Kate se mit à rire.

- "Moi ? Pas du tout, tu te trompes complètement."

- "Qu'est-ce que tu fais alors ?" S'intéressa-t-elle.

- "Je suis avocate." Bella écarquilla les yeux, la bouche complètement ouverte d'étonnement.

- "Tu es avocate ?" Répéta-t-elle incrédule. Kate sourit.

- "Tu verrais ta tête. Qu'est-ce qu'il y a ?" Bella reprit ses esprits et secoua la tête.

- "Rien." Répondit-elle avec un sourire triste. "Je trouve ça merveilleux." Kate fronça les sourcils face à cette réaction.

- "Je te remercie." Répondit-elle incertaine. "Bon, j'espère qu'on se reverra assez vite."

- "Avec plaisir. La prochaine fois, il n'y aura pas de manteau comme excuse." Sourit-elle.

- "Porte-toi bien, Bella."

- "Toi aussi."

Elles se saluèrent et chacune repartit de son côté.

Durant la route qui la menait jusque chez elle, Bella ne put s'empêcher de repenser à l'histoire de Jane Volturi. Elle n'imaginait pas Edward accepter de vivre la même chose pour elle. Pourquoi le ferait-il ? Elle n'avait rien d'exceptionnel, rien qui ne vaille vraiment la peine qu'on se batte pour elle. D'ailleurs à l'heure qu'il était, Edward ne devait plus vouloir la voir, vu comment elle avait refusé tous ses appels et comment elle l'évitait sans raison apparente.

C'est vraiment glauque, ici. Je préférais quand t'avais des pensées roses bonbons finalement.

Tiens, t'es revenue toi ? Ça faisait longtemps. Tu m'as presque manqué, dis donc.

Tu veux savoir pourquoi je ne te sonne plus en ce moment ? Parce que je dépéris ! Ta tête est tellement malheureuse… T'es en train de me tuer avec tes pensées néfastes.

Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je me mette à sauter au plafond parce que la vie est belle ?

Non, mais tu pourrais au moins t'envoyer en l'air, ça te changerait les idées. Et puis ça fait longtemps…

Ça fait pas si longtemps que ça, quatre jours.

Mensonge. Maintenant qu'elle y repensait, quatre jours pour elle, c'était insoutenable.

Tu vois ? J'ai raison. T'as besoin de décompresser.

Dis-donc toi ! Pour qui est-ce que tu te prends ? T'es ma conscience ou ma libido ?

Les deux. On s'est toutes mises d'accord pour dire que t'es complètement à la ramasse.

Tu sais quoi ? Je n'ai rien dit. Tu ne m'as pas du tout manqué. Laisse-moi souffrir en paix.

Étonnamment, sa conscience l'écouta et ce fut à nouveau le silence radio jusqu'à son arrivée à Forks. Elle se gara devant le porche et descendit avec hâte. Il n'était pas vraiment tard. Elles avaient dîné assez tôt. Lorsqu'elle rentra chez elle, elle les découvrit tous les trois en train de regarder la télévision.

- "Je suis rentrée." Fit-elle part de sa présence. Ils se retournèrent tous les trois vers elle avec des yeux curieux et investigateurs. "Quoi ?" Demanda-t-elle agacée.

- "Tu as passé une bonne soirée ?" Demanda Charlie en cachant l'inquiétude qu'il éprouvait. On lui avait parlé de l'état de Bella ces derniers jours et ça l'inquiétait. Sa fille n'allait pas bien et il n'aimait pas du tout ne pas savoir pourquoi.

- "Super." Répondit-elle maussade. "Je vais me coucher." Annonça-t-elle en se dirigeant vers les escaliers.

- "Tu ne veux pas rester avec nous ?" S'enquit son frère. Elle secoua la tête.

- "Non, je suis fatiguée. Une autre fois." Elle commença à monter les marches.

- "Edward a appelé." Entendit-elle Emmett annoncer. Elle se figea.

- "Et qu'est-ce qu'il voulait ?" Demanda-t-elle en tentant de garder une voix neutre.

- "Il voulait te parler. On lui a dit que tu étais sortie."

- "Oh." Fit-elle simplement. "Bon, si c'est tout je vous souhaite une bonne soirée."

Elle détala au plus vite dans sa chambre, ne désirant pas craquer devant sa famille. Elle s'allongea sur son lit, méditant.

Kate lui avait conseillé de ne pas s'éloigner et de lui parler. Mais la vérité, c'était qu'elle avait peur de la façon dont il pourrait réagir. Est-ce qu'il serait énervé ? Est-ce qu'il s'en voudrait ? Est-ce qu'il la rejetterait ? Est-ce qu'il lui en voudrait d'avoir giflé sa propre mère ?

Elle essayait de fermer les yeux et de dormir, mais comme elle s'y était préparée, le sommeil ne vint pas. Pourquoi n'arrivait-elle pas à dormir ? D'accord, cette histoire la tourmentait terriblement. Mais tout de même. De là à en devenir insomniaque, il y a des limites. Elle se mit à secouer la tête de désespoir, sachant très bien que ses tourments n'étaient pas la vraie raison de son incapacité à s'endormir. La véritable raison, était qu'Edward lui manquait.

Profondément. Définitivement.

Il lui manquait d'une telle force que les mots ne sauraient l'exprimer. Et pire encore, elle s'en voulait tellement d'être la fautive et la responsable de cette situation, que ça en devenait insupportable. Elle prit son téléphone dans son sac et l'alluma. Il avait essayé de l'appeler plusieurs fois avant qu'elle n'éteigne son portable. Dans un sens, elle espérait qu'il ait continué à le faire, même après qu'elle l'ait éteint. Lorsqu'elle vit le nombre d'appels manqués venant tous de lui, elle ne put s'empêcher de fondre en larmes. Pourquoi la vie était-elle obligée d'être si compliquée ? Pourquoi rendait-elle tout plus compliqué ? C'était de sa faute si elle était malheureuse. Elle était malheureuse parce que lui aussi, était malheureux. Et elle était malheureuse parce qu'elle était loin de lui. Ses insomnies étaient dues au fait qu'il n'était pas avec elle, près d'elle, la tenant dans ses bras.

Elle devait arrêter de le fuir, arrêter de se comporter comme une égoïste, une pauvre gamine. Elle avait besoin de lui. Si elle continuait à s'obstiner à l'éviter, elle ne tiendrait pas le coup encore très longtemps. Sans lui, sa vie n'avait plus de sens. Elle en était même à se demander comment sa vie avait-elle pu un jour avoir un sens, avant qu'elle ne croise son chemin. Il avait ensoleillé sa vie, fait battre son cœur d'une façon inébranlable. Rien que trois jours de séparation la rendaient faible et dépéri, comme si elle ne s'était pas nourrie depuis des semaines. Son cœur était dépendant de lui. Sans sa présence, elle avait l'impression d'être mourante. Elle était mourante.

Elle se tourna vers sa table de chevet, les larmes toujours dégoulinantes, et regarda longuement le papier qui y trônait. C'était sa contravention. L'essence même de sa rencontre avec Edward. Elle se mit à penser qu'elle devrait peut être l'enlever de sa table de chevet, au cas où son frère ou son père entrait par mégarde dans sa chambre. Il ne fallait pas qu'ils voient ça. Elle le prit dans les mains après avoir reposé son téléphone et l'observa attentivement, allongée sur son lit. Ce fut alors ce qui lui donna enfin le déclic dont elle avait besoin.

Il fallait qu'elle le voie, qu'elle le retrouve, qu'elle se jette dans ses bras, l'embrasse, sente son odeur, entende sa voix…

Elle se leva brusquement, attrapa ses clés, son sac, et se précipita en bas, ne pouvant plus tenir une minute de plus.

- "Où est-ce que tu vas ?" Demanda Alice qui l'avait entendu.

- "Je vais chez Edward." Répondit-elle fermement en prenant une veste. Instantanément, trois sourires se formèrent sur les visages d'Alice, Emmett et Charlie. Ils étaient soulagés et heureux qu'elle se décide enfin à se bouger. (N/Alaiena: Enfin une bonne idée)

- "Tu passes la nuit chez lui ?" Demanda son père, en tentant de cacher sa gêne. Il n'arrêtait pas de se répéter que sa fille était majeure, qu'elle avait plus de vingt ans et que c'était tout à fait normal.

- "Probablement." Dit-elle incertaine. Encore fallait-il qu'il veuille bien d'elle…

- "Bonne soirée alors." Souhaita Emmett.

Elle claqua la porte et s'engouffra rapidement dans la voiture. Elle inspira lentement, comme pour se donner du courage et démarra en trombe.

Durant tout le trajet, elle s'évertuait à chercher des moyens de s'excuser de son comportement. Elle essayait de former des phrases toutes faites, de préparer son discours qu'elle devrait servir devant lui.

Salut Edward. Non tu ne rêves pas, je suis bien vivante.

Nul, trouve autre chose. Lui rétorqua sa voix intérieure.

Je t'avais demandé de me laisser souffrir en paix.

Bah oui mais quand il s'agit de foncer pour récupérer l'homme de ta vie, j'ai l'impression de me retrouver dans une comédie romantique. Il manquerait plus que tu te mettes à courir avec de la musique en fond sonore. (N/Sam: Avec la pluie battante pour faire encore plus cliché ^^) (N/Samy: Et dans un aéroport lol !!!)

Il s'agit de ma vie là. Pas d'une comédie romantique.

Dommage… Les comédies romantiques finissent toujours bien.

Tu insinues que ça ne va pas se terminer bien pour moi, c'est ça ?

Tu viens de dire que ta vie n'était pas une comédie romantique. Donc c'est toi qui insinues que ça ne va pas se terminer bien.

Mais on est la même personne, toi et moi. Donc si je l'insinue, toi aussi.

Pourquoi tu te parles à toi-même ?

C'est toi qui es venue me casser les pieds, je te signale.

D'accord, je repars. Mais en tant que conscience, j'ai le devoir de t'avertir que t'as toujours pas trouvé de bon discours à lui sortir et que t'es arrivée devant chez lui.

Bella réalisa que sa conscience disait vrai. Elle était juste en bas de son immeuble.

Oh merde…

Bon bah moi j'y vais, puisque tu ne veux pas de moi.

Attends ! Et le discours alors ? Qu'est-ce que je lui dis ?

Désolée, je pars en vacances. Trouve-toi une autre conscience de remplacement.

T'as pas le droit de me faire ça ! Une conscience, ça ne se remplace pas !

Dans ce cas, débrouille-toi toute seule…

Elle grogna dans son rétroviseur. Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ? Depuis quand les consciences prenaient des vacances ?

Elle sortit de la voiture et se dirigea à l'intérieur de l'immeuble. Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur mais à peine dix secondes après l'avoir appelé, elle ne tint plus et se décida à prendre les escaliers. Elle se sentait tellement anxieuse et désireuse de le voir qu'elle aurait pu courir un marathon, s'il s'était trouvé à la ligne d'arrivée. Elle monta les trois étages avec rapidité, puis lorsqu'elle arriva enfin devant sa porte, elle se permit de reprendre son souffle. Elle s'empressa ensuite d'appuyer sur la sonnette de la porte sans hésiter une seule seconde.

Elle attendit que la porte s'ouvre mais les secondes défilaient, et il ne répondait toujours pas. Elle réessaya une nouvelle fois, mais toujours rien. Elle se mit alors à paniquer. Elle ne pouvait plus supporter de ne pas le voir. Elle avait besoin de lui, besoin de sa présence, besoin de son odeur…

Elle se mit à tambouriner contre la porte, les larmes commençant à ressurgir. Elle l'appela, tout en cognant à sa porte. Mais pas une seule fois la porte ne s'ouvrit.

Elle commença alors à désespérer et se laissa aller contre la porte, pour finir assise sur le paillasson. Elle ne bougerait pas d'ici, tant qu'elle ne l'aurait pas vu. Les larmes coulaient et elle ferma les yeux, la tête contre la porte. Elle s'imagina alors dans un monde parallèle, où tout le monde est gentil, où le ciel est toujours bleu et ensoleillé, et où ils sont heureux, ensemble, sans aucun problème. Elle se voyait dans ses bras, coupée du monde extérieur, le sourire aux lèvres. Si seulement la réalité pouvait être aussi belle…

Petit à petit, elle se sentit en train de s'endormir. Elle était tellement épuisée par ses nuits blanches et tourmentées qu'il ne fut pas difficile pour elle de rejoindre le monde de Morphée. Elle sentit à peine sa tête toucher le paillasson, qu'elle était déjà endormie. Évidemment, ce ne fut pas un sommeil réparateur puisque le paillasson n'était pas le meilleur endroit pour dormir. De plus, la peine et la douleur qu'elle éprouvait l'empêchait d'être sereine. Elle ne pourrait jamais être sereine tant qu'elle ne serait pas avec Edward.

Puis sans crier garde, alors qu'elle était en train de rêver, elle se sentit décoller de terre. Son corps n'était plus irrité par le paillasson et elle avait l'impression d'être soulevée. Elle voulut ouvrir les yeux mais elle n'y parvint pas, bien trop fatiguée. Elle sentait qu'elle se déplaçait. Ou plutôt, qu'on la déplaçait.

Lorsqu'elle reconnut la chaleur si bienveillante des bras qui la portaient, elle se crut en plein rêve, en train d'halluciner. Il fallait qu'elle en soit sure. Même si elle était déjà certaine que c'était lui, qu'elle était dans ses bras à lui, il fallait qu'elle le voie de ses propres yeux endormis. Alors avec toute la force d'Hercule, elle se força à ouvrir les yeux. Elle clignait plusieurs fois, tellement elle avait du mal. Elle finit par enfin réussir à ouvrir les yeux à moitié, et put distinguer de façon très floue, le visage de l'homme de sa vie qui n'était qu'à quelques centimètres du sien. Elle sentit son cœur battre à vitesse démesurée dans sa poitrine. Elle était dans ses bras, contre lui. Elle avait le sentiment que cela faisait une éternité qu'ils n'avaient pas eu cette proximité, alors que cela ne faisait pourtant que trois jours. Elle voulait rester éveillée mais elle n'y arrivait pas. La fatigue était bien trop forte pour qu'elle puisse la contrer.

- "Edward…" Murmura-t-elle dans une voix ensommeillée.

- "Chut… Je suis là." Entendit-elle sa belle voix de velours lui chuchoter.

Puis elle sentit quelque chose de moelleux contre son dos et les lèvres de son amoureux sur son front, avant de s'endormir réellement, pour de bon, dans un sommeil bien réparateur qu'elle n'avait pas eu depuis des jours. (N/Alaiena: je peux la remplacer dis ?)

……………

Le matin, Bella n'eut aucun mal à se réveiller. Elle se sentait en pleine forme. Elle n'avait pas dormi aussi bien depuis longtemps et se sentait débordante de vie. Elle tâtonna la place à côté d'elle, espérant y trouver l'homme qui fait battre son cœur.

Lorsqu'elle se rendit compte que la place était vide, elle fronça les sourcils et ouvrit les yeux. Edward n'était pas avec elle. Elle était seule dans le lit. Elle commença à paniquer et à s'imaginer toutes sortes de scénarios. Et s'il était trop remonté après elle pour lui pardonner ? Et s'il la quittait ?

En se rappelant de tout ce qui venait de se passer récemment, elle réalisa que ce ne serait pas si facile de se racheter. Elle s'analysa et se rendit compte qu'elle était en sous-vêtements. Une des principales qualités qu'elle avait toujours adorée avec Edward, était sa bonne éducation qui faisait de lui un gentleman d'une galanterie exemplaire. Il aurait pu la déshabiller complètement, étant donné qu'il avait déjà vu ce qu'il y avait en dessous à maintes reprises. Mais non. Il ne se l'était pas permis. Cela la fit sourire, en se demandant pourquoi elle n'était pas étonnée. (N/Sam: même s'il aurait abusé de toi dans ton sommeil, tu ne te serais pas plainte!! pfffff)

Elle entendit la porte de la chambre s'ouvrir et fut soulagée de le voir arriver. Au moins, il ne l'avait pas abandonné. Elle fut surprise de voir qu'il avait un plateau dans les mains. Lorsqu'il leva les yeux vers elle et qu'il vit qu'elle était réveillée, il arbora un visage à la fois doux et indéchiffrable.

- "Je me demandais si tu finirais par te réveiller un jour." Dit-il en posant le plateau sur la table de nuit. Bella se rendit compte qu'il venait de lui apporter le petit déjeuner. Elle écarquilla les yeux face à une telle gentillesse qu'elle trouvait étonnante.

- "Tu m'apportes le petit déjeuner au lit ?" S'étonna-t-elle, incapable de savoir pourquoi il se comportait gentiment avec elle. Il se passa une main dans les cheveux.

- "Euh, ouais. J'ai appelé le lycée pour leur dire que tu serais absente."

- "Tu as quoi ?" S'écria-t-elle abasourdie.

- "Tu avais l'air tellement éreintée… Et puis tu dormais si bien que je n'ai pas voulu te réveiller." Se justifia-t-il. "Au cas où tu ne le sais pas encore, sache qu'il est plus de midi."

Bella ouvrit la bouche d'étonnement.

- "Je… Mais toi alors ?" S'enquit-elle.

- "L'avantage c'est que je suis mon propre patron." Dit-il avec un sourire en coin. "Mais j'ai tout de même appelé ton père pour lui expliquer la situation et que je prenais ma journée pour ne pas te laisser seule."

Bella ne sut que répondre. Elle était incrédule. Jamais elle n'aurait pensé une seule seconde qu'il aurait pu se montrer aussi prévenant et attentionné. Elle avait vraiment honte de la façon dont elle s'était conduite.

- "Tu m'as apporté le petit déjeuner au lit ?" Répéta-t-elle abasourdie. "Tu as pris ta journée pour moi ?" Elle secoua la tête perdue. "Pourquoi ?" Demanda-t-elle. "Pourquoi tu fais tout ça pour moi après la façon dont je me suis conduite avec toi ? J'ai refusé tous tes appels, je t'ai mal parlé… Pourquoi est-ce qu'il faut que tu sois si gentil avec moi alors que je ne le mérite pas ?" (N/Samy : toujours le même discours tais-toi et profite ou donne moi ta place !!!!)

Il soupira en fermant les yeux et en se pinçant entre les deux yeux. Puis il reposa à nouveau son regard sur elle et vit qu'elle se retenait de pleurer, sans savoir pourquoi elle était dans cet état.

- "Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi, Bella ?" S'inquiéta-t-il en éludant les questions rhétoriques de Bella. D'après lui, il n'avait pas besoin de lui répondre. La seule réponse qu'il pourrait lui trouver était qu'il l'aimait.

Bella baissa les yeux.

- "Environ deux nuits et trois jours." Répondit-elle honteusement. Il la regardait soucieux.

- "Pourquoi tu n'as pas dormi ?"

- "Parce que je n'y arrivais pas." Répondit-elle tristement.

- "Bella." L'appela-t-il pour qu'elle relève les yeux. Elle leva la tête et le scruta avec peine. "Qu'est-ce qui se passe ?" Demanda-t-il avec inquiétude.

Sans même se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle s'extirpa du lit et se précipita dans ses bras pour pleurer. Elle évacuait toute la douleur que son manque de lui lui avait causée.

- "Je suis désolée." Murmura-t-elle entre les pleurs, tandis qu'elle lui serrait la taille avec force, comme si elle avait peur qu'il s'échappe. "Je m'en veux d'avoir agi de la sorte, d'avoir été aussi désagréable. Si tu savais comme je suis désolée..."

Elle se remit à pleurer mais Edward la repoussa de lui avec douceur, les sourcils froncés et l'air embarrassé, sous l'incompréhension de Bella. Il se détourna et partit vers son armoire, tandis que Bella se sentait rejetée. Pourquoi la rejetait-il ?

Elle n'eut pas le temps de se poser la question car il revint vers elle avec une chemise à lui.

- "Si tu dois pleurer sur moi jusqu'à tremper mon tee-shirt, il vaut mieux que tu sois couverte." Déclara-t-il en lui passant la chemise. Bella le regardait la bouche entrouverte. Sans le savoir, elle se mit à rire légèrement sous les sanglots. Même dans une situation pareille, il arrivait à lui redonner le sourire en un claquement de doigts.

- "Tu m'as manqué, Edward." Murmura-t-elle en se sentant à nouveau repartir dans un chagrin. Il la regarda avec peine.

- "Toi aussi, tu n'imagines pas à quel point."

- "Est-ce que je peux revenir, maintenant que je suis couverte ?" Demanda-t-elle. Il lui sourit tendrement.

- "Oui, y a plus de danger." Répondit-il amusé.

Elle se précipita à nouveau vers lui et pleura toutes les larmes de son corps. Cette fois-ci, il n'hésita pas à passer ses bras autour d'elle et la serra contre lui. Elle lui avait tellement manqué qu'à présent, il ne voulait plus qu'elle reste loin de lui.

Elle pleurait sans s'arrêter et Edward souffrit de la voir comme ça. Il ignorait sincèrement pourquoi elle était dans un tel état. Et très franchement, Bella aussi l'ignorait. Quelque part, c'était des larmes de soulagement pour l'avoir enfin retrouvé, et d'autre part, c'était également de la peine pour ce qui s'est passé récemment et la torture que ça a été pour elle d'être séparée de lui.

Ses nerfs lâchaient et elle se laissait enfin aller. Elle faisait ressortir toute cette culpabilité qui la rongeait et lui empoisonnait l'existence. Son cœur était à nouveau entier. Elle était à nouveau complète.

Edward la laissait extérioriser tout son chagrin en priant pour que ce soit la dernière fois qu'il assistait à un spectacle aussi douloureux. Mais il ignorait toujours ce qui lui était arrivé et une chose était sure, il ne laisserait jamais passer ça. Elle ne sortirait certainement pas de cet appartement avant de lui avoir tout raconté.

Au bout de ce qu'il semblait être une éternité, les sanglots de Bella se calmèrent et ils ne faisaient plus que s'enlacer, assis sur le lit. Sans le remarquer, il la berçait légèrement, chose qu'elle appréciait particulièrement.

- "Je me sens toujours bien quand je suis dans tes bras." Murmura-t-elle doucement, apaisée et le regard droit devant elle.

- "Tant mieux, parce que j'adore ça." Répondit-il avec un sourire en coin.

Bella releva la tête vers lui et lui fit un sourire chaleureux alors qu'il la regardait intensément.

Il se pencha vers elle et joignit ses lèvres aux siennes avec douceur. Bella mit une main sur sa joue et répondit au baiser avec avidité. Elle lui transmettait l'irrépressible manque qu'elle avait éprouvé et il faisait de même. Le bas ventre de Bella ne mit pas longtemps avant de s'enflammer et elle se mit à califourchon sur lui en le poussant vers le lit, jusqu'à ce qu'il se retrouve allongé, elle au-dessus de lui. À cet instant, elle éprouvait un besoin indomptable de l'avoir en elle. Elle ouvrit la bouche et sa langue vint explorer la sienne. Ils gémirent tout deux lorsque leurs langues se rencontrèrent et Edward sentit son désir grimper en flèche. Il fallait qu'il la repousse s'il voulait mettre les points sur les « ï » avec elle.

Il tenta de l'éloigner de lui mais Bella ne l'entendait pas de cette oreille.

- "Bella, non attends." Murmura-t-il contre sa bouche. Elle ne l'écouta pas et continua de l'embrasser en lui caressant le torse. Il sentit ses barrières s'effondrer. Il était incapable de tenir face à elle. Cependant il arriva tant bien que mal à la repousser assez pour décoller leurs lèvres. "Je ne crois pas que ce soit le bon moment pour…"

- "S'il te plaît, Edward." Supplia-t-elle. "J'en ai besoin." Dit-elle avant de s'emparer à nouveau de sa bouche.

Il se laissa faire, incapable de résister à ses supplications. Mais il savait que c'était une erreur. Ils devaient s'expliquer d'abord. Il tenta une nouvelle fois de l'éloigner mais bizarrement, sa force lui manquait, comme si inconsciemment il n'en avait plus. C'était elle qui lui faisait cet effet là.

Les mains de Bella descendirent plus bas que son nombril et cette fois, il sut que c'était sa dernière chance avant de rendre les armes complètement. Il la prit par les épaules et parvint à la repousser brusquement, mais sans violence.

- "J'ai dit non." Lui dit-il avec fermeté.

Bella le regardait hagard et ahurie. C'était la première fois depuis qu'elle le connaissait qu'il la repoussait. Elle se sentit mal. Elle se demanda s'il n'avait plus de désir pour elle. Elle s'écarta de lui avec un air blessé sur le visage. (N/Alaiena: Quel con) (N/Samy: mais pire !!!! mais bon c'est un mec on peu pas lui en vouloir lol )

- "Euh…Je…" Elle ne balbutia rien de plus car elle courut hors de la chambre et alla s'enfermer dans la salle de bain, alors qu'Edward soupirait en se passant une main sur le visage avant d'aller la rejoindre.(N/Sam: Elle ne donne pas de nouvelle pendant trois jours et s'étonne qu'il la repousse!!! O_O)

Une fois assurée que la porte était fermée à double tour, Bella fit une introspection de son visage dans le miroir. Ses traits fatigués avaient pour la plupart disparu mais elle avait quand même des cernes montrant qu'elle n'était pas tout à fait rétablie.

Elle entendit frapper à la porte.

- "Bella." Appela Edward. "Ouvre cette porte."

Elle refusa de bouger. Il venait de la rejeter et elle en était offensée. Il toqua une nouvelle fois.

- "Laisse-moi !" Cria-t-elle blessée.

- "S'il te plaît." Plaida-t-il. Elle resta immobile, se promettant mentalement de ne pas céder. Elle n'oserait même pas le regarder tellement elle avait honte de s'être fait rejetée.

- "Non."

- "Je suis désolé de t'avoir repoussé, je n'aurais pas dû. Mais il faut qu'on parle, Bella. Et si je t'avais laissé faire, ça n'aurait fait que retarder l'échéance, tu le sais." Bella secoua la tête, se sentant profondément ridicule. Edward cogna une nouvelle fois à la porte. "Je t'en prie, Bella. Tu ne sais pas à quel point ça a été dur de te résister."

Bella haussa un sourcil sous le coup de la surprise.

- "C'est vrai ?" Demanda-t-elle.

- "Évidemment que c'est vrai. Quand comprendras-tu que tu as un effet monstre sur moi ?"

Elle rougit implacablement, mais un sourire victorieux naquit sur ses lèvres.

- "Un effet monstre tu dis ?" Demanda-t-elle tout haut sans cacher son sourire en parlant. Elle l'entendit soupirer.

- "Pour l'amour du ciel, ouvre cette porte." Ordonna-t-il une nouvelle fois, mais Bella sentit de l'amusement dans sa voix. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir avant de céder et de lui ouvrir lentement.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle tomba nez à nez avec lui et il la prit dans ses bras sans qu'elle ne le voie venir.

- "Pardonne-moi." Murmura-t-il.

Elle soupira de bien être en fermant les yeux.

- "Tu as raison." Avoua-t-elle. "Il faut qu'on parle." (N/Sam: la phrase qui tue...) (N/Samy: d'habitude c'est de mauvaise augure genre je suis désolée mais je préfère qu'on reste amis !!!lol )

lundi 5 avril 2010

Bannière Officielle

La bannière officielle de Parcours Fructueux.
Angelina la créatrice, un véritable génie^^

vendredi 2 avril 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 17

Chapitre 17: Sans avenir

Rosalie sortait de la voiture et arrivait tôt chez Jacob ce matin là. Une chose implacable avait changé, elle avait le sourire aux lèvres et était extrêmement joyeuse et de bonne humeur. La raison de cet entrain : Emmett Cullen.

Jamais elle ne s'était sentie aussi bien dans les bras d'un homme que dans les siens. Ils avaient passé la nuit dans une chambre d'hôtel et c'est à cet instant qu'elle comprit à quel point les sentiments qu'elle éprouve pour lui étaient profonds. Elle était inconditionnellement et irrévocablement amoureuse de lui.

Ils avaient longuement parlé de sa condition vampirique, de tout l'univers qui l'entoure et elle avait fini par l'accepter et comprendre que ces vampires n'étaient pas méchants, contrairement à ce qu'elle a pu penser dans le passé. Elle avait appris à l'aimer pour ce qu'il est et dorénavant, elle arrêterait de considérer les Cullen comme une menace.

Il y avait cependant une chose qui la titillait. C'était l'avenir qu'ils pourraient avoir ensemble. Elle savait qu'entre eux, cela ne pouvait pas durer car ils n'avaient pas la même condition. Lorsqu'ils devraient partir de Forks, ce serait la fin pour eux. Elle ne les suivrait pas, n'étant pas comme eux et ne souhaitant pas l'être. Mais pour l'heure, ce n'était pas le moment de penser aux mauvaises choses mais plutôt de penser aux bonnes. Elle était heureuse avec lui. Elle avait l'impression qu'il lui servait de pilier, de rempart solide sur lequel elle pouvait s'appuyer quand elle en avait besoin. Le temps où elle l'insultait et où il la faisait enrager était bien loin derrière elle.

Elle entra dans la maison des Black avec jovialité. Elle salua Billy chaleureusement avant que Jacob ne sorte du garage et n'arrive. Il avait apparemment l'air de mauvais poil.

- "Salut." Fit-elle avec toutefois une réserve à cause de ce qui s'est passé avec Bella la veille. Il la gratifia d'un regard noir.

- "Où est-ce que t'étais ?" Lui demanda-t-il brusquement. Elle fronça les sourcils, ignorant totalement pourquoi il était énervé.

- "Je suis allée dormir ailleurs." Répondit-elle simplement.

- "Où ça ailleurs ?" Brusqua-t-il.

- "En quoi est-ce que ça te concerne et de quel droit tu oses passer tes nerfs sur moi ?" S'emporta-t-elle.

- "Ça me concerne étant donné que tu vis ici et que tu reviens en puant la sangsue !" Cracha-t-il. Elle le regarda bouche bée. L'odeur d'Emmett sur elle lui était complètement passée par dessus la tête.

- "Je t'interdis de me parler sur ce ton c'est clair ?" S'énerva-t-elle. "J'ai le droit de fréquenter qui je veux."

- "Alors maintenant tu fréquentes ces monstres ?" Fit-il outragé. "T'étais avec eux ? Qu'est-ce que vous avez fait ?"

- "Ce que j'ai fait et avec qui je l'ai fait ne te regarde absolument pas Jake."

- "Ce sont des monstres Rosalie ! Tu entends ça ? Des monstres !"

- "Jacob." Intervint Billy. "Tu veux bien te calmer ? Tu es entrain de t'énerver."

- "Ce ne serait pas la première fois." Marmonna Rosalie tout bas.

- "Pour l'amour du ciel Rose !" S'emporta Jacob. "Ça te plait de me faire culpabiliser ? Tu crois que je ne m'en veux pas assez pour ce que j'aie fait ?"

- "Et tu fais bien de t'en vouloir." Rétorqua-t-elle. "Tu as failli tuer Bella."

- "Quoi ?" S'exclama Billy abasourdi. Rosalie se tourna vers lui étonnée tandis que Jacob resta embarrassé.

- "Tu ne lui en as pas parlé ?" Interrogea Rosalie à Jake. Il détourna le regard. Elle secoua la tête de déception. "En même temps, ce n'est pas quelque chose dont tu pourrais te vanter ni être fier pas vrai ?"

- "C'est quoi cette histoire ?" Demanda Billy. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

- "Jacob a voulu tuer Bella." Répondit-elle.

- "C'est faux !" Protesta-t-il. "Je ne l'ai jamais voulu et tu le sais !"

- "Mais tu l'as étranglé ! Et quand je suis arrivée, tu n'avais certainement pas l'intention d'arrêter."

- "Je t'ai dit que j'étais désolé ! Je m'en veux et tu ignores à quel point mais s'il te plait, arrête de me torturer !" Plaida-t-il. Elle secoua la tête.

- "Non je n'arrêterai pas. Il faut que tu assumes ce que tu as fait et que tu prennes conscience que tu as commis un acte irréparable Jacob. Je ne te dirai jamais que ce n'était pas grave, ni que je te pardonne. Parce que je ne te pardonnerai jamais. Alors assume tes actes et supporte les railleries que je continuerai de te faire car c'est tout ce que tu mérites." Acheva-t-elle avec fermeté.

Il resta figé, les bras ballants et les yeux suppliants avec un air blessé et triste qui ne fit ni chaud ni froid à Rosalie. Il était responsable de la situation, point à la ligne. Billy ne disait rien et tentait d'enregistrer la nouvelle dans son cerveau. Rosalie souffla et s'en alla vers les escaliers.

- "Où est-ce que tu vas ?" Demanda Jacob tristement.

- "Préparer mes affaires. Je rentre chez moi." Annonça-t-elle froidement.


- "Et ton cou comment ça va ?" Me demanda Edward pour la énième fois de la matinée. Je souriais face à son importante inquiétude à mon égard.

- "Ça va, je t'assure. Tu sais, je n'ai vraiment pas mal." Répondis-je en levant les yeux vers lui, appuyée contre son torse. Il était en train de m'enlacer sur mon lit avec le visage tendu.

- "Bella, ton cou est encore rouge. On voit les traces de ses doigts." Contra-t-il en tentant de réfréner sa colère. Quelque chose me disait qu'il ne pourrait pas digérer ce qu'il s'est produit la veille.

- "Ce sont tes yeux de vampires qui le voient. Je suis sure qu'aux yeux de n'importe qui on ne voit plus rien." Il secoua la tête et détourna le regard en soupirant.

- "Ce cabot va me le payer." Susurra-t-il entre ses dents.

- "Edward." Tentais-je de le calmer. "Laisse-tomber d'accord ?"

- "Je suis sérieux Bella." Déclara Edward. Il avait vraiment l'air menaçant. "Il a intérêt à rester sur son territoire s'il tient à garder toutes ses pattes."

Je réprimai un rire. D'un certain côté, je n'étais pas contre le fait qu'il s'en prenne à lui car même si je ne suis pas de nature vengeresse ni pour la violence, Jacob m'avait fait extrêmement peur et surtout très mal. J'avais encore mal lorsque je passais ma main dessus mais ça, c'est le genre de choses que je n'avouerai jamais à Edward. Il était déjà assez en remonté sans en rajouter. De plus il m'effrayait quand il était et parlait comme ça.

- "Et si on arrêtait de parler de lui ?" Proposais-je. Il posa enfin les yeux sur moi et son regard s'adoucit.

- "Avec plaisir." Répondit-il en m'embrassant à la commissure des lèvres.

Je ne pus empêcher mes joues de prendre une teinte rosée. Sa proximité me faisait toujours autant d'effet. Pas sûr que ça puisse changer. Quoi que si, je connaissais un excellent moyen pour arrêter de rougir de cette façon. Un moyen qu'Edward n'approuverait certainement pas.

- "Dis…" Commençais-je avec réserve. Le fait de penser à ça tout d'un coup me donna envie de tâter le terrain. "Qu'est-ce que t'en penses toi à propos de la transformation d'Esmée ?"

Il fronça les sourcils et parut curieux.

- "Je n'en sais rien, pourquoi tu me le demandes ?"

- "Je voulais seulement savoir ce que tu en pensais. Tu sais, de transformer quelqu'un en vampire." Il secoua les épaules avec désinvolture.

- "Si elle en a envie et que Carlisle est d'accord, alors ça les regarde. Je n'y vois aucun problème."

Je me fis violence pour ne pas râler. Il ne répondait pas du tout à ma question.

- "Mais toi ?" Insistais-je. "Si tu étais à la place de Carlisle, est-ce que tu accepterais de le faire ?"

Je le vis cligner des yeux plusieurs fois, comme s'il était vraiment étonné de ma question. J'eus soudainement peur qu'il ait deviné mes véritables motivations et qu'il sache ce que je voulais réellement.

- "Pourquoi tu veux savoir ça ?"

- "Parce que je m'intéresse à ce que tu penses." Répondis-je avec aplomb en priant pour qu'il ne remarque pas mon embarras. Il soupira.

- "Je comprends Carlisle." Consentit-il à répondre. J'écarquillai les yeux étonnée.

- "Tu le comprends ?" Répétais-je abasourdie.

Je ne m'attendais certainement pas à cette réponse venant de sa part. Peut être que j'arriverai à mes fins plus facilement que je n'osais l'espérer. Il hocha la tête pour confirmer.

- "Oui, bien sûr que je le comprends. Il veut vivre l'éternité avec l'amour de sa vie. N'importe qui rêve de la même chose…"

Il avait une voix lointaine, comme s'il se parlait plus à lui qu'à moi. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine en imaginant qu'il pouvait être d'accord et me transformer. Je tentai de réfréner cette envie de sourire soudainement car je le connaissais et je savais pertinemment qu'il y avait un « Mais » dans sa phrase. Edward ne pouvait pas être d'accord. Ou alors j'ai vraiment loupé un épisode.

- "Donc tu es d'accord avec lui ?" Demandais-je avec un semblant d'espoir.

- "J'ai dit que je le comprenais et je le pense, parce que c'est un choix tout à fait normal et compréhensible. Seulement… Ce n'est pas la décision que je prendrais à sa place." Acheva-t-il.

Mon semblant de jovialité mourut dans mes poumons en l'entendant confirmer mes craintes et anéantir mes faibles espoirs.

- "Pourquoi ?" Voulus-je savoir.

- "Parce que ce n'est certainement pas le choix de vie que j'accepterai de faire subir à la personne que j'aime." Dit-il avec assurance et certitude. Dit comme ça, je sus tout de suite qu'il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis.

- "Mais si c'est ce qu'elle a décidé ?" Contrais-je en masquant mon trouble.

- "Peu importe, elle ne sait pas dans quoi elle s'embarque. Nous sommes des monstres Bella et quoi que tu puisses en dire, c'est ce que nous sommes. Je sais que tu ne nous vois pas de cette façon, mais pourtant c'est le cas. Et je sais que si jamais c'était toi à la place d'Esmée et que tu me demandais un truc pareil, je refuserais catégoriquement. Ce genre de vie n'est absolument pas ce dont je rêve pour la personne dont je suis amoureux." Termina-t-il avec un léger sourire tandis que mon cœur sombrait dans la déprime la plus totale.

Je me sentis souffrir le martyr de l'entendre dire ça. Car même si avant j'avais déjà des soupçons au sujet de ses positions et de ses principes, je ne l'avais jamais entendu le dire à voix haute. Et à présent qu'il les disait clairement, cela prit plus d'ampleur et sonna comme une fatalité inévitable. Maintenant, je savais où nous allions. Et je savais que quoi que je fasse, je ne serai jamais comme lui. Donc j'allais vieillir. Et j'allais finir seule, sans lui. J'eus soudainement l'envie de mettre fin à mes jours pour éviter d'avoir à vivre un tel supplice. Et le pire, c'est qu'il ignorait totalement ce que moi je pensais. Je me retenais par tous les moyens de pleurer pour ne pas qu'il s'aperçoive de mon trouble et de ma douleur.

- "De toute façon, je ne te l'ai pas demandé donc la question ne se pose pas pas vrai ?" Conclus-je tristement sans le regarder.

- "Exactement. Et heureusement d'ailleurs car je n'ose même pas imaginer comment j'aurais réagi." Je soupirai en secouant la tête de désespoir. "Qu'est-ce qu'il t'arrive Bella ?" S'enquit-il soudainement. "Ton cœur a eu quelques ratés depuis tout à l'heure et il bat de façon irrégulière."

Je commençai à paniquer. J'avais complètement oublié ses capacités hors du commun. Je ne voulais pas qu'il sache à quel point j'étais désemparée. Et il était hors de question que je lui dise pourquoi je me sens si mal. Après tout il vient de me confirmer lui-même ce que je pressentais. Il ne voudrait certainement pas entendre ce que j'avais à lui dire.

Je relevai la tête vers lui et scrutai ses prunelles dorées qui avaient l'air bien anxieux. Il caressa ma joue en fronçant les sourcils. Il devait surement se demander ce que j'avais. Je me penchai vers lui et déposai mes lèvres sur les siennes, espérant ainsi le faire oublier les battements irréguliers de mon cœur et le visage fermé et torturé qu'il a dû voir. Il resta immobile quelques secondes, se demandant probablement pourquoi je cherchais à esquiver, mais finit par abandonner et répondre en bougeant ses lèvres avec douceur.

J'entrouvris la bouche pour lui accorder le passage et nos langues s'unirent pour ne plus se lâcher. La température commençait à monter sérieusement et ce qui n'était qu'un baiser furtif sensé détourner l'attention se transforma en un baiser fiévreux. Je me déplaçai pour me retrouver à califourchon sur lui et caressait son torse dur comme le marbre. Ses mains glaciales se déplaçaient dans mon dos et m'envoyaient des décharges électriques qui insufflèrent de la chaleur dans mon bas ventre.

Je le sentis sourire contre mes lèvres et cela me donna envie de faire pareil. Le voir heureux me rendait heureuse, comme un automatisme.

- "Bella." Interrompit-il alors que j'étais à bout de souffle.

- "Quoi ?" Fis-je en reprenant ma respiration, tout en montrant ma frustration qu'il ait mis fin à notre baiser.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre car je replongeai à nouveau vers sa bouche, désireuse de plus de contact. Je l'entendis émettre un grognement avant que sa main ne se pose sur ma joue et m'éloigne doucement de lui.

- "Rosalie arrive." Déclara-t-il d'une voix frustrée.

Je râlai légèrement et me levai à reculons. Il m'offrit un sourire contrit tandis que j'entendis la sonnette de la porte retentir. J'allai ouvrir avec énervement mais également avec curiosité. Je me demandais pourquoi Rosalie venait me voir. Je ne pensais pas que je la reverrais avant très longtemps. Lorsque j'ouvris la porte, je la vis avec un visage embarrassé et sans aucun sourire.

- "Euh… Salut." Me salua-t-elle avec gêne. Je tentai un maigre sourire. Malgré sa froideur, j'étais tout de même contente de la revoir.

- "Salut."

Un long silence se fit tandis que nous nous regardions comme deux idiotes qui ne savent pas quoi dire pour combler le silence.

- "Euh… Tu veux entrer ?" Proposais-je au bout de ce qui me semblait être une éternité.

- "Euh, ouais." Répondit-elle en hochant vaguement la tête.

Je me reculai pour lui céder le passage et elle entra avec une valise que je n'avais point vue. C'était la même qu'il y a deux jours, lorsqu'elle était partie en mettant un terme à notre amitié. Repenser à ce moment me coupa la respiration et me donna un énorme sentiment de douleur au niveau du cœur.

- "Tu as apporté une valise ?" Demandais-je après avoir refermé la porte. Elle se tourna vers moi.

- "A vrai dire, j'ai décidé de revenir vivre ici. Enfin… Si cela ne t'ennuie pas." J'écarquillai les yeux d'étonnement.

- "Non ! Enfin, bien sûr que non ça ne m'ennuie pas…" M'empressais-je de répondre sans cacher ma joie soudaine. "Mais pourquoi est-ce que…"

- "Après ce qu'il s'est passé hier, tu ne croyais pas que j'allais rester là-bas si ?" Me coupa-t-elle. Je détournai le regard.

- "Je ne sais pas, je pensais…"

- "Ça ne veut rien dire Bella." Coupa-t-elle la parole à nouveau. "Je reviens vivre ici mais entre toi et moi… Y a rien de changé."

Je déglutis et hochai la tête.

- "Fais comme chez-toi." Parvins-je à répondre difficilement. Elle me regarda étrangement avant de prendre sa valise et de se diriger vers sa chambre.

- "Bonjour Edward." Salua-t-elle avec gêne. Celui-ci apparut et avait un sourire en coin mystérieux sur les lèvres.

- "Rosalie." Répondit-il cordialement, sans se départir de son sourire que je trouvais étrange. Rosalie entra dans sa chambre et referma la porte. Aussitôt je me tournai vers Edward et le questionnai du regard.

- "Pourquoi tu souris comme ça ?"

Il secoua la tête amusé.

- "Figure-toi que ton amie a passé la nuit avec mon frère hier."

Je clignai des yeux pour être sûr d'avoir bien entendu.

- "Tu es sérieux ?" M'exclamais-je ahurie. Il hocha la tête.

- "Je crois que je vais devoir m'entretenir avec lui." Répondit-il le sourire aux lèvres.

- "Quoi, maintenant ?" Demandais-je sans cacher ma déception.

- "Je vais revenir, ne t'en fais pas." Fit-il désolé. Il s'avança vers moi et m'embrassa tendrement sur le front pendant que je soupirais d'amertume.

- "Tu reviens vite hein ?" Suppliais-je en le regardant dans les yeux.

- "Promis." Fit-il en m'embrassant chastement.

Je m'accrochais à sa chemise pour ne pas le laisser partir, ce qui le fit rire avant qu'il ne s'éloigne de moi sans difficulté tandis que je faisais une moue suppliante qui accentua son hilarité.

- "Je reviens Bella." Assura-t-il. "Parole de vampire." Il ouvrit la porte et m'accorda un dernier regard avant de sortir tandis que je fulminais.

Il me manquait déjà. J'étais vraiment pathétique à un point inimaginable. Et maintenant qu'il était parti, qu'est-ce que je faisais ?

Rosalie était là, et il était clair qu'elle ne voulait pas que je lui parle. Je décidai d'aller m'enfermer dans ma chambre en lisant un livre. Mais à peine avais-je commencé que la présence de Rosalie dans l'appartement accaparait mon esprit. Et le fait de savoir qu'elle a franchi le cap avec Emmett. J'étais tout de même heureuse qu'elle soit revenue et qu'elle ait quitté les Black car Jacob était tout sauf stable. Il manquait clairement de contrôle de soi et s'emportait très facilement. J'en avais payé les frais.

J'espérais qu'il ne s'en était pas pris à elle entre temps. Et s'il s'était passé quelque chose ? Et puis d'abord, comment se fait-il qu'elle se soit retrouvée avec Emmett si celui-ci n'a pas le droit de pénétrer sur le territoire des Quileutes ? Est-ce que c'est grâce à ce que je lui aie dit hier qu'elle a décidé de réfléchir sur ses sentiments pour lui ?

Le temps passait et je n'intégrais strictement rien au livre que je lisais à propos d'une série de meurtres. Finalement au bout de je ne sais combien de temps, je décidai de me lever car le jour s'assombrissait à vue d'œil et je commençais à avoir faim.

Je frappai à la porte de sa chambre et entrai dans l'encadrement de la porte.

- "Je te dérange ?" Demandais-je avec crainte. Elle était sur son lit en train d'écouter de la musique sur son baladeur. Elle ôta ses écouteurs des oreilles et m'asséna un regard neutre, sans émotion.

- "Qu'est-ce que tu veux ?" Fit-elle sans l'once d'une touche amicale.

- "Et bien… Je voulais savoir si tu avais faim car je vais préparer à manger."

- "Oh." Répondit-elle nonchalamment.

Au même moment la sonnette de la porte se fit entendre et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Edward était revenu.

- "Je vais aller ouvrir." Déclarais-je en me détournant et en me dirigeant vers le salon. J'ouvris au visiteur impromptu avec le sourire aux lèvres.

Sourire qui disparut aussitôt que je reconnus Jacob Black sur le palier, l'air désœuvré et torturé. Je n'arrivais pas à éprouver de la pitié pour lui. Il avait beau afficher des airs de martyr, c'était au-dessus de mes forces. Je ne pourrai jamais l'encadrer ni lui pardonner son écart de conduite.

- "Bella." Salua-t-il piteusement.

- "Qu'est-ce que tu fais là ?" Répliquais-je sèchement. Il baissa le regard vers ses pieds.

- "Je voudrais parler à Rosalie." Je pouffai sardoniquement.

- "La dernière fois, c'était moi qui me trouvais à ta place et qui voulais lui parler. Et tu sais ce que tu as fait ?"

- "Quoi donc ?" Demanda-t-il perdu.

- "Ça." Répondis-je en lui claquant la porte à la figure.

J'entendis un silence avant qu'il ne se mette à cogner à la porte.

- "Bella, ouvre s'il te plait." Plaida-t-il.

- "Va te faire voir Jacob !" Criais-je à travers la porte. Rosalie apparut devant moi avec un visage inquiet.

- "Je suis désolé Bella. Je te jure que je suis vraiment désolé. Mais j'ai besoin de parler à Rosalie pour m'excuser. S'il te plait."

Je jetai un coup d'œil à Rose pour voir qu'elle était mitigée. Puis au bout de quelques secondes de réflexion, elle secoua la tête pour me signifier de ne pas le laisser entrer.

- "Elle t'a entendu et elle refuse de te voir." Répondis-je à Jacob. Ce dernier n'abandonna pas et continua à s'acharner sur la porte.

- "Laisse-moi entrer Bella."

- "Va-t'en !" Criais-je énervée et un peu apeurée. Il continua à marteler la porte de coups.

- "Je te jure que si tu n'ouvres pas cette porte, je la défonce !" Menaça-t-il. Rosalie et moi nous regardâmes choquées.

- "Jacob." Appela Rosalie. "Tu n'es pas dans ton état normal. Rentre chez toi."

- "Laisse-moi discuter avec toi." Supplia-t-il. "S'il te plait."

- "Pas tant que tu ne seras pas calmé."

- "Mais je suis calmé !" Cria-t-il. Il donna un grand coup dans la porte qui me fit tressaillir.

- "Jacob, tu me fais peur." Murmura Rosalie, assez fort pour qu'il entende.

Il y eut un silence. Pendant un long instant, nous crûmes qu'il avait laissé tomber et accepté de s'en aller. Mais sans le voir venir, nous vîmes la porte se fracasser par terre et Jacob entrer dans l'appartement. Je poussai un cri terrifiée tandis que Rosalie sursauta. Il avait un visage fermé et désolé et s'avança vers Rosalie avec appréhension. Celle-ci eut un mouvement de recul instinctif.

- "Rose, je suis désolé." Déclara-t-il. "Je ne veux pas qu'on se quitte de cette façon. Je n'aurais jamais dû m'énerver, ni contre toi, ni contre Bella… S'il te plait, j'ai besoin de toi." Supplia-t-il. Rosalie avait la bouche entrouverte et ses yeux étaient pleins d'hésitation.

- "Jake, rentre chez toi. Tu es à cran et… Regarde, tu as carrément démoli la porte !" S'écria-t-elle.

- "Je n'aurais pas eu à le faire si ton amie m'avait laissé entrer."

- "C'est moi qui lui aie demandé de ne pas t'autoriser alors laisse-là." Défendit-elle.

- "Je vais m'en aller." Concéda-t-il. "Mais est-ce que tu me promets que tu vas revenir à la réserve ?" Demanda-t-il avec des yeux implorants. Elle le regarda, partagée et tourmentée. Je restai à l'écart et regardai leur échange silencieusement.

- "Je… Je ne sais pas Jake. Laisse-moi du temps pour y réfléchir d'accord ?"

- "Mais enfin tu ne vas pas me laisser pour cette…" Il ne termina pas sa phrase mais je compris.

- "Sors de chez moi Jacob !" Ordonnais-je piquée à vif. Il se tourna vers moi en roulant des yeux.

- "Tu es contente de toi ? À cause de toi mon amie me déteste." Accusa-t-il en colère. "Tout ça c'est de ta faute Swan !" S'emporta-t-il.

À ce moment là, en le voyant en colère, j'eus l'impression de revivre la même chose que la veille, lorsqu'il avait failli me tuer. Son visage était aussi énervé et dur. Il était horrifiant. Je fus prise d'une crise d'angoisse sans bien comprendre pourquoi et me reculai prestement, comme si j'avais peur qu'il me poursuive.

- "Jacob, va-t'en tu lui fais peur." Paniqua Rosalie.

- "Mais je n'ai rien fait !" S'exclama-t-il outré. Il me regardait étonné et curieux.

- "S'il te plait. Implora-t-elle. "Je te promets que je passerai te voir mais par pitié, sors de là." Jacob eut un mouvement d'hésitation avant de finir par déposer les armes. Il se tourna vers l'entrée ouverte, la porte étant tombée au sol.

Il allait sortir lorsqu'une ombre apparut à une vitesse inhumaine dans l'appartement.

Edward avait le visage apparemment inquiet et paniqué. Il regardait tantôt la porte, tantôt moi, avant de finalement poser son regard sur Jacob avec une soudaine colère non dissimulée. Ses yeux s'assombrirent et je me rendis compte que ce n'était plus l'homme que j'avais laissé partir tout à l'heure, mais bel et bien le vampire menaçant et terrifiant qu'il était.

- "TOI !" Hurla-t-il avant de se jeter sur lui en moins de temps qu'il ne fallait pour ouvrir la bouche.

Puis ce fut fini. Edward avait poussé Jacob avec une telle force qu'il alla s'écraser contre le mur de la cuisine en provoquant une immense fissure à l'intérieur. Jacob se releva d'un bond et à vitesse fulgurante se précipita vers lui pour riposter.

Après ça, ni Rosalie ni moi ne pouvions voir ce qu'ils faisaient car leurs mouvements étaient bien trop rapides pour nos yeux. Nous entendîmes des meubles se fracasser, des murs se démolir et notre appartement s'effondrer.

- "Oh mon Dieu…" Murmura Rosalie désespérée. Je m'approchai d'elle avec lenteur et elle me prit dans ses bras tandis que nous assistions impuissantes à un combat dont aucune de nous ne comprenait quoi que ce soit.

Au bout de ce qui nous semblait une éternité, nous pûmes enfin voir quelque chose. On voyait Edward qui envoyait valser Jacob contre un mur qui se fissurait avant de tomber à la renverse. Il n'eut pas le temps de se relever que le vampire fonçait sur lui plus rapidement qu'une ombre et le maintint fermement contre un des murs encore entier de l'appartement. Il avait un visage tellement hostile que pour la première fois de ma vie, j'eus véritablement peur de lui. C'était la première fois qu'Edward perdait le contrôle de lui-même et ce n'était vraiment pas quelque chose auquel j'aimais particulièrement assister.

- "Tu n'aurais jamais dû sortir de ton territoire." Susurra-t-il entre ses dents avec une haine bien distincte.

- "Va en enfer." Marmonna Jake avec venin. Il était complètement sans défense et j'eus presque pitié pour lui.

- "Je vais te tuer Jacob Black. Pour avoir osé lever la main sur elle et la blesser."

Il avait l'air tellement décidé et résolu qu'en cet instant, je le croyais. Je croyais sincèrement qu'il allait le faire.

- "Bella…" Murmura Rosalie en me faisant un signe vers Jacob. Je le regardai et vis ses poings enfler soudainement. Je ne compris pas ce que cela signifiait jusqu'à ce que j'entende Rosalie crier.

- "Oh mon Dieu il va se transformer dans la maison !"

J'écarquillai les yeux, hallucinée par ce qu'elle venait de dire. Non, c'était impossible. Jacob ne pouvait pas se transformer ici, il démolirait l'immeuble entier. Edward sembla alors se souvenir de notre présence et se tourna vers nous rapidement avant de reporter son attention sur Jacob et de resserrer sa prise encore plus violemment de sorte à l'immobiliser totalement. Jacob commençait à devenir rouge et ses poings avaient l'air d'être capable de pouvoir broyer n'importe qui. Et s'il était amené à se transformer avec Edward à proximité…

- "Edward !" Criais-je en me détachant de Rosalie. Je m'apprêtai à courir vers lui lorsque Rosalie me retint par derrière.

- "Bella non !" Fit-elle en m'empêchant de bouger.

- "Ne t'approche pas Bella." Entendis-je alors Edward m'ordonner sans détacher son regard de Jacob qui se mettait à grogner.

- "Il ne peut pas se transformer ici !" Hurlais-je déboussolée.

C'était irrationnel et impossible à mon sens. S'il ne se calmait pas, ce serait un véritable massacre. De plus, j'avais peur pour l'homme que j'aime et qui se trouvait à côté de lui.

- "Jacob calme-toi."

Nous nous retournâmes tous vers le détenteur de cette voix calme et autoritaire. Un homme brun, grand, torse nu et musclé que je n'avais pas vu depuis une éternité apparut dans l'entrée de l'appartement. Je ne l'avais vu que très peu de fois. C'était lors de nos sorties à la plage de La Push au temps où je me trouvais encore au lycée. Sam Uley. À l'époque il n'était pas aussi costaud et ses cheveux étaient plus longs. Je me demandai comment j'avais fait pour réussir à le reconnaître après tout ce temps et toute cette transformation physique. J'ai toujours eu une bonne mémoire visuelle il me semble.

Jacob émit un grognement encore plus féroce tandis qu'Edward le frappait contre le mur pour l'affaiblir.

- "Jacob." Tonna la voix de Sam en s'approchant d'eux.

Je me demandais bien ce qu'il faisait là mais ce n'était pas la priorité. Il le rappelait à l'ordre avec une autorité et un calme hors du commun. Il ne sortait pas de ses gonds contrairement à Jacob qui est facilement irritable et incontrôlable. Non, il était posé et détendu. La seule preuve de son anxiété et de son inquiétude était dans ses yeux et son front plissé.

Sans le voir venir, Jacob commençait petit à petit à reprendre un teint normal. Ses poings commençaient à se desserrer et il finit par ouvrir les yeux. Je relâchai mon souffle que j'avais gardé et Rosalie soupira de soulagement.

- "Merci Sam." Dit-elle à l'indien qui regardait Jacob avec inquiétude. Il hocha la tête.

- "Quand Billy m'a appelé pour me dire qu'il venait ici, je me suis dit que ça allait dégénérer. Surtout avec ce qui s'est passé hier." Répondit-il posément.

J'étais plutôt étonnée de voir un loup garou Quileute aussi calme et sage que l'était Sam Uley, contrairement à Jacob. Surtout que Rosalie m'avait raconté comment il avait perdu le contrôle et s'en était pris à sa compagne un jour.

- "Tu es tout seul ?" Demanda-t-elle.

- "Une partie de la meute est en bas, prête à venir en cas de besoin."

- "Emmène-le avec toi." Lui pria-t-elle.

- "Dès qu'il l'aura lâché." S'empressa-t-il de dire d'un ton haineux vers Edward qui tenait toujours fermement Jacob. Jacob lui, restait silencieux et tentait de faire apparemment profil bas.

- "Vous devriez sérieusement apprendre à contrôler vos nouveaux." Répliqua Edward sèchement à Sam, sans pour autant relâcher Jacob.

- "Laisse-le." Ordonna Sam froidement, sans cacher son hostilité envers lui.

Edward grogna de mécontentement puis finit par le lâcher brusquement tandis que Sam s'empressa de venir le tenir. Il était hors de question de laisser Jacob tout seul de toute manière. Qui sait de quoi il était capable de faire à nouveau… Cela dit, il était apparemment trop déboussolé et désorienté pour faire quoi que ce soit et pour émettre la moindre protestation.

- "On s'en va." Fit Sam en faisant un signe de tête à Rosalie pour la saluer.

- "Je vous préviens." Murmura Edward à Sam d'un air menaçant. "Il est hors de question que ce clébard s'approche une nouvelle fois de ces deux filles. Est-ce que c'est clair ?"

Je vis Sam tiquer au mot « clébard » employé par Edward mais il se retint de faire tout commentaire. Il hocha la tête.

- "C'est tout à fait compréhensible et normal." Déclara-t-il. "Jacob ne vous causera plus d'ennui." Fit-il en tournant sa tête vers ce dernier avec un regard désapprobateur.

Ils partirent sans plus de cérémonie. Jacob était soutenu par Sam et ne montra aucun signe de désaccord. Je crois qu'il allait se faire passer un sérieux savon par ses coéquipiers. Edward se pinça l'arête du nez en fermant les yeux, sans doute pour se calmer. Il soupira puis rouvrit les yeux et porta son regard vers moi.

- "Est-ce que ça va ?" Parvint-il à formuler à voix basse.

Je m'avançai vers lui à pas lents. J'avais encore un peu peur de lui mais l'inquiétude que j'avais ressentie lorsque Jacob avait failli se transformer avait largement pris le dessus sur toutes mes émotions. Je le regardai craintive et il me prit dans ses bras à une vitesse démesurée. Mes nerfs lâchèrent et des larmes coulèrent.

- "Tu m'as fait peur." Murmurais-je contre son torse.

- "Je sais. Je suis désolé." Fit-il repentant.

- "Ne refais plus jamais ça."

- "Je ne te ferai plus peur, je te le promets."

Il resserrait son étreinte sur moi, comme s'il avait peur que je lui échappe.

- "Oh mon Dieu !"

Nous nous retournâmes vers l'entrée de l'appartement et je reconnus Mrs. Cope, notre gardienne d'immeuble.

- "Mrs Cope…" Murmura Rosalie, pas très rassurée… La vieille s'avança dans l'appartement en marchant sur la porte et contempla la vue avec horreur.

- "On m'a appelé pour me dire qu'il y avait un ramdam pas possible. Mais qu'est-ce qui s'est passé ici ?" Cria-t-elle avec effroi. Je regardai autour de moi et me rendis compte de l'état de notre appartement. La cuisine était dévastée, le salon était détruit, des murs étaient tombés, dévoilant ainsi nos chambres, tout était sens-dessus dessous.

Je regardai Rosalie avec panique. Comment expliquer un tel remue-ménage ?

- "Elles ont été cambriolées." Annonça Edward en se tournant vers elle avec assurance, sans pour autant me lâcher. La morue – comme je l'appelle souvent – se tourna alors vers lui et écarquilla les yeux avant de se reprendre.

- "Cambriolées vous dites ?" Répéta-t-elle abasourdie.

- "Nous venons d'arriver et nous avons découvert l'appartement dans cet état." Assura Rosalie avec embarras. "Et il essaie de réconforter Bella depuis tout à l'heure." Finit-elle en me montrant du regard. En voyant ma tête de déterrée, Mrs Cope se mit alors à éprouver de la compassion.

- "C'est affreux. Je suis désolée mes chéries. Vous avez appelé la police au moins ?"

- "On va le faire." Lui répondit Edward avec aplomb. "Laissez-leur seulement le temps de réaliser ce qui vient de se produire."

- "Oh, oui oui, bien sûr." Fit-elle en gesticulant de façon étrange. "Vous voulez que je reste avec vous ?" Proposa-t-elle.

- "C'est gentil mais il vaut mieux que vous rentriez chez vous." Répondis-je en me forçant à faire un maigre sourire. Elle hocha la tête.

- "Appelez-moi si jamais vous avez un souci ou que vous avez besoin de quoi que ce soit."

- "Nous le feront." Assura Rosalie.

Mrs Cope sortit de l'appartement avec hésitation et nous fûmes à nouveau seuls.

- "Génial…" Marmonna Rosalie pessimiste. "On n'a plus d'appart."

- "Pour la porte d'entrée, je vais m'en occuper." Déclara Edward.

- "Et pour le reste ?" Rétorqua-t-elle énervée. "Non parce que… Je ne sais pas si tu as remarqué, mais on n'a plus de cuisine, plus de salon, plus de mur donc plus d'intimité, plus rien !"

- "Rosalie !" La rappelais-je à l'ordre.

- "Quoi ?" Fit-elle acerbe. "Comment veux-tu que je reste calme en voyant un tel foutoir ? Non mais tu as vu l'état de l'endroit dans lequel on vit ?"

- "Mais ce n'est pas la peine de t'en prendre à nous." Ripostais-je.

- "C'est de sa faute Bella !" Fit-elle en désignant Edward du regard. "S'il ne s'était pas jeté sur cet idiot de loup sans cervelle, on n'en serait pas là !" J'ouvris la bouche pour protester mais Edward me devança.

- "Elle a raison. J'en prends l'entière responsabilité." Rosalie rumina.

- "Y a plutôt intérêt." Répliqua-t-elle acide. "Jacob était sur le point de s'en aller !" Continua-t-elle sur sa lancée. "Si tu n'étais pas apparu, il serait parti !"

- "Est-ce que tu as vu l'état dans lequel il a ramené Bella ?" Se défendit-il. "Tu croyais sincèrement que j'allais laisser passer ça ?"

- "Sauf qu'à cause de toi, maintenant on a un appart complètement bousillé ! Il n'est même pas à nous ! Comment va réagir le propriétaire quand il va voir ça ?"

- "J'ai lu ses pensées Rosalie ! J'ai vu exactement ce qu'il lui a fait dans sa tête ! Je ne regrette absolument pas d'avoir voulu lui rendre la monnaie de sa pièce. Et pour ce qui est de l'état de votre appartement, vous serez indemnisées."

- "Et si on ne l'est pas ?" Rétorqua-t-elle cinglante.

- "Alors je paierai moi-même, ce n'est pas un problème."

- "Pas un problème ?" Répéta-t-elle. "Non mais tu ne te rends pas compte ma parole ! Tu nous a complètement terrorisé !"

- "Bon ça suffit !" Clamais-je. "Je ne crois pas que la meilleure chose à faire soit de nous disputer."

Rosalie soupira et détourna les yeux.

- "Emmett m'a chargé de te dire qu'il t'attendrait au même endroit qu'hier." Annonça finalement Edward d'une voix posée.

Elle releva subitement la tête avec étonnement. Un petit sourire se forma au coin de ses lèvres et une teinte rosée apparut sur ses joues. À cet instant, j'avais l'impression de me voir dans un miroir. Qui aurait cru que Rosalie Hale pouvait être timide quand elle voulait ?

- "Merci." Murmura-t-elle embarrassée. Je la vis s'activer à prendre veste et sac à mains. Elle déambulait dans l'appartement avant de se diriger vers la porte d'un pas pressé. "Bonne soirée." Salua-t-elle avant de s'en aller avec entrain.

Lorsque nous fûmes seuls, le silence s'installa. Je remarquai que nous nous étions éloignés. D'un certain côté, cet distance m'était insupportable, mais de l'autre, j'avais un sentiment de besoin de m'éloigner.

- "Je te laisse seul deux minutes, et les loups rappliquent." Marmonna-t-il enfin au bout d'une éternité.

- "Je t'en veux Edward." Il fronça les sourcils et s'apprêtait à se justifier mais je continuai. "Tu m'as fait flipper, littéralement fait flipper comme pas permis. J'ai eu la peur de ma vie en te voyant aussi menaçant."

- "J'ai perdu le contrôle quand je l'ai vu ici et quand j'ai vu l'état de la porte. Et puis tu étais pétrifiée et déstabilisée." Se défendit-il.

- "Mais je ne t'avais jamais vu en colère de cette façon. Tu avais vraiment l'air d'être un…"

- "Un quoi ?" Me coupa-t-il en voyant que je ne terminais pas ma phrase. "Un monstre ?"

Je baissai la tête vers mes chaussures et ne répondis pas.

- "Bella…" Hésita-t-il. "Je regrette mais je ne vais pas m'excuser pour ça. Je ne peux pas te dire que je suis désolé, c'est au-dessus de mes forces." Je soupirai agacée.

- "Tu ne pouvais vraiment pas faire l'effort de te contrôler ?" Insistais-je.

- "Non." Répondit-il catégorique. "Et je n'en avais certainement pas envie."

Je levai les yeux au ciel et décidai de clore le débat et de changer de sujet.

- "Rosalie a l'air d'être heureuse." Dis-je en dirigeant mon regard vers l'entrée.

- "Elle l'est." Me confirma-t-il. "Mais au fond d'elle, elle sait très bien que ça ne durera pas."

- "Pourquoi ça ne durerait pas ?" Demandais-je. Même si au fond de moi je le savais, je voulais croire que ça pouvait se terminer autrement.

- "On en a déjà discuté il me semble. Emmett et Rosalie n'ont aucun avenir ensemble."

- "Mais ils s'aiment." Protestais-je.

- "Quelque fois l'amour ne suffit pas. Rosalie n'abandonnera pas sa vie et son rêve par amour pour lui."

- "Donc ça ne durera pas…" Murmurais-je tristement.

- "Non." Fit-il d'une voix basse. Je posai mes yeux sur lui et le vis qui me regardait intensément. Je décidai de poser la question qui me brûlait les lèvres.

- "Et nous ? Est-ce que ça durera ?"

Il continua à me scruter d'un air concentré et je vis qu'il arborait un visage tourmenté.

- "Je… Je n'en sais rien Bella. Je n'ai aucune réponse à te donner." Avoua-t-il.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je sentis mes jambes flageoler. Je détournai le regard, incapable de le regarder plus longtemps. Je luttai intérieurement pour empêcher mes larmes de couler. Je ne voulais pas qu'il se rende compte de ma faiblesse et du chagrin qu'il était en train de me causer en m'avouant cela.

- "Je vois…" Murmurais-je pour moi-même en espérant vainement qu'il ne m'entendrait pas.

- "Bella…"

- "Et si on arrêtait de parler de ça ?" Le coupais-je soudainement avec une douleur lancinante dans la poitrine.

Si mon temps avec lui était compté, je voulais en profiter un maximum. J'étais peut être masochiste, à vouloir désespérément chercher à m'accrocher à lui au lieu de tout arrêter maintenant. Mais qu'importe. Je me fichais de la peine monstrueuse que j'éprouverai le jour où tout serait terminé. Les secondes que je passais avec lui en valaient la peine. Il me regarda avec hésitation et pendant un bref moment, je crus entrevoir une torture semblable à celle que j'éprouvais dans ses pupilles redevenues dorées. Est-ce que pour lui aussi c'était douloureux de songer à ça ?

Parce que si c'était le cas, il n'avait qu'à me transformer et tout serait réglé.

- "Tu sais que je t'aime." Répondit-il en s'approchant de moi, les traits plissés. Je hochai la tête et ravalai ma salive difficilement.

- "Mais quelque fois l'amour ne suffit pas." Répondis-je en faisant allusion à ce qu'il avait dit plus tôt.

Ses yeux se remplirent d'une étrange douleur qui me perturba. Il les ferma et les rouvrit tellement rapidement que je crus avoir rêvé. Il avait repris une contenance impassible et m'enlaçait sans que je ne le voie venir. Je fermai les yeux à mon tour et me laissait aller contre son torse dur et froid.

- "Et si je t'emmenais manger une pizza ?" Éluda-t-il soudainement. Ce changement de sujet me décontenança mais je décidai de faire comme lui, trouvant l'instant beaucoup trop pénible.

- "Avec plaisir, je meurs de faim." Acceptais-je avec du ressenti dans la voix.

La discussion était peut être terminée, mais elle n'était sûrement pas oubliée.


- "Bonjour Mrs Newton." Saluais-je le lendemain à la boutique de sport Newton. Celle-ci leva les yeux vers moi avec de l'étonnement.

- "Bella ?" Fit-elle abasourdie. "Je commençais à me dire que tu avais disparu de la circulation." Je sentis alors une vague de culpabilité m'envahir et je baissai les yeux.

- "Euh… Oui, je ne suis pas venue depuis…"

- "Trois jours." Répondit-elle à ma place. "La dernière fois que je t'aie vu, c'était lundi et aujourd'hui nous sommes vendredi."

- "Je suis désolée Mrs Newton." Fis-je repentante.

- "Tu n'as même pas appelé pour nous donner la moindre excuse. On ne sèche pas le travail comme on sèche l'école. Tu n'as aucune excuse Bella."

- "Je sais bien… Seulement ces temps-ci j'ai été très malade et j'étais vraiment mal en point." Inventais-je.

- "Et bien cela ne me suffit pas." Répliqua-t-elle durement. "Tu sais, j'ai été gentille d'accepter de t'engager parce que tu es une fille bien, malgré les nombreux problèmes que tu as traversés. Mais je commence à comprendre pourquoi personne ne veut t'engager ni ne te fait confiance."

Je retins l'envie soudaine de lui en coller une. Qu'elle soit énervée contre moi, je peux le concevoir, c'est normal. Mais pas la peine d'être insultante.

- "Je vous assure que je suis vraiment désolée. Cela ne se reproduira plus." Assurais-je.

- "Non, ça c'est sûr." Déclara-t-elle en abaissant les yeux vers son livre de comptes. "Tu es virée." J'écarquillai les yeux, incrédule.

- "Je vous demande pardon ?" M'étonnais-je.

- "J'ai besoin de personnes stables et dignes de confiance Bella. Et toi, apparemment tu ne fais pas partie de cette catégorie."

- Enfin cela ne fait que trois jours. Protestais-je. J'étais vraiment malade, je vous assure."

- "Oui et bien cela fait trois jours de trop."

- "Mais je n'ai jamais manqué un seul jour de boulot sans m'excuser auparavant ! J'ai toujours été ponctuelle, assidue, volontaire et je n'ai jamais rechigné. Vous ne pouvez pas me laisser une seconde chance ?" Insistais-je, les yeux suppliants.

- "Désolée ma chère Bella. Mais ici ce n'est pas un emploi à prendre à la légère. Mon fils Mike m'a parlé de votre étrange façon de travailler. Vous recevez des amis et vous leur faites la causerie pendant toute la journée au lieu de vous occuper de ce que vous avez à faire."

- "Seulement parce qu'il n'y a jamais de client." Rétorquais-je remontée. J'avais une horrible envie d'aplatir la tête de Mike et de la mettre dans une marmite, le tout saupoudré de la maman. Pas sûr que le plat soit vraiment délicieux.

- "Vous insultez la maison." S'emporta-t-elle. "Partez, je vous prie." Je montai sur mes grands chevaux et décidai de balancer tout ce que j'avais sur le cœur.

- "Je m'occupe à chaque fois des heures de fermeture pendant que votre cher imbécile de fils se soule à la tequila dans des clubs et rate tous ses examens à la faculté ! S'il y a bien quelqu'un qui n'est pas digne de confiance ici, c'est bien lui !"

- "Comment osez-vous ?" S'offusqua-t-elle. "Je vous interdis de parler de mon Mickey de cette façon !"

- "Ouvrez les yeux espèce de peau de vache ! Votre fils est un raté fini qui paie des filles pour satisfaire ses petits besoins de mâle, tout ça parce qu'il n'est pas fichu de se trouver une copine et qu'il a la flemme de se branler tout seul. Il boit jusqu'à faire des comas éthyliques et il est tellement bête qu'il ne connait même pas la capitale du Pérou. Lorsqu'il sort le soir pour aller réviser avec son ami Eric, ils vont dans des boites de striptease ou dans des clubs pour faire la fête. Et vous, vous n'êtes qu'une sale mégère aveugle, pas fichue de vous rendre compte que votre fils est un boulet et un loser de première catégorie. Bon vent !" Terminais-je en me détournant de la boutique d'un pas décidé et étrangement, avec une assurance et une adresse qui ne me ressemblait guère.

J'étais peut être virée, mais bizarrement, ça ne me dérangeait pas plus que ça. Au contraire, je me sentais libérée d'avoir enfin pu déballer ce que je retenais à l'intérieur de moi depuis tout ce temps. Ce m'avait fait un bien fou et pour rien au monde je le regrettais. La seule chose négative, c'est que j'étais désormais sans travail et que pour payer les factures, j'étais vraiment au plus mal. Mais depuis le temps que j'avais envie de rembarrer cette vieille peau, ça valait vraiment le coup.

Ne sachant pas quoi faire de ma journée – Les Cullen étaient tous partis chasser en montagne – je décidais d'aller rendre visite à ma tante Esmée à qui je n'avais pas parlé depuis un sacré bout de temps. Nous avions pas mal de choses à nous dire il me semble.

J'arrivai sur son lieu de travail et entrai dans sa boutique. Lorsqu'elle me vit, elle m'offrit un sourire heureux mais néanmoins surpris.

- "Oh Bella !" Elle vint m'enlacer chaleureusement et je me surpris à regretter de ne pas avoir passé plus de temps avec elle depuis qu'elle était ici comme je l'avais prévu au départ.

- "Je suis contente de te voir Esmée. On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers temps."

- "C'est juste. Mais il s'est passé tellement de choses, à la fois pour toi comme pour moi." Fit-elle en s'éloignant légèrement de moi pour me regarder. Je lui rendis son sourire.

- "Oui, c'est assez vrai."

- "J'ignorais comment je devais réagir et me comporter avec toi après que tu aies appris pour Carlisle et moi. J'ai tellement eu peur que tu m'en veuilles…"

- "Je me doute, et je t'en ai voulu. Enfin je crois. Mais ce n'est pas vraiment pour les raisons que tu penses." Marmonnais-je tout bas. Elle fronça les sourcils.

- "Pour quelles raison dans ce cas ?" Je détournai la tête et éludai.

- "Je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant. On a du retard à rattraper."

- "Oui, je suis d'accord. Tu veux que je te serve un café ? Il y en a dans l'arrière-boutique." Proposa-t-elle.

- "Je veux bien merci."

- "Je vais fermer la boutique. De toute façon, les clients se font rares aujourd'hui."

- "On est à Forks Esmée." Fis-je remarquer. "Ce n'est pas très étonnant."

Quelques minutes plus tard, nous étions installés dans l'arrière-boutique du magasin, chacune dans un fauteuil avec du café, parlant de tout et de rien.

- "Alors ? Quoi de nouveau dans la vie de ma chère Bella ?" Demanda-t-elle.

- "Je me suis fait virer aujourd'hui." Annonçais l'air de rien.

- "C'est pas vrai…" Murmura-t-elle abasourdie. "Mais que s'est-il passé ?"

- "Je ne suis pas allée travailler ces trois derniers jours à cause de tous les problèmes personnels que j'aie eus. Et mon employeuse n'a pas apprécié."

- "Je suis vraiment désolée Bella." Je haussai les épaules.

- "Oh ce n'est rien, je crois que je m'en remettrai." Rassurais-je.

- "Quels problèmes as-tu rencontré ?" S'enquit-elle inquiète.

- "Ça n'a pas d'importance. Disons que… Entre Rosalie et moi c'est plutôt la guerre en ce moment." Avouais-je tristement. "Et puis nous avons eu quelques soucis avec les indiens de la Push."

- "Les loups garous." Devina-t-elle.

- "Tu es au courant de ça aussi ?" Demandais-je étonnée et un peu fâchée à l'intérieur de moi. Elle hocha la tête avec gêne.

- "Oui, je suis au courant de pas mal de choses." Fit-elle embarrassée.

- "Ça je suis au courant." Répondis-je sarcastique. Je soupirai pour tenter de réfréner ma soudaine jalousie qui jaillissait. J'avais honte d'être jalouse de ma propre tante.

- "J'espère que ça s'arrangera avec ton amie." Dit-elle sans relever mon dernier commentaire. Je lui fis un maigre sourire.

- "Je te remercie. Bon et toi ?" Changeais-je de sujet. "Comment vas-tu ?" Elle me fit un sourire rayonnant.

- "Je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie." Répondit-elle. Je déglutis amèrement.

- "Je suis contente pour toi." Parvins-je à formuler. "Tu le mérites sincèrement."

- "Toi aussi Bella." Je secouai la tête fadement.

- "Je n'en suis pas si sûre." Marmonnais-je pour moi-même, tellement bas qu'elle ne m'a probablement pas entendue. "Donc… Carlisle et Edward m'ont dit que tu allais… Changer de vie." Balbutiais-je mal à l'aise.

- "Oui, c'est le cas de le dire." Rit-elle.

- "Et dans combien de temps est-ce que tu vas…"

- "Je l'ignore encore. Je ne pense pas trop tarder. Tu sais, je ne suis plus très jeune." Plaisanta-t-elle.

- "Arrête ça…" Soupirais-je. "Tu es jeune et très jolie." Complimentais-je honnêtement. Elle rougit légèrement.

- "C'est très gentil à toi. Mais je compte quand même le faire au plus vite."

- "Donc vous allez devoir quitter Forks." Devinais-je en ressentant comme un énorme coup de poignard dans la poitrine à cette idée. Les Cullen allaient partir. Rosalie et moi allions nous retrouver seule. Et Esmée partirait avec eux. Cette fatalité me faisait souffrir d'une manière inqualifiable.

- "Oui c'est évident. Nous ne pourrons pas rester ici après ça."

J'hochai la tête et sentis une larme perler au coin de mon œil.

- "Qu'y a-t-il Bella ?" S'enquit-elle en voyant mon état de détresse. Je secouai la tête, les larmes qui commençaient à affluer.

- "Rien je… C'est juste que… je t'envie." Terminais-je en laissant échapper un sanglot. "Je t'envie tellement Esmée. Tu as la vie dont je rêve."

- "Je ne comprends pas." Me dit-elle perdue, tandis que je pleurais.

- "Tu n'as pas eu besoin d'attendre bien longtemps pour connaitre le secret des Cullen. Carlisle te l'a dit. Rosalie et moi, on a dû tout découvrir par nous même, jusqu'à en perdre notre amitié. Tu n'as pas besoin de réclamer une transformation car l'homme de ta vie est d'accord. Moi c'est tout le contraire. Je ne peux même espérer qu'il accepte de me transformer, c'est peine perdue. Tu vas avoir une vie éternelle avec la personne que tu aimes. Et quand vous serez partis, moi je serai toute seule, Edward partira avec vous. C'est pour ça que je t'en veux finalement." Sanglotais-je. "Parce que je t'envie, tu ne peux pas savoir à quel point. Je sais que c'est égoïste de penser comme ça. Et je suis heureuse pour toi, je te le jure. Mais je ne peux pas je…""

Je ne terminai pas ma phrase car mes sanglots redoublèrent et je pleurais abondamment. Esmée vint à ma rencontre et me prit dans ses bras comme une mère l'aurait fait pour son enfant. Je la laissais faire, appréciant ce simple contact maternel qui me manquait terriblement.

- "Je suis désolée Bella. Edward est-il au courant de ce que tu ressens ?" Demanda-t-elle en effectuant des cercles dans le creux de mon dos.

- "Non. Tu es la première personne à qui j'en parle. Il ne lit pas mes pensées et avec Rosalie, la communication est au plus bas. Je ne sais pas quoi faire Esmée. Et cette situation est en train de me détruire."

- "Parle-lui-en." Me conseilla-t-elle. "Je pense que ce sera une bonne chose."

- "Mais j'ai déjà essayé !" Pleurais-je. "J'ai tâté le terrain plusieurs fois pour savoir ce qu'il pensait et c'est carrément impossible de négocier. Son opinion est définitivement arrêtée, il me l'a dit lui-même qu'il n'accepterait jamais de me transformer. Pour lui, ce ne serait pas une solution pour qu'on puisse vivre heureux. Ce serait une tragédie. Il m'a dit que ça ne durerait pas et que notre histoire n'avait pas d'avenir. Et ça me tue."

Elle continua à m'enlacer et à essayer de me réconforter, sans grand succès. Puis elle me prit le visage dans ses mains et me regarda sérieusement.

- "Il faut absolument que tu lui en parles. Même si tu as déjà tâté le terrain comme tu dis, il faut que lui sache ce que tu veux. Il ne dira rien tant qu'il croira que tu es d'accord avec lui. Mais si tu lui fais part de ton opinion, cela pourrait le faire réfléchir."

- "Je ne sais pas Esmée…" Répondis-je, pas très rassurée.

- "Écoute Bella. Je ne vais pas te le cacher. Notre départ est pour bientôt. Tout le monde va s'en aller et si tu ne le fais pas maintenant, tu vas te réveiller un matin, seule et malheureuse. Et je ne veux surtout pas que ma nièce connaisse ce destin. Tu as déjà traversé suffisamment d'épreuves pour mériter le droit d'être heureuse. Alors essaie de le convaincre. Fais en sorte de tout faire pour le faire changer d'avis maintenant parce que dans peu de temps, il sera trop tard."

L'entendre me le dire me fit prendre conscience de la réalité. Ils allaient partir. Bientôt. Rien que d'y penser fit souffrir mon cœur encore plus. Je ne pouvais pas le laisser me quitter. Je ne pouvais pas vivre sans lui. Il fallait que je tente tout et n'importe quoi, que je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour le persuader de donner une chance à notre histoire. Autrement, comme Esmée l'avait dit, il serait trop tard et je serai bonne à me tirer une balle entre les deux yeux. Je me levai et inspirai un bon coup pour arrêter de pleurer une bonne fois pour toutes.

- "Tu as raison. Je ne peux pas le laisser partir. Je ne suis pas prête à vivre sans lui." Elle me fit un sourire encourageant et se leva à son tour.

- "Je suis contente de t'entendre dire ça."

- "Il faut que j'y aille". Dis-je en essuyant mes yeux avec mes manches.

- "Prends soin de toi Bella."

- "Je t'aime Esmée." Souris-je avant de la prendre dans mes bras. Elle me rendit mon étreinte avec chaleur.

- "Je t'aime aussi Bella. Je suis contente que Charlie ait fait une erreur de jeunesse." Je rigolai légèrement avant de m'éloigner et de prendre le chemin de la sortie.

- "Passe le bonjour à Carlisle de ma part."

- "Je n'y manquerai pas." Sourit-elle une dernière fois avant que je ne quitte les lieux.

…………

Je rentrai chez moi et soufflai. Edward avait réparé la porte hier en moins de temps qu'il fallait pour le dire. Le reste de la maison était un véritable chantier en ruines. Je décidai d'aller me faire un sandwich dans la cuisine avant de pousser un cri de terreur.

Il était là, en train de remettre le frigo en état de marche malgré les débris et la cuisine en vrac. Il tourna sa tête vers moi et me sourit tandis que je voyais ses mains s'agiter à une vitesse phénoménale.

- "Mais qu'est-ce que tu fais là ?" Demandais-je étonnée.

Le frigo se retrouva soudainement en état de marche et il vint vers moi à une rapidité humaine. Il prit mon visage en coupe et m'embrassa à ma grande surprise d'une façon drôlement enjouée. Je passai mes bras autour de sa nuque et finis par me détendre en soupirant d'aise.

- "On est rentré plus tôt que prévu et Alice m'a dit que tu venais de te faire virer donc je suis venu directement ici." M'apprit-il après m'avoir relâché, à mon plus grand regret. "Je suis fier de toi Bella. Si tu savais depuis combien de temps j'espérais que tu ouvrirais ta bouche et les enverrais sur les roses comme tu viens de le faire…"

- "C'est pour ça que tu as l'air si… Enjoué." Fis-je en souriant.

- "C'est un jour exceptionnel, à marquer dans l'histoire." Je levai les yeux au ciel.

- "La chasse était bonne ?" M'enquis-je comme si de rien n'était.

- "Si tu veux tout savoir, je n'ai pas arrêté de penser à toi quand j'étais là bas. Tu me manques quand tu n'es pas avec moi." Déclara-t-il subitement.

Je baissai les yeux en cachant mon sourire, me rendant compte qu'il fallait que je lui parle malgré sa bonne humeur. Si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferai jamais.

- "Edward." Commençais-je en remontant mes yeux pour rencontrer les siens. "Il faut que je te dise quelque chose."

- "Qu'est-ce qu'il y a ?" Demanda-t-il avec un sourire en coin qui me déstabilisa complètement.

- "Je t'aime." Avouais-je.

- "Je t'aime aussi." Rit-il en fronçant les sourcils curieusement.

- "Et je veux que tu me transformes."

Il mit quelques secondes à comprendre ce que je venais de lui dire et son sourire s'effaça aussitôt.

- "Qu'est-ce que tu as dit ?" Fit-il choqué et incrédule.

- "Ça fait longtemps que je voulais t'en parler… Je ne veux pas vivre sans toi. Et si tu ne me transformes pas, c'est ce qui va arriver. Je ne peux pas le concevoir. Il faut que je devienne vampire."

Je n'arrivais pas à croire que j'avais débité tout ça sans m'en rendre compte, moi qui aie toujours été une trouillarde sans nom, voilà que j'avais pris mon courage à deux mains et plutôt deux fois qu'une.

Edward écarquillait les yeux et me regardait comme si j'étais folle et que je lui annonçais la fin du monde. Ce n'était pas bon signe. Pas bon signe du tout. Il s'éloigna brusquement de moi comme si je brûlais ou que j'avais la peste. Ses yeux étaient révulsés et horrifiés.

- "Edward je t'en prie, dis quelque chose." Suppliais-je au bout d'un moment où il ne pipait mot tout en me scrutant.

Au même moment son téléphone vibra dans sa poche arrière et il décrocha tellement rapidement que je ne vis rien venir.

- "Allo ?"... "Quoi ?" S'écria-t-il. "Où ça ?"... "Non je suis chez Bella"… Je le regardai curieusement. "J'arrive."

Il raccrocha et reporta son attention vers moi.

- "Un problème ?" Demandais-je tristement en sachant qu'il allait partir.

- "Les trois nomades qui ont braqué la banque. On les a retrouvés." Annonça-t-il abasourdi.

- "C'est vrai ?" M'étonnais-je. "Et qu'est-ce que vous allez faire ?"

- "On va les traquer et en finir avec eux." Fit-il en se détournant vers la porte.

- "Tu veux dire maintenant ?" M'enquis-je surprise.

- "Oui maintenant." Fit-il légèrement énervé.

- "Mais enfin tu… Tu ne peux pas partir comme ça ! Pas après ce que je viens de..."

- "Bella, on en reparlera après tu veux ?" Il était vraiment en colère. "Emmett est en bas, il a raccompagné Rosalie."

- "Alors tu t'en vas ? Tu évites la conversation et tu me laisses pour aller tuer des gens ?"

- "Je t'ai dit qu'on en parlerait après !" S'emporta-t-il.

- "Edward j'ai peur." M'inquiétais-je.

- "On est cinq contre trois." Répliqua-t-il. "Ça m'étonnerait qu'il nous arrive quoi que ce soit."

- "S'il te plait Edward. N'y va pas. Reste avec moi." Suppliais-je.

- "Il ne m'arrivera rien." Rassura-t-il. "En attendant toi tu restes ici et tu ne bouges pas jusqu'à ce que je revienne."

- "Mais je…"

- "Ne bouge pas d'ici Bella."

En une fraction de secondes, sans même avoir pris le temps de me dire au revoir, il était parti. Je restai là, complètement déboussolée et impuissante face à la situation.

Rosalie arriva dans l'appartement, aussi bouleversée que je l'étais. Elle vint me prendre dans ses bras, comme au bon vieux temps, malgré tous nos différents et nos rancœurs.

- "Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?" Demandais-je après un long moment de silence. Elle inspira et répondit.

- "On attend."