vendredi 2 avril 2010

Parcours Fructueux: Chapitre 17

Chapitre 17: Sans avenir

Rosalie sortait de la voiture et arrivait tôt chez Jacob ce matin là. Une chose implacable avait changé, elle avait le sourire aux lèvres et était extrêmement joyeuse et de bonne humeur. La raison de cet entrain : Emmett Cullen.

Jamais elle ne s'était sentie aussi bien dans les bras d'un homme que dans les siens. Ils avaient passé la nuit dans une chambre d'hôtel et c'est à cet instant qu'elle comprit à quel point les sentiments qu'elle éprouve pour lui étaient profonds. Elle était inconditionnellement et irrévocablement amoureuse de lui.

Ils avaient longuement parlé de sa condition vampirique, de tout l'univers qui l'entoure et elle avait fini par l'accepter et comprendre que ces vampires n'étaient pas méchants, contrairement à ce qu'elle a pu penser dans le passé. Elle avait appris à l'aimer pour ce qu'il est et dorénavant, elle arrêterait de considérer les Cullen comme une menace.

Il y avait cependant une chose qui la titillait. C'était l'avenir qu'ils pourraient avoir ensemble. Elle savait qu'entre eux, cela ne pouvait pas durer car ils n'avaient pas la même condition. Lorsqu'ils devraient partir de Forks, ce serait la fin pour eux. Elle ne les suivrait pas, n'étant pas comme eux et ne souhaitant pas l'être. Mais pour l'heure, ce n'était pas le moment de penser aux mauvaises choses mais plutôt de penser aux bonnes. Elle était heureuse avec lui. Elle avait l'impression qu'il lui servait de pilier, de rempart solide sur lequel elle pouvait s'appuyer quand elle en avait besoin. Le temps où elle l'insultait et où il la faisait enrager était bien loin derrière elle.

Elle entra dans la maison des Black avec jovialité. Elle salua Billy chaleureusement avant que Jacob ne sorte du garage et n'arrive. Il avait apparemment l'air de mauvais poil.

- "Salut." Fit-elle avec toutefois une réserve à cause de ce qui s'est passé avec Bella la veille. Il la gratifia d'un regard noir.

- "Où est-ce que t'étais ?" Lui demanda-t-il brusquement. Elle fronça les sourcils, ignorant totalement pourquoi il était énervé.

- "Je suis allée dormir ailleurs." Répondit-elle simplement.

- "Où ça ailleurs ?" Brusqua-t-il.

- "En quoi est-ce que ça te concerne et de quel droit tu oses passer tes nerfs sur moi ?" S'emporta-t-elle.

- "Ça me concerne étant donné que tu vis ici et que tu reviens en puant la sangsue !" Cracha-t-il. Elle le regarda bouche bée. L'odeur d'Emmett sur elle lui était complètement passée par dessus la tête.

- "Je t'interdis de me parler sur ce ton c'est clair ?" S'énerva-t-elle. "J'ai le droit de fréquenter qui je veux."

- "Alors maintenant tu fréquentes ces monstres ?" Fit-il outragé. "T'étais avec eux ? Qu'est-ce que vous avez fait ?"

- "Ce que j'ai fait et avec qui je l'ai fait ne te regarde absolument pas Jake."

- "Ce sont des monstres Rosalie ! Tu entends ça ? Des monstres !"

- "Jacob." Intervint Billy. "Tu veux bien te calmer ? Tu es entrain de t'énerver."

- "Ce ne serait pas la première fois." Marmonna Rosalie tout bas.

- "Pour l'amour du ciel Rose !" S'emporta Jacob. "Ça te plait de me faire culpabiliser ? Tu crois que je ne m'en veux pas assez pour ce que j'aie fait ?"

- "Et tu fais bien de t'en vouloir." Rétorqua-t-elle. "Tu as failli tuer Bella."

- "Quoi ?" S'exclama Billy abasourdi. Rosalie se tourna vers lui étonnée tandis que Jacob resta embarrassé.

- "Tu ne lui en as pas parlé ?" Interrogea Rosalie à Jake. Il détourna le regard. Elle secoua la tête de déception. "En même temps, ce n'est pas quelque chose dont tu pourrais te vanter ni être fier pas vrai ?"

- "C'est quoi cette histoire ?" Demanda Billy. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

- "Jacob a voulu tuer Bella." Répondit-elle.

- "C'est faux !" Protesta-t-il. "Je ne l'ai jamais voulu et tu le sais !"

- "Mais tu l'as étranglé ! Et quand je suis arrivée, tu n'avais certainement pas l'intention d'arrêter."

- "Je t'ai dit que j'étais désolé ! Je m'en veux et tu ignores à quel point mais s'il te plait, arrête de me torturer !" Plaida-t-il. Elle secoua la tête.

- "Non je n'arrêterai pas. Il faut que tu assumes ce que tu as fait et que tu prennes conscience que tu as commis un acte irréparable Jacob. Je ne te dirai jamais que ce n'était pas grave, ni que je te pardonne. Parce que je ne te pardonnerai jamais. Alors assume tes actes et supporte les railleries que je continuerai de te faire car c'est tout ce que tu mérites." Acheva-t-elle avec fermeté.

Il resta figé, les bras ballants et les yeux suppliants avec un air blessé et triste qui ne fit ni chaud ni froid à Rosalie. Il était responsable de la situation, point à la ligne. Billy ne disait rien et tentait d'enregistrer la nouvelle dans son cerveau. Rosalie souffla et s'en alla vers les escaliers.

- "Où est-ce que tu vas ?" Demanda Jacob tristement.

- "Préparer mes affaires. Je rentre chez moi." Annonça-t-elle froidement.


- "Et ton cou comment ça va ?" Me demanda Edward pour la énième fois de la matinée. Je souriais face à son importante inquiétude à mon égard.

- "Ça va, je t'assure. Tu sais, je n'ai vraiment pas mal." Répondis-je en levant les yeux vers lui, appuyée contre son torse. Il était en train de m'enlacer sur mon lit avec le visage tendu.

- "Bella, ton cou est encore rouge. On voit les traces de ses doigts." Contra-t-il en tentant de réfréner sa colère. Quelque chose me disait qu'il ne pourrait pas digérer ce qu'il s'est produit la veille.

- "Ce sont tes yeux de vampires qui le voient. Je suis sure qu'aux yeux de n'importe qui on ne voit plus rien." Il secoua la tête et détourna le regard en soupirant.

- "Ce cabot va me le payer." Susurra-t-il entre ses dents.

- "Edward." Tentais-je de le calmer. "Laisse-tomber d'accord ?"

- "Je suis sérieux Bella." Déclara Edward. Il avait vraiment l'air menaçant. "Il a intérêt à rester sur son territoire s'il tient à garder toutes ses pattes."

Je réprimai un rire. D'un certain côté, je n'étais pas contre le fait qu'il s'en prenne à lui car même si je ne suis pas de nature vengeresse ni pour la violence, Jacob m'avait fait extrêmement peur et surtout très mal. J'avais encore mal lorsque je passais ma main dessus mais ça, c'est le genre de choses que je n'avouerai jamais à Edward. Il était déjà assez en remonté sans en rajouter. De plus il m'effrayait quand il était et parlait comme ça.

- "Et si on arrêtait de parler de lui ?" Proposais-je. Il posa enfin les yeux sur moi et son regard s'adoucit.

- "Avec plaisir." Répondit-il en m'embrassant à la commissure des lèvres.

Je ne pus empêcher mes joues de prendre une teinte rosée. Sa proximité me faisait toujours autant d'effet. Pas sûr que ça puisse changer. Quoi que si, je connaissais un excellent moyen pour arrêter de rougir de cette façon. Un moyen qu'Edward n'approuverait certainement pas.

- "Dis…" Commençais-je avec réserve. Le fait de penser à ça tout d'un coup me donna envie de tâter le terrain. "Qu'est-ce que t'en penses toi à propos de la transformation d'Esmée ?"

Il fronça les sourcils et parut curieux.

- "Je n'en sais rien, pourquoi tu me le demandes ?"

- "Je voulais seulement savoir ce que tu en pensais. Tu sais, de transformer quelqu'un en vampire." Il secoua les épaules avec désinvolture.

- "Si elle en a envie et que Carlisle est d'accord, alors ça les regarde. Je n'y vois aucun problème."

Je me fis violence pour ne pas râler. Il ne répondait pas du tout à ma question.

- "Mais toi ?" Insistais-je. "Si tu étais à la place de Carlisle, est-ce que tu accepterais de le faire ?"

Je le vis cligner des yeux plusieurs fois, comme s'il était vraiment étonné de ma question. J'eus soudainement peur qu'il ait deviné mes véritables motivations et qu'il sache ce que je voulais réellement.

- "Pourquoi tu veux savoir ça ?"

- "Parce que je m'intéresse à ce que tu penses." Répondis-je avec aplomb en priant pour qu'il ne remarque pas mon embarras. Il soupira.

- "Je comprends Carlisle." Consentit-il à répondre. J'écarquillai les yeux étonnée.

- "Tu le comprends ?" Répétais-je abasourdie.

Je ne m'attendais certainement pas à cette réponse venant de sa part. Peut être que j'arriverai à mes fins plus facilement que je n'osais l'espérer. Il hocha la tête pour confirmer.

- "Oui, bien sûr que je le comprends. Il veut vivre l'éternité avec l'amour de sa vie. N'importe qui rêve de la même chose…"

Il avait une voix lointaine, comme s'il se parlait plus à lui qu'à moi. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine en imaginant qu'il pouvait être d'accord et me transformer. Je tentai de réfréner cette envie de sourire soudainement car je le connaissais et je savais pertinemment qu'il y avait un « Mais » dans sa phrase. Edward ne pouvait pas être d'accord. Ou alors j'ai vraiment loupé un épisode.

- "Donc tu es d'accord avec lui ?" Demandais-je avec un semblant d'espoir.

- "J'ai dit que je le comprenais et je le pense, parce que c'est un choix tout à fait normal et compréhensible. Seulement… Ce n'est pas la décision que je prendrais à sa place." Acheva-t-il.

Mon semblant de jovialité mourut dans mes poumons en l'entendant confirmer mes craintes et anéantir mes faibles espoirs.

- "Pourquoi ?" Voulus-je savoir.

- "Parce que ce n'est certainement pas le choix de vie que j'accepterai de faire subir à la personne que j'aime." Dit-il avec assurance et certitude. Dit comme ça, je sus tout de suite qu'il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis.

- "Mais si c'est ce qu'elle a décidé ?" Contrais-je en masquant mon trouble.

- "Peu importe, elle ne sait pas dans quoi elle s'embarque. Nous sommes des monstres Bella et quoi que tu puisses en dire, c'est ce que nous sommes. Je sais que tu ne nous vois pas de cette façon, mais pourtant c'est le cas. Et je sais que si jamais c'était toi à la place d'Esmée et que tu me demandais un truc pareil, je refuserais catégoriquement. Ce genre de vie n'est absolument pas ce dont je rêve pour la personne dont je suis amoureux." Termina-t-il avec un léger sourire tandis que mon cœur sombrait dans la déprime la plus totale.

Je me sentis souffrir le martyr de l'entendre dire ça. Car même si avant j'avais déjà des soupçons au sujet de ses positions et de ses principes, je ne l'avais jamais entendu le dire à voix haute. Et à présent qu'il les disait clairement, cela prit plus d'ampleur et sonna comme une fatalité inévitable. Maintenant, je savais où nous allions. Et je savais que quoi que je fasse, je ne serai jamais comme lui. Donc j'allais vieillir. Et j'allais finir seule, sans lui. J'eus soudainement l'envie de mettre fin à mes jours pour éviter d'avoir à vivre un tel supplice. Et le pire, c'est qu'il ignorait totalement ce que moi je pensais. Je me retenais par tous les moyens de pleurer pour ne pas qu'il s'aperçoive de mon trouble et de ma douleur.

- "De toute façon, je ne te l'ai pas demandé donc la question ne se pose pas pas vrai ?" Conclus-je tristement sans le regarder.

- "Exactement. Et heureusement d'ailleurs car je n'ose même pas imaginer comment j'aurais réagi." Je soupirai en secouant la tête de désespoir. "Qu'est-ce qu'il t'arrive Bella ?" S'enquit-il soudainement. "Ton cœur a eu quelques ratés depuis tout à l'heure et il bat de façon irrégulière."

Je commençai à paniquer. J'avais complètement oublié ses capacités hors du commun. Je ne voulais pas qu'il sache à quel point j'étais désemparée. Et il était hors de question que je lui dise pourquoi je me sens si mal. Après tout il vient de me confirmer lui-même ce que je pressentais. Il ne voudrait certainement pas entendre ce que j'avais à lui dire.

Je relevai la tête vers lui et scrutai ses prunelles dorées qui avaient l'air bien anxieux. Il caressa ma joue en fronçant les sourcils. Il devait surement se demander ce que j'avais. Je me penchai vers lui et déposai mes lèvres sur les siennes, espérant ainsi le faire oublier les battements irréguliers de mon cœur et le visage fermé et torturé qu'il a dû voir. Il resta immobile quelques secondes, se demandant probablement pourquoi je cherchais à esquiver, mais finit par abandonner et répondre en bougeant ses lèvres avec douceur.

J'entrouvris la bouche pour lui accorder le passage et nos langues s'unirent pour ne plus se lâcher. La température commençait à monter sérieusement et ce qui n'était qu'un baiser furtif sensé détourner l'attention se transforma en un baiser fiévreux. Je me déplaçai pour me retrouver à califourchon sur lui et caressait son torse dur comme le marbre. Ses mains glaciales se déplaçaient dans mon dos et m'envoyaient des décharges électriques qui insufflèrent de la chaleur dans mon bas ventre.

Je le sentis sourire contre mes lèvres et cela me donna envie de faire pareil. Le voir heureux me rendait heureuse, comme un automatisme.

- "Bella." Interrompit-il alors que j'étais à bout de souffle.

- "Quoi ?" Fis-je en reprenant ma respiration, tout en montrant ma frustration qu'il ait mis fin à notre baiser.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre car je replongeai à nouveau vers sa bouche, désireuse de plus de contact. Je l'entendis émettre un grognement avant que sa main ne se pose sur ma joue et m'éloigne doucement de lui.

- "Rosalie arrive." Déclara-t-il d'une voix frustrée.

Je râlai légèrement et me levai à reculons. Il m'offrit un sourire contrit tandis que j'entendis la sonnette de la porte retentir. J'allai ouvrir avec énervement mais également avec curiosité. Je me demandais pourquoi Rosalie venait me voir. Je ne pensais pas que je la reverrais avant très longtemps. Lorsque j'ouvris la porte, je la vis avec un visage embarrassé et sans aucun sourire.

- "Euh… Salut." Me salua-t-elle avec gêne. Je tentai un maigre sourire. Malgré sa froideur, j'étais tout de même contente de la revoir.

- "Salut."

Un long silence se fit tandis que nous nous regardions comme deux idiotes qui ne savent pas quoi dire pour combler le silence.

- "Euh… Tu veux entrer ?" Proposais-je au bout de ce qui me semblait être une éternité.

- "Euh, ouais." Répondit-elle en hochant vaguement la tête.

Je me reculai pour lui céder le passage et elle entra avec une valise que je n'avais point vue. C'était la même qu'il y a deux jours, lorsqu'elle était partie en mettant un terme à notre amitié. Repenser à ce moment me coupa la respiration et me donna un énorme sentiment de douleur au niveau du cœur.

- "Tu as apporté une valise ?" Demandais-je après avoir refermé la porte. Elle se tourna vers moi.

- "A vrai dire, j'ai décidé de revenir vivre ici. Enfin… Si cela ne t'ennuie pas." J'écarquillai les yeux d'étonnement.

- "Non ! Enfin, bien sûr que non ça ne m'ennuie pas…" M'empressais-je de répondre sans cacher ma joie soudaine. "Mais pourquoi est-ce que…"

- "Après ce qu'il s'est passé hier, tu ne croyais pas que j'allais rester là-bas si ?" Me coupa-t-elle. Je détournai le regard.

- "Je ne sais pas, je pensais…"

- "Ça ne veut rien dire Bella." Coupa-t-elle la parole à nouveau. "Je reviens vivre ici mais entre toi et moi… Y a rien de changé."

Je déglutis et hochai la tête.

- "Fais comme chez-toi." Parvins-je à répondre difficilement. Elle me regarda étrangement avant de prendre sa valise et de se diriger vers sa chambre.

- "Bonjour Edward." Salua-t-elle avec gêne. Celui-ci apparut et avait un sourire en coin mystérieux sur les lèvres.

- "Rosalie." Répondit-il cordialement, sans se départir de son sourire que je trouvais étrange. Rosalie entra dans sa chambre et referma la porte. Aussitôt je me tournai vers Edward et le questionnai du regard.

- "Pourquoi tu souris comme ça ?"

Il secoua la tête amusé.

- "Figure-toi que ton amie a passé la nuit avec mon frère hier."

Je clignai des yeux pour être sûr d'avoir bien entendu.

- "Tu es sérieux ?" M'exclamais-je ahurie. Il hocha la tête.

- "Je crois que je vais devoir m'entretenir avec lui." Répondit-il le sourire aux lèvres.

- "Quoi, maintenant ?" Demandais-je sans cacher ma déception.

- "Je vais revenir, ne t'en fais pas." Fit-il désolé. Il s'avança vers moi et m'embrassa tendrement sur le front pendant que je soupirais d'amertume.

- "Tu reviens vite hein ?" Suppliais-je en le regardant dans les yeux.

- "Promis." Fit-il en m'embrassant chastement.

Je m'accrochais à sa chemise pour ne pas le laisser partir, ce qui le fit rire avant qu'il ne s'éloigne de moi sans difficulté tandis que je faisais une moue suppliante qui accentua son hilarité.

- "Je reviens Bella." Assura-t-il. "Parole de vampire." Il ouvrit la porte et m'accorda un dernier regard avant de sortir tandis que je fulminais.

Il me manquait déjà. J'étais vraiment pathétique à un point inimaginable. Et maintenant qu'il était parti, qu'est-ce que je faisais ?

Rosalie était là, et il était clair qu'elle ne voulait pas que je lui parle. Je décidai d'aller m'enfermer dans ma chambre en lisant un livre. Mais à peine avais-je commencé que la présence de Rosalie dans l'appartement accaparait mon esprit. Et le fait de savoir qu'elle a franchi le cap avec Emmett. J'étais tout de même heureuse qu'elle soit revenue et qu'elle ait quitté les Black car Jacob était tout sauf stable. Il manquait clairement de contrôle de soi et s'emportait très facilement. J'en avais payé les frais.

J'espérais qu'il ne s'en était pas pris à elle entre temps. Et s'il s'était passé quelque chose ? Et puis d'abord, comment se fait-il qu'elle se soit retrouvée avec Emmett si celui-ci n'a pas le droit de pénétrer sur le territoire des Quileutes ? Est-ce que c'est grâce à ce que je lui aie dit hier qu'elle a décidé de réfléchir sur ses sentiments pour lui ?

Le temps passait et je n'intégrais strictement rien au livre que je lisais à propos d'une série de meurtres. Finalement au bout de je ne sais combien de temps, je décidai de me lever car le jour s'assombrissait à vue d'œil et je commençais à avoir faim.

Je frappai à la porte de sa chambre et entrai dans l'encadrement de la porte.

- "Je te dérange ?" Demandais-je avec crainte. Elle était sur son lit en train d'écouter de la musique sur son baladeur. Elle ôta ses écouteurs des oreilles et m'asséna un regard neutre, sans émotion.

- "Qu'est-ce que tu veux ?" Fit-elle sans l'once d'une touche amicale.

- "Et bien… Je voulais savoir si tu avais faim car je vais préparer à manger."

- "Oh." Répondit-elle nonchalamment.

Au même moment la sonnette de la porte se fit entendre et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Edward était revenu.

- "Je vais aller ouvrir." Déclarais-je en me détournant et en me dirigeant vers le salon. J'ouvris au visiteur impromptu avec le sourire aux lèvres.

Sourire qui disparut aussitôt que je reconnus Jacob Black sur le palier, l'air désœuvré et torturé. Je n'arrivais pas à éprouver de la pitié pour lui. Il avait beau afficher des airs de martyr, c'était au-dessus de mes forces. Je ne pourrai jamais l'encadrer ni lui pardonner son écart de conduite.

- "Bella." Salua-t-il piteusement.

- "Qu'est-ce que tu fais là ?" Répliquais-je sèchement. Il baissa le regard vers ses pieds.

- "Je voudrais parler à Rosalie." Je pouffai sardoniquement.

- "La dernière fois, c'était moi qui me trouvais à ta place et qui voulais lui parler. Et tu sais ce que tu as fait ?"

- "Quoi donc ?" Demanda-t-il perdu.

- "Ça." Répondis-je en lui claquant la porte à la figure.

J'entendis un silence avant qu'il ne se mette à cogner à la porte.

- "Bella, ouvre s'il te plait." Plaida-t-il.

- "Va te faire voir Jacob !" Criais-je à travers la porte. Rosalie apparut devant moi avec un visage inquiet.

- "Je suis désolé Bella. Je te jure que je suis vraiment désolé. Mais j'ai besoin de parler à Rosalie pour m'excuser. S'il te plait."

Je jetai un coup d'œil à Rose pour voir qu'elle était mitigée. Puis au bout de quelques secondes de réflexion, elle secoua la tête pour me signifier de ne pas le laisser entrer.

- "Elle t'a entendu et elle refuse de te voir." Répondis-je à Jacob. Ce dernier n'abandonna pas et continua à s'acharner sur la porte.

- "Laisse-moi entrer Bella."

- "Va-t'en !" Criais-je énervée et un peu apeurée. Il continua à marteler la porte de coups.

- "Je te jure que si tu n'ouvres pas cette porte, je la défonce !" Menaça-t-il. Rosalie et moi nous regardâmes choquées.

- "Jacob." Appela Rosalie. "Tu n'es pas dans ton état normal. Rentre chez toi."

- "Laisse-moi discuter avec toi." Supplia-t-il. "S'il te plait."

- "Pas tant que tu ne seras pas calmé."

- "Mais je suis calmé !" Cria-t-il. Il donna un grand coup dans la porte qui me fit tressaillir.

- "Jacob, tu me fais peur." Murmura Rosalie, assez fort pour qu'il entende.

Il y eut un silence. Pendant un long instant, nous crûmes qu'il avait laissé tomber et accepté de s'en aller. Mais sans le voir venir, nous vîmes la porte se fracasser par terre et Jacob entrer dans l'appartement. Je poussai un cri terrifiée tandis que Rosalie sursauta. Il avait un visage fermé et désolé et s'avança vers Rosalie avec appréhension. Celle-ci eut un mouvement de recul instinctif.

- "Rose, je suis désolé." Déclara-t-il. "Je ne veux pas qu'on se quitte de cette façon. Je n'aurais jamais dû m'énerver, ni contre toi, ni contre Bella… S'il te plait, j'ai besoin de toi." Supplia-t-il. Rosalie avait la bouche entrouverte et ses yeux étaient pleins d'hésitation.

- "Jake, rentre chez toi. Tu es à cran et… Regarde, tu as carrément démoli la porte !" S'écria-t-elle.

- "Je n'aurais pas eu à le faire si ton amie m'avait laissé entrer."

- "C'est moi qui lui aie demandé de ne pas t'autoriser alors laisse-là." Défendit-elle.

- "Je vais m'en aller." Concéda-t-il. "Mais est-ce que tu me promets que tu vas revenir à la réserve ?" Demanda-t-il avec des yeux implorants. Elle le regarda, partagée et tourmentée. Je restai à l'écart et regardai leur échange silencieusement.

- "Je… Je ne sais pas Jake. Laisse-moi du temps pour y réfléchir d'accord ?"

- "Mais enfin tu ne vas pas me laisser pour cette…" Il ne termina pas sa phrase mais je compris.

- "Sors de chez moi Jacob !" Ordonnais-je piquée à vif. Il se tourna vers moi en roulant des yeux.

- "Tu es contente de toi ? À cause de toi mon amie me déteste." Accusa-t-il en colère. "Tout ça c'est de ta faute Swan !" S'emporta-t-il.

À ce moment là, en le voyant en colère, j'eus l'impression de revivre la même chose que la veille, lorsqu'il avait failli me tuer. Son visage était aussi énervé et dur. Il était horrifiant. Je fus prise d'une crise d'angoisse sans bien comprendre pourquoi et me reculai prestement, comme si j'avais peur qu'il me poursuive.

- "Jacob, va-t'en tu lui fais peur." Paniqua Rosalie.

- "Mais je n'ai rien fait !" S'exclama-t-il outré. Il me regardait étonné et curieux.

- "S'il te plait. Implora-t-elle. "Je te promets que je passerai te voir mais par pitié, sors de là." Jacob eut un mouvement d'hésitation avant de finir par déposer les armes. Il se tourna vers l'entrée ouverte, la porte étant tombée au sol.

Il allait sortir lorsqu'une ombre apparut à une vitesse inhumaine dans l'appartement.

Edward avait le visage apparemment inquiet et paniqué. Il regardait tantôt la porte, tantôt moi, avant de finalement poser son regard sur Jacob avec une soudaine colère non dissimulée. Ses yeux s'assombrirent et je me rendis compte que ce n'était plus l'homme que j'avais laissé partir tout à l'heure, mais bel et bien le vampire menaçant et terrifiant qu'il était.

- "TOI !" Hurla-t-il avant de se jeter sur lui en moins de temps qu'il ne fallait pour ouvrir la bouche.

Puis ce fut fini. Edward avait poussé Jacob avec une telle force qu'il alla s'écraser contre le mur de la cuisine en provoquant une immense fissure à l'intérieur. Jacob se releva d'un bond et à vitesse fulgurante se précipita vers lui pour riposter.

Après ça, ni Rosalie ni moi ne pouvions voir ce qu'ils faisaient car leurs mouvements étaient bien trop rapides pour nos yeux. Nous entendîmes des meubles se fracasser, des murs se démolir et notre appartement s'effondrer.

- "Oh mon Dieu…" Murmura Rosalie désespérée. Je m'approchai d'elle avec lenteur et elle me prit dans ses bras tandis que nous assistions impuissantes à un combat dont aucune de nous ne comprenait quoi que ce soit.

Au bout de ce qui nous semblait une éternité, nous pûmes enfin voir quelque chose. On voyait Edward qui envoyait valser Jacob contre un mur qui se fissurait avant de tomber à la renverse. Il n'eut pas le temps de se relever que le vampire fonçait sur lui plus rapidement qu'une ombre et le maintint fermement contre un des murs encore entier de l'appartement. Il avait un visage tellement hostile que pour la première fois de ma vie, j'eus véritablement peur de lui. C'était la première fois qu'Edward perdait le contrôle de lui-même et ce n'était vraiment pas quelque chose auquel j'aimais particulièrement assister.

- "Tu n'aurais jamais dû sortir de ton territoire." Susurra-t-il entre ses dents avec une haine bien distincte.

- "Va en enfer." Marmonna Jake avec venin. Il était complètement sans défense et j'eus presque pitié pour lui.

- "Je vais te tuer Jacob Black. Pour avoir osé lever la main sur elle et la blesser."

Il avait l'air tellement décidé et résolu qu'en cet instant, je le croyais. Je croyais sincèrement qu'il allait le faire.

- "Bella…" Murmura Rosalie en me faisant un signe vers Jacob. Je le regardai et vis ses poings enfler soudainement. Je ne compris pas ce que cela signifiait jusqu'à ce que j'entende Rosalie crier.

- "Oh mon Dieu il va se transformer dans la maison !"

J'écarquillai les yeux, hallucinée par ce qu'elle venait de dire. Non, c'était impossible. Jacob ne pouvait pas se transformer ici, il démolirait l'immeuble entier. Edward sembla alors se souvenir de notre présence et se tourna vers nous rapidement avant de reporter son attention sur Jacob et de resserrer sa prise encore plus violemment de sorte à l'immobiliser totalement. Jacob commençait à devenir rouge et ses poings avaient l'air d'être capable de pouvoir broyer n'importe qui. Et s'il était amené à se transformer avec Edward à proximité…

- "Edward !" Criais-je en me détachant de Rosalie. Je m'apprêtai à courir vers lui lorsque Rosalie me retint par derrière.

- "Bella non !" Fit-elle en m'empêchant de bouger.

- "Ne t'approche pas Bella." Entendis-je alors Edward m'ordonner sans détacher son regard de Jacob qui se mettait à grogner.

- "Il ne peut pas se transformer ici !" Hurlais-je déboussolée.

C'était irrationnel et impossible à mon sens. S'il ne se calmait pas, ce serait un véritable massacre. De plus, j'avais peur pour l'homme que j'aime et qui se trouvait à côté de lui.

- "Jacob calme-toi."

Nous nous retournâmes tous vers le détenteur de cette voix calme et autoritaire. Un homme brun, grand, torse nu et musclé que je n'avais pas vu depuis une éternité apparut dans l'entrée de l'appartement. Je ne l'avais vu que très peu de fois. C'était lors de nos sorties à la plage de La Push au temps où je me trouvais encore au lycée. Sam Uley. À l'époque il n'était pas aussi costaud et ses cheveux étaient plus longs. Je me demandai comment j'avais fait pour réussir à le reconnaître après tout ce temps et toute cette transformation physique. J'ai toujours eu une bonne mémoire visuelle il me semble.

Jacob émit un grognement encore plus féroce tandis qu'Edward le frappait contre le mur pour l'affaiblir.

- "Jacob." Tonna la voix de Sam en s'approchant d'eux.

Je me demandais bien ce qu'il faisait là mais ce n'était pas la priorité. Il le rappelait à l'ordre avec une autorité et un calme hors du commun. Il ne sortait pas de ses gonds contrairement à Jacob qui est facilement irritable et incontrôlable. Non, il était posé et détendu. La seule preuve de son anxiété et de son inquiétude était dans ses yeux et son front plissé.

Sans le voir venir, Jacob commençait petit à petit à reprendre un teint normal. Ses poings commençaient à se desserrer et il finit par ouvrir les yeux. Je relâchai mon souffle que j'avais gardé et Rosalie soupira de soulagement.

- "Merci Sam." Dit-elle à l'indien qui regardait Jacob avec inquiétude. Il hocha la tête.

- "Quand Billy m'a appelé pour me dire qu'il venait ici, je me suis dit que ça allait dégénérer. Surtout avec ce qui s'est passé hier." Répondit-il posément.

J'étais plutôt étonnée de voir un loup garou Quileute aussi calme et sage que l'était Sam Uley, contrairement à Jacob. Surtout que Rosalie m'avait raconté comment il avait perdu le contrôle et s'en était pris à sa compagne un jour.

- "Tu es tout seul ?" Demanda-t-elle.

- "Une partie de la meute est en bas, prête à venir en cas de besoin."

- "Emmène-le avec toi." Lui pria-t-elle.

- "Dès qu'il l'aura lâché." S'empressa-t-il de dire d'un ton haineux vers Edward qui tenait toujours fermement Jacob. Jacob lui, restait silencieux et tentait de faire apparemment profil bas.

- "Vous devriez sérieusement apprendre à contrôler vos nouveaux." Répliqua Edward sèchement à Sam, sans pour autant relâcher Jacob.

- "Laisse-le." Ordonna Sam froidement, sans cacher son hostilité envers lui.

Edward grogna de mécontentement puis finit par le lâcher brusquement tandis que Sam s'empressa de venir le tenir. Il était hors de question de laisser Jacob tout seul de toute manière. Qui sait de quoi il était capable de faire à nouveau… Cela dit, il était apparemment trop déboussolé et désorienté pour faire quoi que ce soit et pour émettre la moindre protestation.

- "On s'en va." Fit Sam en faisant un signe de tête à Rosalie pour la saluer.

- "Je vous préviens." Murmura Edward à Sam d'un air menaçant. "Il est hors de question que ce clébard s'approche une nouvelle fois de ces deux filles. Est-ce que c'est clair ?"

Je vis Sam tiquer au mot « clébard » employé par Edward mais il se retint de faire tout commentaire. Il hocha la tête.

- "C'est tout à fait compréhensible et normal." Déclara-t-il. "Jacob ne vous causera plus d'ennui." Fit-il en tournant sa tête vers ce dernier avec un regard désapprobateur.

Ils partirent sans plus de cérémonie. Jacob était soutenu par Sam et ne montra aucun signe de désaccord. Je crois qu'il allait se faire passer un sérieux savon par ses coéquipiers. Edward se pinça l'arête du nez en fermant les yeux, sans doute pour se calmer. Il soupira puis rouvrit les yeux et porta son regard vers moi.

- "Est-ce que ça va ?" Parvint-il à formuler à voix basse.

Je m'avançai vers lui à pas lents. J'avais encore un peu peur de lui mais l'inquiétude que j'avais ressentie lorsque Jacob avait failli se transformer avait largement pris le dessus sur toutes mes émotions. Je le regardai craintive et il me prit dans ses bras à une vitesse démesurée. Mes nerfs lâchèrent et des larmes coulèrent.

- "Tu m'as fait peur." Murmurais-je contre son torse.

- "Je sais. Je suis désolé." Fit-il repentant.

- "Ne refais plus jamais ça."

- "Je ne te ferai plus peur, je te le promets."

Il resserrait son étreinte sur moi, comme s'il avait peur que je lui échappe.

- "Oh mon Dieu !"

Nous nous retournâmes vers l'entrée de l'appartement et je reconnus Mrs. Cope, notre gardienne d'immeuble.

- "Mrs Cope…" Murmura Rosalie, pas très rassurée… La vieille s'avança dans l'appartement en marchant sur la porte et contempla la vue avec horreur.

- "On m'a appelé pour me dire qu'il y avait un ramdam pas possible. Mais qu'est-ce qui s'est passé ici ?" Cria-t-elle avec effroi. Je regardai autour de moi et me rendis compte de l'état de notre appartement. La cuisine était dévastée, le salon était détruit, des murs étaient tombés, dévoilant ainsi nos chambres, tout était sens-dessus dessous.

Je regardai Rosalie avec panique. Comment expliquer un tel remue-ménage ?

- "Elles ont été cambriolées." Annonça Edward en se tournant vers elle avec assurance, sans pour autant me lâcher. La morue – comme je l'appelle souvent – se tourna alors vers lui et écarquilla les yeux avant de se reprendre.

- "Cambriolées vous dites ?" Répéta-t-elle abasourdie.

- "Nous venons d'arriver et nous avons découvert l'appartement dans cet état." Assura Rosalie avec embarras. "Et il essaie de réconforter Bella depuis tout à l'heure." Finit-elle en me montrant du regard. En voyant ma tête de déterrée, Mrs Cope se mit alors à éprouver de la compassion.

- "C'est affreux. Je suis désolée mes chéries. Vous avez appelé la police au moins ?"

- "On va le faire." Lui répondit Edward avec aplomb. "Laissez-leur seulement le temps de réaliser ce qui vient de se produire."

- "Oh, oui oui, bien sûr." Fit-elle en gesticulant de façon étrange. "Vous voulez que je reste avec vous ?" Proposa-t-elle.

- "C'est gentil mais il vaut mieux que vous rentriez chez vous." Répondis-je en me forçant à faire un maigre sourire. Elle hocha la tête.

- "Appelez-moi si jamais vous avez un souci ou que vous avez besoin de quoi que ce soit."

- "Nous le feront." Assura Rosalie.

Mrs Cope sortit de l'appartement avec hésitation et nous fûmes à nouveau seuls.

- "Génial…" Marmonna Rosalie pessimiste. "On n'a plus d'appart."

- "Pour la porte d'entrée, je vais m'en occuper." Déclara Edward.

- "Et pour le reste ?" Rétorqua-t-elle énervée. "Non parce que… Je ne sais pas si tu as remarqué, mais on n'a plus de cuisine, plus de salon, plus de mur donc plus d'intimité, plus rien !"

- "Rosalie !" La rappelais-je à l'ordre.

- "Quoi ?" Fit-elle acerbe. "Comment veux-tu que je reste calme en voyant un tel foutoir ? Non mais tu as vu l'état de l'endroit dans lequel on vit ?"

- "Mais ce n'est pas la peine de t'en prendre à nous." Ripostais-je.

- "C'est de sa faute Bella !" Fit-elle en désignant Edward du regard. "S'il ne s'était pas jeté sur cet idiot de loup sans cervelle, on n'en serait pas là !" J'ouvris la bouche pour protester mais Edward me devança.

- "Elle a raison. J'en prends l'entière responsabilité." Rosalie rumina.

- "Y a plutôt intérêt." Répliqua-t-elle acide. "Jacob était sur le point de s'en aller !" Continua-t-elle sur sa lancée. "Si tu n'étais pas apparu, il serait parti !"

- "Est-ce que tu as vu l'état dans lequel il a ramené Bella ?" Se défendit-il. "Tu croyais sincèrement que j'allais laisser passer ça ?"

- "Sauf qu'à cause de toi, maintenant on a un appart complètement bousillé ! Il n'est même pas à nous ! Comment va réagir le propriétaire quand il va voir ça ?"

- "J'ai lu ses pensées Rosalie ! J'ai vu exactement ce qu'il lui a fait dans sa tête ! Je ne regrette absolument pas d'avoir voulu lui rendre la monnaie de sa pièce. Et pour ce qui est de l'état de votre appartement, vous serez indemnisées."

- "Et si on ne l'est pas ?" Rétorqua-t-elle cinglante.

- "Alors je paierai moi-même, ce n'est pas un problème."

- "Pas un problème ?" Répéta-t-elle. "Non mais tu ne te rends pas compte ma parole ! Tu nous a complètement terrorisé !"

- "Bon ça suffit !" Clamais-je. "Je ne crois pas que la meilleure chose à faire soit de nous disputer."

Rosalie soupira et détourna les yeux.

- "Emmett m'a chargé de te dire qu'il t'attendrait au même endroit qu'hier." Annonça finalement Edward d'une voix posée.

Elle releva subitement la tête avec étonnement. Un petit sourire se forma au coin de ses lèvres et une teinte rosée apparut sur ses joues. À cet instant, j'avais l'impression de me voir dans un miroir. Qui aurait cru que Rosalie Hale pouvait être timide quand elle voulait ?

- "Merci." Murmura-t-elle embarrassée. Je la vis s'activer à prendre veste et sac à mains. Elle déambulait dans l'appartement avant de se diriger vers la porte d'un pas pressé. "Bonne soirée." Salua-t-elle avant de s'en aller avec entrain.

Lorsque nous fûmes seuls, le silence s'installa. Je remarquai que nous nous étions éloignés. D'un certain côté, cet distance m'était insupportable, mais de l'autre, j'avais un sentiment de besoin de m'éloigner.

- "Je te laisse seul deux minutes, et les loups rappliquent." Marmonna-t-il enfin au bout d'une éternité.

- "Je t'en veux Edward." Il fronça les sourcils et s'apprêtait à se justifier mais je continuai. "Tu m'as fait flipper, littéralement fait flipper comme pas permis. J'ai eu la peur de ma vie en te voyant aussi menaçant."

- "J'ai perdu le contrôle quand je l'ai vu ici et quand j'ai vu l'état de la porte. Et puis tu étais pétrifiée et déstabilisée." Se défendit-il.

- "Mais je ne t'avais jamais vu en colère de cette façon. Tu avais vraiment l'air d'être un…"

- "Un quoi ?" Me coupa-t-il en voyant que je ne terminais pas ma phrase. "Un monstre ?"

Je baissai la tête vers mes chaussures et ne répondis pas.

- "Bella…" Hésita-t-il. "Je regrette mais je ne vais pas m'excuser pour ça. Je ne peux pas te dire que je suis désolé, c'est au-dessus de mes forces." Je soupirai agacée.

- "Tu ne pouvais vraiment pas faire l'effort de te contrôler ?" Insistais-je.

- "Non." Répondit-il catégorique. "Et je n'en avais certainement pas envie."

Je levai les yeux au ciel et décidai de clore le débat et de changer de sujet.

- "Rosalie a l'air d'être heureuse." Dis-je en dirigeant mon regard vers l'entrée.

- "Elle l'est." Me confirma-t-il. "Mais au fond d'elle, elle sait très bien que ça ne durera pas."

- "Pourquoi ça ne durerait pas ?" Demandais-je. Même si au fond de moi je le savais, je voulais croire que ça pouvait se terminer autrement.

- "On en a déjà discuté il me semble. Emmett et Rosalie n'ont aucun avenir ensemble."

- "Mais ils s'aiment." Protestais-je.

- "Quelque fois l'amour ne suffit pas. Rosalie n'abandonnera pas sa vie et son rêve par amour pour lui."

- "Donc ça ne durera pas…" Murmurais-je tristement.

- "Non." Fit-il d'une voix basse. Je posai mes yeux sur lui et le vis qui me regardait intensément. Je décidai de poser la question qui me brûlait les lèvres.

- "Et nous ? Est-ce que ça durera ?"

Il continua à me scruter d'un air concentré et je vis qu'il arborait un visage tourmenté.

- "Je… Je n'en sais rien Bella. Je n'ai aucune réponse à te donner." Avoua-t-il.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je sentis mes jambes flageoler. Je détournai le regard, incapable de le regarder plus longtemps. Je luttai intérieurement pour empêcher mes larmes de couler. Je ne voulais pas qu'il se rende compte de ma faiblesse et du chagrin qu'il était en train de me causer en m'avouant cela.

- "Je vois…" Murmurais-je pour moi-même en espérant vainement qu'il ne m'entendrait pas.

- "Bella…"

- "Et si on arrêtait de parler de ça ?" Le coupais-je soudainement avec une douleur lancinante dans la poitrine.

Si mon temps avec lui était compté, je voulais en profiter un maximum. J'étais peut être masochiste, à vouloir désespérément chercher à m'accrocher à lui au lieu de tout arrêter maintenant. Mais qu'importe. Je me fichais de la peine monstrueuse que j'éprouverai le jour où tout serait terminé. Les secondes que je passais avec lui en valaient la peine. Il me regarda avec hésitation et pendant un bref moment, je crus entrevoir une torture semblable à celle que j'éprouvais dans ses pupilles redevenues dorées. Est-ce que pour lui aussi c'était douloureux de songer à ça ?

Parce que si c'était le cas, il n'avait qu'à me transformer et tout serait réglé.

- "Tu sais que je t'aime." Répondit-il en s'approchant de moi, les traits plissés. Je hochai la tête et ravalai ma salive difficilement.

- "Mais quelque fois l'amour ne suffit pas." Répondis-je en faisant allusion à ce qu'il avait dit plus tôt.

Ses yeux se remplirent d'une étrange douleur qui me perturba. Il les ferma et les rouvrit tellement rapidement que je crus avoir rêvé. Il avait repris une contenance impassible et m'enlaçait sans que je ne le voie venir. Je fermai les yeux à mon tour et me laissait aller contre son torse dur et froid.

- "Et si je t'emmenais manger une pizza ?" Éluda-t-il soudainement. Ce changement de sujet me décontenança mais je décidai de faire comme lui, trouvant l'instant beaucoup trop pénible.

- "Avec plaisir, je meurs de faim." Acceptais-je avec du ressenti dans la voix.

La discussion était peut être terminée, mais elle n'était sûrement pas oubliée.


- "Bonjour Mrs Newton." Saluais-je le lendemain à la boutique de sport Newton. Celle-ci leva les yeux vers moi avec de l'étonnement.

- "Bella ?" Fit-elle abasourdie. "Je commençais à me dire que tu avais disparu de la circulation." Je sentis alors une vague de culpabilité m'envahir et je baissai les yeux.

- "Euh… Oui, je ne suis pas venue depuis…"

- "Trois jours." Répondit-elle à ma place. "La dernière fois que je t'aie vu, c'était lundi et aujourd'hui nous sommes vendredi."

- "Je suis désolée Mrs Newton." Fis-je repentante.

- "Tu n'as même pas appelé pour nous donner la moindre excuse. On ne sèche pas le travail comme on sèche l'école. Tu n'as aucune excuse Bella."

- "Je sais bien… Seulement ces temps-ci j'ai été très malade et j'étais vraiment mal en point." Inventais-je.

- "Et bien cela ne me suffit pas." Répliqua-t-elle durement. "Tu sais, j'ai été gentille d'accepter de t'engager parce que tu es une fille bien, malgré les nombreux problèmes que tu as traversés. Mais je commence à comprendre pourquoi personne ne veut t'engager ni ne te fait confiance."

Je retins l'envie soudaine de lui en coller une. Qu'elle soit énervée contre moi, je peux le concevoir, c'est normal. Mais pas la peine d'être insultante.

- "Je vous assure que je suis vraiment désolée. Cela ne se reproduira plus." Assurais-je.

- "Non, ça c'est sûr." Déclara-t-elle en abaissant les yeux vers son livre de comptes. "Tu es virée." J'écarquillai les yeux, incrédule.

- "Je vous demande pardon ?" M'étonnais-je.

- "J'ai besoin de personnes stables et dignes de confiance Bella. Et toi, apparemment tu ne fais pas partie de cette catégorie."

- Enfin cela ne fait que trois jours. Protestais-je. J'étais vraiment malade, je vous assure."

- "Oui et bien cela fait trois jours de trop."

- "Mais je n'ai jamais manqué un seul jour de boulot sans m'excuser auparavant ! J'ai toujours été ponctuelle, assidue, volontaire et je n'ai jamais rechigné. Vous ne pouvez pas me laisser une seconde chance ?" Insistais-je, les yeux suppliants.

- "Désolée ma chère Bella. Mais ici ce n'est pas un emploi à prendre à la légère. Mon fils Mike m'a parlé de votre étrange façon de travailler. Vous recevez des amis et vous leur faites la causerie pendant toute la journée au lieu de vous occuper de ce que vous avez à faire."

- "Seulement parce qu'il n'y a jamais de client." Rétorquais-je remontée. J'avais une horrible envie d'aplatir la tête de Mike et de la mettre dans une marmite, le tout saupoudré de la maman. Pas sûr que le plat soit vraiment délicieux.

- "Vous insultez la maison." S'emporta-t-elle. "Partez, je vous prie." Je montai sur mes grands chevaux et décidai de balancer tout ce que j'avais sur le cœur.

- "Je m'occupe à chaque fois des heures de fermeture pendant que votre cher imbécile de fils se soule à la tequila dans des clubs et rate tous ses examens à la faculté ! S'il y a bien quelqu'un qui n'est pas digne de confiance ici, c'est bien lui !"

- "Comment osez-vous ?" S'offusqua-t-elle. "Je vous interdis de parler de mon Mickey de cette façon !"

- "Ouvrez les yeux espèce de peau de vache ! Votre fils est un raté fini qui paie des filles pour satisfaire ses petits besoins de mâle, tout ça parce qu'il n'est pas fichu de se trouver une copine et qu'il a la flemme de se branler tout seul. Il boit jusqu'à faire des comas éthyliques et il est tellement bête qu'il ne connait même pas la capitale du Pérou. Lorsqu'il sort le soir pour aller réviser avec son ami Eric, ils vont dans des boites de striptease ou dans des clubs pour faire la fête. Et vous, vous n'êtes qu'une sale mégère aveugle, pas fichue de vous rendre compte que votre fils est un boulet et un loser de première catégorie. Bon vent !" Terminais-je en me détournant de la boutique d'un pas décidé et étrangement, avec une assurance et une adresse qui ne me ressemblait guère.

J'étais peut être virée, mais bizarrement, ça ne me dérangeait pas plus que ça. Au contraire, je me sentais libérée d'avoir enfin pu déballer ce que je retenais à l'intérieur de moi depuis tout ce temps. Ce m'avait fait un bien fou et pour rien au monde je le regrettais. La seule chose négative, c'est que j'étais désormais sans travail et que pour payer les factures, j'étais vraiment au plus mal. Mais depuis le temps que j'avais envie de rembarrer cette vieille peau, ça valait vraiment le coup.

Ne sachant pas quoi faire de ma journée – Les Cullen étaient tous partis chasser en montagne – je décidais d'aller rendre visite à ma tante Esmée à qui je n'avais pas parlé depuis un sacré bout de temps. Nous avions pas mal de choses à nous dire il me semble.

J'arrivai sur son lieu de travail et entrai dans sa boutique. Lorsqu'elle me vit, elle m'offrit un sourire heureux mais néanmoins surpris.

- "Oh Bella !" Elle vint m'enlacer chaleureusement et je me surpris à regretter de ne pas avoir passé plus de temps avec elle depuis qu'elle était ici comme je l'avais prévu au départ.

- "Je suis contente de te voir Esmée. On ne s'est pas beaucoup vu ces derniers temps."

- "C'est juste. Mais il s'est passé tellement de choses, à la fois pour toi comme pour moi." Fit-elle en s'éloignant légèrement de moi pour me regarder. Je lui rendis son sourire.

- "Oui, c'est assez vrai."

- "J'ignorais comment je devais réagir et me comporter avec toi après que tu aies appris pour Carlisle et moi. J'ai tellement eu peur que tu m'en veuilles…"

- "Je me doute, et je t'en ai voulu. Enfin je crois. Mais ce n'est pas vraiment pour les raisons que tu penses." Marmonnais-je tout bas. Elle fronça les sourcils.

- "Pour quelles raison dans ce cas ?" Je détournai la tête et éludai.

- "Je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant. On a du retard à rattraper."

- "Oui, je suis d'accord. Tu veux que je te serve un café ? Il y en a dans l'arrière-boutique." Proposa-t-elle.

- "Je veux bien merci."

- "Je vais fermer la boutique. De toute façon, les clients se font rares aujourd'hui."

- "On est à Forks Esmée." Fis-je remarquer. "Ce n'est pas très étonnant."

Quelques minutes plus tard, nous étions installés dans l'arrière-boutique du magasin, chacune dans un fauteuil avec du café, parlant de tout et de rien.

- "Alors ? Quoi de nouveau dans la vie de ma chère Bella ?" Demanda-t-elle.

- "Je me suis fait virer aujourd'hui." Annonçais l'air de rien.

- "C'est pas vrai…" Murmura-t-elle abasourdie. "Mais que s'est-il passé ?"

- "Je ne suis pas allée travailler ces trois derniers jours à cause de tous les problèmes personnels que j'aie eus. Et mon employeuse n'a pas apprécié."

- "Je suis vraiment désolée Bella." Je haussai les épaules.

- "Oh ce n'est rien, je crois que je m'en remettrai." Rassurais-je.

- "Quels problèmes as-tu rencontré ?" S'enquit-elle inquiète.

- "Ça n'a pas d'importance. Disons que… Entre Rosalie et moi c'est plutôt la guerre en ce moment." Avouais-je tristement. "Et puis nous avons eu quelques soucis avec les indiens de la Push."

- "Les loups garous." Devina-t-elle.

- "Tu es au courant de ça aussi ?" Demandais-je étonnée et un peu fâchée à l'intérieur de moi. Elle hocha la tête avec gêne.

- "Oui, je suis au courant de pas mal de choses." Fit-elle embarrassée.

- "Ça je suis au courant." Répondis-je sarcastique. Je soupirai pour tenter de réfréner ma soudaine jalousie qui jaillissait. J'avais honte d'être jalouse de ma propre tante.

- "J'espère que ça s'arrangera avec ton amie." Dit-elle sans relever mon dernier commentaire. Je lui fis un maigre sourire.

- "Je te remercie. Bon et toi ?" Changeais-je de sujet. "Comment vas-tu ?" Elle me fit un sourire rayonnant.

- "Je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie." Répondit-elle. Je déglutis amèrement.

- "Je suis contente pour toi." Parvins-je à formuler. "Tu le mérites sincèrement."

- "Toi aussi Bella." Je secouai la tête fadement.

- "Je n'en suis pas si sûre." Marmonnais-je pour moi-même, tellement bas qu'elle ne m'a probablement pas entendue. "Donc… Carlisle et Edward m'ont dit que tu allais… Changer de vie." Balbutiais-je mal à l'aise.

- "Oui, c'est le cas de le dire." Rit-elle.

- "Et dans combien de temps est-ce que tu vas…"

- "Je l'ignore encore. Je ne pense pas trop tarder. Tu sais, je ne suis plus très jeune." Plaisanta-t-elle.

- "Arrête ça…" Soupirais-je. "Tu es jeune et très jolie." Complimentais-je honnêtement. Elle rougit légèrement.

- "C'est très gentil à toi. Mais je compte quand même le faire au plus vite."

- "Donc vous allez devoir quitter Forks." Devinais-je en ressentant comme un énorme coup de poignard dans la poitrine à cette idée. Les Cullen allaient partir. Rosalie et moi allions nous retrouver seule. Et Esmée partirait avec eux. Cette fatalité me faisait souffrir d'une manière inqualifiable.

- "Oui c'est évident. Nous ne pourrons pas rester ici après ça."

J'hochai la tête et sentis une larme perler au coin de mon œil.

- "Qu'y a-t-il Bella ?" S'enquit-elle en voyant mon état de détresse. Je secouai la tête, les larmes qui commençaient à affluer.

- "Rien je… C'est juste que… je t'envie." Terminais-je en laissant échapper un sanglot. "Je t'envie tellement Esmée. Tu as la vie dont je rêve."

- "Je ne comprends pas." Me dit-elle perdue, tandis que je pleurais.

- "Tu n'as pas eu besoin d'attendre bien longtemps pour connaitre le secret des Cullen. Carlisle te l'a dit. Rosalie et moi, on a dû tout découvrir par nous même, jusqu'à en perdre notre amitié. Tu n'as pas besoin de réclamer une transformation car l'homme de ta vie est d'accord. Moi c'est tout le contraire. Je ne peux même espérer qu'il accepte de me transformer, c'est peine perdue. Tu vas avoir une vie éternelle avec la personne que tu aimes. Et quand vous serez partis, moi je serai toute seule, Edward partira avec vous. C'est pour ça que je t'en veux finalement." Sanglotais-je. "Parce que je t'envie, tu ne peux pas savoir à quel point. Je sais que c'est égoïste de penser comme ça. Et je suis heureuse pour toi, je te le jure. Mais je ne peux pas je…""

Je ne terminai pas ma phrase car mes sanglots redoublèrent et je pleurais abondamment. Esmée vint à ma rencontre et me prit dans ses bras comme une mère l'aurait fait pour son enfant. Je la laissais faire, appréciant ce simple contact maternel qui me manquait terriblement.

- "Je suis désolée Bella. Edward est-il au courant de ce que tu ressens ?" Demanda-t-elle en effectuant des cercles dans le creux de mon dos.

- "Non. Tu es la première personne à qui j'en parle. Il ne lit pas mes pensées et avec Rosalie, la communication est au plus bas. Je ne sais pas quoi faire Esmée. Et cette situation est en train de me détruire."

- "Parle-lui-en." Me conseilla-t-elle. "Je pense que ce sera une bonne chose."

- "Mais j'ai déjà essayé !" Pleurais-je. "J'ai tâté le terrain plusieurs fois pour savoir ce qu'il pensait et c'est carrément impossible de négocier. Son opinion est définitivement arrêtée, il me l'a dit lui-même qu'il n'accepterait jamais de me transformer. Pour lui, ce ne serait pas une solution pour qu'on puisse vivre heureux. Ce serait une tragédie. Il m'a dit que ça ne durerait pas et que notre histoire n'avait pas d'avenir. Et ça me tue."

Elle continua à m'enlacer et à essayer de me réconforter, sans grand succès. Puis elle me prit le visage dans ses mains et me regarda sérieusement.

- "Il faut absolument que tu lui en parles. Même si tu as déjà tâté le terrain comme tu dis, il faut que lui sache ce que tu veux. Il ne dira rien tant qu'il croira que tu es d'accord avec lui. Mais si tu lui fais part de ton opinion, cela pourrait le faire réfléchir."

- "Je ne sais pas Esmée…" Répondis-je, pas très rassurée.

- "Écoute Bella. Je ne vais pas te le cacher. Notre départ est pour bientôt. Tout le monde va s'en aller et si tu ne le fais pas maintenant, tu vas te réveiller un matin, seule et malheureuse. Et je ne veux surtout pas que ma nièce connaisse ce destin. Tu as déjà traversé suffisamment d'épreuves pour mériter le droit d'être heureuse. Alors essaie de le convaincre. Fais en sorte de tout faire pour le faire changer d'avis maintenant parce que dans peu de temps, il sera trop tard."

L'entendre me le dire me fit prendre conscience de la réalité. Ils allaient partir. Bientôt. Rien que d'y penser fit souffrir mon cœur encore plus. Je ne pouvais pas le laisser me quitter. Je ne pouvais pas vivre sans lui. Il fallait que je tente tout et n'importe quoi, que je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour le persuader de donner une chance à notre histoire. Autrement, comme Esmée l'avait dit, il serait trop tard et je serai bonne à me tirer une balle entre les deux yeux. Je me levai et inspirai un bon coup pour arrêter de pleurer une bonne fois pour toutes.

- "Tu as raison. Je ne peux pas le laisser partir. Je ne suis pas prête à vivre sans lui." Elle me fit un sourire encourageant et se leva à son tour.

- "Je suis contente de t'entendre dire ça."

- "Il faut que j'y aille". Dis-je en essuyant mes yeux avec mes manches.

- "Prends soin de toi Bella."

- "Je t'aime Esmée." Souris-je avant de la prendre dans mes bras. Elle me rendit mon étreinte avec chaleur.

- "Je t'aime aussi Bella. Je suis contente que Charlie ait fait une erreur de jeunesse." Je rigolai légèrement avant de m'éloigner et de prendre le chemin de la sortie.

- "Passe le bonjour à Carlisle de ma part."

- "Je n'y manquerai pas." Sourit-elle une dernière fois avant que je ne quitte les lieux.

…………

Je rentrai chez moi et soufflai. Edward avait réparé la porte hier en moins de temps qu'il fallait pour le dire. Le reste de la maison était un véritable chantier en ruines. Je décidai d'aller me faire un sandwich dans la cuisine avant de pousser un cri de terreur.

Il était là, en train de remettre le frigo en état de marche malgré les débris et la cuisine en vrac. Il tourna sa tête vers moi et me sourit tandis que je voyais ses mains s'agiter à une vitesse phénoménale.

- "Mais qu'est-ce que tu fais là ?" Demandais-je étonnée.

Le frigo se retrouva soudainement en état de marche et il vint vers moi à une rapidité humaine. Il prit mon visage en coupe et m'embrassa à ma grande surprise d'une façon drôlement enjouée. Je passai mes bras autour de sa nuque et finis par me détendre en soupirant d'aise.

- "On est rentré plus tôt que prévu et Alice m'a dit que tu venais de te faire virer donc je suis venu directement ici." M'apprit-il après m'avoir relâché, à mon plus grand regret. "Je suis fier de toi Bella. Si tu savais depuis combien de temps j'espérais que tu ouvrirais ta bouche et les enverrais sur les roses comme tu viens de le faire…"

- "C'est pour ça que tu as l'air si… Enjoué." Fis-je en souriant.

- "C'est un jour exceptionnel, à marquer dans l'histoire." Je levai les yeux au ciel.

- "La chasse était bonne ?" M'enquis-je comme si de rien n'était.

- "Si tu veux tout savoir, je n'ai pas arrêté de penser à toi quand j'étais là bas. Tu me manques quand tu n'es pas avec moi." Déclara-t-il subitement.

Je baissai les yeux en cachant mon sourire, me rendant compte qu'il fallait que je lui parle malgré sa bonne humeur. Si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferai jamais.

- "Edward." Commençais-je en remontant mes yeux pour rencontrer les siens. "Il faut que je te dise quelque chose."

- "Qu'est-ce qu'il y a ?" Demanda-t-il avec un sourire en coin qui me déstabilisa complètement.

- "Je t'aime." Avouais-je.

- "Je t'aime aussi." Rit-il en fronçant les sourcils curieusement.

- "Et je veux que tu me transformes."

Il mit quelques secondes à comprendre ce que je venais de lui dire et son sourire s'effaça aussitôt.

- "Qu'est-ce que tu as dit ?" Fit-il choqué et incrédule.

- "Ça fait longtemps que je voulais t'en parler… Je ne veux pas vivre sans toi. Et si tu ne me transformes pas, c'est ce qui va arriver. Je ne peux pas le concevoir. Il faut que je devienne vampire."

Je n'arrivais pas à croire que j'avais débité tout ça sans m'en rendre compte, moi qui aie toujours été une trouillarde sans nom, voilà que j'avais pris mon courage à deux mains et plutôt deux fois qu'une.

Edward écarquillait les yeux et me regardait comme si j'étais folle et que je lui annonçais la fin du monde. Ce n'était pas bon signe. Pas bon signe du tout. Il s'éloigna brusquement de moi comme si je brûlais ou que j'avais la peste. Ses yeux étaient révulsés et horrifiés.

- "Edward je t'en prie, dis quelque chose." Suppliais-je au bout d'un moment où il ne pipait mot tout en me scrutant.

Au même moment son téléphone vibra dans sa poche arrière et il décrocha tellement rapidement que je ne vis rien venir.

- "Allo ?"... "Quoi ?" S'écria-t-il. "Où ça ?"... "Non je suis chez Bella"… Je le regardai curieusement. "J'arrive."

Il raccrocha et reporta son attention vers moi.

- "Un problème ?" Demandais-je tristement en sachant qu'il allait partir.

- "Les trois nomades qui ont braqué la banque. On les a retrouvés." Annonça-t-il abasourdi.

- "C'est vrai ?" M'étonnais-je. "Et qu'est-ce que vous allez faire ?"

- "On va les traquer et en finir avec eux." Fit-il en se détournant vers la porte.

- "Tu veux dire maintenant ?" M'enquis-je surprise.

- "Oui maintenant." Fit-il légèrement énervé.

- "Mais enfin tu… Tu ne peux pas partir comme ça ! Pas après ce que je viens de..."

- "Bella, on en reparlera après tu veux ?" Il était vraiment en colère. "Emmett est en bas, il a raccompagné Rosalie."

- "Alors tu t'en vas ? Tu évites la conversation et tu me laisses pour aller tuer des gens ?"

- "Je t'ai dit qu'on en parlerait après !" S'emporta-t-il.

- "Edward j'ai peur." M'inquiétais-je.

- "On est cinq contre trois." Répliqua-t-il. "Ça m'étonnerait qu'il nous arrive quoi que ce soit."

- "S'il te plait Edward. N'y va pas. Reste avec moi." Suppliais-je.

- "Il ne m'arrivera rien." Rassura-t-il. "En attendant toi tu restes ici et tu ne bouges pas jusqu'à ce que je revienne."

- "Mais je…"

- "Ne bouge pas d'ici Bella."

En une fraction de secondes, sans même avoir pris le temps de me dire au revoir, il était parti. Je restai là, complètement déboussolée et impuissante face à la situation.

Rosalie arriva dans l'appartement, aussi bouleversée que je l'étais. Elle vint me prendre dans ses bras, comme au bon vieux temps, malgré tous nos différents et nos rancœurs.

- "Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?" Demandais-je après un long moment de silence. Elle inspira et répondit.

- "On attend."

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